Hildebrand et Odéric X, 18 2190-2191 Le rang Lorrain fera place à Vendosme Le haut mis bas & le bas mis haut Le fils de Hamon sera esleu dans Rome Et les deux grands seront mis en défaut.. Hamon ou Hannon
(Annon) ? Annon II (en allemand : Anno), né vers 1010 à Steusslingen en Souabe et mort le 4 décembre 1075 à Cologne, fut archevêque de Cologne de 1056 à sa mort. Lors de l'adolescence du roi Henri IV, il a pris la position de régent du Saint-Empire romain de 1063 à 1065. Il fut canonisé en 1183 et sa fête est le 4 décembre (fr.wikipedia.org - Annon II de Cologne). Jusqu'alors Godefroi de Lorraine, demeuré maître de la Toscane depuis son mariage avec la veuve du dernier duc, avait affecté la neutralité. Il n'avait pas contrarié la marche d'Honorius vers Rome; mais tout à coup il parut devant la ville avec une armée assez forte pour qu'aucun des deux partis fût capable de lui résister ; puis, se déclarant l'arbitre de la situation, il exigea que les deux pontifes se retirassent dans leurs évêchés respectifs, jusqu'à ce que leur querelle eût été jugée par l'empereur. Ils furent obligés de se soumettre. Honorius se rendit à Parme et Alexandre retourna à Lucques. Bientôt une révolution de cour, accomplie soudainement en Allemagne et prévue sans doute par le duc Godefroi, vint unir les forces de l'Empire au parti dont Hildebrand était le chef. L'impératrice Agnès, trop faible pour gouverner elle-même, avait donné toute sa confiance à l'évêque d'Augsbourg, qui, à raison du pouvoir dont il se trouvait dépositaire, devint promptement l'objet d'une haine générale, que justifiait d'ailleurs la hauteur de ses manières. Ses ennemis prétendirent que la domination qu'il exerçait sur l'impératrice était due à des causes criminelles. Ils l'accusèrent, en outre, de négliger entièrement l'éducation du jeune Henri, qui, à l'âge de douze ans, retenu au milieu des femmes, n'avait encore rien appris des exercices chevaleresques si nécessaires à un prince de ce temps-là . Hamon, archevêque de Cologne, et plusieurs autres prélats ou seigneurs laïques ourdirent un complot pour délivrer l'empereur ou plutôt pour s'emparer de sa personne. Un jour, à la suite d'un joyeux banquet dans une île du Rhin, l'archevêque invita le jeune souverain à monter sur une barque gaiement pavoisée, et à peine y fut-il entré, que les rameurs commencèrent à descendre le fleuve avec rapidité. L'enfant, effrayé et croyant qu'on en voulait à sa vie, se précipita dans l'eau, d'où l'on eut beaucoup de peine à le retirer. Pendant ce temps, la foule, amassée sur la rive, poussait des cris de colère en s'indignant de l'insulte faite à la majesté impériale. Hamon, sans tenir compte de ces impuissantes clameurs, acheva son entreprise. L'impératrice, dont le caractère était plein de douceur, voulut d'abord se retirer dans un monastère ; mais on parvint à l'en dissuader, et elle se résigna. La politique impériale éprouva un changement complet dès lors, et l'habile Hildebrand se hâta d'en profiter. Il fit sortir Pierre Damien de son couvent pour l'envoyer, comme légat d'Alexandre II, au concile qui allait se réunir à Osbor, près de Cologne. Dans cette assemblée, avant de délibérer, on commença par lire une composition singulière, due à l'esprit original de Pierre Damien. C'était une discussion entre l'avocat de l'Empire et les défenseurs du pape. Il y règne une certaine modération et elle révèle dans son auteur une grande adresse. Le défenseur du pape ne conteste pas ouvertement le droit appartenant à l'empereur de confirmer l'élection pontificale ; mais il cite une longue suite de pontifes romains qui ont régné sans cette sanction. Il soutient dans tous les cas que, durant l'enfance de l'empereur son droit demeure suspendu. Les cardinaux avaient envoyé un légat à la cour impériale ; mais comme on y a refusé de l'entendre, ils ont été forcés de procéder à l'élection du pape Alexandre. Dans les affaires temporelles, sans doute, la mère de l'empereur peut guider son fils; mais l'Eglise romaine est aussi dans un sens plus élevé la mère de l'empereur et doit agir comme sa tutrice légitime pour ses intérêts spirituels. Peu à peu l'avocat impérial cède aux arguments supérieurs du pape, et le débat se termine entre eux par une prière fervente. Ils demandent à Dieu que désormais l'Empire et le pontificat soient unis par une alliance indissoluble; que, de même que l'Etat et le clergé, fondés tous deux par le médiateur divin, sont mêlés comme dans un seul sacrement, de même aussi par une mystérieuse union le souverain doit être reconnu dans le pontife et le pontife dans l'empereur, sans toutefois la prérogative inaliénable qui appartient au pape seul ; le souverain demeurant arbitre suprême dans la juridiction temporelle et le pontife gardant son pouvoir sans limites sur les âmes. Naturellement, devant une assemblée résolue par avance à tout approuver, le succès de Damien fut complet. Alexandre II fut déclaré pape légitime, et il put immédiatement retourner à Rome. L'antipape cependant n'abandonna pas ses prétentions. Une grande partie du clergé italien demeurait attaché à sa cause. L'impératrice et ses partisans correspondaient avec lui. A l'aide de ses richesses il pouvait entretenir des troupes, et il avait toujours l'appui des barons de Rome, qui, détestant un pape allié des Normands, avaient occupé le château Saint-Ange, d'où ils menaçaient incessamment la ville. Encouragé bientôt par la chute de l'archevêque Hamon, qui n'avait pas su se maintenir au pouvoir en Allemagne, Honorius marcha vers Rome, pénétra dans la cité Léonine, qu'occupaient ses partisans, et s'établit dans l'imprenable château Saint-Ange, où il se maintint pendant deux ans entiers. Rome vit ainsi dans ses murs deux papes ayant chacun leurs troupes, qui se disputaient à main armée les divers quartiers de la ville, tandis que les excommunications étaient échangées sans relâche entre les deux partis. Adalbert, archevêque de Brême, qui avait supplanté Hamon, ne sut pas faire un meilleur usage du pouvoir. Il continua de distribuer entre ses partisans, seigneurs laïques pour la plupart, les biens des abbayes, que son prédécesseur avait surtout livrés aux prélats et à leurs parents. Tout était spoliation et désordre dans l'Empire. C'est pourquoi deux années étaient à peine écoulées lorsqu'une nouvelle coalition se forma entre les principaux seigneurs ecclésiastiques ou laïques pour renverser Adalbert. Les archevêques de Cologne et de Mayence, les ducs de Souabe et de Bavière en étaient les