Louis le Hutin roi de Navarre VIII, 86 2093-2094 Par Arnani Tholoser Villefranque Bande infinie par le Mont Adrian, Passe rivière Hutin par pont la planque Bayonne entrer tous Bichoro criant. Par Hernani, Tolosa, Villafranca de Orio, “bande
infinie”, c’est-à -dire d’innombrables envahisseurs, venus de Castille
puisqu’ils débouchent par le fameux passage souterrain du Mont San Adrian,
traversent la Bidassoa Ă Irun par un pont de planches, entrent enfin Ă Bayonne
où tous les habitants poussent leur traditionnel cri d’alarme et de ralliement:
Biaforo. J’estime en effet que, sans forcer les choses, Hutin peut être
considéré comme une coquille pour Hurin, Hurin étant une métathèse du nom
d’Irun dont il existe des exemples anciens. De même, j’incline à voir dans
Bichoro : une banale erreur typographique pour Biaforo; clameur – soit dit
en passant – qui n’était pas l’apanage des seuls Bayonnais, puisque, par
exemple, c’est à l’appel presque semblable de Via fora que les Catalans se
soulevèrent, l’an 1461, contre Jean II d’Aragon, en faveur du Prince de Viane (Philippe Veyrin, Deux
quatrains de Nostradamus relatifs au Pays Basque, BSB nº 72, 1955 - core.ac.uk). Il y a cependant un Villefranque près de Bayonne, dans le
Pays Basque comme Hernani (côté espagnol). Toulouzette est dans les Landes,
tandis que Tolosa est en Guipuscoa comme Hernani (Jacques
Halbronn, Le texte prophétique en France: formation et fortune, Tome 3, 1999 -
books.google.fr). "Hutin"
/ "Hurin" Pampelune qui est depuis sa fondation un lieu de passage,
était vasconne et s’appelait Iruñea (Le Pays Basque au Moyen-Âge
(du Ve au XIe siècle) - www.muturzikin.com). Gardons Hutin, sachant que Louis X le Hutin, fils aîné de
Philippe IV le Bel, fut de part sa mère roi de Navarre, en même temps que roi
de France ; et c'est le premier. Il est des trois frères qui terminent les
Capétiens directs. Le Guipuzcoa Alegria, surnommé de Dulanci, bourg dans une vallée formée par le mont San Adrian, sur lequel passe un chemin escarpé qui conduit dans la province d'Alava & dans la vieille Castille. Ce chemin est d'abord obscur dans un espace de 40 à 50 pas parcequ'il est taillé dans le roc. Le mont St. Adrian est regardé comme le plus haut de ceux qui forment les Pyrénées. Villa franca, bourg entouré de murailles, dans une vallée, au bord de l'Araxes. Tolosa ou Toloseta, bourg entouré de murailles, dans une vallée, au bord de l'Araxes, sur lequel est un pont. C'est dans ce bourg que se trouvent les archives de la province de Guipuscoa
(Anton Friedrich Büsching, Nouveau traité de géographie, Tome 3, traduit par Joseph Mathias Gérard de Rayneval, 1769
- books.google.fr). Les Pyrénées cantabriques s'étendent du plateau de Raynosa au col de Goritty, à travers l'ancien pays des Cantabres, et constituent, à la suite des monts Ibériens,
le faîte de partage des eaux de l'Espagne. Elles séparent le bassin supérieur de l'Ebre, c'est-à -dire la Castille-Vieille, l'Alava et la Navarre, de la province de Santander,
de la Biscaye et du Guipuzcoa. La longueur de la chaîne est d'environ 200 kilomètres. Dans la sierra Salinas (1,754 m.), avec le col de même nom, passe la grande route de France, et qui
se continue par la sierra d'Aralar qui commence aux sources de l'Orio et de l'Arga, par les monts d'Arrabiscar, Ă l'est desquels se trouve le mont San-Adrian, et finit au col de Gorilly. La
hauteur moyenne de cette chaîne, qui sépare la Navarre du Guipuzcoa, est d'environ 2,000 mètres.
(GĂ©ographie universelle, Tome 1, Furne et Cie, 1865
- books.google.fr). Le Guipuzcoa et le diocèse de Bayonne La partie espagnole du diocèse de Bayonne comprenait-elle, au moyen âge, et jusqu'en 1566, les provinces de Guipuzcoa et Biscaye, comme le prétend de
Thou, cité par Oihenart ? Il y a sans doute là exagération manifeste. Toutefois Oihenart lui-même est-il donc si téméraire d'affirmer que toute la région du Guipuzcoa, entre la Bidassoa et l'Urola, faisait partie de l'ancien
diocèse de Bayonne? Il appuie son dire sur la fameuse carte d'Arsius, évêque de Labourd vers 980, charte confirmée dans les mêmes termes, en avril 1106, par le pape Pascal II, et qui donne pour limites du diocèse en Espagne les
vallées d'Urdach et de Bastan jusqu'au Port de Velate, la vallée de Lerin en Navarre, puis en Guipuzcoa la terre d'Ernani et de Saint-Sébastien de Pusico jusqu'à SainteMarie de Arrosth et San Adrian. Or, San Adrian est un
passage fameux entre le Guipuzcoa et la Biscaye, à 1540 mètres au-dessus du niveau de la mer, dépendant de Cegama, formant un tunnel naturel reliant les deux provinces y a là un antique ermitage qui a été précisément restauré cette
année, et à cette occasion le curé du lieu, M. de Zabala, a fait à la commission historique de la province d'intéressantes communications sur la découverte d'antiques monnaies et de grottes préhistoriques. Pourquoi ne pas admettre,
avec Oihenart, que Santa-Maria de Arrosth serait Urostil ou Urrestila, quartier d'Azpeitia, ou peut-être Arrona, autre quartier plus en aval dans la vallée de l'Urola et dépendant de Cestona? D'autre part, n'est-il pas remarquable
que Arrostéguy veut dire, en basque guipuzcoan, lieu fréquenté par les étrangers et les voyageurs ? Le scribe d'Arsius aura voulu désigner quelque autre passage du côté de la mer, indiquant ainsi les quatre points extrêmes du
Guipuzcoa Hernani et Saint-Sébastien au Nord, San Adrian et Arrosth (abréviation pour Arrostéguy) au Sud et à l'Ouest ?
(Charles Bernardou, Azpeitia, Bulletin de la Société des sciences & arts de Bayonne, 1894
- books.google.fr). "Bande infinie" : banditisme N'importe quel dictionnaire usuel nous apprendra que la bande, issue du provençal banda, est à rattacher, par le latin bandum comme par le germanique bandwa, à l'«étendard». C'est donc au prix d'une métonymie que l'on serait passé de ce signe de ralliement à la troupe elle-même. Le bandit, lui, descend officiellement du bandito italien, à l'origine participe passé d'un verbe bandire qui signifiait «bannir». À cette aune, il est beaucoup moins celui qui appartient à une bande présumée malfamée que l'exilé, le proscrit, qui a été mis au... ban de la communauté. Ce serait donc pur hasard si ces deux mots se ressemblent comme deux gouttes d'eau passablement croupie ? Gardons-nous de passer d'un extrême à l'autre...
Comme c'est souvent le cas dans la langue, les deux lignées se sont probablement influencées, et plus d'un étymologiste fait remonter bandit au gotique bandwo, « signe », cousin germain (c'est le cas ou jamais de le dire !) du
bandwa évoqué plus haut. Le monde est donc plus petit qu'on ne l'imaginait, et notre malheureux bandit se trouve repris... par la bande !
