L’Aigle d’Ezechiel

L’Aigle d’Ezechiel

 

X, 60

 

2221-2222

 

Ie pleure Nisse, Mannego, Pize, Genes,

Sauonne, Sienne, Capuë, Modene, Malte :

Le dessus sang, & glaiue par estrenes,

Feu, trembler terre, eau, malheureuse nolte.

 

"Mannego" : Port-Manego

 

Au nord, la Dalmatie a pour confins la Croatie, en avant de laquelle elle projette le promontoire de Nona et la chaîne des îles Pago et Arbe au sud, elle se termine en pointe et touche à l'Albanie ; à l'est, elle est séparée de l'Herzégovine et du Monténégro par la Dinara (Alpes Dinariques) ; en avant de la côte s'étendent, parallèlement à celle-ci, un grand nombre d'îles en général longues et très étroites, dont les principales sont : Maleda (Mljet), Lagosta (Lastovo), Pelagosa (Pelagruza), Curzola (Korcula), Lesina (Hvar), Lissa (Vis), Brazza (Brac) etc. (Stoyan Stoyanovic, La question de l'Adriatique et le principe des nationalités, 1922 - books.google.fr).

 

Port-Manego est la ville de Rukavac sur l'île de Lissa (Vis) (it.wikipedia.org - Budinaz).

 

Certains ont revendiqué pour l'île de Maleda l'identité avec l'île de Malte que les Actes des Apôtre diisent être le lieu d'un naufrage de l'apôtre des gentils Paul.

 

Mais est-il bien vrai que cet ApĂ´tre ait abordĂ© Ă  Malte ? L'ile de Meleda, dans la Mer Adriatique, rĂ©clame en la faveur cette mĂŞme distinction. Elle prĂ©tend que c'est chez elle que St. Paul a Ă©tĂ© mordu d'une vipĂ©re. Les Maltois citent comme des temoignages authentiques de ton passage dans leur Ă®le, la vertu imprimĂ©e Ă  la terre pour guerir de la morsure des animaux venimeux ; les langues & les yeux de ferpens changĂ©s en pierres ; cette Ă©levation d'ou l'on assure que St. Paul en prĂ©chant, se faisoit entendre jusqu'Ă  l'Isle de Goze qui en est Ă  une grande lieue; la fontaine d'eau douce qui est auprès du rivage & que ce Saint fit jaillir de terre en dĂ©barquant, afin de soulager ses compagnons de voyage ; ces batons de pierre & autres figures imaginaires appellĂ©es Batons & Mamelles de St. Paul, que l'on dit avoir Ă©tĂ© formĂ©es miraculeusement Ă  la ressemblance des mamelles & du baton de St. Paul, pour dĂ©signer que cet ApĂ´tre avoit nourri ces Insulaires dans la vraie foi, avec le lait de l'Evangile, & qu'il chasseroit Ă  coups de baton tous ceux qui voudroient s'en approcher comme ennemis. Constantin PorphyrogenĂ©te, Denis le Chartreux, le Cardinal Cajetan, Arias Monianus, Le P. Dom Ignace de Raguse & plusieurs autres Ecrivains cĂ©lĂ©bres ont appuyĂ© les prĂ©tentions des MĂ©lediens. Il est vrai que le prĂ©jugĂ© gĂ©nĂ©ral est en faveur des Maltois, parceque l'ile oĂą St. Paul fut mordu, Ă©tant appellĂ©e Melite dans l'Ecriture, & celle de MĂ©leda, qui a le mĂŞme nom, Ă©tant assez ignorĂ©e, on se dĂ©cide aussitĂ´t pour Malte. On devroit considĂ©rer nĂ©anmoins que St. Luc & St. Paul parlent de Melite comme d'une Isle peu connue ; il ne s'agit donc pas de celle de Malte qui Ă©toit alors très cĂ©lĂ©bre & très florissante. Au reste, si les prĂ©tendus privilĂ©ges que cet ApĂ´tre Ă  accordĂ©s Ă  la terre de l'Isle de Malte contre la morsure des bĂŞtes venimeuses, Ă©toient bien constatĂ©es, les Anciens en auroient fait mention : on n'en avoit encore rien dit avant le 14e. siĂ©cle, tandis que les prĂ©tentions des Melediens sont favorisĂ©es par les premiers Ecrivains du Christianisme. St. Chrisostome nous assure positivement que St. Paul fit naufrage dans la Mer Adriatique, oĂą, dit-il, il est dificile d'Ă©chapper au danger. De plus, les titres des MĂ©lediens font fondĂ©s sur la narration mĂŞme de St. Luc, & sur la nature du terroir de Malte qui ne souffre point de bĂŞtes venimeuses. Mais ne nous arrĂŞtons pas plus longtems sur cette querelle entre les deux Peuples (Journal encyclopĂ©dique ou universel, Volume 5, 1760 - books.google.fr).

 

La côte serbe s'étendait de la Neretva (Narenta) jusqu'au Drin. Elle abritait non seulement une importante marine marchande, mais encore une flotte de guerre. Les navires marchands de la Serbie, sous le règne de l'empereur Dusan, sillonnaient l'Adriatique. L'histoire connaît une grande entreprise de sa flotte de guerre. En 1184, Nemanja , fils de Dusan , roi de Serbie et grand joupan de Rascie , résolut de bloquer Raguse avec qui il était en guerre. Il équipa donc une nombreuse flotte bien armée, et l'envoya contre sa rivale. La rencontre eut lieu au large de Poljica (en Albanie). La flotte ragusaine, commandée par Bobali, défit la flotte serbe. Une escadre commandée par Strassimir, frère de Nemanja, et qui bloquait les îles de Korcula (Curzola) et de Vis (Lissa), fut également battue par les Ragusains.

 

Les Slaves de la Neretva (Narenta), que l'on désigne sous le nom de Narentins, et dont les exploits, comme ceux des Uskoks, sont l'expression primitive de la vie maritime des Yougoslaves, avaient, au IXe siècle, étendu leur pouvoir sur plusieurs iles de la Dalmatie méridionale, et levaient des contributions sur la plupart des villes maritimes du littoral dalmate. Venise elle-même fut obligée de leur payer un tribut annuel. Raguse, qui dans tout le cours de son histoire trouva dans Venise une jalouse rivale, s'appuya souvent sur eux. Ils étaient, en effet, ses alliés naturels dans la lutte contre les ambitions de cette voisine qui cherchait à obtenir la maîtrise incontestée de l'Adriatique. Les Croates, dont les princes s'opposèrent toujours aux ambitions vénitiennes, pretaient également leur assistance aux Narentins. Venise alarmée par ces relations amicales, résolut de faire un effort pour prévenir une confédération contre elle (Ivo De Giulli, La vie maritime des Yougoslaves et leur marine marchand, Le Monde slave, 1918 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Stefan Nemanja).

 

Savone "pleure" la mort d'Henri del vasto

 

Henri del Vasto (ou encore Enrico del Carretto, de Loreto, Weze, Werte, Guercius, il Guercio, surnoms qui signifient « le Valereux » en allemand, en latin ou en italien), est margrave de Savone, né au début du XIIe siècle (fr.wikipedia.org - Henri del Vasto).

 

Enrico del Vasto, quinto figlio di Bonifacio e di Agnese di Vermandois, partecipò alla seconda crociata (1147-1148) dove acquisì il soprannome "wert" (in tedesco "valoroso"), successivamente latinizzato in "wercius" e storpiato in "guercio". Il legame con gli imperatori svevi, costruito probabilmente durante la crociata, si consolidò quando Federico I Barbarossa scese in Italia ed Enrico corse al suo fianco. Il 10 giugno 1162, il giorno successivo alla distruzione di Milano, Federico infeudò Enrico il Valoroso dei territori nel Savonese, Noli, Finale Ligure, Cairo Montenotte, di alcuni castelli e borghi minori (Altare, Bardineto, Carcare, Calizzano, Dego, Sassello, Spigno Monferrato) e dei vasti territori nella zona subalpina delle Langhe, che gli competevano come quota parte dell'eredità paterna, dando origine alla stirpe dei marchesi di Savona, che presero tutti il cognome Carretto o Del Carretto.

