Publius Clodius Pulcher

Publius Clodius Pulcher

 

X, 81

 

2236-2237

 

Mis trésors, temple, citadins Hespériques,

Dans iceluy retiré en secret lieu,

Le temple ouvrir, les liens fameliques,

Reprens, ravis, proye horrible au milieu.

 

La distribution de blé et l'incendie du temple des Nymphes

 

Le temple du vers 3 n’est peut-être pas le même que celui du vers 1.

 

58-56 : à la fin de 59, Clodius, alors tribun, fait adopter la loi rendant gratuites les distributions frumentaires (Dion Cassius XXXVIII, 13, 1-2); il aurait aussi par la même occasion chargé Sex. Clodius de superviser l'ensemble des approvisionnements en blé de Rome (Cicéron, De Domo 25). La cherté aurait commencé à Rome au moment de l'exil de Cicéron, en Mars 58, causée à la fois par de mauvaises récoltes, par la spéculation marchande et par les effets désastreux de la législation clodienne (Cicéron, Post Red. Senat. 34; De Domo 11 ; 25). Sans doute des mesures sont-elles prises dès ce moment contre certains negotiatores considérés comme des accaparateurs et des spéculateurs : le procès de P. Sittius de Nucérie doit dater de 57 (Cicéron, Fam. V, 17, 2, 8). Pendant les ludi Apollinares la foule se montre agitée (Asconius 48 C). La décision du rappel de Cicéron, en Juillet 57, entraîne une chute des prix du blé (Cicéron, De Domo 14), mais ils remontent vraisemblablement entre ce moment et le retour de Cicéron puisque ce jour-là (7 Septembre 57), ils sont de nouveau à la baisse (Cicéron, Quir. 18). La chose ne dure pas : deux jours plus tard, la cherté est à son comble, et Clodius profite de l'occasion pour soulever la foule. On craint une véritable sédition, car les menaces contre les sénateurs, les bagarres à coups de pierres, ne manquent pas (Cicéron, Au. IV, 1, 6, 1; De Domo 11-13; Dion XXXIX, 9, 3). Cicéron propose alors au Sénat d'accorder la cura annonae à Pompée pour cinq ans, soutenu en cela par l'ensemble du corps civique (Cicéron, Au., IV, 1, 6, 1 ; De Domo 16). Ensuite l'abondance revient vite, aux dires de certains (Appien, BC II, 18; Dion XXXIX, 24, 1), si bien que l'on prétend que la disette a été créée artificiellement, peut-être par Pompée et ses partisans (Plutarque, Pomp. 49, 6 et suiv.). Cependant, d'autres témoignages prouvent que l'année 56 est encore difficile : en février, Clodius et les siens tentent de nouveau de soulever la plèbe sur la question du ravitaillement (Cicéron, Ad Q. jr. II, 3, 2, 14). En avril, un s.c. alloue 40 millions de sesterces à Pompée pour les affaires frumentaires (Ad Q. Fr. II, 5, 1, 8). Pompée profite également de la cura annonae qui lui a été confiée pour mettre de l'ordre dans les listes des bénéficiaires du blé gratuit pour porter un terme aux affranchissements massifs qu'avait entraînés la mesure de Clodius (Dion XXXIX, 24, 1, selon l'interprétation de C. Nicolet, CRAI, 1976, pp. 44-48; contra G. Rickman, Corn Supply, p. 175) (Catherine Virlouvet, Famines et émeutes à Rome des origines de la République à la mort de Néron, École Française de Rome Année 87, 1985 - www.persee.fr).

 

Les distributions publiques de blĂ© dont bĂ©nĂ©ficiaient, depuis la fin du IIe siècle av. J.-C, les citoyens romains, introduites en 123 par une loi de Caius Gracchus, prĂ©voyaient la distribution mensuelle de 5 modii - Ă  peu près 40 litres - Ă  chaque citoyen rĂ©sidant Ă  Rome, au prix de 6 as 1/3 le modius, ce qui reprĂ©sentait sans doute un prix de subvention infĂ©rieur Ă  celui du marchĂ©. Selon les vicissitudes politiques ou les disponibilitĂ©s du TrĂ©sor, les modalitĂ©s de ces distributions purent varier, dans un sens ou dans un autre, dans les annĂ©es qui suivirent : personne cependant n'osa jamais les supprimer entièrement. Le prix auquel l'État revendait le blĂ©, les quantitĂ©s distribuĂ©es, ainsi que le nombre effectif des bĂ©nĂ©ficiaires furent souvent modifiĂ©s. Mais en 58, et pour la première fois, P. Clodius fit passer une loi qui assurait la gratuitĂ© complète du froment, et qui, de plus, entraĂ®na une augmentation considĂ©rable du nombre des rĂ©cipiendaires, qui s'Ă©leva jusqu'Ă  320000. CĂ©sar, puis Auguste, s'ingĂ©nièrent Ă  ramener ce nombre Ă  150 000 d'abord, 200 000 ensuite, mais ils ne revinrent jamais, pas plus qu'aucun de leurs successeurs, sur le principe du blĂ© gratuit. [...]

