Sapor Ier

Sapor Ier

 

X, 86

 

2240-2241

 

Comme un gryphon viendra le Roy d'Europe

Accompagné de ceux d'Aquilon,

De rouges et blancs conduira grande troupe

Et iront contre le Roy de Babylon.

 

Griffon

 

Le griffon apparaît en Élam à la fin du IVe millénaire av. J.-C. et en Égypte vers -3000, avec un corps de lion, une tête et des ailes d'aigle. Tout au long de l'histoire antique, cette forme première ne cesse d'être nuancée par divers apports iconographiques, notamment dans les cultures mésopotamienne, scythe, perse (griffons achéménides de Persépolis), grecque puis romaine.

 

En Grèce, HĂ©rodote mentionne plusieurs fois brièvement les griffons dans son EnquĂŞte, sans les dĂ©crire. Au livre III, il rapporte une tradition selon laquelle des griffons vivent près des gisements d'or importants situĂ©s au nord de l'Europe ; le peuple des Arimaspes, des hommes qui n'ont qu'un Ĺ“il, doit combattre ces griffons pour leur arracher l'or. HĂ©rodote, dans ce passage, refuse de croire que les Arimaspes n'ont qu'un Ĺ“il et ne se prononce pas explicitement sur les griffons. Au livre IV, il mentionne les griffons dans le mĂŞme rĂ´le lorsqu'il rapporte le voyage qu'AristĂ©as de Proconnèse affirme avoir fait dans le Nord et qu'il rapporte dans son poème Ă©pique, les ArimaspĂ©es (fr.wikipedia.org - Griffon (mythologie)).

 

Ă€ l'Ă©poque sassanide, le griffon Ă©tait considĂ©rĂ© comme une crĂ©ature bĂ©nĂ©fique associĂ©e Ă  la fertilitĂ© de la nature. Cet aspect est soulignĂ© par les motifs de palmettes s'ouvrant sur un fruit qui ornent la queue et les organes gĂ©nitaux des griffons. Le faible relief du modele du corps et du plumage sont les indices d'une fabrication sassanide tardive. La pièce a Ă©tĂ© trouvĂ©e dans le trĂ©sor de Novo Bajazet en ArmĂ©nie (Les Perses sassanides: fastes d'un empire oubliĂ©, 224-642 : MusĂ©e Cernuschi, MusĂ©e des arts de l'Asie de la ville de Paris, 15 septembre-30 dĂ©cembre 2006, 2006 - books.google.fr).

 

Roi d'Europe : Doura Europos

 

A Doura-Europos, un relief du temple d'Aphlad, fils d'Adad, montre le dieu debout sur un piédestal porté par deux griffons. [...] Le griffon apparaît en Syrie comme symbole de Némésis qui, d'après Macrobe (Sat. I, 22, 1) n'est autre que la puissance du Soleil (Youssef Hajjar, La triade d'Héliopolis-Baalbek, Tome 1, 2015 - books.google.fr).

 

Le griffon figure dans l'iconographie du dieu solaire, tirant parfois son char, tout comme il tire le char de Némésis. Sur le relief de Doura-Europos, Némésis péplophore, escortée du petit griffon à la roue, accompagne le buste du dieu solaire, ici, Hélios (Christiane Delplace, Le griffon de l'archaïsme à l'époque impériale: étude iconographique et essai d'interprétation symbolique, 1980 - books.google.fr).

 

La paix entre Philippe l’Arabe et les Parthes achetée chère par le Romain ne pouvait pas durer... Khosrov II, roi arsacide d'Arménie, s'était déclaré ennemi des Sassanides et ami de Rome; il disparut, sans doute assassiné, vers 252. Son successeur, Tiridate, annonça qu'il entendait suivre la même politique. Il fut contraint à la fuite et se réfugia chez ses protecteurs. Cette politique entraîna une nouvelle guerre, à l'initiative de Sapor Ier, d'abord vers Doura-Europos et Antioche, qui furent prises. On débat encore de savoir s'il mena une ou deux offensives, et quand (253 plutôt que 252, ou 256, ou 253 puis 256). Quoi qu'il en soit, l'armée romaine subit un échec dès 253 à Barbalissos. D'après les Res Gesta Divi Saporis (inscription de Nagsh-i Rustam à 6 km au nord de Persdépolis), Rome y aurait perdu 60.000 hommes, chiffre qui paraît tout à fait excessif. La Syrie, qui n'était plus protégée, fut ravagée par les Iraniens qui s'emparèrent d'Antioche et de Doura-Europos; l'Arménie et la Mésopotamie passèrent sous le contrôle du roi. L'inscription de Nagsh-i Rustam dit qu'ils prirent trente-sept villes en Syrie, en Cilicie et en Cappadoce. Valérien leur reprit Antioche et Doura-Europos l'année suivante. Mais, en 256, les Perses s'installèrent de nouveau dans Doura-Europos et ce ne fut pas pour eux «une victoire sans lendemain» puisque ce poste, certes petit mais bien placé, fut définitivement perdu pour les Romains (Yann Le Bohec, L'armée romaine dans la tourmente. Une nouvelle approche de la crise du IIIe siècle, 2017 - books.google.fr).