(alafortunedumot.blogs.lavoixdunord.fr). Sancho VII le Fort, roi de Navarre jusqu’à sa mort en 1234, avait toutefois, pendant les vingt années antérieures à la perte du Guipúzcoa, jeté les bases d’une politique urbaine,
commerciale et maritime. Mais comme on sait que la noblesse y était et y sera encore longtemps hostile, il est probable que cette classe agraire espérait que le Castillan mît fin aux velléités du Navarrais en faveur d’une économie
de type nouveau. Cela expliquerait encore mieux l’infidélité vassalique. L’histoire ultérieure montre qu’elle s’est trompée, car – même sous la domination castillane – la région sera encore, pendant des siècles, le théâtre de
conflits – non seulement entre nobles, mais surtout de ceux-ci avec les villes de plus en plus nombreuses –, voire même, à cause de la crise du XIVe siècle néfaste pour la noblesse, d’un banditisme virulent à la frontière entre la
Navarre et la province de Guipúzcoa, devenue castillane. Ce phénomène se manifesta du reste déjà en 1261, mais s’accentua au cours des siècles suivants
(Jean Baerten, Chroniques, actes faux et droits territoriaux. étude critique sur le passage définitif du territoire basque Guipúzcoa de la Navarre à la Castille, en 1200, et son utilisation politique par les autorités basques. Revue belge de philologie et d'histoire, tome 88, fasc. 4, 2010
- www.persee.fr). Les seigneurs de guerre dans le Guipuzcoa, les Parentes mayores (chefs de clan), n'étaient que des bandits profitant de la situation de frontière
(de Labourd en Aquitaine, et de la Navarre) de leur province. Les chefs de clan poussaient leurs hommes à voler le bétail, couper le bois, brûler les villages; contre eux, le royaume de Navarre
devait sans cesse entretenir des armées pour garder châteaux et villages. Les lignages Lazcano et Oñaz étaient les plus acharnés dans ces
incursions. Puis les rois de Navarre Charles II et Charles III de 1350 à 1405 virent un très grand avantage à enrôler ces gens qui ne savaient que se battre.
Ce fut une époque très rentable de mercenariat pour tous ces Murua, Oñaz, Berastegui, Gamboa, Abendaño, qui ne s'interdisaient pas la guerre privée sur leur propre pays,
entre deux expéditions en Aquitaine ou contre la Castille des Trastamares
(B. Leroy, Bibliographie : Los señores de la guerra y de la tierra, nuevos textos para el estudio de los Parentes Mayores guipuzcoanos (1265-1548) (collectif), Revue historique, Numéro 620, 2001
- books.google.fr). Le royaume de Navarre occupait au XIVe siècle dans ses provinces septentrionales une position stratégique au passage des vallées Tandis que le Sud était quadrillé de châteaux royaux et organisé autour de villages groupés, perchés au-dessus de vastes espaces céréaliers, le Nord, montagneux, comptait pour sa défense sur les solides communautiés villageoises que les rois avaient dotées de «fueros». Sous le règne de Sanche le Fort, au tournant du XIIe et du XIIIe siècle, la Castille avait repris l'Alava et le Guipuzcoa : la navarraise des «Montagnes» se trouvait désormais menacée. Il a fallu néanmoins plus d'un siècle pour assister à l'essai timide d'un nouveau système de défense des frontières : la création de bastides, une nouveauté pour la Navarre. C'est, en effet, en 1312 seulement, que Louis le Hutin appliqua à son royaume de Navarre le système qui avait fait ses preuves en Aquitaine, et fonda deux bastides, les deux seules connues en Navarre, la même année : en juillet, Labastide-Clairence à l'extrême nord de la province d'Outre-Ports, pour garder la frontière du Labourd; en septembre, Echarri-Aranaz, dans le Val de Araquil, au nord-ouest du royaume, contre le Guipuzcoa. Si Labastide-Clairence est bien étudiée, sa contemporaine souffre un peu de l'oubli. Le pays n'était pas désert lorsque le roi et ses représentants en Navarre décidèrent cette fondation. Le gouverneur Enguerrand de Villiers reçut une supplique des gens de la Terre de Aranaz, une protection militaire, dans le courant de l'année 1312. Dans la province des «Montagnes» entourant le bassin de Pampelune, de petits villages vivaient d'économie pastorale. Echarri était l'un d'entre eux, peuplé de quelques familles paysannes, sur la rive droite de l'Araquil, affluent de l'Arga. Au XIVe siècle, les Castillans pouvaient descendre aisément, dans ces vallées, puisque la frontière suivait les lignes de crêtes, Certes, le roi entretenait dans cette région châteaux «t garnisons, mais les Guipuzcoans savaient éviter les forteresses et rançonner les localités trop petites et trop faiblement armées pour leur répondre, avant même que l'alerte ait pu être donnée dans le château de la montagne voisine. Cette insécurité imposa la des paysans; c'est sans doute la seule raison importante. Le pays n'était pas pauvre, car la charte de fondation fait obligation aux habitants de verser de fortes sommes au trésor dès 1312. Mais il ne lui manquait que la sécurité. La supplique de 1312 dit : «Devant nous... sont venus les gens de la terre de Aranaz... Ils nous ont exposé que si une bastide se trouvait dans la terre de Aranaz, en frontière du pays des brigands, à Echarri, cette localité servirait à la défense et à la mise en valeur de la terre, et serait un bienfait pour Notre Seigneur le Roi et le Royaume; c'est pourquoi ils nous ont demandé de la peupler»... La région frontalière n'était pas sûre. En 1321 les Guipuzcoans avaient provoqué l'intervention du gouverneur Pons de Mortagne, Vicomte d'Aunay, qui voulait arrêter leurs ravages ... «C'est assavoir murtres les roncins, ravir fames, ardoir mesons, et moût dautres choses qui estoient en grant preiuduce e dommage du Roy, du Royaume et des habitants.» Arch, nat., JJ, n° 62, fol. 26-28. Cette expédition fut un échec, et le château de Gorriti fut perdu momentanément. La guerre reprit en 1335 et ce fut le château de Aussa qui tomba aux mains des Castillans. Tous les ans, le gouverneur de la province devait prévoir des «chevauchées» et des escortes pour accompagner les troupeaux en transhumance. Il fallut surtout des garnisons de «frontaliers» dans les châteaux et, à partir de 1338, le Merino personnellement fut chargé de la bastide de Echarri-Aranaz, avec 50 hommes à pied (Archives de Navarre, Registre de Comptes, t. 39, folio 40). En 1349, les habitants de la Merindad de Las Montanas et ceux de la province de Estella adressèrent des suppliques au gouvernement. Le rouleau en est conservé
(Archives de Navarre, Comptes, Caj. 31, n° 55). Les bandits de Guipuzucoa avaient des amis parmi les Navarrais. Leur quartier général était Lizarriaga, toute proche de Echarri-Aranaz. Dans cette dernière ils pénètrent souvent,
poussent l'audace jusqu'à exiger des rançons, voire prendre des repas à l'intérieur des murs. Le notaire assure qu'on lui a volé un cheval dans sa maison. Les jurats renchérissent et demandent un secours énergique. Cest le Merino
de Estella, Johan-Dreu de Rovray, qui est chargé de l'expédition punitive
(Béatrice Leroy, Une bastide frontière navarraise du XIVe siècle : Echarri-Aranaz. In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 86, N°117, 1974
- www.persee.fr). Echarri-Aranaz se trouve juste au nord du Mont San Adrian. Louis Ier roi de Navarre Louis, né à Paris le 4 octobre 1289, est le fils aîné du roi de France Philippe IV le Bel et de la reine de Navarre Jeanne Ière. Le 2 avril 1305, à la
mort de sa mère, il hérite de la couronne de Navarre et du comté de Champagne. La Navarre est administrée localement par un gouverneur nommé par le roi de France. Philippe le Bel, qui maintient ses fils sous sa dépendance et son
strict contrôle selon les habitudes héritées de Philippe Auguste, n'autorise Louis à se rendre en Navarre qu'en août 1307 pour s'y faire couronner par l'assemblée des nobles, les Cortes. Louis part pour la Navarre avec son épouse,
Marguerite de Bourgogne, et une forte délégation de nobles français. Les époux sont tous deux couronnés à Pampelune, le 1er octobre 1307, roi et reine de Navarre
(fr.wikipedia.org - Louis X). Du 20 octobre au 12 novembre, Louis demeura Ă Estella; de lĂ il passa
à Olite et Tudela, où il se trouvait le 30 de ce mois; puis à Sangüesa le 5 décembre et à Pampelune du 8 au 14 décembre, après quoi, le 15 de ce mois, il entreprit le retour en France par St-Jean-Pied-de-Port.