 

Lorsque les Fastes de PrĂ©neste citent un portique de Minucius, ce ne peut ĂŞtre que le plus ancien, c'est-Ă -dire celui qui entourait les temples du Largo Argentina. Le sanctuaire des Lares Permarini doit donc ĂŞtre cherchĂ© parmi les trois plus anciens temples de l'Ara Sacra, et, par Ă©limination, Coarelli l'identifie avec le temple D. Le temple de la Via dĂ©lie Botteghe Oscure date lui aussi d'Ă©poque rĂ©publicaine. L'Ă©tude architecturale permet en effet d'y distinguer trois phases : une phase d'Ă©poque flavienne, la plus rĂ©cente, qui doit correspondre Ă  l'incendie et Ă  la reconstruction, sous Domitien, d'une grande partie de cette zone. Une phase ancienne, sans aucun doute celle de la fondation, du IIe siècle av. J.-C. Et enfin une phase intermĂ©diaire, correspondant elle aussi Ă  une reconstruction, datant de la seconde moitiĂ© du Ier siècle av. J.-C. (fig. 6). Des fragments de sculpture furent retrouvĂ©s pendant les fouilles : une tĂŞte de satyre en stuc, un bas-relief reprĂ©sentant Diane. Or, nous connaissons un temple auquel toutes ces caractĂ©ristiques conviendraient parfaitement : c'est le temple des Nymphes. MentionnĂ©, comme l'avait vu le premier Henzen, sur le calendrier des Frères Arvales, il Ă©tait prĂ©cisĂ©ment situĂ© «in Campo» : Nymphis in Campo. Mais surtout, nous savons, grâce Ă  un certain nombre de passages de CicĂ©ron, que ce temple des Nymphes a Ă©tĂ© incendiĂ©, prĂ©cisĂ©ment au milieu du Ier siècle av. J.-C, par les soins de Clodius ou plus exactement de son scribe et agent, Sex. Clodius (ou Cloelius). Ce sont ces passages que je me propose d'examiner de près, car ils fournissent, Ă  mon avis, des renseignements très intĂ©ressants sur la destination du temple des Nymphes, et confirment sa localisation dans une zone que nous savons dĂ©sormais liĂ©e aux distributions frumentaires. Voici comment ils se prĂ©sentent :

 

1) (Post Red. ad Pop., 14) : ego autem in qua civitate... consulte fasces frangerentur, deorum immortalium templa incenderentur, rem publicam esse numquam putavi.

 

2) (Pro Sestio, 84) : Quid uti faceret (Sestius) ? senatum opsideret... sedis incenderet, tecta disturbaret, templa deorum immortalium inflammaret...

 

3) (ibidem, 95) : Ille qui monumenta publica, qui aedis sacras... incendit.

 

4) (Pro Caelio, 78) : Quare oro obtestorque, judices, ut qua in civitate paucis his diebus Sex. Clodius absolutus est, quem vos per biennium aut ministrum seditionis aut ducem vidistis,

qui aedis sacras, qui censum populi Romani, qui memoriam publicam suis manibus incendit...

 

5) (De Har. Resp., 57) : Idemque earum templum inflammavit dearum quarum ope etiam aliis incendiis subvenitur.

 

6) (Pro Milone, 73) : eum qui aedem Nympharum incendit, ut memoriam publicam recensionis tabulis publias impressam exstingueret.

 

7) (Parad. Stoic, IV, 31) : Aedis Nympharum manu tua deflagravit.

 

Ces diverses indications sont à première vue suffisamment précises ; les deux passages du Pro Caelio et du Pro Milone semblent explicites : Clodius, entre autres méfaits, a fait incendier le temple des Nymphes parce que les censeurs y déposaient leurs archives. Les commentateurs varient seulement sur les raisons qui ont pu le pousser19. Certains ont pensé à la volonté de détruire les registres électoraux, d'autres, à tort d'ailleurs, au désir de faire disparaître les traces du procès de 61 av. J.-C. La question en effet mérite discussion. Car d'autres locaux sont connus pour avoir servi de dépôts d'archives aux censeurs. [...]

