Henry VI

Henry VI

 

VIII, 76

 

2085-2086

 

Plus Macelin que Roy en Angleterre,

Lieu obscur nay par force aura l'empire,

Lasche sans foy sans loy saignera terre :

Son temps s'approche si pres que je souspire.

 

Italien : macellaio, boucher.

 

Construction : Plus boucher (macelin) que roi, en Angleterre, un homme d'obscure naissance (nĂ© en lieu obscur) parviendra par force Ă  l'empire. Lâche, sans foi ni loi, il fera couler le sang Ă  flots (il saignera la terre). Son temps s'approche si près que j'en soupire !

 

Scholie : D'une naissance obscure & plus boucher que roi, Cromwell parviendra par la force Ă  l'empire de l'Angleterre. Ce lâche, sans foi ni loi, inondera la terre de sang. Son temps s'approche si près, que j'en gĂ©mis ! (Anatole Le Pelletier, Les oracles de Michel de Nostredame, astrologue, mĂ©decin et conseiller ordinaire des rois Henri II, François II et Charles IX, Tome 1, 1867 - books.google.fr).

 

J'ai lu, comme vous, mais je ne me rappelle plus dans quel ouvrage, que ce nom de Boucher ou Le Boucher, qui existe en Angleterre comme en France, puisque c'était celui de la femme de Cromwel, n'est si répandu que parce qu'il se donnait non-seulement à ceux qui en faisaient l'état, mais aux guerriers ou qui avaient fait une grande boucherie d'ennemis. Il devenait alors une sorte de désignation honorifique. L'homme est ainsi fait: il honore celui qui le tue, et dédaigne qui le fait vivre. C'était avec la peau des vilains que nos pères doublaient leurs manteaux d'hermine. Laissons ceci, car vous me traiteriez de libéral, de jacobin, d'anarchiste, ou ce qui serait pis, d'avocat, votre bête noire, et vous diriez que ne voulant être ni comte ni baron, je me fais chicaneur et maître ergotier (Jacques Boucher de Perthes, Sous dix rois: Souvenirs de 1791 á 1860, Tome 3, 1863 - books.google.fr).

 

Bourchier, Bouchier, Boucher (A Short Genealogical View of the Family of Oliver Cromwell. To which is Prefixed, a Copious Pedigree, Volume 1, 1785 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Oliver Cromwell).

 

Windsor

 

When Prince Edward married Princess Alexandra in 1863 (10th march), the magazine Punch complained that it would be hosted at Windsor: “an obscure Berkshire village noted only for an old castle with no sanitary arrangements”.

 

Né au château de Windsor dans le Berkshire le 6 décembre 1421 le jour de la Saint-Nicolas, le futur Henri VI, le seul enfant d'Henri V d'Angleterre et de Catherine de Valois, est roi d'Angleterre de 1422 à 1461, puis de 1470 à 1471. Il est également l'héritier contesté du trône de France ainsi que duc d'Aquitaine de 1422 à 1453, en vertu du traité de Troyes conclu en 1420 par son père, le roi d'Angleterre Henri V, avec son grand-père maternel, le roi de France Charles VI.

 

Henri VI est d'abord inhumé à l'abbaye de Chertsey sur ordre d'Édouard IV. Le 12 août 1484, son corps est déplacé à la chapelle Saint-Georges du château de Windsor sur ordre de Richard III, qui cherche peut-être ainsi à se faire pardonner (fr.wikipedia.org - Henri VI (roi d'Angleterre)).

 

Dans un texte composé au sujet de la mort du roi Edouard IV, le persécuteur d'Henri VI, qui se trouvent tous les deux inhumés dans la chapelle Saint Georges de Windsor, on peut lire "Sol latet obscuris gravibus dolet Anglia curis". Il n'y a jamais eu d'inscription sur la tombe d'Edouard (Joseph Pote, The History and Antiquities of Windsor Castle, and the Royal College, and Chapel of St. George, 1749 - www.google.fr/books/edition, fr.wikipedia.org - Chapelle Saint-Georges de Windsor).

