Le mal français

Le mal français

 

X, 44

 

2209-2210

 

Par lors qu'un Roy sera contre les siens,

Natif de Bloys subiuguera Ligures :

Mammel, Cordube & les Dalmatiens,

Des sept puis l'ombre Ă  Roy estrennes & lemures.

 

"Ligures"

 

La ville de Gênes est la capitale de la Ligurie, région aujourd'hui réduite à une partie de l'Italie au bord septentrional de la Méditerranée.

 

Allié au duché de Milan, Charles VIII part de Grenoble et franchit le col de Montgenèvre le 2 septembre 1494. Son projet, à la fois ambitieux et irréaliste consistait, une fois maître du royaume de Naples à entreprendre une nouvelle croisade contre l'Empire ottoman de Bajazet II, dont le but final n'était rien moins que la reconquête de Jérusalem. L'armée française qui pénètre en Italie est composée de la garde rapprochée du roi, formée par deux cents cavaliers, une cavalerie de 1 600 lances, 12 000 fantassins (dont 6 000 Suisses et 3 000 Gascons) et surtout une artillerie de 70 pièces, légères et maniables, tirant des boulets de bronze ou de cuivre à cent coups à l'heure. Les Français avancent rapidement et atteignent la ville d'Asti le 9 septembre. Parallèlement, à Rapallo, près de Gênes, les troupes franco-milanaises commandées par Louis d'Orléans, appuyées par la marine française, mettent en déroute une armée de 5 000 Aragonais, fraîchement débarqués dans le port de Gênes. Victime de la petite vérole, Charles VIII ne peut pénétrer dans Gênes avant le 6 octobre.

 

À la mi-février 1495, le roi Alphonse II de Naples abdique et Ferdinand II lui succède. Ce dernier doit fuir devant l'arrivée des troupes françaises le 22 février 1495. Des nobles italiens, nostalgiques de la période angevine et convaincus de la justesse des prétentions de Charles VIII se rallient à lui avec leurs hommes d'armes (lavorata…) et agissent en condottieres. Ils se contentent de la solde du roi (8 d. pour un chevalier). L'occupation militaire de Naples est l'occasion pour de nombreux soldats de contracter un mal alors inconnu : la syphilis (fr.wikipedia.org - Guerres d'Italie).

 

Louis d'Orléans est le futur Louis XII, né le 27 juin 1462 au château de Blois et mort le 1er janvier 1515 à Paris, surnommé le «Père du peuple» par les états généraux de 1506, est roi de France de 1498 à 1515. Durant son règne, il se lance dans les guerres d'Italie, notamment la troisième et la quatrième et, au plan intérieur, la réforme de la justice et des impôts. Son image fut cultivée après sa mort comme symbole d'une monarchie modérée, s'appuyant sur les états généraux, par contraste avec la monarchie absolue (fr.wikipedia.org - Louis XII).

 

"Roy qui sera contre les siens"

 

Alphonse II d'Aragon, né en 1448, mort en 1495, prince de Capoue et duc de Calabre, puis roi de Naples (1494-1495).

 

Le roi Charles VIII de France, héritier de René Ier de Naples, revendiqua le royaume de Naples qu'Alphonse V d'Aragon, le grand-père d'Alphonse II, avait conquis sur René Ier. Appelé par le vœu de la plupart des Napolitains, Charles VIII envahit le royaume de Naples qui abandonna son projet devant l'hostilité des autres États italiens et repassa en France. Alphonse, abandonné par Doria (1494), ses alliés, et mal secondé par ses sujets dont il s'était aliéné la sympathie par ses vices, abdiqua le 23 janvier 1495 en faveur de son fils Ferdinand II. Il quitta Naples pour se retirer en Sicile, et mourut peu après, en novembre 1495. L'humaniste Antonio De Ferrariis, médecin à sa cour, compose à sa mort l’Antonius Galateus medicus in Alphonsum regem epitaphium (1495) (fr.wikipedia.org - Alphonse II de Naples).