 

La clé de l'énigme est sans doute fournie par les termes mêmes employés par Cicéron quatre ans plus tard dans le Pro Milone: «ut memoriam publicam recensionis tabulis publicis impressam exstingueret». Le mot recensio, en effet, n'est pas des plus fréquents : les fiches du Thésaurus n'en mentionnent que sept exemples. Le plus ancien est précisément celui du Pro Milone. Et c'est, il faut le noter, un hapax chez Cicéron. [...] Les mots recensus ou recensio, depuis les années 50 av. J.-C, ne désignaient qu'une sorte très particulière de recensement, celui qu'on établissait pour les bénéficiaires des distributions. [...]

 

Recensio dĂ©signe donc, Ă  mon avis, chez CicĂ©ron comme chez SuĂ©tone, une opĂ©ration qui concerne les bĂ©nĂ©ficiaires des distributions. Dès lors, on comprend mieux pourquoi Clodius a voulu faire incendier, dans le temple des Nymphes, le rĂ©sultat d'une « rĂ©vision » des listes. Il s'agit certainement d'une affaire qui le concernait de très près, je veux dire le destin de la loi frumentaire de 5834, dont le mĂŞme Sex. Clodius, qui fut l'auteur rĂ©el de l'incendie avait Ă©tĂ©, nous dit CicĂ©ron, le rĂ©dacteur et (ce qui a Ă©tĂ© peu remarquĂ©) le grand bĂ©nĂ©ficiaire. La lex Clodia, promulguĂ©e sans doute dès le 10 dĂ©cembre 59, ne prĂ©voyait pas seulement, en effet, qui dĂ©sormais les cinq modii mensuels de blĂ© allouĂ©s aux citoyens seraient fournis gratuitement (Schol. Bobb., 301, Or. ; Asc. p. 8 C). Elle avait prĂ©vu aussi toute une organisation du ravitaillement de Rome, dont la curatèle avait Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  Sex. Clodius : « tu lui livrais par ta loi tout le blĂ© des particuliers et de l'État, toutes les provinces chargĂ©es d'en fournir, tous les adjudicataires, les clĂ©s de tous les greniers » (De Domo, 25). Ces mesures, d'après CicĂ©ron, coĂ»tèrent Ă  l'État un cinquième des rentrĂ©es fiscales (Pro Sestio, 55). Le blĂ© gratuit attira les amateurs : le nombre des rĂ©cipiendiaires augmenta, en particulier du fait qu'un grand nombre d'esclaves furent affranchis par leur maĂ®tres pour en bĂ©nĂ©ficier. [...]

 

L'incendie de certaines archives du cens, et en particulier de la liste ou des listes des bénéficiaires des distributions, doit se situer à cette époque, précisément avant mars 56, date du Pro Caelio, et qu'il est directement lié à l'annonce par Pompée de sa volonté d'en faire une révision, afin d'en expulser la plupart des affranchis libérés depuis 58. Clodius, pour préserver sa popularité, devait désirer maintenir leurs droits : faire disparaître les documents étant autant de gagné pour eux et pour lui. L'identification du temple des Nymphes, où se trouvaient les listes des bénéficiaires des frumentations, avec le temple de la Via délie Botteghe Oscure, me paraît d'autant plus probable qu'il est situé dans une zone qui, dès l'époque républicaine, était très fortement liée aux distributions, puisqu'il était tout proche de la Porticus Minucia Vêtus (Claude Nicolet, Le temple des Nymphes et les distributions frumentaires à Rome à l'époque républicaine d'après des découvertes récentes. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 120e année, N. 1, 1976 - www.persee.fr).

 

"hespériques"

 

HESPÉRIE : Nom donné à l'Italie par les anciens Grecs et à l'Espagne par les Romains, parce que ces pays se trouvaient au couchant par rapport à eux (Alfred Mézières, Lettres, sciences, arts, Encyclopédie universelle du XXe siècle, Volume 7, 1908 - books.google.fr).

 

Le Champ de Mars oĂą se trouvait le temple des Nymphes se trouve Ă  l'ouest de Rome (fr.wikipedia.org - Temple de Neptune (Rome)).

 

Marcus Minucius Rufus (ou Minutius) est un homme politique et général de la République romaine, consul en 110 av. J.-C., et qui triomphe pour ses victoires sur les Thraces en l'an 107 av. J.-C. Il est alors le commanditaire du Porticus Minucia dit Vetus, sur le Champ de Mars, Regio IX : Cirque Flaminius. Le portique comporte à son intérieur un temple des Nimphes et devient le centre administratif de contrôle et de distribution du blé à la plèbe (fr.wikipedia.org - Marcus Minucius Rufus (consul en -110)).

