Mithra et Commode X, 76 2233 Le grand Senat décernera la pompe, A l'un qu'après sera vaincu, chassé, Ses adherans
seront Ă son de trompe, Biens publiez, ennemy
dechassé. X, 77 2233-2234 Trente adhérans de
l'ordre des quirites, Bannis, leurs biens donnez ses adversaires, Tous leurs bienfaits seront pour démérites, Classe espargie
délivrez aux corsaires. X, 78 2234-2235 Subite joye en
subite tristesse, Sera Ă Rome aux graces
embrassees : Dueil, cris, pleurs. larm. sang, excellent liesse
Contraires bandes surprinses
& troussees. Corsaires Plutarque assure que ce furent les pirates vaincus et
dissipés par Pompée qui firent connaître aux Romains le culte de Mithra. Ces
pirates étaient un amas de bandits et d'aventuriers de différentes nations, que
l'espoir de s'enrichir par le brigandage avait réunis; assez semblables à ces
boucaniers et à ces forbans, qui ont fait du temps de nos pères tant de
désordres dans l'une et l'autre Inde. Mais on aurait peine à imaginer qu'il y est
parmi eux des Persans, des Parthes ou des Assyriens. Ces pirates Ă©taient des Pisidiens, des Ciliciens, des Cypriens,
et peut-ĂŞtre des Syriens, nations chez qui le culte de Mithra n'Ă©tait point regu: mais ce que dit Plutarque ne doit ĂŞtre pris que pour
une conjecture avancée au hasard. Le plus ancien exemple du culte de Mithra
chez les Romains se trouve, je crois, sur une inscription datée du troisième
consulat de Trajan, ou de l'an 101 de l'ère chrétienne. C'est la dédicace d'un
autel au Soleil, sous le nom de Mithra : DEO SOLI MITRAE. Sur une autre
inscription qui ne porte point de date, Mithra est l'assesseur ou le compagnon
du Soleil: DEO MITRAE ET SOLI SOCIO. Il fallait cependant que ce culte ne se
fut pas Ă©tabli en Syrie et dans les pays voisins de l'Egypte. C'est ce qui
rĂ©sulte de l'ouvrage d'Origène contre Celse. Le culte de Mithra Ă©tait cependant commun Ă
Rome, où l'on célébrait méme ses mystères. On voit
dans les collections de Gruter et de Reynésius
plusieurs dédicaces faites à cette divinité; et Lampride,
dans la vie de Commode, fait mention des mystères de Mithra, sacra Mithriaca. Commode a régné depuis l'an 180 jusqu'à l'an
192. Porphyre, qui vint à Rome en 265 prendre les leçons de Plotin, parle
beaucoup de Mithra dans les ouvrages qui nous restent de lui. C'est Zoroastre
qui fut le premier auteur de l'antre mystique oĂą Mithra Ă©tait, dit-il,
représenté assis sur le taureau, et tenant à la main le glaive d'Ariès, signe
consacré à Vénus et aux générations, dont Mithra est le principe. J'avoue qu'en
examinant de près les circonstances du culte de Mithra chez les Romains, je n'y
ai trouvé nulle ressemblance avec la doctrine et les pratiques de la religion
persane, contenues dans les livres de Zoroastre, ou du moins dans ce que les
critiques mahométans nous apprennent de ces livres Le Soleil des Perses ne fait dans l'Histoire Auguste qu'une apparition occasionnelle, presque
honteuse, à propos d'une parodie sadique inventée par Commode. Le culte de Mithra était-il plus barbare que celui d'Isis
ou de Cérès ; car on lui offrait des victimes humaines sans distinction de sexe
ni d'âge : l'empereur Adrien défendit ces sacrifices, mais l'empereur Commode
était bien digne de les rétablir, puisque lui-même il immola un homme à cette
horrible divinité "trente" et "quirettes" Des éditions ont "quirites" ce qui permet de
rimer normalement avec "démérites" L'épreuve de la préfecture était complète pour Commode. Perennis avait voulu le détrôner; Cléandre
avait failli le perdre dans une émeute. Commode résolut de gouverner lui-même,
en effaçant désormais ses préfets du prétoire. Comment cet homme, à l'intelligence
épaisse, aux regards hébétés, semblable, dit l'un de ses historiens, à ceux d'un