 

Le site archéologique de Doura Europos, appelé maintenant Europos-Doura, proche du village de Salhieh, est situé à l'extrême est de la Syrie sur le moyen Euphrate.

 

Europos est une colonie macédonienne fondée vers 300 av. J.-C. par Séleucos Ier, roi (basileus) de l'Asie, depuis l'Anatolie jusqu'à l'Inde, et qui fut un des généraux d'Alexandre le Grand. Cette colonie militaire était à l'origine située sur un emplacement stratégique précédemment occupé par les Assyriens, comme le prouve la découverte d'une tablette dans le temple d'Atargatis. Europos était le nom du village natal de Séleucos Ier en Macédoine. Le terme Doura qui lui a été accolé par la suite signifie forteresse dans les anciennes langues sémitiques.

 

Entre -116 et -110, la ville cesse d'être sous domination grecque et tombe aux mains des Parthes arsacides; elle connaît alors sa plus grande extension. Elle devient une cité cosmopolite où, à la population d'origine grecque, se mêlent des Iraniens et des Sémites. Mais pendant les trois siècles qui vont suivre, de 113 av. J.-C. jusqu'à l'annexion de la Syrie par Rome, Doura Europos ne perd pas ses traits grecs(fr.wikipedia.org - Doura Europos).

 

Antiochos VIII Philométor («Qui aime sa mère»), puis Callinicos (le «Beau Vainqueur») et Épiphane (l'«Illustre»), dit aussi Grypos («Au nez crochu») ou le Griffon est un roi séleucide qui règne sur la Syrie de 126/125 à 96, seul de 126/125 à 114, puis conjointement avec son frère utérin Antiochos IX de 114 à 96 (fr.wikipedia.org - Antiochos VIII).

 

Vers 256, la ville est prise par les Sassanides dirigés par Shapour Ier qui déporte toute la population. Le site ne sera pas réoccupé par la suite et la ville tombe alors définitivement dans l'oubli.

 

Le site renferme de nombreux Ă©difices religieux liĂ©s Ă  diffĂ©rentes religions, ce qui laisse entrevoir une multiplicitĂ© ethnique : GrĂ©co-MacĂ©doniens, Syro-Babyloniens, PalmyrĂ©niens, AramĂ©ens, Romains. On dĂ©nombre quinze temples polythĂ©istes, un mithraeum, une maison chrĂ©tienne (Domus ecclesiae de Doura-Europos) et la synagogue de Doura Europos comportant d'importantes peintures murales datant de 243 et conservĂ©es au musĂ©e de Damas (fr.wikipedia.org - Doura Europos).

 

"Roi de Babylon"

 

Entre 114 et 116, l’empereur Trajan occupe une première fois Doura Europos : la IIIe lĂ©gion Cyrenaica Ă©rige un arc triomphal Ă  l'ouest de la Porte de Palmyre. Les Romains reviennent en 165 et assiègent Doura Europos tenue par les Parthes ; ils reviennent de nouveau en 170. Ils vont utiliser la ville comme point de dĂ©part de la conquĂŞte des territoires d'Osroène et comme poste avancĂ© pour des expĂ©ditions contre l'empire des Parthes et leur capitale SĂ©leucie du Tigre en 199. La citĂ© devient par la suite un poste frontière du royaume de Palmyre. L'importance militaire du site se confirme vers 209-216 : la partie nord du site est occupĂ©e par un camp romain (fr.wikipedia.org - Doura Europos).

