Nilus X, 30 2199 Nepveu & sang du sainct nouveau venu, Par le surnom soustient arcs & couvert Seront chassez mis à mort chassez nu, En rouge & noir convertiront leur vert. Sur le nom Nil Diodore dit, qu'après la mort de Rhemphis, il y eut sept
générations de rois entièrement fainéants, qui ne pensèrent qu'à leur repos ou
à leurs plaisirs ; c'est pourquoi les livres sacrés n'en rapportoient
absolument aucun fait, aucune action digne d'etre écrite, excepté d'un seul
nommé Nileus ou Nilée : c'étoit de celui-ci que le fleuve avoit pris le nom de
Nil; car il se nommoit auparavant Ægyptos. Le grand nombre de canaux et de
fossés très-commodes que ce roi fit creuser, et les autres ouvrages qu'il entreprit
pour tirer plus d'avantage de ce fleuve lui valurent l'honneur de lui laisser
son nom. Marsham, comme je l'ai observé, trouve lui-même fort
douteux ce que marque Diodore, que le roi Nileus donna son nom au Nil. On a
déja vu que le nom de ce fleuve est en hebreu Xiêur ou Sihor, qui signifie
noirâtre, et que les Grecs l'ont traduit dans leur langue Ægyptos, de couleur
de vautour; c'est le nom qu'Homère lui donne. Celui de Nil peut être formé de l'hébreu nel, qui
signifie torrent : il convient Ă ce fleuve, Ă cause de ses inondations, et il
ressemble aussi à l'hébreu nel, qui signifie conduire commodement. Cette
signification peut être entrée pour sa part dans les conduits d'eau, ou canaux
fort commodes, attribués au roi Nilus, car les noms, en essuyant différentes
interprétations, se sont souvent confondus ; mais il s'agit de trouver d'où est
formé le roi Nilus lui-même. Il s'éleva, dit l'Ecriture (Exode, ),
un nouveau roi en Egypte. Comme le mot hebreu qui signifie nouveau est ĂŞdx,
qu'on orononce hadasch, les Orientaux en ont fait un roi Adéen, ou de la tribu
d'Ad ; c'est ce qu'on trouve dans la plupart des commentateurs de l'Alcoran , car ils disent que le Pharaon du temps de MoĂŻse,
Ă©toit de cette tribu. Comme Mlch ou Melech, qui signifie roi, approche du nom
d'Amalec, d'autres l'ont fait Amalécite. Nouveau se dit en
grec neos d'ou se forment, neios, néalès, et même neêlys, nouveau venu. Pour le
rapprocher du nom du Nil, quelques-uns en auront fait Neilus, Neilos. On voit en effet par Horus, auteur Ă©gyptien, qu'on a
donné au nom du Nil cette signification de nouveau ; on voit donc en meme temps
comment le roi Neilus a pu se former du nouveau roi dont l'Ecriture fait
mention, et acquérir en grec la gloire de donner son nom au Nil (Pierre
Guerin du Rocher, Histoire véritable des temps fabuleux, Tome 2, 1841 -
books.google.fr). Nil de Rossano Issu d'une famille grecque de Rossano, dans le thème
byzantin de Calabre, Nil fut marié (ou vécut maritalement) et eut une fille,
mais la mort de sa femme et de sa fille alors que lui-mĂŞme n'avait que 30 ans
l'amena à se convertir. Il se fit alors moine et répandit la Règle de saint
Basile en Italie après avoir quitté la Calabre en 981 pour échapper aux
persécutions des Sarrasins. Il mourut au monastère Sainte-Agathe le 26 septembre 1004
et c'est son disciple bien-aimé, Barthélemy le Jeune (it), qui lui succéda
comme abbé au monastère de Grottaferrata après l'avoir aidé à le fonder.Sa fête
liturgique est le 26 septembre4, aussi bien pour le calendrier liturgique
byzantin que pour le Calendrier liturgique romain (fr.wikipedia.org- Nil de
Rossano). Il est question d'un autre Nil, Nil d'Ancyre, au quatrain
IV, 71 - Reconnaissance de l’église arménienne par Mahmoud II - 1830-1831. Neveu L'hagiographe de Nil de Rossano nous raconte ensuite
l'histoire du neveu de Nil, le fils de la soeur qui l'avait élevé. Il était
moine dans le monastère de Nil et doué de nombreuses qualités. Ayant un jour bu
l'eau d'une fontaine dans un calice du culte, il provoqua la colère de son
oncle, qui désormais cessa de lui parler. Le malheureux jeune homme en conçut
un très vif chagrin, et finit par contracter une maladie dont il mourut (par. 82). Nous sommes bien loin ici de la pitié
chrétienne qui consiste à comprendre et à pardonner ! Nil avait près de 85 ans
quand il quitta Valleluce (vers 995) et se retira dans la campagne solitaire de
Gaëte, où il fonda le monastère de Serperi. Il aspirait à la solitude, et ce
n'est que contraint qu'il consentait Ă s'entretenir avec ses admirateurs (par.
