Les Etats généraux de 1484

Les Etats généraux de 1484

 

VIII, 23

 

2046-2047

 

Lettres trouuees de la Royne les coffres,

Point de subscrit sans aucun nom d'auteur :

Par la police seront cachez les offres,

Qu'on ne sçaura qui sera l'amateur.

 

Vous avez demandé la police ?

 

La plupart des auteurs s'accordent Ă  souligner le caractère ambigu du mot «police», dont l'Ă©tymologie est Ă©videmment la mĂŞme que celle de «politique», c'est-Ă -dire politia : règlement, gouvernement et bon ordre d'une citĂ©. MentionnĂ© jusqu'au XVe siècle avec les variantes morphologiques de «policie», «pollicie», «politie», «policité», le terme police, Ă  première vue, semble ĂŞtre synonyme de politique, au moins dans certains textes. Nicolas Oresme, dans sa traduction des Éthiques d'Aristote, parle de «gouverneur de la policie du pays», et dans les Politiques du mĂŞme philosophe, il emploie «policie» pour dĂ©signer les diffĂ©rentes formes du rĂ©gime politique. Une certaine cohĂ©rence dans l'usage distinct de ces deux mots ne paraĂ®t pas facilement acquise : au XVIe siècle encore, Jean Bodin reproche Ă  XĂ©nophon et Ă  Aristote d'avoir «divisĂ© oeconomia de la police», renvoyant ainsi toujours Ă  Aristote comme rĂ©fĂ©rence majeure. La mĂŞme critique revient d'ailleurs au dĂ©but du XVIIe siècle chez Antoine de MontchrĂ©tien, avec une terminologie comparable. Il est difficile donc de repĂ©rer, dans la rĂ©flexion politico-philosophique, une distinction satisfaisante et thĂ©oriquement fondĂ©e entre police et politique. On ne peut que constater que cette symbiose de sens. Dès lors que le critère de dĂ©finition de la sphère de la police ne procède pas d'une sĂ©paration prĂ©cise de ce qui est dĂ©signĂ© comme politique, il faut s'en remettre Ă  l'analyse du contenu mĂŞme des ordonnances royales. Mais, mĂŞme dans ce cas, aucune rigueur ne semble s'imposer dans l'usage du terme. Il a Ă©tĂ© remarquĂ©s que la police Ă  laquelle on a affaire dans les formules de la chancellerie Ă  partir du XVe siècle correspond Ă  la politique telle qu'elle avait Ă©tĂ© conçue par Jean Boutillier vers la fin du XIVe siècle : la plus noble partie de la philosophie pratique qui «apprend l'homme Ă  gouverner le peuple en justice, savoir maintenir le peuple d'une ville ou rĂ©gion en paix et en union. Et s'y enseigne et apprend comme les habitants d'une ville doivent ĂŞtre maintenus et gardĂ©s chacun en ses termes, c'est Ă  savoir Ă  mettre regard sur les ouvrages mĂ©caniques, que fraude n'y soit faite ; sur les marchandises qu'elles soient marchĂ©es et enseignĂ©es de la ville et la citĂ©. ». Toutefois, cette Ă©bauche de la politique peut nous laisser l'impression qu'il existe entre politique et police un certain dĂ©calage qui porte non pas sur la substance mais sur la fonction. La politique reste surtout un art, une techne appliquĂ©e Ă  la sociĂ©tĂ© des hommes. C'est la raison pour laquelle elle relève toujours de la philosophie, du savoir. Au contraire, dès les ordonnances de la fin du Moyen Ă‚ge, une sorte de capacitĂ© opĂ©rationnelle semble s'attacher au domaine de la police. L'expression pro goubernatione et bono statu regni, qui apparaĂ®t dans l'ordonnance sur la rĂ©formation du royaume Ă©dictĂ©e par Philippe le Bel en 1302, Ă©quivaut au «bon gouvernement et Ă©tat de la police» dont parle l'ordonnance de 1388 sur l'entretien de la voirie Ă  Paris. De mĂŞme, dans une lettre de Charles VI en 1397, le prĂ©vĂ´t est dĂ©fini comme le «commissaire et gĂ©nĂ©ral sur le fait de la police, gouvernement et mĂ©tiers de Paris». Dans ces cas, «police» figure Ă  cĂ´tĂ© de gouvernement pour dĂ©signer le domaine oĂą celui-ci s'effectue et met en place rĂ©ellement tout ce qui constitue l'objet mĂŞme du savoir politique. Entre police et politique se dessine dès lors une sorte d'Ă©cart fonctionnel. La politique reste une discipline savante, objet d'apprentissage et de transmission. La police s'oriente au contraire vers une rationalitĂ© du but Ă  atteindre, qui dĂ©termine sa vocation instrumentale et pratique. Ce constat est confirmĂ© par la prĂ©fĂ©rence très nette que le langage lĂ©gislatif accorde au mot «police» par rapport Ă  celui de «politique». Une telle nuance, malgrĂ© ce qu'elle a d'apparemment banal, invite Ă  tenter de repĂ©rer les Ă©lĂ©ments constitutifs de la police comme traduction particulière et matĂ©rielle de la politique

 

Les principes établis par l'ordonnance de saint Louis en 1254 ont été renouvelés et étendus par une déclaration de Charles VIII en 1491 puis par l'ordonnance de François Ier en 1539 : toutes imposent aux corporations de métiers le devoir de protéger leur propre activité (Paolo Napoli, Naissance de la police moderne: Pouvoir, normes, société, 2012 - books.google.fr).

 

Pour définir le mot "police" dans le sens de forces de l'ordre, il faudrait se placer à une époque bien ultérieure à celle de Nostradamus. Mais on pourrait tabler sur un ou des auteurs postérieurs en supposant que les Centuries sont antidatées. L’interprétation présente situe le quatrain au XVe siècle, et donnerait alors à "police" un sens en rapport avec l’action gouvernementale.

 

Avant 1667, la capitale n'est pas dépourvue d'autorités investies de missions de police, bien au contraire. Le prévôt et vicomte de Paris, agent royal, est chargé de la gestion de la capitale. L'essentiel de ses fonctions est passé entre les mains de ses lieutenants dès le début du XVIe siècle : le lieutenant civil et le lieutenant criminel se partagent ainsi la justice et la police de la ville et se livrent une concurrence farouche. L'arrêt du Parlement du 12 mars 1630, s'il tranche le conflit au profit du lieutenant civil, ne permet toutefois pas de régler nettement les attributions respectives des deux agents en matière de police. Cette situation est d'autant plus confondante que d'autres personnages interviennent au titre de la police à Paris. Ainsi, le prévôt des marchands, qui appartient au bureau de ville, dispose de compétences étendues en matière financière et fiscale, d'approvisionnement de la capitale, de gestion du fleuve, de sécurité. Enfin, des agents tels que le lieutenant criminel de robe courte, le prévôt de l'Île ou encore le chevalier du guet, interviennent subsidiairement dans la police de Paris. Il résulte de la multitude d'administrations rivales une grande confusion et une incapacité à résoudre les plus graves difficultés que pose la gestion d'une grande cité (fr.wikipedia.org - Lieutenant général de police).

 

La réunification en 1630 des charges de lieutenant criminel et civil, au profit de celui-ci, n'avait pas suffi à assurer l'essor d'un appareil où la fonction de rendre la justice se mêlait à la fonction réglementaire. Dès lors, on arrive à l'édit de mars 1667. Le texte de cette loi est un abrégé de philosophie policière. Le rôle institutionnel du pouvoir de police par rapport aux autres fonctions publiques, sa sphère d'application, ses finalités politiques, son outillage technique apparaissent bien définis. D'abord, l'ordonnance justifie la création d'un lieutenant de police à côté du lieutenant civil, pour séparer l'administration de la justice contentieuse de l'activité de police proprement dite. Il s'agit en substance de la prise en compte, sur un plan pragmatique, de ce que Loyseau avait envisagé du point de vue théorique au début du siècle. Et d'ailleurs, au XVIe siècle déjà, Bacquet avait compris que «le droit de Justice ne contient en soi le droit de Police», bien qu'il n'eût pas ultérieurement développé cette intuition. En réalité, l'édit met toujours au nom de la police un certain nombre d'activités juridictionnelles et pas seulement réglementaires. Toutefois, l'exclusion du champ du procès civil qui s'occupe des différends de la vie privée et, par conséquent, le repérage d'un espace de relations publiques entre l'individu et l'autorité gouvernementale, par le relais de l'intérêt général, méritent d'être signalés.

 

Quant aux domaines de réalité investis par le pouvoir de police, l'édit de 1667 énonce d'une manière très minutieuse les compétences du lieutenant. Ce sont, en substance, celles qui allaient figurer dans le grand Traité de Delamare, lequel fut commissaire au Châtelet de 1673 à 1710, d'abord sous la lieutenance de La Reynie, premier magistrat chargé de la nouvelle tâche, puis sous d'Argenson.. Toutefois, la donnée la plus remarquable concerne le repérage clair des finalités attachées au gouvernement de police. Jusqu'alors, aucun texte législatif n'avait proposé une vue aussi précise de l'essor propre à cette institution. La police «consiste à assurer le repos public et des particuliers, à purger la ville de ce qui peut causer des désordres, procurer l'abondance et à faire vivre chacun selon sa condition et son devoir». Ce qui dans le corpus normatif précédent n'apparaissait encore que de façon partielle et contingente, l'édit de 1667 l'expose comme de véritables axiomes de la rationalité gouvernementale (Paolo Napoli, Naissance de la police moderne: Pouvoir, normes, société, 2012 - books.google.fr).