 

La vie d'OdĂ©nat appartient Ă  l'histoire des Arabes ; il ne sera donc pas hors de propos d'en donner ici un court aperçu. En l'an 248 de J. C., la duretĂ© de l'administration de Priscus, gouverneur de la Syrie pour son frère l'empereur Philippe, fit Ă©clater plusieurs rĂ©voltes. La colonie romaine de Palmyre se mit en insurrection ouverte, et se dĂ©clara indĂ©pendante. OdĂ©nat occupait alors le rang de sĂ©nateur dans cette colonie, oĂą il avait eu auparavant le grade de dĂ©curion. Il Ă©tait en mĂŞme temps phylarque des Arabes rĂ©pandus dans les plaines de la Palmyrène. AĂŻranès, son père, qui vivait encore, fut Ă©lu ou se constitua prince de Palmyre, et OdĂ©nat devint gĂ©nĂ©ral ou chef militaire des PalmyrĂ©niens. BientĂ´t après, Airanès mourut, et OdĂ©nat prit le titre de prince de Palmyre vers l'an 252. Il paraĂ®t que, pour maintenir son indĂ©pendance, il rechercha d'abord l'appui de la Perse. Il Ă©tait alliĂ© de Sapor Ier, fils d'ArdchĂ®r, quand ce monarque fit en Syrie l'expĂ©dition dans laquelle il s'empara d'Antioche, en 257. Mais lorsque, sur la nouvelle de l'arrivĂ©e en Orient de l'empereur ValĂ©rien avec des forces considĂ©rables, Sapor battit en retraite et se disposa Ă  rentrer dans ses États, OdĂ©nat changea de parti, inquiĂ©ta l'armĂ©e persane dans sa marche, et lui enleva une portion du butin qu'elle emportait (Armand Pierre Caussin de Perceval, Essai sur l'histoire des Arabes avant l'islamisme: pendant l'Ă©poque de Mahomet, et jusqu'Ă  la rĂ©duction de toutes les tribus sous la loi musulmane, Tome 2, 1847 - books.google.fr).

 

Suivant Ibn-Saïd, cité par Ibn-Khaldoun, les Romains, alors maitres de la Syrie et de la Mésopotamie, voulant former entre eux et les Parthes un Etat intermédiaire qui leur servit de barrière pour arrêter les incursions de ces ennemis constants de l'empire, donnèrent à Odheyna, fils de... Samaydà, le premier chef des Arabes de la Syrie dont le nom ait acquis quelque célébrité, la souveraineté de la Syrie orientale et d'une portion de la Mésopotamie, souveraineté, ou plus exactement phylarchie, qu'Odheyna et ses successeurs exercèrent comme alliés et sous le patronage des Romains. D'après le nombre des descendants et successeurs d'Odheyna, dont le dernier était contemporain de Djodhaima, roi des Arabes de l'Irak, il est présumable qu'Odheyna avait dû commencer à régner vers l'an 165 de notre ère, c'est-à-dire au temps de Marc Aurèle, et à l'époque où un traité de paix, conclu entre les Parthes vaincus et les Romains victorieux, pourrait avoir fait passer la Mésopotamie sous la domination de Rome. Odheyna n'existait plus et ses enfants avaient hérité de sa puissance, lorsqu'une peuplade arabe, de race différente, vint, vers l'an 190, s'installer dans les déserts voisins de la Palestine, auprès des Benou-Samaydà. Ces nouveaux arrivés étaient les Benou-Salih ou Salihites, issus de Codhâa, qui avaient émigré du Tihama, à la suite d'hostilités survenues entre les Codhaîtes et la postérité de Nizar.

 

Les auteurs arabes ne mentionnent qu'une ligne de descendants d'Odheyna, les Benou-Odheyná, formĂ©e par trois princes qui rĂ©gnèrent successivement après lui et dont voici les noms : Hassan, fils d'Odheyna, fils de... SamaydĂ  ; Zharib, fils de Hassan ; Amr, fils de Zharib. Amr fit aux Arabes, alliĂ©s des Persans et gouvernĂ©s par Djodhaima, une guerre dans laquelle il finit par ĂŞtre tuĂ©. La mort de cet Amr, correspondant aux dernières annĂ©es du règne de Djodhaima qui se termina en 268, on peut supposer qu'Amr Ă©tait nĂ© vers l'an 210 ou 215 de notre ère, et, dès lors, rien n'empĂŞche de l'assimiler Ă  l'Odenath qui fut l'Ă©poux de ZĂ©nobie. Son trisaĂŻeul, Odheyna fils de... SamaydĂ , en comptant trente annĂ©es par gĂ©nĂ©rations, pouvait donc ĂŞtre nĂ© vers l'an 120 ou 125, et avoir Ă©tĂ© investi du commandement gĂ©nĂ©ral des Arabes de la Syrie et de la MĂ©sopotamie en 165. Zebba, fille ou femme d'Amr, fils de Zharib, devint, suivant les traditions orientales, une reine puissante. Le personnage de Zebba, dĂ©gagĂ© des circonstances fabuleuses rapportĂ©es par les lĂ©gendes arabes, parait offrir une telle ressemblance avec ZĂ©nobie, que l'on peut, sans tĂ©mĂ©ritĂ©, identifier les deux hĂ©roĂŻnes comme le personnage d'Amr avec l'Odenath des historiens grecs et latins (Victor Langlois, Numismatique des Arabes avant l'islamisme, 1859 - books.google.fr).