 

"secret lieu"

 

L’affaire des mystères de la Bona Dea, provoqua la rupture entre Clodius et Cicéron. Le 4 décembre 62 av. J.-C., Clodius, habillé en femme (les hommes étaient exclus de ces mystères), pénétra dans la maison de Jules César, alors pontifex maximus, durant la célébration de ces mystères. Selon Plutarque, Clodius avait revêtu un déguisement de musicienne pour rencontrer l’épouse de César, Pompeia Sulla. Des sénateurs sollicitèrent l'avis des Vestales et des pontifes, qui déclarèrent qu'il y avait bien un sacrilège. César, obligé de se prononcer en tant que pontifex maximus, répudia sa femme sans rendre public le motif du divorce. Au mois de mai 61 av. J.-C. et malgré l'agitation des partisans de Clodius, l'affaire fut déférée devant un tribunal composé de juges tirés au sort. Clodius produisit un témoin affirmant qu'il était loin de Rome au moment des faits. Le témoignage de Cicéron ruina cet alibi lorsqu'il affirma que l'accusé était venu dans sa maison du Palatin au cours de l'après-midi du 4 décembre. Clodius échappa néanmoins à une condamnation en corrompant les jurés, obtenant 31 voix en faveur de son acquittement contre 26 pour sa condamnation. Après le procès, il conçut à l'égard de Cicéron une animosité durable. Les deux hommes s'affrontèrent dès le lendemain au Sénat, Cicéron proclamant que la morale triompherait un jour, tandis que Clodius répliquait en l'accusant de se comporter en tyran. Les huées des sénateurs firent taire Clodius, amplifiant sa rancune (fr.wikipedia.org - Publius Clodius Pulcher).

 

Le culte de la Bonne DĂ©esse remonte aux premiers temps de Rome. Les Vestales, prĂ©sidĂ©es par la femme du grand prĂŞtre, Ă©taient seules admises Ă  ces mystères secrets et nocturnes. Ce culte existait en Grèce. La Bonne DĂ©esse Ă©tait la dĂ©esse des femmes. Elle passait pour une des nourrices de Bacchus. Son nom Ă©tait un secret. On croit que Clodius profana les mystères en s'introduisant dans le temple sous un vĂŞtement de femme, et qu'il fut accusĂ© d'inceste et de sacrilège. Cependant il ne perdit pas la vue, comme c'Ă©tait la croyance Ă  l'Ă©gard des hommes qui avaient pĂ©nĂ©trĂ© dans le temple de la dĂ©esse. Aut quod oculos, ut opinio est illius religionis, non perdiderit, dit CicĂ©ron en parlant de Clodius. Bona Dea Ă©tait aussi nommĂ©e Fauna. Elle avait Ă©tĂ© femme de Faunus qui, l'ayant trouvĂ©e ivre, la fit mourir en la fouettant avec des verges de myrrhe, puis, s'Ă©tant repenti, la mit au nombre des dĂ©esses. Sa fĂŞte Ă©tait cĂ©lĂ©brĂ©e en secret dans un lieu qu'on nommait Opertorium. SĂ©nèque dit : «Summotis extrĂ  conspectum viris, ut picture quoque masculorum animalium contejantur.» (Les Satires de Juvenal, traduites en vers français, par J. H. CurĂ©, etc, 1869 - books.google.fr).

 

D'après Ovide, le temple de Bona Dea aurait été fondé sur l'Aventin par le Sénat et aurait été dédié un 1er mai par une vestale nommée Claudia. Il s'agirait en fait d'une autre vestale, Licinia, qui selon Cicéron a dédié un autel, un édicule et un pulvinar au même endroit (aram et aediculam et pulvinar sub Saxo), en 123 av. J.-C (fr.wikipedia.org - Temple de Bona Dea).

 

123 est la date de la loi de Caius Gracchus, prévoyant la distribution de blé au peuple de Rome.

 

Une croyance, vraisemblablement d’origine prĂ©-celtique, attribue aux divinitĂ©s la capacitĂ© d’écouter de façon bienveillante les prières qui leur sont adressĂ©es. Cette croyance prend en Provence une autre forme : celle des oreilles de la Bonne DĂ©esse, la Terre Mère, attestĂ©e Ă  Saint-RĂ©my par un autel gravĂ© de l’inscription Auribus sur sa table supĂ©rieure, avec la figuration d’oreilles dans un mĂ©daillon (M. Lejeune, ibid. p. 80, 71) (Jean-Jacques Hatt, Mythes et dieux de la Gaule, Tome II, 1989  - www.vendomois.fr).

