Maximien Hercule

Maximien Hercule

 

X, 88

 

2242

 

Pieds & Cheval Ă  la seconde veille,

Feront entrée vastient tout par mer

Dedans le poil entrera de Marseille,

Pleurs, cris & sang, onc nul temps si amer.

 

En 310, Maximien se révolte contre Constantin pendant que l'empereur est en campagne contre les Francs. Il a été dépêché au sud d'Arles avec une partie de l'armée de Constantin pour contrer les attaques de Maxence dans le sud de la Gaule. À Arles, il annonce la mort de Constantin et prend la pourpre impériale. En dépit des pots-de-vin qu'il offre à tous ceux qui voudraient le soutenir en tant qu'empereur, la majeure partie de l'armée de Constantin lui demeure fidèle, et Maximien est contraint de partir. Constantin reçoit bientôt la nouvelle de cette révolte, abandonne ses actions militaires contre les tribus franques, et progresse rapidement vers le sud de la Gaule, où il affronte un Maximien fuyant à Massilia (actuelle Marseille). La ville est plus adaptée pour résister à un long siège qu'Arles, mais cela joue peu en sa faveur car des citoyens demeurés loyaux à Constantin lui ouvrent les portes arrière. Maximien est fait prisonnier, puni pour ses crimes, et dépouillé de son titre pour la troisième et dernière fois. Constantin se montre clément envers l'empereur déchu, mais le pousse fortement au suicide. En juillet 310, Maximien se pend sur son ordre. Malgré la rupture passée dans leurs relations, Maxence se présente lui-même après son suicide comme un fils dévoué envers son père. Ainsi il frappe des pièces de monnaie portant l'image divinisée de son père et exprime son désir de venger sa mort. Constantin présente d'abord son suicide comme une malheureuse tragédie familiale. Cependant, en 311, il diffuse une autre version. D'après celle-ci, après que Constantin lui a pardonné, Maximien aurait planifié l'assassinat de celui-ci dans son lit. Fausta, informée de ce complot, prévient son époux, qui place un eunuque pour le remplacer dans son lit. Maximien est arrêté lorsqu'il tue l'eunuque, et pour éviter l'humiliation, on lui offre de se suicider, ce qu'il accepte. En plus de cette propagande, Constantin instaure une damnatio memoriæ sur Maximien, détruisant toutes les inscriptions faisant mention de son nom et éliminant toute œuvre publique représentant son image (fr.wikipedia.org - Maximien Hercule).

 

"Poil" (d'autres Ă©ditions ont "port" - Marseille)

 

Il semble bien qu'il y ait eu à Marseille une vieille tradition relative au tombeau de Maximien. Cette tradition, repose-t-elle sur quelque réalité ? Je n'ose l'affirmer, mais enfin elle existait et c'est déjà un avantage sur Milan où il n'y avait rien. Deux textes, l'un antérieur à 1047 et l'autre du XIIème siècle au moins, prétendent que le mausolée de Maximien se trouvait à Marseille. La chronique de Novalèse note à l'année 1047 : "Cum dispositis insidiis genero suo Constantino mortem moliretur, deprehenso dolo apud Massiliam captus est ; nec multo post strangulatus, teterrimo supplicio adfectus, impiam vitam dignam mortem finivit. Circa igitur haec tempora apud civitatem sepulchrum ejusdem Maximiani Christianorum ingens persecutor inventum est.  Nam sicut nobis retulerunt qui interfuerunt, erat mirabiliter corpus ejus intus et extra unctione balsami et alia onnulla genera odoramentorum opido perfusum corpus quoque ejus totus integer, tetra pilo, caro candida barba permaxima : ad caput vero eius pocula erat auro aurigo, plena balsami. Ipse vero in locello plumbeo quiescebat, in quodam labro ex marmore candidissimo cum litteris aureis desuper scriptis Nam consilio Raimbaldi archiepiscopi Arelatensis et ceteris fidelibus actum est ut in mari magno cum totis labris iactaretur. Nam diebus ac noctibus maris aequora ibi videntur semper ardere ubi iactatum est corpus eius". [...]