 

Quand les musulmans arabes entrent, en 633, en Mésopotamie, en Irak qui était sous domination perse des Sassanides depuis plus de 4 siècles (Assani Fassassi, Sursaut de l'Afrique qu'on acheve, 1995 - books.google.fr).

 

Odeinat s'intitulait «rois des rois» qualification que prenaient les rois de Babylone, parce qu'ils commandaient à des rois vassaux. Les anciens rois de Perse de la race des Arsacides et des Sassanides ont le même titre sur les monuments et les monnaies (Khaled Assad, Obeid Taha, Bienvenue à Palmyre, 1966 - books.google.fr, La Bible, traduction nouvelle, Tome 11, 1841 - books.google.fr).

 

Roi des rois (akkadien : Sar sarrani ; Vieux persan : Xsayathiya Xsayathiyânâm ; Persan moyen : sahan sah ; Persan moderne : Sâhansâh ; Grec : "basileus basileĂ´n"; ArmĂ©nien : ark'ayits ark'a ; GĂ©orgien : Mepet mepe ; Ge'ez : Negusä Nägäst ) Ă©tait un titre dominant utilisĂ© principalement par les monarques basĂ©s au Moyen-Orient . Bien que le plus souvent associĂ© Ă  l'Iran (historiquement connu sous le nom de Perse en Occident ), en particulier aux empires achĂ©mĂ©nide et sassanide, le titre a Ă©tĂ© introduit Ă  l'origine pendant l' empire assyrien moyen par le roi Tukulti-Ninurta I (règne de 1233 Ă  1197 avant JC) et a ensuite Ă©tĂ© utilisĂ© dans un certain nombre de royaumes et d'empires diffĂ©rents, y compris la Perse susmentionnĂ©e, divers royaumes hellĂ©niques, l'ArmĂ©nie, la GĂ©orgie et l'Éthiopie. Roi des rois (fr.qaz.wiki - King of Kings).

 

Gallien, qui, en 263, reconnut empereur d'Orient et s'associa OdĂ©nat, roi de Palmyre : celui-ci, qui Ă©tait l'Ă©poux de la cĂ©lèbre ZĂ©nobie, rĂ©gna sur la Syrie, l'ArmĂ©nie, la MĂ©sopotamie, dont il s'Ă©tait emparĂ© après la prise de Charres et de Nisibe. Il dĂ©clara la guerre Ă  ChapoĂ»r, pĂ©nĂ©tra, en 265, en Perse, et fit le siĂ©ge de CtĂ©siphon (MĂ©dâïne), qu'il leva plus tard (Bidlisi, Chèref-Nâmeh, ou, Fastes de la nation kourde, Volume 1, NumĂ©ro 1, traduit par François-Bernard Charmoy, 1868 - books.google.fr).

 

"ceux de l'Aquilon"

 

L'Apocalypse d'Esdras, connue dans la littérature éthiopienne sous le nom de Premier livré d'Esdras et dans la littérature latine sous celui de Quatrième livre d'Esdras, fut composée en grec. La version grecque, aujourd'hui perdue, mais qui a servi de modèle à toutes les autres, est citée pour la première fois, d'une manière certaine, par Clément d'Alexandrie, de 150 à 190 ap. J. C. (Stromates, III, 16), qui nomme Esdras le Prophète.