 

"iceluy"

 

"iceluy" : Ca 1040 icel, icele, icels (Alexis, éd. Chr. Storey, 175, 303, 509). Anc. formes renforcées de celui, celle, ceux, celles qui ont coexisté régulièrement avec celles-ci jusqu'au XVIe s. et n'ont plus été employées ensuite que par arch. (dès le XVIes., Meigret, Tretté de la grammaire françoeze considère icelui comme un terme de la lang. jur., cf. Brunot t. 2, p. 316 et t. 3, p. 26, 29 et 292) (www.cnrtl.fr).

 

Clodius ne se cache pas dans le temple de Bona Dea mais dans la maison de César. Ce qui occasionne en effet un procès. Le temple de Bona Dea n'est pas à proximité de celui de Nymphes.

 

Mais le culte de Bona Dea se fait en un lieu secret (Lactance Firmian, des Divines institutions contre les gentils & idolâtres, traduit par René Fame, 1587 - books.google.fr).

 

"thrésors"

 

Tout temple à Rome renfermait une quantité de richesse plus ou moins importante qui pouvait devenir un moyen intéressant pour financer quelque projet. Ainsi, on apprend par Hérodien que la solde de l'armée pouvait provenir des trésors sacrés. Mais tous les temples de Rome ne revêtaient pas une fonction de banque ou de dépôt. D'abord parce que certains étaient interdits à tout public, d'autres ensuite ne présentaient pas nécessairement la sécurité adéquate pour un tel rôle, certains enfin, trop petits ou trop peu importants par leur renommée, ne se prêtaient guère à ce genre d'affaires. [...]

 

Plaute, certes, dans son Aulularia, choisi le temple de la Bonne Foi pour servir de cachette à la marmite pleine d'or d'Euclion, mais il ne s'agit pas dans ce passage d'un dépôt en banque ; il n'y a aucun doute là-dessus. De plus, nous apprenons par Cicéron que deux dépôts, suivis de deux retraits, avaient été faits, le premier sur ordre de Cicéron lui-même et à l'instigation de Pompée, qui a retiré l'argent, le second par L. Mescinius Rufus, et c'est P. Sestius qui a retiré l'argent. Nous ne connaissons pas le nom des temples où ces dépôts ont été effectués, mais nous savons que des livres de compte y étaient tenus avec le plus grand soin, des livres où devaient apparaître le nom du dépositaire, le lieu de dépôt des fonds et le nom de l'institution qui en avait pris la charge 9. E. Fallu, s'intéressant aux rationes de Cicéron 10, met en relation avec ces deux dépôts soit l'administration judiciaire, soit la fiscalité. Pour lui, le premier dépôt est un acte privé sans aucun lien avec les préparatifs d'une guerre civile ; le second est un acte public, faisant intervenir un questeur et le proconsul. Enfin, l'auteur marque une différence dans la nature même de ces deux dépôts en fonction des verbes employés : ponere et deponere. Le premier dépôt n'aurait aucune valeur « bancaire » : on retrouve ici la fonction de sécurité liée à un lieu sacré. Le second serait au contraire une manière de prêter l'argent à intérêt, selon un «taux fixé par l'édit de Cicéron». Le but, ici, est donc de faire fructifier cet argent et non de trouver un lieu sûr pour un simple dépôt. [...]

 

L'inventaire des « temples-banques » de Rome nous montre tout d'abord le peu d'édifices qui étaient, finalement, concernés par de réelles activités bancaires. [...]

 

Rendre grâce aux dieux pouvait se manifester à Rome par divers actes publics ou privés, dont l'un des plus simples restait l'offrande religieuse. En plus des offrandes d'objets de toutes sortes et d'ex-voto variés, les dons d'argent devinrent de plus en plus fréquents. Dans cette pratique, on peut percevoir «un signe de l'évolution des rapports sociaux et du système des valeurs avec la place acquise par les échanges et la production pour l'échange», comme l'écrit M. Clavel-Lévêque (L'Empire en jeux. Espace symbolique et pratique social dans le monde romain, Paris (1984), p. 37). La piété religieuse devint alors un article coûteux, comme le montrent plusieurs passages de Plaute, où il est question de leçons de morale sur la «vraie» piété. [...]

 

La ferveur religieuse n'était pas, à Rome, un sentiment que l'on pouvait manifester gratuitement. Certes, il appartenait à chacun de rendre grâce à la divinité à titre privé, en fonction de ses propres moyens, mais lorsqu'il s'agissait d'effectuer des actes publics au sein même de la demeure du dieu, le fidèle était tenu de verser une contribution financière. [...]