 

Negli anni successivi Enrico è ricordato fra i vassalli che combatterono fedelmente per l'onore dell'Impero con rischio personale sino allo spargimento del proprio sangue e con dispendio dei propri beni. Diventò cancelliere e consigliere dell'imperatore e per conto di Federico negoziò con la Lega Lombarda la pace di Costanza (1183). Morì fra il 1184 e il 1186. Nel corso del XII secolo Enrico aveva dovuto riconoscere la progressiva autonomia dei comuni di Savona e di Noli, ai quali cedette gran parte dei diritti feudali nei due centri, e aveva iniziato a consolidare a Finale la residua presenza della sua famiglia in Liguria. La costruzione di una prima caminata marchionale nel Finalese, ampliata in seguito e chiamata Castel Govone, potrebbe risalire al 1172. Lo sviluppo del nucleo urbano di Finale si accelerò in questo periodo, portando (probabilmente nel 1193) alla costruzione di un primo recinto di mura, che diede origine formale al Burgus Finarii, oggi Finalborgo, capitale del marchesato, la cui esistenza è documentata dal 1213 (it.wikipedia.org - Enrico I Del Carretto).

 

La Ligue lombarde

 

Les lamentations des Milanais dispersés, mais unis pour une juste vengeance, la tyrannie des agens impériaux, le schisme papal, révoltèrent les villes lombardes. Les Milanais sans patrie, Vérone, Vicence, Padoue, Trévise, Brescia, Bergame, Crémone, Mantoue, Parme, Plaisance, Modène, Reggio, Bologne, Ferrare, chassèrent les podestats de Frédéric, le chassèrent lui-même de l'Italie et formèrent la première ligue lombarde (1164), s'engageant sous serment à rebâtir Milan et à défendre leur liberté contre l'empereur et ses Allemands. Milan sortit de ses cendres plus belle que jamais; la ville d'Alexandrie fut bâtie en l'honneur du pape qui était revenu à Rome, et presque toutes les villes accédèrent à la ligue; il ne resta plus guère du parti de l'empereur que Pavie et le marquis de Montferrat. Frédéric dirigea une nouvelle expédition en Italie; il échoua devant Alexandrie et fut battu à Legnano (sur l'Adige) par les confédérés : le caroccio de Milan brillait aux premiers rangs (1176). Il consentit une trêve à Venise et s'y fit remarquer par sa déférence envers le pape : il lui baisa les pieds, lui tint l'étrier et conduisit sa mule par la bride jusqu'au palais. Quelques années après, par la paix de Constance (1183), il rendit aux villes lombardes qui du reste les avaient repris, les privilèges que leur avait enlevés la diète de Roncaglia, mais en conservant toujours sa suzeraineté. Il termina la guerre avec le roi des Deux-Siciles par le mariage de son fils Henri, roi des Romains, avec Constance, fille de Guillaume I [Capoue] (A. Docquier, Résumé méthodique d'histoire universelle, Tome 2, 1860 - books.google.fr).

 

Pise et GĂŞnes

 

Pise est menacée par les ambitions de Gênes, avec laquelle elle entre en conflit à plusieurs reprises. Elle perd ainsi au terme d'une première guerre la Corse septentrionale (1119-1133), mais réussit à sauver l'essentiel de son contrôle sur la Sardaigne en 1165 à l'issue d'un autre conflit (1140-1149), qui a repris en 1162 à la suite de l'incendie du quartier génois de Constantinople par les Pisans, lesquels secourent les Florentins tandis que les Lucquois appuient leurs adversaires. Imposée par le pape – qui veut contraindre les chrétiens à unir leurs forces contre Saladin, qui vient de leur reprendre Jérusalem en 1187 –, la paix pisano-génoise de 1188 n'est en fait qu'une trêve, rompue dès 1194. Jusqu'à la fin du XIIe s., Pise surmonte tous ces dangers grâce à l'appui constant de Frédéric Ier Barberousse et de ses successeurs ; cet appui est consacré par le diplôme du 6 avril 1162 qui autorise Pise à exclure de tous les ports de la côte les marchands des villes qui lui sont hostiles (www.larousse.fr).

 

Hors d'une grave crise entre 1172 et 1174, oĂą Pise trouva le lĂ©gat impĂ©rial dans le camp de ses adversaires habituels, GĂŞnes, Lucques et Sienne, l'appui impĂ©rial ne se dĂ©mentit pas : Pise fut, avec Pistoia, la seule ville de Toscane, dont le «contado» ne fut pas amputĂ© par l'Empereur en 1184 ; en 1191, Ă  la veille de l'expĂ©dition d'Henri VI contre Tancrède de Lecce pour la conquĂŞte du royaume de Sicile, elle reçoit d'Ă©normes privilèges ; mais la flotte pisane n'est pas suffisante pour vaincre la flotte normande de Margaritus (Yves Renouvard, Les villes d'Italie de la fin du Xe siècle au dĂ©but du XIVe siècle, Volumes 4 Ă  10, 1961 - books.google.fr).

 

Frédéric Barberousse

 

En mai 1184, après la diète, l’empereur FrĂ©dĂ©ric Barberousse se rend pour la sixième fois en Italie. Il obtient l’appui de Milan et la Ligue lombarde est dissoute Le 22 juillet, le pape Lucius III se rĂ©fugie Ă  VĂ©rone face Ă  la commune de Rome. Le 1er aoĂ»t, il y rĂ©unit un concile qui condamne les nĂ©o-manichĂ©ens (Cathares) contre qui il institue l’Inquisition Ă©piscopale (4 novembre). Le 2 octobre, a lieu une entrevue de VĂ©rone entre le pape Lucius III et l’empereur FrĂ©dĂ©ric Barberousse, qui ne parviennent pas Ă  s’entendre au sujet de la succession de la Comtesse Mathilde. Barberousse refuse d’aider le pape contre les Romains rĂ©voltĂ©s. Le 4 novembre au concile de VĂ©rone, la bulle pontificale de Lucius III ad abolendam condamne les diverses formes d’hĂ©rĂ©sie : Cathares, Vaudois, Patarins, Umiliati, Arnoldistes, etc. Le prĂ©dicateur lyonnais Pierre Valdès est excommuniĂ©. Il continue cependant Ă  prĂŞcher en accentuant son hostilitĂ© Ă  la hiĂ©rarchie catholique. Une partie des Vaudois s’établit dans le Sud de la France, s’oppose aux Cathares et sera rĂ©cupĂ©rĂ©e par la prĂ©dication de Dominique de Guzmán. Une autre fraction passe en Italie puis en Europe centrale et sera pourchassĂ©e par l’autoritĂ© ecclĂ©siastique (fr.wikipedia.org - 1184).

 

Le grand maître de l’Ordre du Temple, Arnaud de Torroge, venu en Europe pour demander de l’aide, meurt à Vérone cette année 1184 (Marion Melville, La vie des Templiers, 1951 - books.google.fr).

 

Alexandre et Aristote

 

On voit qu'avec les îles de Meliora (V, 62) et de Pelagosa (X, 25), il peut être question d'Aristote et d'Alexandre.

 

La datation historique du quatrain correspond Ă  la floraison de romans sur Alexandre.

 

Alexandre est une grande figure de la littérature médiévale européenne : son succès aurait pu entraîner celui de son précepteur et conseiller, Aristote, comme dans le cas d’Arthur et Merlin, d’autant que le Stagirite est une des autorités philosophiques les plus invoquées au Moyen Âge. Ses écrits, redécouverts et traduits à partir de la seconde moitié du XIIe siècle, même s’ils ont été l’objet de polémiques, ont fortement influencé l’Université, en particulier parisienne, et ont été largement diffusés, d’autant que la scolastique contribua à la conciliation d’Aristote et de la théologie chrétienne. Contrairement à d’autres figures comme Platon, Aristote a, parallèlement à sa carrière philosophique, une présence littéraire assez soutenue, qui commence dès l’émergence du genre romanesque. Alexandre est en effet associé aux origines de la littérature en langue vernaculaire, entre chanson de geste et roman. Pourtant Aristote ne s’est jamais véritablement imposé comme personnage littéraire au Moyen Âge (Christine Ferlampin-Ache, Aristote au Moyen Âge, un personnage littéraire(XIIe-XVe siècles) ?, 2018 - hal.archives-ouvertes.fr).