ivrogne, pouvait-il comprendre, Ă Rome, le gouvernement ? Il pratiqua
brutalement, sans finesse ni détour, le système que d'autres avaient inventé,
mais recouvert au moins d'une apparence de politique et de justice. Aux grands
qui pouvaient devenir ses rivaux, il fit cruellement peur; au peuple qu'il ne
pouvait supprimer, il fit grossièrement la cour. Régnant par la terreur au
sénat et par la complaisance à l'amphithéâtre, il versa également le sang pour
faire trembler et pour plaire. La mort fut tout le fond de son système. II
sacrifia à ses défiances, à ses soupçons, sur la plus mince délation, ses
parents, ses officiers, les sénateurs. Il offrit, en quantité inouïe, au peuple
les gladiateurs et les animaux de toute contrée et de tout climat. Il saigna
l'aristocratie pour l'épuiser; il soûla le peuple de sang pour le gagner. Il
commença par imprimer une terreur salutaire à ses préfets du prétoire. L'un, Julianus, qu'il embrassait cependant publiquement en
l'appelant son pére, fut, sur une parole, précipité
dans un vivier. L'autre, Motyline, fut empoisonné
dans un repas. Tous ceux qui l'approchaient n'eurent qu'Ă se bien tenir. On a
remarqué, dans l'histoire des successeurs d'Auguste, que chaque prince, à son avènement,
croyait nécessaire à sa sûreté de sacrifier ses parents. Au sixième descendant
de César, après cinquante-deux princes morts violemment, la race des Césars
était éteinte. Commode suffit pour anéantira lui seul toute la nombreuse
famille des Antonins; il n'en resta plus qu'un membre à sa mort. Le sénat fut
mis en coupe réglée. Lampride nous parle un jour de
huit sénateurs, un autre jour de quinze, massacrés. Commode, pour maintenir les
gouverneurs et les généraux éloignés, dans le devoir, donna le premier
l'exemple de garder auprès de lui leurs femmes et leurs enfants; et il ne se
fit faute non plus de les sacrifier à ses soupçons. « Je rendrais, dit Dion Cassius,
cette histoire fâcheuse et déplaisante, si je voulais écrire exactement et par
le menu, tous les meurtres que fit Commode, et insérer ici les noms de tous
ceux qu'il condamna par calomnie ou par faux soupçon à cause de leurs biens, de
leur noblesse, de leurs vertus, ou pour toute autre raison. » Lampride en compte pour sa part, dans un alinĂ©a, jusqu'Ă
trente Lampridius est un auteur de l'Histoire Auguste, du IVème siècle. "Subite joye en subite tristesse" et "son de
trompes" Le culte d'Atys, qui envahit peu Ă peu tout le monde
ancien, semble avoir eu pour berceau Pessinonte. ou mĂŞme en sanglantes orgies. De l'Asie le culte d'Atys
passa en Grèce avec celui de Cybèle. Ils avaient des temples à Dyme et à Patras, où Boettiger a
supposĂ© qu'on adorait dans leur double nature le dualisme des sexes ramenĂ© Ă
l'unité primordiale. Enfin, de la Grèce, ce culte pénétra jusqu'à Rome. C'est
là que la fête d'Atys perdu et retrouvé se célébrait tous les ans à l'équinoxe
du printemps, c'est-Ă -dire le 21 mars. On enlevait ce jour-lĂ le pin auquel se
trouvait suspendue l'image d'Atys, et on le transplantait dans le temple de la
déesse. Le lendemain c'était une harmonie sauvage produite par des cornes en
forme de trompes, et destinée par ses sons graves et sourds à marquer la
tristesse. Mais le troisième jour Atys était retrouvé, et la joie éclatait en
transports sauvages, Dans le culte d'Atys, la joie succède à la tristesse et non l'inverse, mais les quatrains semblent se situer dans la fin des cultes des dieux. Le 24 mars, « jour du sang », les galles, surexcitées par
des jours de macérations, se mettaient à tournoyer aux accents des trompes et au
rythme obsédant des crotales et des tambours. Parvenus à la transe, ils se
flagellaient, s'entaillaient les bras et les Ă©paules, Ă©claboussant les autels
de leur sang, avant de s'Ă©masculer avec un tesson de poterie. La musique - une