87). Il continuait Ă Ă©carter les femmes de ces entretiens, disant qu'il avait
connu la vie profane et qu'il craignait qu'une présence féminine ne fasse de
nouveau de lui la proie du démon. La femme du prince de Gaëte insista tellement
que Nil finit par lui accorder une brève entrevue (par. 88). Le saint reçut
aussi la visite de l'empereur Otton III revenant d'un pèlerinage au mont
Gargano. Vainement, il essaya d'entraîner Nil à Rome, où le saint était venu
quelques mois auparavant, pour essayer de sauver son compatriote, l'antipape
Philagathos (par. 89-93) (Germaine
da Costa-Louillet, Saints de Sicile et d'Italie méridionale, Byzantion: Revue
Internationale Des Études Byzantines, Volumes 29 à 30, 1960 - books.google.fr). Le contexte Les émirs kalbites formaient une petite dynastie d'origine yéménite qui régna sur la Sicile pendant près d'un siècle. À l'origine de celle-ci figure Hasan b.'Alî al Kalbî, désigné en 947 gouverneur de Sicile par le calife fatimide d'Egypte (Philippe Sénac, Patrice Cressier, Histoire du Maghreb médiéval: VIIe-XIe siècle, 2012 - books.google.fr). Les Kalbites assument longtemps les fonctions du djihad
contre les Byzantins d'Italie du sud avec une armée régulière, le djund : ils
prennent Taormine en 962, résistent à la contre-offensive de Nicéphore Phocas
l'année suivante, passent en Calabre et vont ravager la Pouille, infligeant
même une sévère défaite à Otton II au Cap Colonne en 982. Régulièrement, avec
des pointes en 1002 et en 1016, ils
mènent des campagnes de pillage et d'enlèvement d'esclaves le long des côtes
italiennes. Mais cette Ă©conomie de guerre tourne Ă l'archaĂŻsme vers l'an mil,
quand la Méditerranée se ranime sous
l'action conjointe des milieux marchands du Dâr al-Islâm, en particulier des
juifs d'Égypte, de Tunisie et de Sicile, et des marchands d'Amalfi, bientôt
relayés par les Pisans, les Génois et les Vénitiens. Une aire de prospérité
commerciale unit l'Égypte fâtimide, l'axe tuniso-sicilien, Almeria et les
duchés d'Amalfi, de Naples et de Gaète, fondée sur l'importation des épices qui
transitent par Alexandrie. Les Kalbites renoncent donc Ă un instrument
militaire qui menace de rébellion : en 1015, après une révolte, la garde noire
est massacrée et le djund dissous. C'est aller trop vite : en 1035, le
conflit successoral entre les princes kalbites conduit l'un d'eux Ă s'offrir
aux Byzantins qui le nomment magistros et envoient une puissante armée. Le
général, Georges Maniakès, libère les chrétiens de l'Est de l'île, mais, dévoré
d'ambition, tente Ă son tour de marcher contre Constantinople pour y prendre la
couronne impériale, les laissant à leur sort. […] Les relations sont
ambiguës, tantôt tendues, tantôt de protection, entre émirs et moines siciliens
et calabrais, en particulier entre les Kalbites et saint Nil de Rossano (Henri
Bresc, La Sicile, de la précroisade à la monarchie oecuménique (1060-1190), Les
Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, 2004 - books.google.fr). Jean Gualbert quitte Florence pour fonder le monastère de
Vallombrosa et le ravennate saint Romuald abandonne de mĂŞme sa patrie pour
rejoindre les ermites de Camaldoli qu'il transformera bientĂ´t en un ordre
religieux, les Camaldules. Mais leur
renommée pâlit auprès de la gloire de saint Nil : les pays latins, où le chasse
l'invasion des Sarrasins, lui témoignent autant de vénération que les populations
hellénisées de la Calabre ; le prince de Capoue, Paldolf Tête de Fer lui marque
autant de confiance que le gouverneur Eupraxios ou l'Ă©mir de Palerme ;
l'abbé du Mont-Cassin, Aligerne, le reçoit comme un pontife et lui donne le
monastère de Saint-Michel au Valleluce ; il traverse Rome d'où l'éloignent
les violences des seigneurs, pour s'Ă©tablir dans les monts Albains : les
disciples qu'il a formés construisent sur le lieu de son ermitage le monastère
de Grotta-Ferrata. Et les Paul et les Barthélemy y entretiennent un foyer
vivifiant de piété et de foi (Albert
Dufourcq, L'avenir du christianisme, 1911 - archive.org). "nus" : ascétisme Nilus mena une vie ascétique : couvert de vermine, il n'avait pour tout vêtement une sorte de sac en poil de chèvre, dont il ne changeait qu'une fois par an. A la différence de la plupart des moines, il s'abstenait complètement de vin (Emile Amann, Auguste Dumas, L'église au pouvoir des laïques (888-1057), Tome 7 de Histoire de l'Église depuis les origines jusqu'à nos jours, 1940 - books.google.fr). Ce retour à l’habitus pauper, sur lequel dom Jean Leclercq avait jadis insisté à bon droit, s’est manifesté de maintes manières dont nous avons tenté de retrouver les logiques mêlées. Sous des formes concrètes qui ont beaucoup varié selon les lieux et les milieux, le retour à l’érémitisme, dans l’Italie des Xe-XIe siècles, a finalement toujours été guidé par le souci de renouer avec les trois valeurs essentielles du monachisme « primitif » pris en modèle : la dignité du travail manuel, la pauvreté volontaire vécue sous la forme de la mendicité et la remise en honneur des pratiques ascétiques portées à l’extrême (jeûnes, veilles prolongées, multiplication des oraisons surérogatoires, flagellation, port de cilices, etc.). Certes, dans tous ces choix héroïques, qu’expriment avec beaucoup de cohérence et parfois même de prolixité les nombreuses pages consacrées par saint Pierre Damien à l’idéal érémitique, le désir est fort - et avoué - de retrouver le modèle idéal de la Chrétienté initiale, la forma Ecclesiae primitivae. De ce point de vue, cependant, à la différence du modèle apostolique, qui sous-tend à la fois l’idéal spirituel « bénédictin » et celui des mouvements canoniaux qui se développent à partir du XIe siècle, le modèle monastique érémitique est héroïque, c’est-à -dire individuel. Il ne s’agit pas pour l’ermite d’appartenir à une communauté inspirée par l’idéal apostolique mais bien, comme l’expriment nombre de sources contemporaines, d’assumer l’expérience personnelle d’une désappropriation totale, nudus nudum Christum sequi, suivant un thème [d’origine hiéronymienne] récurrent dont J. Leclercq a bien analysé les variations (www.encyclopedie-universelle.net). Le Cap Colonne