 

Quand on s'intéresse à Alexandre, on est tout d'abord frappé par la vitalité du personnage tout au long du Moyen Age. Il apparaît en effet en langue vulgaire à l'aube des temps romanesques, avec Albéric de Pisançon à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle, et il est encore en vogue à la cour de Bourgogne, quand Jean Wauquelin écrit pour Jean de Bourgogne ses Chroniques d'Alexandre en 1448; en latin, le parcours est encore plus impressionnant, du pseudo Callisthène du IIe siècle de notre ère à, par exemple, la version latine écrite au milieu du XIVe siècle à partir des Vœux du Paon de Jacques de Longuyon, en passant par Gautier de Châtillon qui compose entre 1178 et 1182 une Alexandreis en latin (Christine Ferlampin-Acher, Alexandre et le miroir: réflexions autour du mythe duconquérant dans le Roman d’Alexandre en prose, 2018 - hal.archives-ouvertes.fr).

 

Tremblements de terre

 

1183. Une chronique de Vérone (M., t. VIII, 622) rapporte au mois de janvier, le tremblement que j'ai cité à la date de 1184 et qui détruisit le théâtre de Vérone.

 

1184. 24 mai. En Calabre. Tremblement très-désastreux. (Chron. Cassin., l. c., 70.) En mars de la même année, le Vésuve lança des cendres pendant plusieurs jours. (De Gestis Longob. P. Diaconi, lib. VI, cap. IX, M., t. I, 1re part., 494.)

 

1185. En Italie, tremblement assez fort. (Sicardi Chron., M., t. VII, 602 et 603.) L'auteur lui applique d'abord l'épithète de non modicus et plus bas celle de modicus. 1200.-— A Ceccano, grand tremblement. (Chron. Fossae Novae, I. c., 886.) (Alexis Perrey, Mémoire sur les tremblements de terre de la péninsule italique, 1848 - books.google.fr).

 

Le mĂŞme XIIIe siècle verra apparaĂ®tre aussi un vĂ©ritable pèlerinage chevaleresque, liĂ© directement au messianisme arthurien. [...] Ă€ l'origine de ce pèlerinage se trouvait une lĂ©gende recueillie par l'Anglais Gervais de Tilbury (ainsi que CĂ©saire de Heisterbach et le roman arthurien en langue d'oc de Jaufre) au cours d'un voyage qu'il avait accompli en Sicile vers 1190 et qu'il raconterait plus tard dans ses Otia imperialia (rĂ©digĂ©es vers 1210 pour l'empereur Othon IV de Brunswick) : les cavernes du mont Etna nommĂ© Mondjibel, association de l'italien monte avec l'arabe djebel, montagne seraient l'entrĂ©e dans le pays de la fĂ©e Morgain, oĂą se trouverait aussi le siège d'Arthur, après sa dĂ©faite Ă  la bataille de Salisbury ; le roi y Ă©tait depuis très longtemps, couchĂ© sur un lit, essayant de guĂ©rir ses blessures sans cesse rouvertes (Michel Stanesco, D'armes & d'amours: Ă©tudes de littĂ©rature arthurienne, 2002 - books.google.fr).

 

Le mont Gibel, en Sicile, est le plus remarquable des volcans de l'Europe. Ses éruptions sont de toute antiquité; les historiens et les poëtes grecs et latins ont décrit longuement ses paroxysmes. On y a remarqué une période séculaire; ainsi, l'Etna a offert des éruptions en 1183, 1285, 1381, 1682, 1781; ensuite, en l'an 56 avant J.C., et en 1444, 1643, 1744, 1844. Une des plus célèbres éruptions de l'Etna est celle de 1669 (Louis Figuier, La terre et les mers ou description physique du globe, 1872 - books.google.fr).

 

La cronaca delle gesta dei re d'Inghilterra Enrico II (1154-1189) e Riccardo I (1189-1199), narrando avvenimenti che si riferiscono al 1190, asserisce che il fuoco di Mongibello era estinto da piĂą di quarant'anni grazie alle preghiere di sant'Agata. Queste informazioni furono poi ripetute da Ruggero di Hovenden (Giuseppe Giarrizzo, La Sicilia dei terremoti: lunga durata e dinamiche sociali : atti del Convegno di studi, UniversitĂ  di Catania, FacoltĂ  di lettere e filosofia, ex Monastero dei Benedettini, Catania, 11-13 dicembre 1995, 1997 - books.google.fr).

 

Eschyle (Prométhée, 365) met Typhon sous l'Etna. Virgile (Éneide, III, 678) met Encelade à la place de Typhon (L'Iliade d'Homère, 1869 - books.google.fr, Géographie de Strabon, Tome 3, traduit par Amédée Tardieu, 1880 - books.google.fr).

 

"nolte" : uolte, volte ou les Cathares (Manichéens)

 

Le renversement du "n" en "u" donne le mot "volte".

 

Le "n" et le "u" souvent indistincts dans l'écriture de Nostradamus (Patrice Guinard, Mesopotame defaillir en la France : Le déclin de la Provence, 2010 - cura.free.fr).

 

Volte, subs. fém., du latin vultus, visage, dont on a fait l'italien volta, voltare, et le français volte, vouter. Action de se retourner en présentant le visage (Dictionnaire de l'armée de terre, ou Recherches historiques sur l'art et les usages militaires des anciens et des modernes par le Général Bardin, Tome 17, 1851 - books.google.fr).

 

La pâleur du visage est un trait caractĂ©ristique des ManichĂ©ens (S. JĂ©rĂ´me, Epist. XX, 13, 3, CSEL, LIV, p. 101, 4-6 ; lettre, peut-ĂŞtre de JĂ©rĂ´me, Ă  Praesidius, XVIII, 3, P.L., XXX, 185B : tristem atque pallentem, ou Marc le Diacre, Vie de Porphyre, Ă©vĂŞque de Gaza, ch. 88, 1. 3 Ă©d. GrĂ©goire et Kugener [...] tristes sunt omni tempore..., et facies eorum pallore perpetuo deprimuntur : Joachim.de Flore (In Apocal.) (Travaux publiĂ©s par l'Institut d'Ă©tudes slaves, Volumes 21 Ă  22, 1945 - books.google.fr).

 

La chanson satirique de Bernardus Morlacensis (Manusc. à la Bibl. de Vienne, publié par Krone, cité par Schmidt, II, 155, pp. 1 et 2) raille le visage triste des Cathares : «Est Patharistis (al. Patarenis) - Visio tristisVox lacrimosa» (Paul Alphandéry, Les idées morales chez les hétérodoxes latins au début du XIIIe siècle, Numéros 1 à 2, 1903 - books.google.fr).

 

Il est vrai que les cacatholiques avaient le visage ravi devant les bûchers. Le "malheureux" est plus empathique que "triste".

 

La même année 1183, on découvrit à Arras, malgré le mystère dont ils s'enveloppaient, d'autres sectateurs du manichéisme. Traduits devant le cardinal archevêque de Reims leur métropolitain, ils furent interrogés et convaincus par lui et le comte de Flandre qui l'assistait. Cette parfaite entente des deux puissances permit de remédier au mal avec énergie. On avait sous les yeux les maux dont cette hérésie accablait le midi de la France, et on jugeait avec raison qu'il était de la plus grande importance de préserver le Nord de sa contagion. C'est pourquoi le juge usa de la dernière rigueur, et livra ces hérétiques au bras séculier, qui les condamna au feu, suivant la loi alors en vigueur. Ces exécutions, aussi bien que les résistances à main armée dans le Midi et le calme qui s'en suivit, démontrèrent au pape Lucius III que le temps était venu de provoquer le concours de la puissance séculière, si on voulait mettre fin à l'hérésie manichéenne. L'année suivante 1184, il réunit à Vérone une nombreuse assemblée, composée de cardinaux, d'évêques, d'abbés, de princes et de seigneurs, et à leur tête l'empereur d'Allemagne. Les hérétiques du midi de la France furent le principal objet de leurs délibérations. Le pape commença par confirmer le décret du concile de Latran; il renouvela les anathèmes qu'on y avait portés contre les hérétiques manichéens ; mais il alla plus loin que le concile, qui n'avait statué de peines temporelles que contre ceux qui dévastaient le pays, le fer et le feu à la main. Cette fois, Lucius III, de concert avec l'empereur et les princes, ordonna que tous ceux qui professeraient l'hérésie et ne la rétracteraient pas, seraient livrés au bras séculier (Jean-Nicolas Jager, Histoire de l'église catholique en France d'après les documents les plus authentiques depuis son origine jusqu'au concordat de Pie VII (1802), Tome 8 : De l'an 1147 à l'an 1209, 1864 - books.google.fr).