 

Boucher

 

Une paix relative s'établit lorsque, après le désastreux traité de Troyes, la France fut complètement aux mains de l'étranger. Le roi d'Angleterre, comme don de joyeux avènement, créa en avril 1424, un nouvel office de boucher «en la grant boucherie de la ville de Saint-Denis en France» et y nomma Simonnet Perrichon, alors valet boucher de la grande boucherie de Paris. On sait qu'à cette époque le commerce de la boucherie ne jouissait d'aucune liberté et que, pour ouvrir un étal, il fallait en acheter la permission au roi. Quelques chartes, de 1425 à 1429, attestent que pendant ces cinq années le roi d'Angleterre vint, à plusieurs reprises, à Saint-Denis. En 1429, les troupes de Charles VII réussirent à s'emparer de la ville, mais elles furent forcées de battre en retraite presque aussitôt devant les Anglais ; il en fut de même l'année suivante, et encore en 1435 ; Saint-Denis était naturellement l'objectif des principales escarmouches entre Français et Anglais, sa situation en faisant la clef de Paris du côté du Nord. Enfin, le 13 avril 1436, la ville fut définitivement reconquise par l'armée du roi de France (Fernand Bournon, Histoire de la ville et du canton de Saint-Denis, 1892 - books.google.fr).

 

"lâche"

 

YORK. Henri de Lancastre, cède-moi ta Couronne. (Les Lords se parlent encore). Lords, que murmurez-vous ensemble? Quels desseins concertez-vous ?

 

WARWICK. Rendez justice au royal Duc d'York, ou je vais remplir cette salle de soldats armés, & graver son titre avec le sang de l'usurpateur, sur ce Trône même où York est assis. (Il frappe du pied, & les soldats se montrent).

 

LE ROI. Lord Warwick, écoutez-moi de grâce; seulement un mot. Laissez-moi régner tant que je vivrai.

 

YORK. Assure la Couronne à moi & à mes enfans, & tu règneras en paix le reste de tes jours.

 

LE ROI, Je suis satisfait. Richard Plantagenet, après mon décès, jouis du Royaume.

 

CLIFFORD. Quel vol vous faites au Prince votre fils, que vous dépouillez !

 

WARWICK. Quel service il rend Ă  l'Angleterre & Ă  lui-mĂŞme !

 

WESTMORELAND, à part. Lâche & timide Henri, qu’un rien abat & désespère !

 

CLIFFORD. Quelle injure tu te fais Ă  toi-mĂŞme, & Ă  nous !

 

WESTMORELAND. Je ne puis rester, & entendre ces honteuses conditions.

 

NORTHUMBERLAND. Ni moi.

 

CLIFFORD. Suivez-moi, cousin : allons en instruire la Reine.

 

WESTMORELAND. Adieu, Roi sans courage & dégénéré de tes aïeux; ton sang glacé ne recèle pas une étincelle d'honneur !

 

NORTHUMBERLAND. Sois, puisque tu le veux, la proie de la Maison d'York, & vis dans les chaînes : tu les mérites, après cette lâche & servile action.

 

CLIFFORD. Puisses-tu périr vaincu dans une guerre sanglante ! ou si tu survis encore, que ce soit dans l'abandon & le mépris ! (Northumberland, Clifford & Westmoreland, fortent indignés) (Shakespeare traduit de l'anglois: Henri VI, Seconde partie, traduit par Pierre Le Tourneur, 1781 - books.google.fr).

 

"soupire" et "aproche" : Shakespire et la mort

 

Comme les Elisabéthains, Shakespeare remplissait ses premières œuvres de soupirs ou de larmes (Robert Ellrodt, John Donne et les poètes de la tradition chrétienne. t. 2. Poètes de transition, poètes mystiques, Tome 1, 1960 - books.google.fr).

 

SIGH.

 

Heart-offending groans Or blood-consuming sighs. Look pale as primrose with blood-drinking sighs: 2 Henry VI. III. 2. For this I draw in many a tear And stop the rising of blood-sucking sighs: 3 Henry VI. IV. 4.

 

APPROACH.

 

What a sign it is of evil life, Where death's approach is seen so terrible : 2 Henry VI. III. 3 (John Bartlett, The Shakespeare Phrase Book, 1881 - books.google.fr, shakespeare.mit.edu).

 

Cf. quatrain VIII, 37 - ElĂ©onore Cobham vengĂ©e - 2057 et ceux de la sĂ©rie des AEmathien : IX, 38 ; IX, 64 ; IX, 93 ; X, 7 ; X, 58.

 

"saignera terre" : terre ensanglantée

 

C'est dans Richard III Acte I, Scène II que l'on rencontre ce motif au sujet des funérailles d'Henri VI.

 

Entre le convoi du roi Henri VI; son corps est porté dans un cercueil couvert et entouré de troupes avec des hallebardes; LADY ANNE (veuve du prince héritier Édouard et bru de Henri VI) suivant le deuil.