chefs, et Godefroi de Lorraine se réunit à eux. Dans une grande diète tenue à Tribur. ils déclarèrent nettement au jeune empereur qu'il avait à opter entre le renvoi de son ministre et la perte de sa couronne. Henri, qui peu de temps auparavant avait vu égorger son plus cher favori, voulut fuir, mais en fut empêché. Adalbert s'échappa avec peine, et, le territoire de son archevêché étant envahi par le duc de Saxe, il fut contraint de livrer à ses ennemis victorieux les vastes domaines qui avaient été le prix de ses iniquités. Sa chute entraîna celle de l'antipape Honorius, qui, dépouillé à son tour par ses alliés les barons de Rome, fut forcé de quitter le château Saint-Ange et d'aller en Lombardie cacher sa défaite. Il ne tarda pas à mourir, oublié du monde, mais poursuivi jusque dans sa tombe par la haine de ses ennemis. L'archevêque Hamon se trouvait de nouveau tout-puissant à la cour impériale. Il avait vivement épousé la cause d'Alexandre II, et, comme prélat, il souhaitait ardemment mettre un terme au schisme déplorable qui divisait l'Eglise ; mais en même temps sa fierté germanique ne lui permettait pas de sacrifier entièrement les intérêts de l'empereur. D'accord avec les princes et les métropolitains de l'Allemagne, il convoqua à Mantoue un concile appelé à résoudre la grande question du moment. Il se rendit ensuite à Rome accompagné de plusieurs princes allemands et de trois cents chevaliers. Là , dans plus d'une conférence, il défendit les droits de l'Empire contre Hildebrand, qui maintenait avec inflexibilité les inaliénables libertés de l'Eglise. A la fin, il fut convenu qu'Alexandre consentirait à comparaître devant le concile de Mantoue, dont la décision ne pouvait d'ailleurs être douteuse. Après avoir été reconnu une seconde fois pape légitime par les prélats rassemblés à Mantoue, Alexandre II régna pendant dix années qu'agita constamment la lutte engagée entre les adversaires et les partisans du mariage des prêtres, lutte opiniâtre et sanglante, qui embrassa tout le nord de l'Italie et qui s'étendit même jusque dans la Toscane. L'Italie avait recouvré la papauté en la personne de l'évêque de Lucques; mais l'Eglise de Rome avait continué de subir une flétrissante exclusion. La supporterait-elle plus longtemps ? Depuis plus de quinze ans un prêtre romain exerçait dans la catholicité entière une influence prépondérante. Persisterait-on à lui appliquer la condamnation prononcée par l'Allemagne ; ou bien mettrait-on en pratique pour la première fois la règle prescrite par le dernier concile de Latran ? Un jeûne général de trois jours, ordonné à Rome après la mort d'Alexandre II, sembla indiquer l'approche d'un événement considérable. Tout le clergé romain était réuni dans la basilique de Saint-Jean de Latran pour la célébration des obsèques du pape ; Hildebrand, en sa qualité d'archidiacre, présidait à la cérémonie, lorsque tout à coup éclata ce cri, répété immédiatement et unanimement par les prêtres et par le peuple : «Hildebrand est pape l Hildebrand est pape l Saint Pierre l'a choisi !» (Les papes allemands, Revue britannique, Volumes 3 à 4, 1862 - books.google.fr). Anselme de Lucques, né vers 1010 ou 1015 à Milan et mort à Rome le 21 avril 1073, est élu pape en 1061 sous le nom d'Alexandre II et reste en fonctions jusqu'à sa mort (fr.wikipedia.org - Alexandre II (pape)). Hamo du latin "hamus" : hameçon En 1068, le neveu d’Annon de Cologne, saint Conon, élu au siège de Trèves par l'influence de son oncle, était tombé, le jour même de son entrée dans sa ville métropolitaine, sous les coups d'une bande d'assassins. Mêlés à la foule qui venait, des rameaux verts à la main, au-devant du nouveau pontife, les meurtriers tirèrent leurs armes, dispersèrent le peuple, s'emparèrent de Conon, l'entraînèrent dans une forteresse voisine et consommèrent son martyre en le précipitant du haut de la tour sur des roches escarpées (5 juillet). Ébérard de Nellembourg sollicita et obtint pour son fils Udo la succession ouverte par ce monstrueux forfait. Henri IV s'empressa de donner la crosse et l'anneau au fils de son conseiller intime (Histoire générale de l'Église depuis la Création jusqu'à nos jours (jusqu'au XIIe siècle par J.-E. Darras, jusqu'au pontificat de Clement VII par J. Bareille, terminée par J. Fèvre, 1875 - books.google.fr). Les chroniqueurs ecclésiastiques ont appelé le comte Eberhart, que «grand fabricateur de mensonges et hameçon du diable» (Abel François Villemain, Histoire de Grégoire VII, Tome I, 1873 - books.google.fr). La Chanson d'Annon La Chanson d’Annon, dédiée à l’archevêque de Cologne Annon II (né vers 1010 et mort en 1075) et sans doute composée vers 1080 en vue de sa canonisation qui eut lieu en 1083, retrace l’histoire de la Création. Seuls les trois cents derniers vers se rapportent à l’archevêque, le reste du texte traite du commencement du monde, de la vie des empereurs (de Ninus à la naissance du Christ), de la fondation de l’évêché et des prédécesseurs d’Annon. L’auteur affirme dans le prologue que Dieu divisa la Création en deux parties: le monde terrestre et le monde spiritue. On y évoque tout d’abord l’histoire du Salut puis celle du monde et la succession des quatre empires universaux: se référant au deuxième songe de Daniel, l’auteur évoque tout d’abord une lionne blanche, dotée de raison humaine, qui renvoie aux rois qui ont régné sur Babylone. Le deuxième animal, un ours sauvage, symbolise la victoire des Mèdes Darius et Cyrus sur les Chaldéens de Babylone, tandis que le troisième animal, un léopard, représente Alexandre qui parcourut le monde entier avec ses armées. Enfin, le quatrième animal, qui n’a pas de nom dans le rêve de Daniel devient, sans doute sous l’influence du commentaire de saint Jérôme, un sanglier sortant d’une forêt. Ce sanglier, muni de dix cornes avec lesquelles il terrasse ses ennemis, représente l’Empire romain. [...] À César succède Auguste, lors du règne duquel le Christ voir le jour. La notion de translatio imperiis inscrit donc dans un schéma idéologique, à la fois politique et religieux: les liens d’alliance évoqués entre César et les peuples germaniques permettent de justifier les prétentions universalistes des empereurs germaniques du Moyen Âge. L’Empire romain sera donc bien le dernier empire universel avant la venue de l’Antéchrist symbolisée par la onzième corne. Cette conception de l’histoire sert également «les intérêts d’un pouvoir temporel: le rythme même de l’histoire contribue à faire de l’empereur un élu de Dieu» et