 

Mais à part cette mer, qui jour et nuit a des reflets d'incendie, le reste de l'anecdote se maintient dans les limites d'une vraisemblance acceptable. Le cercueil de plomb cadrerait mal avec le luxe d'un labrum impérial, s'il n'expliquait l'état de conservation où se trouvait le corps. Les autres détails sont admissibles : état du cadavre dû aux parfums aux onguents et au cercueil plombé, la barbe très longue, l'inscription intérieure en lettres d'or, le corps couvert de poils, la coupe en or, tout cela ne dépasse pas la normale. L'inscription externe ayant été martelée, le personnage enseveli a pu être identifié par celle de l'intérieur. On comprend pourquoi privés au dehors d'indications visibles et précises, la trace du mausolée et le nom de l'occupant avaient pu être oubliés, ou perdus. L'intervention de Raimbault d'Arles est toute naturelle. Familier de la cité phocéenne où il résidait très souvent, grand voyageur, son rôle en cette circonstance ne doit pas étonner. Enfin au moment où écrivaient les moines de la Novalèse, située beaucoup plus près de Milan que de Marseille, si un tombeau quelconque, ou même le simple souvenir d'une sépulture de Maximien, avaient existé encore dans la ville lombarde, ils l'auraient certainement signalé ; s'ils ne l'ont pas fait, c'est qu'aucun tombeau et aucune tradition relative à Maximien n'existaient alors dans cette ville (Mémoires et bulletins, Volumes 20 à 23, Institut historique de Provence, 1944 - books.google.fr).

 

"vastient" (d'autres éditions ont "vastant" - dévaster)

 

Vaitier, Vaiter, Vastier, v. a. et a. C. Guetter (Aristide Déy, Vocabulaire, Bulletin, Société d'agriculture, sciences, commerce et arts du départment de la Haute-Sâone, Vesoul, 1882 - books.google.fr).

 

Il paraît même qu'il s'efforça d'attirer à son parti son fils Maxence; mais il n'avait point encore pu terminer cette négociation ni affermir soni autorité, lorsque la célérité de Constantin renversa toutes ses espérances. Ce prince ne fut pas plus tôt informé de l'ingratitude et de la perfidie de son beaupère, qu'il vola avec une diligence incroyable des. bords du Rhin à ceux de la Saône. Il s'embarqua à Châlons sur cette dernière rivière. Arrivé à Lyon, il s'abandonna au cours rapide du Rhône, et parut aux portes d'Arles avec des forces auxquelles Maximien ne pouvait espérer de résister; il eut à peine le temps de se réfugier dans la ville de Marseille, voisine de la ville d'Arles. La petite langue de terre qui joignait cette place au continent était fortifiée, et la mer pouvait favoriser la fuite de Maximien ou l'entrée des secours de son fils, si Maxence avait intention d'envahir la Gaule, sous le prétexte honorable de défendre un père malheureux, et qu'il pouvait prétendre outragé (Edward Gibbon, Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain. traduite par M. de Septchênes, Tome 3, 1789 - books.google.fr).

 

"seconde veille"

 

Sur la seconde veille de la nuit, Maximien se coule dans l'antichambre, où il n'y avoit que quelques soldats Prétoriens qui l'arrêtèrent ; mais comme il leur dit qu'il devoit entretenir l'Empereur d'une affaire de conséquence, ils le laissèrent passe . Il entre par une porte qui se trouva entr'ouverte, s'avance vers le lit de Constantin, & égorge un Eunuque, qu'on y avoit fait coucher exprès, & qui encore qu'averti du complot, n'eut pas le tems de se mettre en défense. Après qu'il eut fait son coup il sortit, & pour engager ceux du Palais qu'il croîoit dans ses interêts à le déclarer sur le champ Empereur, il se vanta d'avoir tué Constantin (Bernard de Varennes, Histoire de Constantin le Grand, premier empereur chrétien, 1728 - books.google.fr).