 

Significative est l'association, fréquente elle aussi, de l'ordre à la «police». L'idée d'ordre public a contribué à rapprocher les deux termes. Il n'en a pas toujours été ainsi, et l'idée de police peut être plus délicate à définir qu'il n'y paraît. L'étymologie, tout d'abord, nous ramène à la Cité et, avec elle, à l'organisation de la communauté «politique». Pour ne prendre qu'un exemple, il suffit de se référer au Livre du corps de policie de Christine de Pisan. L'émergence du terme va de pair avec la redécouverte d'Aristote, mais il se détache rapidement de cette influence pour prendre une acception plus institutionnelle, à la fois juridictionnelle et réglementaire, puis administrative. Ce ne sont cependant là que les aspects les plus immédiatement visibles de la police. Par la suite, la notion gagne en importance à mesure que se développe, du XVIe au XVIIIe siècle, le contrôle exercé par l'État sur la société. Cette évolution se dessine déjà au XVe siècle. Avant même de désigner des institutions spécifiques - ce qui sera surtout le cas à partir du XVIe siècle -, le couple «ordre et police» vient caractériser le bon fonctionnement d'une communauté et des institutions qui lui sont propres, un  fonctionnement conforme à sa vocation. «Du Moyen Âge jusqu'au seuil du XVIIe siècle , [...] police désigne d'emblée la réalité matérielle des nécessités quotidiennes, et s'épuise quasiment dans cet objet. C'est un concept soumis à ses prédicats, à savoir un système de règles qui ne réussit pas à acquérir un statut rationnel autonome». Les interventions normatives de Louis XI ont pour objet l'ordre et police d'un commerce, d'une ville, d'une communauté particulière et surtout des métiers. Quoique les exemples en soient moins nombreux cette idée de fonctionnement conforme apparaît plus nettement encore lorsque l'objet est étendu à l'ensemble du royaume et lorsque, s'agissant des villes, l'intervention normative vise à en assurer le bon «ordre, police et gouvernement». Dans tous ces cas, les mentions de l'ordre et les termes qui lui sont associés viennent souligner la fonction de la norme et du pouvoir normatif royal : pourvoir au fonctionnement «normal» de la communauté considérée, en réduire ou prévenir les dysfonctionnements. L'ordre correspond ainsi à la fonction royale elle- même, celle de gouverner la communauté du royaume, de la mener au bien commun, de lutter contre le désordre. Dans le même sens, le roi peut assigner à sa décision le but d'entretenir les habitants de Languedoc «en bonne police, ordre et justice», de permettre aux villes de Sancerre et Bourges d'être à l'avenir gouvernées «en bon ordre, justice, police, union et gouvernement» ou «en bon ordre  police, union et gouvernement». Il peut également déléguer cette fonction générale d'assurer «ordre et police» (Frédéric F. Martin, Justice et législation sous le règne de Louis XI: la norme juridique royale à la veille des temps modernes, 2009 - books.google.fr).

 

Tout au long des derniers siècles du Moyen Âge, les ordonnances de police favorisent l'établissement de rapports nouveaux du pouvoir avec l'espace et le temps. Toute autorité investie d'un pouvoir de police ne peut valablement agir qu'à l'intérieur d'un cadre territorial circonscrit qu'elle est appelée à contrôler et qu'elle a souvent tendance à s'approprier. L'ordonnance de police s'impose rapidement comme un des moyens privilégiés qui lui permet de parvenir à ces fins. C'est particulièrement vrai pour tout ce qui touche à la délimitation de cet espace. Qu'il soit politique, judiciaire administratif ou économique, sa dépendance par rapport à un pouvoir de police accélère toujours la fixation de ses limites. Cette évolution se vérifie au plus haut niveau de l'État en construction. La royauté a toujours su habilement jouer de son pouvoir de police pour pénétrer à l'intérieur des seigneuries et étendre ainsi progressivement les limites de son domaine. La grande ordonnance de réformation de l'administration et la police du royaume de 1254 est, à cet égard, particulièrement significative. Sous couleur de repenser le système politique et administratif, saint Louis y introduit de nombreuses dispositions de police qui concernent aussi bien les jeux que les cabarets ou la prostitution. Elles ne sont certes pas nouvelles, mais étendues du domaine au royaume , elles témoignent d'une évidente volonté de création d'un espace de police réservé au souverain et à ses agents. On pourrait en dire tout autant des nombreuses ordonnances monétaires de saint Louis qui, elles aussi, dépassent largement la stricte matière de la monnaie en prévoyant une longue liste de mesures de police propres à faire respecter, en dehors du domaine royal, les dispositions arrêtées.

 

On verra des corporations faire appel au roi en 1484 pour "vivre en police et ordre en leur dit métier" (cordonniers de Chartres) (Albert Rigaudière, Penser et construire l'Etat dans la France du Moyen Age: (XIIIe-XVe siècle), 2003 - books.google.fr).

 

Louis XI

 

«Qui ne sait pas dissimuler ne sait pas régner,» et «diviser pour commander,» voilà quelles furent ses maximes favorites. […] Louis XI cherchait à multiplier ses ressources en développant la richesse du peuple : il protégea le commerce, l'lndustrie, s'occupa des routes, des foires, appela des ouvriers étrangers, introduisit en France la culture du mûrier et l'industrie des soieries, fit plusieurs traités de commerce; établit l'imprimerie à Paris, dès 1469, et dans plusieurs villes de France : «Si je vis encore quelque temps, disait-il à Comines, il n'y aura plus dans le royaume qu'une coutume, un poids et une mesure;... je mettrai une grande police dans le royaume.» Mais il n'eut pas le temps d'achever son œuvre ; retiré au château de Plessis-lès-Tours, en ouré de quelques serviteurs obscurs, Olivier Le Daim, Tristan, demandant la vie à son avide médecin Coythier, redoublant de pratiques superstitieuses, faisant venir de la Calabre le vénérable saint François de Paule, toujours actif et toujours redouté et haï, il mourut en 1483, et fut enterré à Notre-Dame de Cléry. Le titre de roi très-chrétien, donné à ce prince, en 1469, est devenu un titre permanent dans ses successeurs. Il laissait, de sa seconde femme qu'il avait bien délaissée, un fils, le jeune Charles VIII, et deux filles, Anne, mariée au sire de Beaujeu, Jeanne, mariée à Louis, duc d'Orléans. On lui attribue les Cent Nouvelles nouvelles, ou du moins une part dans ces contes imités de Boccace; il fit rédiger, sous ses yeux, pour son fils, le Rosier des guerres, par Etienne Porchier. Les Mémoires de Philippe de Comines, qu'il s'était attaché depuis l'entrevue de Péronne, le font surtout connaitre (Louis Grégoire, Dictionnaire encyclopédique d'histoire, de biographie, de mythologie et de géographie, 1871 - books.google.fr).

 

Pour Boccace, cf. quatrain VIII, 25 – Cœur mangé – 2048-2049.

 

Le jeune Charles VIII avait promis à son père, le 21 septembre 1482, de conserver tous ses conseillers et serviteurs. Louis XI mourut (30 août 1483). Aussitôt les factions se formèrent. Le sire et la dame de Beaujeu voulaient joindre au gouvernement de la personne du Roi le gouvernement du royaume. La reine mère se laissait porter à la tête d'un parti qui revendiquait la garde du jeune prince et la régence. Le duc d'Orléans abandonnait volontiers la garde de son cousin à la dame de Beaujeu, pourvu qu'il eût, en qualité de premier prince du sang, l'administration du royaume. [...] La mort de la reine mère vint, avant la fin de l'année 1483, anéantir un des deux partis qui disputaient le pouvoir aux Beaujeu (Noël Valois, Le Conseil du roi et le Grand Conseil pendant la première année du règne de Charles VIII [premier article]. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1882, tome 43 - www.persee.fr).

 

La mort de la reine Charlotte

 

Un inventaire qui fait partie du fonds de St-Germain-Harlay, et qui appartient au volume coté 308, est intitulé : «Lettres et pièces du tems de Louis XI et de Charles VIII, la plus part originales et servant à l'histoire de leur règne, commençant en décembre 1465 et finissant en février 1497.» C'est un état avec estimation des biens meubles de Charlotte de Savoie, reine de France, état qui fut dressé à Tours après sa mort arrivée en 1483. Charlotte de Savoie, fille de Louis duc de Savoie et d'Anne de Chypre, fut mariée en 1451 à Louis XI, alors que celui-ci n'était encore que Dauphin. Ce mariage ne s'accomplit pas sous des auspices bien brillants; suivant la chronique de Chastellain, lorsque la nouvelle reine alla occuper le trône de France, elle fut obligée d'emprunter les haquenées de la comtesse de Charolois. Avec un mari soupçonneux et méfiant comme Louis XI, qui voyait partout des ennemis, même dans sa famille, Charlotte de Savoie ne dut pas mener une existence très-heureuse; la plus cruelle épreuve qu'elle eut à subir, ce fut de se voir séparée de son fils, qui devint plus tard Charles VIII. Au reste, l'on sait par Philippe de Commines que Louis XI n'avait pas pour la reine une bien vive affection, encore qu'elle fût «au demourant» fort bonne dame.

 

Charlotte de Savoie mourut le 1er décembre 1483, après avoir fait un testament qui figure aussi, mais en copie seulement, parmi les pièces du volume 308 de St-Germain-Harlay. Les dispositions qu'il renferme n'ont rien de bien intéressant; elles concernent principalement les personnes attachées à la maison de la reine, auxquelles sont léguées des sommes d'argent plus ou moins fortes, en récompense de leurs services; les maisons religieuses ne sont pas oubliées dans ce testament et donnent lieu à des clauses spéciales. L'inventaire des biens de la reine est précédé d'une liste des officiers, dames et damoiselles appartenant à sa maison, et qui probablement fut dressée vers la même époque que l'inventaire ; en regard du nom de chaque personne, se trouve l'indication des gages qu'elle recevait. [...]

