La contestation du pouvoir de Calvin Ă
Genève X, 92 2245 Devant le père l'enfant sera tué, Le père après entre cordes de jonc, Genevois peuple sera esvertué, Gisant le chef au milieu comme un tronc. Le quatrain semble se rapporter à la même période
historique que le quatrain suivant, à l'exemple de la série X, 49 à X, 52. "corde de jonc" "schoinos"
: jonc et "schoinismos" : estrapade, sorte
de supplice A Genève, la
question est généralement infligée par estrapade. Le supplice consiste à élever
l’accusé au plafond à l’aide d’une corde liée à ses bras et à le laisser tomber
en retenant brusquement sa chute. Après un ou plusieurs «traits de corde»
(montée et descente), l’estrapade disloque les articulations des épaules et des
bras du patient. Sous le régime de la procédure inquisitoire, il incombe
aux juges d’établir les preuves absolument certaines de la culpabilité du
prévenu. Ainsi, hors le cas de flagrant délit, les seules preuves admises sont
soit l’aveu de l’accusé (conforté par des indices suffisants), soit les
témoignages parfaitement concordants de deux témoins idoines. Cependant, en
l’absence de preuves objectives complètes, les règles procédurales permettent
le recours à la question (torture judiciaire) pour obtenir l’aveu.
Progressivement codifiée par les grandes ordonnances des XVIe et XVIIe siècles,
la torture judiciaire se pratique dans la RĂ©publique vraisemblablement selon
les normes de la Caroline (1532), sous l’autorité du Petit Conseil et en sa
présence. Afin de garantir la résistance vitale du «patient», le
«questionnaire» agit souvent sous le regard d’un médecin ou d’un chirurgien.
Interrogé sur la sellette, ou dans la «chambre criminelle» au milieu des
instruments de la douleur, le prévenu est soumis à la question durant un «demi-quart
d’heure» et ce jusqu’à trois reprises (trois jours différents). Louées par
l’Europe des Lumières pour leur modération, les autorités genevoises abolissent
la «question préparatoire» en 1738 (Règlement de l’illustre Médiation) et
suppriment définitivement la «question préalable» en 1782 (Edit de
pacification) "père" : Papaz Balthasar Sept se mit à ourdir un complot dont la trame,
il est vrai, n'était guère compliquée. Il s'agissait de réunir cinq a six cents hommes au château de Bellerive
et de les embarquer de bon matin pour Genève; afin d'échapper aux regards
indiscrets, ils monteraient sur des bateaux chargés de fascines. Ils devaient
aborder derrière le boulevard de Longemalle, et, tandis
que les uns arriveraient par le port, les autres franchiraient la porte de Rive
qu'ils se feraient ouvrir au moyen des intelligences ménagées dans la place.
Sept calculait que le Bourg-de-Four serait envahi sur les huit heures du matin,
au moment où siégeait le Conseil : alors, donnant la main aux complices qu'ils
auraient dans la ville, les assaillants y introduiraient les troupes savoisiennes
concentrées dans les environs. {...] De différents pourparlers une convention
qui stipulait que le duc, reconnu suzerain de Genève, consentirait à respecter
les droits des citoyens et à maintenir l'exercice du culte réformé dans la
ville. En revanche, il pourrait réclamer l'aide des Genevois pour marcher à la
conquête du pays de Vaud. On allait jusqu'à soutenir que les conjurés devaient
mettre à mort les Français recueillis à Genève, et qu'ils se proposaient
d'enfermer Calvin dans une cage de fer '. Faut-il croire Ă de telles
assertions? Ce qui ne paraît pas douteux, c'est que les Fugitifs s'étaient
promis le pillage de dix-huit maisons de la ville et qu'ils comptaient partager
le bĂ©nĂ©fice des confiscations exercĂ©es sur quarante des principaux citoyens Ă
leur choix. En cas d'insuccès, au contraire, le duc devait assurer des
indemnités aux conspirateurs. Pour le moment, M. du Hochet les prenait à sa
solde. Balthasar Sept recevait, tous les mois, une paye de seize Ă©cus pour
lui-même et de huit écus pour chacun des autres conjurés. [...] Une telle
différence devait exciter les jalousies des Fugitifs. Ils se plaignaient aussi
que Balthasar Sept distribuât cette paye avec irrégularité. [...] Le complot
avait été fixé pour le jour de la Saint-Martin (il novembre 1563).
