Pise et Boucicaut

Pise et Boucicaut

 

X, 2

 

2178-2179

 

Voille gallere voil de nef cachera,

La grande classe viendra sortir la moindre,

Dix naves proches le tourneront pousser,

Grande vaincue unies Ă  soy ioindre.

 

"la moindre" : Le Meindre ou Le Meingre, Boucicaut

 

Iean le Meindre, dit Boucicaut, Mareschal de France, Gouuerncur de Languedoc, Guyenne, de Genes, & de Languedoc en 1412 (Pierre d'Avity, Le Monde ou La Description Generale De Ses Quatre Parties ; Avec Tous Ses Empires, Royaumes, Estats Et Republiques, Description generale de l'Europe, quatriesme partie du monde ; Tome second, contenant une particuliere description du royaume de France, Tome 9, 1660 - www.google.fr/books/edition).

 

On peut davantage s'étonner que le maréchal Boucicaut soit dit Le Meindre et non Le Meingre (Annales de Bourgogne: revue historique, Volumes 43 à 44, 1971 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain VII, 39 - Maréchal de Boucicaut et sainte Catherine – 2027-2028.

 

Le  maréchal se trouva engagé dans le formidable imbroglio causé par la mort de Jean-Galéas Visconti, duc de Milan, dont le gendre, Louis d'Orléans, surveillait l'héritage. L'un des héritiers, enfant de  dix-sept ans, Gabriel-Marie Visconti, à la suite d'une agression des Florentins, plaça sous le protectorat de la France ses villes de Livourne et de Pise (15 avril 1404).

 

Gian Galeazzo Visconti (septembre 1402) laissait quatre enfants, qui se partagèrent ses immenses domaines. Giovanni Visconti eut le duché de Milan; Filippo le comté de Pavie; Valentine apporta comme dot à son mari Louis d'Orléans les comtés d'Asti et de Vertus ; Gabriele-Maria, fils naturel de Gian Galeazzo et de Agnese Mantegazza, hérita de Livourne, Pise et Sarzane. Gabriele-Maria, un enfant de dix-sept ans, était un adversaire peu redoutable. Ainsi pensèrent les Florentins, qui convoitaient Pise et Livourne. Ils attaquèrent ces deux villes. Mais leur agression fut repoussée (janvier 1404).

 

Redoutant de nouvelles attaques, Gabriele-Maria cherche un appui près du maréchal Boucicaut, gouverneur de Gênes. Il est reçu comme un allié. De l'établissement des Florentins à Pise, auraient pu advenir "grans dommages et périlz et inconvéniens irréparables" pour Gênes. Boucicaut mande ses craintes aux conseillers royaux : "Quant autres foiz, ( lui écrivait plus tard le duc de Bourgogne, - il fut question de la dicte seigneurie de Pise baillier et transpourter ausdiz Florentins, vous feustes cellui qui de tout vostre povoir desconseillastes et dampnastes ledit transport et bail estre fait ausdiz Florentins". Boucicaut fut écouté; il reçut du Conseil royal pleins pouvoirs pour agir. Et, le 15 avril 1404, son délégué, Chateaumorand, passait avec Gabriele-Maria un traité, aux termes duquel le jeune prince prêtait serment de fidélité au roi de France, lui rendait hommage pour ses domaines et arborait la bannière royale sur tout son territoire. En retour, Charles VI le prenait sous sa protection et mettait garnison dans Livourne. Le traité fut ratifié à Paris en août.

 

Particulièrement intéressé à défendre les biens de son beau-frère, Louis duc d'Orléans se substitua au roi. Il obtint de Charles VI toute seigneurie sur Pise et le pays adjacent, dont l'administration resta confiée au gouverneur de Gênes (24 mai).

 

On ne songeait qu'au maintien du statu quo, et non pas à une guerre contre Florence. Des pouvoirs royaux, en date du 23 juin, permettaient à Boucicaut de faire la paix avec la République. Mais la République n'avait garde de renoncer à ses prétentions.

 

Forcés de compter avec un nouvel adversaire, les Florentins étudiaient le terrain. Une mielleuse protestation insinuait à Charles VI que Gênes infligeait des vexations à leur commerce, qu'il ne fallait pas soutenir Pise, la dernière des villes au pouvoir du tyran milanais ou de son fils (29 novembre). De ces protestations, on n'avait cure ; de la violence, encore moins. L'influence française était alors telle en Italie qu'il était dangereux de s'y heurter. La France dominait à Gênes, à Livourne, à Milan et Pavie par les Visconti, à Padoue dont le prince était pensionné par Charles VI, et à Ferrare. Elle leur avait imposé une commune obédience à Benoît XIII. Le 15 juin 1405, les Florentins faisaient courir le bruit que Boucicaut quittait Gênes avec Benoît XIII et qu'il voulait conduire le pape français à Rome.

