Assassinat de Jules César - Thomas d'Aquin X, 65 2225 O Vaste Rome, ta ruine s'approche, Non de tes murs : de ton sang et substance. L'âpre par lettres fera si horrible coche, Fer pointu mis à tous jusques au manche. Louis Schlosser met ce quatrain
en relation avec le sac de Rome en 1527 : "Le pape LĂ©on
X demanda à Charles Quin t de sévir contre celui qui avait osé le traiter de
"juge prévaricateur". Le 26 mars 1521, devant la diète de Worms,
l'empereur obtint la condamnation de Luther et de ses écrits. Cet événement ne
laissa pas Nostradamus indifférent. Il prophétisa la fin spirituelle et
matérielle de Rome, lors du massacre perpétré par les lansquenets luthériens en
1527" (La Vie de Nostradamus, Belfond, 1985, p. 48). Aspre : Asper Le jour de la pleine lune Ă©toit
appelé Ides, parce que formant la moitié du mois, il le divisoit,
et que le verbe iduare signifie, en langue Ă©trusque, diviser,
partager ; telle est l'étymologie proposée par Macrobe. Mais pourquoi sacrifier
alors Ă Jupiter ? Une autre Ă©tymologie nous l'explique. Parmi toutes les
institutions civiles et religieuses que les Romains avoient empruntées des
Etrusques, ils leur durent, surtout, la division de leurs mois. Chez ce peuple
le jour qui partageoit le mois s'appeloit
Idis, et ce mot signifioit
jour de la confiance en Jupiter,Jovis
fiducia. Jupiter Ă©toit en
effet regardé quelquefois comme le Dieu de la lumière, et les Saliens, dans
leurs chants, l'appeloient Lucetius,
le lumineux, et les Romains, dies piter, diei pater, père du jour, d'après les Sabins, dont ils tenoient ces dénominations, suivant Varron. A la pleine
lune, la lumière ne cesse pas d'éclairer avec le soleil; elle semble se
perpétuer avec la lune alors dans sa phase la plus brillante ; de sorte qu'en
ces jours, les ténèbres nocturnes n'interrompent presque pas le règne de la
lumière, ce qui fit que les Etrusques appelèrent les ides jours à la louange de
Jupiter, jours de confiance en son règne. Cet usage passa chez les Romains, et telle
est sans doute l'origine des sacrifices qu'ils faisoient
alors Ă Jupiter. On immoloit Ă ce Dieu une brebis que
l'on appeloit Idulis.
Spanheim rapporte à cet usage une médaille de la famille Trebonia,
où l'on voit d'un côté la tête de Jupiter avec le mot Asper,
et au revers une brebis devant un autel, au pied duquel est un couteau avec ces
lettres, C. Trebonius C. F. César fut tué aux ides de
Mars ; Trébonien fut un de ses assassins, et cette
médaille fut frappée, dit-on, pour perpétuer la mémoire de cet évènement. On la
trouve aussi dans Vaillant Au moment où César descendit de sa litière à la porte de la salle, Popilius Léna, le même qui venait de parler si mystérieusement à Brutus, s'approcha de lui, et on observa qu'il entamait avec lui une conversation animée. Les conspirateurs se regardaient l'un l'autre; et se révélaient mutuellement leur désespoir par un regard. Cassius et d'autres saisissaient leurs dagues sous leurs robes; leur dernière ressource était de se tuer. Mais Brutus, remarquant aux manières de Popilius qu'il semblait supplier plutôt qu'avertir, rendit à ses compagnons leur confiance par un sourire. César entra : ses ennemis se refermèrent en une masse compacte autour de lui, et en le conduisant à son siége, tinrent à l'écart tous les intrus. Trébonius fut chargé spécialement de retenir Antoine en conversation à la porte. A peine la victime fut-elle assise que Tillius Cimber s'approcha avec une pétition pour le pardon de son frère. Les autres, comme c'était concerté, joignirent leurs supplications à celles du solliciteur, prenant les mains et embrassant le cou de César. Celui-ci d'abord les écarta doucement, mais comme ils devenaient plus importuns, il les repoussa avec force. Tillius saisit sa toge des deux mains, et la lui jeta violemment sur les bras. Alors P. Casca, qui était derrière, tira son arme et lui effleura l'épaule d'un coup mal dirigé. César dégagea une de ses mains, et saisit le poignard par le manche, en s'écriant, « misérable Casca, qu'est-ce donc ? — Au secours » cria ce dernier à son frère Lucius, et au même moment les autres dirigèrent chacun leur dague vers l'objet de leur agression. César pendant un instant se défendit et blessa même de son stylet un des assaillants; mais quand il distingua Brutus dans la presse, et vit la lame qui brillait également dans sa main : « Quoi ! toi aussi, Brutus ? » s'écria-t-il ; et lâchant Casca, il attira sa robe sur son visage sans faire plus de résistance. Les assassins le percèrent de tous côtés, car ils s'étaient engagés, l'un envers l'autre, à baigner leurs poignards dans son sang. Brutus lui-même reçut une blessure dans leur hâte et leur tremblement. La victime fit quelques pas en chancelant, soutenu par les coups qu'il recevait de part et d'autre, jusqu'à ce qu'il allât tomber mort au pied de la statue de Pompée (Charles Merivale, Histoire des Romains sous l'empire, Tome 3, traduit par Frédéric Hennebert, 1865 - books.google.fr). Goltzius est le premier à publier des médailles de la
famille Trebonia. ASPER. Jupiter pectore, pone quem sceptrum : ex altero latere Caius TREBONIus Cai Filius. Ovis ante aram, ad cujus imum culter. Creditur hic denarius pertinere ad C. Trebonium, qui primus ex percussoribus Caesaris manibus interfecti poenas dedit, Smyrnæ a Dolabella per dolum ex inproviso oppressus & eaesus. Fuerat, is primus inter consules suffectos, qui mos initium sumsit A. V. C. DCCVIII. & quum
Asiam proconsule regendam accepisset ; post cædem Cæsaris in eam provinciam clanculum abicrat, senatu clanculum consentiente. In praetura signatum fuisse nummum existimat Vaillantius, quod illi non concesserim. Forte in Asia signatus