Et il ne remit plus les pieds en Navarre. La tournée, malheureusement, avait aussi servi à préparer une véritable répression. Certains, comme Fortun Almoravid et Martin Ximenez de Aibar, auraient même été emmenés et jetés
en prison à Toulouse, tandis que des fonctionnaires français, clercs et autres, prenaient habituellement la place des navarrais. Passe encore pour un Oger de Mauléon, gentilhomme de la Soule voisine et fidèle
vassal du roi de Navarre, que l'on verra promu au poste d'alferez du Royaume. Mais la population fera grise mine aux gouverneurs, "inquisiteurs" et "réformateurs" qui vont
désormais se succéder, chargés avant tout de réprimer les fameuses Juntas d'Obanos, Sangüesa et autres, expression de l'opinion, non pas des nobles seulement,
mais de l'ensemble du peuple navarrais. On s'aperçut aussi que le droit de patronat ecclésiastique, cédé récemment aux rois par diverses villes, passait désormais à des
"patrons" étrangers. La situation n'était pas seulement humiliante, mais dangereuse. Et il est assez surprennant que de puissants voisins n'en aient pas tiré parti
(plus que par des scrupules, retenus par leurs propres difficultés ?). Quelques historiens comme Moret et Traggia — ont cependant signalé des incursions (plutôt que des
invasions proprement dites) venues d'Aragon, et qui fournirent notamment aux habitants de SangĂĽesa l'occasion de manifester leur valeur : en prenant l'offensive Ă leur tour, faisant lever le
siège de Pitillas, battant leurs ennemis sur la rivière de San Adrian, leur arrachant même un étendard dont les "barres" figureront désormais sur les armes de leur ville !
Quoi d'étonnant que dans ce climat de mécontentement généralisé on vît surgir à nouveau le péril d'un banditisme qui créait un état d'alarme permanent ? C'est l'heure en
particulier où la décision devra être prise de fonder dans la Burunda une ville-forte comme Echarri-Aranaz où les populations d'alentour viendront chercher refuge
(Pierre Narbaitz, Nabarra ou Quand les Basques avaient des rois, 1978
- books.google.fr). "Bichoro" : biafore Biaffore (du latin via et foras) signifie proprement : Sortez sur la voie, au dehors. En BĂ©arn, on prononce biahore; Montaigne dit bihore, et Goudelin biaforo. On
trouve via fora et via fors dans la Chronique de Raymond Montaner. C'est un appel à l'aide; c'est le grand cri d'alarme et de rassemblement, au moyen âge, de Bordeaux en Aragon
(Eugène Cordier, Usages basques, Explorations pyrénéennes: bulletin trimestriel de la Société Ramond, Volumes 1 à 4, 1865
- books.google.fr). Face à l’agression criminelle, l’attachement envers les procédures accusatoires et les médiations pénales paraît vulnérabiliser les communautés qui afficheraient de tels privilèges. Toutefois, il serait inexact d’y voir un rejet des formes institutionnelles de la justice et de la police. Les mêmes coutumes qui ménageaient l’avenir entre les voisins n’en autorisaient pas moins l’usage licite de la force et le déploiement des contraintes de corps les plus abouties. L’univers mental des oustaus n’est pas un monde de maquignons où l’on s’arrangerait en toutes circonstances aux dépens de la puissance publique. Si les proclamations coutumières entravent le développement des procédures coercitives, c’est pour mieux en conserver l’usage. À bien y regarder, la faiblesse supposée des moyens de justice qui résulte des privilèges des voisins nécessite l’existence simultanée d’une force licite venant parer l’offense invasive. Cette force surgit des actes de la pratique sous une forme étonnante et explosive : le cri de justice jeté par les rues. Selon les cas, il s’écrit «Biafora !», «Biafore !», «Bihora !» ou «Bihore !». Du XIVe siècle au début du xvie, les mentions de ce cri se rencontrent dans toute la Gascogne. En latin, il se rédige via foris et dérive en gascon par bie, ou biot, et hore ou fors à savoir la voie, la rue et le dehors. Littéralement, il appelle le public dans la rue en requérant que tous les besins sortent dehors et quittent leurs oustaus pour répondre à l’appel. Les sources conservées n’en laissent hélas que peu de traces, essentiellement à travers les récits circonstanciés des crimes, car cette procédure entraîne une difficulté pour l’historien : elle est orale. Malgré cette incommodité documentaire, nous constatons la vivacité de son usage, l’étendue des droits de poursuite qu’elle permet et l’importance des conséquences légales qu’elle engendre. Au cri de «Biafora !» entendu, la population s’assemble, s’arme et la foule ainsi constituée se lance bruyamment à la poursuite d’un suspect. Autodéfense collective ? Ce serait trop simple car, évoqué par la coutume, le cri s’assimile aussi à la plainte en justice, c’est-à -dire la clameur. Toutefois, cette clameur est qualifiée de « publique » et s’écrit donc clamor publicus, «ley de clam publici», ou «clameur publicque». Les avancées de la recherche en matière de sons et de bruits au Moyen Âge permettent désormais de comprendre cet étrange phénomène, sans doute sous-estimé. La clameur de biafore se rencontre dans les archives gasconnes dès le XIIIe siècle. Cette institution est alors présentée comme une «clamor de viafora». Ce dernier terme livre ici son sens car cette rédaction dérive des termes cridafora et criafora4. Criée publique du droit, elle s’enchâsse donc dans l’identité forale et dans les privilèges que l’on proclame à l’occasion d’une iniquité. Le terme viafora évoque le for, sa publicité et la mobilisation humaine. Le «Biafore !» est avant tout un cri d’appel judiciaire, un son poussé par une victime qui suscite une émotion générale d’une grande vigueur. Le «Biafore !» a donc pour point de départ une situation de flagrance criminelle. Une victime subit un outrage qu’elle ne peut faire cesser et qui nécessite donc que l’ensemble de la collectivité en soit alerté. Au «Biafore !» crié, la victime ajoute la nature de l’offense qu’elle subit : «forse !», «tort !», «forse de tort !», «ladres !», ou «justice !» pour mieux indiquer ce qu’elle affronte ou ce à quoi elle fait appel. Cri d’alarme, le rituel qui déclenche la clameur publique constitue donc aussi un appel au secours adressé aux voisins. Tous, hommes comme femmes, jeunes comme vieux, peuvent crier le «Biafore !» tant qu’ils sont des membres de la communauté qu’ils veulent rassembler. Le cri peut être poussé en tout point du territoire de la communauté et il n’est ni lieu, ni heure qui en interdise l’usage. Même si la rue est son point d’origine privilégié, le cri peut être poussé depuis une maison assaillie d’agresseurs, sur les chemins de campagne, voire d’une prison. Les femmes crient aussi et nous rencontrons essentiellement le cas lorsqu’elles défendent leur mari agressé. On pousse le cri lorsque l’on est convaincu de subir une voie de fait, que l’on est sous la menace de la force et du tort grave porté aux droits dont on pense jouir. Le «Biafore !» n’était donc pas déclenché pour des causes légères. L’homicide à la suite d’une querelle ne fait jamais l’objet d’un cri. Bien que la mort ou le sang versé soient d’une exceptionnelle gravité, la quasi-totalité des rixes ne brisent pas les usages de la communauté et relèvent des procédures de médiation pénale ou de haute justice. On ne crie pas à l’encontre d’un membre de la collectivité car la procédure est faite contre les agressions étrangères, commises par des étrangers au fonctionnement de la société villageoise. Le cri est donc poussé par un membre de la communauté, sur le territoire de celle-ci et en raison d’événements ayant les caractéristiques suivantes : flagrance, imprévisibilité, extranéité et gravité pour la collectivité. Le contrôle social relevait de la communauté d’habitants qui exceptionnellement pouvait se mouvoir par le cri judiciaire. En revanche, la répression
des délits ainsi constatés relevait d’une justice que nous dirons être communautaire en ce sens qu’elle représente la communauté, que celle-ci soit seigneuriale, comtale, royale ou, de manière plus communément admise, consulaire.
