Etampes et accouchement

Etampes et accouchement

 

X, 84

 

2239

 

La naturelle Ă  si hault, hault non bas,

Le tard retour fera marris contents,

Le Recloing ne sera sans débats

En employant et perdant tout son temps.

 

Son Ă©lucidation nous mĂšnera Ă  la premiĂšre conjonction et sublimation, c'est-Ă -dire Ă  la premiĂšre des deux noces dĂ©crites dans le premier quatrain de ce chapitre. Le mot RECLOING est une anagramme de RECONLIG ou Reconligo - legi - etus - ere, verbe latin qui veut dire unir, assembler, lier ensemble. Il exprime, par consĂ©quent, la mĂȘme idĂ©e de conjunctio ou de noce. Le mot permet aussi les interprĂ©tations suivantes : a) RE CONLIGERE (de “res”, chose), (unir) ; b) RE COLO - ERE (chose) (cultiver). La variante “b” nous Ă©voque une dĂ©finition de l'alchimiste comme “CULTOR ESSENTIAE” (cultivateur des essences). Mais la variante "a" reste conforme au contexte , nous restons donc Ă  l'idĂ©e de union ou de noces (Vlaicu Ionescu, Le message de Nostradamus sur l'Ăšre prolĂ©taire, 1976 - books.google.fr).

 

"Recloing" : reclaing, reclain

 

C'est a dire que laissié ay

Ma maniere et mon cuer chanjay,

Et ai pris nouvele maniere

Toute contraire a la premiere:

Amours desprisoie, or le craing,

Amans blasmoie, or les reclaing,

Car nus ne puet en pris venir

S'il ne vieut amour maintenir;

 

Notons que le prés. de l'ind. et du subj. de craindre rime aussi bien en a + m : aimme : craimme * 405, 417, 2881, craing : reclaing (reclamo) 1155, qu'en -ien : mien : crieng 1757, criens : riens 2273 (Arvid Thordstein, Etudes romanes de Lund, Tome 2 : Le bestiaire d'amour rimé: poÚme inÚdit du XIIIe siÚcle, 1941 - books.google.fr).

 

Ce chapitre XXV des Antiquitez de la Ville et du DuchĂ© d’Estampes, Paris, Coignard, 1683, Premiere Partie, traite de La Franchise du marchĂ© de Saint Gilles, et par suite de l’histoire des marchĂ©s d’Étampes, ainsi que, accessoirement de deux des trois sacs connus par la ville au XIVe siĂšcle. Fleureau donne le texte latin de la charte de 1123 et le texte français de celle de 1378.

 

Les droits de reclin et défaut... de sept sols six deniers... seize deniers. Le montant de ces droits, passant de 90 à 16 deniers, est donc divisé par 5,625. Le reclin (mot inconnu de Littré;

mĂȘme orthographe que dans le chapitre XXII) est sans doute la mĂȘme chose que le reclaim (selon Henschel) ou reclain (selon Godefroy), c’est-Ă -dire toute rĂ©clamation en justice, spĂ©cialement la rĂ©clamation de ce qu’on estime ĂȘtre son bien. Il faut donc payer un droit pour dĂ©poser une rĂ©clamation auprĂšs du prĂ©vĂŽt royal. Quant au droit de dĂ©faut, il faut aussi se reporter au chapitre XXII, oĂč Fleureau Ă©crit que «le PrevĂŽt d’Estampes (...) a droit de reclin, qui est de quinze sols parisis, qui luy sont deĂ»s par chacun de ses sujets, qui est exĂ©cutĂ© en ses biens, en vertu d’une Sentence, ou contract volontaire, passĂ© pardevant Notaire. Il a aussi droit de deffaut, qui est de cinq sols parisis contre chacun, adjournĂ© pardevant le Bailly, ou Prevost d’Estampes, par faute de presentation, ou comparition.» (Dom Basile Fleureau, De la Franchise du MarchĂ© de Saint Gilles d’Estampes, Antiquitez d’Estampes I, 25, 1668 - www.corpusetampois.com).

 

Par tout oĂč le PrevĂŽt d’Estampes a Jurisdiction en premier instance, le Roy, ou celuy qui joĂŒit en son lieu de DuchĂ© d’Estampes, y a droit de reclin, qui est de quinze sols parisis, qui luy sont deĂ»s par chacun de ses sujets, qui est exĂ©cutĂ© en ses biens, en vertu d’une Sentence, ou contract volontaire, passĂ© pardevant Notaire. Il a aussi droit de deffaut, qui est de cinq sols parisis contre chacun, adjournĂ© pardevant le Bailly, ou Prevost d’Estampes, par faute de presentation, ou comparition. Comme encore, il a droit d’amende ordinaire, qui est de quinze sols parisis, contre les dĂ©faillans, au jour assignĂ© par le Juge, aprĂ©s qu’ils ont une fois comparu: & de sept sols parisis, contre le litigant, aprĂ©s qu’il a niĂ© un fait mis en avant contre luy, & que sa partie adverse a fait preuve au contraire. J’ay fait icy cette remarque contre les plaideurs, Ă  cause des privileges accordez sur ce sujet aux habitans de saint Gilles, & autres, comme je le rapporteray dans la suite (Dom Basile Fleureau, De la Franchise du MarchĂ© de Saint Gilles d’Estampes, Antiquitez d’Estampes I, 22, 1668 - www.corpusetampois.com).

 

Selon un document autrefois conservĂ© Ă  OrlĂ©ans (A 1237, passim) citĂ© par Dupieux (Institutions, p. 85, note 5, qui donne par erreur A. 1236). En voici le rĂ©sumĂ© par l’Inventaire-Sommaire de 1878, p. 278b: “procĂšs-verbal d’évaluation des domaines de la FertĂ©-Aleps (Alais) et d’Étampes en 1543. Droits de reclins et amendes. Reclin ou reclaim, de reclamium, action de rĂ©clamer son bien.” Il faut faire attention que cette date doit ĂȘtre corrigĂ©e, l’évaluation ayant eu lieu en janvier et fĂ©vrier 1543 ancien style, c’est-Ă -dire au dĂ©but de 1544 (Bernard Gineste, Les procureurs du roi Ă  Étampes au XVIe siĂšcle, Étude prosopographique, 2010 - www.corpusetampois.com).

 

Le bailli d'Etampes Ă©tait le bailli du comte puis du duc mais non celui du roi.

 

Le roi François Ier pensa bientĂŽt que la dignitĂ© de comtesse Ă©tait insuffisante pour une favorite. En janvier 1537, il Ă©rigea le comtĂ© d’Étampes en un duchĂ©, auquel il incorporait les chĂątellenies de Dourdan et de La FertĂ©-Aleps. [...] Le duchĂ© d’Étampes paraĂźt, dĂšs cette date de 1547, avoir Ă©tĂ© ramenĂ© aux proportions du comtĂ© avant 1537. En tout cas, dĂšs 1549, Henri II engageait la seigneurie de Dourdan Ă  François de Lorraine, duc de Guise. Cependant le rĂšgne des favorites n’était pas clos Ă  Étampes. Ce fut, en 1553, le tour de Diane de Poitiers. Mais Jean de Bretagne prĂ©tendait encore Ă  la possession du duchĂ©. Le 16 septembre 1556, il se faisait proroger ses lettres pour neuf ans : cette nouvelle faveur, qui servait Ă  dissimuler la donation Ă  Diane de Poitiers, ne reçut peut-ĂȘtre pas d’effet immĂ©diat. La favorite d’Henri II profitait des richesses que lui offrait l’Etampois. [...] Tout cela ne pouvait empĂȘcher qu’aprĂšs la mort de son royal amant et en vertu de l’édit de rĂ©vocation gĂ©nĂ©rale des dons, publiĂ© par François II le 18 aoĂ»t 1559, elle ne fĂ»t privĂ©e du duchĂ© et expulsĂ©e de la cour avec infĂąmie, grĂące Ă  l’influence des Guise et Ă  Catherine de MĂ©dicis. Jean de Brosse, qui avait dĂ©jĂ , semble-t-il, recouvrĂ© le duchĂ©, se vit renouveler ses lettres de don en 1562. Il mourut en 1564. [
]

 

Cf. le quatrain IX, 87 - Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de MercƓur - 2167-2168.

 

Les droits les plus importants, dont jouissaient les seigneurs, provenaient sans contredit de ce qu’ils Ă©taient des justiciers. Nous avons fait voir comment ce rĂŽle leur Ă©tait dĂ©volu par le bon plaisir du roi. Toute juridiction venait du roi et retournait au roi, selon l’observation de M. Dupont-Ferrier. Comment elle dĂ©rivait de lui, nous l’avons montrĂ©. Elle se ramenait toute Ă  lui en  dĂ©finitive, puisque les appels interjetĂ©s des fĂ©odaux Ă©taient portĂ©s Ă  ses officiers, en dernier ressort au Parlement. Les seigneurs faisaient bien figure de collaborateurs. Ils dĂ©chargeaient d’une partie de leur tĂąche les juges royaux, mais chacun dans une mesure prĂ©cise, qu’il importe de dĂ©finir et qui variait selon les lieux et les coutumes. Les bas et moyens justiciers connaissaient des causes, qui entraĂźnaient pour les coupables une amende maximade 60 sols parisis. Le pays d’Étampes suivait en cela la coutume de Paris, comme dans tous les cas oĂč sa propre coutume Ă©tait muette. Ces seigneurs avaient en outre le droit de prendre les  dĂ©linquants, mĂȘme en flagrant dĂ©lit, de les emprisonner, non pour les juger, si le crime excĂ©dait leur compĂ©tence, mais pour les livrer au haut justicier ou les lui dĂ©noncer dans les vingt-quatre heures.

 

Le haut justicier avait un gibet Ă  trois piliers, munis de liens en dehors et en dedans, s’il Ă©tait chĂątelain. Sinon, il n’avait droit qu’à deux piliers ou mĂȘme simplement Ă  un pilori, c’est-Ă -dire Ă  un poteau garni d’un carcan, que l’on passait au cou du condamnĂ©.