 

Vraie ou fausse, la nouvelle avait une double portĂ©e : elle nous aliĂ©nait les partisans d'Innocent VII, et surtout elle donnait le change sur la cause du voyage de Boucicaut.

 

Cette cause, les Florentins la connaissent bien. Dans un formidable imbroglio dont ils tiennent tous les fils, ils vont nous égarer. Ils ont circonvenu Gabriele-Maria, et sont en marché avec lui pour acheter Pise (juillet 1405). Si le maréchal Boucicaut est parti de Gênes en juin, c'est pour venir à Pise conseiller le pauvre enfant. Il est lui-même fort perplexe. Annexer cette ville, c'est renforcer le parti gibelin de Gênes; c'est déclarer la guerre à une puissante République qui va s'allier aux Vénitiens contre Gênes. Quelque autre argument peut-être l'aida à modifier sa politique. Boucicaut autorise Gabriele-Maria à traiter avec Florence. Il a envoyé deux galères de guerre dans l'Arno: l'étendard de France flotte encore sur la citadelle. Mais les Pisans se soulèvent et saisissent une des galères de Boucicaut, qui a échoué: parmi les prisonniers qu'on y fait, se trouvent dix nobles génois. Chassé par ses sujets, qu'il trahit, Gabriele va terminer ses négociations à Sarzane et vend pour 80.000 florins Pise et son territoire, Livourne et Porto-Pisano exceptées. Le lendemain 28 août 1405, Boucicaut promet l'aide du roi pour prendre Pise.

 

Il compte sans le mécontentement de Louis d'Orléans, qui, frustré de sa seigneurie, fera longtemps attendre la ratification du traité.

 

Les Florentins n'avaient pas renoncé à leurs prétentions, et nous allons voir quel revirement ces habiles diplomates amenèrent dans la politique du maréchal. Le 20 juillet 1405, une émeute des Pisans forçait Gabriel-Marie à chercher un refuge dans le château-fort des bords de l'Arno et à mander Boucicaut à la rescousse. Quatre galiottes génoises, plusieurs brigantins et deux cent vingt hommes de troupes vinrent aussitôt, sous le commandement de Guillaume de Meuillon, occuper Livourne. De là Meuillon ou plutôt Le Barrois, neveu du maréchal, et la plus grande partie des gentilshommes français partirent avec une galère chargée d'argent pour solder huit cents fantassins, envoyés en garnison à Pise. Comme la galère arrivait à quai le 13 août, les Pisans au nombre de plus de six mille se jetèrent sur elle, la dévalisèrent, battirent nos gens et traînèrent dans boue la bannière de France. Cette offense n'eut d'autre sanction que la cession, le 28 août, de la ville de Pise à sa rivale, Florence.

 

Le marĂ©chal avait souscrit Ă  l'acte de vente, sous la condition expresse que les Florentins ne feraient de commerce maritime que par navires gĂ©nois, qu'ils prĂŞteraient hommage de Pise au roi de France et deviendraient ses hommes liges. C'Ă©tait donner au roi, pensait-il, deux seigneuries pour une, et punir du mĂŞme coup les rebelles : "Tuez Boucicaut et tous ses François, avaient rĂ©pondu les Pisans aux messagers gĂ©nois du marĂ©chal ; vivez en rĂ©publique comme nous, et soyons tous  unis comme frères, vous et nous." Ils conformèrent leurs actes Ă  leurs principes.

 

Les Pisans, jaloux de leur indépendance, ne laissent entrer la garnison florentine que pour la chasser honteusement huit jours après, le 7 septembre. Pour les vaincre, les Florentins organisent aussitôt une armée de 1.000 hommes: 230 lances, - soit 690 hommes, - 200 soldats de pied commandés par 8 connétables, 100 arbalétriers, 8 jeunes trompettes et 2 tambours. Le 5 octobre, à trois heures de la nuit, suivant les préceptes des astrologues, Bertoldo Orsini reçoit le bâton de capitaine général de la guerre. Tandis qu'il réduit de petites places, Vico par exemple, 100 lances et 100 piétons, détachés au secours de Livourne que menacent les Pisans, enlèvent un convoi ennemi ; une escadre pisane, qui se portait vers le château de cette ville, les voit et vire de bord. Les 100 piétons sont laissés comme renfort à Robinet de Reux, lieutenant de Boucicaut, qui tient garnison dans Livourne au nom de la France. Robinet réclame de plus 50 cavaliers, que les Florentins lui promettent, mais qu'ils n'envoient pas, sous prétexte que les marais sont inondés.