L’institution prenait alors le relais du contrôle exercé par les vezins. Que le constat du crime vînt de la «clamor» ou du «Biafore !», c’était le rôle des justices constituées que de le poursuivre. Place à la Mayso cominal
donc, la maison qui représente les maisons et qui constitue un fait de culture politique régionale, évoqué même si le consulat n’est que peu institué en droit. Or, les juges municipaux n’instruisaient qu’après avoir été sollicités,
ce qui explique la faiblesse des moyens qui leur étaient accordés. Les carences des institutions répressives apparaissent au grand jour dès lors que la connaissance du crime ne se constatait pas dans sa flagrance. Face au crime
organisé invisible des communautés et de leurs magistrats, les usages n’avaient d’autre réponse que l’exemplarité des peines administrées
(Pierre Prétou, Crime et justice en Gascogne : à la fin du Moyen Âge, 2011
- books.openedition.org). Le 1er janvier 1295, les ouvriers des mines de fer prirent la tête du soulèvement de Bayonne contre les Français
(Bulletin de la Société archéologique, historique, littéraire & scientifique du Gers, Volumes 84 à 85, 1983
- books.google.fr). Charles de Valois en 1295, Robert d'Artois en 1296 ramenèrent les Anglais à leur position initiale, autour de Bayonne, de Bourg et de Blaye.
La trêve de Vive-Saint-Bavon de 1297 acheva de ramener le calme dans ce secteur, si l'on excepte le soulèvement de Bordeaux en 1302. Toutefois, il fallut au roi de
France entretenir assez longtemps des garnisons : ainsi celle de Bordeaux qui aurait coûté à elle seule 40.000 livres tournois par an en 1298-1299
(Philippe Contamine, Histoire militaire de la France: Des origines Ă 1715, Tome 1, 1992
- books.google.fr). En 1303, on discutait toujours pour mettre au net le contenu de la restitution territoriale prévue en Guyenne par l'arbitrage pontifical. En s'insurgeant,
dès janvier 1303, contre la domination française, les bourgeois de Bordeaux hâtèrent les choses. Les Français chassés mais les Anglais non encore revenus, une sorte de république
s'instaura sur la ville, ce que ni l'un ni l'autre des rois n'entendait laisser s'Ă©terniser : l'exemple pouvait ĂŞtre contagieux. Dans le mĂŞme temps, quelques changements survenaient
dans l'entourage politique de Philippe le Bel. Intransigeants quant aux droits du Capétien sur la Guyenne, le chancelier Pierre Flote et le comte Robert II d'Artois étaient morts
en juillet 1302 à Courtrai. Le 20 mai 1303, le troisième traité de Paris rendait à Édouard la totalité de ce qui avait été conquis par les Français en Guyenne depuis 1294, y compris Bordeaux
où le Plantagenêt se réinstalla en juin et se garda bien de rétablir la mairie élective confisquée depuis quarante ans
(Jean Favier, Les Plantagenêts: Origines et destin d'un empire (XIe-XIVe siècles), 2004
- books.google.fr). En 1304, après les troubles qui avaient suivi la reprise de la ville sur les Français, on défendit aux Bayonnais dans un règlement édicté par Pélegrin de Vièle, maire de Bayonne, de sortir de la ville et d'aller travailler dans la banlieue sans armes; s'ils étaient attaqués, ils devaient pousser le cri de biafore et tous ceux qui l'entendaient étaient obligés de se porter à leur secours. En 1307, un établissement municipal que nous avons déjà cité déclara que si un étranger nuisait (fesse mau ny tort) à un voisin ou lui prenait quelque chose contre sa volonté, le voisin
pourrait impunément le blesser ou le tuer, mais c'est là simplement la consécration du droit de légitime défense, à un moment où les environs de Bayonne manquaient de sécurité et où l'on obligeait les voisins à ne sortir des murs
qu'armés. A diverses reprises, entre autres en 1281 et 1284, les rois d'Angleterre durent rappeler aux maires que c'était au prévôt qu'appartenait la juridiction des étrangers. Le cumul des fonctions de prévôt, de châtelain et de
maire, fréquent au XIIIe siècle, devait naturellement contribuer pour une bonne part à favoriser ces empiètements de juridiction et amener une véritable confusion entre les diverses fonctions que remplissait le même personnage
(A. Giry, Les Ă©tblissements de Rouen, Sciences historiques et philologiques, Volume 55, 1883
- books.google.fr). BIAFORE. Grito de alarma que apenas puede traducirse sino por estas palabras : Enviad fuera, «socorro». Se usaba en la Edad Media para pedir ayuda.
[...] Los alrededores de Bayonne no eran muy seguros; el alcalde, PelegrĂn de Viele, mandaba a los jornaleros que no fueran a los trabajos de las viñas sino armados de lanzas,
de dardos, de ballestas, de hachas, del arma, en una palabra, que tuvieran o que supieran manejar mejor, bajo multa de 6 soles morlanes
(Enciclopedia general ilustrada del PaĂs Vasco, Tome 5 : Bi-Caballe, 1970
- books.google.fr,
aunamendi.eusko-ikaskuntza.eus). Guillaume-Pierre Godin La paix signée avec la France (20 mai 1303), sa lutte contre Boniface VIII brusquement terminée par la mort de l'infortuné pontife (11 octobre 1303), Philippe-le-Bel s'était mis en route pour Toulouse; il y arriva le jour de la Noël, accom. pagné de la reine Jeanne de Navarre, sa femme, et de ses fils, Louis, Philippe et Charles. le roi de France, suzerain du roi d'Angleterre pour le duché de Guyenne, n'était pas fà ché de faire acte de souveraineté aux portes même du duché, à l'égard d'un prince tel que jeune Gaston, son vassal pour le comté de Foix, mais qui pour la vicomté de Béarn relevait directement du duc de Guyenne. [...] Un Bayonnais destiné à la plus brillante fortune sacerdotale, déjà connu probablement, du roi de France et demeurant alors à Toulouse, acheva d'y gagner sa confiance: nous
voulons parler de Guillaume Pierre Godin, humble frère prêcheur, et plus tard célèbre sous le nom de «cardinal de Bayonne.»
Pierre Godin, né dans la rue Bourgneuf vers 1260, non loin du couvent des Frères Prêcheurs, entra fort jeune dans cette illustre communauté.
