Le Roussillon entre France et Aragon VIII, 22 2046 Gorsan, Narbonne, par le sel aduertir Tucham, la grace Parpignan trahie, La ville rouge n'y voudra consentir, Par haute vol drap gris vie faillie.. Coursan, Narbonne,
faisant partie du Roussillon, qui appartient aux Rois Catholiques depuis 1493,
date à laquelle Charles VIII le remet par le Traité de Barcelone (Florent
Arnaud, Le grand livre de l'histoire du monde des hommes, Tome V, 2010 -
books.google.fr). Voyages : Corsal (Coursan), Narbonne, Tuchiam (Tuchan),
La Grasse, Ville Rouge, Perpignan, Vaulx (Jacques
Halbronn, Le texte prophétique en France: formation et fortune, Tome 3, 1999 -
books.google.fr). Les voyageurs, qui de tout temps ont cheminé sur les
routes, seigneurs, pèlerins ou marchands, emportaient un guide (on disait alors
une guide) qui leur indiquait les principales villes et lieux d'étape
importants. Le plus connu de ces guides rédigé et publié en 1552 par
l'imprimeur Charles Estienne, sous le titre La
Guide des Chemins de France a eu trois éditions successives, sans compter
les nombreuses copies et contrefaçons qui se sont multipliées jusqu'à la fin du
XVIIe siècle. En cette même année 1552,
Charles Estienne publia sous le titre Voyages
de plusieurs endroits de France... un guide spécial pour les pèlerinages de
France à Notre-Dame de Cléry, Notre-Dame de Liesse, Notre-Dame de Conray,
Notre-Dame de Lorette, Notre-Dame du Puy en Auvergne, Saint-Jean de Maurienne,
etc..., et hors de France pour les pèlerinages de Saint-Jacques de
Compostelle, Rome, Constantinople et Jérusalem. Pour donner plus d'attrait,
Estienne ne se contente pas d'énumérer, au cours de chaque itinéraire, les
localités traversées, il ajoute des renseignements sur les passages dangereux,
les bois, les marais impraticables, les rivières, les ruines célèbres et les
curiosités. Cet ancêtre des «Joanne» et des «Baedeker» leur a servi de modèle (Jean
Bonnerot, Un ancien guide de voyage à Rome et à Jérusalem, Melanges de Philogie
Et D'histoire Litteraire (1940), 1972 - books.google.fr). L'origine de l'église de Cléry proviendrait de la
découverte d'une statue de la Sainte-Vierge sur le site, à laquelle sont
attribuées des vertus miraculeuses à l'origine d'un pèlerinage. Afin
d'accueillir les pèlerins, Philippe IV le Bel décide d'y faire bâtir une
collégiale vers 1300. L'église est détruite en 1428 durant la Guerre de Cent
Ans par les troupes anglaises, seul le clocher carré subsiste côté nord. Durant
une bataille contre les Anglais, Ã Dieppe, Louis XI, alors dauphin de France,
fait le vœu de rebâtir une église à Cléry s'il triomphe ; le projet sera mis en
œuvre en 1443 par Charles VII et Jean de Dunois qui fondèrent la nouvelle
église. La reconstruction du nouvel édifice par Louis XI, à la suite de sa
victoire de Dieppe en 1443, s'étala de 1449 à 1485. Le 7 septembre 1483, Louis XI, et Charlotte de Savoie,
son épouse, vers décembre 1483, sont inhumés dans la basilique. Un tombeau (Ã
l'origine mausolée en bronze et statue du roi en cuivre doré émaillé représenté
en chasseur priant) est alors réalisé par l'orfèvre Conrad de Cologne
et le canonnier Laurent Wrine, moulé d'après une sculpture de Colin d'Amiens (fr.wikipedia.org
- Basilique Notre-Dame de Cléry). Drap gris L'aversion de Louis XI pour le luxe et le faste est
signalée par de nombreux auteurs : Jacques Du Clercq, p. 224, c. 2 : «Le roy