 

Telles sont les opérations que la République relatait le 19 octobre dans une lettre à Boucicaut. Arguant de ses services, elle priait le maréchal de renforcer la garnison de Livourne et l'escadre stationnée à Porto-Pisano et d'envoyer des barques chargées de pierres qu'on pût couler à l'embouchure de l'Arno.

 

En octobre, leur flotte prit l'offensive contre Livourne, occupée encore par la garnison française de Robinet de Reux. La garnison fut secourue par l'armée florentine, ce qui fournit à la république l'occasion de réclamer en échange les services de la flotte génoise. L'armée des Florentins ne pouvait investir complètement la place de Pise, bien que leurs ingénieurs eussent construit en aval deux bastions pour barrer le fleuve. La chaîne tendue de l'un à l'autre n'avait pas empêché cinq galères et deux naves de passer.

 

L'hiver interrompt la campagne. A peine est-il fini, que, le 4 mars 1406, 6.000 terrassiers et maçons, sous la conduite de 200 maĂ®tres, partent de Florence : ils viennent construire deux bastions sur les rives de l'Arno en aval de Pise. De l'un Ă  l'autre, une chaĂ®ne est tendue ; elle n'empĂŞche point 2 naves et 5 galères pisanes de passer et de ravitailler Pise.

 

Mais bientôt une escadre génoise dix navires de guerre génois vient s'embosser à l'embouchure de l'Arno. Le Guelfe Cosme de Grimaldi, qui la commande, dispose de 4 galères, 2 galiottes, 3 brigantins et 1 nave de guerre : il met en fuite une galère pisane qui se jette à la côte.

 

Sept autres galères, deux galiottes et six coques armĂ©es en Sicile essayèrent en vain, le  12 mai 1406, de forcer le blocus : après un lĂ©ger succès contre deux galiottes, elles Ă©chouèrent Ă  l'attaque des bastions et furent dĂ©truites dans le chenal.

 

Affamée, désespérée, Pise s'offre à Ladislas roi de Naples, puis à Charles VI. Or, après une opposition ou tout au moins un silence de six mois, Charles VI venait de consentir à la vente de Pise, faite par Gabriele-Maria. Le traité de Sarzane est du 28 août 1405, la ratification est du 6 mars 1406, à Paris. Pour obtenir cette approbation, on avait surpris la bonne foi du roi, ou profité d'un de ses accès de folie. Le duc de Bourgogne affirme quatre mois plus tard, que "le traitié piéça fait avecques les Florentins par Gabriel des Viscontes de Milan" a été conclu "sans son sceu et consentement" [du roi]. Les doléances des Pisans furent favorablement accueillies par le Conseil royal. Charles VI se montra "bien esmeuz et cou rouciéz dudit traictié et accord fait par vous [Boucicaut] et ledit Gabriel ausdiz Florentins". Il le révoque et annulle, voulant que l'acte ne sorte aucun effet; il mande au maréchal Boucicaut de secourir Pise, de faire marcher les Génois contre les Florentins, de retourner le blocus maritime contre les assiégeants. La reine confirme ces ordres; les ducs d'Orléans et de Bourgogne le pressent de sauver leur ville, car ils se sont entendus pour la "tenir et possider d'un commun accord d'ores en avant de Mgr le roy et soubz sa main et obéyssance". Ils s'en préoccupent longtemps avant d'en rendre hommage: cette cérémonie n'eut lieu que le 27 juillet.

 

Le duc de Bourgogne est pris Ă  partie par les auteurs italiens, qui l'accusent d'avoir, par sa mollesse, causĂ© la perte de Pise, la ville très fidèle :

 

O duca di Borgogna

Che vergogna in eterno

Che vitupero è il tuo, non te n'avedi.

Al mio male, al tuo pudore provedi.

 

Même insinuation contre le duc de Vergogne dans l'Ogdoas, dialogue des morts du XVe siècle, où Gabriele-Maria raconte ses malheurs.

