Le fait marquant du règne de François Ier

Le fait marquant du règne de François Ier

 

VIII, 70

 

2081-2082

 

Il entrera vilain, meschant infame

Tyrannisant la Mesopotamie

Tous amis fait d'adulterine dame,

Terre horrible noir de phisonomie.

 

Le noir est la couleur des Abbassides qui chassèrent de Bagdad, en Mésopotamie, les Omeyyades en 750 (cf. Lettre à Henry). Leur califat sera détruit par les Mongols en 1258.

 

"MĂ©sopotamie"

 

Ce quatrain marquerait en fait le dĂ©but du règne de François Ier, "grand roi" de France de 1515 Ă  1547, dont le fait marquant est le massacre des Vaudois en 1545 dans le LubĂ©ron. 6 ans plus tard, les 27 ans de guerre qui l'oppose Ă  Charles Quint, Ă  partir de 1521 : quatrain VIII, 77, oĂą il serait traitĂ© d’AntĂ©christ.

 

Les Vaudois seraient nommés métaphoriquement "Mésopotamie" dans le quatrain III, 99, racontant un conflit dans le Lubéron, en relation typologique ou antitypologique avec la tolérance progressive du roi de Piémont en leur endroit au XVIIIème siècle. Symphorien Champier (1529) note la naissance du mouvement à Lyon cité "entre les deux rivières".

 

« ceste horrible persecution qui fut dressee contre, le peuple Vaudois Â» (Jean Crespin, Histoire Des Martyrs Persecutez Et Mis A mort pour la veritĂ© de l'Evangile, depuis le temps des Apostres jusques Ă  l'an 1574, 1582 - books.google.fr).

 

"vilain" : vilenie et "meschant"

 

Et par le President d'Oppede & les Officiers du Pape, & le seigneur de Cabrieres, leur fut accordĂ©, que leur cause feroit traitĂ©e en iustice, & qu'ils ne feroyent force ny violence, s'ils vouloyent faire ouuerture. Et soudain l'ouuerture fut faicte par ceux de Cabrieres. Mais le tyran d'Oppede, ayant le courage de beste sauuage, fit grande laschetĂ©, & faussa sa promesse. Et comme aux hommes de mauuais vouloir il n'y a point de veritĂ© ny de droiture : ainsi par vilenie exorbitante, ce vaillant capitaine monstra par trahison sa fureur. Car l'ouverture faicte, il fit prendre enuiron vingt-cinq ou trente homes de ceux que bon luy sembla, & les fit lier & mener en vn prĂ© sous la ville: & lĂ  furent miserablement par les soldats tuez & hachez en pieces (Histoire memorable de la persecution & saccagement du peuple de Merindol & Cabrieres & autres circonvoisins appelez Vaudois, 1555 - books.google.fr).

 

“Chanson lamentable sur le chant «O combien est heureuse», 1545”. Incipit “Voyez la grand’offense/Faite par les meschans” : Chanson rĂ©formĂ©e de 13 couplets de 6 vers qui porte sur le massacre des villages de Merindol et Cabrière, en avril 1545. On peut supposer que cette chanson de circonstance circule peu de temps après l’évĂ©nement qui l’a suscitĂ©e. Ainsi, dès le printemps ou l’étĂ© 1545, non seulement le texte de Saint-Gelais (qui paraĂ®t en 1545 dans la Deploration) mais aussi son air Ă©taient donc dĂ©jĂ  connus (Claire Sicard, “O combien est heureuse” – indications bibliographiques, 2017 - demelermellin.hypotheses.org).

 

"noir de phisonomie"

 

Michel Scotus dédie son Liber phisonomie (c. 1230) à l'empereur Frédéric II, probable second Antéchrist de la Lettre à Henry (La Pelle Umana, Volume 13, 2005 - books.google.fr).

 

Mais ici il s'agit de l'"Antechrist trois" (cf. quatrain VIII, 77).