fuit. Exstat apud
Goltzium in Fastis pag. 182. Debuerat hic sequi alius hujus
C. Trebonii nummus, in quo Dolabellæ item & Sestii nomina leguntur, sed quum is supra in gente Sestia pag.
6201. 622. depictus & explicatus sit, eo lectorem mittimus, nam uterque eodem
tempore cuius fuisse videtur Hubert Goltzius (ou Hubert Goltz), né le 30 octobre 1526
Ă Venlo (Provinces-Unies) ou le 3 novembre 1526 Ă Wurtzbourg (Saint-Empire romain
germanique) et mort le 24 mars 1583 à Bruges (Comté de Flandre), est un
graveur, peintre et médailleur néerlandais. Il est le cousin du peintre et
graveur Hendrik Goltzius. Son père lui enseigne la peinture, puis Hubert
devient l'élève de Lambert Lombard, à Liège, qui lui enseigne aussi
l'imprimerie et la gravure. Il se lie d'amitié avec Abraham Ortelius,
avec qui il voyage Ă travers les Pays-Bas, l'Allemagne et la France pour
étudier la numismatique et l'art des médailleurs. De 1546 à 1558, il vit à Anvers,
où il travaille sur un livre de gravures d'antiquités appelé Medaglien oft tronien der Roomsche Keysers (« Médaillons ou bustes d'empereurs
romains »). Cet ouvrage lui vaut d'être nommé peintre de la maison
d'Espagne par Philippe II. Il s'installe à Bruges en août 1558, où il obtient
peu après d'ouvrir son imprimerie, un atelier de taille-douce et de
typographie. Il publie Caius Julius Caesar, ou une histoire des Empereurs
romains en médailles en 1563 et The life of Julius Caesar en 1566. En 1567, il
publie Fastos,
ouvrage pour lequel il est fait citoyen d'honneur par le conseil de Rome, puis
Caesar Augustus en 1574. Il produit en 1576 un dernier ouvrage portant sur les
empereurs grecs en médaillons En 449 avant J.C., Lucius Trébonius,
tribun du peuple, en haine des patriciens qu'il accusait de l'avoir trompé
comme ses collègues l'avaient trahi, proposa que celui qui présenterait au
peuple la nomination de ses tribuns, ne pourrait discontinuer de prendre les
votes qu'après la nomination de dix de ces magistrats. Tout son tribunat se
passa en poursuites contre les patriciens, ce qui lui mérita le nom d'Asper Caius Trebonius, né vers 92 et
mort en 43 av. J.-C. est un commandant et homme politique de la fin de la
RĂ©publique romaine qui Ă©pouse le parti de Jules CĂ©sar avant de participer Ă la
conspiration qui va aboutir Ă l'assassinat de ce dernier. son
rĂ´le dans le complot consiste Ă occuper Marc Antoine pour l'empĂŞcher
d'accompagner César dans la Curie. Il meurt lui-même assassiné en 43 av. J.-C.
Plusieurs lettres de Cicéron sont adressées à Trebonius,
qui évoque aussi son assassinat dans ses dernières Philippiques Substantia Caesaris :
Thomas d'Aquin Sortes : Abréviation médiévale de Socrates.
