Rodogune

Rodogune

 

VIII, 73

 

2083-2084

 

Soldat Barbare le grand Roy frappera,

Iniustement non esloigné de mort

L'auare mere du fait cause sera

Coniurateur & regne en grand remort.

 

"grand Roy"

 

Les Grecs parlent de «grand roi» (basileus megas), de «Roi des Rois» ou de «Roi des pays» pour qualifier le roi de Perse.

 

Vers 206-205, Antiochos III rentre à Séleucie du Tigre, où il prend le titre de «Grand Roi» (Basileus Megas), pour commémorer son périple oriental qui aux yeux de ses sujets le faisait le restaurateur de l'empire de Séleucos Ier et en quelque sorte, un nouvel Alexandre (O. Callot, Faïlaka à l'époque hellénistique, L'Arabie préislamique et son environnement historique et culturel, 1989 - www.google.fr/books/edition).

 

Cf. X, 87.

 

Rodogune

 

Rodogune est une tragédie en cinq actes et en vers de Pierre Corneille présentée pour la première fois en 1644 ou 1645 et publiée en 1647. Elle connaît un grand succès et Corneille lui-même aurait considéré qu'il s'agissait d'une de ses meilleures pièces. Le sujet de la pièce, qui se déroule à Séleucie, est emprunté à Appien comme il l'écrit lui-même dans l'avertissement de la première édition de la pièce. Dans la pièce de Corneille, le personnage de Cléopâtre est inspiré de Cléopâtre Théa, princesse lagide et reine de Syrie (fr.wikipedia.org - Rodogune).

 

Antiochos III est l’ancêtre de Séleucos V (fr.wikipedia.org - Séleucos V).

 

Il s'agit en effet de savoir si le SĂ©leucus de Corneille est conforme au SĂ©leucus que nous prĂ©sentent les historiens. A vrai dire, ces deux personnalitĂ©s diffèrent complètement l'une de l'autre. Alors que le SĂ©leucus cornĂ©lien est prĂŞt, de  grand cour, Ă  s'effacer et fait preuve d'un esprit d'abnĂ©gation presque hĂ©roĂŻque, le SĂ©leucus de l'histoire, lui, ne renonce Ă  aucune de ses prĂ©rogatives. Dès qu'il connaĂ®t ses droits (car sous ce rapport ClĂ©opâtre n'a pas menti) il s'empresse de ceindre le diadème. Mais il ne jouit pas longtemps de ce bonheur. Il pĂ©rit, tuĂ© d'un coup de flèche lancĂ© par un sicaire de la reine. Celle-ci, en effet, emportĂ©e par une insatiable soif de domination voulait rĂ©gner seule et sans partage. Dans le drame, le meurtre de SĂ©leucus est inspirĂ© Ă  ClĂ©opâtre par la rancune (le jeune prince n'ayant pas voulu se prĂŞter Ă  ses criminelles exigences) ; dans l'histoire il lui est suggĂ©rĂ© par son ambition effrĂ©nĂ©e. Si SĂ©leucus peut ĂŞtre considĂ©rĂ© dans le drame comme le type de l'amant malheureux, encore que rĂ©signĂ©, Antiochus, lui, par contre, nous apparaĂ®t comme le bĂ©nĂ©ficiaire de toutes les faveurs du Destin. Il est aimĂ© de Rodogune et malgrĂ© les droits de SĂ©leucus, il est hĂ©ritier prĂ©somptif de la couronne ; seulement il ignore l'une et l'autre de ces belles prĂ©rogatives. Pendant assez longtemps, nous le voyons perplexe ; il cherche Ă  savoir (car c'est cela surtout qui le prĂ©occupe) s'il est vraiment aimĂ©. Heureusement il ne tarde pas Ă  ĂŞtre fixĂ© ; au cours d'un entretien qu'il a avec la princesse, celle-ci presque inconsciemment, lui rĂ©vèle son secret (H. Glaesener, Points de dĂ©part historiques de Rodogune, RBPH, SociĂ©tĂ© pour le progrès des Ă©tudes philologiques et historiques, 1951 - www.google.fr/books/edition).

 

Le nom de Rodogune vient de "vardagauna" : "la belle aux couleurs de roses" (Paul Hecquet-Boucrand, Dictionnaire Ă©tymologique des noms propres d'hommes, contenant la qualitĂ©, 1868 - www.google.fr/books/edition).

 

Acrostiche : SILC, silk

 

Silk, prob. from an O. Mercian form *silc (cf. Icel. silki), answering to A. S. seolc; ultimately from Lat. Sericum, silk, neut. of Sericus, belonging to the Seres; from Gk. "seres", pl. the Seres; probably of Chinese origin (Walter William Skeat, Principles of English Etymology: The native element, 1887 - books.google.fr).

 

Le commerce jouait un grand rôle dans la prospérité de l'Empire séleucide. Il s'exerçait tant vers la mer Égée qu'avec l'Arabie ou l'Inde. Il fallait créer des relations fortes qui permettaient d'attirer les marchandises plutôt vers Antioche que vers Alexandrie (les Ptolémées avaient la Syrie-Phénicie, d'où une lutte d'influence avec les Nabatéens). On construisit des routes importantes entre l'Inde et la Babylonie, convergeant vers Séleucie du Tigre. Une autre route longeait les rives du golfe Persique. Des caravanes partaient de Gerrha (tenues par les Gerrhéens) vers Pétra et Antioche. Séleucie du Tigre devint la cité la plus importante et la plus riche par son commerce. Les routes étaient surveillées par un réseau de colonies grecques, comme Doura-Europos sur le moyen Euphrate. Les marchandises orientales étaient la soie, les parfums (encens, myrrhe), les épices (cannelle...), les éléphants de guerre... Des routes caravanières traversaient l'Anatolie jusqu'à Éphèse, Smyrne et Milet, mais la flotte lagide contrôlait la mer Égée. Rhodes jouait le rôle de plaque tournante, accueillant aussi bien les navires séleucides que lagides (Alain Davesne, Georges Miroux, L'Anatolie, la Syrie, l'Egypte, De la mort d'Alexandre au règlement par Rome des affaires d'Orient (323-55 avant J-C), 2004 - www.google.fr/books/edition).