Clément V, nouveau pape en août 1305, quitte Bordeaux, il s'arrête à «Prouille», le séjour de prédilection de Godin, traverse Béziers, Montpellier, Nimes, et arrive à Lyon,
où Philippe-le-Bel, le roi de Majorque, le comte de Foix et une foule de princes et de seigneurs assistent à son couronnement. Avignon devient définitivement le siége de la papauté; les
Templiers sont livrés à la convoitise du roi faux-monnayeur, et notre Godin, successivement chapelain, théologien de Sa Sainteté, maître du sacré palais, l'oreille à tous les secrets d'état,
la main Ă toutes les intrigues diplomatiques, amassera des titres au chapeau de cardinal, sans compter d'immenses richesses
(Jules Balasque, Études historiques sur la ville de Bayonne, Tome 3, 1875
- books.google.fr). Guillaume-Pierre Godin ou Godieu est nommé en 1312 cardinal-prêtre de Sainte-Cécile, cardinal-évêque de Sabine en 1317, légat pontifical en
Castille au concile de Valladolid en 1322. Il contribua puissamment à la construction et à l'ameublement de la cathédrale et de l'église des Jacobins dans sa ville natale.
Il meurt en 1336 en Avignon
(Paul Mesplé, Les Jacobins de Toulouse, 1954
- books.google.fr). Pierre Gaveston Le gascon Gaveston, favori d'Edouard II devenu roi d'Angletrre en 1307, parmi les donations qui lui furent faites en 1308, reçut la prévôté de Bayonne. Gaveston est créé duc de Cornouailles, avec concession de toutes les terres qui avaient appartenu à Edmond d'Almaine, fils de Richard roi des Romains; puis fiancé
à la nièce du roi; enfin, faveur incroyable ! investi de la régence du royaume au moment où le jeune roi se rend en France afin d'y exécuter, après avoir prêté hommage pour la Guyenne,
l'une des principales clauses du traité de paix de 1303 celle d'épouser Isabelle fille du monarque français
(Jules Balasque, Études historiques sur la ville de Bayonne, Tome 3, 1875
- books.google.fr). Gaveston est assassiné en 1312 par les barons anglais conduit par Thomas de Lancastre
(fr.wikipedia.org - Pierre Gaveston). "pont de planches" : Bayonne ou Lyon ? La construction d'un premier pont en bois Ă Bayonne date de 1125
(Philippe Veyrin, Les Basques de Labourd, de Soule et de basse Navarre (1943), 2013
- books.google.fr). Le pont Saint-Esprit franchit le large cours de l'Adour. Il a été maintes fois renouvelé depuis le pont de bois du XIIe siècle. Sur l'autre rive, il
débouchait, face à la porte de France, sur le Réduit, massif éperon de Vauban dont l'échauguette marquait le confluent avec la Nive. Porte et réduit
rasés ont fait place à un square où se dresse, en bronze, Mgr Lavigerie, enfant de Bayonne
(Pierre Dubourg-Noves, Bayonne, 1986
- books.google.fr). En 1310, lorsque Pierre de Savoie, archevêque de Lyon, eut déclaré la guerre au roi Philippe le Bel et que ce dernier eut chargé son fils Louis le Hutin de s'emparer de Lyon, de vive force, à la tête d'une forte armée, les troupes du roi purent pénétrer dans la ville à l'aide de radeaux qu'elles avaient placés sur la Saône. D'après une chronique en vers, attribuée à Geffroi de Paris (clerc à la chancellerie des rois de France mort vers 1320), insérée dans le recueil des Histoires de France. T. XVII p. 131, ces radeaux étaient ainsi construits : Et sus la Sone ont amassée Main fust et mainte planche liée. Tant que sus Sone orent passage Dont la ville eust grant domage. Toutefois, M. Bonassieux, dans sa remarquable étude sur la réunion de Lyon à la couronne de France émet un doute sur l'existence de ces radeaux,
mais il ajoute que Pierre de Savoie assiégé dans son chateau de Pierre-Scize, dut capituler vers le 22 juillet 1310
(LĂ©opold Niepce, Lyon militaire: notes et documents pour servir Ă l'histoire de cette ville depuis son origine jusqu'Ă nos jours, 1897
- books.google.fr,
Bouquet, Recueil des historiens des Gaules et de la France: continué par M. J. J. Brial et d'autres religieux Bénédictins et achevé par Daumon et Naudet, accomp. de sommair, de tables et de not, Tome 22, 1865
- books.google.fr,
fr.wikipedia.org - Geoffroi de Paris). De 1271 à 1307, les rois de France deviennent peu à peu maîtres de Lyon en fait, sinon en droit; ils sont servis par un singulier concours de circonstances. En 1307,
l'archevêque et le chapitre sont forcés de signer des traités où la suprématie de la France est officiellement reconnue. [...] Ignorant sa faiblesse, l'archevêque Pierre de Savoie refuse,
en 1310, d'exécuter ces traités. Philippe le Bel saisit l'occasion qui lui est offerte; il envoie aussitôt une armée à Lyon.
Pierre de Savoie, fait prisonnier, n'obtiendra sa liberté du roi qu'en signant le traité de 1312. [...] Par le traité du 10 avril 1312, Philippe le Bel obtint de l'archevêque et du chapitre la cession
de la juridiction de Lyon. C'est à cette date que la majeure partie des historiens ont placé la réunion de Lyon à la couronne, bien que l'annexion ne fût pas encore consommée.
Tout en adoptant cette date, il est bon peut-être de ne pas la séparer de celles de 1307 et de 1315. Malgré les difficultés de son règne, Louis Hutin n'abandonne pas la conquête
de son père et réunit définitivement, le 30 décembre 1315, la ville de Lyon à la France. Au moment de l'annexion, les empereurs d'Allemagne sont trop faibles pour s'y opposer.
Ils ont du reste renoncé depuis longtemps à rétablir à Lyon leur autorité; la papauté leur donne inutilement son appui. Ils font contre fortune bon cœur et n'élèvent aucune réclamation contre la France
(Pierre Bonnassieux, Etude sur la réunion de Lyon à la couronne, Positions des thèses soutenues par les élèves de la promotion, Ecole nationale des chartes, Volume 5, 1873
- books.google.fr). Surnom de Hutin Le surnom de Hutin lui fut attaché, ou pource que son père l'employoit à réprimer les hutins, c'est en vieil langage émeute, mêlée et sédition, comme il fit celle
de Navarre, puis encore par deux fois celle de Lyon; ou pource que dès son enfance, au lieu des jeux puériles, il amassoit des troupes de ses égaux, et les rangeoit les uns contre les autres,
présage qu'il aimeroit le hutin, c'est-à -dire les querelles et les combats; et si cela ne vous satisfait, croyez qu'à cause de ses mœurs altières il fut nommé Hutin, comme qui diroit hautain
(François Eudes de Mézeray, Histoire de France, Tome 1, 1643
- books.google.fr). Louis Hutin fut envoyé, l'an 1312, par son père à Lyon pour apaiser les troubles qui s'étaient élevés entre les habitants et Arnaud de Bresse, leur archevêque [?]. Louis fit
arrêter le prélat : action réputée alors si hardie, que, suivant quelques auteurs c'est de là que lui est venu le surnom de Hutin, qui veut dire mutin ou querelleur
(L'art de vérifier les dates des faits historiques, des inscriptions, des chroniques, et autres anciens monuments, avant l'ère chrétienne, Tome 16, 1818
- books.google.fr). "pont la planque" : "pont et planche" ou la
Loi Salique Jean Juvénal reprend d'abord la généalogie de Charles VII
depuis saint Louis, et il Ă©tablit comment il descend en droite ligne de ce
prince, par la branche des Valois, qui hérita de la couronne à défaut de mâle
dans la ligne des Capétiens directs. Puis, entrant en discussion, il pose en
principe que, dans aucun cas, les Anglais ne peuvent réclamer la couronne.