 

Les Italiens se trompaient. Le coupable n'était point Jean Sans Peur. Une lettre, qu'il adressait au maréchal Boucicaut, en jetant une vive lumière sur ces multiples machinations, nous permet d'établir les responsabilités. C'est la lettre que je publie en appendice. Elle était jusqu'ici inconnue. Je l'ai découverte aux Archives du Vatican.

 

Un messager de Jean Sans Peur, arrivé à Pise aux premiers jours de juillet, annonça que le duc acceptait la seigneurie de la ville. A cette nouvelle, ce ne fut plus que fêtes et réjouissances dans la cité assiégée. Le 7, on arborait la bannière de Bourgogne sur les remparts.

 

En mĂŞme temps, Jean Sans Peur dĂ©pĂŞchait son conseiller Girard de Bourbon vers le marĂ©chal Boucicaut ; il Ă©crivait au marĂ©chal lettre sur lettre pour le presser d'agir contre les Florentins. Fort gĂŞnĂ©, liĂ© par le traitĂ© du 28 aoĂ»t prĂ©cĂ©dent, le marĂ©chal "dissimula et diffĂ©ra" d'obĂ©ir au roi et d'"obtempĂ©rer" Ă  la requĂŞte ducale. Pour gagner du temps, il rĂ©pondit Ă  Girard de Bourbon qu'il dĂ©fierait les Florentins, si le duc les dĂ©fiait aussi. Ces atermoiements irritèrent Jean San Peur, qui rĂ©pondit le 15 juillet par une lettre sĂ©vère. Sachez, disait-il au gouverneur de GĂŞnes, que, si Pise succombe, ce "deshonnour et dommage, nous tenons tous et devrions tenir aven eu par vostre fait et deffault". Et il retraçait toutes les phases de la lutte, toutes les intrigues qui s'Ă©taient nouĂ©es autour de la malheureuse citĂ©, les messages envoyĂ©s au marĂ©chal, la force d'inertie qu'il opposait Ă  toutes les objurgations. "Vous avez dit que, se nous deffions lesdiz Florentins, vous les deffieux aussi; sachiez que Monseigneur d'OrlĂ©ans et nous, les envoyons dĂ©ifier, se ils s'entremettent de donmagier les Pisains : Si vous requĂ©rons que lesdiz Florentins vueilliez deffier pareillement". Sinon "il sera bien en la puissance de nous deux de vous faire pourchacer un aussi grant desplaisir comme fait nous auriez". En effet, une lettre datĂ©e de Paris, 10 juillet, signifiait Ă  la RĂ©publique la souverainetĂ© des deux ducs. Un hĂ©raut du duc de Bourgogne venait intimer aux Florentins l'ordre de lever le siège de Pise. Pour toute rĂ©ponse, on le jeta dans l'Arno ; il se sauva et alla Ă  Florence rĂ©pĂ©ter les menaces de son maĂ®tre. On le chassa. Sans justifier son acte, le 15 aoĂ»t, la seigneurie Ă©crivait au roi de France: "Vous avez confirmĂ© la vente de Pise. Nous avons dĂ©jĂ  effectuĂ© plusieurs paiements. Quels droits avez-vous d'accepter maintenant la souverainetĂ© de cette ville, et ses habitants d'en disposer ?". Tel Ă©tait le dilemme oĂą l'habile politique de la Seigneurie enfermait Charles VI. Au mois de septembre, des ambassadeurs royaux n'en vinrent pas moins ordonner aux Florentins de ne plus molester leurs adversaires. Il Ă©tait trop tard. Perdant tout espoir de secours, bloquĂ©s par le gĂ©nois Luca de' Fieschi, abandonnĂ©s Ă  leur malheureux sort par Boucicaut, les Pisans ouvrirent leurs portes Ă  l'armĂ©e assiĂ©geante. Gambacorta conclut une nouvelle vente avec Florence ; lorsque Popoleschi et Ghuadagni vinrent l'annoncer, en octobre, le chancelier du duc d'OrlĂ©ans les fit jeter en prison. On ne les dĂ©livra qu'après la mort de Louis d'OrlĂ©ans.

 

Ainsi finissait, par une double victoire de la diplomatie italienne sur la politique française, notre domination éphémère à Pise. L'exemple est contagieux. Après Pise, les deux autres seigneuries de Gabriele-Maria, Sarzane et Val di Magra se révoltent pour se donner à Gênes. Gabriele les vend aux Florentins. Mais la Seigneurie n'acquitte qu'une partie du prix d'achat. Gabriele court à Gênes supplier Boucicaut d'intervenir et de faire observer les conditions du traité. Il tombait dans une souricière. Accusé de trahison, suspect d'avoir voulu enlever Gênes aux Français, il est mis à la torture. On lui arrache des aveux. Et, le 15 décembre 1408, il est décapité. Gabriele-Maria avait 22 ans.