(colonne : "soutien arcs et couverts") Le temple de Junon s'Ă©levait sur le promontoire de
Lacinium (Juno Lacinia) à la pointe méridionale du golfe de Tarente, à six
milles au sud-est de Crotone, cf. Tite-Live, XXIV, 3, 3. Il reste encore de ce temple une colonne et quelques vestiges, qui ont
fait donner au promontoire son nom actuel de Cap de la Colonne, Capo delle
Colonne, ou de Cap Nau, Capo Nao, c'est-Ă -dire Cap du Temple (Maurice
Rat, L'ÉnĂ©ide de Virgile, 1965 - books.google.fr). Lacinium viendrait de Lacinius, bandit tuĂ© par Hercule. Crotone (Croto) est le théâtre de nouveaux accrochages Ă
l’avantages de l’empereur Otton II, l’émir de Sicile, Aboul-Kâsem tombe, blessé
à mort, ses hommes dispersés, se replient encore. Dans l’ivresse de la
victoire, Otton II se lance à leur poursuite, et c’est l’erreur fatale, car
cette petite partie de l’armée, qui s’est regroupée, l’a attiré au pied des
collines d’où "d’autres Arabes cachés arrivent au galop en poussant des
cris terribles" et c’est l’hécatombe, d’autant plus que certaines troupes
italiennes, du Bénévent abandonnent le terrain. La bataille de Crotone (dite
aussi du cap Colonne ou de Stilo), en 982, finit en désastre, parmi les
soldat et cavaliers germains ou italiens, on compte de nombreuses
victimes comme l’évêque d'Augsbourg, le Margrave de Mersebourg, le comte Udo de
Franconie ; chez les Italiens, le duc Landolph IV et ses frères Pandolphe II de
Salerne et Atenolphe, etc. sont aussi morts au combat. Un contemporain résumera
«la fine fleur de la juste Allemagne fut frappée ce jour-là par l’épée ensanglantée». Le reste n’est
semble-t-il pas vérifiable. Otton aurait prit la fuite et du rivage, voyant un
bateau grec, il l’atteint à la nage. Le capitaine de celui-ci ne le
reconnaissant pas de suite, lui donna protection, espérant une rançon. Des
tractations auraient eut lieu ensuite, Théophano, prévenue entretemps,
descendait avec l’évêque de Metz, vers une crique accessible aux barques, faisant croire au capitaine qu’elle détenait
un trésor, qu’elle était prête à échanger contre son prisonnier. Le bateau,
sans mĂ©fiance, s’était suffisamment approchĂ© du rivage pour permettre Ă
l’empereur de se sauver en sautant à l’eau et s’échapper, bientôt sous la
protection de ses soldats arrivés en barque ! La scène fut souvent gravée dans
les siècles qui suivirent. Ils revinrent tout aussi rapidement à Rossano, pour
regrouper les effectifs restant, pas encore morts de la chaleur et de la
soif, et préparer la retraite, pour ne
pas dire la fuite ! (www.theophano.com). Cf. le royaume de Naples du quatrain X, 24 - Alphonse le
Magnanime - 2194-2195. Cf. quatrain suivant X, 31 - Germanie et Carmanie -
2199-2200 pour la période (instauration du Saint Empire germanique en 962). "convertir leur vert" : Eustache Deschamps Dans une balade (CCCCXXIII) ou Lamentations sur la perte d'une dame, on retrouve à peu près l'expression
: FONTAYNE suy dont
le ruissiau de plour A ma vie Mort dolente
arousée , Qui tollu m'a la
plus belle et meillour Qui oncques feust
et jamais sera née, Jeune et gentil, la
mieulx endoctrinnée En trestous cas que
l'en peust trouver, Plaisant a tous et
de chascun amée : Pour ce la vueil a
tousjours mais plorer. Convertir vueil ma leesce en tristour, De vert en noir yert ma coulour muée, Et mes repos seront
en grief labour, Mes souvenirs en
vie desperée ! (Oeuvres
complètes de Eustache Deschamps: publiées d'après le manuscrit de la
Bibliothèque nationale, Partie 3, Volume 3, 1882 - books.google.fr). Le 8 mai 1399 meurt, jeune encore, Marguerite de
Saint-Dizier, religieuse de Notre-Dame de Soissons, appartenant Ă une famille
champenoise. Deschamps lui rend hommage en plaçant dans la bouche d'une de ses
compagnes un éloge funèbre où percent une véritable émotion et un regret
sincère (Str. 1337. Trois autres pièces semblent se rapporter au même sujet :
Ball. 423; Rond. 571 ; Vir. 726). Peut-être fut-elle une des premières victimes
de la terrible épidémie qui sévit avec une telle force «que l'estude de Paris
se parti ; et s'en aloient en leur paĂŻs ou en lieu ou il n'avoit point de
mortalité». Commencée à la fin de juin (à la Saint Jean), la maladie oblige la
Cour à quitter Paris au mois d'août, pour s'en aller à Pontoise, puis au mois
d'octobre, en Normandie, d'où elle ne revient qu'en décembre. Effrayé de la
vitesse du fléau, le duc d'Orléans fait à cette époque un premier testament,
inconnu jusqu'Ă ces derniers temps. On
est alors aux approches de l'année 1400, et ce millésime, comme tous ceux qui
commencent ou plutôt finissent un siècle, a le don de terrifier les
contemporains de Deschamps et lui-même tout particulièrement. Il a du reste