 

Les fonds de liquidités se composaient également de loyers de location, concernant d'une part l'ensemble des terres sacrées mises en culture et, d'autre part, la location de locaux situés à l'intérieur ou à l'extérieur de la demeure divine. Les corporations professionnelles de Rome avaient l'habitude de tenir leurs réunions dans divers endroits. Elles comptaient souvent sur leurs patrons et leurs dignitaires pour se procurer un local ou un temple moyennant un loyer. Ce loyer était destiné à Varca du temple du dieu protecteur du collège. À côté de ces collèges profanes, il arrivait parfois que les collèges de prêtres, tel celui des Vestales, disposent d'un local situé en annexe du temple. Ainsi, Macrobe nous apprend que la déesse Bona Dea possédait un local attenant à son temple sur l'Aventin, local qui n'était autre qu'une pharmacie où les prêtresses donnaient des remèdes aux fidèles malades (Anne Malrieu, Le rôle économique des sanctuaires romains : thésaurisation et investissement des fonds sacrés. In: Topoi, volume 12-13/1, 2005 - www.persee.fr).

 

proie... au milieu : mort de Clodius

 

præda est in medio : the spoils belong to all in common (A Complete Latin-English Dictionary for the Use of Colleges and Schools: Chiefly from the German, 1844 - books.google.fr).

 

XIII. Ah! Sextus, pouvez-vous me croire irritĂ© contre vous, après que vous avez fait subir Ă  mon plus mortel ennemi une punition mille fois plus cruelle que mon humanitĂ© n'aurait pu la dĂ©sirer ? TraĂ®ner son corps sanglant hors de sa maison, le jeter sur la place publique [in medio], et lĂ , sans pompe, sans convoi, sans Ă©loge funèbre, sans qu'on aperçût les bustes de ses ancĂŞtres, essayer de le brĂ»ler avec quelques misĂ©rables planches, laisser ses tristes restes en proie aux chiens dĂ©vorants : voilĂ , Sextus, voilĂ  ce que vous avez fait. Cette action est horrible ; elle est impie; mais enfin, c'est sur mon ennemi que s'exerçait votre barbarie , et si je ne puis vous louer, ce n'est pas Ă  moi de vous en faire un reproche. La prĂ©ture de Clodius prĂ©sentait la perspective des troubles les plus effrayant : il Ă©tait Ă©vident que rien ne l'arrĂŞterait, Ă  moins qu'on n'Ă©lĂ»t un consul qui eĂ»t le courage et la force de l'enchaĂ®ner (Plaidoyer pour Milon) (CicĂ©ron, Oeuvres complètes traduites en français, Tome 13, 1821 - books.google.fr).

 

En 53 av. J.-C., Milon fut candidat au consulat et Clodius à la préture, leurs bandes armées s’affrontèrent dans Rome, empêchant la tenue des élections. Le 18 janvier 52, alors que les deux hommes et leur suite se croisaient à Bovillae, sur la via Appia, il semble qu'un des esclaves de Milon, soit qu'il en ait reçu l'ordre, soit qu'il ait agi de son propre chef, se soit jeté sur Clodius et l'ait gravement blessé. Clodius est transporté dans une auberge voisine, où Milon revint l'achever. Son corps est porté à Rome et ses partisans en fureur installèrent son bûcher funéraire sur le Forum devant la Curie Hostilia, qu’ils incendièrent. Faute de pouvoir organiser les élections, le Sénat nomma Pompée consul unique, et, pour rétablir l'ordre, lui accorda les pleins pouvoirs par un senatus consultum ultimum. Pompée fit aussitôt voter deux lois, sur la violence (de vi) et sur la brigue (de ambitu) permettant de juger et de condamner Milon. Le 4 avril, Milon, accusé de meurtre par Appius Claudius Pulcher Maior et Minor (les deux fils de Caius Claudius Pulcher), comparut devant un tribunal cerné par des soldats. Maladroitement défendu par Cicéron qui ne parvient pas à prononcer sa défense Pour Milon, Milon dut s’exiler (fr.wikipedia.org - Publius Clodius Pulcher).

 

Clodius trouva la mort près du temple de la Bonne Déesse à Bovillae et l'on vit dans ce fait la juste vengeance de son crime de jeunesse (Charles Daremberg, Edmond Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines: d'après les textes et les monuments, Tome 1, 1873 - books.google.fr).