 

A cette Ă©poque, le christianisme Ă©tait persĂ©cutĂ© en Egypte (XV, 6-10 : il s'agit de la persĂ©cution gĂ©nĂ©rale ordonnĂ©e par ValĂ©rien (257-260) : Babylone n'est autre que Rome et comme cette ville paraissait menacĂ©e d'une ruine prochaine, il est Ă©vident qu'il s'agit de Gallien et des trente tyrans, et plus particulièrement ceux qui s'Ă©levèrent en Egypte : Macrianus et ses deux fils : Macrianus le jeune et QuiĂ©tus (261-262), puis Emilianus (262-263), Domitianus (268) ; et enfin de 270 Ă  272, de ZĂ©nobie, reine de Palmyre, pour le compte de son fils Ouaballathos (XV, V, 10 et suiv.). Les guerres que les peuples se livrent les uns aux autres sont celles des Romains contre les Goths (253, 255, 258, 259, 260, 266, 269, 270), contre les Perses (256, 260) et celles d'OdĂ©nat contre les Perses jusqu'en 266. Les rois de l'Orient sont les Sassanides de Perse ; ceux du Sud-Est, les rois de Palmyre ; ceux du Sud, les chefs des Blemmyes, enfin ceux du Sud-Ouest, les chefs Libyens de la Marmarique qui ne furent vaincus que par Probus. La clef de ce passage est dans la lufte des Arabes et des Carmoniens, elle est trop dĂ©taillĂ©e pour ne pas s'appliquer Ă  des faits rĂ©els et rĂ©cents (XV, 28-33). Les Arabes reprĂ©sentent OdĂ©nat, roi de Palmyre ; les Carmoniens ou Carmaniens sont les habitants du Kerman, province de Perse, conquise par ArdĂ©chir sur Palâch (RenĂ© Basset, Apocalypse d'Esdras, Les apocryphes Ă©thiopiens, 1899 - remacle.org).

 

OdĂ©nat, Ă  la tĂŞte de ses bandes de Syriens et d'Arabes, avait ravagĂ© la MĂ©sopotamie. Après la dĂ©faite de Sapor, il franchit les frontières de la Perse, prit Carrhes et Nisibe, conquit la MĂ©sopotamie et assiĂ©gea CtĂ©siphon. Il revint faire la guerre Ă  Macrien dont il tua le plus jeune fils, QuiĂ©tus (262) puis, maĂ®tre d'Emèse, associĂ© Ă  l'empire en 264 par Gallien, il reprit l'offensive contre les Perses, s'empara de CtĂ©siphon, et après avoir marchĂ© contre les Goths qui ravageaient l'Asie Mineure, il fut assassinĂ© Ă  Emèse, le 23 novembre 266, avec son fils et associĂ© HĂ©rode. L'espion assyrien du verset 33 pourrait ĂŞtre MĹ“onios, le meurtrier d'OdĂ©nat et de son fils, qui du reste ne rĂ©gna que peu de temps et fut remplacĂ© par ZĂ©nobie. Peut-ĂŞtre aussi, et c'est l'opinion de Gutschmid, ce verset 33 fait-il allusion Ă  un fait que nous ignorons. Par le nuage venu de l'Orient et du Nord (XV. 25-37 : "Voici un nuage, venant de l'Orient et du Nord, jusqu'au Midi; son esprit est affreux, plein de colère et de tempĂŞte. Voici un nuage, venant de l'Orient et du Nord, jusqu'au Midi; son esprit est affreux, plein de colère et de tempĂŞte."), on doit entendre l'invasion des Goths qui, depuis 255, pillaient la Thrace, la MacĂ©doine et l'AchaĂŻe et qui, vaincus par Macrien, gĂ©nĂ©ral de Gallien, purent se retirer en 262 en emportant tout leur butin. Une autre bande, conduite par Vespra, Veduco et Turvaro, passa le Bosphore en 259, dĂ©vasta la Bithynie oĂą elle brĂ»la NicomĂ©die et NicĂ©e ; l'Asie, oĂą elle dĂ©truisit le temple de Diane, la Galatie, la Cappadoce et la Phrygie ; puis, après avoir ruinĂ© Troie, repassa en Thrace par l'Hellespont et de lĂ  rentra dans son pays en 262. Les versets 40-45 s'adressent Ă  Rome que le prophète espère voir succomber sous les coups des barbares coalisĂ©s ; puis il revient sur les ravages dont l'Asie, oĂą les chrĂ©tiens avaient Ă©tĂ© le plus maltraitĂ©s sous ValĂ©rien et Macrien, sera la victime (RenĂ© Basset, Apocalypse d'Esdras, Les apocryphes Ă©thiopiens, 1899 - remacle.org).

 

"blancs et rouges... Babylone"

 

Tant dans l'habillement des hommes que sur les miniatures, la couleur du turban (blanc, noir, bleu, vert, jaune, rouge, etc.) a son importance. Chaque roi sassanide avait choisi les couleurs de sa tiare, de sa tunique, de ses anaxyrides, de ses bottines, un peu comme sa signature et ne portait aucune autre couleur de sa vie. Celui qui changeait la nuance de ses habits passait pour un caméléon, un menteur. On nous parle de tel vizir qui se faisait couper cent habits à la fois, tous de même tissu et de même couleur; il changeait chaque jour de costume, mais paraissait porter toujours le même. On avait aussi le droit de se teindre la barbe de la couleur recommandée par son conseiller astrologique; il fallait alors s'en tenir à cette couleur et n'en plus changer sous peine de passer pour fou.