musique dionysiaque - et la danse jouaient dans ces cérémonies un rôle
considérable. Selon Firmius Maternus,
l'initié - car il s'agissait d'une initiation - devait proclamer : « J'ai mangé au tambourin, j'ai bu à la
cymbale, je suis devenu un myste d'Attis. » Le culte de la Déesse
syrienne, auquel Néron adhéra pour un
temps, qui fut associé à celui de Jupiter Héliopolitain, présentait des
cérémonies semblables. A Hiérapolis, décrit Lucien, « lorsqu'on joue de la flûte et qu'on célèbre les orgies, la fureur se
communique Ă un grand nombre d'assistants et beaucoup d'hommes, qui Ă©taient
venus pour voir, se livrent aux actes que je vais dire. Le jeune homme qui a
décidé d'être Galle jette bas ses vêtements, s'avance au milieu de l'Assemblée
en poussant de grands cris et saisit un couteau parmi ceux qui sont, je pense,
réservés pour cet usage depuis de nombreuses années. Avec ce coutelas il se
châtre brusquement et court par la ville en tenant dans ses mains ce qu'il s'est
retranché. La maison quelle qu'elle soit où il va le jeter lui fournira une
robe de femme et tout ce qui sert à la parure du sexe ». Les cultes
d'Isis et de Sérapis étaient répandus sur tout le territoire de l'empire. En
69, à Alexandrie, Vespasien opérera des miracles au nom de Sérapis et Hadrien
fera construire un SĂ©rapeum dans sa villa de Tibur.
Un culte moins impur et sans doute plus viril fut celui de Mithra, d'origine
iranienne, qui fut répandu par les légions romaines. Le long du Rhône, du Rhin,
du Danube, et, bien entendu en Italie comme en Asie, on construisit des mitraeus. Dans Ostie seule on en comptait plus de quinze.
Leur plan Ă©tait simple et toujours identique : un couloir, ou, si l'on veut,
une nef, aboutissait à l'image de Mithra généralement placée dans une niche. La
voûte était souvent décorée d'étoiles, à la mode asiatique, et les plus riches
de ces temples étaient ornés de peintures et de mosaïques. L'essentiel du
culte, dont les femmes étaient exclues, consistait en un repas qui commémorait
le banquet de Mithra et du soleil après le sacrifice du  taureau dont le sang devait sauver les adeptes
à la fin des temps. Dans l'empire, et tout spécialement en Égypte, le Christ
fut d'abord considéré, à l'instar de Dionysos, d'Attis, de Mithra, d'Osiris, comme
un nouveau dieu sauveur Les Mithriaques, ou fêtes et mystères de Mithra, se
célébraient avec pompe à Rome le 25 décembre, jour de la naissance prétendue de
Mithra. "sénat decernera la pompe" A propos de Commode la découverte de nombreuses dédicaces
pour le salut de ce prince ou datant de son règne nous fait entrevoir quel élan
cette conversion impériale donna à la propagande mithriaque. Sous le règne
d'Aurélien (270-275) le mithraïsme fut proclamé religion officielle de l'Empire
et l'empereur l'incarnation terrestre du Soleil. "A l'un qu'apres sera vaincu et chassé" Il est possible que celui qui est vaincu et qui a été
honoré par le Sénat est ce dieu concurrent au dieu des juifs et des chrétiens, intégré
au panthéon romain. La mithraïsme était un culte
monothéiste antérieur de plus de 1 500 ans au christianisme primitif, mais qui
connut son apogée à Rome au moment de la naissance de ce dernier. Il a fait
l'objet de persécutions systématiques dans l'Empire romain à la fin du IVe
siècle parce qu'il concurrençait le christianisme, avec lequel il présente
certaines similitudes (le monothéisme, et certains rites comme l'eucharistie) "biens publiés" Cette expression répond au latin "boni publicati" employée par Cicéron : biens confisqués