fait un calcul peu rassurant : depuis la création du monde (5600 avant J.-C),
il s'est écoulé cinq périodes de 1400 ans ou six âges de 1000 ans. Que va-t-il
arriver au commencement de 1400 ? Que va devenir cette terre où règne le
vice, où l'argent est roi, où Arithmétique est maîtresse des autres arts, où la
justice et la foi périclitent ? Les prophéties l'annoncent, la Sibylle, Méthode
et Joachîm l'ont prédit : c'est la punition épouvantable, le déchaînement de
tous les fléaux et calamités, c'est peut-être la fin du monde ! Marguerite de Saint Dizier, religieuse de Notre-Dame de
Soissons, amie de Deschamps, morte en 1399, VII, 146-147 (en acrostiche), est fille de Geoffroy
de Saint-Dizier, seigneur de la Roche, et se charge quelque temps de
l'éducation de sa nièce Jeanne de Saint-Dizier (P. Anselme, t. II, p. 766) (Gaston
Raynaud, Eustache Deschamps, sa vie, ses oeuvres, son temps, 1904Â - archive.org, John
L. Lowes, The Prologue to the Legend of Good Women as Related to the French
Marguerite Poems, and the Filostrato, PMLA, Vol. 19, No. 4, 1904 -
www.jstor.org). «Deschamps, poète de la fin des temps ?» Le titre de
l'article que Micheline de Combarieu a consacré à Eustache Deschamps lors d'un
colloque sur le thème de la fin du monde au Moyen Age est en fait bien plus un
constat de départ qu'une véritable interrogation. Poète de la fin des temps, Deschamps l'est, assurément, par le contenu
et la matière de son discours, hanté d'images apocalyptiques et d'annonces
prophétiques, autant que par l'insistance de sa dialectique culpabilisante et
moralisatrice. La présence de telles images et de telles idées-forces est
en soi une caractéristique imponante de l'oeuvre poétique de Deschamps. Mais,
au-delà des thèmes ressassés, la question et la difficulté posée au lecteur du
XXe siècle est celle des sources et des influences, des intentions aussi. La
question des sources de Deschamps trouve d'emblée sa principale réponse dans le
texte lui-même. Le poète cite les «autorités» sur lesquelles il fonde son
pronostic catastrophique, et nombre de noms célèbres de la littérature prophétique
du temps apparaissent Ă plusieurs reprises : Merlin, la Sibylle (ball. 81, 371,
950), Bède, Méthode (ball. 371), Joachim
(ball. 371, 950), le Roman de Brut (ball. 366, thème III), sans oublier
l'Apocalypse de saint Jean (ball. 950, thème III), les Prophètes Daniel et
Ezechiel (ball. 371) Chez Deschamps, la
prophétie est un discours dont l'objet réel est la politique un programme
politique d'exaltation monarchique (le dernier empereur), de reconquĂŞte
nationale et de croisade - l'accent Ă©tant d'ailleurs dĂ©placĂ© de la première Ă
la seconde avec le recours aux thèmes joachimites. Un programme politique
finalement très concret et que partageaient avec Deschamps un Philippe de
Mézières, un Honorat Bovet, un Pierre d'Ailly et toute la mouvance des
Marmousets, dont le poète a épousé les idées et soutenu le programme. Ce
programme concret, les Marmousets l'enrobèrent dans cette atmosphère de
croisade, de messianisme royal et d'exaltation chevaleresque que nous restitue
la poésie probetique d'Eustache Deschamps. Il correspondit pour Deschamps comme
pour son roi Ă un temps particulier de la vie et de l'engagement politique.
[...] Le mythe d'un roi de France, nouveau Charlemagne, régnant
sur tous les chrĂ©tiens, convertissant les juifs et finalement couronnĂ© Ă
Jérusalem, a abondamment été exploité dans l'entourage de Charles VI. Témoin en
est L'arbre des batailles d'Honorat Bovet. C'est ce dernier poĂŞle qui nous a
rapporté le texte des prophéties de Protée et de Ganymède (données en note dans
l'exemplaire de l'Apparicion maistre Jean
de Meun offert Ă Jean de Montaigu en 1399), Ă laquelle Deschamps fait
allusion dans sa ballade 1117. Selon cette version, la prophétie de Ganymède
prédisait non pas une victoire mais un grand massacre - lequel, d'après Bovet,
se réalisa à Nicopolis - préludant au triomphe final du coq gaulois. Reprenant
ce thème dans sa ballade 1117, Eustache Deschamps contribue à planter ce décor
dans lequel Charles VI se serait complu à «jouer» le rôle que lui dictaient les
prophéties. Mieux encore, la ballade 67 assigne au jeune roi, à peine rentré de
sa campagne victorieuse contre les Flamands (en 1382), les Ă©tapes
chronologiques précises d'un programme eschatologique vraisemblablement calqué
sur celui d'une prophétie de 1380 éditée par M. Chaume, relative à Charles VI
et alors largement diffusée [...] Les premières crises de folie de Charles VI mirent un
terme [à ces chimères] : son rêve messianique une fois envolé, le poète
focalisa son «inspiration» prophétique sur les visions plus pessimistes
qu'incarne le personnage de l'Antéchrist (Jean-Patrice
Boudet, Hélène Millet, Karin Becker - books.google.fr). Cf. quatrain VI, 78 - Millénarisme - 1982-1983. La confrontation
eschatologique des deux dynasties fit rage, à la fin du XIIIe siècle, lors de
la lutte entre angevins et descendants de Frédéric II pour la couronne de
Naples : des prophéties, guelfes contre gibelines, circulèrent pour
prédire le combat de l'aigle impérial contre son adversaire français,
représenté par l'emblème du coq. Il est assez probable que la ballade 1117 tire
son inspiration de ce fonds politico-prophétique - pour l'adapter à un contexte et des objectifs différents d'intervention
française en Italie (1391) (Jean-Patrice