 

La citation d'Ezéchiel (XXXVII, 4) et de St Paul (I, Cor., XV, 40) par les cathares est décisive et permet de retrouver exactement leur pensée. Les corps qui seront recréés ne sont pas ceux de «la chair réduite en cendres» qui ne connaîtra pas la résurrection (Déodat Roché, Études manichéennes et cathares, 1952 - books.google.fr).

 

Contrairement aux cacatholiques, les cathares n'avaient pas de baptême d'"eau" mais celui de l'imposition des mains, le consolamentum (Eugène Aroux, Histoire universelle, Tome 6, 1846 - books.google.fr).

 

"dessus sang, & glaive"

 

Tous les peuples couroient en foule sur les hauts lieux pour y verser le sang des victimes dans une fosse et pour converser avec tel ou tel mort, en  Ă©loignant les autres par la vue de l'Ă©pĂ©e, qu'il est si souvent et si expressĂ©ment dĂ©fendu aux IsraĂ«lites de s'assembler sur les lieux hauts ; ou ce qui Ă©toit souvent la mĂŞme chose, de tenir leur assemblĂ©e auprès du sang (ou super sanguinem, Levitique 19,26), ou de manger autour d'une fosse arrosĂ©e du sang des victimes, d'employer l'Ă©pĂ©e dans ces sacrifices mortuaires pour se dĂ©barrasser des âmes qu'on ne vouloit pas Ă©voquer, est attestĂ© dans le reproche que le ProphĂ©te EzĂ©chiel fait aux HĂ©breux d'avoir mangĂ© les chairs de leurs sacrifices auprès du sang qu'ils ont rĂ©pandu, et d'avoir eu auprès d'eux leur Ă©pĂ©e dans ce repas abominable (Ez. 33:25 et 26). Homère, plus ancien qu'EzĂ©chiel, nous montre les mĂŞmes pratiques parmi les Occidentaux et devient ici le commentateur de l'Ecriture. Ulysse voulant interroger sur son retour en Itaque l'âme de TirĂ©sias qui passoit pour ĂŞtre tout autrement illuminĂ©e que le reste des morts, commence par rĂ©pandre dans une fosse du miel, du vin, de l'eau, et de la farine, en l'honneur du commun des ombres, afin qu'en s'exercant Ă  l'Ă©cart, elles lui laissent le champ libre : puis il fait ailleurs une autre fosse oĂą il verse spĂ©cialement en l'honneur de TirĂ©sias le sang d'une victime choisie. Il se tient ensuite sur le sang, ou auprès de ce sang, l'Ă©pĂ©e Ă  la main. Il dissipe les ombres lĂ©gères qui en Ă©toient avides, et empĂŞche qu'elles n'en goutent avant qu'il ait consultĂ© TirĂ©sias. Cette âme nommĂ©ment Ă©voquĂ©e arrive enfin ; elle prie le hĂ©ros de s'Ă©loigner de la fosse, et d'Ă´ter son Ă©pĂ©e dont la vue l'Ă©pouvante, afin qu'elle puisse boire le sang versĂ© en son honneur, et ensuite apprendre Ă  Ulysse la vĂ©ritĂ© qui l'intĂ©resse (NoĂ«l Antoine Pluche, Histoire du ciel, ou l'on recherche l'origine de l'idolatrie, et les mĂ©prises de la philosophie, sur la formation des corps cĂ©lestes, et de toute la nature, Tome 1, 1788 - books.google.fr).

 

On parle des "mammelles" de Tirésias comme on a vu celles de saint Paul à Malte (Lucien, Les oeuvres illustrees d'annotations et de maximes politiaues par-J. Baudoin, 1621 - books.google.fr).

 

"estrennes" d'estreignement : action de serrer selon Fontbrune (Nostradamus historien et prophète, p. 385).

 

Du mot strenua, force, on fit le mot strene, étrennes (Le chanteur parisien: recueil des chansons de L.A. Pitou, Volumes 1 à 2, 1808  - books.google.fr).

 

Ezéchiel 33,28 : Je ferai du pays une solitude désolée, et l'orgueil de sa force prendra fin.

 

Frédéric Barberousse mort-vivant

 

Il faut mentionner les légendes millénaristes relatives au «roi caché» dont la mort était mise en doute, à l'empereur des Derniers Jours dont retour salvateur ou la réincarnation dans un nouveau souverain étaient ardemment attendus. Ainsi, dès la mort subite de l'empereur Frédéric Barberousse au cours de la croisade de 1190, des prophéties commencèrent-elles à circuler. Et quand Frédéric II devint empereur trente ans plus tard, les milieux joachimites et le parti impérial hostiles au pontife romain virent en lui l'empereur des Derniers Jours (Jean-Claude Schmitt, Les revenants: les vivants et les morts dans la société médiévale, 1994 - books.google.fr).

 

Le souvenir de Frédéric Barberousse a été très vite présent dans des légendes. La littérature polémique, qui s'était développée à l'époque de la lutte entre le Sacerdoce et l'Empire dans les années 1160-1170, avait présenté Frédéric ou comme un souverain juste ou comme un tyran selon les camps d'où elle provenait. Son personnage a été très vite assimilé à l'empereur des derniers jours et à la figure de l'Antéchrist. Le Ludus de Antichristo rédigé à l'abbaye de Tegernsee, avait célébré la gloire de la famille Staufen, et déjà y apparaissait l'idée qu'à la fin des temps, alors que tous les hommes seraient rassemblés contre l'Antéchrist, un empereur allemand, un Frédéric, viendrait présider la réunion (Pierre Racine, Frédéric Barberousse: 1152-1190, 2009 - books.google.fr).

 

Les rois mages sont fêtés le 6 janvier. Leurs reliques ont été déplacées de Milan à Cologne par Frédéric Barberousse après le siège de la ville en 1162.

 

Befana est évidemment une corruption de Befania, Epifania Épiphanie, veut dire marionnette, fantôme. On appelle Befana un mannequin habillé de haillons qu'on promène en Italie, la nuit de l'Épiphanie et qu'on s'amuse à suspendre aux fenêtres le jour même de la fête. Cet usage a presque complétement disparu (Alphonse Chabot, Noël dans les pays étrangers, 1906 - books.google.fr).

 

"estrennes"

 

Quelques jours après les fêtes des Saturnales et des Sigillaria, venoient les Etrennes, Strenae, qui se donnoient au commencement de l'année et du mois de Janvier: Kalendas anni auspices quibus recursus mensium aperitur, impertiendis strenis dicavit Antiquitas, dit Symmaque, 1. X, Epistol. 20. Les empereurs romains en recevoient de leurs sujets ce jour-là et leur en rendoient. Mais l'empereur Tibère importuné de la foule de ceux qui venoient lui en offrir pendant tout le mois de Janvier, n'ayant pas eu le loisir ou la commodité de les lui présenter le premier jour, fit un édit pour défendre les Etrennes, hors le premier jour de l'an. Strenarum commercium prohibuit edicto, ne ultrà calendas januarias exerceretur. Sueton, in Tiberio, c. 34. Dio. 1. LVIII. (Augustin Calmet, Origine de la cérémonie des roy-boit, Deuxième Série, Volume 2, 1877 - books.google.fr).

 

Estrene : de estrine, redevance qu'on exigeoit sous le nom de présens, comme les épices des juges ; cadeau que l'on fait le premier jour de l'an; strena.

 

En l'an qu'au mercredi enterront les estraines,

Floriront bien li arbre, més les flors seront vaines,

Et sera granz yvers et granz noif Ă  la fin :

Bon seront li forment, et bon seron li vin.

Hommes gaaingneront et fames à plenté,

Mès assez en morra quant vendra en esté.

Fièvres seront mult fors, durement ventera;

De forment sera peu : cel an bien se vendra.

 

En l'an que au juesdi les estrines seront,

Sera moult fort yver et grant glaces seront,

Et sechiéra yvers, nequedent en la fin durement negera.