Loys ne voulot pas avoir ses gents bobancieurs, ne pompeulx en habits ny
aultrement ; car luy-mesme se vestoit de draps de laine de petit prix, et
portoit pourpoint de futaine.» Commynes, I, 67 : «...le plus humble en parolles
et en habitz.» I, 138: «Nostre roy s'abilloit fort court et si mal que pis ne povoit,
et assez mauvais drapz aucunes fois ; et portoit ung mauvais chappeau
different des autres et ung ymage de plomb dessus.» Basin, Histoire de Louis
XI, III, 284 : «Cui et conveniebat quod non purpura, ut rex, vel veste aliqua
preciosa et talari, ut magnatos decet, sed vili frequencius et interdum ad
nates usque dumtaxat operiebatur amictu.» Chastellain lui-même, IV, 196:
«...les vestemens de soye et les pompes des nobles hommes, il condamna par
défenses.» Dans la même page, Chastellain
signale que lorsque Louis XI visita son royaume, en 1462, le roi et ses
compagnons étaient «habillés de gros drap
gris, rudement, en manière de pèlerins» (Jean-Claude
Delclos, Le témoignage de Georges Chastellain, historiographe de Philippe le
Bon et de Charles le Téméraire, 1980 - books.google.fr). On accélérait les travaux car les relations entre les
deux royaumes s'étaient rapidement dégradées. Après ses premiers succès Ã
Naples, Charles VIII s'était heurté au roi catholique. Les rapports commerciaux
se tendaient sérieusement. À l'augmentation prohibitive des droits sur les
marchandises françaises de 10 sols par livre qui menaçait la draperie
languedocienne, Charles VIII en représailles répondait par l'interdiction pure
et simple d'importer des draps et des ouvrages en laine du Roussillon, de la
Catalogne et de la Sardaigne. Le commerce des draps, et par là la concurrence
industrielle, est un des meilleurs baromètres depuis deux siècles des relations
entre la France et l'Espagne. Ferdinand massait des troupes en Roussillon. À la
demande de ses alliés de la Très sainte ligue de Venise, il faisait mine de
menacer le Languedoc pour obliger le roi de France à évacuer l'Italie. Il y eut
quelques escarmouches sur la frontière. Les Français se montrèrent les plus
offensifs se portèrent devant Salses, sans résultats significatifs. Narbonne ne
fut pas directement menacée. Ce schéma allait se répéter presque constamment
par la suite. Les troupes espagnoles firent quelques incursions en Corbières,
sans pénétrer en profondeur. Sur la côte et la voie qui mène à Narbonne, elles
ne dépassèrent jamais Leucate (Gilbert
Larguier, Le drap et le grain en Languedoc: Narbonne et Narbonnais 1300-1789,
2014 - books.google.fr). Salces Ajoutons peut-être "sel" pour Salces. A la suite de multiples intrigues, ourdies en Italie, en
Grèce, en Espagne, intrigues qui aboutissent en 1282 au massacre des vêpres
siciliennes, Charles d'Anjou est défait par Pierre d'Aragon, qui se fait
couronner à Palerme roi des Deux-Siciles. Le pape Martin IV, d'origine
française et tout dévoué aux Angevins, déclare alors Pierre d'Aragon déchu de
tous ses droits et offre son royaume aragonais à Charles de Valois, fils puîné
de Philippe Le Hardi. Mais encore faut-il que celui-ci puisse s'en saisir. Une
armée est rassemblée autour de Narbonne. Le roi de France, ses deux fils et
cette armée se présentent le 6 mai devant Salces. Alors que les Français
espéraient une reddition immédiate, la place se défend énergiquement. Trois
assauts sont nécessaires avant qu'elle capitule. On en massacre la garnison et