(Lettre XIX, à Brutus) Quand le paganisme fut proscrit, les biens des temples furent attribués au fisc; Gratien décréta la confiscation, Théodose l'exécuta. Nous savons, par les lois des empereurs, qu'une partie de ces biens furent donnés à l'Église chrétienne, et les auteurs de l'Histoire ecclésiastique disent la même chose (L. 20 C. Theod., XVI, 10) (François Laurent, L'Église et L'état, Tomes 1 à 2, 1865 - books.google.fr). Prosphuôs : les passions Les mots latins "aptus",
"adhaerens"
(cf. "adhérans") et "commodus" traduisent le terme
grec "prosphuĂ´s"
qui peut s'insérer dans un contexte animique Les Basilidiens considéraient
les passions comme des éléments étrangers à l'âme, des pièces rapportées (prosartêmata), des sortes de poids qui s'accrochent à l'âme
et en recouvrent la nature proprement humaine sous des apparences animales,
végétales et même minérales (Cyrille d'Alexandrie, Strom. II, 112,1-113,1).
Isidore, fils ou principal disciple de Basilide, exprimait la même idée en
parlant d'une âme « adventice » ou «parasite» (ibid., 113,3), qui serait comme
une seconde âme (114, 2). Langerbeck fait remarquer
que cette expression, « parasite » (prosphuês), vient de Platon. L'âme, pour Platon, est
complexe, elle est un mélange. On le voit dans le Phédon, dans la République et
encore dans le Timée. Le corps n'est pas extérieur à l'âme, il est en elle. Il
en est l'un des éléments, un élément qui peut dominer les autres ou être dominé
par eux. L'esclavage de l'âme, quoiqu'il vienne du corps, n'est pas analogue Ă
l'effet d'une contrainte extérieure; car ce que veut
le corps, l'âme dominĂ©e par lui croit le vouloir. Les passions accrochĂ©es Ă
l'âme, dont parlent les Basilidiens, rappellent la
comparaison platonicienne de l'âme avec Glaucus le Marin,
ce dieu marin rongé par les eaux et tellement recouvert d'algues et de
coquillages qu'il en a perdu la forme humaine (RĂ©publique, 611c-d). Mais cette
conception platonicienne ne signifie pas
que l'homme ne soit pas responsable de ce qu'il fait. Isidore enseignait que
l'homme a le devoir de maîtriser ses passions et par conséquent est responsable de
ses actes (Strom. II, 1 14, 1) Basilide est un gnostique palĂ©ochrĂ©tien qui enseignait Ă
Alexandrie au début du IIe siècle. Élève à Antioche de Ménandre, un disciple de
Simon le Magicien, il aurait écrit sa propre version des Évangiles, des
commentaires sur ceux-ci en vingt-quatre volumes, l'Exegetica,
et aurait enseigné un syncrétisme reprenant entre autres l'enseignement de saint
Pierre et saint Matthias ainsi qu'un dualisme influencé par le zoroastrisme. Il
eut un grand nombre d'adeptes, les Basilidiens,
jusqu'au IVe siècle. Il eut pour fils et disciple Isidore, Isidore le
Gnostique. Historiquement, on ne le connait que par les Ă©crits de ses
détracteurs chrétiens, Agrippa Castor, Irénée, Clément d'Alexandrie et
Hippolyte de Rome, aux témoignages desquels on ne sait précisément quel crédit
accorder Pallas [Ă©poque des Antoniens], dans son ouvrage sur
Mithra, dit qu'il pense que l'Ă©lan commun tend comme vers celui du cercle du
zodiaque. Mais c'est une véritable et exacte opinion sur les âmes humaines qui
est ainsi exprimée obscurément, car ces âmes, dit-on, sont entourées par toute
sorte de corps. «Dans les Mystères de Cybèle, l'initié, couché dans une fosse,
recevait sur le corps le sang d'un taureau ou d'un bélier; dès ce moment, il
devenait taurobolio criobolioque
in aelernum renatus». Les
Gnostiques, héritiers des antiques Mystères, représentent l'âme comme
descendant et remontant, comme passant de la de la simplicité à la multiplicité
et revenant de la multiplicité à la simplicité. Ils ont des initiations
assimilées à la mort et à la réascension. Philon, l'un des préparateurs du gnosticisme, professe la
division de l'âme en trois : Nous, thumos, épithumia; il enseigne que l'homme doit se dégager du
corps; il croit que les âmes purifiées s'élèvent vers les régions supérieures.
