Montélimar 1549

Montélimar 1549

 

X, 67

 

2226-2227

 

Le tremblement si fort au mois de May,

Saturne, Caper, Iupiter, Mercure au beuf :

Venus, aussi Cancer, Mars en Nonnay,

Tombera gresle lors plus grosse qu'un oeuf.

 

1549

 

Les positions astrales «tropicales» concernent un séisme qui s'est produit le 4 mai 1549 dans la région de Montélimar, et auquel succéda une forte averse de grêle comme le montre l'analyse de Pierre Brind'Amour (Patrice Bouriche, L'Histoire secrète de l'astrologie: Révélations sur l'imposture du zodiaque des saisons - Tome 2 - L'Hérésie tropicaliste venue du Khorassan, 2019 - books.google.fr, www.astro.com).

 

A Troyes le 24 juin 1549 orage de grêle (Amédée Aufauvre, Les Tablettes historiques de Troyes depuis les temps anciens jusqu'à l'année 1855, 1858 - books.google.fr).

 

De la même année, à Genève, la grêle est jugée châtiment divin par Artus Désiré (Erwin Mülhaupt, Supplementa Calviniana; sermons inédits: Sermons sur la Genèse de Jean Calvin, 1961 - books.google.fr).

 

Originaire de Normandie où il naquit vers 1510, le prêtre Artus Désiré, docteur de Sorbonne dont les publications s'échelonnent entre 1546 et 1578, consacra presque toute son existence d'écrivain à lutter contre la Réforme.

 

"Nonnay" Annonay

 

En 1526, c'est pour avoir préché à Nonnay (Annonay), ville du Vivarrez contre l'adoration des reliques, que Renier est saisi, conduit à Vienne et brûlé vif (Histoire chronologique de l'église protestante de France jusqu'à la révocation de l'Édit de Nantes, Tome 2, 1855 - books.google.fr, Simon Goulart, Histoire admirable de nostre temps nouvellement mises en lumiere, Tome 2, 1606 - books.google.fr).

 

Annonay se trouve à 100 km au nord de Montélimar.

 

Fief des Dauphins de Viennois et arrière-fief des archevêques de Lyon, la seigneurie d'Annonay appartenait dès 1206 aux Roussillon, famille chevaleresque du Dauphiné, dont une branche ainée, dite de Roussillon-Annonay, s'éteignit en 1364 chez les Villars-Thoire, qui eurent en 1424 pour héritiers les Lévis qui vendirent en 1473 Annonay aux ducs de Bourbon, mais les biens de ces derniers ayant été confisqués, en 1523, ils revendiquèrent alors cette seigneurie, en vertu de certaines substitutions, et de longs procès s'en étant tout naturellement suivis, ils obtinrent finalement gain de cause devant le parlement de Paris, le 15 février 1594. Redevenus ainsi seigneurs d'Annonay, les Lévis le furent jusqu'en 1694, qu'un mariage fit passer cette terre chez les Rohan-Soubise, qui furent eux-mêmes remplacés en 1753 par les Bourbons-Condé, derniers marquis d'Annonay J. Brun-Durand, Mémoire d'Achille Gamon, Revue drômoise: archéologie, histoire, géographie, Volume 20, 1886 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain I, 66 et la famille des LĂ©vis dont un membre fonde la Compagnie du Saint Sacrement.

 

"boeuf", "Cancer" : la Cance

 

Pour faire correspondre le quatrain Ă  la configuration astrologique de mai 1549, il faut faire abstraction de la ponctuation : Saturne en Capricorne ("Caper"), Jupiter et Mercure en Taureau ("boeuf"), VĂ©nus "aussi" en Taureau, et Mars en Cancer.

 

La grĂŞle tombe aux Rameaux et le 15 juin 1549 mais Ă  Orange (Jean Perrat, La chronique d'un notaire d'Orange, 1881 - books.google.fr, cura.free.fr).

 

On s'attendait à Nonnay, qui reste à la fin du 3ème vers, et qui serait Annonay.

 

Le 12 mai, 6 juillet et 17 août de l'année 1706, il tomba une grèle horrible qui fut suivie d'inondations extraordinaires. Il ne se recueillit dans le pays presque point de vin. Des experts furent chargés de dresser procès-verbal des dommages qu'avait éprouvés la ville d'Annonay (J.A. Poncer, Mémoires historiques sur Annonay et le Haut-Vivarais, Tome 2, 1835 - books.google.fr).

 

Si les inondations peuvent être accompagnées d'une forte grêle, on note l'inondation de la Cance en 1549.

 

La Cance naĂ®t près de Saint-Bonnet-le-Froid Ă  1160 mètres d'altitude; après avoir traversĂ© Annonay oĂą elle rejoint la DeĂ»me, Ă  Pied-de-BĹ“uf (deux cent quatre-vingt-dix mètres), elle coule vers le RhĂ´ne. La DeĂ»me, elle, descend des contreforts du Pilat, elle prend sa source près de Saint-Sauveur-en-Rue, Ă  quelque mille mètres d'altitude. Annonay se trouve donc au point de contact de quatre rĂ©gions Ă  l'Ă©conomie diffĂ©rente, certes, mais complĂ©mentaire. Ceci explique sa fonction de lieu d'Ă©change privilĂ©giĂ© entre le haut plateau et la plaine. Son site est Ă  la fois attrayant et contraignant. On ne peut qu'opposer l'Ă©peron rocheux qui se dresse entre la Cance et la DeĂ»me et les vallĂ©es de ces cours d'eau qui enserrent ce promontoire. De par sa situation et sa constitution (barre de granit très Ă©levĂ©e mais possĂ©dant une lĂ©gère dĂ©clivitĂ© d'un cĂ´tĂ©), ce rocher devint l'Ă©lĂ©ment dĂ©fensif de la ville dominĂ© par le château avec, Ă  son pied, le passage des routes très facile Ă  contrĂ´ler. En face de la ville forte se greffa donc la ville marchande. La prĂ©sence de la Cance et de la DeĂ»me en tant que cours d'eau s'avĂ©ra excellente pour le dĂ©veloppement des activitĂ©s artisanales et manufacturières. La puretĂ© des eaux, dĂ©pourvues de calcaire, fut la raison majeure de l'installation des tanneurs et surtout des parcheminiers et des blanchers qui, Ă  leur suite, au XVIIe siècle, entraĂ®nèrent les papetiers. Dans son mĂ©moire sur les papeteries d'Annonay, qu'il prĂ©senta Ă  l'AcadĂ©mie des Sciences, Nicolas Desmarest prĂ©cisait : «Ses eaux claires et limpides (de la DeĂ»me) la plus grande partie de l'annĂ©e sont très propres au lavage des chiffons; aussi, les pâtes acquièrent-elles avec cette eau un degrĂ© de blancheur surprenant.» Tout ceci explique qu'au fil des siècles s'entassèrent aux creux des vallĂ©es, serrĂ©s contre la paroi rocheuse, de nombreux Ă©tablissements : moulins Ă  blĂ©, moulins Ă  foulon, chauchières et gours pour les tanneurs, plus tard moulins Ă  papier. Toutefois, ces bâtiments et installations eurent Ă  souffrir des caprices des rivières. Nombreuses furent les inondations. En 1546, le moulin Ă  blĂ© des Cordeliers implantĂ© sous les rochers de Saint-Denis fut emportĂ©; en 1549, la Cance dĂ©truisit celui de Badinon. Mais les ravages les plus importants du XVIe siècle furent ceux de 1567 (Architecture ancienne et urbanisme en Ardèche: actes du colloque de Vinezac, 1986, Volume 120, 1986 - books.google.fr).

 

Le bassin septentrional de la Cance et de la DeĂ»me est soumis Ă  l'influence du climat lyonnais. Annonay (357 m.) le commande : cette ville n'est pas une station climatique, mais des observations mĂ©tĂ©orologiques utiles y ont Ă©tĂ© faites. La moyenne thermique Ă  7 heures du matin a Ă©tĂ©, en 1930-1931, de 20,54 en hiver, de 170,87 en Ă©tĂ©; l'index pluviomĂ©trique, de 614 (Cailly). Dans sa rĂ©gion sont Vanosc (630 m.), Saint-Julien-Vocance (700 m.) (Marius PiĂ©ry, TraitĂ© de climatologie biologique et mĂ©dicale, Tome 2, 1934 - books.google.fr).

 

"Gresle" et Vivarais

 

Grêle et région du Vivarais se trouvent dans le quatrain I, 66 daté de 1606 où il serait question de recacatholisation de la région.

 

La mention de l’an 1606 dans l’Epître à Henri II datée de 1558, doit être rapprochée des éphémérides de Stadius et de Leovitius qui toutes deux - sans parler de l’Eclipsium de ce dernier - aboutissent à l’an 1606. [...] L’on trouve dans l’Epître à Henri II une description complète de positions des diverses planètes dans le zodiaque, cette disposition s’avère justement être celle de 1606, absente de l’Epître de 1556. Il est question de Saturne en Capricorne qui s’y trouvera du 7 avril au 25 août (Jacques Halbronn, La fortune des emprunts à Leovitius dans les deux épîtres nostradamiques datées de 1558, 2003 - nostredame.chez-alice.fr).