 

Cette fois encore, Boucicaut était de connivence avec les Florentins. Il toucha le prix d'achat de Sarzane et Val di Magra. Ce fut l'épilogue de cette sanglante tragédie (Charles de La Roncière, La domination française à Pise. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire, tome 15, 1895 - www.persee.fr, Charles de La Roncière, Histoire de la marine française, 1899 - archive.org).

 

"Grande vaincue" : Pise

 

Strabon et Pline disent qu'elle fut fondĂ©e après la prise de Troie (l'an 1270 avant J. C.). Colonie romaine (200 ans avant J. C.), elle fut ruinĂ©e par les Ostrogoths (vers l'an 490 après J. C.) et soumise par les Lombards. Elle devint importante sous la domination grecque, s'Ă©rigea en rĂ©publique l'an 888, fut, du Xe au XIIe siècle, une des premières puissances commerciales et maritimes de l'Italie, et resta longtemps la rivale de GĂŞnes. Elle conquit la Sardaigne, sur les Arabes (1017-1050), s'empara des Ă®les BalĂ©ares, de l'ile d'Elbe, acheta la Corse au pape Urbain II (1090), et se fit donner un quartier et d'importants privilèges Ă  Constantinople. Pendant les guerres des Guelfes et des Gibelins (voy. note 22), Pise embrassa la cause impĂ©riale (gibeline); aussi la chute de la maison de Souabe lui fut-elle fatale. Pise et GĂŞnes se firent aux XIIe et XIIIe siècles une guerre acharnĂ©e, et la dĂ©faite navale de Melloria (1284) porta un coup terrible Ă  la marine de Pise. D'autres revers la rĂ©duisirent (1290) Ă  conclure avec les GĂ©nois un traitĂ© qui la condamnait Ă  combler son port; c'Ă©tait signer l'arrĂŞt de sa ruine. Depuis lors Pise, passant successivement aux mains de diffĂ©rents maitres, ne joua plus qu'un rĂ´le fort secondaire en Italie; elle fut vendue, par le duc de Milan (1405), Ă  Florence ; mais Pise ne voulut pas se soumettre et soutint avec hĂ©roĂŻsme un siège cĂ©lèbre. Vaincue, elle resta depuis sous la dĂ©pendance de Florence (si ce n'est de 1494 Ă  1509 Ă  la suite de l'expĂ©dition de Charles VIII en Italie); comprise, en 1807, dans l'empire français, elle fait depuis 1814 partie du grand-duchĂ© de Toscane (M. Bormans, Tableaux chronologiques et synoptiques de l'histoire universelle de 400 Ă  1789, 1853 - books.google.fr).

 

Cf. pour l’île de Meloria le quatrain V, 62 – Le secret des secrets – 1897-1898.

 

"unies Ă  soy joindre"

 

"Tuez Boucicaut et tous ses François, avaient répondu les Pisans aux messagers génois du maréchal; vivez en république comme nous, et soyons tous unis comme frères, vous et nous." Ils conformèrent leurs actes à leurs principes (Charles de La Roncière, Histoire de la marine française, 1899 - archive.org).

 

"cachera"

 

"cacher" : masquer le vent Ă  un bâtiment, dĂ©venter, abrier, abreyer, manger le vent, dĂ©rober le vent d'un vaisseau (qui est alors "sous vent"), Estre au Lof (anglais "becalm") (Augustin Jal, Nouveau glossaire nautique, C, 2020 - books.google.fr, Jan Fennis, TrĂ©sor du langage des galères, 2011 - www.google.fr/books/edition, Arthur Young, James Brisbane, Nautical Dictionary, 1863 - www.google.fr/books/edition).

 

Le 15 juin 1405, les Florentins faisaient courir le bruit que Boucicaut quittait Gênes avec Benoît XIII et qu'il voulait conduire le pape français à Rome.