Utilisé par les logiciens médiévaux comme terme singulier (nom propre) pour
dĂ©signer un individu (= x) existant au moment de l'Ă©nonciation. S'oppose Ă
Caesar, utilisé pour désigner un individu qui n'existe plus au moment de
l'énonciation, et à Antichristus, utilisé pour désigner
un individu qui n'existe pas encore au moment de l'Ă©nonciation, mais dont
l'existence future est épistémiquement garantie (par la Révélation) Nous allons traiter de l'erreur simple et de l'erreur secundum quid. L'erreur simple, dont il s'agit ici, est
celle qui est exprimée simplement, sans aucune addition, comme Sortes est blanc
ou Sortes court. L'erreur secundum quid, est celle
qui est exprimée avec une autre idée; par exemple: cet homme court bien; ou Sortes
est blanc aux dents. L'addition de l'idee se fait de
deux manieres, quant a son objet. En effet, il arrive quelquefois quelle
ne retranche rien de la raison de l'objet auquel elle s'applique; et dans ce cas,
on peut raisonner de l'idée secundum quid à l'idée
simple. Par exemple : cet homme court rapidement, donc il court. Car la velocite ne diminue rien de la raison de la course, et on
conclut ici du fait à la manière dont il s'accomplit. D'autres fois l'addition
diminue quelque chose de la raison de son objet; comme lorsqu'on dit: un
Ethiopien est blanc aux dents. Car ces mots, aux dents, retranchent quelque
chose de la raison de ce que l'on appelle blanc. Car on ne peut le dire blanc
qu'autant qu'il l'est tout entier, ou par rapport a
plusieurs parties du corps et aux principales. Aussi, si de cette proposition :
l'Ethiopien est blanc aux dents, donc il est blanc, on fait un sophisme, ou une
erreur, secundum quid et simpliciter,
qui est une erreur produite, parce que, ce qui avoit
été affirmé secundum quid, est pris comme si on l'avoit avancé simpliciter, la
cause apparente de cette erreur est le rapport de ce qui est secundurn quid, avec ce qui est simplement, et la cause de
la non-existence est leur diversité. Il y a cinq manières
de commettre cette espèce d'erreur. La première a lieu lorsque l'addition
déterminée se trouve en opposition avec son objet, comme dans ce raisonnement :
CĂ©sar est un homme mort, donc il est un homme. Ce qui est faux, parce que ĂŞtre
un homme mort renferme une opposition a
ĂŞtre homme, car il est de la raison de l'homme d'ĂŞtre vivant, Ă©tant un animal,
et que l'animal est une substance animée et sensitive. Ce qui prouve que
l'addition du mot mort supprime la raison ou l'idée d'homme. Et encore: cet
homme est un bon voleur, donc il est bon. Ce qui est mal raisonner,
parce que l'idée de bon est opposée au vol. Et celui-ci: le menteur dit vrai en
disant qu'il ment, donc il dit vrai. Ce qui est un paralogisme, car dire vrai
est opposé à mentir, et vice-versa. La seconde manière a lieu parce que
l'addition déterminée appartient a
un acte de l'âme. Car il y a des actes qui peuvent être dans la réalité et en
dehors de la réalité. Par exemple : La chimère est un animal fantastique, donc
la chimère est un animal. Ce qui est faux, parce que le mot fantastique ajouté
Ă animal, diminue la raison de l'animal. Et cet autre sophisme : CĂ©sar est dans
la mémoire des hommes, donc César est. Puis encore : Vous avez le bonheur en désir,
donc vous avez le bonheur. La troisième se fait quand j'ajoute déterminé
signifie une chose en puissance. Ainsi : un Ĺ“uf est un animal en puissance,
donc il est un animal. Fausse conclusion, parce que l'ĂŞtre en puissance Ă´te la
raison de l'être simple. La quatrième, quand il ne s'applique qu'à une partie
seulement, comme par exemple : l'Ethiopien est blanc aux dents, donc il est
blanc. Ce qui n'est pas concluant, car l'ĂŞtre dans une partie diminue la raison
de l'ĂŞtre simple. Il faut cependant faire observer que si la partie est propre
à désigner le tout, il n'y a pas d'erreur, comme dans cet exemple : Cet homme a
les cheveux frisés, donc il est frisé. Cette conclusion est juste, parce
qu'étant dit frisé quant aux cheveux, cette manière d'être s'applique aux
autres parties de temps, de lieu et Ă tous les autres entiers. Mais si on
ajoute au tout de lieu, au moyen d'une partie de lieu, laquelle n'est pas faite
pour faire connaître le tout, il y a erreur dans les conséquences, comme dans
celle-ci : cette diète est bonne pour les parties malades, donc elle est bonne.
Cette conséquence est fausse en effet, parce que dès qu'on dit les parties
malades, on désigne une portion du lieu. Il en est de même pour le tout et la
partie de temps. Par exemple : le vin est mauvais pour les personnes malades, donc
le vin est mauvais. Et ainsi dans tous les cas semblables. La cinquième a lieu
quand elle réduit le terme de la proposition à laquelle il est ajouté. Ainsi
dans cet argument : l'homme sage veut abandonner ce qui est mal: donc il veut
le mal. Cette conséquence est fausse, parce que laisser ce qui est mal, ne
signifie pas simplement mal, mais seulement secundum
quid. Et encore : le voleur veut prendre le bien, donc il veut le bien.
Toujours la mĂŞme raison, pour tous les cas de ce genre. Ce que nous avons dit,
prouve donc que cette erreur provient de ce qu'on procède du parfait à l'imparfait.