 

Item, ung autre coffre à fest, ferré de fer blanc, ouquel a esté trouvé une boueste couverte de cuir jaune, fermant à clef, et ferré de fer blanc, laquelle est plaine de lettres qui ont esté veues par monseigneur le chancellier, lequel en a prins par lettres missives du roy, comme l'on dit, et à ceste cause le surplus desd. lettres n'ont esté visitées, et n'y a l'on touché pour ce qu'ilz touchent le fait du roy.

 

Item , une autre boueste plate, fermant à clef, couverte de cuir noir, ferrée de fer blanc, en laquelle a plusieurs lettres comme pardons et autres, laquelle boueste a esté visitée par ledit chancellier, comme l'on dit, et n'ont esté regardées pour ce qu'ilz touchent le roy (Alexandre Tuetey, Inventaire des biens de Charlotte de Savoie, reine de France, (1483), 1865 - books.google.fr).

 

Christine de Pizan et Charlotte de Savoie

 

Les Enseignements d'Anne de France  à fille Suzanne de Bourbon, texte fort méconnu de nos jours, a pourtant été publié à deux repris en au XVIe siècle, ainsi qu'une fois au XIXe siècle par un archiviste de l'Allier. Somme de conseils qu'elle pense nécessaires de dispenser à sa fille alors au seuil de sa vie adulte, ce traité d'éducation a trop souvent été réduit à un témoignage de l'austérité des mœurs de l'ancienne régente de France, Son titre, calqué sur Les Enseignements de Saint Louis à sa fille Isabelle, indique certes que le texte s'inscrit dans une tradition moraliste austère. Pourtant, derrière l'humilité et la chasteté qui y sont prêchées sans surprise, une lecture plus attentive permet de découvrir une grande originalité, et autre chose que des conseils de repli, d'obéissance et de soumission. C'est qu'il est difficile pour elle, en pleine «querelle des femmes», de parler ouvertement. Un examen attentif du texte permet notamment de voir que, derrière le titre et au-delà des innombrables mentions des docteurs de l'Eglise, l'un des principaux modèles d'Anne - jamais avoué - est Christine de Pizan. Sous les apparences d'un discours bien plus lisse et résigné que celui de sa devancière, Anne de France partage en effet à la fois son analyse de la situation des femmes, et sa volonté farouche de résistance à leur marginalisation. Il est d'abord nécessaire de scruter quelques instants le fond de la bibliothèque de Moulins, où la duchesse semble avoir puisé l'essentiel da sources de ses Enseignements. L'inventaire de cette bibliothèque, réalisé en 1523 par un commissaire de François Ier, montre que la duchesse conservait l'ensemble des oeuvres de Christine. Notons, disséminés parmi les trois cent vingt-quatre volumes de la collection, un manuscrit du Livre des faits et bonnes mœurs du sage roi Charles V, deux exemplaires du Livre de la Cité des Dames, un autre du Livre du chemin de longue étude, deux volumes des Epîtres à Othéa et deux manuscrits du Livre des Trois Vertus, dont un qu'Anne tenait de sa mère, Charlotte de Savoie (Tatiana Clavier, Les Enseignements d'Anne de France et l'héritage de Christine de Pizan, Lectrices d'ancien régime, 2003 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain VIII, 25 – Cœur mangé – 2048 – 2049.

 

Les coffres de Charlotte

 

En 1451, alors qu'il n'est que dauphin, Louis XI épouse en secondes noces Charlotte de Savoie, fille du duc Louis Ier de Savoie et d'Anne de Chypre. Née en 1445, Charlotte lui donne trois enfants, Anne, Jeanne et le futur Charles VIII. La reine réside le plus souvent à Amboise avec ses enfants, un peu à l'écart. A la mort de son mari, elle garde trente manuscrits qui ont appartenu à celui-ci et qu'elle destine à son fils Charles. Ce sont surtout des livres de travail en latin, souvent écrits sur papier, dont les reliures de cuir ou de tissu rouge sont en mauvais état. Ils sont rangés dans «ung grant coffre à fest couvert de cuir noir ferré de fer blanc, estant en la gallerye de dehors à Amboise, ouquel coffre estoient les livres du feu roy Loys et en icelluy la feue royne... n'y vouloit toucher mais vouloit qu'ilz eussent baillez et renduz au roy son filz» comme l'indique l'inventaire après décès de la reine, morte trois mois après son mari le 1er décembre 1483 (Ursula Baurmeister, Marie-Pierre Laffitte, Des livres et des rois: la bibliothèque royale de Blois, 1992 - books.google.fr).

 

Charlotte de Savoie aimait les beaux livres. Elle avait d'ailleurs emprunté à l'abbesse de Poissy le Psautier de Saint Louis (latin 10525), en promettant qu'il serait rendu aux religieuses après sa mort. On remarque dans sa bibliothèque «ung autre livre en parchemin appelle les Heures de Mgr de Berry bien ystorié», ces fameuses Grandes Heures, qui comptent, avec les Très riches Heures de Chantilly, parmi les chefs-d'œuvre exécutés pour le duc bibliophile. Après la mort de Charlotte en 1483, les Grandes Heures sont passées à son fils, Charles VIII (Ursula Baurmeister, Marie-Pierre Laffitte, Des livres et des rois: la bibliothèque royale de Blois, 1992 - books.google.fr).

 

Ainsi, on trouve mention dans les inventaires royaux et nobiliaires de coffres avec des fermetures de fer-blanc ; dans l'inventaire du Louvre, daté de 1420, est mentionné un coffre de cuir ferré de fer blanc et, en 1483, on trouve six coffres avec fer-blanc dans l ' inventaire de Charlotte de Savoie (Jean-Paul van Lith, Fil de fer & ferblanterie, 2002 - books.google.fr).

 

Coffres

 

Deux types de meubles s'imposent pour le rangement des livres : le coffre et l'Ă©tagère. Si le premier est très frĂ©quent dans les inventaires après dĂ©cès, mais curieusement rare dans l'iconographie, la seconde, en revanche, est abondamment reprĂ©sentĂ©e sur les images - et naturellement absente des inventaires, puisque souvent il ne s'agissait pas de meuble Ă  proprement parler, mais de niches ou de placards muraux creusĂ©s dans l'Ă©paisseur de la maçonnerie. Le coffre est le meuble de rangement universel. On le rencontre dans tous les intĂ©rieurs, du plus fastueux au plus dĂ©muni, du palais princier Ă  la masure paysanne. Seules la quantitĂ© et la facture diffèrent - plus de quarante, Ă  titre d'exemple, chez un riche chanoine Iangrois des annĂ©es 1360, dont la moitiĂ© Ă©tait pourvue de serrures et garnie de ferrures, et une vingtaine peinte de couleurs vives (jaune. vert. rouge)”. C'est donc le coffre avec ses variantes: huche, arche, maie, bahut (coffrum, uchia, arca, metha, capsa ou caxia dans le Midi...) qui servira aussi Ă  abriter les livres. Il prĂ©sentait l'avantage de bien les protĂ©ger de la poussière, sinon des rongeurs. Le contenu du coffre Ă©tait parfois homogène, le plus souvent les livres y Ă©taient mĂŞlĂ©s Ă  d'autres objets prĂ©cieux: monnaie d'or et d'argent, orfĂ©vrerie, bijoux, vases et ornements liturgiques, Ă©toffes de prix, etc. La capacitĂ© en livres de ces meubles passe-partout, naturellement fluctuante, est impossible Ă  dĂ©terminer. Chez l'un, in une capsa, les commissaires dĂ©nombrent neuf volumes, chez l'autre une douzaine, chez le troisième dix-huit; mais que contenaient-elles d'autre ? Ailleurs, c'est une quarantaine de livres qui est enfermĂ©e dans un coffre ou in uno vase nova; la centaine de volumes d'un chanoine de BĂ©ziers est dispersĂ©e entre six coffres et une armoire. tandis que les 97 manuscrits de la reine Charlotte de Savoie tiennent dans deux coffres (Histoire des bibliothèques françaises: Les bibliothèques au XXe siècle, 1914-1990, 1988 - books.google.fr).