on poursuit sur Perpignan et au-delà sur Gérone. Le typhus décime les troupes
et, cinq mois après, en octobre, Salces assiste au reflux des débris de l'armée
française ramenant à la cathédrale Saint-Just à Narbonne le corps de son roi,
mort de maladie à Perpignan. Autres flux et reflux des troupes françaises deux
cents ans plus tard, vers le milieu du XVe siècle. Le royaume de Majorque a
disparu entre temps, absorbé en 1349 par l'Aragon. Devant une révolte de ses
sujets catalans, le roi d'Aragon, Jean II, vient demander aide au roi de
France. Pareille occasion de marchander le Roussillon ne devait pas laisser
Louis XI insensible. Il offre des archers, sept mille cavaliers, de
l'artillerie, des munitions, des subsides. En contrepartie, il exige le
Roussillon en gage. Nous sommes en 1462. Effectivement, entrant en Roussillon,
les armées de Louis XI, aux ordres du comte de Foix, mettent le siège devant
Salces, dont la garnison trop faible ne peut résister plus de trois jours, se
portent ensuite sur Perpignan. Il va s'en suivre une série d'événements
jalonnés par une insurrection catalane contre les Français, des complots, la
chute de Perpignan, un nouveau siège, des épidémies, des compromis, un autre
siège encore, une nouvelle capitulation etÂ
finalement la restitution de la ville au roi d'Aragon, Ferdinand le
Catholique, par Charles VIII en 1493, le roi de France étant alors trop absorbé
dans le Milanais pour ne pas tenter de se concilier l'Espagne. Entre temps, en
effet, le roi d'Aragon a épousé Isabelle de Castille. C'est le début de
l'unification de l'Espagne. Ce sera peu après l'expulsion hors de la péninsule
du royaume musulman de Grenade, l'offre du Nouveau Monde aux rois catholiques
par Christophe Colomb. L'Espagne, dès lors, va s'imposer sur la scène
européenne. Ferdinand ne se croira pas tenu, par la rétrocession du Roussillon,
de s'abstenir de toute entreprise contre la France. Il soulève Milan et Venise
contre Charles VIII et se couvre en Roussillon par des actions en Languedoc. Il
en résulte, sur la frontière, une série de combats, de 1495 à 1498. Une
incursion française, en 1495, est repoussée par la garnison de Salces. La même année, en octobre, les troupes du
roi d'Aragon pénètrent en Languedoc, dans la vallée du Verdouble, traversent
Paziols et Padern, sillonnent la région de Peyrepertuse, partout se livrant au
pillage. Le «jour de sainte Catherine» quinze mille hommes se portent sur Opoul
et s'installent devant Durban. Ils gagnent, de là , Talairan et Lagrasse, volant
bétail et mulets, puis Villerouge de Terménès où ils commettent à nouveau des
exactions, Palairac enfin, avant de rentrer en Roussillon par Vingrau. En
réaction contre ces incursions, les Français se portent en 1496 sur Salces. Ils
sont dix-huit mille avec trente pièces d'artillerie, aux ordres de Saint-André.
La prise du château est assurée en quelques heures : une brèche, un assaut
ont suffi, au cours duquel une quarantaine de gentilshommes espagnols et quatre
cents hommes sont tués. Le gouverneur du Roussillon n'a pas eu le temps de
secourir Salces qui tombe, alors que les renforts ne sont qu'Ã quelques
kilomètres. Une trêve est demandée par les Espagnols, qui craignaient que la
chute de Salces ne permette aux Français de pousser plus avant en Roussillon.
Saint-André l'accepte pour dix semaines. Finalement, la paix est signée et les
Français évacuent Salces (J.