de jure le souverain du monde. Derrière cette notion de succession des empires apparaît également la division augustinienne de l’histoire terrestre en six âges, division qui fait coïncider le sixième âge avec l’époque allant de la naissance du Christ au Jugement dernier et qui présente le septième âge comme celui de la Jérusalem céleste. Le sixième âge commence donc bien avec l’Empire conquis par César, fondé par Auguste et marqué par la venue du Christ (Patrick Del Duca, L’idée de translatio dans l’Empire à travers trois chroniques des XIe et XIIe siècles, 2016 - hal.uca.fr). Acrostiche : LL LE LL : libentissime [Libentissimè impendam, et superimpendar ipse, pro animabus vestris (Paul, II Cor. 12)] ; LE : legio, levis (Abréviations tirées du «Dictionnaire des Abréviations latines et italiennes» de A.Capelli - www.arretetonchar.fr). Dans la langue des auteurs latins qui écrivaient sous la république, armatura offre le sens général de mode d'armement'. Mais en même temps il sert à distinguer les troupes d'infanterie d'après leur équipement. On oppose la gravis armatura qui désigne les légionnaires pesamment armés à la levis armatura, troupes armées à la légère, archers, frondeurs, etc: Réunies à l'equitatus, ces deux armaturae constituent l'armée romaine ? (ARMATURA LEVIS, LEGIO). Plus tard le mot armatura devint synonyme de miles. Le fait est déjà constaté par une inscription du deuxième siècle, qu'on lit sur un monument trouvé près de Mayence: Or, la légion qui y est mentionnée quilta cette ville dans la première moitié du 1° siècle, puisque Ptolémée place ses quartiers d'hiver en Pannonie ; elle y séjournait encore au temps où Dion Cassius écrivait son ouvrage. Le même terme est employé dans le même sens dans des inscriptions contemporaines de la première ou un peu postérieures, mais datées avec moins de précision. Lors donc qu'on lit dans Ammien Marcellin tribunus armaturarum, il ne s'agit pas là d'un autre officier que le tribunus militum, bien connu d'ailleurs. Dans Végèce, armatura est souvent synonyme de miles. Les armaturae duplares, simplares sont les soldats qui reçoivent la double ou la simple ration. Il fait remarquer que de son temps l'armatura correspond à la levis armatura des anciens ? En effet, il nous a lui-même appris que la lourde armure des légionnaires fut abandonnée au IVe siècle (Charles Daremberg, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, Tome 1, 1877 - books.google.fr). Selon Végèce (II, 8), le primipile commandait à 4 centuries, soit à 400 hommes ; le princeps, à une centurie et demie, soit à 150 hommes [LLL en numération romaine fait 150]. L'effectif maximum des fantassins de la «légion des Thébains» était donc de 400 hommes 150 hommes 550 hommes (Louis Dupraz, Les Passions de S. Maurice d'Agaune: essai sur l'historicité de la tradition et contribution à l'étude de l'armée predioclétienne (260-286) et des canonisations tardives de la fin du IVe siècle, 1961 - books.google.fr). Au Xe siècle un clerc de Cologne fondit en un seul récit leurs diverses traditions. L'empereur Maximien avait envoyé un détachement de la Légion thébaine sur le Rhin. Après le massacre d'Agaune, il ordonna de rattraper ces soldats. L'arrière-garde fut rejointe à Bonn où Cassius, Florent et sept autres furent massacrés ; à Cologne Géréon et 318 thébains jetés dans un puits ; à Birten, près de Xanten, Victor et 330 soldats furent tués. Peu après Maximien appela en Gaule des soldats originaires de Mauritanie. 360 se déclarèrent chrétiens et furent massacrés à Cologne. [...] Les hagiographes rhénans ont rattaché leurs saints à la Légion thébaine et en ont assuré le succès. Dès 1106, à Cologne, les découvertes des ossements des Onze Mille Vierges vont permettre le développement phénoménal de ce culte en Europe. Les saints thébains rhénans vont connaître une gloire parallèle (Philippe George, Reliques & arts précieux en pays mosan: du haut Moyen Age à l'époque contemporaine, 2002 - books.google.fr). Vendôme La charge d'archichancelier pour l'Italie (Archicancellarius per Italiam) était à cette époque considérée comme faisant partie de l'apanage de l'archevêché de Cologne, et ce fut sans doute la raison pour laquelle Annon décida d'intervenir dans le règlement de la dispute sur l'autorité du pape en 1064 (fr.wikipedia.org - Annon II de Cologne). Deux archevêques successifs de Cologne, Pilgrim (1021 - 1036) et Hermann II (1036 - 1056), ont été archi-chanceliers de l'Église Romaine ; le second a reçu cette dignité pour lui-même et pour ses successeurs ; elle devait être attachée à l'église de Cologne. Mais, contrairement à ce que l'on a parfois soutenu, rien ne prouve que l'archicancellariat supposât nécessairement le cancellariat. Il n'y a donc aucun exemple certain d'évêque et d'archevêque cardinal-né. Par contre, il y a des exemples d'union d'un titre cardinalice avec une abbaye ; c'est un cas particulier intéressant du mouvement qui a fait passer tant de paroisses aux mains des réguliers, les incorporant, comme l'on disait, à des monastères. Les mentions de cardinaux-abbés ne sont pas rares dans les documents de la seconde moitié du XIe siècle, du temps où les champions de la réforme grégorienne s'appuyaient particulièrement sur le clergé monastique. Il est remarquable de voir trois abbés successifs du Mont-Cassin être pourvus du cardinalat : Frédéric de Lorraine (le futur pape Etienne IX), créé par Victor II, cardinal-prêtre de Saint-Chrysogone ; Didier (le futur pape Victor III), créé par Nicolas II, cardinal-prêtre de Sainte-Cécile ; Oderisius, qui prend part comme cardinal-diacre à l'élection d'Urbain II (1088). Encore faut-il noter qu'ils ne sont pas cardinaux de même titre. Il n'y a donc pas incorporation d'un titre à l'abbaye du Mont-Cassin, mais seulement habitude d'honorer du cardinalat le chef d'une grande abbaye, voisine de Rome qui pouvait rendre des services au Saint-Siège. Plus curieux est le cas de la Trinité de Vendôme, parce que la il y a eu concession permanente, et à un monastère fort éloigné. C'est en 1063 qu'Alexandre II avait concédé aux abbés de la Trinité, à perpétuité, l'église de Sainte-Prisque, sur l'Aventin, avec la dignité cardinalice qui y était attachée. Le célèbre abbé de Vendôme, à la fin du XIe et au début du XIIe siècle, Geoffroi de Vendôme, se montrait particulièrement fier et soucieux de cette lointaine dépendance de son abbaye ; très «ultramontain», très entiché de son exemption à l'égard de son évêque de son rattachement immédiat au Saint-Siège, il