 

Florus (70-140), le poète latin ami de l'empereur Hadrien, écrit que le roi séleucide Antiochos III avait dressé en Eubée des tentes d'or et de soie (José Frèches, Dictionnaire amoureux de la Chine, 2013 - www.google.fr/books/edition).

 

"Conjurateur... remort" : serment et remords

 

Cléopâtre est réputée sans remords aucun. Mais "remort" peut signifier "souvenir".

 

On devrait dire "conjuré" plutôt que "conjurateur" (N. de la Touche, L'art de bien parler François qui comprend tout ce qui regarde la Grammaire, et les façons de parler douteuses, 1737 - books.google.fr).

 

Mais le latin "conjurator" : celui qui s'engage par serment (Gaffiot).

 

Les deux frères vont opposer la force inébranlable de la foi jurée, «des liens sacrés et des nœuds immortels», à la tentation de rivalité où la fortune et leur propre mère les ont induits. [...] Sans qu'ils en mesurent les conséquences, par le seul effet de leur droiture naturelle, les jumeaux créent par leur serment héroïque les conditions de la rédemption  politique du royaume de Syrie (Marc Fumaroli, Héros et orateurs : Rhétorique et dramaturgie cornéliennes, 1996 - www.google.fr/books/edition).

 

Seleucus :

 

Dans mon ambition, dans l'ardeur de ma flamme,

Je vois ce qu'est un trĂ´ne, et ce qu'est une femme,

Et jugeant par leur prix de leur possession,

J'Ă©teins enfin ma flamme et mon ambition;

Et, je vous céderais l'un et l'autre avec joie,

Si, dans la liberté que le ciel me renvoie,

La crainte de vous faire un funeste présent

Ne me jetait dans l'âme un remords trop cuisant.

Dérobons-nous, mon frère, à ces âmes cruelles,

Et laissons-les sans nous achever leurs querelles. (Pierre Corneille, Rodogune: tragédie, avec une introduction, des éclaircissements et des notes, 1881 - books.google.fr).

 

"avare mère"

 

Le Français Georges Polti élabore en 1895 une théorie selon laquelle la dramaturgie théâtrale décline à l’infini un nombre fini de 36 situations dramatiques.

 

Le motif de la pièce Rodogune de Corneille est l'avarice tyrannique ou la haine d'une belle-mère pour sa bru (Georges Polti, Les 36 situations dramatiques, Mercure de France, Volume 11, 1894 - www.google.fr/books/edition).

 

C'est le troisième époux de Cléopâtre Théa qui est décrit comme "très avare" par Flavius Josèphe et qui meurt, selon le Livre des Macchabées, dans le temple de Nanée attiré dans un piège par ses prêtres jouant sur sa convoitise des richesses qu'il contenait (Jean-Claude Gainet, Histoire de l'Ancien et du Nouveau Testament par les seuls témoignages profanes, avec le texte sacré en regard, ou la Bible sans la Bible, Tome 3, 1867 - www.google.fr/books/edition, Œuvres complètes de Flavius Joseph, traduit par Jean Alexandre C. Buchon, 1852 - www.google.fr/books/edition, fr.wikipedia.org - Antiochos VII).

 

ClĂ©opâtre ThĂ©a bat monnaie Ă  son nom dès 126/5. La date de la mort de DĂ©mĂ©trios II est donc assurĂ©e : elle coĂŻncide avec le dĂ©but de l'ère de Tyr (Auguste BouchĂ©-Leclercq (1842-1923), Histoire des SĂ©leucides (323-64 avant J.-C.), 1913  - archive.org).

 

Typologie

 

Le report de 2084 sur la date pivot -125 donne -2334.

 

Epoque du successeur anonyme de Mardocentès, premier roi arabe de Babylone (Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'hist. univers., sacrée et proph., ecclésiast. et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1762, 1763 - books.google.fr).

 

A quelles monarchies correspondent les quatre animaux du livre de Daniel ? La première est la monarchie Babylonienne; il n'y a pas de doute Ă  ce sujet ; le point de dĂ©part nous est donnĂ© par les Ă©vĂ©nements mĂŞmes qui servent de cadre Ă  la prophĂ©tie dans le livre de Daniel. La difficultĂ© est de savoir si l'on doit faire descendre ces quatre monarchies jusqu'Ă  l'empire romain, ou bien si elles s'arrĂŞtent aux SĂ©leucides et, par consĂ©quent, Ă  l'Ă©poque d’Antiochus Epiphane. Dans le premier cas, il ne faut compter que pour une la monarchie MĂ©do-Perse ; dans le second, il faut envisager les Mèdes et les Perses comme ayant formĂ© deux monarchies diffĂ©rentes, ou bien encore distinguer l'empire d'Alexandre de celui de ses successeurs, les SĂ©leucides et les PtolĂ©mĂ©es. On obtient ainsi les trois listes suivantes :

 

A. Babylone, Mèdes, Perses, Séleucides.

B. Babylone, Monarchie MĂ©do-Perse, Alexandre, SĂ©leucides.

C. Babylone, Monarchie MĂ©do-Perse, Grecs, Romains (Abraham Kuenen, Histoire critique des livres de l'Ancien Testament, Tome 2, traduit par Allard Pierson, 1879 - books.google.fr).

 

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