La théorie antique de l'âme demeure celle des Gnostiques et de divers
hérétiques : Basilide admet deux âmes, comme les Pythagoriciens (Clément
d'Alexandrie, Stromates, II, 20, dans la Patr. gr. t. 8, p. 1057). Apollinarius
a pris chez les philosophes étrangers la distinction du Nous et de la Psyché,
c'est-à -dire de l'Intellect et de l'Ame (Théodoret,
Épitre 145, Patr. gr., t. 83, p. 1380). Valentin
admet « la trinité de l'homme : il avait été platonicien » (Tertullien, Livre
sur les Prescriptions, 6). Isidore, fils de Basilide le Gnostique, admet deux
espèces d'âmes (Clément d'Alex., Stromates, dans la Patr. gr., t. 8, p. 1057). Les Gnostiques comprennent comme
les anciens Grecs la destinée de l'âme, préexistante à la vie qu'elle a dans le
corps humain, et devant lui survivre : Suivant Bardesane,
« l'âme a transgressé la loi de
Dieu, et elle a été reléguée pour l'expiation de ses fautes dans un corps,
emprunté à ce monde matériel qui est la source du mal, et qui la tient captive
dans une prison, dans un sépulcre » (Matter,
op. cit., I, p. 381). Les Bardesanites
croient que l'âme revêtira un jour une sorte de corps, mais un corps
pneumatique - C'est-Ă -dire un corps de souffle - (ibid., p. 391). Les
Carpocratiens croient à la préexistence des âmes, et considèrent les idées
comme une réminiscence d'une primitive et céleste condition » (ibid., 11, p.
190). Pour Marcion, l'âme du véritable chrétien « se dégagera un jour de
son enveloppe matérielle, comme le grain mûr se détache de la paille, comme le
poussin s'Ă©chappe de sa cage. Semblable aux anges, elle prendra sa part aux
félicités du père bon et parfait, revêtue d'un corps ou d'un organe aérien, et devenue semblable aux génies des cieux. » (ibid., II, p. 283). Les Naasséniens
parlent de la « réascension de l'homme, c'est- à -dire de sa
renaissance, afin qu'il devienne pneumatique, non charnel ». Les
Ophites admettent les sept portes, comme les sectateurs de Mithra... Dans une
ode gnostique en copte, conservée sous le nom de Salomon, nous lisons : « Ô toi qui m'as fait sortir du lieu supérieur,
qui m'as conduit au lieu de la vallée inférieure, et qui as amené ici ceux qui
se trouvaient au milieu. » Les Cathares, dont la doctrine est issue de
la théorie manichéenne, croient que les anges tombés sur la terre sont revêtus
de tuniques qui sont les corps, ou bien ils disent que les âmes sont enfermées
dans des corps comme dans une prison Commode Antonin que son pere avoit associé à l'empire, & qu'il laissa en mourant pour son successeur, souilla par ses désordres le sang, qu'il avoit reçu de ses ancêtres, & la gloire de leur nom. Il porta le surnom d'Auguste, mais il fut en effet l'esclave des passions les plus brutales, & il se livra à tous les vices les plus abominables (Jean de Mariana (1536 - 1624), Histoire generale d'Espagne (1592 - 1605), traduit par Joseph-Nicolas Charenton, 1725 - books.google.fr). Pour l'empereur Julien, l'excision du pin sacré symbolise « l'hommage à la Déesse de ce qu'il y a de plus beau, en l'occurrence la vertu accompagnée de la piété ». Et son compagnon Saloustios écrira : « La Mère des dieux est la créatrice de vie, d'où son nom de Mère ; Attis, l'artisan de ce qui se fait et se détruit, d'où le récit de sa découverte au bord du fleuve Gallos, car le Gallos fait allusion au cercle lacté, d'où procède le corps soumis aux passions. » (Saloustios, de Diis, IV, p. 8, 1. 