 

En mai 1585, Saturne se trouve en BĂ©lier et non en Capricorne.

 

Il reste qu'en mai 1585, Jupiter et Mercure se trouvent effectivement dans le signe du Taureau, que Vénus se trouve en Cancer et Mars en Vierge (Nonnay, pour rimer avec May, la nonne, la Vierge). Mais, si Vénus se trouve en Cancer, c'est à partir du 21 mai et qu'à cette date, Mercure n'est plus en Taureau, mais en Gémeaux (Jacques Halbronn, Le texte prophétique en France: formation et fortune, Tome 3, 1999 - books.google.fr).

 

Un tremblement de terre en 1604 en Vivarais : en décembre et pas en "May"

 

Un tremblement de terre se fit sentir à Viviers et dans les environs, le 7 décembre 1604. Il y eut plusieurs secousses, dont quelques-unes si sensibles que les meubles furent secoués, des vases renversés, et que les vitres des croisées tintèrent (Publications du Bureau central séismologique international: Monographies, Numéros 1 à 7, 1924 - books.google.fr).

 

A rapprocher de la grêle tombée à Burzet (près d'Aubenas) le 15 janvier 1605 : cf. quatrain I, 66.

 

Lien avec le quatrain précédent X, 66 - Pocahontas

 

Déjà en 1589 - 1590 - 1595 - 1598/99 les hivers avaient été très rudes, avec neige importante en Dauphiné en 1598 et 1599. Le Rhône gela en 1590 - 1595 - 1603 et 1608 et la mer gela même à Marseille l'hiver de 1594/1595 tant l'hiver fut rigoureux. En janvier 1603, le froid fit geler les vignes et éclater les arbres; et le Rhône gela même dans sa partie méridionale. Mais 1608 connut la conjonction des inondations et du froid intense pendant deux mois. Ce ne furent pas seulement les arbres ou les vignes qui perirent, mais aussi les êtres humains trouvés morts de froid au bord des routes où le malheur les avait jetés ou dans des abris de fortune; les animaux vivant dehors y laissèrent aussi leur vie. Cette année là fut nommée l'année du «grand hyver» (Jeannette Devigne-Paret, Villages de nos aïeux au XVIIe siècle : la vallée du Rhône et au-delà vers 1600-1660, 2007 - books.google.fr).

 

Agobard et Annonay

 

Le quatrain I, 66 daté de 1606 année de l'édition de Papire Masson des oeuvres de l'archevêque de Lyon Agobard (IXe siècle) dont le Traité De la Grêle et du Tonnerre qui souligne l'inanité des accusations contre les sorciers faiseurs de calamités atmosphériques (cf. quatrain IX, 69).

 

Il semble qu'une autre tradition liturgique très proche ait servi de base à Annecy qui aurait surtout relevé les divergences avec Farfa. Malheureusement les chants indiqués sont trop rares pour qu'on puisse identifier cette tradition. Aux dimanches de l'Avent, seul le premier répons est donné; le premier dimanche, il est identique au début de la série de Lyon, mais nous ignorons la suite et nous n'avons rien pour la Semaine Sainte ni pour les dimanches après la Pentecôte. Seul donc le premier répons, Aspiciebam, fournit une indication précieuse, puisqu'il est caractéristique d'une tradition lyonnaise qui, remontant à l'archevêque Agobard (IXe siècle), s'est étendue au long de la vallée du Rhône (Annonay, ms Valence 43; Ordre des Chartreux; Ordre de St-Victor de Marseille), dont les ramifications ont porté certains usages de Lyon jusqu'en Catalogne et en Espagne) (Madeleine Bernard, Un recueil inédit du XIIe siècle et la copie aquitaine de l'Office versifié de Saint Grégoire, Études grégoriennes, Volume 16, 1977 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Rite lyonnais).

 

Pour l'Avent, mais pas pour les jours saints, Saint-Ruf, comme Saint-Victor de Marseille et Saint-André de Villeneuve-les-Avignon (les grandes fondations du Xe siècle), et comme les Chartreux, est marqué par l'influence d'Agobard de Lyon, dont l'opuscule sur l'antiphonaire de l'office, édité à nouveau en 1981 par L. Van Acker, semble bien être un prologue de l'antiphonaire lyonnais expliquant que l'évêque a corrigé celui-ci en éliminant les pièces non bibliques. Au premier dimanche d'Avent, ce principe de monobiblisme fait disparaître le répons qui est partout sauf à Lyon le premier de la série, le répons Aspiciensa Longe. A Lyon le premier répons est celui qui est le deuxième ailleurs, le répons Aspiciebam (Pierre-Marie Gy, La liturgie des chanoines de Saint-Ruf, Le Monde des chanoines (XIe-XIVe s.), 1989 - books.google.fr).

 

Riches et d'intérêt local, le Bréviaire de Notre-Dame d'Annonay (ms 43) et le Bréviaire de Valence également du XVe siècle étaient destinés à la récitation privée de l'Office (Marguerite Beau, Exposition au musée de Valence, Bulletin d'archéologie et de statistique de la Drôme, Numéros 386 à 398, - books.google.fr).

 

Notre-Dame d'Annonay, ancien diocèse de Vienne, dont l'église était, depuis 1095, desservie par des chanoines de Saint-Ruf, et dont la dédicace était célébrée chaque année le 11 juillet (Victor Leroquais, Les bréviaires manuscrits de bibliothèques publiques de France, Tome 4, 1934 - books.google.fr).

 

Le second rĂ©pons est celui-ci : Aspiciebam in visu noctis, que saint GrĂ©goire tira de Daniel (c. VII), prophĂ©tisant par ces paroles la venue du Christ, et par ces paroles le mystère de l'incarnation du Verbe, qui, dans le principe, Ă©tait en Dieu, vision qu'il exprime ainsi : Aspiciebam in visu, aut visione noctis, etc. : «J'apercevais en vision, Ă  travers les tĂ©nèbres de la nuit.» Or, il y a trois visions, c'est-Ă -dire la vision de la nuit avant la grâce, la vision du jour sous la grâce, la vision de la lumière dans la gloire. Les patriarches et les prophètes, qui Ă©taient sous la nuĂ©e, ont vu Ă  travers les tĂ©nèbres de la nuit, comme le prouve Daniel, qui vit ces merveilles dans une vision nocturne. Les apĂ´tres les virent en plein jour, eux Ă  qui apparut ostensiblement l'humanitĂ© du Christ. Les enfants de Dieu les verront au sein de la lumière et face Ă  face. La VĂ©ritĂ©, dans l'Evangile, insinue cette distinction, en disant : «Abraham a dĂ©sirĂ© ardemment de voir mon jour, il l'a vu et a Ă©tĂ© transportĂ© de joie;» et ensuite : «Un grand nombre de rois et de prophètes ont voulu voir ce que vous voyez, et ne l'ont pas vu.» Suivent ces mots du rĂ©pons: Et ecce in nubibus cĹ“li Filius hominis veniebat, «Et voici que le Fils de l'homme venait sur les nuĂ©es du ciel.» La nuĂ©e du ciel, c'est la chair du Verbe, d'après IsaĂŻe, qui dit : «Le Seigneur est montĂ© sur une nuĂ©e lĂ©gère, et Ă  lui ont Ă©tĂ© donnĂ©s le règne et l'honneur,» c'est-Ă d-ire son nom, qui lui a Ă©tĂ© donnĂ© de toute Ă©ternitĂ©, mais qui a Ă©tĂ© manifestĂ© dans le temps, et «tout peuple, toute tribu et toute langue lui seront soumis;» car, comme le dit IsaĂŻe, «tout genou flĂ©chira devant le Seigneur, et toute langue confessera le Seigneur» (jurera dans le Seigneur) (Guillaume Durand (Ă©vĂŞque de Mende au treizième siècle), Rational ou manuel des divins offices, Tome 3, traduit par Charles BarthĂ©lemy, 1854 - books.google.fr).

 

Aspiciebam in visu noctis et ecce viri tres diverso tramite venientes coram me astiterunt (I was looking about in a dream and suddenly three men, coming by different paths, stood before me). The first part of this phrase, aspiciebam in visu noctis is a citation from The Book of Daniel, VII ( 2,7,13 ) : this citation is already fixed by the interpretive tradition as an indexical sign of prophecy and vision; in the Book of Daniel this same word, aspiciebam, is used repeatedly in order to announce the prophesy of the Apocalypse. But by a different interpretive tradition that would still be alive in Abelard's time, aspiciebam has already acquired a plural (polysemic) meaning : while its Hebrew counterpart, the Old Testament haza signifies “prophetic contemplation of a real object,” the Latin word – this time also reinforced by the “in visu noctis" is clearly oriented towards the typological discourse of the vision. In this case it designates a particular type of vision, visio imaginativa, that, by way of personal dramatizations, is supposed to bring peace to the troubled soul (Mirela Saim, Abelard's “Striving After Truth”: Dialogue, Rational Argumentation and communal Identification in Medieval Philosophy, The Middle Ages: One Or Many ?, 1994 - books.google.fr).