 

Lettres d'amour anonymes

 

Les lettres amoureuses ne sont pas toujours signées. Par souci de maintenir le secret de la relation, l'on doit taire le nom de l'être aimé. L'amant sait évidemment reconnaître la main de son expéditeur: Vostre non n'os nommer ne dire / Ne le mien ne vous os escrire, / Por ce que ne soit percheüe / Nostre amours quant vois par le rue (Saluts d'amours, I, v. 12-15, éd. Paul Meyer, v. 13-16); Et se les amant se trametent aucune epistre, il noi deivent pas metre lor noms ne lor seiaus, se il ne sont noms ou seiaus que nus sache, estier aus, a ce q'il poissent mieuz celer lor ovres, por les maus dissanz. Et lor i doit il ausi trametre (Livre d'Enanchet, S64, 67, et 690). Ne pouvant ni signer les lettres ni les sceller, l'amant doit pourtant les authentifier aux yeux de son destinataire, ce que permet la reconnaissance de la main de l'écrivant. Cependant, tous les amants ne sont pas des experts en «graphologie» : Je ne m'i savoie avoüer, / Car chils qui escripsi le lettre / Oublia (ou ne l'i volt mettre) / Le nom [...] (Froissart, Prison amoureuse, v. 682-685, éd. Anthime Fourrier, 1974). Les capacités de reconnaissance sont peut-être limitées aux vrais amants, car un mari peut ne pas reconnaître l'écriture de sa femme. Dans le Tristan en prose, Acarive confie au roi «un fax brief» qu'elle a écrit de sa main, mais que l'on prétend être une lettre autographe de la reine à son amant. Le roi est berné parce qu'il ne peut reconnaître la main de sa femme : Quant li rois voit ces letres, il cuide vraiement qu'eles viegnent de la roïne, sa feme, et qu'ele les oit faites de sa propre main [...] [un chevalier à qui le roi confie les lettres déclare qu'il pourrait s'agir d'une lettre de la reine; son analyse philologique repose sur une cohérence de style et non sur une identité d'écriture] Quant il ot les letres leües, il s'aperçut maintenant que c'estoit traïson que aucuns avoit porchaciee por faire la roïne destruire; ; car, sanz faille, il conoist tant bien la roïne, qu'il savoit tot vraiement qu'ele estoit une des bones dames dou monde et qui plus lealment amoit son seignor (éd. Renée L. Curtis, 1976-1985, t. I, S 200, p. 117) (Olivier Delsaux, Manuscrits et pratiques autographes chez les écrivains français de la fin du Moyen Âge: l'exemple de Christine de Pizan, 2013 - books.google.fr).

 

Sans nom

 

Le chevalier sans nom est Lancelot du Lac.

 

De tous ces "beaux inconnus", seul Lancelot est en vérité "l'incarnation du chevalier sans nom, solitaire, qui reste consciemment anonyme et se dérobe à tous. Si chacun des plus valeureux compagnons de la Table Ronde est le fils de quelqu'un - Arthur fils d'Uterpendragon, Gauvain fils de Loth, Erec fils d'Urien, Girflet fils de Do, Yder fils de Nut - Lancelot, fait assez curieux, est l'unique à ne pas  revendiquer sa filiation paternelle : il ne sera jamais Lancelot fils de Ban. Et pourtant, son long séjour dans le pays de la Dame du Lac ne doit pas nous faire oublier que Lancelot a eu des parents de grande noblesse : Ban, roi

de Bénoïc, et Helaine, la jeune reine de grande beauté (Michel Stanesco, D'armes & d'amours: études de littérature arthurienne, 2002 - books.google.fr).

 

Beaucoup des livres et manuscrits de Charles VIII portent ses devises : «A mon atante», ou : «Plus qu'autre» ; et son entreprise de Naples augmenta la collection de livres que son père lui avait léguée ou que sa mère Charlotte de Savoie avait réunis à Amboise dans un grand coffre de cuir noir. Parmi ceux-là se trouvaient, principalement sans doute, ces romans de chevalerie qu'Etienne de Vesc lui faisait tant lire dans son enfance, au point qu'ils lui montèrent la tête et furent une des causes indirectes des guerres d'Italie (Arthur de Cazenove, Jean Dumas, conseiller et chambellan du roi, XVe siècle, 1898 - books.google.fr).

 

Les romans d'aventure, les romans chevaleresques dont on a tant dit que le roi faisait son unique pâture, n'apparaissent parmi les livres de la Chambre que sous deux rubriques : Le livre des fils de roy et le Lancelot. Le premier, dont le titre rĂ©el est Histoire royale ou des trois rois appartint Ă  Charlotte de Savoie. Il fut donc de bonne heure accessible au souverain. Court et plaisant, il est le seul qui puisse avoir, et de manière assez frappante, incitĂ© le roi Ă  l'entreprise de Naples. Quant au Lancelot, achetĂ© par le roi en 1490, Ă  Lyon, il s'agit sans doute du Lancelot en prose qui venait d'ĂŞtre imprimĂ© par Antoine VĂ©rard, «l'oeuvre la plus caractĂ©ristique et la plus forte du moyen âge français et peut-ĂŞtre occidental jusqu'Ă  l'apparition de la Divine ComĂ©die», selon F. Lot (Yvonne Labande-Mailfert, Charles VIII et son milieu: 1470-1498 : la jeunesse au pouvoir, 1975 - books.google.fr).

 

Le Lancelot en prose, en revanche, n'offre pas de lettres d'amour. Sur les six messages Ă©crits qui circulent dans le rĂ©cit, quatre s'Ă©changent entre d'autres personnages que Lancelot et Guenièvre, parmi lesquels deux lettres  mensongères, l'une de la fausse Guenièvre accusant la reine d'imposture, l'autre de MĂ©lĂ©agant faisant croire au retour de Lancelot, et deux lettres de la reine elle-mĂŞme, l'une Ă  la Dame du Lac, l'autre Ă  Claudas. Deux lettres seulement s'Ă©changent entre les amants : dans l'une Lancelot confie Ă  Guenièvre la garde d'une demoiselle, dans l'autre, Guenièvre informe Lancelot des propos malveillants tenus par les chevaliers de la Table Ronde Ă  son Ă©gard. L'Ă©criture de ces diffĂ©rentes lettres est donc purement informative, si elle n'est pas au service du mensonge ou de la menace. Lorsqu'il s'agit de dĂ©livrer un contenu plus intime, c'est Ă  la parole qu'on le confie ou Ă  des objets (Dominique Demartini, Miroir d'amour, miroir du roman: le discours amoureux dans le Tristan en prose, 2006 - books.google.fr).

 

"amateur"

 

Ameor, amahor, amaor, amere , ameres, ameur, amiere, amierres : Amant, celui qui aime; amator; en anc. Prov. Amador (Jean Baptiste Bonaventure de Roquefort, Glossaire de la langue romane, 1808  - archive.org).

 

Le mot "amateur" apparaît chez Jean du Vignay (Dictionnaire étymologique Larousse, 1969) dans le Miroir Historial, traduction du Speculum majus de Vincent de Beauvais, datant de 1327.

 

Jean du Vignay était de l'Ordre de Saint Jacques du Haut-Pas. Sa traduction du traité sur les Echecs de Jacob de Cessoles a été imprimée en 1504 (Charles Nodier, Recueil de dissertations, 1834 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain VIII, 21 - Pontifex - 2045-2046.

 

Amateur de Clergie, Christine avoue elle-même qu'elle fut, au sens que nous donnons aujourd'hui à ce mot, un amateur. Elle ne put être, comme les clercs, ses contemporains, l'élève des maîtres qui enseignaient alors dans l'Université de Paris, cette Alma Mater qu'elle a cependant célébrée avec enthousiasme, dans le Livre des Fais et bonnes Meurs et dans le Livre de la Paix (Marie Josèphe Pinet, Christine de Pisan, 1364-1430: étude biographique et littéraire (1927), 1974 - books.google.fr).

 

Filiation de Charles VIII

 

Cette filiation a été fort contestée. Louis XI était marié depuis trente-quatre-ans, et avait déjà perdu deux fils en bas âge ; son frère puiné, Charles, duc de Guyenne, ne dissimulait pas des espérances dont la réalisation devenait chaque jour plus vraisemblable. Louis XI avait quarante-sept ans. Dans l'espoir d'obtenir un troisième fils, il envoyait de riches présents à mainte église, avait même fait vœu d'offrir à Notre-Dame du Puy, en Anjou, un enfant d'argent. La Providence répondit à de si belles promesses par l'envoi du pauvre personnage qui fut Charles VIII, et dont la légitimité est douteuse. Les uns ont avancé que Louis XI l'avait eu d'une de ses maîtresses, d'autres qu'il était fils d'un boulanger d'Amboise ; la reine, disait-on, venait de mettre au monde une fille mourante, et elle consentit à y substituer ce fils étranger. Pierre Mathieu, historiographe officiel, s'efforça de réfuter sur ce point les assertions de du Haillan (1535-1610). Celui-ci, interrogé par Mathieu, répondit «qu'il tenoit cela de la bouche de ceux qui croyoient de le bien sçavoir, et qu'il a escrit plusieurs autres choses de pareille conséquence sur la bonne foy de la tradition» (Pierre Mathieu, Histoire de Louis XI, édit. de 1610, p. 559) (Alfred Franklin, La vie privée d'autrefois: Arts et métiers, modes, mœurs, usages des Parisiens du XVIIe au XVIIIe siècle, d'après des documents originaux ou inédits, Tome 17, 1895 - books.google.fr).

 

L'amant platonique de Charlotte de Savoie est, dans un roman de Mademoiselle de la Force, Jean d'Anjou, duc de Calabre (Charlotte-Rose de Caumont La Force, Histoire secrete de Bourgogne, Tome II, 1782 - books.google.fr).

 

Cette intrigue est reprise par Louis d'Ussieux au XVIIIe siècle (Louis d'Ussieux, Charlotte de savoie, 1778 - books.google.fr, Laurent Versini, Le roman en 1778. In: Dix-huitième Siècle, n°11, 1979. L'année 1778 - www.persee.fr).

 

Toure l'histoire de Charlotte de Savoie & du Duc de Calabre n'est qu'une fiction de Mademoiselle de la Force. En voici la preuve : Jean d'Anjou, Duc de Calabre, fils de René, Roi de Naples, de Sicile, de Jérusalem, d'Aragon, de Valence, de Majorque, Duc d'Anjou, de Lorraine & de Bar, né le 7 janvier 1426, marié le 2 avril 1437 à Marie de Bourbon, sœur de l'Evêque de Liège & de la Princesse de Gueldres, ne pouvoit pas être amoureux de Charlotte de Savoie lorsqu'elle fut fiancée au Dauphin, car elle n'avoit alors que fix étant née en 1445 & fiancée en 1451. Il mourut le 27 juillet le 27 juillet 1471 à Barcelone (Laborde) (Charlotte-Rose de Caumont La Force, Histoire secrete de Bourgogne par Mlle de La Force, Tome 3, 1782 - books.google.fr).