Estez ert atrempez, bones seront avaines,

Huile, vins et léuns sera assez et pomines;

En autoinnc plouvera; li flueve isteront fors;

Enfers seront plusors en ames et en cors;

De vin, de miel chierté et plenté de farine

Et en esté sera sus les pors la marine. (Fab. du Dit d'Ezéchiel).

 

ESTRIE : Fantôme, spectre, sorcière (Jean-Baptiste-Bonaventure de Roquefort, Glossaire de la langue romane, rédigé d'après les manuscrits de la Bibliothèque Impériale, et d'après ce qui a été imprimé de plus complet en ce genre, Tome 1, 1808 - books.google.fr).

 

Le Dit d'Ezechiel est un fabliau du XIIIe ou XIVe siècle en 7 strophes déclinant des prévisions météorologiques selon le jour de la semaine qui débute le mois de janvier.

 

Le poème est introduit par une présentation du prophète qui en fait un astrologue :

 

En terre de labor et de promission,

Ot jadis .i. preudomine Ézéchiel ot non.

Sages hom fu du siècle et de la loi devine;

Mult ama Dame Dieu et la seue doctrine.

Dès qu'il erroit par terre, levoit toz jors matin,

Et aloit Ă  l'escole por aprendre latin.

Après aprist des ars, et la loi des auctors,

Les signes des estoiles encerchoit et les cours.

Tant lut et entendi de toutes escriptures,

Qu'il savoit et disoit du tens les aventures.

Il nous aprist .j. livre qu'on apele les Anz;

Qui croire le voudroit toz dis seroit mananz.

 

Le 1er janvier 1184 est un dimanche. La strophe du dimanche est celle-ci :

 

Cel livre qu'il escrit nous demonstre et ensaingne

Que cel an que Jenviers entre par diemenche,

Pou sera de forment et pou sera de vin,

Et de l'uile et de miel et ensement de lin.

Li cortil feront fruit se il ne sont gasté :

De toz leuns sera, fors fèves, à plenté.

A l'issue d'yver seront glaces et vent,

Et au chief de l'esté plouvera durement,

Du fain sera assez et de l'erbe à plenté,

Ne jà n'auront nul mal por les pluies li blé;

Li prince se restront et troubleront les terres,

Batailles, larrecins seront et maintes guerres. (Achille Jubinal, Jongleurs et trouvères: ou, Choix de saluts, épîtres, rêveries et autres pièces légères des XIIIe et XIVe siècles, 1835 - books.google.fr).

 

La version latine de ce fabliau se trouve dans un manuscrit conservé à Leyde ayant fait partie de la bibliothèque de Paul Pétau et dont l’écriture peut remonter au XIVe siècle. Il constitue la première page d'un recueil de prophéties dont la suite était sur des feuillets perdus (Léopold Delisle, Mélanges de paléographie et de bibliographie, 1880 - books.google.fr).

 

Ezechiel 1184

 

Les voix cĂ©lestes ont impĂ©rieusement et obstinĂ©ment tracĂ© son rĂ´le Ă  Joachim de Flore. Il doit annoncer qu'il se fait tard dans le temps et appeler les hommes au repentir. Voici bientĂ´t trente ans qu'il a vu le livre de l'Apocalypse ouvert devant lui et qu'a-t-il fait ? Il entend avec angoisse retentir Ă  ses oreilles les menaçantes paroles que le Seigneur adressait Ă  EzĂ©chiel «Fils d'homme, je t'Ă©tablis comme sentinelle de la maison d'IsraĂ«l... Si je dis au mĂ©chant «tu mourras certainement» et que tu ne l'avertisses pas et que tu ne parles pas pour le dĂ©tourner de sa voie mauvaise afin qu'il vive, ce mĂ©chant mourra dans son iniquitĂ© et moi je redemanderai son sang de ta main.» En 1189, Joachim va demander la solution de son cas de conscience au pape Lucius III, Ă  Velletri oĂą ce pontife malchanceux s'est rĂ©fugiĂ©. Son prĂ©dĂ©cesseur Lucius II est mort Ă  la tĂŞte de son annĂ©e en tentant de reconquĂ©rir Rome rĂ©voltĂ©e. Certes Arnaud de Brescia, traĂ®treusement livrĂ© par Barberousse, a payĂ© son audace sacrilège. Mais voilĂ  que les Romains, dĂ©jĂ  oublieux de la trahison, ont appelĂ© Barberousse Ă  l'aide contre le pape ! Lucius III est un vieillard malicieux et obstinĂ©. Il a toujours vĂ©cu pour l'appareil de l'Eglise et dans cet appareil auquel il doit sa formation, sa carrière, ses raisons de vivre, ce qui ne peut manquer d'entraĂ®ner une manière assez particulière de comprendre l'histoire. Son pouvoir temporel est gravement menacĂ© : Ă  ses yeux c'est dĂ©jĂ  la fin du monde. Joachim obtient des dispenses du pape Lucius III qui meurt en 1185, puis de son successeur Urbain III, pour se consacrer Ă  l'Ă©tude. Il Ă©crit son premier ouvrage : Le PsaltĂ©rion Ă  dix cordes, axe de sa conception cyclique et trinitaire de l'histoire.

 

Cette structure trinitaire doit se retrouver partout et particulièrement l'Histoire qui est la révélation progressive de la Trinité. Elle est rythmée en trois phases. Dans la première le Père seul se révèle et annonce le Fils, dans la deuxième le Fils se révèle et annonce l'Esprit, dans la troisième, l'Esprit doit se révéler. A l'intérieur de ce rythme ternaire fondamental, chaque étape est scandée selon une division septenaire, qui correspond aux sept jours de la Création, aux sept afflictions d'Israël, aux sept sceaux de l'Apocalypse, aux sept notes de la gamme, qui doivent se répercuter sur les dix cordes du psaltérion trinitaire. On obtient ainsi une période de 3 = 7 = 10 = 210 ans, divisée en sept «générations» trentenaires, subdivisées en décades. A l'aide de ces rythmes fondamentaux, on construira une échelle temporelle qui permettra d'interpréter le passé et de prévoir l'avenir, en comparant entre eux l'Ancien Testament, les Evangiles et l'Apocalypse, au moyen d'analogies jouant sur les trois plans du sens littéral, du sens allégorique et du sens mystique ; correspondant, cela va de soi, à l'instrument, au psaume et à la musique ; au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Au sens littéral, les analogies se répondent ordre pour ordre, temps pour temps, homme pour homme, cité pour cité. Au sens allégorique, le plus petit est analogue au plus grand, le jour à l'année, l'homme à la lignée, la cité au peuple, etc. Ces deux sens sont également applicables à l'Histoire. Le troisième, mystique ou spirituel, concerne les structures a-temporelles, transcendantes à l'Histoire qui constituent la «vérité» ultime de son déroulement mais ne sont pas entraînées par celui-ci, puisqu'elles en constituent le moteur immobile (Sophie de Sède, Gérard de Sède, La Sainte-Chapelle et la politique de la fin des temps, 1972 - books.google.fr).

 

On retrouve la structure septénaire de la semaine dans le fabliau d'Ezéchiel.

 

Qui est ce "Ie" qui "pleure" ?

 

Si l'abbé de Clairvaux était le seul parmi les Pères de l'Église à avoir considéré la lamentation d'Ézéchiel contre le roi de Tyr comme s'appliquant à Lucifer, la preuve serait faite que Dante a étudié directement le De gradibus humilitatis et superbiae, et que ce n'est pas seulement à travers la Somme théologique de saint Thomas d'Aquin qu'il s'est inspiré du traité de saint Bernard pour en faire l'application aux exemples d'orgueil puni de son Purgatoire. Malheureusement, il n'en est rien, et la lamentation d'Ézéchiel a reçu ailleurs la même interprétation. Le poète a pu, en particulier, la trouver dans la Somme où, pour ne citer qu'un seul passage, il est dit que les paroles du Prophète : Tu as été dans les délices du paradis de Dieu, "ont été adressées au diable en la personne du roi de Tyr" (Alexandre Masseron, Dante et saint Bernard, 1953 - books.google.fr).

 

Ezechiel (VIII,11) parle des pleureuses du culte d'Adonis auquel Cicéron marie la déesse "Astartré, Vénus syrienne, né de la ville de Tyr" (Supplément à l'Histoire critique des dogmes et des cultes, &c. ou dissertation par lettres de Monsieur Cuper, bourguemestre de Deventer, ci-devant député aux Etats généraux par la Province d'Overyssel, sur quelques passages du livre de Monsr. Jurieu, 1704 - books.google.fr).