Parce que la détermination diminue en ce qu'elle signifie qu'une chose est
imparfaitement. (Et primus modus est, quando determinatio addita habet oppositionem ad illud cui additur,
ut in hoc argumento : Caesar est homo mortuus, ergo ost homo. Non sequitur;
nam esse hominem mortuum habet oppositionem ad hominem, eo quod vivum est de ratione hominis, cum homo sit animal, et animal est substantia
animata sensitiva, et sic patet quod haec determinatio, mortuus, tollit hominis rationem) (Des sophismes, Opuscules XXXVIII, chapitre
XI) A number
of logicians (for example, Siger of Brabant, Simon of
Faversham, and Roger Bacon) asked whether sentences
such as "Man is an animal" or "Caesar is a man" are still
true when no man and no Caesar actually exists. Should
we not say that their truth value depends on the actual existence of at least
one thing signified by the subject term ? No, Scotus replies, thus rejecting the position taken by Roger
Bacon. The truth value of a sentence only depends on the semantic
relation between its terms and a nature (or several natures), whether or not
this nature has actual existence in an extramental
thing. Thus, "Man is an animal" or the tautological sentence
"Man is a man" is true even if there is no actually living human
being in the world, because the subject term "man" still signifies
the nature of man, belonging to the genus animal. This answer shows that
Scotus's semantics is closely connected to his metaphysics. It is by appealing
to his account of common nature, a crucial element of his theory of signification, that he tries to resolve the semantic puzzle
of sentences about nonexisting things Dans Quaestiones Veteres 21, Simon de Faversham
discute de cette sentence et parle de "substantia
Caesaris" ainsi que d'Antéchrist, homme à venir
: "Quod dictum
est de Caesare intelligendum
est de Antichristo, licet enim cum ipse non sit, tamen verum
est dicere actu Antichristus
est homo, etsi numquam fuerit, similiter sicut de Caesare. Si dicas quod generabitur homo non
semper est homo, sed Antichristus
generabiturÂ
homo, ergo etc.,Â
dico quod maior vera est,Â
et ad minorem dicoÂ
quod actu Antichristus
numquam generabitur homo, quia
actu Antichristus aeternaliter
est homo, et quod aeternaliter est homo numquam generabitur homo. Quomodo ergo dicemus quod actu Antichristus generabitur? Dico
quod sic, quia est actu Antichristus
generabitur homo ita Quaestiones Veteres quod simul erit homo et actu Antichristus" Le personnage Antéchrist apparaît en effet dans les
Centuries de Nostradamus, mais son interprétation peut être faite aussi sous
l'angle philosophique. Thomas d'Aquin et la mort de CĂ©sar Les partisans de Bastien-Thiry, qui attenta
à la vie du général de Gaulle au Petit Clamart, se réfèrent sans relâche à une
Ĺ“uvre de jeunesse, quand Thomas Ă©tait bachelier Ă Paris, le Commentaire du
Livre des sentences du magistrat Pierre Lombard, citant Cicéron et son De officiis, à propos de
l'assassinat de Jules César par Brutus. Dans un article intitulé « Les
chrétiens sont-ils tenus d'obéir aux puissances séculières et surtout aux
tyrans ? », Thomas commente l'opinion de l'auteur, mais sans la faire sienne :
« Personne n'est tenu d'obéir à celui dont l'assassinat est licite, voire digne
de louange », et il observe : « Il faut noter que Cicéron se réfère à une
situation où quelqu'un s'empare du pouvoir par la violence malgré la volonté des
sujets, ou en forçant leur consentement, sans recours possible à une autorité
supérieure qui puisse juger l'usurpateur. Alors celui qui, pour
l'affranchissement de la patrie, tue le tyran est loué et reçoit une
récompense. » Félicitations qu'il ne fait pas siennes... Le propos est de
grande prudence et on peut s'assurer qu'en fait c'est le seul Cicéron qui parle
par cet intermédiaire. Il n'est question, en somme, que de rappeler qu'aux yeux
du peuple romain, historiquement, il n'Ă©tait pas d'action d'Ă©clat plus belle
que la mise à mort d'un tyran. Et lorsque maître Bernard Le Coroller,
défenseur de Bastien-Thiry et de La Tocnaye, utilise
dans son plaidoyer l'avis de Cicéron approuvant le crime de Brutus, cela n'a
certes pas la même portée qu'une affirmation de Thomas d'Aquin Aquinum Le complot n’atteignit cependant pas ses objectifs, car
le consul Marc Antoine avait été épargné, à la demande de Brutus, et Lépide
stationnait avec des troupes à proximité de Rome, tandis qu'Octave, qui se
trouvait en Épire, était hors d’atteinte. En revanche, l’attentat contre César
guida les prétendants à sa succession sur la conduite à tenir : ils firent
symboliquement rayer la dictature des magistratures romaines, et la
remplacèrent par un triumvirat quinquennal. La politique de clémence avait
prouvé son danger suicidaire, les triumvirs commencèrent une vague de
proscriptions sanglantes, suivie par 14 ans de guerre civile, contre les
assassins de César, contre Sextus Pompée, puis entre triumvirs. Octave finit
par l’emporter en 31 av. J.-C., et devint Auguste, maître unique et absolu de
l’Empire. Il confirma et continua les réformes entamées par César, organisant
un Empire pacifié, stabilisé Après l'assassinat de César, Marc Antoine, alors consul,
parvient Ă se maintenir au pouvoir tout en Ă©loignant les conjurĂ©s. Mais face Ă
l'hostilité du Sénat, mené par Cicéron et par le petit-neveu et fils adoptif de
César, Octavien, il se trouve rapidement isolé, puis vaincu lors de la guerre
civile de Modène et déclaré « ennemi public ». Cependant, il réussit à réunir
l'armée la plus importante d'Occident, grâce au ralliement de Ventidius Bassus, puis à ceux
plus ou moins volontaires de Lépide, Munatius Plancus et Asinius Pollion. Devant le renouveau de la cause pompéienne et
républicaine ainsi que la mise à l'écart d'Octavien, il forme avec celui-ci et
LĂ©pide une alliance pour se partager la RĂ©publique romaine : le second
triumvirat. Cela représente l'union des héritiers politiques de César face au
Sénat et aux « Républicains », partisans des meurtriers du dictateur. Les
triumvirs sont victorieux des RĂ©publicains lors de la bataille de Philippes en
42 av. J.-C. et Marc Antoine, grand artisan de cette victoire, se réserve la
réorganisation des provinces d'Orient tout en gardant le contrôle des Gaules En 44, Antoine, revint malade de sa tournée en Campanie
et dans le Samnium (qu'il s'agisse de sa santé et non de sa situation politique
est confirmé par Phil., II, 106 : en traversant Aquinum,
le consul resta étendu ut mortuus dans sa litière, en
raison des excès commis les jours précédents) ; elles marquent une aggravation
de ce qui s'annonçait un mois plus tôt (Att., XIV, 14, 4 = DCCXXXV; supra, p.