 

Charlotte-Rose de Caumont La Force, née au château de Cazeneuve, près de Bazas en Guyenne en 1650 et morte à Paris en mars 1724, est une romancière et poétesse française. Ses ouvrages sont presque tous des romans historiques ou des recueils d'aventures galantes, écrits avec agrément. Ses premiers romans sont dans la veine des "histoires secrètes" très populaires en son temps, de courts romans relatant "l'histoire secrète" d'une personne célèbre et l'action généralement liée à une intrigue amoureuse, telle que l’Histoire secrète de Marie de Bourgogne (1694, 2 vol. in-12), l’Histoire secrète des amours de Henri IV, roi de Castille (1695), l’Histoire de Marguerite de Valois, reine de Navarre (1696), Gustave Vasa, histoire de Suède (Lyon, 1698, 2 vol. in-12) ou encore l’Histoire secrète de Catherine de Bourbon, duchesse de Bar (Nancy, 1703, in-12), plusieurs fois réimprimée sous différents titres. Au moins trois de ces histoires secrètes sont liées entre elles : elles mettent en effet en scène des membres d'une même famille. Secrètement éprise du comte d'Angoulême, Marie de Bourgogne a épousé Maximilien de Habsbourg. Le comte épousera malgré lui Louise de Savoie et deviendra le père de Marguerite de Valois, elle-même figure centrale du roman éponyme, et grand-mère de l'héroïne de l'Anecdote galante ou Histoire secrète de Catherine de Bourbon, duchesse de Bar) (fr.wikipedia.org - Charlotte-Rose de Caumont La Force).

 

Loi salique

 

Au dĂ©but du XVe siècle, Christine de Pizan s’immisce dans un dĂ©bat entre les adversaires et les dĂ©fenseurs des dames : elle prend Ă  partie les clercs qui Ă©crivent contre les femmes et lutte contre la calomnie. Elle se bat contre ces lettrĂ©s, qui tentent d’établir l’incapacitĂ© des femmes dans certaines fonctions du corps et de l’intelligence, et qui adopte toujours la mĂŞme dĂ©marche : mettre en Ă©vidence le lien entre la nature du sexe fĂ©minin et les aptitudes fĂ©minines, l’anatomie de la femme conditionnant une infĂ©rioritĂ© intellectuelle. NĂ©e en France, la Querelle des dames se rĂ©pand en Europe.

 

À la fin du Moyen Âge naît une polémique - la «Querelle des dames» - sur la place des femmes dans la société et leurs capacités ou leurs droits à tenir les mêmes rôles que les hommes. Elle perdure, sous certains aspects, jusqu’à nos jours. Trois grandes questions y sont débattues : le mariage et l’amour, l’éducation des filles et le pouvoir des femmes. Cette controverse correspond à un tournant social, économique et politique complexe qui voit s’accroître, dans toute l’Europe, les inégalités entre les sexes. Elle débute en France, où la crise dynastique du début du XIVe siècle a conduit à la formalisation de la «loi salique» : les femmes sont déclarées inaptes à hériter ou transmettre la couronne. La querelle va déchirer le petit milieu du premier humanisme parisien. Jean de Montreuil (1354-1418) lance le débat par une apologie de la seconde partie du Roman de la rose - écrite au XIIIe siècle par Jean de Meung et très hostile aux femmes et à l’idéal de l’amour courtois. Christine de Pizan (1364-1430) y répond par une succession de lettres et de traités. En 1405, elle écrit son œuvre majeure : La Cité des dames. Sa démonstration se construit sur le modèle de la biographie collective de l’humaniste italien Boccace De mulieribus Claris (Sur les femmes célèbres). Christine de Pizan prend à partie les clercs qui écrivent contre les femmes. Elle se bat contre la frange de la «clergie» (des lettrés) qui tente de prouver l’incapacité physique et intellectuelle des femmes en établissant un lien entre l’anatomie du sexe féminin et leurs aptitudes intellectuelles (Nicole Dufournaud, La Querelle des dames à la Renaissance, Encyclopédie pour une histoire nouvelle de l'Europe, 2016,  - ehne.fr).

 

La femme du fils aĂ®nĂ© de Philippe le Bel (Louis le Hutin) et celle de son plus jeune fils (Charles de la Marche) furent accusĂ©es et condamnĂ©es pour avoir entretenu une liaison adultère avec deux frères, Philippe et Gautier d'Aunay. Ces derniers furent exĂ©cutĂ©s Ă  la manière horrible rĂ©servĂ©e aux pires criminels, et les princesses luxurieuses furent emprisonnĂ©es pour le restant de leur viel. Outre le cĂ´tĂ© moral honteux de l'affaire, il y avait la possibilitĂ© d ' une crise politique grave. L'unique enfant de l'hĂ©ritier prĂ©somptif, Louis le Hutin, Ă©tait une fille, Jeanne, qu'il avait eue de sa femme Marguerite de Bourgogne le 28 janvier 1312. On ignore quand la liaison adultère de Marguerite commença exactement, mais si elle remontait au mois d'avril de l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, Jeanne aurait très bien pu ĂŞtre un enfant illĂ©gitime. Cela donnait automatiquement naissance au soupçon que Jeanne Ă©tait le fruit de l'adultère maternel. Louis le Hutin, montĂ© sur le trĂ´ne quelques mois seulement après que le scandale eut Ă©clatĂ©, considĂ©ra toujours Jeanne comme sa propre fille. Mais Ă  la mort de Louis, ceux qui refusaient Ă  Jeanne le droit de lui succĂ©der pouvaient se justifier en disant que Jeanne n'Ă©tait pas de souche royale. Et, nous allons le voir bientĂ´t, comme l'exclusion de Jeanne inaugura le processus qui aboutit Ă  l'exclusion de toutes les femmes du trĂ´ne de France, il nous faut admettre une chose : Ă  l'origine, il se peut que la nĂ©gation des capacitĂ©s du sexe fĂ©minin tout entier n'ait eu d'autre fondement que les soupçons pesant sur la lĂ©gitimitĂ© d'un enfant innocent (Ralph E. Giesey, Le rĂ´le mĂ©connu de la loi salique: La succession royale, XIVe-XVIe siècles, traduit par Franz Regnot, 2007 - books.google.fr).

 

1328 prĂ©sente donc une image renouvelĂ©e et singularisĂ©e de la monarchie française. Un nouveau système successoral s'est imposĂ© : les femmes n'hĂ©ritent pas, elles ne transmettent pas l'hĂ©ritage, ne font pas «le pont et la planche», l'aĂ®nĂ© des mâles de la famille, Ă  condition qu'il soit français, est seul habilitĂ© Ă  rĂ©gner. Cet Ă©tat de fait, conforme aux plus anciennes traditions comme aux intĂ©rĂŞts les plus immĂ©diats, donnait satisfaction aux contemporains. Lorsque Édouard III, prenant en 1340, Ă  toutes fins utiles, le titre de roi de France, voulut faire valoir sa cause auprès du pape BenoĂ®t XII, ce dernier lui rĂ©pondit qu'il perdait son temps et ses efforts face Ă  une coutume bien Ă©tablie. Ă€ cette date, les circonstances sont donc mĂ»res pour le grand retour de la loi salique encore absente en 1328. Vers 1340, la voilĂ  prĂ©cisĂ©ment Ă©voquĂ©e, sans toutefois ĂŞtre nommĂ©e - «cette constitution faite longtemps avant Charlemagne et gardĂ©e par tous les rois depuis icelui temps» - dans la traduction française des Échecs moralisĂ©s de Jacques de Cessoles, effectuĂ©e par Jean du Vignay pour le compte du futur Jean le Bon.

 

Enfin, en 1358, après l'Ă©pouvantable dĂ©sastre de Poitiers qui Ă©branle une royautĂ© au chef captif, Richard Lescot exhume, pour la première fois en termes explicites, la loi salique, et rappelle ses conditions d'Ă©laboration. Ce moine de Saint-Denis ajoute en effet Ă  la gĂ©nĂ©alogie des rois de France, qu'il a dressĂ©e Ă  la demande de l'entourage du dauphin, futur Charles V, un appendice très Ă©loquent : comme aucun des savants qu'il a consultĂ©s n'a pu le renseigner sur la loi salique, il se fait un plaisir d'indiquer que ce furent les premiers rois francs, encore paĂŻens, qui l'Ă©tablirent ; Clovis et ses successeurs immĂ©diats amĂ©liorèrent, Charlemagne et Louis le Pieux complĂ©tèrent cette « loi salique, c'est-Ă -dire française (francisca)». On mesurera mieux par la suite l'importance de cette notation jetĂ©e comme en passant. Soulignons que, pour la première fois depuis très longtemps, la loi salique est liĂ©e Ă  une gĂ©nĂ©alogie, c'est-Ă -dire Ă  la succession royale. Ainsi versĂ©e au dossier de la monarchie, dont elle ne sortira plus, elle entame alors sa carrière de justification, rĂ©trospective d'Ă©vĂ©nements dont elle est en rĂ©alitĂ© le produit.