 

"Nisse" : Nyssa, Niš (Nisch) en Serbie

 

Stefan Nemanja, en français Étienne Némania (né vers 1113 ou 1114 - mort le 13 février 1199), était un souverain de la principauté médiévale serbe de Rascie à partir de 1166, fondateur de la dynastie des Nemanjic. Durant son règne, il unifia les principales principautés serbes et acquit une large autonomie. En 1183, Nemanja décida de participer aux côtés de la Hongrie à une guerre contre l'Empire grec. En effet, Manuel Ier Comnène était décédé en 1180, Nemanja n'est plus lié à sa promesse envers le nouvel Empereur byzantin, Alexis II Comnène. Les deux armées occupèrent, au profit de la Serbie, la ville et la région de Niš. Les Grecs étaient en déroute, mais devant les portes de Sofia le Roi de Hongrie Béla III fut renversé par des manœuvres diplomatiques et financières par Constantinople. Nemanja continue alors seul la guerre contre Byzance, il ne visa Sofia, mais poursuivit son objectif d'unir les terres serbes, il s'emparera des régions autour de la ville de Vranje, toute la vallée de la Morava sur les deux rives, du Kosovo, de Hvosno et Lab que l'on appelle aujourd'hui la Métochie (fr.wikipedia.org - Stefan Nemanja).

 

Nyssa et la troisième croisade

 

Guillaume (mort en 1191 ou 1193), archevêque de Tyr, avait quitté l'Orient pour venir en Europe solliciter les secours des princes chrétiens; il fut chargé par le pape de prêcher la guerre sainte. Guillaume était plus habile, plus éloquent qu'Héraclius, qui l'avait précédé dans cette mission, et surtout plus digne, par ses vertus, d'être l'interprète des chrétiens et de parler au nom de Jésus-Christ. Après avoir enflammé le zèle des peuples d'Italie, il se rendit en France, et se trouva dans une assemblée convoquée près de Gisors par Henri II, roi d'Angleterre, et le roi de France, Philippe-Auguste. A l'arrivée de Guillaume de Tyr, ces deux rois, qui se faisaient la guerre pour le Vexin, avaient déposé les armes; les plus braves guerriers de la France et de l'Angleterre, réunis par les périls de leurs frères d'Orient, s'étaient rendus à l'assemblée où l'on devait s'occuper de la délivrance des saints lieux. Guillaume y fut accueilli avec enthousiasme, et lut, à haute voix, devant les princes et les chevaliers, une relation des derniers désastres de Jérusalem. Après cette lecture, qui arracha des larmes à tous les assistants, le pieux envoyé exhorta les fidèles à prendre la croix. [...]

 

Après la conférence de Gisors, l'archevêque de Tyr s'était rendu en Allemagne pour solliciter Frédéric Barberousse de prendre la croix. Ce prince avait signalé sa valeur dans quarante batailles; un règne long et fortuné avait illustré son nom; mais son siècle ne connaissait de véritable gloire que celle qu'on allait chercher en Asie. Il voulut mériter les éloges de ses pieux contemporains, et prit les armes pour la délivrance de la terre sainte; il fut sans doute entraîné aussi par les scrupules que lui avaient laissés ses démêlés avec le pape et par l'envie d'achever sa réconciliation avec le Saint-Siège.

 

Ce fut en entrant dans la Bulgarie que les croisés commencèrent à éprouver les misères du saint pèlerinage; les Blaques, les Serviens, les Bulgares et les Grecs incommodaient l'armée chrétienne. La difficulté des chemins fit partager en quatre corps les troupes allemandes. Les barbares lançaient des traits empoisonnés sur les croisés qui s'écartaient; plusieurs pèlerins perdirent la vie, furent blessés ou dépouillés. Frédéric tendit des embûches aux ennemis comme à des animaux sauvages; «ceux qui tombèrent entre nos mains, dit une relation contemporaine, furent pendus à des arbres le long de la route, la tête en bas, comme des chiens immondes ou des loups rapaces.» Pour se venger, les Bulgares déterraient les croisés qui mouraient de maladie et pendaient aux arbres ces morts enlevés à leurs tombeaux. Tantôt les brigands se tenaient cachés dans les chênes ou les sapins touffus et lançaient leurs flèches, tantôt ils faisaient rouler des rocs du haut des montagnes. Quand les chrétiens arrivaient dans des pays habités, tout le monde avait fui; on avait détruit les moulins, enlevé les vivres. Au milieu de cette guerre singulière, les fils du duc de Brandéis et d'autres seigneurs de la Servie et de la Rascie vinrent saluer l'empereur Frédéric à Nyssa, et lui offrirent de l'orge, de la farine, des moutons et des boufs; parmi leurs autres présents on remarquait des veaux marins ou phoques, un sanglier apprivoisé, trois cerfs vivants aussi apprivoisés; ils distribuèrent à chacun des princes et seigneurs teutons des provisions en vin et en bétail. Ils étaient venus, disent les chroniques, pour proposer le secours de leurs armes à Frédéric, s'il voulait combattre Isaac. Dans une guerre contre Byzance, les Bulgares accoutumés à la rapine auraient pillé les Grecs; mais, comme l'empereur d'Allemagne persistait dans son entreprise de la guerre sainte, ils n'avaient plus d'autre parti à prendre que d'attaquer et de dépouiller les pèlerins. Les brigandages continuèrent donc toujours, et les attaques étaient vives et cruelles dans les défilés et les vallées profondes. Les Hongrois et les Bohémiens ouvraient un chemin dans les forêts avec la hache et la flamme; enfin on arriva aux portes de Saint-Basile, dernier défilé de la Bulgarie. Là des soldats grecs réunis aux Bulgares se préparaient à disputer le passage aux pèlerins; mais, à la vue de la cavalerie allemande couverte de fer, ils prirent la fuite. L'armée chrétienne arriva au mois de septembre sous les murs de Philippopolis (Joseph Fr. Michaud, Histoire des croisades, Tome 2, 1867 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Troisième croisade).

 

On trouve dans les récits de Guillaume de Tyr Virgile cité à côté d'Ézéchiel «au milieu de la mer», Juvénal avec Isaïe pour célébrer sa ville (Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France depuis la fondation de la monarchie française jusq'au 13e siècle: Histoire des croisades : tome II par Guillaume de Tyr, Volume 18, 1824 - books.google.fr).

 

Acrostiche : ISLF, Isleif (Islaf)

 

Isleif (1056-1080) est le premier évêque d'Islande qui avait son siège à Skalaholt ordonné par Albert de Brême en 1056. Son fils Gizur (1082-1118) lui succède (Revue historique, Volume 13, 1880 - books.google.fr).

 

En 1184 accède au pouvoir le roi Sverre en Norvège.

 

Sverre prenait soin de faire consigner ses décisions et il chargea les Skaldes islandais de relater le destin des rois précédents dans des Sagas en prose, et de langue norvégienne. Ce fut le travail de Snorre Turleson «Heimskringlasaga» en seize chants épiques. Avant de mourir, le 9 mars 1202, Sverre Sigurdson, recommanda à son successeur, Haakon Haakonsøn, de s'entendre avec l'église (René Guichard, Les Vikings, créateurs d'États: Islande et Norvège; découvreurs de nouveaux mondes: Érik le Rouge au Groenland en l'an 982, Leif l'Heureux au Vinland en l'an 1000, 1972 - books.google.fr).

 

Sverre et Frédéric Barberousse furent tous les deux en but avec les empiètements de l'Eglise sur leur pouvoir.

 

Le Marseillais Pythéas aurait atteint l'Islande vers -330, au temps d'Alexandre le Grand (Claude-Michel Viry, Guide historique des classifications de savoirs: enseignement, encyclopédies, bibliothèques, 2013 - books.google.fr).

 

Fabre (Etude sur Pythéas le Massaliote et l'époque de ses travaux, 1975) considère que le récit de Pythéas a pu être connu dans les années qui précédèrent la prise de Tyr par Alexandre le Grand en 332. Il fonde son argumentation sur un passage du roman Les merveilles incroyables d'au-delà de Thulé d'Antonius Diogène à propos du récit de Balagros selon lequel, quand Tyr fut prise par Alexandre, un soldat trouva les tombeaux des héros qui avaient découvert Thulé (Dictionnaire des philosophes antiques, Volume 5, Partie 2, 1989 - books.google.fr).