Boudet, Hélène Millet, Karin Becker, Eustache Deschamps en son temps, 1997 -
books.google.fr). Dès le 18 janvier 1397, Louis d'Orléans, marié à Valentine Visconti (1368-1408) fille de Jean Galéas (1351-1402), duc de Milan, avait envoyé son maître d'hôtel, le poète Eustache Deschamps, vers le roi des Romains pour implorer son intervention. La mission réussit. Le 15 avril , Wenceslas offrait sa médiation à Jean Galéas Visconti. Mais la guerre entre Florence et Milan était déjà trop engagée. Il n'était plus possible de l'arrêter (Michel de Boüard, Les origines des guerres d'Italie: La France et l'Italie au temps du grand schisme d'Occident, 1936 - books.google.fr). 1400 La vision de l'histoire a donc pour Deschamps une fin,
eschatologique. Elle est au service de la prophétie, qui est par définition la
prédiction inspirée de l'avenir. Et la prédiction est d'abord celle d'une date,
qui apparaît avec chaque évocation du schéma des six âges, mais aussi
indépendamment de lui comme dans la ballade 67 : l'année 1400, date
annoncée de la prochaine mutation, au terme d'un sixième âge inauguré par la
naissance du Christ et durant 1400 ans, comme chacun des cinq âges antérieurs
(ball. 979, v. 11 ; ball 365, v. 12 ; chant royal 1464, v. 25). Cette date
démontre l'association essentielle, chez Deschamps, de la vision de l'histoire
et de la prophétie. Rien n'en témoigne mieux que l'utilisation par Deschamps du
système des sept millénaires, faussement attribué â Méthode, évêque syrien du
VIe siècle, aussi bien dans la ballade 979 («VIe millier», v. 14) - qui cite
d'ailleurs Metheode (v. 16) — que dans la ballade 365 («VIIe millet», v. 37) ou
le chant royal 1464. Au prix
d'incohérences arithmétiques qui ne semblent pas le gêner, Deschamps fait ainsi
coexister, dans la même prédiction d'un changement imminent, le système
classique des six âges (à chacun desquels il assigne une durée de 1400 ans) et
celui des sept millénaires du Pseudo-Méthode (Jean-Patrice
Boudet, Hélène Millet, Karin Becker, Eustache Deschamps en son temps, 1997 -
books.google.fr). Cf. quatrain V, 74 - 1400 ans de France catholique -
1906-1907, si on fixe le baptĂŞme de Clovis en 506. Noir, rouge, vert Dans la Ballade d’Eustache Deschamps Se j'eusse mon vit d'Orliens n° 1105, t. VI, p. 10-11, comparĂ© Ă
bien d'autres maux (v. 1-6), le pire est, sans conteste, pour notre poète
vieillissant de ne plus bénéficier des services de son vit d'Orliens (refrain),
celui de sa jeunesse estudiantine. Ce membre performant (v. 12), de belle
taille et bien planté (v. 21-22), lui avait permis de nombreuses aventures amoureuses
(v. 14-15 et 23-24). Il est à présent inopérant et ne lui sert plus qu'a picier
(v. 27), ce qui fait que l'infortuné poète est huez commes un chiens (v. 28), alors que tout lui sourirait s'il était
encore vert (envoi) : "Qu'il est muez de rouge en noir" (v. 25) (Jean-Patrice
Boudet, Entre courtoiserie et grivoiserie, Eustache Deschamps en son temps,
1997 - books.google.fr). Le changement onomastique, qu'il renvoies un événement, -
l'incendie de la maison du poète par les Anglais â Vertus -, qu'il dise une
mutation opérée par le temps, se réalise toujours selon une logique qui dessine
en sous-main un portrait codé. Le titre de seigneur de Barbonval que le poète
prend à partir de 1388, en faisant entendre le mot barbe dans la désignation,
pointe vers un portrait de vieillesse. Le sobriquet Brulé des Champs, s'il
permet â Eustache la pose de la requéte, de la quémande, en faisant retentir
son malheur, continue de faire allusion, sur le mode dramatique, au seine du
noir qui caractérise le nom de Morel. Il fait signe de la même manière aux noms
imagés Jean Fumée, au titre maitre fumeur, qui désignent une humeur la
mélancolie. Feu de la destruction, fumée
de la mélancolie se mêlent. La description ironique par le poète de la tour
de Fymes dont il accole parfois la mentions son nom, est là pour en témoigner :
Dieux ! que li
lieux est beaux a regarder ! Fumiste y a, dont
il est plus noir qu'encre Mais saint Pierre i
i en fait apporter, Sur les creniaulx
usait son pouoir estendre Qui la se tient, si
oral deviennent tendre Car en plourant al
font piteuses cymes : Si vous suppli que
Faye sana reprandre Quatre bernois pour
vostre tour de Fymes (I. 1. ballade 103. v. 17-24, p. 214-215). Le sème du brûlé, du brun ou du noir qui s'attache au nom
de certains Ă©crivains est Ă remarquer. BrulĂ© des Champs fait-il Ă©cho indirect Ă
Gace Brulé, poète champenois également. Et comment joue dans un réseau le nom
de Brunet Latin, le maure de Dante ? Il est sans doute fait allusion Ă un
teint, mais surtout, on peut en faire
l'hypothèse, à un tempérament, l'humeur noire de l'homme de génie (Jacqueline
Cerquiglini-Toulet, Eustache Deschamps en ses noms, Les "dictez
vertueulx" d'Eustache Deschamps: forme poétique et discours engagé à la
fin du moyen âge, 2005 - books.google.fr). Charles VI, le roi atteint de folie, dont une profonde
mélancolie était depuis plusieurs années le symptôme, eut la livrée de son
père; mais il joignit au blanc et au rouge le vert et noir (Le
Cabinet historique, Tome 4, 1858 - books.google.fr). Grégoire V couronna Othon empereur, remplit l'église
gallicane d'un nouvel espoir en une papauté digne de respect, tout en défendant
énergiquement les intérêts du Saint-Siège même contre le roi de France Robert et le favori de
l'Empereur, Gerbert de toutes ses forces, il encouragea la réforme de Cluny.