 

On peut alors relier Daniel Ă  la grĂŞle et au tremblement de terre par l'intermĂ©diaire de l'Apocalypse de Jean :

 

Daniel 13-14 : Je regardai pendant mes visions nocturnes, et voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu'un de semblable à un fils de l'homme; il s'avança vers l'ancien des jours, et on le fit approcher de lui. On lui donna la domination, la gloire et le règne; et tous les peuples, les nations, et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit (saintebible.com).

 

Apocalypse 11:15 : Le septième ange sonna de la trompette. Et il y eut dans le ciel de fortes voix qui disaient: Le royaume du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ; et il régnera aux siècles des siècles. [...] 11:19 : Et le temple de Dieu dans le ciel fut ouvert, et l'arche de son alliance apparut dans son temple. Et il y eut des éclairs, des voix, des tonnerres, un tremblement de terre, et une forte grêle (www.lueur.org).

 

1549, Amalaire et Agobard

 

(1540). Jean CochlĂ©e, illustre Docteur Catholique, Chanoine de Wratislaw, et infatigable dĂ©fenseur de la foi Catholique contre les rĂ©formateurs du seizième siècle, opposa au traitĂ© de Luther contre la Messe, une Ă©dition des livres d'Innocent III, de Mysteriis Missæ, et de ceux de saint Isidore, de Officiis Ecclesiasticis. Il est aussi le compilateur de la première collection des auteurs liturgistes que l'on connaisse. Elle parut Ă  Mayence, en 1549, sous ce titre : Speculum antiquæ devotionis circa Missam et omnem alium cultum Dei, ex antiquis, et antea nunquam evulgatis per typographos auctoribus, a Joanne Cochlao laboriose collectum. Cette collection comprend neuf auteurs, savoir :

 

1° Amalaire de Trèves, de Officio Missæ;

2° Walafrid Strabon, de Exordiis et incrementis rerum Ecclesiasticarum;

3° Saint Basile, de Missa Græcorum;

4° Expositio Missa brevis, d'après d'anciens manuscrits;

5° Saint Pierre Damien, Liber qui dicitur Dominus yobiscum;

6° Honorius d'Autun, Gemma animæ;

7° Le Micrologue;

8° Pierre le Vénérable, Nucleus de Sacrificio Missœ;

9° Liber de Vita S. Bonifacii, Martyris (Prosper Guéranger, Institutions liturgiques, Tome 1, 1840 - books.google.fr).

 

Le principal et le plus célebre ouvrage d'Amalaire, est son traité des offices ecclésiastiques divisé en quatre livres, et chaque livre en plusieurs chapitres. Depuis que Tritheme avoit confondu le véritable auteur de cet ouvrage, avec Amalaire archevêque de Treves, on le donnoit à ce prélat. Mais après que le P. Sirmond, dans une letre à Dom Constantin Caëtan, a levé cette confusion, tous les critiques se sont accordés à rendre ce traité à Amalaire, diacre ou prêtre de Metz.

 

L'objet principal d'Amalaire dans son travail, est de tâcher de rendre raison des prieres et des cérémonies qui composent l'office divin, et de leur diversité, et de découvrir le dessein qu'ont eu les auteurs de la liturgie en les prescrivant.

 

Amalaire en divers endroits de cet ouvrage, et bien disertement à la fin du vingt-quatriéme chapitre du troisième 24. p. 993. livre, suppose les dogmes de la transubstantiation et de la présence réelle de Jesus-Christ dans l'Eucharistie. Or il est à remarquer d'une part qu'il avoit écrit quelques années avant Pascase Radbert, que nos freres séparés regardent ordinairement comme l'inventeur de ce dogme; et de l'autre, que si ce n'avoit pas été alors la foi commune de l'Eglise, Agobart et Flore son diacre, qui ont censuré tant d'autres sentiments d'Amalaire, ne lui auroient pas fait grace sur celui-ci.

 

Agobard archevêque de Lyon, aïant lû cet ouvrage d'Amalaire, contre lequel il étoit déja indisposé pour avoir blâmé dans un autre de ses écrits le chant de son église, y, trouva plusieurs choses à redire, et en fit la critique.

 

Avant que ce traitĂ© fĂ»t mis en entier sous la presse, Jean CochlĂ©e en imprima le troisième livre, dans son Miroir de l'ancienne dĂ©votion pour la Messe, qui parut Ă  MaĂŻence en 1549. L'Ă©diteur, dans son Ă©pitre dĂ©dicatoire, donne Ă  l'auteur, qu'il croĂŻoit ĂŞtre Amalaire archevĂŞque de Treves, les titres de docteur de l'Eglise, d'ancien tĂ©moin de la foi primitive et de la vraie piĂ©tĂ©. Le mĂŞme livre fut rĂ©imprimĂ© sĂ©parĂ©ment Ă  Venise in-8°. l'an 1572, avec ce titre : De l'office de la Messe (Histoire littĂ©raire de la France, Tome 4 : Huitième et neuvième siècles, 1866 - books.google.fr).

 

Wratislaw désigne la ville de Silésie Breslau (Wroclaw) : cf. quatrain IX, 94.

 

A Lyon, la primauté romaine sur la liturgie paraît assez nettement contestée. On s'en rend compte à deux occasions : lorsqu'Amalaire, après la destitution d'Agobard en 835, vient occuper le siège lyonnais et tente d'y introduire de nouveaux usages liturgiques; et quand il s'agit du culte rendu aux papes dans la liturgie lyonnaise. L'arrivée d'Amalaire à Lyon en 835 provoqua aussitôt un violent conflit. Outre qu'il devait rester sur place un fort parti de clercs fidèles à Agobard, dont Florus, le nouvel évêque déchaîna par son désir de réformer selon ses idées la liturgie lyonnaise, la colère de Florus. Finalement ce dernier parvint à faire condamner ces innovations au concile de Quierzy de 838. De l'ensemble des textes lyonnais ayant trait à cette affaire, on peut dégager quatre conclusions pour le sujet qui nous occupe :

 

- La liturgie doit être un moyen d'affirmer l'unité de tous les chrétiens dans la personne du Christ. C'est pourquoi Florus, dans la Relatio du concile de Quierzy qu'il adresse à l'Église lyonnaise, dénonce avec vigueur les élucubrations d'Amalaire sur le corps triforme du Christ (lors de la consécration, le corps du Christ se trouverait partagé en trois : son corps réel, son corps mystique représentant les fidèles vivants, et son corps mystique représentant les fidèles défunts);

 

- Les textes liturgiques doivent tous provenir de l'Ecriture ou des Pères;

 

- La diversité des usages et des textes liturgiques est parfaitement admissible, pourvu que la condition énoncée ci-dessus soit respectée. Ainsi, Agobard déclare-t-il que les modifications qu'il a introduites dans l'antiphonaire n'ont d'autorité que dans l'église dont il a la charge, et qu'il n'a pas la prétention de leur attribuer une valeur universelle. De même Florus, après avoir souligné l'antiquité et la sainteté des usages liturgiques lyonnais, affirme-t-il qu'il respecte ceux, différents, des autres églises, à condition qu'ils soient bien fondés. Ou encore le même Florus, citant et commentant dans le sens du respect de la diversité la fameuse lettre de Grégoire le Grand à Augustin de Canterbury, dans laquelle le pape conseillait de choisir dans la liturgie des diverses Églises ce qu'il y avait de meilleur;

 

- Dans ces conditions, le seul fait qu'un usage liturgique vienne de Rome, ou soit réputé tel, peut suffire à en assurer automatiquement la valeur. Encore faut-il être certain de son antiquité et de sa conformité avec l'Écriture et la Tradition (Michel Rubellin, Église et société chrétienne d'Agobard à Valdès, 2019 - books.google.fr).

 

Au milieu du Xe siècle, on distribuait à la fin de la messe du premier dimanche après Pâques des petits agnus dei bénits en cire mêlée d'huile (imprimés sur des galettes ou moulés en forme d'agneau). Ils étaient destinés à un rite de fumigation dans les habitations ou à être déposés dans les champs et dans les vignes pour les protéger contre les illusions diaboliques et contre la foudre et le tonnerre. Ces dispositifs tentaient de se surimposer à des pratiques non chrétiennes antérieures, d'ex-voto, de fumigation ou de confection de poupées de fertilité. La coutume des agneaux protecteurs est évoquée à propos des maisons par Amalaire, un moment archevêque de Lyon durant la déposition d'Agobard, ce qui lui donne encore un caractère.