S'ils disent que les filles sont inhabiles à succéder, Isabelle est par là même
exclue; s'ils disent qu'elles sont habiles à succéder, Isabelle est encore
écartée, parce que Blanche, fille de Charles-le-Bel, dernier Capétien direct,
était plus proche héritière qu'elle et ses descendants; s'ils disent qu'une
femme peut «faire planche et pont,» Charles, roi de Navarre, fils de Jeanne
d'Evreux, et petit-fils de Louis-le-Hutin, ou encore Louis, comte de Flandre,
petit-fils par sa mère de Philippe-le-Hardi, doivent venir avant Edouard III,
parce qu'ils descendent de rois, tandis qu'Edouard ne descend que d'une sœur de
roi. Et que les Anglais n'allèguent pas qu'il y a eu de la part de ces
héritières négligence à faire valoir leur droit, car l'histoire contemporaine
prouve qu'elles ont tout fait pour recueillir la couronne, et néanmoins elles
ont été déclarées inhabiles et ont été écartées. Pour établir que les femmes
sont incapables de succéder au trône de France, Jean Juvénal invoque la loi
salique, dont il donne, comme un extrait, le texte suivant «Nulla portio in
regno mulieri veniat, sed ad virilem sexum tota hereditas perveniat.» Cette loi
a été confirmée et amplifiée en 802 par Charlemagne; aussi l'exclusion des
femmes est-elle devenue un dicton populaire (Pierre
Louis Péchenard, Jean Juvénal des Ursins, historien de Charles VI., évêque de
Beauvais et de Laon, archevêqueduc de Reims: Étude sur sa vie & ses
oeuvres, 1876 - books.google.fr). Une femme qui ne possède pas par elle-même de droits
successoraux peut-elle transmettre à ses héritiers mâles des droits qui ne lui
ont jamais appartenu et, en aucun cas, n'auraient pu lui appartenir, ou, pour
me servir d'une heureuse expression, peut-elle leur faire «le pont et planche»
(manuscrit français 23281 de Jean de Montreuil) (Paul
Viollet, Comment les femmes ont étét exclues, en France, de la succession à la
couronne, Mémoires de l'Institut National de France, Académie des inscriptions
et belles-lettres, Volume 34,Partie 2, 1895 - books.google.fr). Jeanne II de
Navarre Jeanne II (28 janvier 1312 – 6 octobre 1349) est reine de
Navarre de 1328 Ă sa mort. Elle est la seule enfant de Louis X de France et de
Marguerite de Bourgogne. La paternité de Jeanne reste toutefois douteuse car sa
mère a été impliquée dans l'affaire de la tour de Nesle, mais Louis X reconnaît
sa fille peu avant sa mort. Cependant, les barons de France sont opposĂ©s Ă
l'idée de voir une femme accéder au trône et élisent roi de France Philippe V,
frère de Louis X. Les nobles navarrais rendent également hommage à Philippe. La
grand-mère de Jeanne, Agnès de Bourgogne, ainsi que son oncle, Eudes IV de
Bourgogne, essaient sans succès de récupérer pour Jeanne les comtés de
Champagne et de Brie, qui lui reviennent de droit. Après avoir épousé une des
filles de Philippe V et reçu les deux comtés en dot, Eudes renonce au nom de
Jeanne Ă ses revendications sur la Champagne et la Brie en Ă©change d'une
compensation en mars 1318. Jeanne épouse Philippe d'Évreux, membre de la
famille royale de France. Décédé en 1322, Philippe V est remplacé sur les
trônes de France et de Navarre par son autre frère, Charles IV. À la mort de
Charles en 1328, les Navarrais expulsent le gouverneur français et proclament
Jeanne reine de Navarre. En France, Philippe de Valois est couronné roi. Il
conclut un accord avec Jeanne et son Ă©poux oĂą, en Ă©change de la renonciation de
Jeanne sur la Champagne et la Brie, il l'accepte comme souveraine de Navarre. Jeanne
et son époux sont couronnés ensemble à la cathédrale de Pampelune le 5 mars
1329. Le couple royal coopère étroitement pendant leur règne conjoint, mais
Philippe d'Évreux est plus actif. Cependant, ils résident la plupart du temps
dans leurs domaines en France. La Navarre est alors administrée par un
gouverneur en leur absence (fr.wikipedia.org -
Jeanne II de Navarre). Traité
d'extradition entre le Labourd et la Navarre A l'occasion des fĂŞtes du couronnement de Louis le Hutin
comme roi de Navarre, et peut-ĂŞtre sur la flotte qui portait en Angleterre les
mille tonneaux de vin de Gascogne, Bayonne, selon la coutume, envoya des
députés chargés de présenter au roi les félicitations de la ville et..., un
cahier de vœux. Les vœux, qui en doute ! étaient
mêlés de plaintes : «1° que le roi garantisse les privilèges et les libertés
accordés à la ville par les rois anglais ; 2° les marchandises des
Bayonnais paient en Angleterre 3 deniers sterling d'entrée et 3 deniers de
sortie, tandis que les gens d'Espagne ne paient rien ; que les marchands
de Bayonne soient traités aussi favorablement que les étrangers ; 3° que
les Bayonnais soient, comme les Dacquois, francs de toute coutume et péages
royaux dans le duchĂ© de GuyennĂ© ; 4° que si un voisin blesse ou tue Ă
Bayonne un étranger, il ne soit condamné qu'à la peine infligée à cet étranger
pour pareil fait dans son pays ; 5° que les lettres de marque données par
les rois de France contre les gens de Bayonne, soient retirées ; 6° qu'il
plaise au roi de prĂŞter en mains de leurs messagers, le serment que les ducs de
Guyenne ont accoutumé de prêter aux habitants de Bayonne, à leur avènement.
Quant aux plaintes, elles étaient dirigées contre des officiers royaux :
les baillis de Labourd, de Labenne, de Gosse, etc.; le gardien du sceau de
Gascogne. Par suite de l'incurie des
baillis, les Bayonnais ne pouvaient aller Ă leurs possessions dans ces
bailliages sans être exposés aux attaques des voleurs et autres malfaiteurs de
la pire espèce; et, faute d'un tarif précis, le contrôleur se permettait
des perceptions léonines. Une note annexée à la pétition des Bayonnais nous
donne les réponses qui furent faites aux réclamations des messagers : la
garantie des priviléges de la ville de Bayonne peut être l'objet d'une charte
conçue «en termes généraux» s'informer des concessions faites aux Dacquois,
pour tâcher d'accommoder les Bayonnais; il importe qu'il y ait un tarif
uniforme pour le sceau de Gascogne; le roi de France sera requis pour les
lettres de marque, et le sénéchal de Gascogne, pour l'affaire des baillis;
c'est au sénéchal de Guyenne de jurer pour le roi, qu'il prête serment s'il ne
l'a déjà fait». Qu’advint-il des voeux pour l'affranchissement des droits
d'entrée et de sortie en Angleterre, pour l'égalité de traitement entre les
étrangers et les voisins de Bayonne en matière pénale. C'étaient les points
auxquels la commune tenait le plus : ils furent catégoriquement repoussés.
Grande déception pour Pélegrin de Vièle et ses amis. Gui Ferrier, nommé
sénéchal de Gascogne à la place de Johan de Havering (12 mars 1308), fut chargé
de notifier aux Bayonnais les résolutions de la couronne. Du reste, une affaire
de sérieuse importance l'attendait sur notre frontière des Pyrénées. Louis-le-Hutin, fils ainé de Philippe-le-Bel, devenu roi
de Navarre par suite du décès de la reine Jeanne, sa mère, visitait ses
nouveaux états, depuis bien longtemps déshérités de la présence du souverain. La
Navarre, à peu de chose près, était administrée comme la Gascogne : un
gouverneur, ayant les mêmes fonctions que le sénéchal de Guyenne, dirigeait le
personnel militaire, financier et civil du royaume, sous la surveillance
intermittente de lieutenants de roi, sorte d'inspecteurs de haut rang,
investis, pour les cas de grave nécessité, des pleins pouvoirs de la royauté.