 

"Pieds & Cheval"

 

115. ANONYME OU L'EMPEREUR JULIEN (suivant Tretzès, Chil., VII, 94). Sur un hippocentaure. - De l'homme s'est échappé un cheval, il a jailli du cheval un homme, homme sans ses pieds et cheval sans sa tête. Le cheval rote en homme, et l'homme pète en cheval (Anthologie de Planude - remacle.org).

 

Planude, au XIVe S., a sauvegardé trois addenda concernant des princes dont la biographie n'a pu être écrite par notre Eusébe : ce sont Maximien Hercule, Constance Chlore et Gratien (Jean-Pierre Callu, Culture profane et critique des sources de l'Antiquité tardive: trente et une études de 1974 à 2003, 2006 - books.google.fr).

 

Dioclétien en prenant le nom de Jovius et en imposant à Maximien celui d'Herculius, a voulu préciser les fondements religieux du pouvoir impérial, assurant l'indépendance des empereurs à l'égard des hommes et des dieux,  mais le choix d'Hercule reste, dans une certaine mesure, contingent, et lié à la culture d'une époque (Marie-Madeleine Mactoux, Pénélope. Légende et mythe. Besançon : Université de Franche-Comté, 1975. Annales littéraires de l'Université de Besançon, 175 - www.persee.fr).

 

Dioclétien, en Jupiter, passait aux yeux des contemporains pour incarner la haute sagesse directrice du maitre de l'Olympe ; son collègue Maximien, en Hercule, la force matérielle et brutale du pouvoir exécutif, la tête et le bras, l'une gouvernant, l'autre protégeant l'Empire (Charles Clermont-Ganneau, Études d'archeologie orientale, Tome 44, 1880 - books.google.fr).

 

Une pièce de Maximien Hercule est gravée d'un Hercule tenant un centaure par les cheveux et près à l'assommer (Henry Cohen, Description historique des monnaies frappées sous l'Empire Romain communément appelées, médailles impériales, Tome 6, 1886 - books.google.fr).

 

La description se trouve chez Montfaucon, p. 137 (Bernard de Montfaucon, L'Antiquité expliquée et représentée en figures, Tome 4, 1724 - books.google.fr).

 

Le centaure présente une ambiguïté symbolique. Il apparaît comme un terrain de conflit entre les instincts et la raison et illustre la victoire fréquente de ces instincts (Aurèle Meyers, Le symbolisme animal, Collection of foreign Veterinary medical theses and dissertations, 1996 - books.google.fr).

 

Acrostiche : PF DP

 

PF : Pius Felix :

 

Maximien Hercule (ou simplement Maximien), Imperator Caesar Marcus Aurelius Valerius Maximianus Herculius Pius Felix Invictus Augustus en latin (vers 250 - juillet 310), communément appelé est César (empereur romain adjoint), avec le titre de Nobilissimus Caesar, à partir de juillet 285 et Auguste à partir du 1er avril 286 jusqu'au 1er mai 305. Il partage ce dernier titre avec son coempereur et supérieur, Dioclétien, dont l'esprit politique complète la force au combat de Maximien. Maximien établit sa résidence à Trèves mais passe la plupart de son temps en campagne (fr.wikipedia.org - Maximien Hercule).

 

DP : damnatio perpetua :

 

Présentée comme l'issue du jugement dernier, ou l'opposé de la vie éternelle, la damnation perpétuelle est un sujet fréquent dans les sermons. Hugues de Saint-Cher rappelle que tous ceux qui ne méritent pas la vie éternelle auront pour héritage la damnation perpétuelle. En effet, la damnation perpétuelle sanctionne une vie passée dans le  péché. Ces vices sont comparables à la nuit, car ils conduisent l’homme vers la nuit éternelle, où la peine subie correspond exactement aux péchés commis quant à son  mode, son nombre, sa quantité et sa qualité. Le seul moyen pour échapper à la peine éternelle, est de les changer contre des peines temporelles, affirme Hugues. Aussi faudrait-il considérer la peine des autres afin d’éviter la tentation du péché. 816 Dans le même ordre d’idée, un des bienfaits du travail est qu’il occupe le moment où l'homme pourrait être tenté, ainsi il le sauve de la peine éternelle (theses.univ-lyon2.fr).