 

Les tempestarii Ă©voquĂ©s par Agobard apparaissent assez frĂ©quemment dans les sources Ă©crites sous cette dĂ©nomination, ou comme des «instigateurs» de tempĂŞtes (immissores, plus rarement emissores), dans des listes Ă©numĂ©rant des malfaisants de toutes sortes. La loi des Visigoths les dĂ©finit comme «des malfaisants (malefici) ou instigateurs de de tempĂŞtes dont on raconte qu'ils envoient la grĂŞle dans les vignes et sur les moissons». La traduction française de tempestarius ne rend pas complètement compte du champ sĂ©mantique couvert par le latin tempestas : le tempus/espace de temps, le temps mĂ©tĂ©orologique, la tempĂ©rature et le mauvais temps (Patrick Boucheron, Jean-Pierre Devroey, La Nature et le roi: Environnement pouvoir et sociĂ©tĂ© Ă  l'âge de Charlemagne (740-820), 2019 - books.google.fr).

 

Mythologie

 

Le flou astral pourrait indiquer qu'il ne s'agit pas d'une image du ciel à une date données, mais à plusieurs dates données (1606, 1585, etc.) ou bien qu'il serait question de mythologie en rapport avec la grêle.

 

Dans ses commentaires sur le Songe de Scipion, Macrobe nous fait connaĂ®tre les croyances qui rĂ©gnaient de son temps et qu'il partageait. "Les âmes, dit-il, descendent du ciel sur la terre et remontent de la terre au ciel par deux portes : l’une, celle du Cancer, est appelĂ©e la porte des hommes, parce que c'est par elle qu'on descend sur la terre; l'autre, celle du Capricorne, est appelĂ©e la porte des dieux, parce que c'est par lĂ  que rentrent les âmes qui viennent reprendre place parmi les dieux." (Polydore Hochart, Etudes d'histoire religieuse, 1890 - books.google.fr).

 

En rapport avec la naissance et le Cancer, les enfants des dieux Vénus et Mars, s'ils ont un âme, sont Anteros, Eros (Cupidon) et Harmonie (Hermione) (Encyclopédie catholique: répertoire universel et raisonné des sciences, des lettres, des arts et des métiers, formant une bibliothèque universelle, Tome 18, 1848 - books.google.fr).

 

Orion est un géant et pas un dieu donc il peut avoir une âme.

 

On fait Orion fils de Neptune et d'Euryale, fille de Minos (Hyg. I. 2, c. 35. Germ. c. 31. Eratosth. c. 32. Theon p. 149). Son père lui avoit accordé la faculté de marcher sur les eaux comme sur la terre; de même qu'il avoit été donné à Iphiclus de voler sur la surface d'une moisson, sans briser les épis. Ceux-ci le font naître d'Hyrée ceux-là de Caubrisa, d'autres de Musée Roi des Bistoniens, et racontent ainsi sa naissance. On dit que son père, soit Hyrée, soit Caubrisa, reçut chez lui deux Dieux, Jupiter et Mercure (Hygin Astron. II, 34); d'autres disent trois en y ajoutant Neptune. Il n'avoit pas d'enfans, et il pria ses hôtes de le rendre père; il venoit d'immoler un Boeuf, qu'il leur avoit servi à table. Les Dieux s'en firent apporter la peau, et ayant uriné dedans, ils lui recommandèrent de l'enfouir en terre. Au bout de quelque temps, il en naquit un enfant mâle, qu'Hyrée nomma Urion, dont on fit par la suite Orion. C'est lui qui fut placé aux Cieux, dans la belle constellation, qui se lève à la suite du Taureau, et qui se nomma d'abord Urion, dit Germanicus César, ab urina, à cause de l'abondance des eaux qu'elle fait naître. Car, par son lever d'Hiver, elle bouleverse la terre, la mer et les eaux. On ne doit voir dans tout cela qu'un mauvais conte, fait sur une étymologie également mauvaise; le nom d'Orion vient de la même racine, que celui d'Orus, dont il est l'astre. Sa filiation d'un Taureau est simple; puisqu'il se lève toujours à la suite du Taureau céleste, sous lequel il est placé. Son influence sur les mers en fit un fils de Neptune; car on appela astres de Neptune, suivant Théon ceux qui exerçoient leur influence sur les eaux. Il étoit, ajoute Théon, singulièrement observé par les navigateurs, à cause de sa position dans l'Hémisphère austral, d'où parteni les tempêtes. Cette influence, qu'avoit Orion sur les eaux de la mer, et sa position sur le fleuve Eridan, qui sort de son pied gauche, fit dire, que ce fils de Neptune et du Taureau marchoit sur les eaux. C'est que nous verrons bientôt, que sa position, relativement au Scorpion, auquel il est opposé, et qui le fait tous les jours coucher, fit dire qu'il mourut piqué par le Scorpion de nos constellations (Charles-François Dupuis, Origine de tous les cultes ou Religion universelle, Volume 10, 1794 - books.google.fr, James George Frazer, Fastorum libri sex d'Ovide, 2015 - books.google.fr).

 

Au vers 2 du quatrain, Neptune manque.

 

On lit dans Eusebe, que ce fameux Saturne (Præp. Ev. I. 4, c. 16, p. 156) des Phéniciens est aussi appelé Israël; et qu'après sa mort, il passa dans la Planéte de Saturne, celle qui donne ici son nom à Orion, où sont les trois Rois, que le peuple appelle encore le Bâton de Jacob. C'est cet Israël, qui, dans un temps de calamité, immola son fils unique, qu'il avoit eu d'une Nymphe du pays, appelée Anobret (Charles-François Dupuis, Origine de tous les cultes ou Religion universelle, Volume 10, 1794 - books.google.fr).

 

Les circonstances de la naissance d'Orion évoquent une parodie d'accouplement où l'urine de l'homme symbolise le sperme et les menstrues d'une femme-mère dans une outre faite de peau de bœuf représentent le ventre féminin. Cette parodie est un essai de rationalisation d'une naissance venue de la terre (il faut recouvrir l'outre de terre), comme celle de tous les Géants. L'histoire d'Orion est aussi le symbole d'une chasse violente, excessive, qui connaît trop de succès. Se signalant par cette chasse démesurée où il détruit ce que porte et nourrit la terre - qui pourtant l'a fait naître - Orion devient la victime de ses trop grandes qualités cynégétiques et des sollicitations érotiques de la chasse, que ce soient les Pléiades ou Diane elle-même. Quoi qu'il en soit, il périra de la vengeance de Diane par le fait d'un scorpion "qui naît des entrailles de la terre comme un poison, venin solaire, dont la morsure condamne Orion à la mort" (Jeanie Carlier in Dict. des Myth. Flammarion, Paris, 1981, II, 211 b) (Philippe Dain, Mythographes du Vatican I. Traduction et commentaire. Besançon : Université de Franche-Comté, 1995 (Annales littéraires de l'Université de Besançon, 579) - www.persee.fr).

 

Cancer

 

On explique aisément les amours d'Orion pour Diane, quand on sait que Diane est la Lune, qui a son exaltation au Taureau, sous lequel est Orion, et avec lequel il se couche; et son domicile au Cancer, avec lequel Orion se lève (Hygin, 1.3, c. 33.). Il aima la Lune, qui a son exaltation au Taureau, comme il aima les Pleiades, qui sont placées sur ce même Taureau (Charles-François Dupuis, Origine de tous les cultes ou Religion universelle, Volume 10, 1794 - books.google.fr).

 

GrĂŞle et astrologie

 

Pline l'Ancien prĂ©cise : «La constellation d'Arcturus ne se lève presque jamais sans tempĂŞte de grĂŞle» (N.H. 2, 106). Le gĂ©ant Orion annonçait aussi le mauvais temps par son coucher matinal de novembre. Virgile l'Ă©voque Ă  plusieurs reprises dans l'ÉnĂ©ide : 1, 535 et suiv., «Soudain, surgissant avec les flots, l'orageux (nimbosus) Orion nous a portĂ©s sur des fonds invisibles» ; 4, 52, «tant que la mauvaise saison sĂ©vit sur la mer et Orion pluvieux (aquosus)» ; 7, 719, «quand le farouche (saevus) Orion s'engloutit dans les houles de l'hiver». De mĂŞme Horace dans ses Odes : 1, 28, 21 et suiv., «Le Notus (= autan), compagnon impĂ©tueux du dĂ©clin d'Orion, m'a englouti sous les ondes illyriennes» ; 3, 27, 17 et suiv., «Tu vois de quelle tempĂŞte s'agite le dĂ©clin d'Orion» (AndrĂ© Le BĹ“uffle, Le ciel des romains, 1989 - books.google.fr).

 

Avant tout, nous devons nous souvenir qu'il y a deux sortes de dommages cĂ©lestes. Les uns, que nous appelons tempĂŞtes, comprennent les grĂŞles, les ouragans et les autres phĂ©nomènes semblables; survenant, on leur donne le nom de force majeure : ils proviennent, comme nous l'avons dit plusieurs fois, de constellations malfaisantes, telles qu'Arcturus, Orion, les Chevreaux. Les autres sont ceux qui se produisent par un ciel calme et dans des nuits sereines, sans qu'on s'en aperçoive, si ce n'est quand ils sont accomplis : gĂ©nĂ©raux et bien diffĂ©rents des prĂ©cĂ©dents, ils sont appelĂ©s par les uns rouille (nielle), par les autres brĂ»lures, par d'autres charbon, mais par tous stĂ©rilitĂ© (Pline, Histoire Naturelle, Licvre XVIII, LXIX 1 - remacle.org).