 

"horrible"

 

"horribilis" appartient Ă  un vocabulaire très expressif : les poètes Ă©piques et tragiques de l'Ă©poque rĂ©publicaine l'utilisent en des moments singulièrement pathĂ©tiques de l'action", pour souligner l'horreur de certains faits extraordinaires - qu'il s'agisse de nefas atroces suscitant l'aversion (horror ad odium), ou de phĂ©nomènes Ă©tranges inspirant un profond effroi religieux (horror ad uenerationem). En revanche, les historiographes de la mĂŞme Ă©poque emploient très rarement le lexique de l'horror – si bien que l'occurrence du terme horribilis, conjuguĂ©e Ă  l'appel spĂ©culaire, frappe le lecteur en raison de son apparente “inconvenance” (Aline Estèves, Spectaculum horribile : le champ de bataille post euentum, une vision d’horreur inaugurĂ©e par Salluste (Bell. Iug., 101, 11), Epiphania: Ă©tudes orientales, grecques et latines offertes Ă  Aline Pourkier, 2008 - books.google.fr).

 

Cicéron dans le meurtre de Clodius emploie terme "nefarie" (Dictionnaire universel de philologie sacrée, Volume 2, 1846 - books.google.fr).

 

"proie"

 

Dans le De domo sua, Cicéron qui veut faire annuler la consécration de sa maison du Palatin, compare sa situation d’aqua et igni interdictus à celle des proscrits syllaniens. La réalité est différente, ce que suggèrent les allusions aux exils de Popillius Laenas et de Caecilius Metellus condamnés pour perduellio. Reprenant la même procédure, Clodius assimile, en l’absence de procès, l’aqua et igni interdictio à une condamnation dont Cicéron se défend en usant de la notion de priuilegium. Clodius procède lui-même à la publicatio bonorum qui commence par une saisie de tous les biens d’après l’inventaire du dernier recensement, inclut une expulsion et s’achève par une vente publique : il se charge de l’adjudication des biens, de l’enregistrement des ventes à l’aerarium pour s’approprier l’espace de la domus du Palatin dont il veut faire un symbole du pouvoir populaire. [...]

 

Au-delĂ  de la remise en cause de l’aqua et igni interdictio de 58, CicĂ©ron, pour obtenir la restitution de sa maison du Palatin et une indemnisation de ses biens dĂ©truits cherche Ă  Ă©mouvoir les pontifes en comparant les effets de l’interdictio Ă  ceux des proscriptions syllaniennes qui dĂ©finissent les biens des proscrits comme des praedae : praeda dĂ©signe un butin de guerre pris sur un ennemi extĂ©rieur ou hostis, mot qui appliquĂ© Ă  des citoyens romains depuis la pĂ©riode de Sylla, fait partie du vocabulaire des optimates Ă  l’encontre des populares : le consul de 63 en use contre Catilina et Manlius. Or, Ă  la fin de la RĂ©publique, l’usage du terme hostis s’étend Ă  l’accusĂ© de perduellio : «Je remarque en outre que la tristesse de la rĂ©alitĂ© a Ă©tĂ© attĂ©nuĂ©e par la douceur du terme, en ceci que fut appelĂ© hostis celui qui Ă  proprement parler Ă©tait perduellis», dĂ©sormais considĂ©rĂ© comme un «ennemi de la cité» (Maria Bats, La publicatio bonorum dans le De Domo sua de CicĂ©ron, MĂ©langes de l'École française de Rome - AntiquitĂ©, 128-2, 2016, - ournals.openedition.org).

 

Acrostiche : MDLR, 1552

 

M : 1000 ; D : 500 ; L : 50 et R : 2 = 1552

 

Pour R = 2 cf. IX, 57 - Philippe Auguste et Jean sans Terre - 2145-2146.

 

Carlo Sigonio, Pro eloquentia oratio prima (quarta), in Orationes, Parisiis apud Allardum Julianum, 1573, in 8 (1ère ed., Venise, Alde, 1560). Ces quatre discours, prononcĂ©s Ă  Venise de 1552 Ă  1555, sont en quelque sorte le catĂ©chisme du CicĂ©ronien . Après avoir montrĂ© les vertus sociales de l'Ă©loquence, ciment et mĂ©moire des citĂ©s, l'auteur critique le prĂ©jugĂ© de l'infĂ©rioritĂ© radicale des Modernes. Ils souffrent seulement de la rupture de la vĂ©ritable tradition de la culture au cours du Moyen-Age («imperitorum saeculorum incuria Â»). Il faut refonder cette tradition, et pour cela, comme les Grecs et les Latins l'avaient fait eux-mĂŞmes, s'approprier les trĂ©sors des autres peuples pour en faire notre propre substance (Christian Mouchel, CicĂ©ron et SĂ©nèque dans la rhĂ©torique de la Renaissance, 1990 - books.google.fr, Oeuvres complètes de CicĂ©ron, Volume 5, 1882 - books.google.fr).