6-7 et Or. V, 165 C). L'évolution, sous Commode, est déjà assez avancée, pour que, dans les possessions des fêtes de la Déesse, « dans ces mutilations volontaires, dans ces souffrances recherchées avec emportement, se manifeste une aspiration ardente à s'affranchir de la sujétion des instincts charnels, à délivrer les âmes des liens de la matière ». C'est de la sorte un espace propre à la metanoïa, à la transformation spirituelle, qui se crée, où vient s'inscrire tout naturellement la très antique croyance des adorateurs de la Déesse syrienne, selon laquelle, « après leur mort, un aigle transportait leur âme vers le soleil, source divine de toute vie terrestre ». Comment Mithra, néanmoins, s'insère dans cet ensemble — puisque Commode, non seulement fut initié à ses mystères, mais accéda, semble-t-il, au plus haut grade de l'initiation, au titre de Pater ? Quand Aelius Lampridius l'accuse d'avoir souillé les mystères par un meurtre, « on présume que, en effectuant l'initiation d'un miles (soldat) en qualité de Père, Commode aurait tué le candidat, alors qu'il ne devait que simuler sa mise à mort ». Accusation fausse ou vraie, on ne peut trancher, une fois de plus. Il n'en reste pas moins que la religion de Mithra n'est pas encore à l'époque totalement militaire et d'essence masculine. Ce n'est pas un hasard, en effet, si le grand prêtre d'Isis, dans l'Ane d'or d'Apulée, s'appelle aussi Mithra — et que Lucius, le héros, lui est spirituellement uni par « une divine conjonction d'étoiles ». Or, que fait découvrir ce Mithra à Lucius, à la fin de l'initiation aux mystères de la Mère ? «Je tenais de la main droite une torche allumée, et ma tête était ceinte d'une noble couronne de palmes dont les feuilles brillantes se projetaient en avant comme des rayons. Ainsi paré à l'image du soleil, on m'expose comme une statue et, des rideaux s'écartent brusquement, c'est un défilé de passants désireux de me voir. Je célébrai ensuite l'heureux jour de ma naissance à la vie religieuse par un repas de fête et de joyeux banquets». Selon le commentaire pertinent de Marie-Louise von Franz, «cela semble indiquer que l'initiation de Lucius ne lui fait pas seulement suivre le même chemin que le Dieu-soleil, mais qu'il est assimilé au principe lumineux et devient lui-même, au matin, le Dieu-soleil... Cela se pratiquait aussi dans les mystères mithriaques ; c'est à rapprocher de la fameuse solificatio à laquelle, de leur côté, les textes alchimiques font allusion. Dans ces derniers, le moment de la réalisation de l'œuvre est souvent décrit comme l'apparition d'un nouveau soleil qui monte au-dessus de l'horizon, ce qui signifie qu'une nouvelle forme de conscience naît à la suite d'une descente dans l'inconscient ». En termes psychologiques, c'est ce qu'on dénomme aussi aussi l'apparition du Soi, c'est-à -dire de cet archétype recteur du processus d'individuation, comme le centre de l'âme qu'il ordonne dans le vide, ce qui fonde notre être et le mène sur les chemins de sa totalité intérieure, dans le même temps qu'il représente