était très flatté de se parer des insignes de cardinal (Revue des cours et conférences, Volume 23, Numéro 1, 1921 - books.google.fr). Alexandre II avoit donné en 1062 à Ordric, abbé de Vendôme, pour lui et pour ses successeurs à perpétuité, l'église de sainte Prisque au mont Aventin, avec le titre de cardinal. Grégoire VII avoit confirmé ce privilège en 1079. L'abbé de Vendôme en ayant été dépouillé du temps du schisme de Guibert, Urbain II l'avoit rétabli; mais comme la restitution que ce pape en fit à Geoffroi n'eut peut-être pas tout son effet, cet abbé la poursuivit auprès de Pascal II, successeur d'Urbain, et il l'obtint enfin de Calliste II. Honorius II confirma, l'an 1129, ce qu'avoit fait son prédécesseur en faveur de Geoffroi. Les successeurs de cet abbé en furent encore dépouillés dans la suite ; Innocent III la rendit å Hamelin avec quelque exception. Depuis ce temps jusqu'au concile de Constance, les abbés de Vendôme demeurèrent en possession du titre de cardinal qu'ils ont perdu depuis, ainsi que l'église de sainte Prisque (Histoire littéraire, Tome 11, 1869 - books.google.fr). Le n° de charte 180 du cartulaire de la Trinité de Vendôme, daté du 1er juillet 1066, n'était point la concession de la dignité cardinalice, mais un simple accord, «convenientiam», relatif à l'église de Sainte-Prisce, survenu entre l'abbé Odéric et le célèbre Hildebrand, alors abbé de l'abbaye de Saint-Paul et qui sera bientôt le pape Grégoire VII. Une charte avait été donnée par Hildebrand «carta quam vobis Heldiprandus tradidit», par laquelle il livrait à Odéric l'église et le monastère de Sainte-Prisce en échange d'une pension. Le pape confirme cet accord sans même rappeler le taux de cette pension. Il n'est fait aucune allusion directe à la dignité cardinalice dans le corps de la bulle, seul le titre en fait mention, «De dignitate cardinalatus.» C'était une conséquence du nouveau privilège de l'abbé de Vendôme ; mais un certain laps de temps dut s'écouler entre la primitive élévation de l ' abbé au Cardinalat et la retrocession absolument facultative de l'église et du monastère dont il portait le titre . Le privilège était donc antérieur et c'est bien notre bulle 164 qui en contient la première concession. Hildebrand, devenu pape, confirme en 1075 (n° 252), sans la moindre réserve et sans modification, ce privilège extraordinaire dont il avait été témoin et même partie lésée ; il proclame par là l'absolue sincérité de la bulle de son prédécesseur. Nous croyons donc plus sage de suivre l'opinion de Jaffé, qui malgré les critiques de Launoy a inscrit cette bulle parmi les authentiques sous le n° 4512 . Les circonstances diplomatiques : le lieu et le jour de la date et l'indiction, sont au-dessus de tout reproche ; le notaire Reinier paraît dans deux autres bulles seulement, et Pierre, le chancelier dans six autres ; les clauses comminatoires de l'enfer avaient pour but de maintenir dans le respect les laics et tout particulièrement Foulques l'Oison , comte de Vendôme Elles étaient alors si familières à la chancellerie pontificale que Pierre Damien en fit de vives représentations à Alexandre II (C. Métais, De l'authenticité des chartes de fondation et bulles de l'abbaye de la Trinité de Vendôme, Le Moyen âge, 1904 - books.google.fr). Geoffroi de Vendôme, né vers 1070 à Angers et mort dans la même ville le 26 mars 1132, est un prélat français. Geoffroi est issu de la famille de Craon, barons de l'Anjou. Il est le fils d'Henri de Nevers, Seigneur du Lion d'Angers. Il fut élevé au château de Craon, par son grand-père paternel Robert le Bourguignon, dit Robert de Nevers, seigneur de Craon, apparenté aux Comtes de Vendôme et à la Maison des comtes d'Anjou. Il débuta une formation d'ecclésiastique à l'école épiscopale d'Angers et entra ensuite comme moine bénédictin à l'abbaye de la Trinité de Vendôme, où il prit le nom de Geoffroi de Vendôme. Il devint abbé de la Trinité de Vendôme le 24 août 1093 en présence de l'évêque Yves de Chartres. En 1094, Geoffroi de Vendôme aida financièrement le pape Urbain II à l'emporter sur l'antipape Guibert. Le pape le crée cardinal lors du consistoire en 1094 (fr.wikipedia.org - Geoffroi de Vendôme). L'abbaye de la Trinité de Vendôme est fondée en 1033 par Geoffroy Ier Martel, comte de Vendôme. La légende raconte que le comte de Vendôme vit trois étoiles tomber dans un puits, y voyant là un signe divin, Geoffroy Martel décida d'ériger à cet emplacement une abbatiale (fr.wikipedia.org - Abbaye de la Trinité de Vendôme). Grâce aux liens personnels noués avec Hildebrand, l'abbé de La Trinité devenait un haut dignitaire de l'Église romaine en tant que cardinal-prêtre extérieur. Mais, il n'est pas impossible que le légat – et à travers lui la papauté – ait aussi voulu ouvrir les cercles romains à une élite réformatrice régionale, porteuse d'une théorie utile du point de vue des investitures abbatiales. Un milieu ligérien aurait ainsi pris place aux côtés des milieux lorrains et italiens... Cette hypothèse paraît corroborée par plusieurs indices contenus dans la Vie de saint Arnoul, un moine de Vendôme devenu évêque de Gap et commémoré dans le nécrologe de La Trinité au 19 septembre. D'après cette Vie et le bréviaire du XIIe siècle, Arnoul, né au castrum de Vendôme de parents nobles, devint moine à l'abbaye de La Trinité. Après l'accession pontificale d'Alexandre II (1061 - 1073), il servit d'agent de liaison entre l'abbaye et les milieux romains, vraisemblablement demander la confirmation de l'exemption qui fut obtenue le 8 mai 1063. La Vie précise qu'il assistait l'abbé Oderic de ses conseils sur la gestion du monastère. L'ayant accompagné lors d'un voyage à Rome, vers 1063 - 1066, il fut remarqué par Alexandre II qui le retint auprès de lui. La confiance que le pape témoigna à Arnoul l'amena à lui conférer l'épiscopat. Par esprit d'obéissance, celui-ci repassa par Vendôme pour obtenir de son abbé l'autorisation d'accepter cette charge, avant de gagner le siège de Gap qui lui avait été dévolu. [...] On situe son élévation à l'épiscopat vers 1064, car le 5 avril 1066, d'après la charte de réforme de l'Église de Sisteron, il participait déjà en tant qu'évêque de Gap au concile réformateur tenu par le légat Hugues Blanc à Avignon. En cette même année 1066, trois mois après le concile d'Avignon, son ancien abbé Oderic devenait cardinal de l'église de Sainte-Prisque. Entre 1063 et 1066, La Trinité de Vendôme obtenait donc une église cardinalice à Rome, tandis que l'un de ses