 

ANNE :

 

DĂ©posez, dĂ©posez ici votre honorable fardeau (si du moins l'honneur peut s'ensevelir dans un cercueil). [...] Horrible dĂ©mon (Glocester), au nom de Dieu, loin d'ici, et laisse-nous en paix. Tu as Ă©tabli ton enfer sur cette heureuse terre que tu as remplie de cris de malĂ©diction, et de profondes exclamations de douleur. Si tu te plais Ă  contempler tes odieux forfaits, regarde cet Ă©chantillon de tes assassinats. Oh! messieurs, voyez, voyez ! les blessures de Henri mort rouvrir leurs bouches glacĂ©es, et saigner de nouveau. Rougis, rougis de honte, masse odieuse de difformitĂ©s : car c'est ta prĂ©sence qui fait sortir le sang des vides et froides veines qui ne contenaient plus de sang. C'est ton forfait inhumain et contre nature, qui provoque cette illusion contre nature. Dieu, qui formas ce sang, venge sa mort ! Terre qui bois ce sang, venge sa mort (O earth, which this blood drink'st, revenge his death) ! Ciel, d'un trait de ta foudre frappe Ă  mort le meurtrier; ou bien ouvre ton sein, Ă´ terre, et dĂ©vore-le Ă  l'instant comme tu engloutis le sang de ce bon roi (Or, earth, gape open wide and eat him quick, As thou dost swallow up this good king's blood), qu'a assassinĂ© son bras conduit par l'enfer (Ĺ’uvres complètes de Shakspeare: Henri VI, troisième partie. La vie et la mort de Richard III. Peines d'amour perdues, 1821 - books.google.fr).

 

Empire franco-anglais

 

Le souverain de ce grand empire, fils de Henri V et de Catherine de France avait à peine dix-huit mois. Tandis que, à St-Denis, le roi d'armes de France proclamait l'avènement du fils de Henri V, à Bourges, Charles VII se proclamait roi de France lui-même. [...] Le jeune prince était dans sa vingtième année . C'était au tour des Anglais d'avoir un mineur sur le trône. Les oncles de Henri VI, les ducs de Glocester et de Bedford, se chargèrent du gouvernement en qualité de régents, Glocester à Londres, Bedford à Paris. Les affaires du roi de Bourges n'étaient d'ailleurs pas en aussi mauvais état qu'il pourrait sembler. Les Français retrouvaient un roi, et l'on sait la force d'attraction que la personne royale exerçait sur eux à cette époque. Ni reine régente, ni lieutenant du roi, ni Dauphin même ne la pouvait remplacer. Chroniqueurs et historiens anglais l'ont bien reconnu : «Assurément la mort de Charles amena un important changement en France, car une grande partie de la noblesse, qui suivait précédemment le parti anglais, se tourna vers le Dauphin, en un effort commun pour chasser les Anglais du territoire.» Le supérieur des Carmes est traduit en justice pour avoir dit, en apprenant la proclamation de Henri VI comme roi de France et d'Angleterre : «Oncques Anglais ne fut roi de France ni ne sera» (Frantz Funck-Brentano, Le moyen âge, 1923 - www.google.fr/books/edition).

 

Acrostiche : PLLS, Pallas

 

Cf. quatrain IX, 82 - Le siège d'Anvers - 2163-2164 au sujet de la mainmorte et de la condition servile.

 

Au XVIIe siècle, certes, toutes les traces de vilainage n'ont pas disparu en Grande-Bretagne, dans le nord de l'Angleterre notamment, mais les villeins deviennent rares et leur statut les rapproche des hommes libres, bien que juridiquement ils restent des non-libres. Il en est de même dans le royaume de France où les gens de mainmorte ne disparaîtront qu'avec la Révolution. En Angleterre, dans le Pays de Galles, en Irlande comme en France, la proportion des non-libres dépassait celle des libres au début du XIVe siècle. La diversité des conditions et des statuts des paysans, ainsi que les infléchissements dont ils sont l'objet sera à scruter avec finesse. Le fait majeur , en passe de différencier durablement l'Europe occidentale de l'Europe centrale et orientale, est néanmoins qu'à l'occasion des désastres survenus entre 1350 et 1450 l'immense majorité des individus ait accédé à la liberté (Joan Thirsk, La terre et les paysans en France et en Grande-Bretagne de 1600 à 1800, traduit par Gilbert Larguier, 1999 - www.google.fr/books/edition).