 

La physiognomonie est l'art de connaître l'homme d'après les traits de son visage et l'aspect de son crâne.

 

Dans les années 1530, l'astrologie et les petites divinations auxiliaires, telles que la physiognomonie et la chiromancie, se répandent dans les milieux les plus cultivés non seulement en Italie, mais aussi en France, en Angleterre et dans toute l'Europe du nord. Aux critiques de Pic de la Mirandole et de ses disciples, de nombreux intellectuels opposent la tradition antique qu'illustrent notamment les Astronomica de Manilius, les Hermetica traduits par Ficin, la Tétrabible ou Quadripartitum de Ptolémée, le Traité Des jours critiques de Galien, la Mathesis de Firmicus Maternus; parmi les modernes, ils se réclament de Marsile Ficin et de Giovanni Pontano (Miguel Servet, Discussion apologétique pour l'astrologie contre un certain médecin, traduit par Jean Dupèbe, 2004 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain V, 62 - Le secret des secrets - 1897-1898.

 

Le noir est la couleur de la fermeté selon un nouveau code des couleurs à la Renaissance, retrouvé en particulier sur un manuscrit d'Anne de Graville, repris par Clément Marot. Dans les Tragiques, Agrippa d'Aubigné reviendra à la mort et au péché (Gérard Gros, De vair et de quelques couleurs, Les couleurs au Moyen Âge, 1988 - books.google.fr).

 

«Pour fermeté doibt estre le noir pris» (Blason des Couleurs) (Victor Brodeau, Poésies, 1982 - books.google.fr).

 

Victor Brodeau était de Tours, secrétaire et valet de chambre de François Ier et de la reine de Navarre; ami de Marot (François Génin, Lettres de Marguerite d'Angoulême, sœur de François Ier, reine de Navarre, publiées d'après les manuscrits de la Bibliothèque du roi, 1841 - books.google.fr).

 

Il est dans la nature de la souffrance de rendre l'homme morose, mĂ©chant, cruel quelquefois. Au milieu des douleurs, on ne peut avoir ces attentions et ces convenances qui rendent la vie heureuse : il faut possĂ©der une belle âme pour, lorsqu'on Ă©puise la coupe du malheur, applaudir au bonheur des autres. Les visages heureux vous font mal, et l'on s'explique très-bien comment le lĂ©preux autrefois rendait au genre humain l'horreur qu'il inspirait. Or, lorsque cette souffrance se mĂŞle au pouvoir, elle aide et prĂ©pare la tyrannie irritĂ©e, capricieuse, sanglante; on voudrait tout tapisser de noir quand on a le noir au cĹ“ur, et c'est ce qui explique ce malaise des actes et de la politique de François Ier aux Ă©poques qui prĂ©cèdent sa mort. Il semble qu'il ne peut plus rester en place; tout lui pèse : de Fontainebleau il court Ă  Amboise, Ă  Villers-CotterĂŞts, ne conservant plus qu'un goĂ»t immodĂ©rĂ© pour les exercices violents, qui semblent lui faire oublier les douleurs de sa plaie; semblable au malade qui se tourne dans son lit pour obtenir un soulagement, et croit qu'il est mieux parce qu'il n'est plus lĂ  oĂą il Ă©tait. HĂ©las ! la maladie comme la tristesse vous suit en croupe, cavalier de la mort, elle vous presse de ses Ă©treintes, sans repos, sans relâche. D'ailleurs tout vieillissait autour du roi; ceux qu'il avait aimĂ©s avec tendresse s'avançaient dans la vie au milieu des dĂ©goĂ»ts et de l'ennui. Sa sĹ“ur chĂ©rie, Marguerite de Navarre, atteinte dĂ©jĂ  de la maladie qui la conduisit au tombeau, n'Ă©crivait plus que des livres de repentance, comme le Miroir de l'âme pĂ©cheresse, pour gagner les joies et le repos du paradis (Jean Baptiste HonorĂ© Raymond Capefigue, François Ier et la Renaissance 1515-1547, Volume 4, 1845 - books.google.fr).