 

Martial se moque des chauves (V, 49 ; VI, 57; X, 83; XII, 45), alors que Domitien était chauve et le supportait mal (Suétone, Vies des douze Césars, « Domitien » 18; Juvénal, Satires IV, 38, l'appelle «le Néron chauve» (Étienne Wolff, Martial ou l'apogée de l'épigramme, 2016). Néron Chauve ou Chauve Néron d'où peut-être par contraction en ancien français (avec le l de calvus) "Chaulveron" (Satires de D. J. Juvénal, Volume 1, traduit par A. V. D. P. Fabre de Narbonne, 1825) : cf quatrain IX, 76 - Batailles de Bédriac - 2159-2160.

 

Devenu chauve, Domitien n'admettait, paraĂ®t-il, nulle allusion Ă  cette infirmitĂ© ; et SuĂ©tone d'imputer tranquillement Ă  une susceptibilitĂ© maladive le traitĂ© composĂ© par l'empereur Sur les soins de la chevelure, qu'agrĂ©mentaient des citations homĂ©riques, et oĂą l'on serait plus naturellement portĂ© Ă  voir le signe d'un humour prenant appui sur une rĂ©elle culture. Au total, l'intention du biographe, dans une logique de uituperatio, de dĂ©nier Ă  Domitien tout intĂ©rĂŞt vĂ©ritable ainsi que toute compĂ©tence en la matière ne prĂŞte guère Ă  contestation

 

Avec Domitien, la damnatio memoriae atteignit un degré de perfection et d'efficacité qu'elle n'avait donc pas connu auparavant : la continuité politique assurée, juste après le meurtre de l'empereur, par Nerva puis Trajan fit de la destruction de la mémoire un principe du nouveau pouvoir dont témoigne éloquemment, entre autres, le Panégyrique de Pline. Le modèle resservit plus tard, mais il ne fut jamais aussi parfaitement reproduit ou ne connut jamais la même ampleur. Des réhabilitations postérieures, comme dans le cas de Commode, choisi comme frater par Septime Sévère, vinrent atténuer les effets d'une damnatio déjà effective. La brièveté d'un règne, comme dans le cas de Macrin et de Diaduménien, réduisit à peu de choses les conséquences concrètes de la condamnation post mortem. Elagabal, éliminé avec son entourage par les soins de Iulia Mammaea, subit sans doute une damnatio radicale, mais ses quatre années de règne n'avaient pas suffi à implanter profondément une culture aussi étrangère que celle que le prêtre d'Emèse voulait répandre dans la Rome impériale : l'œuvre portait en elle-même sa propre condamnation et les manœuvres politiques de Mammaea et de ses alliés ne firent qu'entériner une situation de fait. Au Même siècle, avec les usurpations et les successions tragiques, la condamnation du prédécesseur au trône devint monnaie courante et le processus de la damnatio memoriae perdit rapidement son sens et son efficacité. Domitien, le premier à subir au sens plein du terme cette atteinte à la mémoire, fut aussi probablement celui qui la subit de la façon la plus accomplie. Il convient d'en mesurer l'ampleur et les conséquences, proches ou lointaines (Jean-Marie Pailler, Robert Sablayrolles, Damnatio memoriae : une vraie perpétuité ?. In: Pallas, 40/1994. Les années Domitien - www.persee.fr).

 

Autre damnatio

 

De 1585 à 1596, la cité phocéenne adhère à la Sainte Ligue catholique et entre ainsi en rébellion contre Henri III puis Henri IV. Le 17 février 1596, le meurtre du premier consul Casaulx et l’ouverture des portes de la ville au duc de Guise marquent la soumission de la ville à l’autorité royale. Trois jours plus tard, le nouveau Conseil de ville, réuni pour la première fois, rend diverses délibérations dont deux viennent fixer la mémoire officielle des événements. L'étude de ce document invite à examiner les enjeux conduisant les autorités à mettre immédiatement en mémoire les faits. Ces délibérations font apparaître un double jeu dans la politique des élites municipales qui tentent d’imposer une mémoire unificatrice et positive pour la ville tout en la faisant correspondre aux attentes de la royauté. Leur analyse permet ainsi d’identifier les stratégies municipales utilisées afin de réglementer la mémoire et de la transmettre aux habitants de Marseille.