 

Saturne avec la Lune, augmente le froid durant peu de jours, & souvent il cause la grêle (Jean Baptiste Fayol, L'harmonie céleste, découvrant les dispositions de la nature; ouvrage physique et matematique necessaire, 1672 - books.google.fr).

 

Caper signifie en latin chèvre.

 

Columelle fixe au 3 avant les calendes de mai un lever du matin de la chèvre, accompagnĂ© du souffle de l'auster, et quelquefois de pluie : au 8, au 7 et au 6 des calendes de juin un lever du matin de la mĂŞme chèvre, avec des vents de nord. C'est la veille de ce jour, ou le 9 des calendes que l'on sacrifiait Ă  la fortune publique, et on a vu dans notre article sur la bonne DĂ©esse, qui n'est autre chose que cette mĂŞme chèvre, qu'elle Ă©tait invoquĂ©e pour la prospĂ©ritĂ© de l'empire; et que sa corne Ă©tait mise entre les mains de la fortune chez les Grecs, et dans celles de Sosipolis, gĂ©nie tutĂ©laire de certaines villes. Le mĂŞme auteur marque au 7 des ides de septembre la fin du toucher du matin du poisson borĂ©al et le lever du soir de la chèvre, avec indication de tempĂŞte. Il fixe au 5 des calendes d'octobre le lever des chevreaux, accompagnĂ© du souffle du favonius et de l'auster, et quelquefois de pluie. Il place aux nones d'octobre le coucher du matin du cocher, la vierge finissant de se coucher. Il marque pour ce jour-lĂ  quelquefois de la tempĂŞte. La veille des nones d'octobre est annoncĂ©e par le lever du soir des chevreaux. Il fixe au 10 des calendes de janvier un coucher du matin de la chèvre, avec indication de tempĂŞte. C'est au 9 des mĂŞmes calendes qu'il place le solstice d'hiver, suivant le calcul des ChaldĂ©ens. La chèvre se couchait le matin lorsque Jupiter ou le Dieu-soleil Ă©tait peint, comme Christ, sous l'emblème d'un enfant naissant que la chèvre AmalthĂ©e Ă©tait chargĂ©e d'allaiter, avec le capricorne ou Ægipan, fils de la chèvre, frère de lait de Jupiter naissant. VoilĂ  donc encore un fondement Ă  la fiction ainsi qu'aux monumens qui reprĂ©sentent Jupiter naissant montĂ© sur le capricorne de Saturne son père. Car Saturne y a son domicile.

 

Cette chèvre était censée produire quelquefois la grêle et frapper les vignes de sa funeste influence. Aussi Nonnus lui donne l'épithète de grandinosa. C'est pour détourner ce fléau que les Phliassiens avaient élevé une chèvre de bronze doré dans leur place publique, et qu'ils lui rendaient des hommages. Près de-là était le lieu où Amphiarüs s'enfermait la nuit, et avait les songes d'après lesquels il rendait ses oracles. Amphiarus, comme le cocher, montait un char, et il était représenté dans la même attitude que le cocher d'OEnomaüs, etc. (Charles-François Dupuis, Origine de tous les cultes, Tome 6, 1822 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2226 sur la date pivot 1549 donne 872.

 

870, 3 dĂ©cembre, 1ère heure : la ville de Mayence fut aussi Ă©branlĂ©e par un tremblement de terre. (D. B., t. VII, p. 175 et 235.)

 

872, 3 décembre, 1ère heure : la terre trembla et Mayence fut renversé. (D. B., t. VII, p. 176 et 236.) (B. B. : Collection des historiens des Gaules commencée par Dom Bouquet, continuée par Brial (1743 - 1828), Daunou (1761 - 1840) et Naudet (1743 - 1830)).

 

Cette coïncidence du 3 décembre 870 et 872 me parait devoir inspirer de la défiance sur la réalité d'un double phénomène dont la date mensuelle ne se trouve pas, pour chaque fait, dans la Chronique d'Hermann et dans les Annales de Fulde, auxquelles j'emprunte les deux citations. Cependant, il est à remarquer que les auteurs de ces deux ouvrages écrivaient, pour ainsi dire, sur les lieux. D'ailleurs, on retrouve la même chose dans les centuries de Magdebourg et dans Lycosthènes, qui seulement cite les années 868 et 870 (Alexis Perrey, Mémoire sur les tremblements de terre dans le bassin du Rhin, Mémoires couronnés et mémoires des savants etrangers, Volume 19, 1847 - books.google.fr).

 

Les annales de l'abbaye de Stavelot annotent l'année 872 comme ayant été marquée par un tremblement de terre et plusieurs autres calamités (Karel Lodewijk Torfs, Fastes des calamités publiques, 1862  - archive.org).

 

En 872, les Annales Xantenses signalent «les pluies et les orages violents et la grêle qui a nui au genre humain, autant dans les fruits que dans les édifices» (l'église Saint-Pierre de Worms et l'abbatiale de Lorsch furent touchées par la foudre) (Patrick Boucheron, Jean-Pierre Devroey, La Nature et le roi: Environnement pouvoir et société à l'âge de Charlemagne (740-820), 2019 - books.google.fr).

 

En 872, il tomba une grèle très-nuisible aux biens de la terre. On ne parle pas de la grosseur (D. Bouquet). En 882, grosse grêle dont les grains anguleux et inégaux étoient gros et d'un diamètre qu'embrassoient à peine le pouce et le doigt medius (D. Bouquet) (Rapport ou second mémoire sur l'orage à grêle du dimanche 13 juillet 1788, Mémoires de l'Academie des sciences, 1797 - books.google.fr).

 

Martin Bouquet, plus connu sous le nom de Dom Bouquet, était un religieux et un érudit français, né en 1685 à Amiens et mort en 1754 à Paris (Rapport ou second mémoire sur l'orage à grêle du dimanche 13 juillet 1788, Mémoires de l'Academie des sciences, 1797 - fr.wikipedia.org).

 

La papesse Jeanne : Mayence et Angleterre

 

Le premier chroniqueur qui ait fait mention de la papesse est Marianus Scotus, qui appartient au onzième siècle, étant né en 1028 et mort en 1086. Noël Alexandre reconnaît que Scotus commet dans la chronologie papale de fréquents anachronismes. On ne peut donc s'en rapporter à la date qu'il donne aux faits. C'est cependant sur son exactitude chronologique que se sont appuyés tous ceux qui n'ont pas voulu admettre l'existence de la papesse Jeanne. Scotus la place entre Léon IV qui mourut en 855 et Benoît III qui mourut en 858. La chronologie des papes étant alors un peu plus certaine qu'elle ne fut depuis, on a prouvé qu'aucun pape n'avait existé entre Léon IV et Benoît III. Mais la chronologie de Scotus est reconnue comme très peu certaine, même par Baronius qui recule jusqu'à Jean VIII, pape de 872 à décembre 882, l'origine du fait de la papesse Jeanne, et par d'autres écrivains qui la reculent encore plus loin, comme nous allons le prouver. Baronius place donc à la fin du neuvième siècle un fait que Scotus place au milieu de ce siècle. Jean VIII aurait montré une telle faiblesse à l'égard de Photius, qu'on l'aurait considéré comme une femme, de là l'origine de la fable de la papesse Jeanne. Mais Baronius n'a pas fait observer que, dans toutes les lettres de Jean, on remarque une très grande énergie, et qu'il n'a pu se prononcer en faveur de Photius, sans condamner ouvertement ses prédécesseurs Nicolas Ier et Adrien II, ce qui n'était certes pas un acte de faiblesse. L'explication du cardinal Baronius (Annal. Eccl. ad ann. 879) est donc absolument contraire à la vérité historique; elle est même ridicule. Le cardinal Bellarmin (de Roman. pontif., lib. III, c. XIV.) ne s'en est pas contenté, et a trouvé l'origine de la fable de la papesse Jeanne dans une lettre de Léon IX qui ne fut pape qu'en 1049. Ce pape, dans une de ces lettres rapporte qu'une femme avait été patriarche de Constantinople. On aura voulu, dit-il, en haine de l'Eglise romaine, lui faire le même reproche (Wladimir Guettée, Histoire de l'église depuis la naissance de N.-S. Jésus-Christ jusqu'à nos jours, Tome 6, 1889 - books.google.fr).

 

Cesare Baronio (ou Caesar Baronius), né le 31 octobre 1538 à Sora, dans la province de Frosinone, dans le Latium, en Italie, et mort le 30 juin 1607 à Rome, est un prêtre italien de l'Oratoire. Proche de Philippe Néri, et son successeur à la tête de l'Oratoire, il est historien ecclésiastique de renom. Nommé Bibliothécaire du Vatican, en 1596, il est créé cardinal la même année au titre cardinalice de Saints Nérée et Achille (Wladimir Guettée, Histoire de l'église depuis la naissance de N.-S. Jésus-Christ jusqu'à nos jours, Tome 6, 1889 - fr.wikipedia.org).