Mais un trait de douceur sacerdotale causa sa perte. Crescentius que l'empereur
- qui depuis était retourné chez lui - avait banni, puis gracié, à la demande
de Grégoire V, suscita une émeute pour délivrer Rome, avec l'aide des Grecs, de
la domination allemande. GrĂ©goire dut s'enfuir et et abandonner son trĂ´ne Ă
Jean XVI, l'anti-pape de Crescentius. Ce Grec, ancien aumônier de Théophane et
son ambassadeur à la cour orientale, trahit simultanément la cour saxonne et
l'église romaine. Il y avait danger qu'une armée grecque mît en révolte contre
les Allemands toute la pĂ©ninsule.Â
L'Empereur revint donc, en 998, pour faire justice et se venger. Crescentius fut décapité sur le sommet du
Château Saint-Ange; Jean XVI tomba entre les mains des soldats allemands qui
lui appliquèrent les méthodes grecques : les yeux crevés, le nez et les
oreilles arrachés, il fut traîné devant un Synode réuni au Latran qui le
dépouilla de la dignité papale, puis, placé à rebours à califourchon sur un
âne, il fut promené à travers les rues de Rome. Grégoire V revint et
rétablit son autorité ébranlée dans les Etats de l'Eglise. Il nomma Gerbert
archevêque de Ravenne et gouverneur de l'Exarchat. Il réussit même à gagner la
confiance des Romains. Mais il mourut subitement en 999; la disparition de ce
pape de vingt-sept ans fit perdre Ă l'Eglise et au souverain allemand une
espérance. C'est au Mont-Cassin que cette nouvelle atteignit Othon. Il quitta
ce sanctuaire, où il faisait ses dévotions, pour se diriger vers Rome. Auparavant
cependant il était allé visiter des pèlerinages d'Apulie, des moines, des
ermites. Tout en mortifiant son corps et son âme, il formait des rêves de
domination universelle et jetait les yeux vers l'Hellade et Byzance, cette
ville dont le génie, transfusé en lui avec le sang de sa mère, dominait depuis
longtemps son esprit et ses actions. Il continua sa route jusqu'aux tentes de
saint Nil, auquel il avait promis d'épargner le pape grec Jean XVI. Après le
manquement de l'Empereur à sa parole et les cruautés exercées contre son ami,
Nil s'était réfugié dans la solitude. Othon, déjà rempli d'une pieuse
mélancolie, en raison de l'échec de ses plans chimériques de domination
universelle, ne réussit pas à décider le saint à l'accompagner à Rome. Il se
contenta donc de prier à ses côtés et, en prenant congé, tandis que Nil lui
donnait sa bénédiction, il déposa sa couronne entre ses mains, pour montrer le
peu de cas qu'il faisait de la puissance terrestre (Joseph
Bernhart, Le Vatican: trone du monde, traduit par Eugène Bestaux, 1930 -
books.google.fr). En signe de castration symbolique, on avait ce jour-là rasé la barbe du préfet Pétrus, coupable de rébellion contre le pape Jean XIII (965 - 972), mutilation rituelle infligée, on le sait, à l'ours des Pyrénées et au beuf de Norvège. Puis on l'avait suspendu par les cheveux au cheval de l'empereur Constantin, instaurateur à Rome de la Nouvelle Loi, pour l'offrir en exemple au peuple. Enfin, dépouillé de ses vêtements, et ainsi réduit à l'état de nature, il avait dû chevaucher l'âne à rebours, les deux mains placées sous la queue de l'animal, pour recueillir le produit excrémentiel de son horrible forfait. Mais son châtiment n'eût sans doute pas été complet, si les outres enduites de plumes qu'on lui avait attachées sur la tête et sur chaque cuisse ne l'avaient, lui aussi, désigné comme l'un de ces hommes-animaux, antérieurs à la Loi, congénère de la bête qu'il chevauchait et qui portait à sa place autour du cou les sonnailles rituelles). Les lois écrites et la Loi non écrite. Dans ces charivaris exceptionnels, le rituel intervient pour défendre la Loi elle-même, menacée, dans celui qui a pour fonction de la représenter parmi les hommes (Henri Rey-Flaud, Le charivari: les rituels fondamentaux de la sexualité, 1985 - books.google.fr). Chez les auteurs du Moyen Âge et de la Renaissance, la mélancolie est liée à Saturne et, dès la fin du IXe siècle, les auteurs arabes établissent une relation entre les astres, les humeurs et les couleurs, en l'occurrence, pour Saturne, la couleur noire. Dans la littérature antique, c'est le mythe du dieu Cronos [associé à chronos le temps], qui est assimilé à Saturne comme le dieu  des contrariés auquel on associe la mélancolie à partir des spéculations astrologiques ou Saturne est comparé à une planète négative (Claude Escande, Passions des drogues, 2012 - books.google.fr). Calabrais De même que la vie
de Cassiodore nous a fourni le tableau du Bruttium latin du VIe siècle et celle
de saint Nil de Rossano le tableau de la Calabre grecque du Xe siècle, c'est
dans la vie du bienheureux Jean Joachim de Flore, que l'on peut saisir sur
le fait la marche progressive de la latinisation dans la région de la Sila, pendant
le cours du XIe siècle. Il est vrai que, dans la région de l'Aspromonte,
l'hellénisme se maintenait compacte à la même époque et résistait