68) : Antoine se propose de déposséder Décimus Brutus
de sa province de Cisalpine, où il s'est installé au début d'avril, au lieu
d'attendre la fin de l'année en cours, avec laquelle expireraient à la fois son
propre consulat et le proconsulat de D. Brutus ; bien que Cicéron ne nourrisse
aucune illusion sur l'énergie de ce dernier, le casus belli lui paraît inévitable,
il quidem D. Bruto prouincia eripitur (§1) — les
événements de septembre-octobre montreront qu'il avait vu juste — ; il espère
et présume seulement que le consul fera prendre cette décision par le peuple et
non par les sénateurs — qui risqueraient d'y laisser leur vie, en refusant, ou
leur honneur, en acquiesçant; de fait, Antoine renoncera à proposer cette
mesure très grave au Sénat le 1er juin et la fera voter par l'assemblée du
peuple l'un des tout premiers jours de juin (Lex de permutatione prouinciarum). Une
fois de plus, Atticus a posé la question de savoir
quelle tactique les « Libérateurs » devraient opposer à celle d'Antoine et une
fois de plus Cicéron avoue sa perplexité, en déplorant l'échec politique des
Ides de mars; dans la deuxième partie de sa lettre, il va plus loin et ne cache
pas qu'il en est au point de regretter la mort de César (§ 3). Dans sa lettre
du 22, Atticus est encore revenu Ă la charge pour que
Cicéron accepte d'écrire un discours attribué à Brutus (cf. XIV, 20, 3 =
DCCXLIII; XV, 2, 2 = DCCXLVIII; 3, 2 = DCCXLIX); mais Cicéron écarte résolument
la suggestion, non sans quelque impatience (§ 3), et remet à plus tard son
projet de remplacement : un dialogue « à la façon d'Héraclide » sur le
tyrannicide. Cependant tout n'est pas sombre et négatif dans cette longue
lettre : CicĂ©ron se dĂ©clare heureusement surpris que le tribun D. CarfulĂ©nus se soit associĂ© Ă une action que lui-mĂŞme approuve. [...] Çà et lĂ
il badine, même sur des sujets graves : il feint de ne rejeter l'éventualité de
la guerre civile que parce que l'affaire de Buthrote
est en passe d'ĂŞtre rĂ©glĂ©e pendant que règne la paix ; prĂ©conisant le recours Ă
la morale stoĂŻcisante des Tusculanes
contre la tentation du découragement, recours dont Atticus
lui-mĂŞme avait pris l'initiative (cf. XV, 2, 4 = DCCXLVIII), il promet en
souriant de ne pas révéler sa trahison à Sauféius,
ami d'Atticus et adepte comme lui de l'épicurisme (§
2) ; un peu plus loin (§ 3), c'est lui-même qu'il accuse avec humour de trahison à l'égard de
l'idéal des Tusculanes, quand il allègue son intérêt
personnel pour justifier son regret de la mort de César. Le billet que Cicéron
a Ă©crit le 25, peu avant de quitter Arpinum (XV, 4 a
- DCCLI), est particulièrement énigmatique pour nous, qui ne possédons pas la
lettre d'Atticus à laquelle il répond ; Cicéron
commence par regretter que son ami n'ait pas pu marquer Ă Brutus son
empressement de façon concrète [...].
L'occasion aurait-elle été la constitution d'un « trésor de guerre » au profit des « Libérateurs » ? D'après
Cornélius Népos (Vie d'Att., 8), certains avaient
conçu le projet de faire appel aux capitaux des chevaliers pour soutenir la
cause des Républicains et demandé à Atticus de
présider à cette opération ; mais, fidèle à son principe de s'interdire tout
engagement politique, celui-ci aurait refusĂ©, condamnant ainsi l'entreprise Ă
l'échec Dans sa Lettre DCCXCIII de février 710 (44 avant J.C.),
Cicéron écrit qu'il a été averti d'un complot contre lui ourdi par les
Antoniens Ă Aquinum et dans Fabrateria,
deux villes volsques du Latium, au sud de Rome.