 

Un chroniqueur lucquois va mĂŞme jusqu'Ă  soutenir que Florence trempait dans le complot. La peur que lui inspirait Ladislas aurait portĂ© la rĂ©publique Ă  seconder les tĂ©nĂ©breux desseins du pape d'Avignon, que dis-je, Ă  en tirer profit. Une fois maĂ®tresse de GrĂ©goire XII, qu'elle aurait dĂ©cidĂ© Ă  venir en sa ville de Pise, elle l'aurait livrĂ© Ă  BenoĂ®t XIII, et, en revanche, celui-ci aurait livrĂ© aux Florentins la citadelle de Livourne, qu'il se serait fait, au prĂ©alable, remettre par Boucicaut. Je crois inutile d'insister sur l'invraisemblance de pareille fable : BenoĂ®t XIII avait-il intĂ©rĂŞt Ă  dĂ©sobliger Boucicaut ? Florence avait-elle la moindre envie de sacrifier Rome et le pape romain Ă  celui qu'elle continuait Ă  regarder comme un antipape ? Sa politique prudente se serait-elle prĂŞtĂ©e Ă  une odieuse trahison qui eĂ»t rendu le schisme irrĂ©mĂ©diable et soulevĂ© contre la rĂ©publique l'indignation de tous les chrĂ©tiens ? De tels bruits n'en sont pas moins utiles Ă  recueillir, comme indices de l'Ă©tat des esprits dans l'entourage de GrĂ©goire XII. Ce pape, Ă  ce moment ou plus tard, se figura ĂŞtre environnĂ© d'embĂ»ches, et il est certain qu'il put se croire fondĂ© Ă  craindre toutes les perfidies, le jour oĂą il eut vent du coup de main qui se prĂ©parait pour livrer Rome Ă  son compĂ©titeur. Les gens de BenoĂ®t pourtant perdaient un temps prĂ©cieux. Le mauvais Ă©tat de la mer retenait les galères de Jacques de Prades et du marĂ©chal Boucicaut dans le port de Porto Venere. Elles s'y trouvaient peut-ĂŞtre encore quand survint la nouvelle de la prise de Rome par Ladislas. Le 18 avril, le roi de Sicile avait mis le siège devant Ostie. S'en Ă©tant emparĂ©, il avait poussĂ© ses reconnaissances et ses dĂ©prĂ©dations jusqu'aux portes de Rome. Pour en finir, les Romains avaient conclu avec lui, le 21 avril, une trĂŞve qui fut, deux jours après, convertie en traitĂ©. Le 25, le roi de Sicile Ă©tait entrĂ© dans la ville, accueilli avec transport par une population qui ne demandait qu'Ă  ĂŞtre gouvernĂ©e. Il avait dĂ©signĂ© un nouveau SĂ©nateur, rappelĂ© les exilĂ©s, Ă©tabli sa demeure au Vatican mĂŞme, dans l'appartement du camerlingue. Seul, le Château Saint-Ange tenait encore : le gouverneur qui le commandait avait jurĂ© de n'en ouvrir les portes qu'au pape qui serait reconnu dans toute la chrĂ©tientĂ©. Cet Ă©vĂ©nement devait avoir les plus funestes consĂ©quences (NoĂ«l Valois, La France et le grand schisme d'Occident, Tome 3, 1901 - books.google.fr).

 

"cache" : donner la chasse (Jan Fennis, Trésor du langage des galères, 2011 - www.google.fr/books/edition).

 

"cachier" : donner la chasse (Jean Froissart, Oeuvres: Chroniques : glossaire, Volume 1, 1874 - books.google.fr).

 

Ce qui pourrait se rapporter Ă  un Ă©vĂ©nement prĂ©cĂ©dent en 1399 :

 

Ayant pris congĂ© du Roy il se rendit Ă  Aigues-mortes, accompagnĂ© des Seigneurs de Lignieres, pere & fils, de Châteaumorant, de Barbazan, de Culant, de Braquemont, de la Faye, de Montenay, d'Aubisecourt, de Torsay, de Milly, de Graffay, de Lugny, de Cervillon, & de plusieurs autres Gentilshommes de marque : il embarqua les troupes qu'il devoit commander sur quatre vaisseaux de guerre, & deux galeres, & mit la voile. Entrant dans le Port de Savone, il apprit que cinq galeres de Ladislas usurpateur du Royaume de Naples, assiegeoient le Fort de l'isle de Capri ; il cingla droit Ă  elles, mais il arriva trop tard, le Gouverneur qui n'avoit pĂ» tenir contre l'argent de Ladislas avoit dĂ©ja capitulĂ© (De Pilham, Histoire du marĂ©chal de Boucicaut, 1697 - books.google.fr).