 

Il connaissait de tout crime, qui ne constituait pas un cas royal ou privilĂ©giĂ© et qui entraĂźnait pour le coupable la perte de la vie naturelle ou civile, le bannissement, les peines infĂąmantes, la mutilation, le fouet, l'exposition en public, la marque du corps au fer chaud, l'amende honorable. Il confisquait les biens des condamnĂ©s Ă  la mort naturelle ou civile. Bref il avait au criminel toute la juridiction en premiĂšre instance, dans le ressort qui lui Ă©tait confiĂ©. Le prĂ©vĂŽt d'Etampes lui disputait avec acharnement un droit qu'il possĂ©dait, lui aussi, dans toute  l'Ă©tendue de sa juridiction en premiĂšre instance. C'Ă©tait le reclaim (de reclamare). Il consistait Ă  rĂ©clamer quinze sols parisis Ă  tout sujet, qui Ă©tait exĂ©cutĂ© dans ses biens, en vertu d'une sentence judiciaire ou d'un contrat passĂ© devant notaire. Simon Audren, prĂ©vĂŽt d'Etampes assurait que ce droit avait Ă©tĂ© usurpĂ© par les justiciers et qu'il en rĂ©sultait une grande diminution des recettes domaniales. Il engagea Ă  ce sujet de nombreux procĂšs au Parlement. Il se plaignit de cette  intrusion fĂ©odale, lors de l'Ă©valuation de 1544. On ne lui donna pas toujours raison. En fait, lorsque l'exĂ©cution Ă©tait opĂ©rĂ©e par des sergents fĂ©odaux, le droit revenait au seigneur. Lorsque des sergents royaux y procĂ©daient, en vertu d'une commission dĂ©cernĂ©e par le prĂ©vĂŽt d'Etampes, sur des obligations passĂ©es dans les justices subalternes, le reclaim demeurait Ă  l'officier royal. Les justiciers, hauts, moyens ou bas, prĂ©levaient encore un droit particulier, dit amende du fol appel, lorsque leur sentence, portĂ©e devant le prĂ©vĂŽt ou le bailli d'Etampes, se trouvait confirmĂ©e. Non seulement Simon Audren, en 1543, leur dĂ©niait ce profit, mais il aurait voulu accaparer tous les gains de justice au nom du roi, qui les avait alors cĂ©dĂ©s Ă  Jean de Brosse, duc d'Etampes, Ă©poux d’Anne de Pisseleu, maĂźtresse de François Ier. Il y avait plus. A cette date, les fĂ©odaux du duchĂ© d'Etampes Ă©taient empĂȘchĂ©s de les percevoir ; et par provision, en attendant une dĂ©cision du Parlement, le roi en disposait.

 

En 1543, Simon Audren se dira prĂ©vĂŽt pour le roi uniquement. Et il agira de plus, d'une maniĂšre distincte, comme procureur de Jean de Brosse et d'Anne de Pisseleu. Avant d'obtenir sa charge de prĂ©vĂŽt, il cumulait, en 1537, les fonctions d'Ă©lu et de maire d'Etampes. Si le prĂ©vĂŽt d'Etampes consentait Ă  accepter de petits bailliages fĂ©odaux, qui ressortissaient Ă  sa prĂ©vĂŽtĂ©, il tirait pourtant de ses attaches avec le pouvoir central les meilleurs profits et l’honneur de sa carriĂšre.

 

L'impression qui se dégage de cette étude, aussi complÚte que les textes ont pu nous la permettre, est celle d'une lutte incessante des officiers royaux contre la féodalité au profit du fisc ou simplement dans le but d'accroßtre l'autorité monarchique consentait à accepter de petits bailliages féodaux, qui ressortissaient à sa prévÎté (Paul Dupieux, Les institutions royales au pays d'Etampes (Comté puis Duché: 1478-1598), 1931 - books.google.fr).

 

Au XVIIe siĂšcle, en certaines rĂ©gions, l'amende de reclain Ă©tait appelĂ©e amende foraine :

 

Les fermiers du Domaine lÚvent un droit de 3 £ 1d, sous le nom d'amende foraine, sur chaque débiteur qui reçoit un commandement de payer en vertu d'une obligation, d'un contrat à bail,

ou d'une location dans les bailliages de Vermandois, Reims et ChĂąlons, en faisant beaucoup de frais de recouvrement (Arthur Andre Gabriel Michel de Boislisle, Correspondance des controleurs generaux des finances avec les intendants des provinces, 1683 a 1699, 1874 - books.google.fr).

 

On peut voir un lien entre forain (extérieur, étranger) et loin/loing terminaison de "recloing".

 

Il a existĂ© un village du nom de Recling en Meurthe, ancien Reclingen et peut-ĂȘtre Racolingias Ă  GuĂ©bling (Henri Lepage, Les communes de la Meurthe: journal historique des villes, bourgs, villages, hameaux et censes de ce dĂ©partement, Tome 1, 1853 - books.google.fr).

 

Temps et reclain

 

Le Reclain, comme il se voit par l'usage local de Montereau, à la fin de la Coutume de Meaux, est proprement la plainte qu'un créancier fait en jugement, de ce que celuy qui est son débiteur par contracts faits, & passez sous le séel Royal ou authentique, ne luy a payé au jour préfix & marqué, la somme qu'il s'étoit obligé par serment de luy payer. On tient pour Coutume génerale en ladite & Chatellenie de Montereau ou faut-Yonne, que au Roy nÎtre Sire appartient, & a droit de prendre de chacun reclain en toute ladite Chatellenie des lettres & contracts faits & passes sous le séel Royal de ladite Ville, & Chatellenie, la somme de sept sols six deniers tournois pour l'amende de la fraction de la promesse faite par serment par les debteurs, lesquels s'obligent en la main du Tabellion, ou Notaire juré volontaire (François Ragueau, Glossaire du droit françois, Tome 1, 1704 - books.google.fr).

 

Comme il y a échéance, il y a délai.

 

Saint Gilles d'Etampes

 

On pourrait dire 1° qu'il y a de grandes apparences que cette Ă©glise de Saint-Gilles est de fondation royale et qu'elle a Ă©tĂ© bĂątie par le roi Robert dans le temps qu'il faisait sa demeure au chĂąteau d'Étampes, en forme de chapelle sous le nom de Saint-Gilles, connu dans un petit dĂ©sert qui n'Ă©tait pas Ă©loignĂ© du chĂąteau, pour satisfaire Ă  sa piĂ©tĂ© et sa dĂ©votion Ă  l'imitation de ce saint auquel les rois de France ont portĂ© grand honneur; et il y a en France, dans plusieurs bonnes villes, des Ă©glises bĂąties et dĂ©diĂ©es sous le nom de ce saint. Cette chapelle-ci Ă©tait une agrĂ©able solitude et retraite dans un lieu de chasses, au milieu des bois et des forĂȘts. Il est vrai qu'il ne l'a pas dotĂ©e de revenus et que, dans la suite des temps, ayant Ă©tĂ© Ă©rigĂ©e en paroisse, les paroissiens l'ont agrandie et Ă©difiĂ©e. [...]

 

3° C'est encore l'unique paroisse indĂ©pendante, car on sait que les Ă©glises de Saint-Martin et de Saint-Pierre dans les faubourgs n'Ă©taient anciennement que deux couvents de religieux et non des paroisses, et qu'il y a mĂȘme encore Ă  prĂ©sent le prieur de Saint-Martin et le prieur de Saint-Pierre, que l'Ă©glise de Saint-Basile n'est qu'une annexe de Notre-Dame, et que Notre-Dame elle-mĂȘme n'Ă©tait autrefois qu'une maison de religion et que ce n'est encore Ă  prĂ©sent qu'une assemblĂ©e de chanoines qui, pour la commoditĂ© publique, a Ă©tĂ© Ă©rigĂ©e en paroisse avec son annexe. Le curĂ© de Saint-Gilles se peut dire le seul curĂ© d'Étampes, comme un Ă©vĂȘque en sa paroisse indĂ©pendant, car on sait que le curĂ© de Saint-Martin dĂ©pend du prieur de Saint-Pierre; les prieurs ont les principaux droits et fonctions en ces deux Ă©glises. Les curĂ©s de Notre-Dame et de Saint-Basile ne sont qualifiĂ©s que vicaires perpĂ©tuels avec de grandes dĂ©pendances du chapitre de Notre-Dame (Charles Forteau, La rapsodie de maĂźtre Pierre Plisson, avocat du roi au baillage d'Etampes au XVIIe siĂšcle, Annales de la SociĂ©tĂ© historique et archĂ©ologique du GĂątinais, Tome 27, 1909 - www.corpusetampois.com).

 

"maris"/marris

 

ĂȘtre marri. Vieux ou littĂ©raire. Être dĂ©solĂ© de quelque chose, attristĂ© ou contrariĂ©, fĂąchĂ© (www.larousse.fr).

 

La durĂ©e de la grossesse des femmes de cocus est toujours un peu plus longue que neuf mois, car entre le dernier rapport (et le bon) avec l'Ă©poux, il aura fallu quelque intervention supplĂ©mentaire. En dĂ©coule la tutelle de saint Gilles du Gard ou saint Jacques de Compostelle sur la fĂ©conditĂ© des maris impuissants : au retour de leur long pĂšlerinage, Ă  peu prĂšs un an plus tard, ils retrouvent leurs fidĂšles Ă©pouses enceintes. Leur honneur est irrĂ©prochable, car qui douterait de l’efficacitĂ© du bon saint Gilles et du lointain Iago ?