 

Le dĂ©marrage cependant fut lent : deux ou trois notations sous le règne de Charles V (1364-1380), en particulier dans Le Songe du verger rĂ©digĂ© en 1376 et qui exalte l'excellence de la royautĂ© française. Naturellement, c'est au moment oĂą le conflit franco-anglais est le plus intense que la loi salique est enrĂ´lĂ©e massivement comme arme polĂ©mique. Lorsque Henri V de Lancastre, sitĂ´t son avènement au trĂ´ne anglais en mars 1413, revendique la succession royale française et commence Ă  en prendre les moyens militaires autant que politiques, les propagandistes valois donnent abondamment de la plume pour dĂ©montrer et dĂ©noncer l'illĂ©gitimitĂ© de ses prĂ©tentions. De Jean de Montreuil, secrĂ©taire de Charles VI (1380-1422), Ă  Jean Jouvenel des Ursins, avocat, historien et conseiller de Charles VII (1422-1961), tous deux intellectuels raffinĂ©s et de très haute culture, en passant par des publicistes plus frustes et souvent anonymes, chacun produit, avec quelques nuances, les mĂŞmes arguments antianglais. C'est alors que l'article soixante-deux est expressĂ©ment citĂ© contre Isabelle de France et Edouard III, dont Henri V prĂ©tend recueillir enfin l'hĂ©ritage (Laurent Theis, Le trĂ´ne de France interdit aux femmes, La VĂ©ritable Histoire des femmes: De l'AntiquitĂ© Ă  nos jours, 2019 - books.google.fr).

 

En monarchie héréditaire, les rois étant mortels et parfois sans héritier mâle direct, on en vient à des changements de dynastie après celui de 1328 avec les Valois, Valois Orléans avec Louis XII, Valois Angoulême avec François Ier et Bourbon avec Henri IV.

 

Le 25 juin 1593, sous l'impulsion du président Le Maistre et de l'avocat général Molé, le parlement de Paris rendit un arrêt enjoignant au duc de Mayenne, lieutenant général du royaume, de faire respecter les lois fondamentales de ce royaume, à commencer par la loi salique, et donc de ne pas permettre que la couronne de France passe à une femme, étrangère de surcroît, en l'occurrence l'infante Isabelle, fille du roi d'Espagne Philippe II et petite-fille d'Henri II par sa mère. Pour Henri IV, la voie royale était définitivement ouverte. Ce fut la dernière fois, sans doute, qu'un héritier du trône de France eut recours à la loi salique car le problème de la succession ne se posa plus jusqu'à la fin de l'Ancien Régime ; encore que, le 1er octobre 1789, l'Assemblée nationale prit un décret consacrant le principe de l'hérédité royale par ordre de primogéniture mâle, à l'exclusion perpétuelle des femmes et de leurs descendants (Laurent Theis, Le trône de France interdit aux femmes, La Véritable Histoire des femmes: De l'Antiquité à nos jours, 2019 - books.google.fr).

 

En Europe au Moyen Age, en maintes occasions, s'est posée la question de savoir si les femmes peuvent «faire le pont et la planche», c'est-à-dire si elles ont un fils à qui transmettre des droits qu'elles n'ont pas la capacité d'exercer elles-mêmes (Jacques Berlioz, Jacques Le Goff, Anita Guerreau-Jalabert, Anthropologie et histoire. In: Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, 20e congrès, Paris, 1989. L'histoire médiévale en France. Bilan et perspectives - www.persee.fr).

 

Quelques amours dans les cours princières

 

A l'automne 1444, Isabelle est envoyée par Philippe en Hollande pour tenter d'apaiser la rébellion contre la levée de nouveaux impôts. Charles l'accompagne. Sa mission n'est pas couronnée de succès. Isabelle reste en Hollande jusqu'au début janvier de l'année suivante. Au printemps 1445, elle se met en route pour la Champagne, où il est prévu qu'elle rencontrera le roi de France au sujet d'une paix générale de 'plusieurs conseillers et ambassadeurs'. Finalement, l'entrevue est remise à l'automne et se tient à Châlons-sur-Marne. Isabelle est accueillie par Charles VIIi et par la reine de France, Marie d'Anjou. D'après La Marche (t. 11, p. 54-55) : 'Et lui fit la Royne moult grand honneur et privaulté, car toutes deux estoient desja princesses eaigées et hors de bruyt (Marie d'Anjou avait 40 ans et Isabelle 48). Et croy bien qu'elles avoient une même douleur et jalousie.' C'est l'époque, en effet, où Charles VII n'a d'yeux que pour Agnès Sorel, tandis que chacun connaît les aventures amoureuses de Philippe qui 'avoit de bastards et de bastardes une moult belle compaignie'. Pendant le séjour d'Isabelle à Châlons, on célèbre le mariage de Jean de Calabre, fils de René d'Anjou, avec Marie de Bourbon, fille d'Agnès de Bourgogne et donc nièce de Philippe. Le roi de France obtient d'Isabelle une revision du traité de 1436 en ce qui concerne la rançon du roi René. René est libéré du solde restant dû par le traité de Châlons, signé le 6 juillet par Isabelle et confirmé par Philippe à Middelbourg, le 28 ocotbre (Claudine Lemaire, Michèle Henry, Anne Rouzet, Isabelle de Portugal, duchesse de Bourgogne, 1397-1471, 1991 - books.google.fr).

 

On a voulu voir, dans la cinquième nouvelle des Nouvelles françaises de Jean Regnaud de Segrais, Aronde, ou les Amans déguisés, sous le voile des querelles des maisons de Bourbon et de Bourgogne, des allusions à la Fronde. Agnès de Bourgogne serait, paraît-il, la Grande Mademoiselle, le comte de Clermont, Condé, et le duc de Clarence, le Prétendant anglais, futur Charles II. L'analogie est poussée fort loin par Brédif. Quoi qu'il en soit c'est, en bref, l'histoire d'un jeune homme et d'une jeune fille de maisons ennemies qui, voyageant incognito, se rencontrent, s'aiment et se marieraient sans l'intervention d'un rival, le duc de Clarence. Celui-ci fait croire à  Clermont, alias Aronde, au moyen de lettres contrefaites, que sa maîtresse lui est infidèle. Agnès se retire à la campagne où elle meurt en quatre jours du «déplaisir» que lui cause la crédulité de son amant. Dans une scène touchante les rivaux se rencontrent près du cercueil de leur maîtresse ; Clarence avoue sa trahison, et l'innocence d'Agnès. Segrais, bien embarrassé pour tirer ses personnages de cette situation, adopte le dénouement que lui propose Mme de Choisy. Le père d'Agnès, se croyant déshonoré par la conduite de sa fille, l'avait enfermée dans une pièce secrète du palais, en répandant le bruit de sa mort. Persuadé enfin de son innocence par l'aveu de Clarence, il donne son consentement au mariage d'Agnès avec le comte de Clermont. Clarence, comme punition de ses crimes, est obligé d'assister à la cérémonie. Afin de donner une apparence de vérité à son récit, Segrais affirme de nouveau avoir travaillé sur des documents authentiques : «L'histoire de ces Amans fut pourtant écrite dès ce tems-là ; et il n'y a que fort peu de tems qu'elle a été trouvée en Auvergne, dans un vieux château qui a appartenu longtemps aux Ducs de Bourbon» (Wessie M. Tipping, Jean Regnaud de Segrais: l'homme et son œuvre (1933), 1978 - books.google.fr).

 

La seconde femme de Louis XII, Marie d'Angleterre, fille du roi Henri VII, avait, avant son mariage, un amant ou amoureux, le duc de Suffolk, qu'elle Ă©pousera une fois veuve (Isaac de Larrey (1638-1719), Histoire d'Angleterre, 1707-1712) (Oeuvres diverses de Pierre Bayle, Volume 3, 1727 - books.google.fr).

 

Chancelier

 

Doriole ayant été dépouillé de la charge de chancelier en 1483, le roi la donna à Guillaume de Rochefort, lettres patentes datées du Plessis-les-Tours le 12 de Mai 1483, environ deux mois & demi avant sa mort. Il n'y avoit pas longtemps que Guillaume de Rochefort étoit à la cour. Ce seigneur étoit d'une famille noble & illustre de la province de Bourgogne. Il avoit porté les armes & s'étoit trouvé à la bataille de Montlhery & au siége de Nancy. Après la mort du dernier duc de Bourgogne il fut envoyé en France pour traiter du mariage de la princesse Marie avec le Dauphin fils de Louis XI. Certe négociation n'eut point d'effet, mais elle donna occasion au roi de connoître le mérite & la capacité de Guillaume de Rochefort, & de l'attirer à son service. Ce prince recommanda au Dauphin son fils de le maintenir dans la place de chancelier, lorsqu'il seroit monté sur le throne, & en conséquence Charles VIII lui fit expédier de nouvelles lettres pour lui conferer cet office : elles sont datrées d'Amboise le 22 Septembre 1483. Il est fait mention dans ces lettres de la recommandation que Louis XI avoit faite à son fils en faveur de Guillaume de Rochefort quelque temps avant sa mort, & des sollicitations de la reine mere de Charles VIII, pour qu'il fût maintenu dans cette dignité. Ces lettres accordées à un chancelier pour le confirmer dans sa place sous un nouveau regne font remarquables, aussi bien que la demande que les députés du Parlement vinrent faire à Charles VIII, de vouloir bien maintenir tous les officiers du Parlement dans leurs charges (Gabriel Daniel, Histoire de France, depuis l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome 8, 1755 - books.google.fr).

 

Acrostiche : LP, lettres patentes

 

Sous l'Ancien Régime, décision royale exprimant la volonté du roi en tant que législateur, sous forme de lettre ouverte, scellée du grand sceau et contresignée par un secrétaire d'État, qui accorde ordinairement une faveur au destinataire. Anton. lettres closes, lettres de cachet (v. lettre) (www.cnrtl.fr).