 

Antonio De Ferrariis, parfois écrit De Ferraris ou De Ferrari, dit le Galateo1, né à Galatone (province de Lecce, Italie) vers 1445 et mort à Lecce le 12 novembre 1517, est un médecin et humaniste italien. Il a écrit, en latin, sous le nom d’Antonius Galateus (medicus) de nombreuses œuvres de caractère historique, philosophique et moral, littéraire ou médical, souvent dédiées à de grands personnages de son temps (fr.wikipedia.org - Antonio De Ferrariis).

 

Epidémie

 

Mammel (Memel autrefois en Prusse), Cordube (Cordoue) et Dalmatiens (ancienne Yougoslavie) font parcourir l’Europe comme une épidémie qui séviot en cette fin de XVème siècle.

 

Quand on veut se rendre compte de l'état sanitaire de l'Italie à la fin du XVe siècle, on est frappé au premier abord du concours de circonstances spéciales qui se réunirent en particulier dans la haute Italie jusqu'à Rome, pour donner lieu aux maladies épidémiques que déterminent les grandes variations atmosphériques et la présence d'une grande réunion d'hommes assujettis aux fatigues, aux privations de la guerre ou aux misères de l'exil. Pendant trente années tout un monde de soldats de toutes les nations passa sur ce malheureux pays et ne contribua pas peu à l'extension et à la dissémination des maladies contagieuses qui s'y développèrent. Tour à tour ce fut une sorte de pleurésie qui ravagea la Péninsule, puis le typhus, des ophthalmies contagieuses, une peste bovine, et une foule d'affections qui déterminaient une mortalité effrayante et que les écrivains englobent sous la dénomination générale de pestes. En 1492, depuis le commencement de l'année, une peste dépeuplait Rome, au mois de décembre des pluies torrentielles firent déborder le Tibre de plus de 12 brasses, chaque maison devint une île, les barques naviguaient dans les rues à la hauteur des fenêtres. Le Rheno inonda de même les environs de Bologne, le Pô à Mantoue et à Ferrare, l'Adige dans la Vénétie, après avoir couvert la terre pendant plusieurs jours, laissèrent en se retirant un limon qui se putréfia et fit pourrir les moissons qui avaient déjà poussé des racines. Une autre circonstance fâcheuse se surajouta à celles-ci. Les Maranes venaient d'être vaincus, ordre leur fut donné de sortir d'Espagne sous peine des plus affreux supplices : 80,000 hommes de cette malheureuse nation gagnèrent l'Afrique, le Portugal, la France et surtout l'Italie. Dépouillés de tous leurs biens, privés de tous secours, il en mourait des milliers sur les routes, et selon Nauclerc il en périt delà sorte 30,000. Nous voyons, dit P. Martyre, «ces misérables vaincus affaiblis par une guerre perpétuelle, assaillis par la famine, atteints de toute sorte de maux, pris en route d'une fièvre pestilentielle due aux fatigues et aux intempéries.» En Italie, ils vinrent camper près de Rome, en dehors de la porte Appienne. La maladie dont ils étaient atteints se répandit rapidement dans la ville et y causa les plus grands ravages; les personnages les plus éminents en furent pris et en moururent. On la désigna sous le nom de peste des Maranes. Elle dura plus d'une année, car elle y existait encore au mois d'avril 1494. Quel était donc cette affection ? Aucun médecin ne nous en a laissé la description, et il est bien a regretter que Léon l'Hébreux qui accompagnait ces fugitifs, ne nous en ait pas donné la relation. Il faut s'en rapporter aux historiens, aussi on ne peut rien affirmer de précis à son sujet, les descriptions sont trop vagues, ou trop exagérées pour en pouvoir rien conclure. Elle se manifestait par des pustules purulentes du volume d'un gros lupin, répandues sur la surface du corps, par une démangeaison généralisée dans tous les membres, des douleurs vives, une fièvre violente, puis des croûtes et des tubercules. Cette maladie commençait par les organes génitaux des femmes et le gland des hommes; bien plus, chez ceux qui se croyaient guéris on la voyait récidiver et répulluler comme au début; chez les vieillards elle était incurable. Cette peste était venue d'Ethiopie d'abord en Espagne, était passée en Italie et en peu de temps avait envahi toute l'Europe. Elle tourmentait fortement les jointures de quelques malades, d'autres étaient pris d'ulcères qui les corrodaient à la façon de là gangrène. Mais ce qui fut étonnant c'est que la violence de sa contagion se manifestait surtout aux organes génitaux après la cohabitation. - Cette affection contagieuse qui se rapprochait de la morve par ses terribles symptômes et de la syphilis par son mode de transmission, n'était pas bornée à la ville de Rome, car les descriptions qui précèdent appartiennent surtout à un jurisconsulte de Brescia et à un Génois. En janvier 1494 elle était à Venise, on y vivait dans une grande anxiété, on craignait que la ville qui, pendant plusieurs années, avait échappé à celte contagion n'en fût atteinte cette année-là. Déjà on répandait le brait que quelques hommes étaient morts de cette peste, et cette nouvelle avait causé la plus grande terreur. Un peu plus tard, dans la même ville, les esprits sont encore plus troublés, le roi de France menace l'Italie et on craint qu'une si grande multitude de Français, se précipitant sur le pays, n'achève de vicier ce qui est à peine indemne de la maladie. Nous voyous cette dernière se développer en même temps en Allemagne et parcourir les bords du Rhin, la Franconie, la Bavière et la Suisse vers le mois d'août 1494. Ces indications sont appuyées par les suivantes : «Une peste misérable et lugubre commença à cette époque d'abord eu Westphalie, dans la ville d'Osenbruge (1494), puis à Brème et à Hambourg et se répandit dans les provinces. Elle sévit tellement, en 1496, dans les Etats de Lubeck, de Wismaria, de Rostock, du Sund, de Gripeswald, d'Anclam, en Dacie, en Poméranie, en Prusse, en Saxe, que la plume se refuse à raconter ses ravages, beaucoup de jeunes gens périrent et une grande quantité de citoyens.»