 

ActĂ©on meurt dĂ©vorĂ© mais on ne dit rien de sa virilitĂ©, alors que la virginitĂ© d'ArtĂ©mis est le thĂšme implicite du rĂ©cit. ArtĂ©mis jette de l'eau du bain au front d'ActĂ©on, le change en cerf que ses chiens dĂ©vorent. Nous retrouverons une partie des motifs dans le lai d'IgnaurĂ©, dans la lĂ©gende de la fĂ©e de Carrouge et dans celle de MĂ©lusine, oĂč les signifiĂ©s de puissance associĂ©s Ă  la fille au bain sont mieux Ă©noncĂ©s que dans le mythe grĂ©co-romain. Dans le lai d!IgnaurĂ©, les dames s!unissent pour se venger ensemble de leur amant volage. Elles vont le poignarder mais le hĂ©ros s'en tire. On informe les maris cocus, qui chĂątrent IgnaurĂ©. Ils donnent son c#ur Ă  manger Ă  leurs Ă©pouses Ă©namourĂ©es. A Carrouge, le chasseur de cerf fait de la fille au bain son amie, mais l!Ă©pouse lĂ©gitime ne l'entend pas ainsi. Elle vient poignarder la fĂ©e et tue son mari du mĂȘme coup. Ses descendants portent au front la mĂȘme marque rouge que le chef de la lignĂ©e. A Lusignan, Raymondin fonde son domaine Ă  partir d!une peau de cerf dĂ©coupĂ©e en un unique lacet. L'indication sexuelle est inversĂ©e car c'est l'infirmitĂ© de MĂ©lusine qu!on signifie et non celle du mari. Celui-ci ayant bravĂ© l'interdit, sa femme disparaĂźt. Les signifiĂ©s de puissance du bain de l’ondine sont la distinction des genres taxonomiques selon l’antinomie humain/animal, la distinction des genres sexuĂ©s selon l'antinomie masculin/fĂ©minin, et les Ă©lĂ©ments physiques selon l’antinomie eau/air, et enfin, la verticalitĂ© selon l'antinomie haut/bas. Ajoutons-y le renouvellement des gĂ©nĂ©rations, selon l!antinomie mort du hĂ©ros/progĂ©niture du hĂ©ros. L'eau printaniĂšre du psaume 42 ou l’eau du bain d!une entitĂ© gynĂ©morphe dans le mythe d'ActĂ©on, peuvent signifier la castration du hĂ©ros masculin, voire sa mort. A l'opposĂ© du calendrier, la flĂšche du chasseur est une mĂ©taphore de la fĂ©condation des biches par les cerfs en rut : le berchaire est au cerf, ce que le cerf est Ă  la biche pendant quelques semaines. La scĂšne apparait Ă  Lillebonne et s'explique par la mention suivante : «Un cerf estelaire est un cerf apprivoisĂ© que l’on envoie dans les bois pour aider Ă  prendre les autres.» Le mot «estĂ©laire», disparu du lexique de la vĂ©nerie contemporaine, existe encore dans la taxonomie zoologique sous les formes «éterle» et «éterlou» dĂ©signant respectivement les individus encore stĂ©riles des ongulĂ©s de montagne. Par glissement de sens, ces animaux sont encore trop jeunes pour s’ĂȘtre reproduit : ils ne sont pas chassables, a priori. Dans le langage des veneurs d'autrefois, le «cerf estĂ©laire» est vraisemblablement le cerf chĂątrĂ© dont on se servait pour provoquer le raire des cerfs sauvages sans risquer d’ĂȘtre daguĂ© par l’appelant. En dĂ©signant le cerf participant au brame alors qu'il ne peut participer Ă  la procrĂ©ation, on dissocie des valeurs jusque lĂ  associĂ©es. «EstĂ©laire» est une corruption du mot latin «stĂ©rilis», dont l'effet est loin d!ĂȘtre anodin en mythologie celtique puisqu'il est frĂ©quent de lire l'interprĂ©tation de «Stirona» comme une paronomase de «stella», l'Ă©toile, quand il s'agit du mot gaulois Ă©quivalent Ă  «stĂ©rilis», «la vierge». «Sirona» ou «Stirona», comme ArtĂ©mis au bain face Ă  ActĂ©on, sont la dame du lai de Guiguemar, quand le chevalier reçoit cette blessure par le truchement d!une biche cornue. Du fait de la dissociation des valeurs saisonniĂšres, les flĂšches reçues en retour par le chasseur ou par le saint homme protĂ©geant un cerf, peuvent signifier l'inverse de l'automne. Le motif congruent, la flĂšche qui n’atteint pas sa cible mais frappe le hĂ©ros Ă  la cuisse, devient la mĂ©taphore d'une blessure gĂ©nitale, de l’impuissance sexuelle ou de l'homosexualitĂ© : ainsi Lanval est traitĂ© d’inverti pour s’ĂȘtre refusĂ© Ă  la reine. Dans la coutume contemporaine, les valeurs opposĂ©es de l!automne et du printemps sont rejouĂ©es chaque annĂ©e, par les danseurs du Horn Dance, en costumes aux couleurs opposĂ©es. Leurs ramures sont bigarrĂ©es, soit Ă  dominante noire et dĂ©tails blancs, soit Ă  dominante blanche et dĂ©tails noirs. La chorĂ©graphie oppose trois cerfs blancs Ă  trois cerfs noirs (Yves Chetcuti, Le cerf, le temps et l’espace mythiques, 2012 - tel.archives-ouvertes.fr).

 

L'invocation Ă  saint Gilles contre la StĂ©rilitĂ© conjugale paraĂźt remonter Ă  l'an 1085, Ă©poque Ă  laquelle Judith, Ă©pouse de Wladislas, roi de Pologne aprĂšs une longue stĂ©rilitĂ©, s'adressa Ă  saint Gilles et obtint, le 23 dĂ©cembre 1085, un fils qui depuis fut Boleslas III. Suivant les conseils de l'Ă©vĂȘque Lambert, elle dĂ©posa sur le tombeau de saint Gilles un enfant d'or massif (Louis Du Broc de Segange, Les saints patrons des corporations et protecteurs, 1886 - books.google.fr).

 

Philippe Ier, Louis VI

 

Louis VI rĂ©sidait souvent Ă  Étampes. Les habitants du marchĂ© Neuf, dit plus tard marchĂ© Saint-Gilles, Ă©taient tenus, quand le roi venait dans cette ville, de le fournir, lui et sa cour, de linge, de vaisselle et d'ustensiles de cuisine. Cette charge semblait si onĂ©reuse que peu de gens s'Ă©tablissaient dans ce quartier, et qu'il demeurait presque dĂ©sert. En 1123, Louis voulut y attirer des habitants, et publia dans ce dessein une charte. [...] Les habitants du marchĂ© Saint-Gilles formĂšrent dĂšs lors, au milieu d'Étampes, une corporation distincte, qui eut sa charte et ses franchises particuliĂšres (François Guizot, Histoire de la civilisation en France depuis la chute de l'Empire Romain, Tome 4, 1859 - books.google.fr).

 

Force nous est de passer rapidement, faute d'information suffisante, sur les rois de la septiÚme et de la huitiÚme génération, PHILIPPE Ier et Louis VI, dit le Gros. Philippe Ier nous apparaßt, d'aprÚs les chroniqueurs, paresseux, obÚse, glouton, débauché. Il a des somnolences : serait-ce de la narcolepsie ou du diabÚte ? N'aventurons pas d'hypothÚses. 2 Nous savons, en outre, qu'il eut des maladies longues et fréquentes. C'était un «ralenti de la nutrition» : l'attestent des dermatoses et des douleurs de dents si violentes qu'on les attribuait à une vengeance de la Divinité. DÚs l'ùge de quarante-quatre ans, et ceci prouve son état valétudinaire, il se déchargeait du poids et du souci des affaires sur son fils, Louis le Gros, et succombait à soixante ans, à une affection de cause restée inconnue. Il était «moult affaibli» : c'est tout ce que nous apprennent les historiens, ce qui ne saurait suffire à établir un diagnostic. Philippe Ier avait épousé Berthe, fille de Florent Ier, comte de Hollande et de Gertrude de Saxe. Comme son auguste époux, la reine était d'une corpulence excessive, et pendant prÚs de dix ans, le mariage resta stérile, ce qui n'a pas lieu d'étonner. Les époux durent avoir recours à l'intercession du pieux Armand, abbé de Saint-Médard de Soissons, pour faire cesser leur stérilité. Un enfant leur naquit alors, qui devait occuper le trÎne de France sous le nom de Louis VI. Philippe est mort le 29 juillet 1108 de cause inconnue (Augustin CabanÚs, Les morts mystérieuses de l'histoire, Tome 2 : Souverains et princes français de Charlemagne à Louis XVII,  1901 - books.google.fr).

 

Saint-Gilles est une Ă©glise paroissiale, qui a Ă©tĂ© entreprise dans le deuxiĂšme quart du XIIe siĂšcle pour desservir un nouveau quartier de la ville alors en expansion. Du moins, ou peut le penser et lier la construction Ă  l'exemption d'impĂŽts accordĂ©e par Louis VI, en 1129, aux habitants de ce quartier neuf. De l'Ă©glise romane subsistent la façade, une partie de la nef et la croisĂ©e du transept. Au XIIe siĂšcle, un clocher a Ă©tĂ© Ă©levĂ© au-dessus de la croisĂ©e. Au XVe et au dĂ©but du XVIe siĂšcle, d'importants travaux ont modifiĂ© l'aspect primitif de l'Ă©glise. Le bas-cĂŽtĂ© et les chapelles latĂ©rales au Sud, ainsi que le double bas-cĂŽtĂ© au Nord, ont remplacĂ© les premiers bas-cĂŽtĂ©s vraisemblablement simples Toutes les piles de la nef ont Ă©tĂ© alors reconstruites en sous-Ɠuvre. Les bras du transept ont Ă©tĂ© refaits en prolongement des nouveaux bas-cĂŽtĂ©s et un nouveau chƓur, cantonnĂ© de bas-cĂŽtĂ©s, a Ă©tĂ© Ă©difiĂ©. L'Ă©glise a Ă©tĂ© endommagĂ©e par un bombardement en 1940 et a Ă©tĂ© restaurĂ©e depuis (Anne Prache, Ile-de-France romane: Photographies inĂ©dites de Zodiaque, 1983 - books.google.fr).

 

Louis XIII, Louis XIV

 

Vincent de Paul intervient pendant les guerres de la Fronde (1648-1652) Ă  Etampes oĂč Ă©taient stationnĂ©es les armĂ©es des princes frondeurs (Alphonse Feillet, La misĂšre au temps de la Fronde et Saint Vincent de Paul, 1868 - books.google.fr).