"Je ne me serais pas mis sur mes gardes, si vous ne m'aviez averti".
Il n'y a pas de doute qu'il ne soit question ici des embûches d'Antoine. Sans
s'expliquer complètement, Paetus aura averti Cicéron;
à tout cela il aura mêlé le nom de Rufus, mais sans s'expliquer formellement,
de manière à ce que Cicéron pût croire que ce Rufus intriguait aussi contre
lui. On voit bien que cette lettre est la rectification d'une erreur, et que
Rufus s'est au contraire attiré la reconnaissance de Cicéron pour avoir donné
un avertissement salutaire. "Que vous n'oubliiez l'art des petits
soupers". Toutes les lettres adressées à Paetus
prouvent que c'Ă©tait un homme de fort bonne compagnie, un bon vivant qui
entendait Ă merveille la plaisanterie. Je ne puis donc concevoir la
préoccupation de certains critiques qui s'évertuent à prouver que "ad cosnas itare", ou "cœnulas facere", est une
allusion au meurtre d'Antoine projeté par Cicéron : et tout cela parce que,
dans les lettres précédentes, il s'est écrié, en s'adressant à Trebonius, qu'il voudrait bien qu'on l'eût appelé au
banquet des ides de mars. Le voilà qui ne pourra plus prononcer le mot "epulas", et même "cœnas",
sans qu'un critique y trouve la trace d'un complot. Ajoutez à cela que Paetus, auquel est adressée cette lettre, n'avait pris part
Ă aucun complot, mais Ă beaucoup de soupers En Epistulae ad familaires XVI,10 (9 novembre 44),
Cicéron écrit encore : «J'avais décidé de gagner Rome directement par l'Appia
(pour Ă©viter Antoine), je bifurque en quittant Minturnes
vers Arpinum; j'ai décidé de faire étape soit à Aquinum, soit dans la villa de l'Arcanum»
L'Arcanum, entre Aquinum et Arpinum, patrie de
Cicéron, est la villa de son frère Quintus. Aquin, Aquinum en latin, Aquino
en italien, est un village d'Italie, à 4 kilomètres au Nord-Est de Ponte-Corvo,
jadis ville des Herniques détruite par les Lombards
au VIe siècle. C'est le lieu de naissance du poète latin du
Ier siècle de notre ère Juvénal. Saint Thomas d'Aquin naquit non loin de
là 1225 - 2225 : mille ans Thomas d'Aquin (né en 1224/1225 au château de Roccasecca près d'Aquino, en Italie du Sud, mort le 7 mars
1274 à l'abbaye de Fossanova près de Priverno dans le Latium), est un religieux de l'ordre
dominicain, célèbre pour son œuvre théologique et philosophique. Considéré
comme l'un des principaux maîtres de la philosophie scolastique et de la
théologie catholique, il a été canonisé le 18 juillet 13231, puis proclamé
docteur de l'Église par Pie V, en 1567 et patron des universités, écoles et
académies catholiques, par Léon XIII en 1880. Il est également un des patrons
des libraires. Il est aussi qualifié du titre de « Docteur angélique ».
Son corps est conservé sous le maître-autel de l'église de l'ancien couvent des
dominicains de Toulouse Le millénarisme est une croyance en l'arrivée imminente
de la fin du monde et en l'avènement d'une ère de paix et de prospérité, le
millénarisme se transforme en un courant spirituel relayé par les milieux
hétérodoxes; il est refusé de manière ferme par saint Thomas d'Aquin Aux premiers siècles du christianisme, où l'attente
messianique était très forte, nombre de penseurs se sont inscrits dans a
perspective du temps court et d'un retour rapide du Christ pour fonder ici-bas
un royaume millénaire pour les justes, ce qui repoussait loin le Jugement
Dernier. La fertilité du sol et la bonne entente entre les hommes et les animaux
avaient de quoi séduire les chrétiens, qui se sentaient étrangers dans l'Empire
romain. De ce millénarisme pur et dur, pour ne pas dire révolutionnaire,
attaché au renversement de l'ordre existant, plusieurs courants médiévaux
peuvent être considérés comme les héritiers directs : Tanchelm
et ses disciples, Éon de l'Étoile et ses sectateurs, les Pseudo-Apôtres de
GĂ©rard Segarelli et de Fra Dolcino,
les Taborites peuvent être rangés au nombre des « fanatiques de l'apocalypse ».