 

Le chancelier est un grand officier de la Couronne, chargé de la garde du sceau royal et, selon les époques, de l'administration de la Justice, et chef des Conseils du roi. Chancelier de France; grand chancelier. 1174 «premier officier de la couronne en ce qui regarde la justice, garde du sceau royal» (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 308); Chancelier du royaume (A. France, Vie de Jeanne d'Arc, 1908, p. XLII).En vain le chancelier multipliait les édits; personne ne les observait (Bainville, Hist. de France,t. 1, 1924, p. 166) (www.cnrtl.fr).

 

Offre des députés aux Etats généraux de Tours en 1484

 

cacher du lat. *coacticare «comprimer, serrer» forme renforcée du lat. coactare «contraindre» (Lucrèce dans TLL s.v., 1369, 50), fréquentatif de cogere «id.». De coactare, les formes méridionales de type cacha «écraser, broyer, presser, blesser» (Mistral); ce même sens de «écraser» est attesté dès le XIIes. pour le dér. a. fr. escachier (Chr. de Troyes, Erec et Enide dans T.-L.); le sens de «dissimuler», peu fréq. jusqu'au XVIe s., est dér. de celui de «presser, comprimer»; cacher a fini par supplanter en ce sens les verbes a. fr. escondre, esconser et musser (www.cnrtl.fr, K. Baldinger, Vocabulaire de la Gascogne méridionale, Revue de linguistique romane, Volume 20, 1956 - books.google.fr).

 

Dès l'avènement de son frère, elle s'empara du pouvoir. Sans être agitée, la France était profondément émue. De tous côtés on requérait justice : pendant que le peuple implorait l'abolition des impôts et le châtiment des «méchants conseillers» du feu roi, les princes du sang, réunis autour de Charles VIII, assiégeaient le conseil de leurs sollicitations. Sentant que des concessions étaient indispensables, Anne de Beaujeu entra hardiment dans cette voie : les aliénations du domaine royal révoquées (22 sept.); plusieurs grands seigneurs élargis; le duc de Bourbon", jadis humilié par Louis XI, pourvu de la charge de connétable (23 octobre); le duc d'Orléans chargé du gouvernement de l'Ile-de-France; Olivier le Daim jugé et condamné à mort; les favoris de Louis XI diversement punis, les Suisses congédiés, et enfin le quart des impôts de l'année courante remis au peuple, tel fut le commencement des réparations qu'exigeait la première explosion du sentiment publie. Il était facile de voir que ce mouvement n'était que le prélude de revendications et de plaintes plus sérieuses. Anne de Beaujeu le comprit mieux que toute autre : à la réaction naissante qui menaçait de grandir et de troubler le gouvernement, elle donna le seul aliment qui pût affaiblir la tempête ou du moins en régler l'effort. D'une commune résolution, les membres du conseil, unis à la sœur du roi, décidèrent la convocation des États Généraux. [...]

 

La séance d'ouverture, le 14 janvier 1483 (n. s. 1484), fut consacrée, suivant l'usage, au discours du chancelier. Guillaume de Rochefort occupait cette charge depuis l'année précédente. Avec une souplesse qui était faite pour étonner, l'ancien serviteur de Louis XI adressa aux députés un discours plein d'avances ; sa harangue était très-capable de disposer les âmes à l'espérance et à la conciliation. [...]

 

A la fin de son discours du 28 février, qui contenait une si généreuse et honnête protestation, Masselin, chanoine de la cathédrale de Rouen et député du clergé de Normandie, à qui on doit une relation de déroulement de ces Etats, offrit au roi 1200 000 livres pour chacune des deux premières années et la somme de 300000 livres qu'on était convenu d'accorder pour l'année du sacre et de l'entrée à Paris, à la condition formelle d'exécuter les vœux des cahiers et de fixer dès à présent la prochaine convocation des Etats. [...]

 

Après de longues hésitations, les princes, ballottés entre la crainte du despotisme royal et la peur des réformes, se décident à préférer la puissance d'un seul homme, facile à dominer, au pouvoir des États, si difficiles à séduire. Les députés eux-mêmes avaient préparé à leur insu leur propre abdication. En votant l'impôt avant d'avoir obtenu la concession des réformes, ils perdaient toute autorité; maîtres la veille de la situation, les députés devenaient dès lors des instruments inutiles. Le chancelier, enchanté de ces propositions, sut mal dissimuler sa joie; il prit acte des offres, remercia vivement les députés, et leur demanda de nommer des commissaires pour travailler avec les membres du conseil et expédier le plus promptement possible ce qui restait à achever (Georges Picot, Histoire des États généraux considérés au point de vue de leur influence sur le gouvernement de la France de 1355 à 1614, Tome 1, 1872 - books.google.fr, data.bnf.fr - Jean Masselin).

 

A vrai dire, les états généraux n'exprimaient la souveraineté d'aucun des trois ordres, puisqu'ils se formaient de la réunion des trois. Ils n'exprimaient pas non plus la souveraineté du peuple, puisque le peuple est un et qu'ils avaient, eux, un caractère multiple. Mais qu'importe ? ils représentaient quelque chose de puissant quoique vague. Ils répondaient à une force peu agissante, réelle pourtant, inévitable et reconnue. La souveraineté dont ils témoignaient, pour être mal comprise et mal définie, n'en était pas moins de nature, selon le sentiment de tous, à contre-balancer, au besoin, le principe monarchique et même à l'asservir. C'était un pouvoir politique mis en réserve, pour ainsi dire, et n'attendant pour entrer en exercice que des intérêts capables de le saisir. A force de rendre hommage à une souveraineté indépendante du trône, la royauté s'effaçait peu à pcu; elle perdait, sans y prendre garde, ce genre de puissance attaché à tout ce qui est unique. Les rois disaient aux états : «Des subsides encore, des réformes ensuite.» Un jour devait venir où, retournant la phrase, les états diraient : «Des réformes d'abord, ensuite des subsides.» Et ce jour-là, qui empêcherait des mains hardies de couper les abus à la racine, en portant la cognée sur la monarchie elle-même ?  [...]

 

En 1356, le Dauphin, futur Charles V, rentra dans Paris comme un libérateur. Il y rentrait pour fouler aux pieds cette souveraineté populaire que Marcel avait proclamée, et qu'il aurait établie peut-être, si les états généraux, qui lui devaient servir d'instrument, eussent été autre chose qu'un monstrueux composé d'éléments hétérogènes (Histoire de la Revolution francaise par M. Louis Blanc, Tome 1, 1847 - books.google.fr).

 

A la fin du XVe siècle, Masselin dans son Journal des Etats s'inquiète des effets d'une fiscalitĂ© trop lourde : « Et plusieurs hommes, femmes et enfans, par faulte de bestes, son contraintz Ă  labourer Ă  la charrue au col : et les autres labouroient de nuyt, pour crainte qu'ilz ne fussent de peur prins et apprĂ©hendez pour les dictes tailles Â». « Car quant le pauvre laboureur a toute la journĂ©e labourĂ© , Ă  grant peine er sueur de son corps , qu ' il a cueilly le fruict de son labeur , on luy vient oster partie du fruict de son labour Â». « Au moyen de quoy, partie des terres sont demoureez Ă  labourer, et tout parce qu'ilz estoient submis Ă  la voulentĂ© d'iceulx qui vouloient eulx enrichir de la subtance du peuple, et sans le consentement et dĂ©libĂ©racion des trois estatz Â». [...]

 

Il faut distinguer les pauvres fainĂ©ants des "vrais” pauvres, ou, autrement dit, les fainĂ©ants congĂ©nitaux et les pauvres qui ne trouvent pas de travail : les mauvaises politiques Ă©conomiques et fiscales contraignent les honnĂŞtes travailleurs Ă  l'oisivetĂ©. [...]

 

A ces deux types d'oisifs, correspondent deux types de pauvres : les pauvres vagabonds, inutiles et dangereux, loups entre les brebis et les pauvres paysans, croĂ»lant sous le poids du fisc, dĂ©couragĂ©s de travailler. En ce qui concerne les premiers, comme le dit Laffemas, en accord avec l'opinion courante, le grand nombre de mendiants “affaiblit l'Etat par la nonchalance de tant de personnes qui pourroient beaucoup apporter par leur labeur pour le bien de la chose publique" dans son Advis et remonstrances Ă  Messieurs les commissaires deputez du Roy, au faict du commerce, avec les moyens de soulager le peuple des tailles, et autres biens necessaires pour la police du Royaume, Paris, Sylvestre Moreau, 1600, p. 3 (Laure Chantrel, Les Notions de richesse et de travail dans la pensĂ©e Ă©conomique française de la seconde moitiĂ© du XVIe et au dĂ©but du XVIIe siècle, The Journal of Medieval and Renaissance Studies, 1995 - books.google.fr).

 

Acrostiche : PQ, postquam

 

Robert Gaguin (1434-1501), général des Trinitaires en 1490, pourchasse le «style» scolastique, qui procède par questions, et multiplie les quoniam, postquam, cum, consequenter, preterea, sed contra, in contrarium. responsio, solutio, etc. (lettre à Arnold de Bosch) (Jean-Pierre Massaut, Josse Clichtove, l'humanisme et la réforme du clergé, Tome 1, 1968 - books.google.fr).