 

Quelques écrivains ont pensé que ces épidémies meurtrières qui régnèrent en différents pays dans les années 1492, 1493, 1494 étaient la syphilis. Je crois qu'ils sont dans l'erreur, car la maladie française n'a jamais présenté l'ensemble de symptômes que j'ai rapportés plus haut et n'a jamais causé une semblable mortalité ; je me fonde pour émettre cette opinion sur les premiers médecins qui l'ont décrite et dont je rapporte les descriptions un peu plus loin. Tout ce qu'on peut dire c'est que, quelques-uns des accidents de la syphilis rendus plus graves par les circonstances concomitantes, ont pu être confondus avec ceux d'une affection épidémique conjointe, donnant plus rapidement la mort, Mais voici des arguments plus positifs, et c'est en s'appuyant sur eux que l'on peut dire que la syphilis était décrite suffisamment dans certains livres avant la guerre d'Italie et que, bien plus ce nom vulgaire de maladie française qu'on lui donnait alors en divers pays ne date pas de l'invasion de Charles VIII, mais lui est certainement antérieur. On a répété à satiété que ce nom était une vengeance des Italiens, qui voulaient ainsi rappeler que cette affection avait été importée chez eux par des Français, cela est faux, cette dénomination a été empruntée par les auteurs contemporains au langage vulgaire, et ils n'en savaient ni la cause, ni l'origine restée inconnue (Charles Renault, La syphilis au XVe siècle, 1868 - books.google.fr).

 