Précisons toutefois que dès le IIe siècle les Montanistes ont fourni une
version spirituelle et ascétique de ce millénarisme, selon laquelle la
Jérusalem céleste devait descendre sur terre, le Saint Esprit y régner et
l'Église se transformer en une communauté de saints. Les disciples de Joachim
de Flore, dont les Franciscains Spirituels, exposeront des vues assez proches Ă
partir du XIIIe siècle. Un courant de pensée concurrent, qui se situait dans la
perspective du temps long et repoussait à plus loin l'échéance du retour du
Christ sur terre a fini par prévaloir. À partir de l'an 200, le montanisme a
commencé à perdre du terrain, même si les persécutions de la fin du IIIe siècle
l'ont un peu relancé. Irénée de Lyon a généreusement accordé une durée de six
mille ans à ce bas-monde, puisqu'il avait été créé en six jours. Plusieurs
penseurs hostiles au montanisme ont pratiqué un art subtil de repousser la date
fatidique du Jugement Dernier, tel Hippolyte dans son Commentaire sur Daniel de
203-204, tel Origène pour qui la première résurrection attendue par ses
adversaires n'était rien d'autre que le baptême. À partir de la conversion de
Constantin et de l'instauration de l'empire chrétien sous Théodose, la donne a
changé, les destins de l'Église et de Rome se sont trouvés associés. Saint
Jérôme et saint Augustin, imités ensuite par Orose, se sont chargés de désamorcer
le millénarisme, auquel la chute de l'Urbs en 410,
rapprochée de celle de Babylone dans l'Apocalypse, a rendu des couleurs
éphémères. Le coup de génie de saint Augustin, au chapitre XX de la Cité de
Dieu, a consisté à soutenir que les mille ans de règne terrestre du Christ se
ramenaient au temps de l'Église des baptisés. Aux yeux de l'évêque d'Hippone,
le Christ régnait déjà hic et nunc dans l'Église. On pouvait peut-être savoir
comment la Fin se produirait, mais non pas quand. Comme en beaucoup d'autres
domaines, les vues d'Augustin ont prévalu, tout en étant ébranlées par la chute
de l'Empire romain en 476 et par la prolifération des royaumes barbares,
aliments éphémères d'un feu de paille millénariste. Au nombre des héritiers de
saint Augustin au Moyen Ă‚ge, il faut compter saint Thomas d'Aquin, pour lequel
il n'Ă©tait pas utile de connaĂ®tre la Fin des Temps et dont la mĂ©fiance Ă
l'égard des prophètes est bien connue. L'instauration progressive du « temps de
l'Église », système conceptuel propre à embrasser l'ensemble de l'aventure
humaine et le devenir de chaque individu ici-bas et dans l'Au-delà , a constitué
une nouvelle étape dans le désamorçage, jamais achevé d'ailleurs, du
millénarisme subversif à visées terrestres. Ce fut une entreprise de longue
haleine, dont les premiers effets furent sensibles dès l'époque carolingienne.
Les guides de l'Église se situaient dans une longue durée ordonnée suivant les
cadences régulières du cycle liturgique, lui-même rattaché au cycle cosmique.
Sur ce temps liturgique se greffait le temps de la pénitence, susceptible de se
prolonger au purgatoire après la mort. Sans écarter la vision de la Fin, cette
conception de l'histoire est foncièrement rassurante : en effet, chaque année,
au moment de Pâques, le temps se renouvelle, le Christ meurt et ressuscite pour
racheter tout le monde. Autant dire qu'il n'y a pas de raison de s'alarmer et
que la Fin n'est pas pour demain. Un Gerbert d'Aurillac, qui a franchi le cap
de l'an mil en toute sérénité, et bien d'autres gestionnaires avisés de
l'Église des temps féodaux, peuvent être considérés comme des tenants de la
longue durée de l'aventure humaine, de l'apocalypse en douceur et de
l'eschatologie à la petite semaine. On peut placer à leurs côtés le commun des
prédicateurs et des curés voués à la conversion permanente de leurs congénères en
usant de la menace de la Fin des Temps comme d'un argument rhétorique, sans
dramatiser à l'excès. Ils incarnent une version atténuée du prophétisme : dans
le cadre de leur ministère pastoral, ils estiment en effet avoir la capacité de
voir plus loin que la masse des fidèles. Sans vaticiner, ils se contentent de
maintenir leurs ouailles sur la droite voie du salut. Et l'on retrouve la
pondération de Thomas d'Aquin pour qui la prophétie constituait « un simple
moyen d'édification » Une tradition continue, née de la prophétie des Quatre Ages de Daniel et du principe de la translatio imperii, de la glorification virgilienne de l'empire d'Auguste et de la prophétie de la quatrième Bucolique sur le retour d'Astrée, annonce la restauration d'un pouvoir universel dans une des grandes monarchies européennes : les Anglais représentent Elizabeth en Astrée, on célèbre les Habsbourg dans l'Empire, et Postel n'est pas le seul à afficher les mêmes ambitions pour la France. Ce mythe politique est indissociable des spéculations et des attentes millénaristes que font refleurir sous le règne d'Henri IV les célébrations du Carolus redivivus, certains écrits comme les Annales de l'Eglise de Claude Vilette, ou l'ahurissante compilation de divers textes millénaristes que le sieur de Chavigny tente de rapporter au roi dans ses Pléiades. L'attente d'un Age d'or messianique est devenue au Moyen Age attente de l'Empereur des derniers