 

Turenne vint assiĂ©ger Ă  Etampes l'armĂ©e du prince de CondĂ©, que commandait le comte de Tavannes. Louis XIV, encore enfant, amenĂ© Ă  ce siĂšge par Mazarin, y eut, dit-on, le courage de passer d'un quartier Ă  l'autre sous le feu d'une canonnade assez vive. Comme il demandait, le soir, Ă  Laporte, son valet de chambre, si le canon lui avait fait peur, celui-ci, qui Ă©tait ce jour-lĂ  crĂ©ancier du roi et qui aurait bien voulu cesser de l'ĂȘtre, rĂ©pondit : «Ordinairement on n'a point peur quand on n'a point d'argent.» Laporte ajoute dans ses MĂ©moires : «Il m'entendit et se prit Ă  sourire ; mais personne n'en devina la cause. Le roi ayant quantitĂ© de malades et estropiĂ©s qui couraient aprĂšs lui, demandant de quoi soulager leur misĂšre, sans qu'il eĂ»t un seul douzain Ă  leur donner : de quoi tout le monde s'Ă©tonnait fort.» En effet, le cardinal Mazarin venait d'enlever au jeune roi les cent louis d'or que lui avait comptĂ©s le surintendant des finances pour qu'il en fit une distribution aux soldats blessĂ©s. AprĂšs deux semaines de bombardements et d'assauts inutiles, qui avaient Ă©tĂ© trĂšs-meurtriers, Turenne dut lever le siĂšge d'Etampes pour aller attaquer l'armĂ©e du prince de Lorraine, campĂ©e prĂšs de Paris. Mais la ville Ă©tait Ă  moitiĂ© dĂ©truite, et la peste en dĂ©cima bientĂŽt les habitants ruinĂ©s. Vincent de Paul accourut Ă  leurs secours. Il soigna les malades. enterra les morts, pourvut au sort des orphelins, enfin releva complĂ©tement le moral de cette population abattue par tant de flĂ©aux. Mais en 1663, La Fontaine, allant dans le Limousin, faisait encore d'Etampes la description suivante : «Nous regardĂąmes avec pitiĂ© ses faubourgs. Imaginez-vous une suite de maisons sans toits, sans fenĂȘtres, percĂ©es de tous cĂŽtĂ©s : il n'y a rien de plus laid et de plus hideux. Cela me remet en mĂ©moire les ruines de Troie la Grande.» (Les environs de Paris illustrĂ©s, Collection des guides-Joanne, 1878 - books.google.fr).

 

Non content d'avoir fait tout ce qu'on a vu pour les Lorrains, Saint Vincent de Paul fit Ă  peu prĂšs les mĂȘmes choses pour les pauvres habitans des frontiĂšres de Champagne et de Picardie, ruinĂ©s par les guerres; et durant l'espace de sept ou huit ans, il leur fit distribuer par ses missionnaires la valeur de six cent mille francs, tant en argent qu'en vivres, vĂȘtemens, mĂ©dicamens, instrumens de labourage, grains pour ensemencer la terre, etc. Le campement des armĂ©es aux environs de Paris ayant causĂ© une dĂ©solation gĂ©nĂ©rale, la ville d'Étampes fut celle qui en ressentit davantage les funestes effets, ayant Ă©tĂ© assiĂ©gĂ©e long-temps et plusieurs fois de suite, ce qui avait rĂ©duit les habitans et les villages circonvoisins dans un Ă©tat pitoyable de langueur et de pauvretĂ©. Pour surcroĂźt de misĂšre, cette malheureuse ville se trouvait infectĂ©e par des fumiers pourris, rĂ©pandus de tous cĂŽtĂ©s, dans lesquels on avait laissĂ© une quantitĂ© de corps morts mĂȘlĂ©s avec des charognes de chevaux qui exhalaient une horrible puanteur. Saint-Vincent, ayant appris le misĂ©rable Ă©tat de cette ville et de ses environs, en fit le rĂ©cit dans une assemblĂ©e des dames de la charitĂ©, qui le secondĂšrent dans cette bonne oeuvre avec leur bienfaisance ordinaire. Le saint se rendit sur le champ Ă  Étampes, lĂ , il donna la sĂ©pulture aux restes des corps morts trouvĂ©s dans les fumiers ; il fit parfumer les rues et toutes les maisons de la ville, et l'on Ă©tĂĄblit une distribution de potages qui se fit dans la ville et dans les villages adjacens deux fois par jour. [...]

 

On a admirĂ© et louĂ© avec raison le brillant et beau siĂšcle de Louis XIV; mais, en gĂ©nĂ©ral, on n'a pas rendu au rĂšgne de Louis XIII toute la justice qui lui est due; ce rĂšgne Ă©baucha et mĂȘme conimença toutes les merveilles du suivant : il donna tous les germes heureux d'une vĂ©ritable civilisation, car la plus Ă©minente piĂ©tĂ© en dirigea toutes les actions publiques. On vit alors les dames de la cour et de la ville, les plus distinguĂ©es par leur naissance et leur fortune, se rĂ©unir Ă  la voix apostolique de Saint-Vincent de Paule, pour se conduire Ă  l'envi les unes des autres de la maniĂšre la plus hĂ©roĂŻquement charitable. Toutes renonçant au luxe et Ă  la magnificence, vendirent leurs bijoux, leurs diamans, leurs chevaux, et du consentement de leurs maris, pour subvenir aux frais immenses des plus grands Ă©tablissemens publics qu'on eĂ»t encore vus dans ce genre. Quand les monumens immortels de leur bienfaisance et des admirables prĂ©dications de Saint-Vincent furent Ă©levĂ©s, quand l'hĂŽpital des Enfans-TrouvĂ©s et l'HĂŽtel-Dieu furent en Ă©tat de servir de refuge aux petits enfans abandonnĂ©s et aux pauvres malades, on vit les gĂ©nĂ©reuses fondatrices se rĂ©unir pour aller tous les matins visiter ces pieux asiles, se dĂ©pouillant avec ravissement de toute parure mondaine pour se revĂȘtir d'une robe de bure et d'un grand tablier de grosse toile; elles allaient porter aux malades des bouillons, des rafraĂźchissemens, des confitures faites: par elles, des sirops, des fruits, et ce qui vaut infiniment mieux, des consolations de tout genre, des exhortations religieuses, et les exemples de la plus touchante bontĂ©. Ces dames aidaient Ă  panser les plaies des malades; elles menaient avec elles des jeunes filles qui Ă©taient, pour la plupart, des paysanes de leurs terres; elles leur apprenaient Ă  servir les infirmes, Ă  soigner les petits enfans, et ces pieuses instructions formĂšrent les respectables Soeurs de la CharitĂ© que Saint-Vincent de Paule institua peu de temps aprĂšs (Comtesse de Genlis, De L'Emploi Du Temps, 1826 - books.google.fr).

 

Louis XIII et Anne d’Autriche ordonnĂšrent, en 1638, des priĂšres solennelles Ă  saint Gilles, lors de la naissance de Louis XIV ; et, pendant neuf jours, le clergĂ© et la noblesse se rendirent Ă  l’église St-Leu-St-Gilles de Paris, pour demander au ciel la con—servation du prince nouveau-nĂ© (Pierre-Émile d'Éverlange, Saint-Gilles et son pĂ©lerinage, 1879 - books.google.fr).

 

Examinons la lĂ©gende de saint Gilles (fĂȘtĂ© le 30 aoĂ»t). Avant d'ĂȘtre renommĂ© Gilles, le saint homme s'appelait Aegidius, nom formĂ© directement sur celui de la peau de chĂȘvre, aigis. Nous retrouvons l'Ă©vocation du costume des masques printaniers dans les thĂ©onymes gaulois Stanna et Caprion, sans savoir si ces thĂ©onymes dĂ©signent des figures printaniĂšres, pertinentes aux calendes de mars, ou la figure symĂ©trique, saint Gilles, fĂȘtĂ© Ă  celles de septembre. Saint Gilles est une figure majeure du calendrier sanctoral officiel mais pour simplifier l'exposĂ© de la coutume bretonne, nous lui substituerons son homologue local, saint Edern.

 

Saint  Gilles, aprĂšs avoir vĂ©cu deux ans auprĂšs de saint CĂ©saire en Arles, se retire en un dĂ©sert. Il vit en ermite dans une grotte, Ă  l'endroit qui deviendra Saint-Gilles-du-Gard. Une biche vient chaque jour Ă  heures  fixes lui offrir son lait. Les veneurs du roi Wamba prennent en chasse cette biche. SerrĂ©e de prĂšs, elle se rĂ©fugie aux pieds de saint Gilles. Aucun des chiens ne peut s'approcher de l'ermitage. La meute est figĂ©e Ă  un jet de pierre de sa proie. Un chasseur tire sa flĂšche, laquelle atteint Gilles Ă  la main. L'acte est reconnu comme impie par le roi, qui s'oblige Ă  demander rĂ©paration de son crime. Saint Gilles est encore invoquĂ© par les femmes atteintes de stĂ©rilitĂ©, mais aussi par ceux qui souffrent de maux de ventre. On peut penser que le lait dont fut nourri le saint homme, valait autant sinon plus que celui des animaux domestiques. En tĂ©moigne la capacitĂ© du saint homme de guĂ©rir de sa blessure Ă  la faon dont le cerf survit au venin des serpents et au poison des flĂšches. Nous retrouverons, dans le lai de DĂ©sirĂ©, cette indication d'un pĂšlerinage Ă  Saint-Gilles-du-Gard dont l'effet fut de  rendre fĂ©conde une femme jusque lĂ  stĂ©rile. Nous avons vu prĂ©cĂ©demment que saint CĂ©saire condamnait le rite cervulum facere : mĂȘme si la lĂ©gende de saint Gilles n'est pas en concordance calendaire avec le rite paĂŻen, elle l'est avec les dates de l'Èquinoxe : S'il fait beau Ă  la saint Gilles, cela dure jusqu'Ă  la saint Michel [le 29 septembre] (Yves Chetcuti, Le cerf, le temps et l’espace mythiques, 2012 - tel.archives-ouvertes.fr).

 

Employer son temps

 

employer (v. 1080) son temps (v. 1220) (Alain Rey, Dictionnaire Historique de la langue française, 2011 - books.google.fr, Robert Estienne, Dictionaire francoislatin, autrement dict les mots francois, avec les manieres d'user diceulx, tournez en latin. Corrige et augmente, 1549 - books.google.fr).