 

Gaguin écrivait à Guillaume de Rochefort, à propos de Louis XI qui venait de mourir : «Si les actions de cet homme étaient rassemblées dans des annales, dans toute leur vérité, elles rempliraient d'étonnement nos descendants». Grands par leur rôle , les rois sont aussi grands par les vicissitudes de leur fortune ; ceux que Gaguin a connus , Charles VII et Louis XI en particulier , lui semblent avoir eu des destinées extraordinaires. Il faisait remarquer à Ambroise Cambray, toujours à propos de Louis XI : «Aucun roi ne vint dans son royaume entouré d'une pompe plus nombreuse. Aucun ne reçut l'onction sacrée au milieu de fêtes plus joyeuses, les grands du royaume accourant spontanément pour saluer le nouveau roi, presque proscrit auparavant. Mais quand il commença à gouverner, on a peine à le croire, de combien de ruses, de haines longtemps cachées n'a-t-il pas été assailli ? A combien de malheurs, Grand Dieu, n'a-t-il pas été arraché ?» (Mireille Schmidt-Chazan, Histoire et sentiment national chez Robert Gaguin, Le Métier d'historien au Moyen Age: études sur l'historiographie médiévale, 1977 - books.google.fr).

 

Le XVe siècle est l'époque de transition entre le moyen âge et les temps modernes. Partout circule un esprit nouveau. Le mouvement de la Renaissance, déjà commencé en Italie, la connaissance et l'étude enthousiaste de l'antiquité, l'invention de l'imprimerie, vont opérer une révolution dans les esprits. La scolastique est vivement attaquée par Nicolas de Clémengis, recteur de l'Université, et par Raymond de Sébonde, professeur à Toulouse, qui démontrent la nullité de ses arguties et le vide de son enseignement. Mais toutes ces ruines ne se faisaient pas sans que les âmes élevées et sincères en souffrissent profondément.

 

Dans la seconde moitié du XVe siècle, se rencontre le poëte qui rompt avec le moyen âge, n'imite ni les trouvères, ni les troubadours, ni les Italiens, et puise en lui-même une poésie profondément originale. Ce fut un enfant de Paris, un écolier de l'Université, libertin et qui plus est fripon, maître François Villon. Vivant dans la misère et la débauche, deux fois à la veille d'être pendu et deux fois sauvé par Louis XI, Villon est trop souvent grossier de paroles ; les mœurs qu'il peint, la langue qu'il parle, se ressentent de son commerce avec la population de la Cité; mais combien il a de bon sens, d'esprit et de verve ! combien de franche gaieté et de grâce dans l'imagination ! Quelle sincérité dans l'émotion, quelle sensibilité triste et éloquente, puisée dans l'expérience douloureuse de la vie ! C'est donc au sein du peuple même et dans les boues de Paris que germa la première fleur de la poésie moderne.

 

Si Villon est en date le premier poëte des temps modernes, Comines en est le premier historien. Tous deux viennent bien sous Louis XI, avec qui la France sort définitivement du moyen âge. Comines ne se contente pas, comme Froissart, de complaisantes descriptions pour l'amusement plus que pour le profit de ses lecteurs, il cherche les secrets motifs des choses; tout en narrant avec art, il juge et apprécie. Écrivain naturel, clair, souvent énergique, esprit sensé par excellence, moraliste trop commode, il est amené du moins par l'expérience à cette grande vérité qu'en politique le plus juste est ordinairement le plus utile.

 

Ainsi, à la fin du XVe siècle, la scolastique est morte et la philosophie n'est pas encore née (Gustave Hubault, Emile Marguerin, Histoire de France, 1865 - books.google.fr).

 

Amateurs des lettres

 

Renaudet in his admirable book on Préréforme et humanisme à Paris (1916),  has shown Rochefort as the patron of a small group of French and Italian humanists at the University of Paris - the serious Gaguin who many times went to Italy, and Girolamo Balbo and Publ. Faustus Andrelini, two Italian scholars who imported to France the good style and the bad manners of some of their learned compatriots. The chancellor's office was concerned with the affairs of the University. Rochefort sympathized with Gaguin, who asked for and received his help against the troublesome theologians. [...]

 

Rochefort was no revolutionary Cola di Rienzo; but there was a new, learned and noble, Rienzo in the assembly, Philippe Pot, Lord of La Roche, who quoted the Roman traditions with a different and harsher accent: “Nonne apud Romanos quisque magistratus electione populi fiebat ?". With Cicero and Rochefort he maintained that the state is the concern of the people, but he added that the people had transferred or given it to the king.” We are reminded of the scene when Cola read the Vespasian law to the Romans in order to prove that even the emperor's authority derived from the people. Rochefort's thought and language are much less radical; he is a realist in the less flattering sense of the word. But it remains a great merit for a chancellor of France at the end of the 15th century even to have tried to enforce certain democratic principles. Rochefort acted thus in conformity with the ancients. The same Rochefort who studied the classics to improve the government of France, the same who in his discourse called Charles VIII “justitiae et pacis amator,” a few years later asked Cosimo Sassetti to obtain for him a copy of Fontius' monumenta antiqua. Lorenzo Medici and Guillaume de Rochefort both died in 1492, the latter after having successfully negotiated the marriage between the king and Anne de Bretagne. This was Rochefort's last contribution to the consolidation of France. His prediction that the king would go down in history with the name of pacificus did not, however, come true. Charles decided on the invasion of Italy and the conquest of Naples (Fritz Saxl, The Classical Inscription in Renaissance Art and Politics, Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, Volumes 3 à 4, 1939 - books.google.fr).

 

S'adressant, en 1486 depuis Bologne, au lettré délicat qu'était Rochefort, Robert Gaguin terminait en lui disant : «Il ne reste aucun espoir de récompense aux amateurs des lettres, si vous leur refusez votre appui.» (Revue d'histoire diplomatique, Volume 30, 1916 - books.google.fr).

 

Le greffier du Conseil de Paris au 10 janvier 1515 notait à l'occasion des obsèques du roi défunt Louis XII, "lequel en son temps a été amateur de justice et tenant promesse et vérité à chacun" (Roger Doucet, Étude sur le gouvernement de François Ier dans ses rapports avec le Parlement de Paris, Partie 1, 1921 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2047 sur la date pivot 1483 donne 919. 

 

En 919, les Sarrasins occupèrent la Maurienne, en chassèrent l'évêque, les seigneurs, les habitants ; ils s'étendirent ensuite dans le Viennois, s'y établirent et prirent possession des terres. Les habitants furent dispersés ou massacrés, la propriété changea de mains ; de vieilles familles disparaissent, d'autres s'exilent ; très peu d'entre elles restent dans le pays essayant de vivre en paix avec les envahisseurs (Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, 1886 - books.google.fr).

 

Henri Duc de Saxe se rendit si redoutable, que Conrad, qui craignoit qu'il ne se séparât du reste de l'Allemagne, étant au lit de la mort, persuada aux autres Princes de le prendre pour leur Empereur; & ils suivirent son conseil. C'est de cette maniere que l'Empire passa de la Race des Carlovingiens, dans la Maison de Saxe, en 919. Henri surnommé l'Oiseleur dompta la fureur des Huns; car lorsqu'ils vinrent avec une poussés. Armée formidable pour faire de nouvelles courses en Allemagne, & pour demander le tribut ordinaire, il leur envoya un chien galeux, pour marque de son mépris; & dans la sanglante bataille de Mersebourg, il en tailla en pieces quatre-vingt mille (M. de Pufendorff, Introduction à l'histoire générale et politique de l'univers, Tome III, 1763 - books.google.fr).

 

Conrard Botton, auteur fabuleux, qui Ă©crivoit vers la fin du XVe siècle, place Ă  l'an 983 le mariage d'Othon III avec Marie, fille du roi d'Arragon, en Grèce, dit-il; il rapporte le supplice de la Princesse Ă  l'an 987, lorsqu'Othon n'avoit encore que six ans : quelle autoritĂ© ! D'ailleurs plusieurs Savans ne font commencer le royaume d'Arragon qu'après l'an 1000; & il est très-facile de prouver, par la gĂ©nĂ©alogie des Princes qui ont gouvernĂ© ce Royaume dans le Xe siècle, qu'ils n'ont eu aucune fille ou soeur du nom de Marie, qui ait Ă©tĂ© reine ou impĂ©ratrice d'Allemagne.

 

Voici pourtant une anecdote qui mérite de n'être pas oubliée. On prétend que la maison royale de Savoie descend du célèbre Vitikind de Saxe; divers généalogistes lui donnent pour tige Bérald de Saxe, neveu de l'empereur Othon III, arrière-petit-fils d'Henri l'Oiseleur. L'un d'eux avance que ce Prince, ayant surpris en flagrant délit Marie d'Arragon, femme de l'Empereur son oncle, il la tua avec son amant; que René comte de Mons, cousin de Marie, déclara la guerre aux Saxons pour venger cette mort; qu'on ne put l'obliger à faire la paix, qu'à condition que Bérald s'absenteroit de toute l'Allemagne pendant dix ans, & que Bérald alla se former un établissement dans les Alpes. Laissons cette histoire au roman intitulé Béralde, ou l'Amour fans foiblesse. Les circonstances mêmes du récit d'un fait si extraordinaire, le filence unanime des auteurs contemporains, le peu de fond qu'on doit faire sur l'autorité de Godefroi, & de ceux qui l'ont copié & embelli, l'incertitude du mariage d'Othon III, la certitude que nous avons que s'il a été marié on ignore le nom de fa femme, & qu'elle est morte d'une mort naturelle. Bien que tout cela joint aux contradictions qui se trouvent dans les auteurs, sur les dates & les circonstances de cette mort, forme une démonstration historique contre la fable de Marie d'Arragon (Histoire de Marie d'Arragon, Histoire de l'Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres depuis son établissement, Tome 24, 1756 - books.google.fr, Béralde Prince De Savoye, Tome 2, 1672 - books.google.fr, Henri Michelet, Pierre de Rivaz, inventeur et historien 1711-1772, 1986 - core.ac.uk).

 

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