 

"adultérine dame"

 

«Je ne compte pas, dit Gaillard, parmi les maîtresses de François Ier, Diane de Poitiers, dont on a voulu qu'il ait été l'amant avant son fils, calomnie des protestants qu'elle persécuta trop et qui l'ont rendue trop odieuse.» (Histoire de François Ier, 1819, in-8, tom. IV, p. 362.). «C'est mal à propos, dit encore la biographie Michaud, que Mézerai et les historiens qui l'ont suivi ont prétendu que François Ier avait accordé aux prières de Diane la grace du seigneur de Saint-Vallier, condamné à mort pour avoir favorisé la fuite du connétable de Bourbon, et que Diane avait payé cette grâce en faisant au roi le sacrifice de son honneur. La grande sénéchale ne donna aucune prise sur sa conduite tant que vécut son mari» (art. Diane, tom. XI, p. 292). Si le récit dit Journal diffère en quelques points de celui que Mézeray a rapporté, il n'en donne pas moins comme certaine la liaison amoureuse de François Ier et de Diane, et malgré le dire des auteurs que nous venons de citer, cette liaison est mise hors de doute par les lettres autographes de la grande sénéchale conservées à la Bibliothèque impériale, Supplément français, n° 2722 1 (Lalanne, Journal d'un bourgeois de Paris sous le règne de François Ier: 1515-1536, 1854 - books.google.fr).

 

L'emblème de Diane de Poitiers, de par son prénom, était un croissant de lune.

 

Les Astronomes appellent adultère du soleil & de la lune leurs éclipses, quand elles se font en quelque manière contre les regles de l'Astronomie, comme il arrive aux éclipses horizontales. Car quoy que le soleil & la lune soient diamétralement opposés, ils ne laissent pas de paroistre en même temps sur l'horison. On en a veu une à Paris le 16 Juin 1666. On tient que de semblables éclipses doivent arriver tous les 19 ans (Dictionnaire Universel Francois Et Latin, Tome I, 1743 - books.google.fr).

 

La revue L'Astronomie, publiait en 1893 un article sur l'éclipse de Lune du 16-6-1666 où cette anomalie apparente fut observée. L'auteur donnait de larges extraits d'une curieuse brochure due à un certain Payen et intitulée Sélénélion ou apparition luni solaire en l'isle de Gorgone. Pline, en son Histoire naturelle, liv. 2, chap. 13, l'a appelé un miracle de la nature, Caramûel en son ingénieux livre intitulé Adulteria solis l'a nommé adultère, et M. Gassendi un spectacle (Astronomie et Bulletin de la Société astronomique de France, Volume 61, 1947 - books.google.fr).

 

Juan Caramuel y Lobkowitz (1606 - 1682) était un cistercien tchèque et luxembourgeois né en Espagne. Il publie Solis et artis adulteria en 1643 (fr.wikipedia.org - Juan Caramuel y Lobkowitz).

 

Une mĂ©thode associe les valeurs des carrĂ©s magiques planĂ©taires de 3 Ă  9 Ă  des dates de l'ère chrĂ©tienne : carrĂ© de 3 de Saturne (45 : mort de Chrestos ?); carrĂ© de 4 de Jupiter (136 : fondation de Aelia Capitolina par Adrien en lieu et place de JĂ©rusalem); carrĂ© de 5 de Mars (325 : concile de NicĂ©e); carrĂ© de 6 du Soleil (666 : accession au pouvoir du maire du palais EbroĂŻn); carrĂ© de 7 de VĂ©nus (1225 : apparition du faux empereur Baudouin); carrĂ© de 8 de Mercure (2080 : apparition de l'AntĂ©christ ?); carrĂ© de 9 de la Lune (annĂ©e 3321) (nonagones.info - La Croix d’Huriel et Rennes le Château : Sot PĂŞcheur et Par ce signe tu le vaincras 3).

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