 

Artémis, Diane

 

AprĂšs la mort du dauphin François, Diane, aimĂ©e du duc d'OrlĂ©ans, devenu dauphin, se trouva en concurrence avec la duchesse d'Étampes, maĂźtresse de François Ier. Diane avait bien dix ans de plus que sa rivale, mais elle Ă©tait encore d'une rare beautĂ©, qu'elle conserva toujours. BrantĂŽme, qui la vit peu de temps avant sa mort, assure qu'elle Ă©tait encore belle. La duchesse d'Étampes et ses partisans (car Diane et la duchesse d'Étampes divisĂšrent la cour en deux camps) se riaient vainement de l'Ăąge de la belle veuve, vainement lui prodiguaient le nom de vieille ridĂ©e, la passion du dauphin allait toujours croissant : il Ă©pousa Catherine de MĂ©dicis, mais la princesse fut obligĂ©e de mĂ©nager la favorite. A la mort de François Ier, Diane gouverne la France sous le nom de Henri II. Elle exile la duchesse d'Étampes, bouleverse le conseil, le ministĂšre et le parlement (Nouveau dictionnaire de la conversation, Tome 9, 1845 - books.google.fr).

 

Les mythes celtiques mettent en Ă©vidence trois apparences animales substituables les unes aux autres : une vache ou une biche (Bovinda, Damona), une biche ou une chĂšvre (Stanna) voire une jument (Epona). ConsidĂ©rons le motif fĂ©minin, en relation avec le zoonyme Etagne etles thĂ©onymes fĂ©minins Dirona, Thirona, Tsironna, Sirona et Stirona. A l'encontre des linguistes qui traduisent l'Ă©piclĂšse en stellaire (comme Stella, Estelle), nous proposons le signifiĂ© stÈrile. Nous nous fondons sur le  zoonyme Eterle, dĂ©signant une chĂšvre sauvage juvĂ©nile, et sur l'importance accordĂ©e Ă la virginitĂ© dans le mythe du renouvellement fĂ©minin. Nous pensons que le changement de nom, passant de Stirona (la fille vierge) Ă  Stanna (la fille farouche, la fille sauvage), relĂšve d'une paronomase. Le glissement de sens existe Ă  l'identique dans le mythe d'ArtĂ©mis, chasseresse farouche, vierge quoique protectrice des femmes enceintes, des parturientes et des nourrices. Le cycle narratif semble ĂȘtre le suivant : sous l'apparence fĂ©minine, la parĂšdre de l'entitĂ© andromorphe Ă  bois de cerf, est Stirona, vierge aux calendes d'aoĂ»t. Durant les neuf mois s'Ă©coulant des calendes d'aoĂ»t Ă  celles de mai, elle est Stanna, enceinte. Entre mai Ă  aoĂ»t, elle est Matrona et allaite. En aoĂ»t, elle se rend aux fontaines tandis que son fils est donnĂ© en fosterage, sinon allaitĂ© par une biche en forĂȘt (Yves Chetcuti, Le cerf, le temps et l’espace mythiques, 2012 - tel.archives-ouvertes.fr).

 

"haut non bas" style des Blasons

 

On peut retrouver une formule de mĂȘme construction dans le "non si non lĂ " d'un sonnet de Philibert Bugnyon, disciple de Maurice ScĂšve (Bertrand GuĂ©gan, OEuvres poĂ©tiques complĂštes de Maurice ScĂšve, Garnier, 1927, p. 302).

 

M. S. LYONNOIS SONNET

 

La loy premiere imitant la Nature,

Peut raisonnable estre instinct juste et droict.

Mais non point tel, qu'on voit tout legal droict,

Plus equitable a toute creature.

Celuy ne fait, ignorant son injure,

Rendre a chacun, non point ce qu'il voudroit,

Ains l'equité, qui luy appertiendroit,

Ny criminel punir la forfaicture.

Et si cestuy par sa diversité

A loy diverse, ou bien droict usité,

A decider maint contraire passage :

C'est que le Tems a toujours prevalu

Sur toutes meurs, que suyvre il a falu,

Comme tout art se confond par l'usage.

 

NON SI NON LA

 

1563 (Traité des loix abrogées..., de Philibert Bugnyon).

 

Dans ses jeunes annĂ©es, ScĂšve emploie la devise SOUFFRIR NON SOUFFRIR ; mais plus tard, il choisit une nouvelle devise plus mystĂ©rieuse et abstraite dont la forme se complique : NON SI NON LA qui peut se lire NON SI / NON LA ou NON / SI NON / LA. Si chaque unitĂ© sĂ©mique des deux devises SOUFFRIR et NON SI d'une part et NON SOUFFRIR et NON LA d'autre part se comprend parfaitement quand on la considĂšre sĂ©parĂ©ment, elle perd toute valeur lorsque la juxtaposition s'opĂšre, puisque chaque unitĂ© constitue l'exacte contradiction de l'autre. Selon toute logique, chaque unitĂ© dĂ©truit l'unitĂ© opposĂ©e et, prises comme dĂ©clarations logiques, ces devises sont parfaitement absurdes, dĂ©pourvues de sens. Si nous dĂ©sirons postuler qu'il y a un sens ou une signifiance au message - et respect pour ScĂšve -, il nous faut construire une pyramide sĂ©mique qui pourrait expliquer la prĂ©sence d'un sens, diffĂ©rent de celui des unitĂ©s premiĂšres et cohĂ©rent par rapport aux prĂ©misses. [triangles A (NON SI) - B (NON LA) - C (X) ou  A (SOUFFRIR) - B (NON SOUFFRIR) - C (X)] Bien sĂ»r, le sens X reste sans expression linguistique et ne constitue qu'une conjecture dans le chef de l'interlocuteur. Connaissant l'obsession chrĂ©tienne du triangle (reprĂ©sentation du Saint Esprit au moyen Ăąge) et son obsession pour le chiffre trois, suggĂ©rons que, de mĂȘme que ScĂšve pensait saisir le monde suivant un schĂ©ma mathĂ©matique symbolique, de mĂȘme il cherche Ă  exprimer sa vision chrĂ©tienne du monde sous une forme linguistique plus subtile que rĂ©git le mĂȘme type de pensĂ©e (A. GoldschlĂ€ger, RhĂ©torique et esprit religieux, Ars Semeiotica, Volume 3, 1980 - books.google.fr).

 

La devise qui encadre la DĂ©lie (elle est placĂ©e entre le huitain liminaire et le premier dizain, et Ă  la fin du dernier dizain) : «Souffrir non souffrir», interprĂ©tĂ©e gĂ©nĂ©ralement comme un jeu d'antithĂšse pĂ©trarquiste, calque exactement la construction et le sens mĂȘme des devises des troubadours, et en particulier celle de Bernard de Ventadour : «Mesjau-no-jausitz» (je suis joyeux-non joyeux) : c'est lĂ  un type de contradiction diffĂ©rent de la contradiction pĂ©trarquiste, qui est en dĂ©finitive une fausse contradiction, une contradiction apprivoisĂ©e, harmonisĂ©e, dissoute (selon les traces du «dolce-amaro» pĂ©trarquien). Chez les troubadours, et chez ScĂšve, ce qui prend la place de l'antithĂšse, ou qui la sous-tend constamment, c'est la coexistence des contraires, la notion de la «contradiction Ă  l'Ă©tat pur». [...]

 

Dans le titre, DĂ©lie, abject de plus haute vertu, le terme «objet» ne dĂ©signe pas, comme il peut sembler, la femme comme «objet du dĂ©sir» - opacitĂ© stable venant en quelque sorte donner au dĂ©sir une cause et une explication, recouvrant, comblant le vide qu'ouvre le dĂ©sir. Dans la langue du XVIe siĂšcle, le mot objet (objectum) dĂ©signe «tout ce qui est placĂ© devant le regard» (spectacle, paysage). Loin d'ĂȘtre le point concret qui clĂŽt le dĂ©sir en lui fournissant une cause, DĂ©lie est le spectacle qui fait penser au dĂ©sir, Ă  la fois spectacle et moteur - le mot vertu Ă©tant employĂ© dans le sens de son origine latine, «valeur», «force» : DĂ©lie est spectacle de force magique (force lunaire, puisque DĂ©lie est Diane), et Ă  la fois contemplation infusant plus de force, entraĂźnant l'amĂ©lioration (le melhuramen) de qui la regarde. Le livre DĂ©lie sera une rĂ©flexion sur le pouvoir du dĂ©sir, aussi bien qu'un moyen de transformation de celui qui l'Ă©crit (Jacqueline Risset, L'Anagramme du dĂ©sir : sur la «DĂ©lie» de Maurice ScĂšve, 1994 - books.google.fr).

 

En 1533, l'Ă©pisode de la dĂ©couverte supposĂ©e du tombeau de Laure Ă  Avignon et de sa duplication spectaculaire en prĂ©sence de François Ier, constitue la premiĂšre apparition remarquĂ©e de M. ScĂšve (v. 1502-v. 1564) sur la scĂšne politico-artistique. Deux ans plus tard, il entame sa carriĂšre d'auteur en publiant La DĂ©plourable Fin de Flamete (Lyon, 1535), la traduction française d'un roman espagnol de J. de Flores. Il participe dans la foulĂ©e au «concours» de Ferrare, oĂč son blason du sourcil remporte le premier prix, Ă  la surprise de Marot lui-mĂȘme, qui ne le connaĂźt pas encore personnellement Ă  cette date. MĂȘme si ce dernier ne cite, dans son Ă©pĂźtre de fĂ©vrier 1536, que les blasons du sourcil et de la larme (tous les deux publiĂ©s dans l'Ă©dition Janot), les trois autres (front, gorge et soupir, publiĂ©s en compagnie des deux premiers dans l'Ă©dition Harsy) sont contemporains. Si Marot est l'initiateur de la mode des blasons anatomiques, ScĂšve joue incontestablement un rĂŽle central dans son premier dĂ©veloppement lyonnais. En composant cinq blasons, il jette en effet les bases d'un recueil que son beau-frĂšre, J. de Vauzelles, va concevoir avec la collaboration de la librairie lyonnaise et peut-ĂȘtre mĂȘme le parrainage de François Ier. En s'en tenant au canon bref (suivant les recommandations de Marot) et en privilĂ©giant une approche Ă  la fois pudique, sentimentale et spirituelle, ScĂšve donne une inflexion trĂšs nette Ă  sa production, qu'il ne rĂ©ussit pas, cependant, Ă  imposer Ă  un groupe de poĂštes sans vergogne (Julien Goeury, , Blasons anatomiques du corps fĂ©minin, 2016 - books.google.fr).