 

Et si comme il s'en retournoit et estoit remis en son chemin, il encontra le conte de Peraude, lequel tenoit le parti de Lancelau, auquel il donna la chace, tant que par force les fist ferir en terre ; et sailli hors et s'enfuy ; et noz gens orent gaigniĂ© le navire et tout ce qui estoit ens. Et ce fait, se remist en son chemin et s'en tira ou royaume de Cecille, et ala dessendre en une citĂ© appellee Messine (Denis Lalande, Le livre des fais du bon messire Jehan le Maingre, 1985 - www.google.fr/books/edition).

 

L'Ĺ“uvre de Charles d'Anjou pĂ©rissait par deux femmes: dans le Midi, par Jeanne de Naples, dans le Nord, par Marie de Hongrie, le roi Marie, comme l'appelaient les Hongrois, qui, par respect pour la mĂ©moire de leur roi Louis d'Anjou dit le Grand, couronnaient sa fille en lui attribuant la virilitĂ© au moyen d'une fiction. Mais, tandis que ces deux petites-filles du grand Charles d'Anjou souillaient son nom et compromettaient son Ĺ“uvre chez les Apuliens et chez les Hongrois, Hedwige, mariĂ©e Ă  Ladislas Jagellon, l'honorait en Pologne. Ainsi, depuis le conquĂ©rant de Naples, l'arbre capĂ©tien avait couvert de ses branches le midi et le nord, les Apennins et les Karpathes, la MĂ©diterranĂ©e et la Vistule. Ladislas, roi de Naples, parut reproduire quelque chose de la gloire de son aĂŻeul : Aut Cesar aut nihil, disait ce jeune Ladislas... Il ne fut point CĂ©sar. Sans cette ambition excessive, qui n'Ă©tait plus guère qu'un anachronisme, il aurait reconquis la Sicile; mais une mort prĂ©maturĂ©e prĂ©vint ses desseins (1414) (Alexis Guignard, Histoire de la conquĂŞte de Naples par Charles d'Anjou, Tomes 3-4, 1849 - books.google.fr).

 

Marie de Hongrie n'en fut pas digne et laissa à Marie-Thérèse le soin de justifier le moriamur pro rege nostro : cf. quatrain III, 50. C'est par ce roi Marie que la Hongrie est tombée de la maison de Luxembourg dans la maison d'Autriche. Marie était femme de l'empereur Sigismond Ier.

 

Jean II Le Meingre dit Bouciquaut (ca. 1366–1421), fils de Jean I Le Meingre dit aussi Bouciquaut, participa à la croisade de Prusse, à l'expédition de Hongrie en 1396, visita l'empereur de Constantinople et se rendit au Caire en 1389 (Antoine de La Sale, Jehan de Saintré, Suivi de L'Adicion Extraicte Des Croniques de Flandres, 1967 - www.google.fr/books/edition).

 

Cf. quatrain suivant X, 3 avec un autre Ladislas, Ladislas Jagellon.

 

Acrostiche : VL DG, videlicet D G

 

Expression que l'on trouve dans le texte latin des Elements d'Euclide (Euclidis Elementorum libri priores sex, item undecimus & duodecimus. Ex versione latina Federici Commandini in usum juventutis academicæ, 1701 - www.google.fr/books/edition).

 

J'ai fixé l'époque de Léonard de Pise vers la fin du quatorzième siècle; mais un manuscrit de cet algébriste, découvert dans une bibliothèque d'Italie par M. Targioni-Tozzeti, a mis M. Cossali, chanoine régulier de Parme, en état de prouver que Léonard étoit antérieur d'environ deux siècles à cette époque, en sorte qu'il paroit que c'est à lui que l'Italie doit ses premières. connoissances de l'algèbre (Montucla, Histoire des mathematiques, Tome 2, 1802 - books.google.fr).

 

Une source la connaissance du TraitĂ© d'Euclide est fournie par les Ă©crits de LĂ©onard de Pise, qui puisĂ© abondamment, comme on le sait, aux sources arabes. Dans la quatrième partie de la GĂ©omĂ©trie pratique intitulĂ©e : De divisione omnium campum inter consortes, on trouve cinquante-sept problèmes tous pourvus de dĂ©monstrations. Quatre de ces problèmes ainsi que leurs dĂ©monstrations sont parfaitement identiques aux quatre problèmes pourvus de dĂ©monstrations du manuscrit de Woepcke. Il parait donc très probable que LĂ©onard a eu sous la main une version arabe du traitĂ© d'Euclide et qu'il en a profitĂ© (La Revue scientifique, Volume 33, 1884 - books.google.fr).