moines, Arnoul, était utilisé pour participer à l'offensive réformatrice des légats dans les Alpes du Sud aux côtés de Géraud à Sisteron, puis d'Hugues à Die. [...] Le fait d'avoir choisi un moine vendômois, parmi les clercs réguliers qui occupèrent plusieurs sièges épiscopaux méridionaux soustraits aux laïcs, montre la confiance que Rome témoignait aux ressortissants de l'espace ligérien D'autres abbés élevés au cardinalat à la même époque : trois abbés du Mont-Cassin, en 1057 - 1058, puis l'abbé de Saint-Victor de Marseille en 1079 (J. H. Foulon, Les relations entre la papauté réformatrice et les Pays de la Loire jusqu'à la fondation de Fontevraud, Robert d'Arbrissel et la vie religieuse dans l'ouest de la France: actes du colloque de Fontevraud, 13-16 décembre 2001, 2004 - books.google.fr). Ildebrando de Soana, né vers 1015/1020 et mort le 25 mai 1085 à Salerne (Italie), est un moine bénédictin toscan qui devient en 1073 le 157e évêque de Rome et pape sous le nom de Grégoire VII, succédant à Alexandre II. Connu parfois comme le moine Hildebrand, il est le principal artisan de la réforme grégorienne, tout d'abord en tant que conseiller du pape Léon IX et de ses successeurs, puis sous son propre pontificat (fr.wikipedia.org - Grégoire VII). "grands... défaut" : éclipses Defaut (latin defectus ) = éclipse. Deux grands luminaires = le soleil et la lune : «Et dieu fit deux grands luminaires, le plus grand pour qu'il préside au jour et le plus petit pour qu'il préside à la nuit» (Genèse, I, 16) (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties: (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr). Une éclipse de lune est un défaut de lumiere dans la lune même plongée dans le cône de l'ombre ; ainsi elle est apperçue par tous ceux qui regardent la lune ; mais une éclipse de soleil n'est qu'un défaut de la lumière lancée, ou par tout son disque, ou par une partie, & interceptée par l'interposition de la lune, qui, vue de differens endroits, est rapportée dans la région solaire à des lieux différens (Rogerius Josephus Boscovich, Les éclipses: poëme en 6 chants, 1779 - books.google.fr). Il y eut une éclipse de lune "defectionis lunae" en 1063 (Jean Besly, Histoire des comtes de Poictou, et ducs de Guyenne: Contenant ce qui s'est passé de plus memorable en France depuis l'an 811. jusques au roy Louis le Ieune, 1647 - books.google.fr). En cette année Guillaume duc d'Aquitaine épousa Hildegarde ou Audéarde. Sous la pression de Grégoire VII, le mariage fut dissout en 1074 pour cause de consanguinité (J. H. Foulon, Une conscience profane à l'aube du XIIe siècle ? Guillaume IX d'Aquitaine (1086-1126), Guerriers et moines: conversion et sainteté aristocratiques dans l'occident médiéval, IXe-XIIe siècle, 2002 - books.google.fr). Cf. quatrain précédent X, 17. Les Annales de Vendôme relèvent une éclipse de lune en 1075, «le 5 des calendes de novembre, la lune étant 13°, un dimanche soir» ; une table de comput permet déjà d'éliminer le 28 octobre 1075, puisque c'était un mercredi, mais une liste d'éclipses fait facilement apparaître qu'il faut corriger le nom du mois en «octobre», ce qui nous met le 27 septembre 1075, qui était bien un dimanche et où il y eut effectivement une éclipse de lune dans la soirée. De plus, puisque le nombre d'or de l'année 1075 est 12 et que, en septembre, la lune est censée, selon les computistes, être nouvelle le 15, elle est bien 13e le 27 (Emmanuel Poulle, Astronomie planétaire au moyen âge latin, 1996 - books.google.fr). Cf. quatrain III, 5. Il faut aller en Chine pour assister à une éclipse de soleil en 1075, le 13 septembre (L'art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques et autres anciens monuments, Tome 2, 1784 - books.google.fr, eclipse.gsfc.nasa.gov). De même en 1073, nouvelle éclipse de lune en octobre, et éclipse de soleil visible depuis la Chine, le 9 mai (eclipse.gsfc.nasa.gov). En Chine La Chine arrive en 1069 à l'explosion de Ouang-anchi, le ministre athée, l'ami du peuple, le grand commentateur de Confucius; l'Europe arrive en même temps à ce que nous appelons la révolution des évêques et au pontificat de Grégoire VII, et en 1077 l'empereur est à ses pieds dans le château de Canosse où, pendant trois jours, il attend dans la cour, nu-pieds, au milieu de la neige, son absolution. «Point de jeûnes, dit le ministre chinois à son empereur, point de vaines cérémonies; ne fatiguez pas le ciel par vos prières; le monde, sourd à votre voix, suit son cours naturel, et vous ne devez demander conseil qu'à votre raison.» Au contraire, chez nous l'Église recommande les jeûnes extravagants, les folles macérations, les excès de la flagellation qu’on introduit à cette époque éminemment sacerdotale et tout à fait digne de saint Damien, de Pierre de Feu, de Dominique le Cuirassé, des saints qui se donnent jusqu'à quinze cents coups par jour, des moines qui expient sur leur dos les péchés de ceux qui les payent. Tout cède au règne de la légende, aux évêques arrachés à la nomination impériale, aux prêtres que le célibat sépare définitivement des familles laïques. Continuons. La réforme d'Ouang-an-chi rencontre en 1084 la réaction d'un lettré étroit et savant, qui veut séparer le peuple de la science. Dirons-nous que la réaction de la philosophie manque aux pontifes romains ? Après son explosion, Grégoire VII ne meurt-il pas en exil ? L'empereur Henri IV ne remporte-t-il pas des victoires ? Son fils Henri V n'emprisonne-t-il pas Pascal II ? Que d'évêques impériaux tournés contre les évêques du saint-siége ! Or la guerre des investitures n'est ni plus ni moins la guerre des docteurs chinois contre le réformateur de l'empire, avec les mêmes discussions, les mêmes destitutions alternées, la même importance pour la première fois accordée à des opinions théologiques dans le gouvernement du monde. Enfin, à la solution chinoise répond encore la solution de l'Europe; car, si en 1107 l'image d'Ouang-an-chi figure dans les temples à côté de celle de Confucius, si à cette époque la domination de la science est pleine et entière, si elle est assez sûre d'elle-même pour permettre aux Tao-ssé de se réorganiser sans redouter leur magie, le résultat de la guerre des investitures, fixé en 1122, donne à l'Eglise toutes ses élections, arrache aux rois l'antique ingérence dans les matières religieuses ; les évèques règnent dans les villes ; et tous les peuples demandent à se grouper sous leur juridiction pour se dérober aux rudes étreintes d'une raison barbare et féodale. La