 

Conçue sur la diffĂ©rence naturelle des sexes (masculin/fĂ©minin), l'opposition identique/diffĂ©rent structure toutes les catĂ©gories mentales qui nous servent Ă  penser. Il s'agit aussi bien des catĂ©gories triviales du langage ordinaire : chaud/froid, lourd/lĂ©ger, haut/bas, plein/vide, sec/humide, sain/malsain, actif/passif, etc., que des catĂ©gories abstraites et savantes : un/multiple, continu/discontinu, contenant/contenu, formel/informel, mobile/immobile, juste/injuste, etc. Aucun des termes de ces catĂ©gories dualistes n'est pensable sans l'autre : il n'y a pas de chaleur pensable sans rĂ©fĂ©rence au froid, il n'y a pas d'identitĂ© pensable sans rĂ©fĂ©rence Ă  l'altĂ©ritĂ© (Françoise HĂ©ritier, Vers un nouveau rapport des catĂ©gories du masculin et du fĂ©minin, Contraception : contrainte ou libertĂ© ?, 1999 - books.google.fr).

 

Si le grand souffle et la vision cosmique des chefs-d'Ɠuvre de l'AntiquitĂ© ou du XVIe siĂšcle ne traversent pas les productions qui nous occupent, leurs dĂ©veloppements mĂ©dicaux ne vont pas sans d'amples considĂ©rations religieuses (la toute puissance divine sans cesse rappelĂ©e, la fonction du mĂ©decin ou du pharmacien dans le plan divin, les maladies et misĂšres de l'homme rattachĂ©es au pĂ©chĂ© originel, etc.) ou morales (la «diĂ©tĂ©tique» de GĂ©rard François concerne aussi les «passions de l'Ăąme») ; l'engagement y est souvent vigoureux, la polĂ©mique frĂ©quente et vive, jusqu'aux injures les plus orduriĂšres (contre Paracelse par exemple chez Louis de Fontevettes) (Henri Lafay, PoĂ©sie et mĂ©decine au XVIIe siĂšcle. Des Blasons des Fleurs oĂč sont contenus plusieurs secrets de mĂ©decine (1614) au PoĂšme du Quinquina (1682), Colloque de Marseille «Madame de SĂ©vignĂ©, MoliĂšre et la mĂ©decine de son temps», 1973  - books.google.fr).

 

François GĂ©rard, mĂ©decin d'Henri IV, prouve cependant que la poĂ©sie scientifique n'a pas perdu ses droits. En 1583, il publie un TraitĂ© de SantĂ© fort imprĂ©gnĂ© des prĂ©ceptes de l'Ecole de Salerne. Dans ce long poĂšme de 194 pages, sorte de louange Ă  la SantĂ©, trĂšs proche du style des "Blasons", l'auteur Ă©prouvĂ© par la maladie dans sa rĂ©sidence d'Etampes, s'applique Ă  faire bĂ©nĂ©ficier ses concitoyens de ses rĂ©flexions sanitaires. Il dĂ©montre en trois livres la nĂ©cessitĂ© d'une vie saine dans ses qualitĂ©s naturelles, d'un bon rĂ©gime alimentaire et d'une vie rĂ©guliĂšre rĂ©paratrice partagĂ©e entre le travail, l'exercice, la lecture, le sommeil en respectant les rĂšgles de l'hygiĂšne Ă©lĂ©mentaire. Plus anatomique est l'essai que fit RenĂ© Bretonnayau, mĂ©decin Ă  Loches, originaire de Vermantes publiĂ© la mĂȘme annĂ©e sur La gĂ©nĂ©ration de l'Homme et le Temple de l'Ame, extrait d'un traitĂ© de mĂ©decine L'Esculape français qu'il avait composĂ© sous forme de sonnets offrant entre autre de singuliĂšres recettes aux Dames de la Cour dĂ©sireuses de conserver leur beautĂ©. AprĂšs avoir dĂ©crit fort habilement les organes gĂ©nitaux et l'accouplement  il nous fait une relation assez exacte, pour l'Ă©poque, du fƓtus, de son anatomie, des vaisseaux, du squelette et des viscĂšres. Il envisage ensuite l'accouchement et traite de la stĂ©rilitĂ© de l'Homme et de la Femme et des moyens d'y remĂ©dier. Le Temple de l'Ame lui fait dĂ©crire la dissection du cerveau, les organes des sens et les rĂȘves pour terminer par une apologie de Dieu . Il envisage enfin les diffĂ©rents viscĂšres (Roger Saban, La poĂ©sie dans les traitĂ©s d'anatomie au XVIIe siĂšcle, Actes du CongrĂšs national des sociĂ©tĂ©s savantes: Section d'histoire des sciences et des techniques, NumĂ©ro 112, 1985 - books.google.fr).

 

Gérard François parle "de l'acte vénérien" et de ses conséquences.

 

Il fault à la parfin mourir, qui faict que l'homme cupide & desireux d'immortalité desire se perpetuer sinon en soy, à tout le moins en son espece, & ce par le moyen de la generation qui

se faict en l'acte Venerien : duquel l'vsage temperé proufite aucunement, comme l'excez nuist beaucoup. La consideration des temps y est vtile, celle des complexions raisonnable, mais des aages tres-necessaire pour les inconueniens qui en aduiennent aux corps, aux mesnages, au public. Les affections de l'ame ne se peuuent euiter, dompter trop bien, tout homme s'affectionnant, se passionant le seul fol & desraisonné (Gérard François, Les trois premiers livres de la santé, 1583 - www.corpusetampois.com).

 

GĂ©rard François Ă©tait mĂ©decin du roi Henri IV ; il a laissĂ© divers ouvrages. Il habitait la paroisse de S. Basile Ă  Etampes, oĂč plusieurs de ses enfants furent baptisĂ©s ; il y est citĂ© jusqu'en 1598 Marie du Camel Ă©tait sa femme (Bulletin de la SociĂ©tĂ© historique et archĂ©ologique de Corbeil, d'Étampes et du Hurepoix, Volume 14, 1908 - books.google.fr).

 

Il a publiĂ© deux poĂšmes remarquables devenus trĂšs rares, le premier ayant pour titre : Les trois Premiers livres de la santĂ©, Paris, 1583, in-12 ; le second : De la maladie du grand corps de la France, dĂ©diĂ© au roi Henry IV dont il Ă©tait le mĂ©decin, Paris, 1595, in-8. On ne sait rien sur la vie de ce poĂšte qui naquit Ă  Étampes au XVIe siĂšcle. Cependant, sa biographie a Ă©tĂ© faite par Guillaume Colletet, car elle se trouvait dans son ouvrage, manuscrit des Vies des poĂštes français, Par ordre chronologique depuis 1209 jusqu'Ă  1647, qui fut dĂ©truit dans l'incendie de la bibliothĂšque du Louvre allumĂ© par les scĂ©lĂ©rats de la Commune (L'intermĂ©diaire des chercheurs et curieux: questions et rĂ©ponses, communications diverses Ă  l'usage de tous, Volume 6, 1898 - books.google.fr).

 

Le médecin Guillaume Mauquest de la Motte raconte un accouchement qui eut lieu en 1692 dans son Traité des accouchements :

 

Je fus surpris qu'à la premiÚre violente douleur la femme accoucha d'un enfant qui, en cette posture, vint la face en bas, qui était opposée à la naturelle, parce que si la femme eût été couchée sur le dos, il serait venu le visage en haut, qui était l'obstacle que je n'avais pu prévoir, et qui rendit cet accouchement si long et si difficile. C'était une fille qui s'est bien portée, et la mÚre aussi dans la suite, quoique trÚs épuisée par les continuelles douleurs qu'elle souffrit, sans parler de l'accoucheur qui en eut sa bonne part (Jacques Gélis, Accoucheur de campagne sous le roi-soleil, 1989 - books.google.fr).

 

Dans le Roman du comte d'Anjou, qui a pour thĂ©Ăątre un cadre extrĂȘmement rĂ©duit (OrlĂ©ans, Lorris, Chartres, Etampes), et qui tire son argument de la Manekine, le merveilleux et la main coupĂ©e en moins, "la mairesse" d'Etampes (Maheut) a trouvĂ© en larmes, Ă  un carrefour, une jeune femme qui a tout rĂ©cemment accouchĂ© et son bĂ©bĂ©. Elle l'emmĂšne chez elle :

 

Ung baing fet faire isnellement

Car en li n'avoit qu'enseingnier ;

Lui et l'enfant i fet baingnier.

 

texte de classement malaisé. Ce bain, donné à une accouchée au moment de ses relevailles, est certes médical, mais aussi rituel et évidemment de propreté (Le mythe du pissar, Les Soins de beauté: Moyen Age, début des temps modernes : actes du IIIe Colloque international, Grasse (26-28 avril 1985), 1987 - books.google.fr).

 

Cette jeune femme est l'héroïne du roman, échappant à son pÚre, le comte d'Anjou, qui a conçu pour elle un amour incestueux. Elle épousera le comte de Bourges et se retrouve avec son enfant au pied de la croix devant l'église d'Etampes. Le comte de Bourges se fait mendiant pour retrouver sa femme. Il n'est pas question de prouesse chevaleresque (Henri Coulet, Le Roman jusqu'à la Révolution (1967), 2014 - books.google.fr).

 

Reclain et appeau

 

Imiter le cerf pour le faire venir lors du brame, c'est assimiler la proie du chasseur au rival d'un cerf, le cerf Ă©tant en l'occurrence celui qui dĂ©fie l'autre, celui qui a l'initiative de la rencontre. La technique est ancienne. On utilisait autrefois une corne de bƓuf pour amplifier les sons Ă©mis par l'homme. L'instrument a ensuite Ă©tĂ© modifiĂ© par une embouchure ; on souffle aujourd'hui dans un cor pour sonner et non pour imiter les cerfs (l'appeau  au  cerf) (Yves Chetcuti, Le cerf, le temps et l’espace mythiques, 2012 - tel.archives-ouvertes.fr).

 

Or le reclain, mais dans le domaine aviaire, est un appeau.