 

Ville très catholique, Marseille rejoint rapidement la Ligue, grâce notamment au soutien du peuple, et y adhère officiellement en mars 1589. Après deux années d’affrontements entre deux factions de ligueurs, les plus radicaux l’emportent avec à leur tête Charles Casaulx, élu premier consul en octobre 1591. La cité est dominée par un duumvirat composé de Charles de Casaulx et de Louis d’Aix. Le Conseil de ville profite de la situation pour accroître l’autonomie de Marseille, rompre avec le Parlement d’Aix et se rapprocher de deux puissances étrangères catholiques : le duc de Savoie, le grand-duc de Toscane ou encore le roi d’Espagne. Alors qu’à partir de 1595, les villes ligueuses du royaume négocient leur ralliement à la couronne, la cité phocéenne refuse de prêter allégeance à Henri IV, pourtant converti au catholicisme. Le 17 février 1596, alors que le duc de Guise s’apprête à assiéger la ville pour le roi, Charles Casaulx est assassiné. La ville ouvre alors ses portes aux troupes royales, mettant fin au long épisode ligueur et à la «dictature de Casaulx», épisode connu sous le nom de «réduction de Marseille».

 

Ligueur de la première heure et proche de Casaulx, le corse Pierre Baglione dit Libertat met ainsi à exécution l’un des nombreux complots visant à éliminer le consul. En effet, le 10 février 1596, à Toulon, le duc de Guise passe un accord avec des conjurés marseillais pour assassiner Casaulx. Selon les termes de cet accord, les hommes ayant participé au complot sont récompensés par l’obtention de charges et fonctions honorifiques, parmi lesquelles l’office au Conseil de ville. Les délibérations prises le 20 février 1596 sont ainsi rendues par le viguier Pierre de Libertat, Ogier Riquety, Gaspard Seguin et Désiré Mostiers respectivement premier, deuxième, et troisième consuls ainsi que maître Nicolas de Bausset, assesseur, élus deux jours auparavant, conformément à l’accord de Toulon. Trois jours après la fin brutale de la domination de la Ligue, ces derniers cherchent à la fois à assurer l’ordre et la police dans la ville, à rendre grâce à Dieu et à établir une mémoire officielle des récents événements.

 

La transcription de la délibération débute avec les remontrances et propositions présentées par le premier consul à l’assemblée générale, composée du Conseil de ville et de nobles acquis à la cause royale. Ce début, très classique, inscrit le document dans la catégorie des écrits administratifs urbains adressés à la population et construits selon un schéma très normé comportant la présentation des points à l’ordre du jour puis les décisions prises. Le discours du premier consul Riqueti présente la situation de la cité au 20 février et les mesures qui lui semblent indispensables pour rétablir la paix ; la première description officielle des récents affrontements apparaît alors en filigrane. Elle permet tout d’abord de stigmatiser Charles Casaulx, Louis d’Aix et leurs fidèles comme seuls responsables de la rébellion de la cité. À sa libération, la population semble divisée en deux : une minorité de ligueurs, reclus dans l’église Saint-Victor, et une majorité de loyalistes dont les nouveaux officiers municipaux. Cette division nette travestit la réalité en minimisant l’adhésion de la cité à la Ligue, particulièrement celle des nouveaux officiers ayant participé activement au mouvement avant de se ranger du côté de la monarchie.