 

Au treizième siècle, une multitude d'écrivains parlent de Jeanne. Mais, ce qui mérite une attention particulière, c'est ce qu'écrit MARTINUS POLONUS, de l'Ordre des dominicains, dont les chroniqueurs contemporains parlent avec éloges. Ce Martinus fut, pendant de longues années, pénitencier des papes Jean XXI et Nicolas III, puis envoyé par ce dernier en Pologne, en qualité d'évêque. Donc, si jamais historien fut capable de connaître parfaitement la vérité, ce dut être sans nul doute Martinus Polonus, tant à cause de son caractère que de sa haute position à la cour de Rome. C'est lui qui nous apprend, outre ce que nous savons déjà, «que Jeanne, était née de parents anglais à Mayence, qu'après avoir été pape deux ans, cinq mois et quatre jours, elle mourut en travail d'enfant, dans une procession, et fut enterrée sans honneur au lieu même où elle trépassa. Les souverains pontifes, ajoute-t-il, ne passèrent plus désormais par cette rue et se rendirent à la basilique de Latran par une autre voie.» (Emmanouel Rhoïdes, La papesse Jeanne: roman historique. Précédé d'une étude historique, accompagné de notes. Ouvrage traduit du grec moderne, 1878 - books.google.fr).

 

Sous le pontificat de Jean VIII, en 882, il y eut une averse de grĂŞle suivie d'une Ă©pidĂ©mie qui força l'empereur Charles le Gros et les Normands Ă  faire la paix. Charles donne la fille de son cousin Lothaire II en mariage Ă  Godfrid qui se convertit (L'abregĂ© des Annales ecclesiastiqves de l'eminentissime Cardinal Baronivs, Volumes 3 Ă  4, traduit par Pierre Coppin, 1655 - books.google.fr, StĂ©phane Lebecq, Les Vikings en Frise : chronique d'un Ă©chec relatif, Les fondations scandinaves en Occident et les dĂ©buts du duchĂ© de Normandie, 2005 - books.google.fr, Olivier Donneau, «Sa SaintetĂ© femelle», ou les rĂ©incarnations discrètes du mythe historiographique de la papesse Jeanne au Refuge huguenot, BULL. SOC. HIST. PROT. FR.,avril-mai-juin 2007 - orbi.uliege.be).

 

Richard de Wassebourg, natif de S. Michel en Lorraine, RĂ©gent du CollĂ©ge de la Marche Ă  Paris, & Archidiacre de Verdun ; publia Ă  Paris, l'an 1549. en deux volumes in folio, ses Antiquitez de la Gaute Belgique, oĂą il dit que l'An 855. Jean l'Anglois, natif de Mayence, occupa le siĂ©ge Papal, par des voies diaboliques : & que son crime fut manifestĂ© par miracle (Friedrich Spanheim, Histoire de la papesse Jeanne, traduit par Jacques Lenfant, 1736 - books.google.fr).

 

1549

 

Les érudits réformés prirent le relais des chroniqueurs. Sous leur plume, Jeanne fut la promotrice de l’odieuse science scolastique et le premier pape qui porta atteinte au pouvoir temporel. Son règne canoniquement douteux rompit la chaîne apostolique qui permettait de relier le pontife à saint Pierre et, au-delà, au Christ même. L’usurpatrice, à la fois débauchée, travestie, tyrannique et sorcière, résumait à elle seule les dix siècles chaotiques de l’histoire de la papauté.

 

AgacĂ©e par cet usage intempestif, Rome, qui avait pourtant nourri Jeanne en son sein, dĂ©cida de renier sa fille illĂ©gitime. S’ensuivit alors un Ă©pique combat savant que ponctuèrent les ouvrages d’Onuphre Panvini, de Pier Paolo Vergerio, de Florimond de Raemond ou de Duplessis Mornay. Pour les catholiques, la papesse devint un pâle fantĂ´me dont seul d’extravagants fanatiques pouvaient soutenir l’existence. L’attachement des dissidents Ă  cette chimère permettait aux dĂ©fenseurs de la papautĂ© de rĂ©voquer endoute leurs autres arguments. Certains accusèrent mĂŞme les pseudo-rĂ©formĂ©s, menteurs et innovateurs par essence, d’avoir corrompu les manuscrits et inventĂ© ce conte de toutes pièces. Qu’avaient d’ailleurs Ă  dire lĂ -dessus ces hĂ©rĂ©tiques, eux qui soumirent leurs Églises d’Angleterre Ă  une autre papesse, bien rĂ©elle celle-lĂ  ? Ce lieu commun de l’apologĂ©tique fut encore employĂ© par les catholiques Ă  la fin du XVIIe siècle (Olivier Donneau, «Sa SaintetĂ© femelle», ou les rĂ©incarnations discrètes du mythe historiographique de la papesse Jeanne au Refuge huguenot, BULL. SOC. HIST. PROT. FR.,avril-mai-juin 2007 - orbi.uliege.be).

 

En novembre 1534, l’«Acte de suprématie», voté par le Parlement, accorde au roi et à ses successeurs le titre de «chef unique et suprême de l’Église d’Angleterre» c’est à dire qu’il concentre entre ses mains tous les pouvoirs ecclésiastiques. Le statut du pape est ramené à celui d’évêque de Rome, sans autorité particulière sur le territoire anglais. La loi des Six Articles de 1539 met fin aux espoirs des partisans de la Réforme en réaffirmant les principaux points de la doctrine catholique attaqués par Luther. A la mort d’Henri VIII, l’Église d’Angleterre n’est pas une Église protestante mais une Église catholique sans pape (www.museeprotestant.org).

 

Les règnes d'Edouard VI et de Marie, très-courts tous deux, ne sont qu'une transition entre l'introduction de la Réforme et son établissement définitif en Angleterre. De l'œuvre de Henri VIII, il ne subsista que la rupture avec Rome. Sous Edouard VI, les principes de la religion anglicane furent complètement modifiés et l'essai du rétablissement du catholicisme par Marie ayant complètement échoué, le protestantisme s'implanta définitivement en Angleterre sous la reine Elisabeth. [...]

 

Dès le commencement du règne d'Edouard VI, un statut fit comprendre à la nation que des abus fort nombreux s'étaient introduits dans les matières religieuses, que les cérémonies actuelles du culte, notamment la communion, ne ressemblaient pas à celles de la primitive Eglise. [...] Dans la seconde année du règne, on s'attacha à établir l'unité de la religion nouvelle. Comme il s'était introduit une grande variété dans les prières, ordre fut donné à l'archevêque de Cantorbéry, assisté d'évêques, d'établir des prières uniformes et des règles précises pour l'administration des sacrements. C'est en 1549 que l’Angleterre reçut son Prayer-Book, son livre de prières à réciter dans les paroisses et églises cathédrales. Il était l'œuvre de Cranmer, Pierre Martyr, Bernard Ochin et Mélanchthon. Les principaux et les plus fervents réformateurs de l'Europe furent appelés pour «composer un corps de doctrines conformes à l'Ecriture» et «pour ex un corps de sentiments conformes à la véritable foi des Réformés». Le premier rudiment considérable du Prayer-Book est de 1545 (Froude, V, 145 et 146). Le Prayer-Book subit plusieurs changements en 1552, d'autres sous Elisabeth, et quelques-uns enfin à la Restauration (Ernest Désiré Glasson, Histoire du droit et des institutions en Angleterre, 1882 - books.google.fr).

 

A la mort d'Edouard VI, son conseiller prĂ©pondĂ©rant John Dudley, comte Warwick, duc de Northumberland, voulait mettre la couronne sur la tĂŞte de la jeune Jeanne Grey, bonne protestante. Le père de celle-ci avait Ă©tĂ© fait duc de Suffolk (Sifort : "si fort" ?) (Letters and Papers, Foreign and Domestic, of the Reign of Henry VIII: Preserved in the Public Record Office, the British Museum, and Elsewhere in England, Volume 4, 1867 - books.google.fr).

 

La première création du titre de duc de Suffolk remonte à 1448 pour William de la Pole (1396 - 1480), la deuxième pour Charles Brandon (1484 - 1545) beau-frère d'Henri VIII, la troisième pour Henry Grey (1517 - 1554) gendre du précédent et père de Jeanne Grey, reine 9 jours et exécutée, comme son père un peu plus tard, par Marie la Sanglante en 1554 après Warwick l'année précédente (fr.wikipedia.org - Duc de Suffolk).

 

L'ordre de succession Ă  la couronne avait Ă©tĂ© validĂ© par le Parlement en 1544 : Edouard, Marie et Elisabeth.