 

La forme moderne de ce mot est reclin : elle dĂ©signe un appeau spĂ©cial pour attirer les cailles. Fig Mostrer loire et reclain, appeler et rĂ©clamer : "Or me mostrent loire et reclain Chil de Miaulens et de Biaurain, Qui tuit sont pori o fardel." (Jean Bodel, Les congĂ©s) (Edgar Nicolin, Les expressions figurĂ©es d'origine cynĂ©gĂ©tique en français, 1906 - books.google.fr).

 

Chrétien de Troyes ne donne pas la précision calendaire utile, mais une référence explicite est faite, au moment des retrouvailles d'Erec et Enide aprÚs la brouille des amants. On comprend que six mois se sont écoulés, du fait de l'allusion au double motif printanier - l'épervier de leur rencontre et le cerf aux fontaines du psaume 42 - alors que l'été est passé : 

 

Cers chaciez qui de soif alainne

Ne desire tant la fontainne,

N'esprevier ne vient au reclain

Si volontiers con il a fain,

Que plus volontiers n'i venissent,

Ainçois que il s'entretenissent.

Cele nuit ont mout restoré

De ce qu'il orent demorĂ©. (Erec et Enide, 1994, v. 27-29, p. 61) (Yves Chetcuti, Le cerf, le temps et l’espace mythiques, 2012 - tel.archives-ouvertes.fr).

 

L'Ă©pervier, quant Ă  lui, prolonge directement le motif cynĂ©gĂ©tique, mais hors de tout renvoi Ă  la Bible ; c'est un oiseau qui ne fait de toute maniĂšre pas partie de la faune biblique. L'image Ă©voque l'oiseau qui vient a reclain, Ă  nouveau un terme technique d'une justesse parfaite : on faisait revenir vers le poing tendu, tenant un bout de viande ou «reclaim» en guise d'appĂąt, les autours et les Ă©perviers. Pour leur part, les faucons reviennent au «leurre», sorte de simulacre d'oiseau que le fauconnier fait tournoyer au bout d'une courroie. Le «reclaim» est de temps Ă  autre Ă©voquĂ© dans des comparaisons Ă©rotiques chez d'autres romanciers, lorsqu'il est question du dĂ©sir (Baudouin Van den Abeele, De l’épervier Ă  l’émerillon : images de la chasse au vol dans les romans de ChrĂ©tien de Troyes, Pour l’amour des mots: Glanures lexicales, dictionnairiques, grammaticales et syntaxiques, 2019 - books.google.fr).

 

Dans le lai de Désiré, en Ecosse, en Calatir, un vavasseur et son épouse se désolent de rester sans enfant. Ils décident d'un pélerinage auprÚs de saint Gilles en Provence.

 

Le lai de DĂ©sirĂ© est le seul rĂ©cit mĂ©diĂ©val oĂč la diffĂ©rence entre la durĂ©e de gestation des biches et celle des femmes, apparaĂźt : il s'Ă©coule huit mois entre l'intercession du saint homme Ă  la biche (au lever d'Arcturus, compte tenu de la dĂ©rive julienne du calendrier) et neuf mois entre la date de dĂ©part en pĂ©lerinage et la naissance dĂ©sirĂ©e. L'auteur du lai Ă©voque implicitement la biche de Saint-Gilles-du-Gard, laquelle n'a pas Ă©tĂ© atteinte par les flĂšches des chasseurs, comme modĂšle de l'Ă©pisode oĂč celles de DĂ©sirĂ© n'atteignent pas son  "fils" quand celui-ci apparaĂźt sous la forme d'un cerf. Ce lai raconte donc une histoire dĂ©veloppĂ©e sur trois gĂ©nĂ©rations, mĂȘlant les genres humain et animal, et associant les apparences animales au monde surnaturel (le fameux cerf est le fils de la fĂ©e) (Yves Chetcuti, Le cerf, le temps et l’espace mythiques, 2012 - tel.archives-ouvertes.fr).

 

RĂ©clainville

 

Cette commune se trouve entre Chartres et Etampes.

 

Les sculptures des bases des voussures du portail droit de l'ensemble du midi de la cathédrale de Chartres racontent la légende de saint Gilles (Jean Villette, Les Portails de la cathédrale de Chartres, 1994 - books.google.fr).

 

François II d'Allonville d'Oysonville (aprĂšs 1529-1615), sieur d'Oysonville et de Vertron, chevalier de l'ordre du roi, dĂ©putĂ© de la noblesse aux Ă©tats gĂ©nĂ©raux d'OrlĂ©ans (1560) et de Blois (1588), gouverneur des villes et duchĂ©s d'Étampes, Ă©tait un capitaine catholique qui joua un grand rĂŽle pendant les guerres de la Ligue.

 

Jean d'Allonville (aprĂšs 1526-1597), seigneur de RĂ©clainville, d'Archenville, du Grand Coudray, de Bierville et de Maisonneuve, Ă©cuyer, chevalier de l'ordre du roi, gentilhomme de la Chambre du roi Henri III, lieutenant Ă  la compagnie de gendarmes de Fontaine-la-Guyon, lieutenant de Chartres et du pays chartrains pour le sieur François-RenĂ© d'Escoubleau, sieur de Sourdis (mort en 1602). Jean d'Allonville tenait secrĂštement pour la Ligue aprĂšs la mort des deux Guise Ă  Blois en 1588 (Xavier Le Person, Histoire de Sebastien Le Pelletier: prĂȘtre ligueur et maĂźtre de grammaire des enfants de chƓur de la cathedrale de Chartres pendant les guerres de la Ligue (1579-1592) 2006 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Jehan II d'Allonville de RĂ©clainville).

 

Le fief d'Allonville se trouve Ă  Neuvy en Dunois, au sud de Chartres.

 

Le 19 aoĂ»t 1587, les habitants d’Etampes entrĂšrent dans la Ligue, parti du duc de Guise. AprĂšs l’assassinat de ce dernier, ses partisans placĂšrent une garnison dans Étampes. Elle Ă©tait commandĂ©e par François d’Isy, seigneur de la Montagne, qui fut bientĂŽt remplacĂ© par le seigneur de Pussay. Le plus odieux fanatisme se donna libre cours. Le seigneur de la Montagne fit emprisonner Nicolas Petau, le bailli, et ses enfants, sous le prĂ©texte fallacieux de mauvais catholicisme. Toute la population d’Étampes, indignĂ©e, fit entendre la voix de sa rĂ©probation. Les suspects de conciliation avec le parti protestant, de tolĂ©rance, dirait-on aujourd’hui, de «politique» disait- on alors, Ă©taient incarcĂ©rĂ©s sans pitiĂ©. Le prĂ©vĂŽt, Jean Audren, subit le mĂȘme sort que Petau. Le Conseil du Roi envoya Ă  Étampes, pour remplacer Audren, Simon Delorme, avocat au Parlement. En cette circonstance l’assemblĂ©e de ville manifesta sa pensĂ©e avec courage et refusa de reconnaĂźtre le nouvel officier. Nous serons bref sur le dĂ©nouement. La ville d’Étampes ne pouvait pas opposer de rĂ©sistance aux attaques d’une armĂ©e nombreuse. Les forces rĂ©unies du roi de France et du roi de Navarre s’emparĂšrent d’Étampes le 30 juin 1589 et la saccagĂšrent de fond en comble. Petau fut tuĂ© et, nous dĂ©clare sans autre prĂ©cision la Rapsodie : «M. le prĂ©vost Jean Audren fut encore plus maltraité». Remarquons en passant que Nicolas Petau, tiraillĂ© par des factions adverses, victime de son esprit d’apaisement, avait Ă©tĂ©, en 1587, incarcĂ©rĂ© par lesligueurs et fut, en l589 mis Ă  mort par les huguenots. Plus tard, l’armĂ©e de la Ligue reprit de nouveau la ville, sous la direction d’Alexandre de Castelnau. Enfin, le 4 novembre 1589, Henri IV revint, fit dĂ©molir le chĂąteau, laissant subsister les ruines actuelles, dĂ©mantela Étampes et la prĂ©serva ainsi pour l’avenir de beaucoup de maux. Nous avons eu l’impression que, de 1562 Ă  1589, en dĂ©pit de quelques accalmies, la petite ville d’Étampes avait subi des violences sans nombre et n’avait plus obĂ©i Ă  ses officiers locaux accoutumĂ©s (Paul Dupieux, Les Institutions royales au pays d’Étampes (ComtĂ© puis DuchĂ© : 1478-1598), BibliothĂšque d’Histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, 1931 - www.corpusetampois.com).

 

C'est la stérilité du mariage d'Henri III qui donne la couronne à Henri IV.

 

Lesdites chartes de Louis le Gros, outre plusieurs privilĂšges, en donnent un auxdits habitants de Saint-Gilles demeurant Ăšs environs dudit marchĂ©, qui est assez remarquable, car lesdits privilĂšges ont Ă©tĂ© confirmĂ©s de temps en temps par les successeurs, rois et comtes d'Étampes. savoir que pour les amendes qu'ils pourront encourir jusques Ă  60 sols, ils ne paieront que 5 sols 4 deniers, et pour les droits de reclins, au lieu de 7 sols 1/2 ils ne paieront que 16 deniers. Ce titre est connu, a Ă©tĂ© ci-devant cottĂ© de l'an 1123 par plusieurs jugements et sentences dudit bailliage d'Étampes, lesdits habitants Ă©tant au dedans des limites de la franchise dudit marchĂ©, ont Ă©tĂ© maintenus en leurs privilĂšges, tant avec les receveurs du domaine que gens du roi, avec dĂ©fense de troubler et empĂȘcher les dessus dits en la jouissance de leurs dits privilĂšges cette sentence est du mois d'aoĂ»t 1576. Et par autre sentence du mois de juin 1612, rendue contradictoirement audit bailliage entre les habitants dudit marchĂ© Ă  l'encontre de Mathurin Feilleret, fermier des reclins, dĂ©fauts et amendes et les gens du roi, lesdits habitants de Saint-Gilles sont encore conservĂ©s en leurs privilĂšges et exemptions, tant pour le droit de minage, fors le samedi jour du marchĂ©, au lieu du jeudi qui Ă©tait anciennement, que de reclins, dĂ©fauts et amendes, que pour les amendes qu'ils pourraient encourir jusques Ă  60 sols parisis, comme de fol appel, dĂ©sertion et autres qui ne procĂ©deront de crimes et dĂ©lits ils en seront tenus seulement de payer 5 sols 4 deniers parisis, et des reclins et dĂ©fauts, tant de prĂ©sentation que de jour assignĂ©, 16 deniers parisis seulement, avec dĂ©fenses audit Feilleret, fermier des reclins, dĂ©fauts et amendes, et Ă  tous autres receveurs et fermiers du domaine d'Etampes de troubler et empĂȘcher lesdits habitants en la jouissance de leurs dites exemptions, ni les contraindre Ă  payer plus grand droit que ce que dessus, et oĂč ils auraient Ă©tĂ© ou seraient contraints d'en payer davantage, leur sera rendu et restituĂ© (Charles Forteau, La rapsodie de maĂźtre Pierre Plisson, avocat du roi au baillage d'Etampes au XVIIe siĂšcle, Annales de la SociĂ©tĂ© historique et archĂ©ologique du GĂątinais, Tome 27, 1909 - www.corpusetampois.com).