L'indiscipline des conspirateurs leur ôtait déjà bien des chances de réussite;
une autre cause portait à leurs desseins un préjudice encore plus grave :
Genève était sur ses gardes. En effet, dès la fin de l'année 1562, "les magistrats estoient
advertis qu'il se machinoit
une trahison et surprinse pour le duc de Savoie
contre ceste ville." Pendant quelque temps ces bruits s'Ă©taient
assoupis; mais, au milieu de l'année 1563, ils coururent de nouveau avec plus
d'intensité. Le syndic Bernard, qui veillait à la défense de la ville, y prêta
l'oreille et résolut d'épier les démarches des Fugitifs. [...] Le samedi 11
décembre 1563, à sept heures du matin, comme le Conseil tenait une séance
secrète à la Chambre des Comptes, Bernard, accompagné de Migerand,
vint y raconter tout ce qu'il avait appris de la conjuration de Balthasar Sept.
Son récit s'arrêtait à l'emprisonnement de Coster: il n'en savait pas
davantage. Le Conseil, après avoir approuvé la conduite du syndic, prit
rapidement ses dispositions. Il décida d'abord de ne rien publier de toute
cette affaire pour ne pas effrayer le peuple et pour assurer l'exécution des
mesures urgentes, puis d'arrĂŞter trois habitants que leurs propos avaient compromis;
c'était Jacques Papaz, qui avait annoncé un complot
pour l'époque de Pâques, le chapelier Claude Bretel,
dit Le Court, et un habitant de Jussy appelé Pierre
Gros. Il ordonna aussi de surveiller Jacquemin Nicod,
Pierre Simon Le Picard et Pierre Dolens que Bernard,
sur les indications de Coster et de Griffon, avait désignés comme les
principaux partisans des Fugitifs; enfin le syndic reçut l'ordre de lever
trente hommes «pour faire forte la justice». [...] Le 16 décembre, on commença le procès des personnages les
plus compromis. [...] Il aboutit Ă deux condamnations capitales. On avait
emprisonné un citoyen de Genève, Pierre Panchaud, dit
Arnollet. Mis à la torture, le dimanche 19 décembre
1563, il confessa d'avoir été conduit par Nicod
auprès de Balthasar Sept et de lui avoir promis de marcher avec les conjurés
contre la ville. Il alléguait, pour sa défense, qu'étant dans la misère, il
devait se procurer de l'argent Ă tout prix; de plus il se plaignait des
magistrats genevois, qui avaient donné gain de cause à un étranger avec lequel
il était en procès. Ces aveux le firent
condamner, le 21 décembre 1563, à avoir la tête
tranchée: son corps devait être ensuite coupé en quatre quartier, les quartiers
exposés aux endroits accoutumés et la tête au Molard.
Le 22, l'exécution eut lieu, après avoir été retardée quelques instants par une
rétractation du condamné, bientôt suivie de nouveaux aveux. Jacques Papaz avait dû être arrêté dès le 11 décembre. On le
garda plus longtemps en prison dans l'espérance qu'il dénonçerait
d'autres complices. Il convint d'avoir connu
d'avance, non seulement la dernière conspiration, mais encore celle de 1555 et
de n'en avoir pas averti les magistrats. Aussi, le 11 janvier 1564, fut-il
condamné au même supplice que Pierre Arnollet ; il le
subit le lendemain. Avant de mourir, il
se plaignit de la violence avec laquelle la torture de la corde lui avait été
infligée "enfant" Papaz "convint d'avoir connu d'avance, non
seulement la dernière conspiration, mais encore celle de 1555". Entre 1545 et 1555 la population de Genève est passée de
dix mille à treize ou quatorze mille habitants par l'afflux des réfugiés. Les «Enfants de Genève» comprennent que
la modification du corps électoral, à terme, va leur être défavorable, les
réfugiés français étant a priori des supporters de Calvin. Ils tentent de faire
barrage. En mai 1555, une
manifestation tourne à l'émeute, un des syndics est menacé : crime de
lèse-majesté. Perrin et ses amis sont accusés de chercher à détruire la
discipline et la RĂ©formation. Calvin exige que justice soit faite. Ami Perrin et la plupart des meneurs
s'enfuient en territoire bernois. Les condamnations pleuvent et des tĂŞtes
tombent (juin-août 1555). La purge anti-perriniste
débarrasse Calvin de ses adversaires dans les Conseils. La majorité encore
étroite obtenue déjà aux élections de 1555 est renforcée aux élections
suivantes, d'autant qu'année après année, les Français réfugiés accèdent en
nombre Ă la bourgeoisie (trois cents entre 1555 et 1559, dont Calvin lui-mĂŞme
en 1559) Les menées des Enfants de Genève ("enfant") de
1555 sont donc antérieures ("devant" : avant) à celle des
Fugitifs ("père" - Papaz) de 1563. "esvertué" esvertuer
: exciter. La forme pronominale se trouve dans la Chanson de Roland Les Perrinistes ameutèrent la population, racontant sur les
places publiques que ces bourgeois, récemment créés, n'avaient d'autre but que
de livrer la ville Ă leur roi. L'effet de ces calomnies ne se fit pas attendre.