 

VL : tribu Voltinia

 

La tribu Voltinia était celle dans laquelle étaient compris les citoyens romains de la cité de Nimes. Les exemples fournis en grand nombre par les inscriptions ne permettent aucun doute à cet égard. C'était, du reste, la tribu commune à toutes villes de la Narbonnaise autres que les cinq colonies militaires de Jules César, facilement reconnaissables à leurs noms légionnaires : Narbonne, colonie de Decumani, inscrite dans la tribu Papiria ; Arles, colonie de Sextani, dans la tribu Terentina; Béziers, colonie de Septimani, dans la tribu Papiria; Fréjus, colonie d'Octavani, dans la tribu sniensis, & entin Orange, colonie de Secundani, inscrite dans une tribu sans doute autre que la Voltinia, mais jusqu'à present non connue (Claude Devic, Histoire générale de Languedoc avec notes et pièces justificatives, Tome XV, 1892 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain X, 1 pour la tribu Aniensis de Fréjus (Acrostiche AN PD).

 

Cette tribu se trouvait dans la région de Nîmes. Une inscription fut trouvée à la Liquière, à 8 km d'Alès (Eugène Germer-Durand, Découvertes archéologiques 1873, Memoires, Académie de Nîmes, 1877 - www.google.fr/books/edition).

 

Boucicaut fut comte d'Alais :

 

Antoinette de Beaufort, vicomtesse de Turenne, fille unique de Raymond de Beaufort, comte d'Alais, épousa à la fin de l'an 1393, Jean le Meingre de Boucicaut, IIe du nom, maréchal de France, et elle eut pour sa dot le comté d'Alais, avec les baronnies de Portes d'Anduze et de SaintEtienne-de-Val-Francisque, en Languedoc. Le vicomte de Turenne, son père, la déshérita, par son testament, sous prétexte d'ingratitude, mais elle et le maréchal de Boucicaut son mari, furent maintenus dans sa succession par l'autorité du Roi (Dom Vaissete, Hist. de Languedoc) (Raymond de Courtois, Les justices seigneuriales, Bulletin historique et archéologique de Vaucluse et des départements limitrophes, 1882 - books.google.fr).

 

Pour Alès cf. quatrain X, 6.

 

Typologie

 

Le report de 2179 sur la date pivot 1405 donne 631.

 

Con la caduta dell'impero romano, Pisa non subì la decadenza di altre città, grazie alla complessità del suo sistema fluviale di allora, che permetteva una facile difesa della città. Si deve infatti ricordare come a Pisa vi fosse un secondo fiume che confluiva nell'Arno, l'Auser, dal quale si staccava inoltre un ramo secondario, l'Auserclus, che proteggeva la città da nord. La combinazione del bacino delle acque con la difesa costituita dai Monti Pisani definivano un assetto geografico complessivo particolarmente favorevole alle necessità difensive dell'epoca. A ciò si univa la presenza di una flotta che ebbe una qualche importanza anche nell'alto Medioevo. Il rilievo militare della città pare infatti non essere stato scarso se, agli inizi del VII secolo, tale flotta sembra aver minacciato la prosecuzione delle trattative di pace tra Bizantini e Longobardi. Inizialmente unico avamposto bizantino nella Tuscia conquistata dai Longobardi, Pisa entrò poi a far parte della Tuscia stessa, probabilmente non a causa di una guerra, ma in quanto lentamente assorbita nel periodo successivo al confronto tra i due regni. Da questo momento inizia l'ascesa di Pisa al ruolo di porto principale del Tirreno e di centro degli scambi della Tuscia con Corsica, Sardegna e coste meridionali di Francia e Spagna (it.wikipedia.org - Storia di Pisa).

 

Pise est très-peu éloignée de Luna (aujourd'hui Lunigiana) ou de Porto-Venere (La Spezia) (Jules Lair, Dudon de saint Quentin, Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, 1858 - books.google.fr).

 

Paolo Diacono (Warnefrid), e specialmente Fredegario nella sua Cronica dell'anno 630, dimostrano che Rotari re dei Longobardi s'impadronì per forza d'armi di Genova ed altre città marittime, e segnatamente di Luni, le quali devastò, abbruciò, menò i popoli spogliati in prigionia, e ne distrusse le mura dai fondamenti, ordinando che quei siti si nomi. nassero contrade, per avvilirli. Opina però il Muratori che la devastazione eseguita da Rotari avvenisse undici anni dopo, cioè nel 641 (L'Italia nella Divina Commedia del dr. Cesare Loria, “L'Italia nella Divina Commedia” 1 · Volume 1, 1872 - books.google.fr).

 

 

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