Philippe-le-Bel n'appela jamais que des Français aux fonctions de gouverneur. A
la mort de Jeanne de Navarre, les cortès de Pampelune (1305) avaient dépêché
des ambassadeurs à Paris, chargés de demander l'envoi immédiat de Louis, fils
ainé de la reine défunte, pour procéder, conformément aux fueros, à la
solennité du couronnement. Philippe-le-Bel ne s'en souciait pas; il différa
deux ans ce voyage : mais enfin, comme il fallut céder devant les
légitimes réclamations des Navarrais, le jeune prince était parti, et il
s'essayait précisément à porter sa première couronne de roi, attendant, sans
trop d'impatience, l'heure d'aller l'offrir, comme un chapeau de fleurs, Ă
l'idole passagère de ses courtes amours, à sa femme Marguerite de Bourgogne, la
future héroïne des sinistres aventures de la tour de Nesle, lorsque Gui-Ferrier
parut sur la frontière pyrénéenne avec la mission d'arrêter, d'accord avec lui,
les préliminaires d'un traité d'extradition entre la Navarre et la Guyenne. Ce document (Archives de Bayonne, Registre AA. 11, pag.
67), d'un rare intérêt pour l'époque où il se produisit, ne fut pourtant signé
que le 12 mars suivant (1308-1309) par Johan de Jomulhe, chevalier, seigneur de
Juli-Castro, sénéchal de Pampelune, pour le roi de Navarre, et par Gui Ferrier,
chevalier, sénéchal du duché de Guyenne, pour le roi d'Angleterre : il a
pour but capital de mettre un terme aux actes de violence, meurtres, vols,
brigandages, dont les deux pays étaient le théâtre, avec une impunité absolue
pour les coupables, lesquels échappaient au châtiment en traversant une
frontière impossible à garder. Pour le passé, afin de régler les indemnités qui
pouvaient ètre dues aux parties lésées depuis la dernière occupation de la
Guyenne par les Français, des arbitres sont désignés : ce sont le
chevalier Garcia Martinez de Olloqui, alcalde de la cour, et Johan Isarn,
sergent d'armes, pour le roi de Navarre; le chevalier Gassernaud d'Espelette et
Narremond-Durand de Viele, citoyen de Bayonne, pour la Guyenne. Quant à l'avenir, voici les principales dispositions : Tout habitant du Labourd ou du reste du duché convaincu du accusé d'un cas de meurtre accompli en Guyenne, qui se
réfugiera en Navarre, devra sur la requête du sénéchal de Gascogne et de ses
officiers, leur être délivré par l'autorité espagnole. Par réciprocité, le
meurtrier navarrais réfugié en Gascogne, devra être remis en mains des
officiers du roi de Navarre. L'extradition s'appliquera aux larrons et
détrousseurs de grands chemins ; afin d'éviter la formation des bandes qui
courent le pays, que nul vilain ou fils de vilain n'aille en armes en compagnie
de gens de haut parage; et celui d'entr'eux qui sera surpris en pareille
compagnie sera mis en arrestation par le bailli, et détenu jusqu'à ce qu'il ait
acquitté l'amende de 65 sols de Morlaas; chaque jour de prison sera complé au
détenu pour 12 deniers morlans, un sol par jour. Le chevalier ne pourra amener
avec lui, en voyage, plus de quatre compagnons, et le damoiseau plus de trois;
la femme du chevalier, trois, et celle du damoiseau, deux, sous peine de
l'amende de 66 sols ou de la prison, chaque jour également compté pour 12
deniers. DĂ©fense Ă qui que ce soit d'exiger le droit d'aubergade, si ce n'est
de ses propres hommes; celui qui demandera indument Ă loger, et celui qui par
peur subira cette exigence, seront tous deux punis de la peine de 66 sols
morlans ou de la prison. Que personne sciemment n'accueille un banni, sous
peine d'encourir Ă son tour la peine du bannissement. Ordre Ă tous les bannis
d'évacuer le territoire des deux pays dans le délai de 30 jours; passé ce
délai, les bannis seront livrés aux autorités dont ils relèvent. D'après la
coutume de Bayonne, le banni arrêté en rupture de ban était pendu; il en était probablement
de mĂŞme en Navarre (Jules
Balasque, Études historiques sur la ville de Bayonne, Tome 3, 1875 -
books.google.fr). Dans son voyage à la frontière des Pyrénées, Gui Ferrier avait pu constater dans le pays de Labourd l'insécurité des roules, l'usurpation des domaines de la couronne, les excès de toute sorte auxquels s'abandonnait une noblesse à demi sauvage, surtout l'impuissance du bailli à faire respecter de qui que ce soit l'autorité royale. Que valait le traité d'extradition conclu avec la Navarre, si l'on n'avait pas en main la force nécessaire pour en exiger l'exécution ? A Bayonne, les difficultés ne manquaient pas non plus : on commençait à être quelque peu las de la domination sans contre-poids de la famille de Vièle, devenue plus hautaine dans les mains de la nouvelle génération: Pierre-Arnaud le jeune, Raymond-Jean, Bernard, Laurent. Tant que Raymond-Durand restait debout sur la brèche avec Pelegrin, couvrant ses jeunes parents du prestige de son incontestable droiture non moins appréciée des étrangers nos voisins que de ses concitoyens, le mal n'était pas grand; mais il était facile de prévoir que le jour où il disparaitrait, la puissante famille aurait à lutter contre de vives oppositions. La vieille faction aristocratique comptait encore de nombreux adhérents, tous plus ou moins hostiles aux de Vièle ; ils se recrutaient surtout parmi les riches propriétaires des environs de Bayonne, dont les pères retirés des affaires avaient acquis des fiefs seigneuriaux ou s'étaient alliés à des familles seigneuriales : les Saubaignac à Guiche, les Lalanne à Saint-Etienne, les de France à Villefranque, etc. Le plus influent de ces adversaires c'était Arnaud-Sanz de Luc, seigneur de la maison noble de Bériots, fermier de riches pêcheries sur la Nive, et dont l'un des ancêtres, au siècle dernier, avait occupé le siége épiscopal de Bayonne (Jules Balasque, Études historiques sur la ville de Bayonne, Tome 3, 1875 - books.google.fr). Acrostiche : PBPB, double Pays basque En basque, la
formule Euskal Herria est attestée à partir du XVIe siècle (chez Joanes
Leizarraga (1506-1601) en 1571). Comme pour les formes françaises, on
désigne ainsi les régions peuplées de Basques. En 1643, le traité de religion
Gero de Pedro de Axular, en langue basque, est le premier document connu qui
décrit territorialement ce «Pays basque» en fournissant l'énumération des sept
provinces qui le composent. Une telle description géographique demeure isolée.