Balmigère, Au seuil du pays catalan, Revue historique de l'armée: revue
trimestrielle de l'état-major de l'armée, service historique, Numéro 1, 1964 -
books.google.fr). Cf. quatrain VIII, 24 – Le siège de Perpignan – 2047-2048. "sel" Il ne se passa guère de temps après le retour du
Roussillon à l'Espagne pour que les premiers travaux de renforcement de la
frontière soient entrepris. Dès le 10 décembre 1495, Charles VIII prenait une
ordonnance qui imposait une taxe de 10 deniers par quintal de sel, outre la
gabelle du roi, sur tous les greniers du Languedoc, destinée aux
fortifications. L'année suivante, la crue était maintenue pour trois ans. Crues sur le sel et exemptions fiscales,
auxquelles s'ajouteront quelques aides exceptionnelles, financeront pendant un
siècle la défense de la ville de Narbonne. Les lettres qui instituaient la
crue du sel prévoyaient la manière dont serait réparti l'argent qui en proviendrait :
5 deniers iraient à Narbonne, 3 à Carcassonne, 2 à Béziers. On a ainsi la
manière dont on concevait la défense du Languedoc. Le dispositif militaire
reposait sur une citadelle avancée qui devait soutenir le premier choc,
Leucate, et une ville forte, Narbonne, qui étaient le pendant septentrional du
couple Salses / Perpignan ; elles-mêmes couvertes par deux verrous à l'arrière
qui bloqueraient éventuellement les débordements et les incursions en direction
du Languedoc, Carcassonne et Béziers (Gilbert
Larguier, Le drap et le grain en Languedoc: Narbonne et Narbonnais 1300-1789,
2014 - books.google.fr). Typologie Le report de 2046 sur la date pivot 1495 donne 944. Les premiers documents qui font positivement mention de
Perpignan datent de la première moitié du Xe siècle et sont des actes de pur
intérêt privé. Le plus ancien est de 927. Il y est question d’un certain Aton
qui vend à Wadalde , évêque d'Elne, deux «alleux» dont les confronts sont ainsi
marqués : «affrontant... de alio latere in ipso termino de villa
Cabestagnio et de tertio latere in termino de villa Perpiniano....»,
«confrontant d'un autre côté au territoire du village de Cabestany et, du
troisième côté, au territoire du village de Perpignan». En 929, Guisande et son
épouse Genta vendent à Sisegut et à son épouse Arcedonia une vigne sise au
territoire de Villa Gothorum ou Malleolas (Malloles) et confinant à une vigne
des acquéreurs et «au chemin qui va du village de Perpignan (villa Perpiniani)
à Orle». Il est hors de doute que la Villa Perpiniani était, à cette époque,
autre chose qu'un simple «domaine rural» ; c'était un «village» assez
important, et le mot villa a parfaitement ce sens dans le bas latin, mais rien
ne dit que Perpignan eût pris dès cette époque la forme et la consistance d'une
ville, comme on l'a Soutenu. Le testament de Raymond, comte de Rouergue et
marquis de Gothie, fait en 961, parle de «l'alleu de Perpignan» (illo alode de
Perpiniani) qu'il tenait d'Aton. Cet alleu, Raymond le lègue par tiers Ã
l'abbaye de Saint-Pierre de Roda et aux deux églises cathédrales de Gerona et
d'Elne. Or, il paraît certain que, dès cette époque, on voyait dans le
territoire de Perpignan des terres appartenant à plusieurs maîtres distincts ;
la propriété civile y était donc distincte de la propriété féodale et l'«alleu
de Perpignan» n'était ni un domaine particulier ni une seigneurie dans le sens
le plus étroit de ce terme, mais bien un village avec son territoire ou, si
l'on aime mieux, une seigneurie «allodiale» (Pierre
Vidal, Jacques Enfer, Histoire de Perpignan: des origines au XIXe siècle
(1897), 1988 - books.google.fr). Le comte de Rouergue Raymond Ier lègue en effet l'alleu de Perpignan au prieuré de Saint Pierre de Rodes qui fut reconstruit par le comte Tassi de Peralada en 943, et où il y meurt en 953 (Histoire Generale De Languedoc, Avec des Notes & les Pieces justificatives: Composee sur les Auteurs & les Titres originaux, & enrichie de divers Monumens. Par deux Religieux Benedictins de la Congregation de S. Maur, Tome 2, 1733 - books.google.fr, Marcel Durliat, Roussillon roman, 1958 - books.google.fr). En 944 a lieu un concile à Elne, ville siège d’unn évêché qui sera transféré à Perpignan en 1604 (Encyclopédie théologique: ou Série de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse, Tome 13, 1847 - books.google.fr). |