 

En 1558, Elizabeth Ière, fille d’Henri VIII et d’Anne Boleyn, devient reine. Elle a 25 ans. Ses convictions religieuses resteront toujours floues pour les historiens. Elle refuse Ă  la fois le calvinisme et la primautĂ© pontificale. Elle est portĂ©e au pouvoir par le parti protestant et veut la paix dans son royaume. Elle l’obtiendra par un accord de compromis, le Settlement, adoptĂ© en mai 1559 par le Parlement, votĂ© de justesse par 21 voix contre 18. L’Église nationale d’Angleterre est «établie» par la volontĂ© du souverain et du Parlement. L’Église d’Angleterre est une Église nationale, indĂ©pendante Ă  la fois de Rome et de Genève. Elle reste une Église mĂ©diĂ©vale par son gouvernement, ses institutions et ses lois, mais devient une Église rĂ©formĂ©e par sa doctrine et sa liturgie. C’est pourquoi on appelle souvent l’anglicanisme : la voie moyenne.

 

Le Settlement comporte deux parties :

 

L’Acte de suprĂ©matie reprend celui d’Henri VIII : la reine est Gouverneur suprĂŞme de l’Église. Elle contrĂ´le toutes les activitĂ©s du clergĂ©. Elle nomme les dignitaires et peut prendre des dĂ©cisions disciplinaires conformes aux lois adoptĂ©es par le Parlement.

 

L’Acte d’uniformité concerne la liturgie qui doit être suivie dans toutes les églises du royaume. La liturgie retenue est celle du «Prayer Book» de 1552, modifiée dans un sens plus conservateur dans l’espoir de rallier ceux qui sont plus proches du catholicisme.

 

En 1563, la doctrine de l’Église d’Angleterre est définie par un acte du Parlement connu sous le nom des «Trente-Huit Articles» qui deviendront en 1571 les «Trente-Neuf Articles». Cette doctrine est nettement protestante, mais il est difficile d’établir si elle est plutôt luthérienne ou plutôt calviniste. Elle est surtout anti-papiste et anti-anabaptiste.

 

Si Ă  la fin du règne d’Élisabeth une majoritĂ© d’Anglais se sont ralliĂ©s Ă  l’Église Ă©tablie, des tensions existent entre ceux qui souhaitent revenir Ă  une cĂ©lĂ©bration plus proche du catholicisme, et ceux qui souhaitent une cĂ©lĂ©bration plus dĂ©pouillĂ©e proche du modèle suisse. Ceux qui veulent poursuivre la rĂ©forme de l’Église dans le sens de la doctrine calviniste seront nommĂ©s : «puritains» (www.museeprotestant.org).

 

"tremblement" : Trembleurs

 

Dès 1530, plusieurs anabaptistes hutterites ou disciples de Hutter s'étoient retirés en Moravie, où ils avoient été accueillis par la noblesse, à cause des talens qui les distinguoient, principalement ceux pour la chirurgie et la culture de la vigne. Ils demeurèrent tranquilles et se multiplièrent à l'infini dans cette province, jusque vers le milieu du XVIe siècle, qu'ils furent proscrits et cruellement chassés, pendant un hiver très-rude, de tous les endroits où ils s'étoient cachés pour attendre au moins le retour d'une saison un peu plus favorable : pendant long-temps ils furent l'objet d'une persécution furieuse dans toute la Moravie et la Hongrie, persécution qui, peu à peu, s'étendit dans toute l'Europe, et ne laissa échapper qu’un bien petit nombre des anabaptistes réfugiés primitifs. Ces mêmes sectaires qui devoient dans la suite, avec d'autres enthousiastes, jouer un grand rôle en Angleterre, y furent aussi persécutés lors de leur première apparition; en 1549 nommément, il y'en eut plusieurs de brûlés vifs. On finit par les laisser en paix, ainsi que les trembleurs ou quakers, qu'on peut regarder comme une branche des successeurs immédiats des anabaptistes anglois (Louis Joseph Antoine de Potter, L'esprit de l'Eglise, ou Considérations philosophiques sur l'histoire des conciles, depuis les apôtres jusqu'au grand schisme entre les Grecs et les Latins: sous l'empire de Charlemagne, Tome 7, 1821 - books.google.fr).

 

Corneille de Berg avait été désigné par Charles-Quint et imposé au chapitre comme successeur d'Erard. Le règne de ce prince n'offre aucun trait saillant. A peine fut-il installé que Charles-Quint, qui voulait perpétuer son influence sur le pays de Liège, l'obligea à recevoir Georges d'Autriche pour coadjuteur. Le chapitre voyait, encore une fois, son droit d'élection méconnu par l'empereur, le coadjuteur devant nécessairement recueillir la succession de l'évêque en fonctions.

 

Corneille de Berg eut beaucoup de peine Ă  sauvegarder la neutralitĂ© liĂ©geoise, dans la lutte entre les ducs de Gueldre et de Juliers, et dans la guerre que la rivalitĂ© de François Ier et de Charles-Quint avait allumĂ©e. L'Ă©vĂŞque combattit les hĂ©rĂ©tiques, dont le nombre allait toujours croissant, avec le mĂŞme zèle que son prĂ©dĂ©cesseur. Il poursuivit particulièrement les anabaptistes qui s'Ă©taient Ă©tablis dans les environs de Hasselt et dans le pays de Looz. Il en fit pĂ©rir un grand nombre par le feu et par l'eau. Melart a le courage de badiner en parlant de ces tristes persĂ©cutions. Il raconte en ces termes l'expĂ©dition contre les anabaptistes : «Les anabaptistes, qui avoient Ă©tĂ© deschassĂ© d'Angleterre, s'en vindrent en la Belgie, s’espandre et disperser en divers cantons, l'evesque entendant que plusieurs s'estoient fourrez aux environs de de Hasselt et Curenge, fit remarquer leur traçes façons, vies et actions et les fit saisir par les baillifs et officiers, qui en firent exĂ©cuter et brusler neuf, et noyer dix femmes, entre ceux-lĂ  un nommĂ© Jean Romershoyen estant attachĂ© Ă  une potence Ă  point nommĂ© que le bourreau y vouloit mettre les mains, fut au grand estonnement et craincle des assistants estranglĂ© du diable, qui lui avoit promis, selon qu'il avoit dit en prison, qu'il ne mourrait pas par les mains des hommes; c'est bien faire naufrage estant près de la rive.»

 

Georges d'Autriche demanda aux Etats, dès les premiers jours de son règne (août 1544), de nouvelles mesures contre les luthériens. Il voulait que la peine de mort, la proscription et la confiscation des biens fussent prononcées contre eux. Les États refusèrent d'admettre la confiscation, cette peine accessoire étant contraire aux lois et aux usages du pays (E. Gériment, Histoire populaire des Liégeois: depuis les temps les plus reculés jusqu'a nos jours, 1859 - books.google.fr).

 

Raemond entreprend de démontrer, preuves à l'appui, que les protestants fondent leurs argumentaires sur des mensonges historiques ou sur des erreurs d'interprétation. […]

 

Ainsi Ă©crit-il d'abord une Anti-papesse ou erreur populaire de la papesse Jeanne (1588) qui montre qu'il n'y a jamais eu au IXe siècle cette Papesse Jeanne scandaleuse par laquelle les protestants prouvent la dĂ©cadence de l'Église et la rupture de la succession apostolique ; puis un Antichrist (1597), par lequel il combat l'interprĂ©tation protestante selon laquelle la papautĂ© comme institution serait l'AntĂ©christ promis par l'Apocalypse, lecture qu'il considère comme scandaleuse et d'abord incompatible avec le texte de l'Apocalypse qui dĂ©crit l'AntĂ©christ comme une «personne» et non comme une prĂ©sence malĂ©fique cumulĂ©e durant les siècles. Son grand Ĺ“uvre demeure cependant L'histoire de la naissance, progrès et dĂ©cadence de l'hĂ©rĂ©sie de ce siècle (1605), complĂ©tĂ©e d'Ă©ditions en Ă©ditions achevĂ©es par son fils, et ultĂ©rieurement continuĂ©e, assez mĂ©diocrement, par Claude Malingre pour les annĂ©es 1620. PolĂ©mique, comme le montre le titre qui cĂ©lèbre la dĂ©faite d'un ennemi qui vient pourtant d'arracher enfin un statut avec l'Édit de Nantes, l'ouvrage fournit une mine de renseignements fort intĂ©ressants, en mĂŞme temps, bien sĂ»r, qu'une apologie du catholicisme. Car bien que les opinions soient partisanes, la documentation est beaucoup plus prĂ©cise, autant que faire se peut Ă  l'Ă©poque, qu'on ne l'attendrait d'un ouvrage qui veut balayer toute la, ou plutĂ´t toutes les, rĂ©forme (s) europĂ©enne (s). La diversitĂ© et les contradictions des mouvements rĂ©formĂ©s font partie de ses arguments forts : aussi ne nĂ©glige-t-il aucun terrain et aucune occasion de montrer comment les luthĂ©riens et les calvinistes par exemple s'entre-pourchassent en Allemagne. Son enquĂŞte se dĂ©roule sur huit livres, qui parcourent successivement la prĂ©dication luthĂ©rienne, le dĂ©veloppement des anabaptistes, les guerres d'Allemagne les hĂ©rĂ©sies d'Europe centrale, les forces de la Contre-rĂ©forme (en particulier les jĂ©suites et la guerre des textes), la rĂ©forme anglaise, la rĂ©forme française, les points controversĂ©s avec les calvinistes (Mathilde Bernard, Christian Biet, Marie-Madeleine Fragonard, TragĂ©dies et rĂ©cits de martyres en France (fin XVIe-dĂ©but XVIIe siècle), Tome 1, 2009 - books.google.fr).