Chine obtenait des distributions de terres, l'anticipation des grains pour les semailles, l'uniformité des monnaies et la suppression des usures. C'est aussi ce qu'obtient l'Europe sous les formes de la liberté; car les riches qui partent pour la croisade vendent leurs châteaux et leurs terres à bas prix ; les bourgeois en profitent, les pauvres s'acquittent de leurs delles en prenant la croix, et les serfs deviennent libres dans le camp des croisés. Une dernière corrélation et la plus décisive. En Chine, les religions obtiennent enfin de se faire étudier par les lettrés, et cette étude du néant tourne à l'avantage de la science : en Europe, la philosophie obtient enfin de faire lire ses textes oubliés, ses auteurs de l'ancien monde, et qui en profite ? La religion, qui prend la philosophie à son service. C'est ainsi que commence la scolastique, qu’on interroge Aristote pour comprendre la Trinité, qu'on se souvient de Platon pour expliquer l’Eucharistie, qu'on ranime l'ancienne logique pour diriger les discussions sur la Bible, qu'on s'efforce d'être méthodique pour résoudre les innombrables contradictions de la tradition chrétienne; de là un débat quasi scientifique, des plaidoiries quasi libres, où l'on oppose thèse à thèse, texte à texte pour interpréter les livres sacrés d'après les philosophes de l'antiquité. Que si aucun homme d'Occident n'a l'élévation du réformateur chinois et de ses adeptes, si aucun antipape ou antiévêque ne peut se comparer à Ssé-ma-kuang et à ses amis, s'ils sont tous dans l'ignorance de leur propre passé, dans l'impossibilité de se faire une idée nette des anciens philosophes, il faut avouer que les leçons de Roscelin, les disputes de Guillaume de Champeaux, le sic et non d'Abailard, la scolastique qui paraît, ses premiers essais pour commenter la Trinité et l'Eucharistie d'après la théorie des idées, les débats des nominalistes et des réalistes, les premières critiques des livres saints sous la forme de problèmes, de doutes à résoudre, de recherches à faire, ressemblent aux commentaires sur les King du ministre chinois et aux critiques sur le Chou-king, qui se multiplient sous les Song. On cite à la Chine Kin-hou, qui élève une foule de doutes sous forme de problèmes, et qu'on appelle assemble-nuages; on cite Tchou-tsé, qui d'un ton caressant pousse encore plus loin les fouilles dans la tradition confucienne et la décrédite sous prétexte de la mieux étudier. Eh bien, l'Europe lisait aux mêmes jours les quatre labyrinthes de France et les docteurs qui ébranlaient tous les dogmes dans l'idée de les expliquer (Giuseppe Ferrari, La Chine et l'Europe: leur histoire et leurs traditions comparées, 1869 - books.google.fr, Histoire generale de la Chine, ou Annales de cet empire; traduites du Tong-Kien-Kang-Mou, par le feu le père Joseph-Anne-Marie de Moyriac de Mailla, Tome 8, 1778 - books.google.fr). La disgrâce de Ouang intervient au cours de l'année 1075 (L'art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques, et autres anciens monuments, depuis la naissance de Jésus-Christ, 1818 - books.google.fr). Au XIe siècle,
l'hégémonie appartenait aux Kéraïts, chrétiens nestoriens, dont le chef, le Ouang Khan, était vaguement connu en Europe sous le nom
légendaire de Prêtre Jean. Le christianisme des Kéraïtes et la similitude
du titre d'Oang avec le nom de Johan, servit à fixer leur incertitude. «Ong-khan, c'est-à -dire, Yokhnan (Johan),
roi chrétien» dit Bar Hebræus au XIIIe siècle. Il notait que le roi des Keraïts
et 100000 d'entre eux s'étaient faits baptisés en 1009. Quant à l'origine de la lettre du Prêtre-Jean, l'opinion généralement admise est qu'elle est à chercher du côté de Mayence en Germanie. C'est dans la chronique d'Otto de Freisingen que le nom d'un “certain Jean, roi et prêtre, chrétien” apparaît pour la première fois, au milieu du XIIe siècle. Otto de Freisingen est le demi-frère de l'empereur Conrad III, et évêque de Mayence. Selon Marie-Paule Caire-Jabinet, la lettre a été fabriquée dans les bureaux de la propagande impériale en vue de “prouver la supériorité du pouvoir temporel des empereurs sur le pouvoir spirituel des papes” (A. Muzzolini, Francis Anfray, Les anciens Ethiopiens: Siècles d'histoire, 1990 - books.google.fr). Cf. quatrain X, 17 - Les cousins de Mayence - 2189-2190. Otton de Freising est le premier à mentionner en 1145 ce prêtre-roi descendant des Rois mages dont lui aurait parlé un évêque syrien croisé à Viterbe. Après la défaite et la démolition de Milan en 1162, les restes des rois mages auraient été transportés par l'archevêque-électeur Rainald von Dassel en 1164 de Milan à Cologne, où ils sont depuis proposés à la vénération des fidèles dans une châsse en or dite châsse des rois mages, exposée dans le chœur de la cathédrale. Dans toute la suite du Moyen Âge on les a donc appelés les «trois rois de Cologne» et la ville est consécutivement devenue un centre important de pèlerinage, de renommée internationale, contribuant à son développement. La Légende dorée de Jacques de Voragine résume les croyances du temps : Sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin Ier, avait retrouvé ces reliques vers 330 et les avait transportées à Constantinople, d'où elles avaient été transférées à Milan par l'évêque Eustorge, avant d'aboutir à Cologne, sur ordre d'un empereur germanique que Jacques de Voragine appelle Henri (fr.wikipedia.org - Rois mages). La rumeur faisait de l'invasion mongole de la Hongrie en 1258 une tentative pour récupérer les reliques des rois mages. "Fils de