 

Acrostiche : LLLE, CLE

 

LLL fait en numération romaine 150 soit CL.

 

Historiquement, «clef» est premier (1080), issu du latin «clavis», «clef, loquet, barre» : le «v» latin devient «f» en français. Le mot latin Ă©tait Ă  l’origine synonyme de «clavus», qui a donnĂ© «clou», base d’une famille nombreuse de mots techniques exprimant l’idĂ©e de «fermeture» : «clore, clou ; cheville, clavicule, conclave» («Dictionnaire historique de la langue française»). La graphie «clé», Ă  peine moins ancienne (v. 1121), est la rĂ©fection d’un singulier sur l’ancien pluriel «clez, cles», oĂč le «f» final avait disparu devant «z, s» (www.grevisse.fr).

 

M. Louis Guyot, sieur des Pavillons et de Potelet, prĂ©sident en l'Élection, maire perpĂ©tuel de ville et paroisse de Dourdan, signe ses actes «de nostre chambre commune de l'hostel de ville». Son pĂšre Julien Guyot a, comme lieutenant-gĂ©nĂ©ral, haranguĂ© plus d'une fois, Ă  la porte de la ville, Marie de MĂ©dicis ou son fils. Son grand-pĂšre a reçu, au mĂȘme titre, le duc de Guise, aidĂ© aux prĂ©paratifs de la guerre d'Auneau, subi le terrible siĂšge de 1591, rĂ©parĂ© autant que possible les dĂ©sastres de la Ligue, facilitĂ© les oeuvres charitables de Sully et de sa femme, et fait le voyage d'Étampes pour prĂ©senter Ă  Henri IV la clĂ© de la ville sur un plat d'argent (Joseph Guyot, Le poĂšte J. Fr. Regnard en son chasteau de Grillon, 1907 - books.google.fr).

 

Une «clĂ© d'or» Ă©tait prĂ©sentĂ©e aux souverains qui honoraient Étampes de leur visite (Maxime Legrand, Étampes pittoresque: guide du promeneur dans la ville et l'arrondissement, Tome 1, 1902 - books.google.fr).

 

On pense aussi à Jacques CLE-ment assassin d'Henri III le 1er août 1589 à Saint-Cloud (clou : clavus).

 

Henri III aurait eu à ce moment les clés de la grille de la Sainte Chapelle dans ses poches (Arthur Michel de Boislisle, La Chambre des Comptes de Paris: 1506-1791, 1873 - books.google.fr).

 

Dans un libelle attribué à Charles Pinselet, chefcier de Saint Germain l'Auxerrois, Le Martyr de Jacques Clément, celui-ci, aprÚs la prise d'Etampes, le 23 juin, par les royaux qui l'auraient mis à sac, essaie de voir le roi à Pontoise, mais ne le pouvant pas, retourne à Paris. C'est alors qu'il est à Etampes, qu'Henri III apprend la menace d'excommunication proférée par le pape Sixte V contre lui, qui poussait encore plus Clément dans son dessein de tuer le roi (Archives curieuses de l'histoire de France depuis Louis XI jusqu'à Louis XVIII, 1Úre série, Tome XII, 1836 - books.google.fr).

 

Etampes a joué un rÎle dans la vie de Ravaillac, assassin d'Henri IV.

 

Remonstré qu'il n'a eu de subiect faire yn si meschant et desloïal acte auquel vraisemblablement a esté poussé d'ailleurs :

 

A dict que personne quelconque ne l'a induict à ce faire que le commun bruit des soldats, qui disoient que si le Roy, qui ne disoit son conseil à personne, vouloit faire la guerre contre le Sainct PÚre, qu'ils luy assisteroient et mourroient pour cela, à laquelle raison s'est laissé persuader à la tentation qui l'a porté de tuer le Roy, parce que faisant la guerre contre le Pape, c'est la faire contre Dieu, d'aultant que le Pape est Dieu et Dieu est le Pape."

 

A dict qu'il fust loger aux Cinq Croissans faulbourg Sainct Iacques et pour estre proche du Louure, se logea aux Trois Pigeons, faulbourg Sainct HonorĂ©, oĂč allant passa pour loger Ă  l'hostellerie proche des Quinze-Vingts Ă  costĂ©, oĂč y auoit trop d'hostes, fust refusĂ©, et sur la table print un cousteau, non Ă  cause du refus, mais pour lui sembler le cousteau propre Ă  exĂ©cuter sa volontĂ©; le garda quelques quinze iours ou trois sepmaines, l'aiant en un sac en sa pochette, dict que s'estant dĂ©sistĂ© de sa volontĂ©, il prist le chemin pour s'en retourner, fust iusques Ă  Estampes, oĂč y allant rompit la pointe du cousteau de la longueur d'environ un poulce Ă  vne charrette deuant le iardin de Chanteloup et estant deuant l'Ecce Homo du faulbourg d'Estampes, lui reuint la volontĂ© d'exĂ©cuter son dessein de tuer le Roy et ne rĂ©sista pas Ă  la tentation comme il auoit faict auparauant; sur ce reuinst en ceste ville auec ceste dĂ©libĂ©ration , parce qu'il ne conuertissoit pas ceulx de la religion prĂ©tendue rĂ©formĂ©e, et qu'il auoit entendu qu'il vouloit faire la guerre au Pape, et transfĂ©rer le Sainct SiĂšge Ă  Paris.

 

Nous a demandĂ© voir vn papier qu'il auoit lors de sa prinse, oĂč sont peintes les armes de France, Ă  chaque costĂ© deux lyons, l'vn tenant yne clef et l'aultre yne espĂ©e, lequel luy auons reprĂ©sentĂ© :

 

Et il a dict qu'il l'auoit apporté d'Angoulesme auec ceste intention de tuer le Roy; sur ce qu'estant à la maison d'un nommé Béliart, il dict auoir entendu que l'ambassadeur du Pape auoit de sa part dict au Roy que s'il faisoit la guerre il l'excommunieroit , dict que Sa Maiesté auoit faict responce que ses prédécesseurs auoient mis les Papes en leur trosne, et que s'il l'excommunioit l'en déposséderoit, ce qu'ayant entendu se résolut du tout de le tuer et à ceste fin meit de sa main au dessus de ces deux lyons :

 

Ne souffre pas qu'on fasse en ta présence

Au nom de Dieu aulcune irréuérence (Pierre Charles E. Deschamps, Proces du tres meschant et detestable parricide François Ravaillac, 1858 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2239 sur la date pivot 1589 donne 939.

 

Les annĂ©es 939-941, tout comme, un peu plus tard, les annĂ©es 945-947, correspondent en effet Ă  une Ă©poque de crise particuliĂšrement aiguĂ« et profonde de l'institution royale. En 939-940, Hugues, alliĂ© au comte Herbert de Vermandois, et surtout au roi Otton de Germanie, est en passe d'Ă©liminer politiquement le jeune roi Louis IV. En 940, Reims est tombĂ©e entre les mains du Robertien. Agissant comme duc et prince des Francs, il s'apprĂȘte Ă  faire dĂ©poser Artaud, l'archevĂȘque royal, par un synode tout Ă  sa dĂ©votion et Ă  le faire remplacer par Hugues, le fils d'Herbert. La situation du roi apparaĂźt alors comme dĂ©sespĂ©rĂ©e. Elle ne le restera certes pas puisque, dĂšs 942, Louis IV, soutenu par la papautĂ© et par certains grands du royaume, sera parvenu Ă  rĂ©tablir au moins partiellement son autoritĂ© en Francia°. Il n'en reste pas moins qu'au lendemain de la prise de Reims, les prĂ©rogatives exercĂ©es par Hugues en Francia sont plus que jamais celles d'un dux Francor, vĂ©ritable substitut d'un monarque pour l'heure dĂ©pourvu Saisissante et significative est, Ă  cet Ă©gard, la composition de cette assemblĂ©e qui, le 7 janvier 941, rĂ©unit Ă  Paris, autour du prince robertien, cinq Ă©vĂȘques, six comtes parmi lesquels figurent les comtes nouvellement promus d'Anjou et de Blois, ainsi qu'un certain nombre de vassaux de blagues le Grand qui portent le titre Ă©vocateur de vassi dominici. L'on est ainsi en prĂ©sence d'une rĂ©union qui, hors la prĂ©sence du roi, a toutes les caractĂ©ristiques et l'ordonnancement d'un plaid royal. Il n'est sans doute pas fortuit que la charte-notice qui nous fait connaĂźtre cette rĂ©union Ă©voque tout particuliĂšrement la mĂ©moire des deux premiers rois roberaient : de Robert, quondam piissimi regis, et d'Eudes, aeque glorias! regis ; car, en cette annĂ©e 941, Hugues le Grand n'a peut-ĂȘtre jamais Ă©tĂ© aussi proche de la royautĂ© (Yves sassier, Structures du pouvoir, royautĂ© et res publica (France, IX-XIIe), 2004 - books.google.fr).

 

Hugues Capet naquit-il en 939 ou en 941 ? On en discute (Paul André, Hugues Capet, roi de France, 941-996, 1941 - books.google.fr).

 

Hugues le Grand aurait déjà possédé Etampes au Xe siÚcle (Bulletin de la Société historique et archéologique de Corbeil, d'Etampes et du Hurepoix, Volumes 52 à 54, 1946 - books.google.fr).

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