La plupart des médecins et des historiens de la fin du quinzième siècle s'accordent pour signaler l'apparition d'une maladie nouvelle; toutefois ils ne s'entendent ni sur la date ni sur le lieu de sa naissance. Au rapport de Fulgosi (De dictis factisque memorabilibus collect.'Milan, 1509), deux ans avant l'expédition des Français contre les Napolitains, en 1492 par conséquent, le monde fut assailli d'une maladie nouvelle. Pomarus (Chronica der Sachsen und Niedersachsen, t. Il, 1496) témoigne de l'apparition de cette maladie dans la Saxe, en 1493. On lit dans Sprengel (Essai d'une histoire dela Médec., trad. franç. Paris, 1810, t. H, p. 564) : "Au commencement de l'été 1493, cette maladie (nouvelle) était déjà en Auvergne, et, à la même époque, en Lombardie. Dans l'été de 1493, elle se manifesta à Halle, dans la marche de Brandebourg, à Brunswick et dans le Mecklembourg." Sciphover (Chronica Archicomit. Oldenbury, dans Meibomius, Script, rerum Gerrnan., t. II, p. 188.) rapporte qu'elle éclata en 1494 dans la Westphalie, d'où elle ne tarda pas à se répandre sur les côtes de la mer Baltique, en Poméranie et en Prusse. Suivant Linturius (Append. ad fascicul. tempor. dans Piatorius, Script, rerum Germon., t II, p. 106, 108, 110), elle se manifesta, en 1494, sur les bords du Rhin, en Souabe, en Franconie et en Bavière. Un arrêt du Parlement de Paris, rendu en 1496, prescrit différentes mesures à prendre contre une certaine maladie nommée la grosse vérole, qui, depuis deux ans en çà, a eu grand cours dans ce royaume. Pintor (Rengifo, thèse de Paris, 1863), enfin, raconte, selon Chinchilla, que l'épidémie de syphilis éclata à Rome, au mois de mars 1494, après l'entrée du soleil dans Aries.

 

Sabellicus (M. Cocciua Sabellicus, Rhapsod., Enn., X, lib. IX. Venetiis, in-fol., 1502, Paris, 1509) raconte qu'un nouveau genre de maladie commença à se répandre par toute l'Italie vers la première descente des Français, c'est-à-dire en 1495; - et, pour ce motif probablement, on l'appela mal français. - Après divers tourments, le corps était infesté de pustules qui dégénéraient en ulcères malins, le défiguraient excessivement. Peu de gens en mouraient, eu égard au grand nombre de malades; mais beaucoup moins de malades en guérirent, et non-seulement l'Italie fut affligée de ce fléau, mais encore l'Allemagne, la Dalmatie et toutes les contrées de la Macédoine et de la Grèce. Presque la vingtième partie des hommes éprouva les atteintes de ce mal (Etienne Lancereaux, Traité historique et pratique de la syphilis, 1866 - books.google.fr).

 

"lémures" : fantômes

 

L'historien Guichardin (1483 - 1540), qui n'est pas très-crédule, assure que le médecin du roi de Naples Alphonse II avait plusieurs fois effrayé celui-ci du récit d'une apparition qui l'obsédait chaque fois qu'il voulait prendre du repos. Le fantôme du roi Ferdinand I° se dressait devant lui, et lui ordonnait d'aller dire à son fils Alphonse de ne pas résister et de descendre du trône; tous ces événements arrivant en punition des trahisons et des meurtres qu'ils avaient commis contre leurs barons. Philippe de Comines nous parle de la découverte d'un livre qui annonçait en toutes lettres les événements qui s'accomplissaient alors. C'est, effrayé par ces prédictions, que le roi Alphonse II aurait abdiqué la couronne de Naples en faveur de son fils Ferdinand. En vain voulut-on - le retenir, Alphonse II avait menacé de s'en aller par les fenêtres si on lui fermait la porte. «Les feuilles et les pierres, disait-il, crient : France !» Il n'était pas besoin de recourir aux fantômes et aux prédictions. Philippe de Comines accuse Alphonse II de lâcheté; il a tort. Alphonse avait toujours été brave, et il l'eût été dans cette occasion; mais l'Italie l'abandonnait elle-même, et il l'abandonna. Vaincu, il n'avait aucune consolation à espérer (J. Zeller, Histoire de la chute de l'Italie, Le magasin de librairie littérature, histoire, philosophie, voyages, poésie, théatre, mémoires, 1859 - books.google.fr).