On note une nouvelle énumération des sept provinces (désignées comme «pays
particuliers») constituant un Pays basque, cette fois en français sous la plume
du chevalier Jean-Philippe de BĂ©la (1709 - 1796) dans son Histoire des Basques
rédigée entre 1761 et 1766. Au XIXe siècle, l'expression «Pays basque» est
désormais d'usage courant en français (fr.wikipedia.org - Pays basque,
Jean
Loret, La Muze historique, Lettre en vers Ă madame la duchesse de Nemours (24
septembre 1664), 1664 - www.google.fr/books/edition). Juste au niveau de Roncevaux, au pic d'Orzanzurieta, elle s'incurve vers le sud-ouest et demeure parallèle à la côte jusqu'aux Pics d'Europe. Cette ligne de crête
fait le travail de toutes les lignes de crêtes : elle régule le passage des pluies. Les nuages venus de l'Atlantique butent sur les crêtes et les précipitations arrosent l'ouest,
créant ainsi deux Pays basques : un atlantique (Gipuzkoa et Biscaye au sud et les provinces françaises au nord) et un méditerranéen (Navarre et Alava). À cet égard, le plus
important col de la zone est le col d'Etxegarate où les zones de végétation (les climax) apparaissent clairement. Etxegarate sépare le Pays basque vert du Pays basque ocre
Raymond Chabaud, L'invention du Pays basque, 2019
- www.google.fr/books/edition). L'ouverture de la route par le col d'Etxegarate en 1851 fait que le passage de San Adrián perde de l'importance
(fr.wikipedia.org - Zegama). Le passage naturel du pays Basque du Mont San Adrian a été un passage très fréquenté. L'accès le plus proche en voiture est une piste forestière qui quitte le col d'Etxegarate. Typologie Le report de 2094 sur la date pivot 1309 donne 524. Si, ce qui n'est pas douteux, une présence franque fut instituée en Aquitaine et même en Novempopulanie, la vie des Basques ne dut pas en être
radicalement modifiée, car les nouveaux maîtres durent choisir, pour s'implanter, des cités comme Bordeaux, Toulouse, Dax, Eauze et Auch.
Tout au plus s'intéressèrent-ils à Lapurdum et à ses fortifications romaines ? Une nouvelle haine, cependant, venait de naître dans le cœur
du Basque la haine du Franc. L'étau barbare, décidément, se resserrait de plus en plus.
Peut-on, à vrai dire, parler déjà d'un étau qui, au lendemain de Vouillé, aurait enserré le domaine vascon ? L'image est pour l'instant inexacte,
car pour l'heure (hormis le royaume suève de Galice) il n'est de royaume barbare qu'en Gaule. Là , il y en a même deux : le royaume franc, qui vient
de remporter une victoire éclatante, et le royaume visigothique, considérablement réduit, de Narbonne à la rive droite du Rhône. Encore faudra-t-il qu'un monarque
ostrogoth, Théodoric le Grand, permette à son petit-fils Amalaric de conserver la Septimanie. Cependant, on ne doute pas qu'après Vouillé il se produisit une
émigration en masse de la population visigoth en Espagne où s'établit un Etat qui va durer deux siècles, constituant un jour le fameux Royaume de Tolède.
Les Vascons ont-ils profité de la faiblesse de ce temps de régence pour se livrer à quelque campagne d'intimidation dans la Tarraconaise ? On l'a déduit d'un acte
du Concile de Lerida (tenu en 524) qui interdisait aux clercs célébrant dans des villes assiégées de répandre le sang, fût-ce des ennemis...
Il n'Ă©tait donc assaillants que basques ?
(Pierre Narbaitz, Le matin basque: ou, Histoire ancienne du peuple vascon, 1975
- www.google.fr/books/edition). L’histoire des Basques et du Pays Basque a commencé il y
a des milliers d’années sur des terres qui sont maintenant connues sous le nom
de Navarre. Ces terres ont dès le départ été nommées par les Romains sous le
nom de Vasconia. À l’époque Franco-wisigothe, les Vascons de Navarre qui
étaient à la tête de tribus basques, défendent les institutions et un mode de
vie très romain, contre des invasions germaniques. À partir de cette époque,
fruit de l’assimilation vasconne, de nombreuses tribus basques disparaîtront
des textes et on ne parlera désormais qu’uniquement des Vascons. La forme
basque du mot Vascons Ă©tait ’’euskaldunak’’, terme qui continue actuellement Ă
être utilisé par les Basques. Dans d’autres langues, par contre, les noms
utilisés pour les désigner ont été très souvent varié et ceci durant des
siècles.A l’époque Franco-wisigothe, les Basques étaient connus sous le nom de
«Vascons» (écrit aussi parfois Wascons). Plus tard, dans les chroniques
carolingiennes, on a commencé à différencier les «Vascons» qui étaient sous le
joug de gouvernements francs et ceux qui étaient indépendants, en utilisant
pour ces derniers le terme de «Navarrais», ou le mot «Vascon», uniquement. Pour
les Vascons sous gouvernement franc, le terme évoluera ultérieurement sous le
nom actuel de Gascon. Selon Bartolomé Bennassar : En fait aux V-VIIe
siècle, les Basques qui vivent l’une des périodes les plus dynamiques de leur
histoire, loin d’être sur la défensive sont conquérants. Les Wisigoths pénétrèrent en Espagne dès 414. L’Ibérie
était alors aux mains des Vandales, installés en Bétique (l’Andalousie
actuelle), des Suèves et des Alains ; les Wisigoths vainquirent ces
derniers, qui furent rejetés en Lusitanie, et harcelèrent les Vandales qui
finirent par migrer vers l’Afrique romaine en 439. Toujours comme fédéré,
Théodoric Ier combattit aux côtés d’Aetius contre Attila, et y trouva la mort
en 451. Lorsque la paix avec les Romains fut conclue par le fœdus
de 418, traité passé entre l’Empire romain et une cité ou un peuple étranger,
Honorius accorda aux Wisigoths des terres dans la province Aquitaine seconde. La
sédentarisation en Aquitaine a lieu après la mort de Wallia. Le roi Euric (466-484) rompant le fœdus après la
disparition de la famille impériale, agrandit son territoire aux dépens des
Suèves qu’il battit en Hispanie en 468, et des Gallo-romains alliés aux Armoricains
à la bataille de Déols, affrontant Ægidius et Ecdicius. Pampelune qui est
depuis sa fondation un lieu de passage, était vasconne et s’appelait Iruñea.
Or, ce sont les Romains qui fondent la ville actuelle connue comme Pompaelo ou
Pompailon et à cette époque, sont bâtis des remparts. La ville sera envahie par
les Barbares et rasée par les Germains au Ve siècle. En 472, elle est occupée
par les Wisigoths, selon le témoignage écrit de Saint Isidore. En 507, Clovis,
roi des Francs et considéré comme le premier roi chrétien
du royaume, chasse les Wisigoths qui étaient installés au nord des Pyrénées
lors de la bataille de Vouillé. Cette victoire ouvre pour Clovis la route du
Midi. Réussissant à conquérir Toulouse, ancienne capitale des Wisigoths,
puis temporairement le Narbonnais qui sera repris par les Ostrogoths après la
défaite du siège d’Arles, il s’empare de l’Aquitaine, de la Gascogne, du Languedoc
et du Limousin, ce qui consacre la domination franque sur l’Auvergne. A partir
de 561, une alliance basque entre les Vascons et les Aquitains permet de
vaincre les Francs et de créer le "Principat de Vasconie" qui semble
marquer la souveraineté d’un état Basque et dont l’apogée se situe autour de
l’an 1000. Le terme "Vascon" donnera "Gascon" au nord
germanisé (V se transformant en G), "Basques" au sud ibérique (V se
lisant B). Entrée en théorie depuis 507 dans le territoire franc, la
province ecclésiastique des Neuf Peuples a fait auparavant partie de façon très
dynamique du royaume goth des Balthes. La bataille de Vouillé n'a cependant mis
fin ni à la royauté gothique, ni aux espérances des Goths. Tant que vécut
Amalaric, le dernier descendant mâle des rois balthes, les tentatives de
restauration sont manifestes. A partir de ce
moment les Vascons sont pris en Ă©tau, face Ă deux ennemis, les Francs au nord
des Pyrénées et les Visigoths au sud. Plusieurs faits d’arme vont se
produire. D’après les écrits de Barbero et Vigil, dans la seconde moitié du
VIème siècle, les Vascons comme les Cantabres étaient des peuples indépendants
que ni les Francs, ni les Wisigoths, ni les Suèves ne purent soumettre |