 

Pomme

 

Les Hespérides étaient des nymphes gardiennes des pommes d'or : cf quatrain X, 68.

 

While wrestling the water god Achelous, spirit of Greece's most famous river, Herakles severed his horn, which he presented to the Hesperides. They filled it with harvest fruits. In later years, the horn, a parallel of the horns of Amalthea, was known as the cornucopia or horn of plenty, which the Roman goddess Bona Copia (or Bona Dea or Fauna) received as an emblem of bounty (Mary Ellen Snodgrass, Voyages in Classical Mythology, 1994 - books.google.fr).

 

Ovide commence sa description du mois par une évocation de Jupiter. En effet, il fixe au premier mai le Lever de la Chèvre, ce qui lui fournit l'occasion de rappeler la légende de la nourrice de Jupiter, Amalthée, et de sa chèvre à la corne brisée. (5,111-128). Le 1er mai est aussi le jour anniversaire de la dédicace du temple de la Bona Dea, élevé sur la pente du rocher (saxum) de l'Aventin. (5,148b-158) (Ovide, Fastes - Mai - bcs.fltr.ucl.ac.be).

 

 

Typologie

 

Le report de 2237 sur la date pivot -59 donne -2355.

 

Epoque de Mardocentès, premier roi arabe de Babylone (Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'hist. univers., sacrée et proph., ecclésiast. et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1762, 1763 - books.google.fr).

 

Bel, Merodach, & Nabo sont des Idoles ; mais elles étoient apparemment des anciens Rois des Chaldéens : Merodach, est Mardocentès, Nabo eft Nabius, & Bel, Belus (Louis-Ellies Du Pin, Bibliothèque universelle des historiens, 1708 - books.google.fr).

 

Le grand dieu de Babylone Marduk [Merodach] gardait les fonctions salutaires que lui avait attribuées l'ancienne théologie d'Éridu; il est resté ainsi le bon, le secourable Marduk. Le pouvoir de ressusciter les morts convenait parfaitement à ce dieu médecin; ceux qui le lui ont attribué d'abord n'entendaient pas affirmer que ce pouvoir s'exerçât déjà en fait par la résurrection de quelques individus, ou qu'il s'exercerait un jour par la résurrection de tous les défunts; mais il est possible que plus tard on ait transformé en croyance positive et intéressant le genre humain tout entier la pieuse métaphore qui exprimait la puissance vivifiante du soleil printanier (A. Loisy, Dieux nationaux de Ninive et de Babylone, Compte rendu du Congrès scientifique international des Catholiques tenu a Paris du 1er au 6 avril 1891 - books.google.fr).

 

Diodore (II, IX), après avoir exposé ses données sur l'enceinte de Babylone, qu'il attribue à Sémiramis, nous renseigne sur le sanctuaire de Bélus, situé au milieu de la ville. [...] La distinction même du sépulcre de Bélus, comme nous le pouvons inférer par les inscriptions de Nabuchodonosor, semble indiquer la présence d'une image de Rhéa, la mère des dieux, la Bilit-Tavat, la maîtresse du centre de la terre, ainsi que les statues de Jupiter, Bel-Mérodach, et de Junon, son épouse, identifiée avec Lucina, la déesse des naissances (Fulgence Fresnel, Félix Thomas, Jules Oppert, Expédition scientifique en Mésopotamie exécutée par ordre du gouvernement de 1851 à 1854, Tome 1, 1863 - books.google.fr).

 

Depuis longtemps, on a fait le rapport entre Agathe et l'antique déesse païenne, Bona Dea ou Agathea Dea, épithète de Junon Lucine serpentiforme, dont les seins étaient un emblème de fécondité, mais aussi héritière de Perséphone la déesse terrible (Francesca Canadé Sautman, La religion du quotidien: rites et croyances populaires de la fin du Moyen Age, 1995 - books.google.fr).

 

A Rome, où Bona Dea fut longtemps pour les matrones et les mères de famille un modèle de dignité, en même temps qu'un type de fécondité, elle était représentée le sceptre à la main comme Junon dont on lui attribuait le pouvoir souverain. On sait aussi qu'un cep de vigne se courbait au-dessus de sa tête qu'à côté d'elle étaient une cruche de vin et un serpent sacré. On nourrissait des serpents dans ses temples (Charles Daremberg, Edmond Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, Tome 1, 1877 - books.google.fr).

 

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