 

Aux yeux des initiĂ©s c'Ă©tait lĂ  un art symbolique. Les non-initiĂ©s croyaient qu'il s'agissait d'un art profane. Les connaisseurs essayaient de rĂ©aliser d'abord la teinture spirituelle (sabgha), couleur en rapport avec la Lumière immatĂ©rielle d'une part et les TĂ©nèbres physiques de l'autre. [...]. Du temps des Mèdes l'ordre des sept couleurs Ă©tait le suivant : blanc, noir, pourpre, bleu, orangĂ©, argent, or. Mais les Arsacides introduisirent une autre sĂ©rie destinĂ©e Ă  se rĂ©pandre en Islam : noir, santal, rouge, or, blanc, azur, vert. L'ancien ordre qui correspond Ă  la sĂ©rie : Jupiter, Saturne, VĂ©nus, Mars, Mercure, Lune, Soleil est, de plus, attestĂ© par BĂ©rose et Vettius Valens. Le nouvel l'ordre : Saturne, Jupiter, Mars, Soleil, VĂ©nus, Mercure, Lune est celui des jours de la semaine si on les lit de droite Ă  gauche comme le fait l'Orient post-mĂ©dique. Dans l'une et l'autre sĂ©rie, le classement est, Ă  l'origine, une Ă©chelle musicale Ă©tendue Ă  la sociĂ©tĂ© entière, hommes et dieux, si bien qu'on dirait les catĂ©gories mĂŞmes de l'entendement. Les Levantins (Doura Europos et Palmyre) utilisaient entre le Ier siècle avant notre ère et le IVe siècle de notre ère divers autres classements non conformistes qu'il faut regarder comme Ă©sotĂ©riques (Aly MazahĂ©ri, Les trĂ©sors de l'Iran: Mèdes et Perses; trĂ©sors des mages; la renaissance iranienne, 1970 - books.google.fr).

 

Cyrus portait un justaucorps pourpre tissu de blanc à son entrée à Babylone selon Xénophon (Vie de Cyrus, Livre VIII, chapitre 3). De même Darius, à la tête de son armée face à Alexandre le Grand, selon Quinte Curce (Livre III, chapitre 3). Cet auteur se contredit en disant que le diadème de ce même Darius était soit bleu et blanc soit rouge et blanc (Livre VI, chapitre 6), ce que fait remarquer Juste Lipse (fr.wikipedia.org - Quinte-Curce, Giulio Ferrario, Le Costume ancien et moderne, Tome 2, 1827 - books.google.fr).

 

Dans les traditions indo-iraniennes, le blanc, le rouge et le bleu correspondent aux trois catégories du corps social, les prêtres (blanc), les soldats (rouge), les agriculteurs (bleu) (Pierre Briant, Histoire de l'Empire perse de Cyrus à Alexandre, 1996 - books.google.fr).

 

Les Kizilbasj (têtes rouges) est un sobriquet pour les soldats perses au seizième siècle, plus tard un nom pour des sectes Shiites (Actes du XIVe Congrès des études byzantines, Tome 2, 1975 - books.google.fr).

 

Au temps de l'Iran antique, le blanc Ă©tait la couleur des prĂŞtres zoroastriens (Malek Chebel, Dictionnaire des symboles musulmans: Rites, mystique et civilisation, 2013 - books.google.fr).

 

Acrostiche : CADE et rouge

 

"Cadi" : peuple de Phrygie (Gaffiot) ; Ville de Phrygie Capatienne.

 

Sévère-Alexandre aurait d'abord laissé vendre comme esclaves les Perses capturés dans sa campagne de 231; la première fois chez les Romains, note le biographe de la Vita. Mais «les rois des Perses ressentaient comme une indignité qu'aucun de leurs sujets fût esclave de quelqu'un»; des rançons furent donc offertes et l'empereur romain en accepta le principe, faisant, à ce qu'il semble, indemniser les acquéreurs, en principe ceux qui les avaient directement capturés. [...]