 

En 1188, Saladin, victorieux de Jérusalem et de toute la Palestine, l'assiégea par mer et par terre et la mit à deux doigts de sa ruine, mais les chrétiens firent des efforts miraculeux, et après avoir brûlé la flotte donnèrent la chasse å son armée de terre. Les historiens nous apprennent que deux ans après cette victoire, l'empereur Frédéric Barberousse (qui se noya au passage d'une rivière, son cheval l'ayant jeté dans l'eau, et se trouvant surchargé de ses armes), fut enseveli dans l'église cathédrale de Tyr, où l'on voyait encore le sépulcre d'Origène, enterré neuf cent quarante ans auparavant, dans l'église appelée du Saint Sépulcre, tout embelli de colonnes de marbre, revêtu d'or et de pierres précieuses. Après tant de sièges, fallait-il que l'an 1289, Tyr fût reprise après un siège de trois mois et se rendît aux Sarrasins, et qu'ensuite de ce malheur elle tombât entre les mains des Turcs qui l'ont laissée entièrement périr ?

 

Le prophète Ézéchiel (XXVII) parle de cette ville, située au cœur de la mer, comme d'un navire enrichi par toutes les plus illustres nations du monde, qui contribuaient à sa beauté et à ses ornements (Joseph Besson, La Syrie et la terre sainte au XVIIe siècle, 1862 - books.google.fr).

 

Ézéchiel 26,15 : Ainsi parle à Tyr le Seigneur, l'Eternel: Au bruit de ta chute, Quand les mourants gémissent, Quand le carnage est dans ton sein, Les îles tremblent (saintebible.com).

 

Le cadavre de Frédéric Barberousse ayant été transporté à Antioche, les Allemands le firent bouillir afin de séparer les chairs des os et placèrent le cerveau et les viscères dans l'église d'Antioche, devant l'autel de saint Pierre, tandis que le squelette fut apporté à Tyr. Quelques historiens pensent, à tort, que Barberousse s'est noyé, près de cette dernière ville, en passant le Nahr Kasimiyèh (Louis Lortet, La Syrie d'adjourd'hui: voyages dans la Phénicie, le Liban, et la Judée, 1875-1880, 1884 - books.google.fr).

 

Le SĂ©lef (autrefois Cydnus) traverse les vallons du Taurus de l'ouest Ă  l'est, et se jette dans la mer de Cilicie.

 

Typhon (ou Typhée), dans la mythologie grecque, responsable du volcanisme, des tremblements de terre et des vents violents, est le fils que la terre a enfanté avec le Tartare après que Zeus eût chassé les Titans ou après la mort des Géants, tués par Zeus lors de la Gigantomachie. Typhon est cilicien; Homère dit qu'il habite le pays des Arimes, dont l'une des localisations selon Strabon est une région proche de Séleucie; en tout cas, son antre est une grotte dans le Taurus (Patricia Gaillard-Seux, Portraits d'empereurs dans l'Histoire Auguste, L’historiographie tardo-antique et la transmission des savoirs, 2015) : cf. quatrain IX, 83 - Typhon - 2164-2165.

 

Envoyer du bois

 

Les Runiques Calendriers en usage dans les pays du nord, étaient gravés sur du bois en forme de sabre ou de bâton de cérémonie avec les caractères Runiques. On l'appelait Rimstok ou Primstaf, du nom Islandais RIM, calendrier, et PRIM, une nouvelle lune; les terminaisons de ces mots veulent dire bâton. Ces caractères étaient de différentes formes et d'un travail plus ou moins soigné, suivant les idées ou le goût des propriétaires ; mais il est évident qu'ils ont été encore en usage depuis que le Christianisme fut introduit dans le nord vers le 10e. siècle à cause de différentes lignes ou caractères qui indiquent les fêtes et jeûnes, les nombres d'or, les lettres dominicales, épactes, etc. La coutume de conserver les registres ainsi écrits ou gravés, est de la plus haute antiquité. Il y a une référence à cette coutume dans le livre d'Ezéchiel, ou il y a dans le livre d'Ezéchiel (XXXXII,16-20) quelques vers qui ressemblent beaucoup à ces bâtons runiques (Jens Wolff, Runakefli: le runic rim-stok, ou calendrier runique, auquel est ajoutée une ode tirée de l'Edda Sæmundar, appelée Thryms-quida, 1820 - books.google.fr).

 

On remarque l’homograhie du dieu scandinave Tyr et de la ville libanaise.

 

Le premier endroit de l'histoire romaine qui nous apprend la coutume des Ă©trennes, est de Symmachus, auteur ancien, qui nous dit (Lib. X, epist. 28. Strenarum usus adolevit auctoritate Tatii rcgis qui verbenas felicis arboris ex luco Strenia, anni nov. auspices, primus instituit) que l'usage des Ă©trennes fut introduit sous l'autoritĂ© du roi Tabius Sabinus (que Romulus avait appelĂ© Ă  la sociĂ©tĂ© de son règne), qui reçut le premier la verveine du bois sacrĂ© de la dĂ©esse Strenia, pour le bon augure de la nouvelle annĂ©e , soit qu'ils s'imaginassent quelque chose de divin dans la verveine de la mĂŞme façon que nos druides gaulois qui avaient en telle vĂ©nĂ©ration le gui de chĂŞne qu'ils alloient le cueillir avec une serpe d'or le premier jour de l'annĂ©e, soit qu'ils voulussent faire allusion du nom de cette dĂ©esse Strenia , dans le bois de laquelle ils prenaient la verveine, avec le mot de strenuus, qui signifie fort, vaillant, gĂ©nĂ©reux : aussi le mot de strena qui signifie Ă©trenne, se trouve-t-il quelquefois Ă©crit strenua chez les anciens , pour tĂ©moigner, comme ajoute le mĂŞme auteur, que c'Ă©tait proprement aux personnes de valeur et de mĂ©rite qu'Ă©tait destinĂ© ce prĂ©sent, et Ă  ceux dont l'esprit tout divin promettait plus par la vigilarice que par l'instinct d'un heureux augure (Jacob Spon, Dissertation sur l'origine des Ă©trennes (1674), 1828 - books.google.fr).

 

"verbena" désignait communément l'oilvier, le laurier, le myrte, le romarin ou la verveine. Servius s'opposait à ce large usage du mot (Roland Guillot, Aconit et vieilles dentelles, , Le végétal, 1999 - books.google.fr).

 

Un rapprochement peut être fait entre Lamia et la strige et la femme sauvage, et ensuite entre Lamia et pilosus, les bois et les limites-frontières, l’Épiphanie et Befana, la Chasse sauvage et le carnaval (à ses pratiques comme la mort du mannequin de la vieille femme) ainsi qu’à une coutume qui à l’origine comprenait une parade conduite par une déesse. D’ailleurs, grâce à son attachement à la forêt, nous pouvons l’imaginer comme un génie du lieu avec des caractéristiques humaines, une sorte de fée (Stamatios Zochios, Le cauchemar mythique: Etude morphologique de l’oppression nocturne dans les textes médièvaux et les croyances populaires, 2015 - tel.archives-ouvertes.fr).

 

Aigle d'Ezéchiel

 

Les rimes énigmatiques succédèrent aux vers léonins sur les sceaux d'Allemagne. Celui de l'empereur Sigismond en offre un fingulier. On lit au premier côté ; Sigismandus Dei gratiâ romanorum imperatorum semper Augustus ac Hungarie Boemie Dalmacie Croacie Rame Servie Gallicie Lodomerie, Commie Bulgarieque Rex & Lucemburgensis heres. Au contrescel paroit une aigle avec ces rimes mystérieuses :

 

AQUILA EZECHIELIS

SPONSE MISSA EST DE CELIS

VOLAT IPSA SINE META

QUO NEC ALES NEC PROPHETA

EVOLAVIT ALCIUS.