victorieusement aux influences qui cherchaient Ă l'entamer. Les Ă©tablissements
monastiques latins, fondés dans cette région, restaient isolés au milieu d'une
population d'autre langue et d'autre religion (François
Lenormant, La Grande-Grèce: paysages et histoire, Tome 2, 1881 -
books.google.fr). Intellectuelle et
brillante, la construction de Joachim de Flore, autorité prophétique de la fin
du XIIe siècle à laquelle Deschamps se réfère si souvent, renouvelle totalement
la tradition millénariste : son exégèse savante nourrit une vision trinitaire
de l'histoire découpée en âge du Père (avant la naissance du Christ), âge du
Fils et âge, à venir, du saint Esprit, lequel s'identifie au millenium de la
tradition. Avec Joachim, le millénarisme acquiert véritablement ses fondements
théologiques les plus solides. Mais au-delà de sa grande complexité, la pensée
joachimite et post-joachimite enrichit la tradition millénariste de notions
nouvelles. Ainsi la nature du millenium se trouve-t-elle précisée : une ère de
perfection spirituelle inaugurée par un pape angélique, réformateur du monde –
en collaboration avec le dernier empereur, réformateur laïque. Autant de thèmes
clés de la littérature joachimite que Deschamps reprend exactement dans sa
ballade 81 : associé au dernier empereur français, Charles fils de
Charles, un «saint pappe Innocent» (v. 17) doit réaliser la «reformacions / Des
crestiens» (v. 18-19). Nul doute que ce temps de réforme coïncide avec le règne
des Justes de l'Apocalypse, qui ont résisté aux persécutions de l'Antéchrist
sans renier la foi : le remenant des persecucions (v. 12) ; et ce temps lĂ n '
est autre que le millenium (Jean-Patrice
Boudet, Hélène Millet, Karin Becker, Eustache Deschamps en son temps, 1997 -
books.google.fr). Pythagore Pythagore, nĂ© Ă
Samos en 584, voyagea longtemps pour s'instruire, visita la Chaldée et
l'Égypte, se fit initier partout aux mystères, et enfin vint s'Ă©tablir Ă
Crotone, dans la Grande Grèce, où il fonda une école, qui, du lieu de sa
résidence, prit le nom d'école italique. Il mourut vers 500. Pythagore avait
cultivé avec le plus grand succès les sciences mathématiques, l'astronomie et
la musique; aussi en philosophie il s'attacha surtout aux idées abstraites,
telles que celles de nombre et de grandeur, et il prétendit tout expliquer par
les nombres. Selon lui, les nombres sont les principes des choses ; eux-mĂŞmes
ont pour principe l'unité. Les dix premiers nombres ou la décade sont les
nombres fondamentaux; ils jouissent de propriétés merveilleuses, et contiennent
tout le système de l'univers : le monde ("kosmos") est un tout
harmonieusement ordonné; le soleil en est le centre, et les dix corps célestes
se meuvent autour de lui en produisant une musique divine. Dieu est l'unité
absolue, l'unité des unités, la monade des monades; l'âme est un nombre qui se
ment : son principe est l'unité, et sa fin est de tendre à l'unité,
c'est-à -dire, à Dieu. De là , en morale, le bien est l'unité, le mal, la
diversité; la justice est l'égalité. Pythagore enseignait la métempsycose,
proposait une morale austère, et institua, dans le but de réformer les mœurs de
la Grande Grèce, une espèce d'établissement monastique, dont les règlements
sont bien connus : il fut détruit peu de temps après la mort de son fondateur. Les disciples de Pythagore développèrent et
propagèrent la doctrine de leur maître; mais ils eurent peu de chose à y
ajouter. Les plus célèbres d'entre
eux furent Archytas de Tarente, Timée de Locres, Ocellus de Lucanie, et
PhilolaĂĽs de Crotone (Daniel
Paret, Encyclopédie classique: pouvant servir aux candidats à l'examen du
baccalauréat ès-lettres, 1853 - books.google.fr). Cf. quatrain X, 24 - Alphonse le Magnanime - 2194-2195
avec Archytas et la duplication du cube. La conception que se faisaient les médecins
néo-platoniciens du pouvoir de la musique sur les émotions humaines, conception
que les humanistes leur ont largement empruntĂ©e, est, dans l'antiquitĂ©, liĂ©e Ă
la tradition pythagoricienne qui Ă©tablit un rapport entre la musique et la
santé. Selon Pythagore, astronome et mathématicien, il existe un ordre
intelligible, inscrit dans le cosmos tant au niveau de la nature qu'au niveau
de l'homme... La musique est une science du nombre, l'une des sciences du
quadrivium, avec l'astronomie, l'arithmétique et la géométrie, étroitement liées
entre elles. A partir de spéculations mathématiques, les pythagoriciens ont
fondé la science de l'harmonique. Les sons reflètent l'ordre cosmique et c'est
cette correspondance entre les sons et le macrocosme qu'exprime la fameuse
thĂ©orie de l'harmonie des sphères. Or il existe une correspondance terme Ă
terme entre l'homme et le monde, le microcosme et le macrocosme. L'ĂŞtre humain
Ă©tant lui aussi construit selon des normes harmonicales (rapports musicaux), il
existerait une analogie cachée entre processus mentaux et processus musicaux.