 

In the long struggle of thirty years thus terminated on the field of Bosworth, who were really the vanquished? Not the House of York, but the aristocracy of England, whose ranks had been thinned by war, or despoiled by proscription. More than threescore barons and one hundred and thirty-three knights had perished in battle; nearly one-fifth of the whole land of the kingdom had fallen by confiscation to the King; and one-half of the whole families had been reduced by proscription or banishment. The real victor therefore was not Henry Tudor, but the monarchical power of which he became for the time the possessor and representative. And skillfully, as we shall see, did he take his measures to confirm and improve the success. Henceforth we shall no longer find a De Montfort or a Hotspur holding the sovereign in open defiance, nor a Warwick, “the last of the barons," making and unmaking Kings at his pleasure. Feudalism had received its deathblow in England; and with its extinction ends that social and political system dependent upon it which had subsisted from the Conquest. The close of this period is therefore the close of the Middle Ages and the beginning of Modern Times. Henceforth the history of our country is that of a career of ceaseless progress in civilization, and all the elements of national greatness. Along with the triumph of the kingly power on the ruins of the aristocracy, was the rise of the commons, or trading classes of the towns, who, after a century and a half, were destined in their turn to overthrow the overweening power of monarchy in the royal House of Stuart. The villeins, or bondsmen, were now passing rapidly into the ranks of free labourers. Generous lords often emancipated their serfs; and the church, before administering the last sacrament, was accustomed to adjure the dying master, by all his hopes of heaven, to set free his brethren, “whom Christ had redeemed at a great price.” The terms of their servitude were gradually relaxed, so as to admit of self-enfranchisement; the formidable insurrections of Wat Tyler and Jack Cade, although only rude protests against their servitude, and vague assertions of their native rights, taught the nobles the expediency of ameliorating their condition; so that, without a single enactment directed against it, villenage, or the greatest curse of society, slowly but gradually disappeared from British soil (A school history of the British empire, Partie 1, 1866 - books.google.fr).

 

John Cade dit Jack Cade (né probablement dans le Sussex, v. 1420-14301 - mort à Heathfield and Waldron, 12 juillet 1450) est un révolutionnaire anglais. Chef d'une révolte populaire contre le gouvernement anglais d'Henri VI (1450), il se fait passer pour John Mortimer, le cousin du duc d'York et soulève le comté de Kent. Il marche alors sur Londres, y pénètre et fait décapiter le grand-chambellan James Fiennes. Après une promesse d'amnistie, ses hommes l'abandonnent et il est tué dans sa fuite. Précurseur de la Guerre des Deux-Roses, sa rébellion est le plus grand soulèvement populaire qui eut lieu en Angleterre au XVe siècle. La rébellion de Jack Cade est un des épisodes de la pièce de Shakespeare Henry VI (deuxième partie) (fr.wikipedia.org - Jack Cade).

 

Typologie

 

Le report de 2086 sur la fourchette pivot 1421-1471 donne 756-856.

 

En 756, le roi picte Unwst (plus anciennement Ungwst, l'Angus ou Ængus des Scots) s'unit à Eadbehrt, roi de Northumbrie, contre les Bretons de Strat-Clut. Les Bretons forcés d'accepter la paix ne tardent pas cependant à se débarrasser de leurs ennemis. Les Annales de Cambrie signalent encore en 856 un roi des Pictes du nom de Cemoyd ou mieux Cenioyd. A partir de cette époque, ils paraissent absorbés par les Scots (J. Loth, Les Pictes, Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, 1890 - books.google.fr).

 

On estime à plus de 20000 morts les pertes occasionnées au cours de la bataille de Towton, qui demeure la plus sanglante de la guerre des Deux-Roses. La victoire de la maison d'York s'accompagne lors des semaines suivantes de nombreuses exécutions de Lancastriens. En apprenant ce désastre, Henri VI, sa famille et quelques partisans s'enfuient le lendemain de la bataille en Écosse. Édouard IV triomphant est solennellement couronné à Londres le 28 juin 1461. Le 4 novembre suivant, Henri VI et ses partisans sont officiellement déchus de leurs droits et proclamés traîtres par un Parlement convoqué sur ordre d'Édouard. Henri VI s'exile après sa déposition en Écosse auprès du roi Jacques III. La rumeur flamande selon laquelle il aurait trouvé refuge au pays de Galles semble dénuée de fondement. Il est probable qu'il séjourne à compter d'avril 1461 à Kirkcudbright, tandis que la reine et le prince Édouard demeurent à la cour de Jacques III à Édimbourg : c'est là qu'ils sont rejoints par quelques partisans dont le duc de Somerset. Henri reste néanmoins un invité de marque car il est hébergé à Linlithgow en février 1462. Il passe par la suite quelques mois à Lanark (fr.wikipedia.org - Henri VI (roi d'Angleterre)).

nostradamus-centuries@laposte.net