 

Un tel renseignement, perdu dans le fatras d'une des Vitae les plus «édifiantes», c'est-Ă -dire les moins sobres, les moins scrupuleuses d'exactitude de l'Histoire Auguste, ne s'impose pas immĂ©diatement Ă  nous comme authentique. A peu de distance, toutefois, nous lisons une phrase derrière laquelle il y a quelque fait positif : le prince, montant au Capitole Ă  son retour victorieux Ă  Rome, y aurait dĂ©posĂ© «dans le temple», c'est-Ă -dire dans le sanctuaire du grand Jupiter, «des tuniques perses» : tunicis Persicis in templo locatis. Étaient-elles prises Ă  des Perses faits prisonniers ? et Ă  des chefs ? Ou trouvĂ©es dans un simple «vestiaire» ? - Peut-ĂŞtre une page d'HĂ©rodien rĂ©pond-elle Ă  nos questions; ce bon historien raconte comment Artaxerxès (c'est normalement le nom qu'il donne dans son texte grec Ă  Ardachir 1er), SĂ©vère-Alexandre venant dĂ©jĂ  d'arriver Ă  Antioche pour la guerre, lui envoya quatre cents Perses de la plus haute stature, couverts d'or et de vĂŞtements prĂ©cieux, remarquables par la beautĂ© de leurs chevaux et de leurs arcs. «Il croyait, dit HĂ©rodien, intimider les Romains par l'aspect menaçant de ces hommes, par la pompe de leurs costumes...» Et ils se chargent, en effet, d'une audacieuse commination en transmettant Ă  l'empereur romain la revendication de leur roi sur «toute la Syrie et les provinces d'Asie qui font face Ă  l'Europe»... «Quand les quatre cents dĂ©putĂ©s, conclut le narrateur, eurent fait cette sommation, Alexandre ordonna qu'on les saisĂ®t tous, et, après les avoir dĂ©pouillĂ©s de tout le luxe de leur costume, il les envoya en Phrygie, leur accordant des villages pour y habiter et des champs pour les cultiver. Le seul châtiment qu'il leur infligea fut l'exil. Il eĂ»t regardĂ© comme un crime, comme une lâchetĂ©, de priver de la vie des hommes qui ne combattaient pas et qui ne faisaient qu'annoncer les ordres de leur maĂ®tre». Il est Ă  craindre que, lĂ  oĂą SĂ©vère-Alexandre croyait, sincèrement peut-ĂŞtre, exercer la noble vertu de Clementia Augusti, traditionnel complĂ©ment de sa Virtus impĂ©riale, le fils de Mammaea n'ait gravement offensĂ© les Perses. Ces singuliers «envoyĂ©s», certes, avaient parlĂ© trop fort; mĂŞme Ă  supposer leur dĂ©tention lĂ©gitime, ils n'avaient pas Ă©tĂ© faits prisonniers en combat; pour la mĂŞme raison, et quelle que fĂ»t la valeur, peut-ĂŞtre hiĂ©rarchique, du costume qu'ils arboraient, leurs «tuniques» ne pouvaient ĂŞtre sans quelque abus traitĂ©es en dĂ©pouilles de guerre. [...]

 

Le principal tĂ©moignage Ă  discuter, sur le sort que Sapor fit Ă  son captif impĂ©rial, reste une page bien connue de Lactance; carie dĂ©chiffrement des res gestae du roi sassanide, en ses trois versions (parthe, pehlevi sassanide ou moyen-perse, et grecque), s'il a montrĂ© l'orgueil du vainqueur d'avoir pris lui-mĂŞme son adversaire, n'a point fait avancer la critique quant au traitement qui suivit : capture de presque toute l'armĂ©e bariolĂ©e des Romains (70000 h.?), d'un nombreux Ă©tat-major (officiers et synklĂŞtikoi = membres de l'ordre sĂ©natorial), du propre prĂ©fet du prĂ©toire, soit! Et dĂ©portation massive en Perside ! [...]

 