ce qu'il y a de plus impersonnel en nous, puisque ce n'est rien d'autre, en fin de compte, que l'image de la divinité qui nous meut et nous guide. Nous voyons comment nous sommes ici renvoyés à Néron et à sa naissance prodigieuse sous les rayons du soleil levant (et dix-huit jours avant les calendes de janvier, c'est- à -dire aux alentours de cette date du 25 décembre qui préside à la naissance d'Attis, tout autant que d'Horus, de Mithra ou du Christ) (Michel Cazenave, Roland Auguet, Les empereurs fous: essai de mythanalyse historique, 1981 - books.google.fr). Mithra - Hermès Les liens entre Mithra et Hermès-Mercure sont attestés un
peu partout dans le monde romain. Le culte de Mercure était associé à celui de
Mithra, perpétuant ainsi une très ancienne tradition hellénistique qui
identifiait Mithra à Apollon, à Hélios et à Hermès-Mercure. Cette assimilation
s'était faite d'autant plus facilement que ces trois dernières entités partageaient
un caractère solaire marqué. L'assimilation Hermès-Mercure et Mithra fut
reprise ensuite par Plutarque; l'Hermès-Logos, l'Hermès des Stoïciens,
incarnait la raison et la génération et était, comme Mithra, le dieu bon et
juste Telle que la prĂ©sente Porphyre, la citation donnerait Ă
penser que, selon Eubule, la liturgie mithriaque
illustrait la doctrine de Platon. On aurait expliqué au candidat sous une forme
mystérique les conditions dans lesquelles l'âme déchoit dans le monde terrestre
pour s'y incarner, avant de regagner le ciel au terme de ses Ă©preuves
expiatoires. Qu'est-ce Ă dire ? Ou bien on commentait au myste des
représentations symboliques (comme l'échelle dont parle Celse), ou bien on lui
faisait accomplir fictivement les Ă©tapes correspondant aux tribulations de
l'âme à travers les sphères et les «zones» du monde. On songe au récit allusif
que Lucius fait de son initiation aux mystères d'Isis au livre XI des
MĂ©tamorphoses: per omnia vectus
elementa remeavi. Les
«éléments célestes» du texte porphyrien représentent probablement les astres.
Les deux noms "kathodon" et "exodon" nous réfèrent plus précisément aux deux portes
du ciel que l'âme franchit pour descendre dans la génération (Cancer) ou pour
remonter dans l'Empyrée (Capricorne). Cette doctrine des deux portes zodiacales
ne se lit dans aucun texte de Platon. Typiquement platonicienne en revanche est
celle de l'âme déchue, emprisonnée dans un corps, et du par la désincarnation
posthume. L'identification du monde avec la caverne l'est aussi et, comme la
doctrine de l'âme, d'origine pythagoricienne. Quant à Mithra, il est
explicitement assimilé au démiurge du Timée Le quatrain X, 79 aborderait, sous un vocabulaire latin (Mercure, Hercule),
l'Egypte fatimide et son calife Al Hakim, inspirateur de la religion des
Druzes, possiblement ceux qui fĂŞtent le jeudi. Mithra et
Ismaélisme Plutarque appelle Mithra Mesitès,
épithète qui n'apparaît pas dans la littérature mazdéenne. Mésitès
peut traduire le sens fonctionnel du nom même de Mithra, le «lien» qui engage
réciproquement les contractants, qui les «médiatise» en quelque sorte. Pour E. Benvéniste, Mithra est le garant-médiateur du traité qui
règle les règnes alternés d'Oromazès et d'Areimanios, dans une perspective zervaniste.