Hamon" Il y a deux "fils de Hamon" situés en cette période historique : Gervais de Château du Loir et le roi de France Philippe Ier sacré par le premier, archevêque de Reims, en 1059. La dénommination de Philippe Ier peut résulter d'une erreur de transcription du XVIIe siècle ou du XVIe siècle, dans un catalogue de manuscrits. Le sacre de Philippe Ier, à peine âgé de sept ans, fut accompli par l'archevêque de Reims, Gervais de Château-du-Loir ; c'est le premier sacre d'un roi de France sur lequel l'histoire possède une relation un peu détaillée. Le procès-verbal fut probablement rédigé par Gervais lui-même (Karl Joseph von Hefele, Histoire des conciles d'après les documents originaux, Volume 4, Partie 2, 1911 - books.google.fr). Dans la relation de l'acte du couronnement de Philippe Ier, il est dit que l'archevêque Gervais montra : «quomodo ad eum a pertineret electio regis et consecratio.» (Constant Quéant, Le Sacre. Études historiques, philosophiques et religieuses, 1868 - books.google.fr). Afin d'assurer la pérennité du pouvoir au sein de sa famille, Hugues Capet, ayant lui-même été élu, avait fait élire et sacrer de son vivant son fils Robert, mettant ainsi en place la pratique de l'association au trône. Philippe Ier, âgé de sept ans, est lui aussi associé au trône par ce sacre anticipé qui tombera en désuétude à partir de Philippe Auguste, la succession étant alors coutumièrement devenue héréditaire. [...] "L'année de l'Incarnation du Seigneur 1059, indiction 12, la trente-deuxième année du règne du roi Henri, achevée ce même jour du 10 des calendes de juin [23 mai], la quatrième année de l'épiscopat du seigneur Gervais, le saint jour de la Pentecôte, le roi Philippe a été consacré par l'archevêque Gervais dans l'église majeure (de Reims) devant l'autel de Notre-Dame, selon l'ordre suivant : «La messe commencée, avant que l'épître soit lue, le seigneur archevêque se tourna vers lui et lui exposa la foi catholique, le questionnant pour savoir à la fois s'il y adhérait et s'il voulait la défendre ; le roi ayant approuvé cela, sa déclaration (professio) fut apportée et, la recevant, il la lut alors qu'il n'était âgé que de sept ans et il y apposa sa souscription (Jean-Marie Carbasse, Guillaume Leyte, L'Etat royal, XIIe-XVIIIe siècle: une anthologie, 2004 - books.google.fr). Le sacre de Philippe Ier à Reims en 1059 a donc été l'occasion d'une grande démonstration politique. Tous les arguments sont utilisés pour fonder durablement le droit des archevêques de Reims de présider le sacre : une bulle pontificale, le pouvoir primatial, le bâton de saint Remi. [...] La bulle de Victor II est perdue ; on a conservé en revanche celle d'Urbain II à l'archevêque Renaud (1083 - 1096) du 25 décembre 1089. Par cette bulle, le pape concède à l'archevêque de Reims le pouvoir de sacrer les rois et les reines : «Le premier et le principal de vos pouvoirs, à vous et à vos successeurs, est de consacrer le roi de France ; de même que saint Remi pour la première fois, institua roi très-chrétien en ce pays Clovis, récemment converti à la foi, de même vous, qui exercez en l'église de Reims, par la permission de Dieu, les mêmes pouvoirs que saint Remi vous avez comme pouvoir essentiel de sacrer et d'ordonner le roi ainsi que la reine...» (Charles Delattre, Objets sacrés, objets magiques, 2007 - books.google.fr). Gervais de Bellème, appelé aussi Gervais de La Roche-Guyon est le fils d'Aimon (ou Hamon), Seigneur de Château-du-Loir et d'Hildeburge de Bellême. Il est neveu de l'évêque du Mans, Avesgaud, par sa mère. Gervais de Bellême prend le parti d'Eudes II de Blois dans sa lutte contre les Comtes d'Anjou, et c'est sous son influence qu'il devient évêque du Mans en 1036. Le 15 octobre 1055, Gervais de Bellême est intronisé archevêque de Reims à la suite de la demande du roi Henri Ier au pape Victor II. Il est le 44e archevêque de Reims. L'archevêque Gervais de Bellême procède au sacre de Philippe Ier en 1059, en la cathédrale de Reims. Philippe alors âgé de 7 ans est sacré du vivant de son père, coutume instaurée par les premiers capétiens. Il exerce la co-régence du royaume de 1060 à 1066, assisté de la mère et de l'oncle par alliance du jeune roi (né en 1052), le comte de Flandre Baudouin V, en attendant la majorité de Philippe (fr.wikipedia.org - Gervais de Belleme). Gervais fut très généreux envers l'abbaye de la Trinité de Vendôme (Abbé Michel Simon, Histoire de Vendôme et de ses environs, Tome 3, 1835 - books.google.fr). Thomas Smith indique, dans son catalogue, à la suite de la «Chronique de Renaud, archidiacre d'Angers; continuation de la précédente [«Chronique de Frodoard/Flodoard, moine de Saint-Aubin/Alban, de l'empereur Octavien à l'année 966»] jusqu'à 1277...», une généalogie des rois de France depuis Pharamond jusqu'à Philippe. Or on retrouve une généalogie similaire dans le manuscrit original des Annales de Vendôme : elle rapporte la descendance des rois de France depuis le légendaire Pharamond jusqu'au Capétien Philippe Ier, continuée ultérieurement jusqu'à Philippe Auguste par une autre main. Au moins deux exemplaires des Annales de Saint-Aubin d'Angers contiennent une généalogie comparable. Ce fait constitue donc un troisième rapprochement remarquable entre les annales angevines et vendômoises et le contenu du manuscrit Cotton Otho B III. Philippe Ier (1060 - 1108) d'Henri Ier (1031-1060), était contemporain de l'archidiacre Renaud d'Angers (mort en 1075/6). Il est donc possible que cette généalogie ait été introduite par cet auteur dans le Recueil initial de Saint-Maurice d'Angers puisque plusieurs annales qui en dérivent semblent la reproduire. Une incohérence apparaît cependant dans le Catalogue de la bibliothèque cottonienne : Philippe y est mentionné comme fils d'Hamon. Cette situation ne s'explique que par une erreur d'interprétation ayant conduit au remplacement de Henri (Hainricus) par Hamon (Hamonis) La présence de plusieurs erreurs de graphie incite à penser que Thomas Smith se soit basé sur un texte difficilement lisible pour élaborer les notices du manuscrit Cotton Otho B III. Le fait qu'il ne connaisse ni Flodoard de Reims, ni l'abbaye angevine de Saint-Aubin, ni en détail la généalogie des rois capétiens de France n'a guère facilité son travail d'interprétation lorsqu'il constitua son catalogue en Angleterre à la fin du XVIIe siècle : cela pourrait en effet expliquer la retranscription de Albani pour Albini et de Hamonis pour Hainricus. Mais, en réalité, Thomas Smith n'est sans doute pas le responsable direct de toutes ces erreurs. Si son catalogue imprimé correspond à la plus ancienne publication du contenu de la bibliothèque cottonienne, plusieurs listes inédites avaient été constituées tout au long du XVIIe siècle, notamment par Sir Robert Cotton (avant 1631), Richard James (entre 1625 et 1638), John Selden (1584-1654), James Ussher (1581-1656) et William Dugdale (1605-1686). Thomas Smith s'est basé sur ces différents inventaires partiels pour l'édition de son propre catalogue et il n'a souvent fait que reproduire les erreurs de ses devanciers (Stéphane Lecouteux, L'archétype et le stemma des annales angevines et vendômoises, Revue d'histoire des textes, Volumes 3 à 4, 2008 - books.google.fr). Thomas Smith (3 Jun 1638 - 11 May 1710) was an
English scholar,
expelled Fellow of Magdalen College, Oxford, and non-juring divine. He settled in the household of Sir John
Cotton, the grandson of Sir Robert Cotton, founder of the Cotton library.