Rappelons les termes prĂ©cis dont se sert le pamphlĂ©taire chrĂ©tien, lorsqu'il compose le De mortibus persecutorum dans les premières annĂ©es de la « paix constantinienne » (vers 314) : «Fait prisonnier par les Perses, ValĂ©rien ne perdit pas seulement le pouvoir dont il avait abusĂ© sans mesure, mais aussi la libertĂ© qu'il avait ravie aux autres, et vĂ©cut dans l'esclavage, ignominieusement; car le roi des Perses Sapor, celui-lĂ  mĂŞme qui l'avait capturĂ©, obligeait le Romain Ă  tendre l'Ă©chinĂ© pour lui servir de marche-pied chaque fois qu'il lui prenait fantaisie de monter Ă  cheval ou sur son char. Le pied sur le dos de son captif (sic), le roi lui disait avec un rire outrageant : «VoilĂ  pourtant l'histoire vraie, bien diffĂ©rente assurĂ©ment de celle que les Romains peignent sur les tableaux ou sur les murs ! Ayant ainsi dignement, comme on voit, ornĂ© le triomphe de son adversaire, ValĂ©rien vĂ©cut encore assez pour que le nom romain fĂ»t longuement le jouet et la risĂ©e des Barbares. Ce qui ajouta encore Ă  la cruautĂ© de son châtiment, ce fut d'avoir un fils empereur et personne pour venger une captivitĂ© qui l'avait rĂ©duit Ă  l'esclavage le plus abject : jamais, en effet, on ne pensa Ă  rĂ©clamer son retour. Mais lorsqu'il eut, au milieu de pareil dĂ©shonneur, atteint le terme d'une vie infamante, on lui Ă´ta la peau et on la teignit en rouge (sic) après l'enlèvement des viscères, pour la placer dans un temple des dieux barbares, en commĂ©moration d'une si Ă©crasante victoire. Ce tĂ©moignage, en mettant devant les yeux de nos ambassadeurs (sic) la dĂ©pouille d'un empereur captif auprès des dieux de la Perse, devait avertir les Romains de ne pas se fier aveuglĂ©ment Ă  leurs forces» (trad. J. Moreau). [...]

 

Ces quatre cents beaux Perses, ainsi «dĂ©pouillĂ©s de tout le luxe de leur costume», auraient Ă©tĂ© envoyĂ©s comme colons... en Phrygie ! La Phrygie est traditionnellement, dans tout le monde antique, le pays de l'«onolatrie» : un ancien culte de l'âne (ou de l'onagre ?) y a laissĂ© toutes sortes de traces, depuis le plan presque positif des rites jusqu'Ă  la lĂ©gende mythologique (les oreilles du roi Midas, par exemple) ou, dĂ©jĂ , au thème de «Peau d'âne», c'est-Ă -dire aux contes sur les propriĂ©tĂ©s magiques de la dĂ©pouille du rustique animal. A tout le moins, l'on sut Ă  la cour d'Ardachir et de Sapor que des Perses ainsi capturĂ©s avaient Ă©tĂ© traitĂ©s en «Phrygiens», sans doute Ă  la mode phrygienne, tandis que leurs costumes de parade Ă©taient affichĂ©s dans les temples romains comme des trophĂ©es de guerre; on sut, et l'on ne pardonna pas. Relisant maintenant la page de Lactance, nous ne croyons plus ĂŞtre dupe d'une illusion en identifiant la «peau teinte en pourpre» exhibĂ©e en un sanctuaire de Perse comme dĂ©pouille de ValĂ©rien : celui-ci, une fois prisonnier, dut livrer ses vĂŞtements impĂ©riaux et se contenter dĂ©sormais de quelque «peau d'âne» quasi-servile (Jean GagĂ©, Comment Sapor a-t-il "triomphĂ©" de ValĂ©rien ?. In: Syria. Tome 42 fascicule 3-4, 1965 - www.persee.fr).

 

Pomme

 

On pense aussi à l'huile de cade, médicament contre l'eczéma ("rouge") et servant teinter les cheveux blanc, et de là au "syrop de pommes de Sapor". Ce médicament aurait été inventé pour ou par le roi Sapor Ier, vainqueur de Valérien. Il est composé de pommes odorantes, sucs de buglose, anis, safran etc. Ce sont des sirops cholaguogues, flegmagogues et mélanagogues, pour puger la bile, le flegme ou la mélancolie (Dictionnaire universel françois et latin, Tome 7, 1771 - books.google.fr).

 

Typlogie

 

Le report de 2241 sur la date pivot 256 donne -1729.

 

Epoque du règne Porus, roi de Babylone, peut-être modèle du dieu Bel Phégor, ou Péor, dans une vision évémériste (Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'hist. univers., sacrée et proph., ecclésiast. et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1762, 1763 - books.google.fr, Henri-François de Vence, La Sainte Bible en latin et en françois, Tome 7, 1749 - books.google.fr).

 

Antiochus-le-Grand, au IIIe siècle avant l'ère vulgaire, avait ordonner à Zeuxis de transporter en Phrygie et en Lydie, deux mille familles juives, établies à Babylone (A. Wagener, Inscription grecque inédite, Revue de l'Instruction Publique en Belgique, 1869 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain suivant X, 87.

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