 

"estrennes" : janvier

 

La légende veut qu'un roi sabin offrait autrefois des brins de verveine aux nobles romains en mars, premier mois de l'année en ce temps. Cette verveine poussait dans le temple sacré, en réalité un bosquet, de la déesse Strena. Plus tard, le premier mois de l'année fixé désormais en janvier et cette coutume de bon augure établie, les gens remplacèrent les verveines par des douceurs au miel et. figues. sucrées. La coutume suivit son chemin jusqu'à transformer les offrandes frugales en pièces de bronze d'or et médailles d'argent déposées au pied de l'Empereur et des grands de ce monde pour, au fil des siècles, s'élargir encore jusqu'à devenir nos étrennes où se devine toujours la mystérieuse déesse apportant santé, chance et profits (Richard Ely, Frédérique Devos, Le grand livre des esprits de noël, 2018 - books.google.fr).

 

Ferdinand I, roi de Naples et père d'Alphonse, meurt le 25 janvier 1494. Son fils abdique le 23 janvier 1495 (Dictionnaire de l'art de vérifier les dates, Nouvelle encyclopédie théologique, Tome 49, 1854 - books.google.fr).

 

"Sept"

 

Dans les Sept marchands de Naples (assauoir Laduenturier, Le Religieux, Lescolier, Laveugle, Le Vilageois, Le marchant, Et le Bragard), daté des alentours de 1520, on voit sept personnages de différentes conditions qui se plaignent d'avoir pris le mal de Naples dans cette ville, sans doute lors de la conquête de Charles VIII ou celle de Louis XII. L'auteur, qui s’est peut-être mis en scène parmi ses personnages, parait au reste fort particulièrement irrité contre ce vilain mal, puisqu'il le maudit encore dans deux rondeaux qui précèdent le rondeau final a l'inviolée mère de Dieu. La devise de ce poëte anonyme (qui pourrait être ce Chevalier dit l'Adventurier cité dans le Contreblason) est : Souffrir pour parvenir (Bibliothèque dramatique de Monsieur de Soleinne, Tome 4, 1843 - books.google.fr).

 

Marchans n'a pas ici son sens le plus ordinaire de vendeur, mais, au contraire, celui d'acheteur. Les sept marchands dont on va lire les plaintes sont de pauvres diables qui ont bel et bien pavé de leurs deniers pour acheter le mal de Naples (Recueil de poésies françaises des 15e et 16e siècles: morales, facétieuses, historiques, Tome 2, 1855 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Si on reporte symétriquement l'année 2209 par rapport à la date de 1494, on obtient l'année 779.

 

La baisse dela population fut dramatiquement aggravée parune série d'épidémies dep este, venues d'Orient, qui sévirent des années 541 à 780, notamment dans le sud de l'Europe, y compris l'Italie, qui avait été le cœur de la civilisation romaine (François Crouzet, Histoire de l'economie européenne 1000-2000, 2014 - books.google.fr).

 

Le bacille de Yersin, qui était à Constantinople en 541, arriva dès 543 et se manifesta quinze fois jusqu'en 767. La treizième poussée atteignit encore Narbonne en 694 : idyllique VIIe siècle ? [...] Cette accumulation de catastrophes explique que l'Aquitaine carolingienne ait été presque vide d'hommes. Dès 750 Pépin I s'efforça de repeupler les déserts de la Septimanie (Languedoc) en y installant des réfugiés espagnols. Pour l'Aquitaine on a l'exemple des domaines donnés avant 598 par la reine Theodechilde à Saint-Pierre-le-Vif de Sens : 47 villae sur la haute Dordogne soit, paraît-il, 47490 ha. Ces domaines furent, comme les autres, usurpés par les indigènes. Les expéditions de Pépin I (760-768) furent justifiées par la volonté de restituer leurs biens aux Eglises franques. Alors un polyptyque put dénombrer, sur ces 47490 ha, 111 serfs (densité 1,17 avec les femmes et les enfants) devant en tout 65 muids de grains (moins de 30 hl), 18 ovins et 33 bovins : le pays était vide. La même histoire et le même tableau conviennent à la Provence. Est-ce un hasard si on ne connaît pas d'évêques de Marseille de 614 à 780 ? (Alain Derville, L'économie française au Moyen âge, 1995 - books.google.fr).

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