For twelve years at least, he seems to have had the principal charge of the
Cottonian manuscripts. He was consulted on the formation of libraries, in
particular by Narcissus Marsh. At this period he knew Samuel Pepys, and
corresponded with Humphrey Wanley in Oxford. He wrote Catalogus Librorum Manuscriptorum Bibl. Cottonianæ, Oxford, 1696,
folio; very valuable as affording a clue to the manuscripts burned in the fire
at Ashburnham House on 23 Oct. 1731 (cf. Notes and Queries, 2nd ser. xi. 382;
Nichols, Lit. Anecd. v. 114) (en.wikipedia.org -
Thomas Smith (scholar), en.wikisource.org
- Dictionary of National Biography 1885-1900 - Smith Thomas (1638-1710)). "haut... bas" Hildebrand qui premier a establi l’Empire Papal, que ses successeurs depuis 450. ans retiennent en despit du monde & des Empereurs faisant passer soubs le joug de leur servitude, inferos, superos, tout soit haut, fort bas (Philippe de Mornay, Mystère d'iniquité: c'est à dire l'histoire de la papauté, 1611 - books.google.fr). Typologie ou
Antitypologie Le report de 2191 sur la date pivot 1075 donne -41, 1073, -45. Nous sommes en 46 av J-C. Jules César (101 - 44 av J.C), Jules César qui cumule les fonctions de Dictateur (pour 10 ans) et de Grand Pontife intervint... A cette époque régnait à Rome un désordre extraordinaire dans le compte des jours. Les Pontifes, ayant le droit d'intervenir à volonté dans la durée de certaines périodes faisaient du calendrier un moyen de corruption et de fraude ; ils prolongeaient la magistrature de leurs amis, abrégeaient celles de leurs ennemis, avançaient ou retardaient les échéances, permettaient aux fermiers du fisc de rapides bénéfices ou les amenaient à la faillite. Avec ces abus, on en était arrivé à célébrer au printemps la fête d'automne (les Autumnalia) et la moisson en plein hiver. Ceci étant, Jules César lui-même, a profité de ce désordre. Pontifex Maximus depuis -52 ; il n'a décrété qu'une seule fois un mois intercalaire, pourtant c'est lui qui instaurera le nouveau calendrier qui porte son nom. De retour d'Egypte il ramena (en même temps que Cléopâtre) l'astronome grec Sosigène, établi à Alexandrie, et le prit pour conseiller. Sur les conseils de Sosigène, Il fut décidé que le futur calendrier ne tiendrait aucun compte de la lune et s'ajusterait le mieux possible à l'année (tropicale), le calendrier julien serait donc essentiellement solaire (C'est la réforme julienne) (Le calendrier julien, 2008 - histoirde.over-blog.com). Le Pontifex Maximus jouit d'une autorité religieuse, qu'il exerce sur son Collège et sur les rites sacrés. Mais lui sont également reconnues, à l'époque républicaine, des compétences en matière politique. Les «Fastes pontificales» s'arrêtent avec le pontificat de M. Aemilius Lepidus. À sa mort, en 12 av. notre ère, Auguste «reçut» (recepit) le Pontificatus Maximus. Rapidement la titulature officielle se fixe : Imp. Caesar Aug. P. M. Elle figure déjà en 7 / 4 sur la stèle des cinq Édits d'Auguste, retrouvée à Cyrène. On la trouve dans les Édits de Claude de 46 ap. J.-C., de Vespasien, en 73 et 74, de Domitien, en 82 et en 88-89, d'Hadrien en 136, etc. Elle figure sur les diplômes militaires, encore dans les premières années du IVe siècle. Mais, dans l'hiver 312-313, Constantin opte pour le Christianisme. Le titre de Pontifex Maximus convient mal à un empereur chrétien. Il faut cependant attendre plus d'un demi-siècle pour que Gratien y renonce, tandis qu'il faisait enlever du Sénat l'autel de la Victoire. Le titre de Pontifex Maximus disparaît alors de la titulature impériale (J. Gaudemet, Pontifex, Hommages à Carl Deroux, 2002 - books.google.fr). En -12, le mois Quintilis reçut sous Auguste le nom de Julius, et Sextilis devint Augustus ; pour qu'Augustus ne fût pas inférieur à Julius, on retrancha un jour à février qui n'en eut plus que 28, pour l'ajouter à Augustus. Par là on détruisit l'ordre si commode, établi par César, des mois alternativement de 31 et 30 jours. Et voilà comme quoi juillet et août ont 31 jours (Cours et conferences des semaines liturgiques, Tome 2, 1914 - books.google.fr). Le pape, Grégoire XIII, le célèbre réformateur du calendrier, avait placé dans le martyrologe Grégoire VII, cet audacieux Hildebrand, qui voulait disposer des couronnes et se regardait comme le supérieur des rois. Le pape Benoît XIII avait laissé insérer dans le bréviaire romain, employé dans un très grand nombre d'églises de France, une légende qui plaçait cet ambitieux Grégoire au nombre des saints, et canonisait ses absurdes prétentions (Histoire générale, physique et civile de l'Europe, depuis les dernièrs années du cinquième siècle jusque vers le milieu du dix-huitième; par m. le comte de Lacepede, Tome 18, 1826 - books.google.fr). |