 

Les mêmes rimes environnent l'aigle à deux têtes figurée au revers du sceau de l'Empereur Fréderic iv. Mais on y ajoute les sigles symboliques A. E. I. O. V. L'auteur des rimes fait une allusion manifeste aux deux aigles, dont le Prophète Cap. XVII Ezechiel fait la description, & que les interprètes expliquent des Rois d'Egypte & de Babylone. Mais quel est le but de ces rimes énigmatiques gravées sur les sceaux des deux Empereurs allemans ? Les auteurs du pays, qui semblent avoir mieux expliqué l'énigme, y voient la grandeur de l'Empire d'Occident & l'indéfectibilité de l'Eglise romaine. C'est l'épouse à qui l'aigle est envoyée du ciel pour la conservation & la défense. Persone n'ignore que cet oiseau est le symbole de l'Empire, & que les Empereurs d'Occident portent le titre d'avocats de l'Eglise romaine. L'aigle vole sans interruption, & les Prophètes mêmes ne volent pas plus haut. Cela veut dire que l'Empire durera jusqu'à la fin des siècles, où se termineront toutes les prophéties (Charles François Toustain, René Prosper Tassin, Nouveau Traité De Diplomatique, Où L'On Examine Les Fondemens De Cet Art: On Etablit Des Regles Sur Le Discernement Des Titres, Tome 4, 1759 - books.google.fr).

 

Le premier aigle de d'Ezechiel XVII,3 survole le Liban oĂą se trouve Tyr.

 

1 Et la parole de l’Éternel vint Ă  moi, disant : 2 Fils d’homme, propose une Ă©nigme et prĂ©sente une parabole Ă  la maison d’IsraĂ«l, et dis : 3 Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Un grand aigle, Ă 

grandes ailes, Ă  longues pennes, plein de plumes, qui Ă©tait de couleurs variĂ©es, vint au Liban, et prit la cime d’un cèdre ; 4 il arracha la plus haute de ses jeunes pousses, et la transporta dans un pays de marchands et la mit dans une ville de commerçants (editeurbpc.com).

 

S'inspirant de la tradition biblique, le poète Jean Molinet (1435-1507) dans ses Faitz et ditz assimile le tronc germanique au majestueux cèdre du Liban, symbole de force et de puissance, mais aussi de sagesse et de pérennité. [...] Dans une prophétie d'Ezéchiel (XVII, 3-4, 22-23), le cèdre symbolise en outre la maison royale de David. [...]

 

L'auteur de la Journee de Therouenne entend du reste étayer par des arguments tangibles pareil discours apologétique. La suprématie de l'empereur Frédéric III sur les autres souverains d'obédience chrétienne ressort, à l'en croire, des circonstances spécifiques qui entourèrent son accession à cette éminente dignité. La nature élective de la fonction impériale garantit, au dire de l'écrivain, les qualités politiques de son titulaire, tandis que l'application du seul principe d'hérédité laisse les autres royaumes à la merci d'un descendant inapte à  gouverner. Cette prééminence se manifeste, au demeurant, dans l'attribut essentiel de cette souveraineté : composée tout à la fois d'or, d'argent et de fer, la triple couronne de l'empereur germanique se distingue nettement du simple circulus qui suffit à signifier le pouvoir d'un quelconque roi. Enfin, Frédéric III bénéficia de l'insigne privilège d'être sacré à Rome de propre main papale ; ainsi le poète apprécie-t-il à sa juste valeur la consécration obtenue là par le monarque, qui, investi de son autorité en sa cité principale, s'affirmait en digne héritier des anciens empereurs romains. Semblable apologie d'une souveraineté universelle exercée de plein droit par la couronne germanique pourrait certes surprendre en cette fin du Moyen Age La mort de Frédéric Barberousse avait vu s'effondrer, deux siècles auparavant, la puissance effective du Saint Empire L'on aurait tort, pourtant, comme le souligne B. Guenée, de ne pas apprécier à sa juste valeur la persistance du vieux rêve universaliste chez nombre de penseurs politiques de l'époque (Jean Devaux, Jean Molinet indiciaire bourguignon, 1996 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Jean Molinet).

 

1693

 

Noto est détruite par un tremblement de terre suivi de tsunami en 1693. Louis XIV occupe Nice de 1691 à 1695 prenant le titre de comte de Nice en 1693. Gênes avait été humiliée en 1685 par le roi qui la fait bombarder pour avoir soutenu l'Espagne.

 

Le séisme italien de 1693 suscite une étude sur le désastre du règne de Tibère (en 17 après J.C. 12 villes d'Asie sont détruites), et sur le monument de Pouzzoles qui célèbre la reconstruction par l'empereur (M. Bulifon, Tremblement de terre sous Tibère, Journal des savants, 1694). Les observations sismiques des auteurs grecs sont, elles aussi, citées par exemple celles de Thucydide durant la guerre du Péloponnèse. L'intertextualité des tremblements de terre reste cependant majoritairement romaine, reflétant le déséquilibre entre auteurs grecs et latins qui caractérise la France de la Contre-Réforme. La tradition byzantine est parfois citée, tandis que celle des mondes arabes et ottomans semble ignorée, malgré la richesse de leur culture sismique (Grégory Quenet, Les tremblements de terre aux XVIIe et XVIIIe siècles: la naissance d'un risque, 2005 - books.google.fr).

 

"pleure Nisse" : pleurniche

 

Pleurnicher : 1739 (Caylus, Les Ecosseuses ds OEuvres badines, t.10, p.551). Prob. altĂ©ration, par dissimilation des deux consonnes labiales, du norm. pleurmicher «pleurer pour peu de chose» (L. Du Bois, J. Travers, Gloss. du pat. norm., Caen, A. Haudel, 1586), comp., en vue d'un renforcement expr., de pleurer* et du norm. micher «pleurer, pleurnicher» (att. ds Du Bois, op. cit., Moisy, DumĂ©ril); cf. antĂ©rieurement dans un passage burl. gĂ©neral pleure-miche (ca 1660, Suite du Virgile travesti de Scarron, Ă©d. V. Fournel, livre X, p.364; v. aussi Sain. Sources t.2, p.326 qui imprime Ă  tort pleure-niche). L'orig. du norm. micher n'est pas Ă©lucidĂ©e (www.cnrtl.fr).

 

Peut-ĂŞtre par influence de cornichon : le Grand Cornichon est un personnage des Ecosseuses.

 

"Margot, tu ne pleurnicheras pas toujours" : dans Le Porteur d'eau de Caylus, pièce en un acte qui fait suite aux Ecosseuses publiées après Les Etrennes de la Saint Jean (Les Etrennes de la Saint-Jean, Les écosseuses ou les Oeufs de Pasques, suivis de l'Histoire du Porteur d'eau, 1757 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain suivant X, 61 - Les Goths fédérés – 2222.

 

Typologie

 

Le report de 2221 sur la date pivot 1184 donne 147 ; 1693, 1164 (sous le règne de Barberousse).

 

Antonin le Pieux reçut Ă©galement le titre de «fondateur de la cité» Ă  Éphèse ainsi qu'Ă  Rhodes. Des tremblements de terre s'y Ă©taient produits au dĂ©but des annĂ©es 140 et en Ionie en 147 ou 148. Aelius Aristide avait alors exhortĂ© les Rhodiens Ă  reprendre confiance en leur laissant espĂ©rer l'aide de l'empereur. Cependant, dans le long règne d'Antonin le Pieux et en l'absence d'Ă©lĂ©ments tangibles, il est dĂ©licat d'associer les secours apportĂ©s lors de ces catastrophes avec l'obtention du titre de «fondateur» : les raisons pour dĂ©cerner ce titre pouvaient, comme Ă  l'Ă©poque augustĂ©enne et par la suite encore, concerner le statut des citĂ©s et les droits de leurs sanctuaires les plus prestigieux. Enfin, Aelius Aristide dĂ©crit les empereurs Marc Aurèle et Commode comme des fondateurs (oikistai) de Smyrne pour leur aide après le tremblement de terre de 177 (Anne-ValĂ©rie Pont, L'empereur fondateur, Revue des Ă©tudes grecques, Volume 120, 2007 - books.google.fr).

 

Aelius Aristide nous apprend qu'en 147, effrayées par des tremblements de terre, les deux autres grandes cités de la province d'Asie, Éphèse et Smyrne ne manquèrent pas de consulter l'oracle de Claros (J.-L. Ferrary, Le sanctuaire de Claros à l'époque hellénistique et romaine, Les sanctuaires et leur rayonnement dans le monde méditerranéen de l'antiquité à l'époque moderne, 2010  - books.google.fr).

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