La maladie et la folie sont dues Ă une dysharmonie entre macrocosme et
microcosme, les sons et la musique peuvent donc être utilisés pour remettre
l'homme en harmonie avec la nature, c'est-Ă -dire que l'harmonie intellectuelle
peut être rétablie par l'harmonie sensuelle. [...] Au Moyen Age, le
poète Eustache Deschamps verra ainsi dans la musique «la médecine des sept arts
libéraux» car la musique instrumentale redonne aux artistes fatigués une
nouvelle vigueur qui leur permet de créer mieux encore (Madeleine
Lazard, La thérapeutique musicale du chapitre XIX : mythes et réalités, Le
Cinquiesme livre: actes du Colloque international de Rome (16-19 octobre 1998),
2001 - books.google.fr). Si langue poétique est étroitement liée à la musique du
simple fait qu'elle est chantée, ainsi qu'en témoigne la présence de portées
dans de nombreux manuscrits, ce qui n'est pas non plus sans conséquences
formelles, elle relève elle-même d'une esthétique musicale fondée sur le Nombre
qui remonte à la pensée pythagoricienne. Transmise au Moyen Âge par le De
Musica de Boèce, principalement, celle-ci est également présente dans la
tradition rhétorique. «Rithmica species est artis enim musice», affirme au
XIIIe siècle le grammairien Jean de Garlande dans son Ars rithmica : le
rythme formé par l'enchaînement phonique et syntaxique des éléments de la
phrase est en lui-mĂŞme une espèce d'art musical. Dragonetti aborde plus prĂ©cisĂ©ment ce sujet dans un article consacrĂ© Ă
un passage de l'Art de Dictier d'Eustache
Deschamps qui qualifie la poésie de «musique naturelle». Si Deschamps rompt
avec la tradition lyrique antérieure, où le chant résulte d'une synthèse entre
la parole et la mélodie, pour affirmer l'autonomie de sa composante
linguistique, il n'en maintient pas moins l'appartenance de la poésie à la
musique, conformément à la conception qu'en avait Boèce. Il semble pourtant
s'écarter de la musique considérée principalement par ce dernier comme une
activité spéculative et métaphysique visant à la contemplation par l'intelligence
de la raison du Nombre universel et transcendant qui fonde l'harmonie de toute
organisation formelle (qu'il s'agisse du monde, de l'homme ou de ses
compositions artistiques), au profit d'une musique considérée avant tout comme
une pratique destinée à l'oreille. Par-delà cette rupture que Deschamps paraît
effectuer avec la tradition pythagoricienne, c'est plus largement «l'oubli»,
par les «lecteurs» contemporains de cette poésie, «de ce qui faisait autrefois
la vérité de toute musique», que Roger Dragonetti cherche à réparer en
rappelant le contexte philosophique dans lequel s'inscrit la lyrique médiévale.
Il s'agit d'apprendre ainsi à penser la poésie «selon la musique», au lieu de
s'attacher au sens des mots pour en dégager la signification psychologique ou
sociologique (Christopher
Lucken, Roger Dragonetti, Portraits de médiévistes suisses (1850-2000): une
profession au fil du temps, 2009 - books.google.fr). L'effet des
stimulations était couramment utilisé à des fins thérapeutiques, comme le
remède spécifique par excellence dans le traitement du tarentisme, des morsures
de tarentule, une espèce d'araignée velue, qu'on trouve en Corse, en Italie,
plus particulièrement dans la Pouille, près de Tarente. D'où son nom. La
morsure de la tarentule, venimeuse pendant la saison de l'accouplement, et la
chaleur de l'été, est peu douloureuse, mais provoque bientôt un engourdissement
du membre atteint, une sorte de prostration entrecoupée de mouvements
convulsifs et parfois mĂŞme la mort. Pour soigner le malade on fait venir un
musicien qui essaie différents airs sur son instrument. Lorsqu'il a rencontré
celui qui plaît au malade, celui-ci fait un petit mouvement, puis tout son
corps s'agite, il se met Ă danser (parfois six heures de suite). On le met
ensuite au lit et quand on le juge assez reposé, on le fait lever en jouant le
mĂŞme air pour le faire danser, et on continue cet exer-cice pendant plusieurs
jours et lorsqu'il est hors d'état de danser c'est la marque de la guérison
(tant que le poison agit sur lui, il damerait jusqu'Ă mourir d'Ă©puisement).
Alors il se réveille sans aucun souvenir de ce qui lui est arrivé, pas même
d'avoir dansé (R. Francheville, «Une thérapeutique musicale dans la vieille
médecine», Pro Medico, 1927, pp. 243-248) (Madeleine
Lazard, La thérapeutique musicale du chapitre XIX : mythes et réalités, Le
Cinquiesme livre: actes du Colloque international de Rome (16-19 octobre 1998),
2001 - books.google.fr). Typologie Le report de 2199 sur la date pivot 1000 donne 199. En automne 199, après une tournée d’inspection en Syrie
et en Palestine, Septime Sévère se rend en Égypte ; il fait un sacrifice sur la
tombe de Pompée à Péluse, est reçu triomphalement à Alexandrie où il reste
quelques mois, dotant la ville d'un nouveau temple de Cybèle, de thermes et
d'un gymasium. Il introduit un Sénat municipal (Boulè) à Alexandrie et dans les
villes principales, et pour la première fois permet à des Égyptiens à accéder
au Sénat romain. En mars-avril 200, l'empereur romain Septime Sévère alors
en Égypte, descend probablement le Nil de Memphis à Thèbes. Il aurait atteint,
en mai, Philae, limite méridionale de l'empire romain. Le 29 août, il rentre en
Syrie, probablement par la mer (fr.wikipedia.org
- Année 199). |