 

Acrostiche : LSVT, Elsut

 

"Elsut" et "Eslud" sont des formes prises par le nom de Hasselt (Over et Neder-Hasselt) (Raoul comte de Liedekerke, La maison de Gavre et de Liedekerke: Les Rasse, Tome 1, 1961 - books.google.fr).

 

Hasselt est devenu la capitale du comté de Looz au XIIIe siècle. En 1366, le comté de Looz fut intégré au diocèse de Liège et, sur le plan politique, à la principauté de Liège. Les princes-évêques de Liège ajoutent à leurs titres celui de comte de Looz. En 1549, c'est Georges d'Autriche, né en 1505 à Gand et mort le 4 mai 1557 à Liège, fils illégitime de Maximilien Ier, évêque de Brixen (Tyrol) en 1525, archevêque de Valence de 1538 à 1544, qui est prince-évêque de Liège ( 1544 à 1557).

 

La contrée campagnarde est désignée au XIIe siècle par le mot Hasluth ou Hasselth. Les étymologistes du XIXe siècle ont proposé une correspondance identitaire avec les mots de sonorité proche Haselût ou Hasaluth, indiquant une coudraie, c'est-à-dire un lieu planté de coudriers ou de noisetiers, l'ancien mot germanique hasel signifiant "noisetier", de même que l'allemand Hasel, l'anglais hazel ou le néerlandais hazelaar (fr.wikipedia.org - Hasselt).

 

Avec son air innocent et bien sage, qui se douterait que la symbolique du noisetier est celle d'un arbre de dĂ©bauche, de luxure et de fĂ©conditĂ©. Cela provient probablement d'un certain nombre de caractĂ©ristiques de la noisette qui ont frappĂ© les populations primitives: pleine, enfermĂ©e et dĂ©fendue par sa coque dans laquelle on l'entend bouger, rĂ©sultat d'une gestation mystĂ©rieuse pour nos ancĂŞtres, ce petit monde clos ne pouvait que susciter des rĂŞveries d'intimitĂ©. Dans le langage argotique et paillard, LA noisette dĂ©signe le clitoris et LES noisettes les testicules. Et casser les noisettes est une mĂ©taphore de l'acte amoureux. "AnnĂ©es de noisettes, annĂ©es de bâtards": les filles s'en vont au bois avec leur galant pour ramasser des noisettes, mais elles ne peuvent cacher neuf mois plus tard que leur activitĂ© n'a pas Ă©tĂ© uniquement celle avouĂ©e ! d'oĂą l'expression : "Elle a croquĂ© la noisette !". Jadis, c'Ă©tait avec la baguette du noisetier que les sorciers pouvaient donner ou priver l'homme de a puissance sexuelle. SĂ©billot rapporte que, pendant la nuit de NoĂ«l, une branche se change en or le temps des coups de minuit. Celui qui saura la cueillir durant ce court laps de temps aura alors une vĂ©ritable baguette magique (www.jardin-et-ecotourisme.fr).

 

En argot, les «oeufs» désignent aussi les testicules.

 

Après bien des conjectures, plus ou moins logiques, plus ou moins vraisemblables; après des récits plus ou moins certains d'Anastase le bibliothécaire et du moine Marianus Scotus, de Gemblours Sigebert, de Martin le Polonais et de Théodoric de Niem, Jean Crespin, réfugié à Genève, en 1548, rassembla tous les détails relatifs à la papesse Jeanne en corps d'histoire. «Jean VIII, dit-il, lequel prit le nom de l'Anglois, à cause d'un certain Anglois, moine de Fulde, quant à son office, a été pape, et quant à son sexe était femme. C'était une Allemande de Mayence, nommée Gilberte, qui, sous la conduite du moine son amant, et sous des habits d'homme, alla étudier à Athènes. Après la mort du moine, elle revint à Rome. Son éloquence et son savoir lui firent tant d'amis et tant de partisans, qu'elle fut élue pape après la mort de Léon IV, en 855, et qu'elle prit le nom de Jean VIII, Louis II, fils de l'empereur Lother, vint prendre la couronne de ses mains. Mais un cardinal, son chapelain, ayant été mis dans le secret de son sexe, lui fit un enfant dont elle accouch, en pleine procession, et elle mourut à la même place, en 857».

 

Voltaire et le savant critique Bayle ont traitĂ© de fable l'histoire de la papesse Jeanne. Voliaire, parlant une seule fois de cette femme, Ă©crit qu'on «attribua Ă  Jean VIII le rĂ´le de cette papesse, parce que les Romains disaient qu'il n'avait pas montrĂ© plus de courage qu'une femme contre Photius.» A cĂ´tĂ© de l'histoire de la papesse Jeanne se place l'existence d'une chaise percĂ©e, sur laquelle on faisait asseoir, dit-on, le nouveau pape, pour qu'un diacre, appelĂ© diacre certificateur, pĂ»t eu reconnaitre le sexe. Cette chaise, sur laquelle le pontife nouvellement Ă©lu Ă©tait solennellement assis, avait une raison symbolique, d'après l'opinion du père Mabillon. «On place, dit-il, le pape sur cette chaise pour lui rappeler le nĂ©ant de sa grandeur, en lui appliquant ces paroles du psaume 112 : Suscitans a terra inopem, et de stercore erigens pauperem, etc. (relevant le pauvre de la poussière, et l'indigent de son fumier)».

 

Assurément, rien ne prouve l'existence de la papesse Jeanne, pas plus que l'usage d'une chaise percée «pour vérifier le sexe des nouveaux pontifes.» Mais quand ces faits seraient complétement controuvés, l'origine même de leur invention donnerait une idée des scandales qui affligeaient la ville éternelle (Jean Baptiste Marie Augustin Challamel, Histoire des Papes-inédite-depuis Saint Pierre jusqu'à nos jours, 1861 - books.google.fr).

 

John Dee

 

Quand on parle de la reine Elizabeth, John Dee n’est pas loin : cf. quatrains X, 42 et X, 56 avec leur « Anglicque Â».

 

Les noisetiers sont employés par les druides ou par les poètes comme supports d'incantation. L'emploi le plus notable est la gravure sur bois des ogam ou lettres magiques (Jean Chevalier, Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Laffont, 1982, p. 675)

 

Le Bâton de Jacob est une autre appellation des Trois Rois de la ceinture d’Orion.

 

L'utilisation d'incantations et de runes gravées sur bois a persisté en Islande jusqu'à une époque relativement récente (Claude Lecouteux, Fantômes et revenants au Moyen Âge, 2009 - books.google.fr).

 

La rune «Haegl» a pour signification première "la grêle".

 

John Dee était en Belgique en 1549, auprès de William Pickering (1516 – 1575), l’un des nombreux prétendants de la future reine Elisabeth, pour lui enseigner les mathématiques (Glyn Parry, The Arch Conjuror of England: John Dee, 2012 - books.google.fr, www.historyofparliamentonline.org).

 

Dee parle d'Orion à l'occasion d'une visite au Zodiaque de Glastonbury en 1580, croyant y avoir déchiffré le secret de Merlin (Glastonbury: a Study in Patterns, 1969 - books.google.fr).

 

Bureus is sometimes compared to the Welsh English magician and philosopher John Dee. These comparisons are apt and quite profound. Dee created a system of symbolic magical communication (“Enochian tablets”), had a symbol that summarized his magical philosophy (the Monas Hieroglyphica), and helped guide his country in a time when it stepped upon the stage of world history as a great power. Dee is even said to have coined the term “the British Empire.” (Thomas Karlsson, Nightside of the Runes: Uthark, Adulruna, and the Gothic Cabbala, 2019 - books.google.fr).

 

Johannes Thomae Bureus Agrivillensis (Johan Bure) (1568 – 1652) was a Swedish polymath, antiquarian, mystic, royal librarian, poet, and tutor and adviser of King Gustavus Adolphus of Sweden. He is a well-known exponent of Gothicism. Bureus combined his runic and esoteric interests in his own runic system, which he called the "Adalruna" (en.wikipedia.org - Johannes Bureus).

 

La crainte ancestrale inspirée par la grêle et les figures des faiseurs de tempêtes étaient bien vivantes encore dans les recueils rassemblés par les ethnographes français à la fin du XIXe siècle. Les «magiciens du temps» y sont tantôt des sorciers, tantôt des prêtres capables de faire tomber la grêle sur les champs de ceux qu'ils voulaient punir grâce à des formules tirées du bréviaire (Patrick Boucheron, Jean-Pierre Devroey, La Nature et le roi : Environnement pouvoir et société à l'âge de Charlemagne (740-820), 2019 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain I, 66 - Réévangélisation catholique du Vivarais – 1606.

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