Le peuple commença à s'ameuter dans
les cabarets; on ne parlait de rien moins que de renverser le gouvernement. Les
Perrinistes essayèrent d'abord d'intimider le
Conseil, mais leur tentative échoua; puis, le 16 mai, malgré l'avis contraire
de Perrin, qui trouvait le moment mal choisi, ils voulurent exciter une sédition dans la ville. Ils se réunirent
en armes sur la Fusterie, dans l'intention d'attaquer
leurs ennemis réunis dans la maison de Baudichon de
la Maison Neuve. Le guet fut insulté et forcé de se retirer chez Baudichon. Un des syndics, nommé Auberl,
qui habitait à la Fusterie,
accourut avec son bâton, cherchant à arrêter les émeutiers. Perrin, son
collègue, sous prétexte de lui aider, chercha à lui enlever son bâton. Un
troisième syndic, Bonna, réussit enfin à étouffer
l'émeute "tronc" Calvin avait été mis, dès l'origine, au courant des
événements. Il y attacha assez d'importance pour proposer, le lundi 20
décembre, une journée d'actions de grâces qui fut fixée au mercredi 22.
Toutefois sa correspondance laisse ignorer les préoccupations que cet événement
a dĂ» lui donner, et il n'est pas fait mention du complot dans les lettres qui
nous sont conservées de lui. Quant à Théodore de Bèze, il semble qu'il s'en
affecta davantage. Il chargea un de ses courriers de rendre compte au
réformateur zuricois Bullinger
de tout ce qui s'était passé. Il lui apprenait, dans sa lettre du 24 janvier,
l'exécution des deux principaux coupables. Bèze se plaignait d'ailleurs du peu
d'intérêt que les soi-disant amis de l'Église de Genève montraient pour elle,
au milieu des dangers qui la menaçaient. Lettre de Bèze à Bullinger, 24
janvier: « Ex captivis duo sunt
capite truncati, qui ad mortem usque perstiterunt in sceleris confessione et pie alioqui mortui sunt. » (Ibid., col. 242.) Typologie Le report de la date de 2245 par rapport à 1563 donne 881. En 881, Optandus, que les
Genevois avaient Ă©lu pour leur EvĂŞque d'une voix unanime, n'avait pu obtenir sa
consécration de l'évêque de Vienne, métropolitain de celui de Genève. Cette
ville restait privée de pasteur. Les seigneurs de la cour de France-Bourgogne
et l'empereur Charles le Gros lui-même, à cette époque souverain de Genève, se
plaignirent de cette absence au pape Jean VIII. Ce pontife écrivit au clergé et
au peuple genevois une lettre qui est rapportée par le père Sirmond
au troisième volume des Conciles de France (la 28ième des lettres du pape);
elle est citée en son original latin, aux notes de Gautier sur Spon. Charles le Gros ayant été élu empereur en 880, et
Jean VIII étant mort en 882, la date de 881 est certifiée. Il paraît, suivant Gautier, que cette lettre ne suffit
point pour assurer Ă Optandus la paisible possession
de son Evêché. La lutte se prolongea entre les chefs ecclésiastiques. Optandus finit cependant par occuper en repos le siège
épiscopal de Genève. Il assista, en 888, au couronnement de Rodolphe I. D'après
cette lettre, le droit du clergé et du peuple de Genève de nommer leur Evêque, est
d'autant plus authentiquement constaté, que l'on voit le Pape et Empereur,
c'est-à -dire les deux grandes autorités ecclésiastiques et civiles de cette
époque, se réunir pour l'accorder et le reconnaître. Il est superflu de
s'Ă©tendre sur l'importance qu'avait ce droit des citoyens de participer Ă
l'Ă©lection de leur prince spirituel, devenu plus tard prince temporel. Nous en
verrons une autre preuve, deux siècles et demi après,
dans les lettres de Saint Bernard Ă Ardutius, le
grand évêque de Genève. Jusqu'à la présence, si fatale aux libertés de Genève,
du pape Martin V dans les murs.de cette ville, en 1420, les Genevois paraissent
avoir joui sans entraves et sans objections de ce droit fondamental. Il y a tout lieu de croire que le Boson mentionné dans
cette lettre, n'est pas un autre évêque que l'on voulut mettre à la place à Optandus, comme paraît le croire Gautier, mais le nouveau
roi d'Arles, Boson, comte de Provence, qui venait d'arracher un des beaux
fleurons de la couronne de France, pour en faire un royaume indépendant, et
dont la capitale, Arles, avait été métropolitaine de Genève. - Lévrier,
Chronologie des Comtes de Genevois, fait la même réflexion, note p. 52 A sujet de Boson, se conférer au quatrain suivant X, 93 sur le tour de France de Charles IX et de Catherine de Médicis et leur passage à Arles. |