Dans la mesure où le sacrifice du taureau force les âmes à s'incarner, à animer
le monde, Mithra médiatise la relation du monde supérieur au monde inférieur Plutarque, mentionnant le rite inouï de Mages […], fait intervenir
parmi les dramatis personae une nouvelle figure,
celle de Mithra le médiateur. Une nouvelle tétrade zervânite
est présupposée ici : Zervân, Ohrmazd,
Ahriman, Mithra. C'est précisément cette idée de médiateur que met en relief l'exposé
du zervânisme, tel que nous le devons à cet honnête
historien persan des religions que fut Shahrastânî
(XIIe siècle). C'est elle qui altère radicalement le schéma du zervânisme intégral, et fait cesser toute ambiguïté dans
l'anthropologie et l'éthique qui lui correspondent. Ténèbres et Lumière ne
s'affrontent pas dès l'origine en un dualisme irréductible, mais naissent d'un
même être, qui fait se « temporaliser » le Temps, et cette idée est certes zervânite. Seulement cet être qui est l'Unité supérieure et
médiatrice donnant origine aux contraires, n'est plus la divinité absolue
originelle. Zervân est l'un des des
êtres de Lumière, le plus grand des Anges : il se produit donc un décalage, une
régression du niveau auquel éclate la dualité, et avec elle le Temps cyclique.
L'objet du doute de Zervân est formulé en termes plus
métaphysiques que dans le mythe d'Eznik : « Peut-être
cet univers n'est-il rien ? », ou comme chez ceux que Shahrastânî appelle les Gayômartiens
(du nom de GayĂ´mart, l'AnthrĂ´pos
primordial) : « Si j'avais un Adversaire, comment serait-il ? »
Vertige de néant, pensée de l'Autre qui, comme telle, engendre cet Autre et
déchaîne un combat dans le Ciel, un combat de trois millénaires. Ce sont les
Anges dans leur ensemble qui assument alors ici le rĂ´le de Mithra ou de
l'Archange Michel, dans ce rôle médiateur qui a permis aussi bien de
reconnaître les traits de l'une et l'autre figure dans ceux de l'Ange Métatron, dominant une si grande partie de la littérature
mystique juive. Dans le récit de Shahrastânî, les
Anges imposent à Ahriman un temps de
sept millénaires pendant lesquels le monde lui sera livré, mais au terme
desquels il devra le restituer à la Lumière. [...] Dans le schéma ismaélien de
la mytho-histoire, l'Ange qui correspond à l'Ange Zervân
est non seulement le médiateur donnant origine à la Lumière et aux Ténèbres
ainsi qu'à leurs Cycles respectifs, mais qu'il est aussi le médiateur de la
victoire sur les Ténèbres, le médiateur de sa propre victoire sur lui-même. A
cette victoire doivent ensuite contribuer tous les siens, faits Ă son image,
ceux dont il est l'archétype, en assumant à tour de rôle un Combat que rythment
les heptades de millénaires. Shahrastânî, en
conclusion de la médiation angélique, rappelle l'épisode fondamental du choix
et de la descente des Fravartis sur terre. Au combat
de l'archange Michel répond ici non pas l'idée d'une « chute des Anges »
(jamais en termes mazdéens, un Ange, Izad, Fereshta, ne peut être «mauvais»), mais une descente
volontaire, un renoncement volontaire à la Demeure de Lumière pour assumer le
périlleux combat sur terre. C'est une semblable structure angélologique
qu'affirmera l'anthropologie ismaélienne. Dans leurs forteresses, en Asie, en Perse, dans l'lrak, en Syrie, les chevaliers ismaêliens, vêtus d'une robe blanche, portaient une ceinture rouge. Ils étaient coiffés du bonnet rouge, dit «phrygien», qui désignait dans l'Antiquité les sectateurs de Mithra. On peut remarquer, à ce propos, que cette coiffure singulière orne la tête de la statue de l'«Alchimiste» qui figure sur l'une des tours de Notre-Dame de Paris et qu'elle orne le chef d'un personnage sculpté au-dessus de la toiture du palais de Jacques Cœur à Bourges (René Alleau, Les sociétés secrètes: leurs origines et leur destin, L'Encyclopédie Planète, 1963 - books.google.fr). |