jours, agent de la divine Providence. Les prophéties joachimites et les oracles sibyllins qui ont à la fois exprimé et suscité cette attented se sont développés à l'intérieur d'une théologie césaro-papiste de l'union du sacerdotium au regnum, dans laquelle l'Empire est le reflet du royaume des cieux, l'Empereur chrétien un intermédiaire du Logos divin et un miroir réfléchissant les vertus divines. La «milice chrétienne» du duc de Nevers et les projets de croisade du Père Joseph illustrent le rêve impérial que théorisent au début du XVIIe siècle la Monarchie d'Espagne et la Monarchie du Messie de Campanella (1598 et 1607), qui combine l'argumentation philosophique à l'inspiration millénariste. Le premier de ces deux traités fait de la Monarchie universelle non seulement l'accomplissement d'une rationalité politique voulue par Dieu, comme chez Dante, mais une mission pastorale d'inspiration millénariste, avec renvoi au passage capital de Jean 10: 16 : Si darà ogni cosa in mano de santi, facendosi union ovile et unus pastor. Campanella cite des prophéties millénaristes et prévoit l'éradication complète du protestantisme. Quelques années plus tard, au moment de l'affaire de l'Interdit de Venise, la Monarchie du Messie prétend construire sur les mêmes fondements une théocratie qui remet tous les pouvoirs spirituels et temporels dans les mains du Pape. Le Grand Dessein dénoncé par Aubigné est donc exalté à la même époque par la plume d'un moine napolitain. Preuve qu'il a un caractère vraisemblable pour les contemporains, et qu'il répond à certaines aspirations ou exprime certaines angoisses. On trouve même dans la Monarchie d'Espagne une fascinante et très albinéenne combinaison de tactique et de prophétisme. Au roi d'Espagne qui doit se rapprocher du Pape et se rendre « ammirabile in religione », Campanella propose sa méthode : Questo poi sarebbe facile facendo predicare la fine del mondo vicina, e che sarà unum ovile sotto il Papa, e che egli è posto come Ciro a congregarlo, e che gens et regnum quod non servient illi, peribit, e altre cose che meglio comme Ciro a congregarlo, e che gens et regnum quod non servierit illi, peribit. La religion peut donc être instrumentalisée par le politique (Oeuvres complètes d'Aggrippa d'Aubigné, Complots, Volumes 1 à 2, 1995 - books.google.fr). Au XVIe siècle, Postel a pu concevoir un messianisme à la fois gallican et ultra-catholique pour le roi de France. Les mythes millénaristes ressurgissent avec force sous Henri IV et sous Louis XIII, avec celui de la croisade, que Michaëlis fait sien. Le souverain, si contesté durant les guerres de religion, acquiert une aura messianique. Le désir de réforme de la chrétienté prend alors toute sa dimension eschatologique et politique. Un rêve de reformatio orbis dépasse la querelle médiévale des deux glaives, pouvoir séculier et pouvoir spirituel, dans un nouveau césaro-papisme qui réinvestit le roi d'une mission spirituelle. La restauration de l'autorité royale, indiscutable depuis le triomphe de Henri IV et la défaite d'une Ligue «monarchomaque», conduit un ancien ligueur comme Michaëlis ardent catholique et partisan d'une autorité forte, à resacraliser la monarchie dans cette mystique de l'État qui inspirera encore au XXe siècle les idéologies marxiste, fasciste ou nazie. Ainsi la possession catholique devient monarchiste et millénariste. Quelques années plus tard, Jean le Normant, sieur de Chiremont, impliqué en 1623 avec Nicolas de Montmorency dans le second recueil auquel participe François Dooms, l'Histoire veritable et memorable de ce qui s'est passé sous l'exorcisme de trois filles possedees suivie de De la vocation des magiciens, associe lui aussi possession diabolique, millénarisme et monarchisme. Dans De l'exorcisme, il affirme que «le dernier jour d'Avril de l'an 1611, le même jour et à la même heure que le prince de magie, Messire Louis Gaufridy, curé de Marseille, fut exterminé par la force de l'exorcisme, et brûlé», il est «attaqué par une fièvre la plus chaude et la plus furieuse que l'on saurait imaginer, qui me transporta au-delà des actions ordinaires, et jusques aux extraordinaires». Dans Notre-Dame de Paris, il annonce l'imminence de la fin du monde, la venue de l'Antéchrist, et appelle à la repentance. Il dit être resté possédé tout le temps qu'a duré le pouvoir de Concini. Il est exorcisé. Il souhaite à Louis XIII «la monarchie universelle de tout le monde [l'empire universel]», lui demande de résigner à Jésus sa royauté et de se déclarer seulement «son grand connétable en France» : Jésus veut avoir « son jour pour régner sur les hommes, jour qui pourrait bien être de mille ans.» Il demande encore au roi la généralisation de l'exorcisme. Le roi doit d'ailleurs lui aussi se faire exorciser. L'ancien débat de priorité entre l'Église et l'État est donc dépassé s'il s'agit d'un côté de réinstaurer une monarchie catholique, et de l'autre de réformer le clergé et d'en extirper les éléments corrompus afin de pouvoir ensuite purifier la société tout entière de l'hérésie et de Satan (Jean-Raymond Fanlo, L'Evangile du démon: La Possession diabolique d'Aix-en-Provence (1610-1611), 2017 - books.google.fr). |