 

De plus, la description permet de caractĂ©riser les Ă©vĂ©nements du 17 fĂ©vrier Ă  la fois de «faveur du ciel de voir [Marseille] dĂ©livrĂ©e» et de «RĂ©duction de [la] ville en l’obĂ©issance du roi». Or, depuis le dĂ©but des guerres de Religion, «DĂ©livrance» et «RĂ©duction» des villes rĂ©pondent Ă  des scĂ©narios opposĂ©s : le premier rĂ©sulte d’une victoire et le second d’une dĂ©faite. Le rĂ©cit de la ville dĂ©livrĂ©e renvoie Ă  un imaginaire religieux et mĂ©moriel commun : celui de JĂ©rusalem terrestre et cĂ©leste, citĂ© libĂ©rĂ©e grâce aux croisades et Ă©lue de Dieu lors de l’apocalypse. DĂ©finir la victoire contre l’ennemi ligueur comme une «DĂ©livrance» permet de placer l’évĂ©nement dans un contexte messianique et de faire intervenir Dieu dans la destinĂ©e de la citĂ© au sein d’un rĂ©cit providentialiste. Les autoritĂ©s urbaines imposent ainsi une lecture religieuse de la conjuration contre Casaulx dont la mort tĂ©moigne du châtiment divin face Ă  sa rĂ©bellion contre le roi. Les autoritĂ©s urbaines ne s’attachent pas seulement Ă  dĂ©finir les Ă©vĂ©nements du 17 fĂ©vrier 1596 comme une «DĂ©livrance», elles la qualifient aussi de «RĂ©duction» de la citĂ©. L’entrĂ©e du roi dans Paris le 22 mars 1594 a provoquĂ© une vague de ralliements des villes ligueuses Ă  la couronne concrĂ©tisĂ©s par l’octroi, Ă  chacune des citĂ©s, d’un «Édit de rĂ©duction Ă  l’obĂ©issance du roi». En caractĂ©risant immĂ©diatement l’ouverture des portes de la ville Ă  l’armĂ©e de Guise de «RĂ©duction», les consuls marseillais devancent l’autoritĂ© royale. La dĂ©faite acquiert un caractère positif : celui de la ville qui retrouve le chemin de la loyautĂ©. Ainsi qualifiĂ©s, les Ă©vĂ©nements du 17 fĂ©vrier 1596 deviennent Ă  la fois la preuve de l’élection divine de la citĂ©, du triomphe de la justice sur la dictature et la marque de la soumission de la ville au roi.

 

En complément de cette politique de mise en mémoire, les édiles décident de condamner Louis d’Aix et Charles Casaulx à la damnatio memoriae. Au-delà de la mort et du bannissement perpétuel, ces deux hommes et leurs fidèles sont frappés dans ce qui reste après la mort de l’un et l’exil de l’autre : la mémoire. La condamnation du souvenir est précisée comme la suppression de toutes les traces urbaines leur rendant hommage. Mais cette règle, d’oubli en apparence est avant tout la création d’une nouvelle mémoire : que le nom de ceux qui ont trahi ne soit plus célébré dans la cité. Biffer leurs «marques et armoiries» revient à supprimer les honneurs rendus à ces hommes pour ne laisser visible que la marque de leur déchéance. En outre, les marques de burins et de marteaux, loin de susciter l’oubli, créent un vide, une trace qui fait rupture dans l’espace urbain, et dont la puissance d’évocation s’avère aussi forte que celle de la mémoire prescrite. Les traces urbaines de la damnatio memoria, matérialisant la faute et la punition, assurent que nul ne puisse l’oublier (Maïté Recasens, Imposer la mémoire. La «Réduction de Marseille» (17 février 1596), Parlement[s], Revue d'histoire politique, 2020/3 (N° HS 15) - www.cairn.info).

 

Victor

 

Victor de Marseille (né à une date inconnue et mort le 21 juillet 303 ou 304 à Marseille) était un militaire romain, officier dans la légion thébaine entièrement composée de chrétiens, massacrée sous le règne des empereurs Dioclétien (285-305) et Maximien Hercule (285-305) à Agaune (aujourd'hui Saint-Maurice, en Suisse). (selon Eucher, archevêque de Lyon) Selon Amédée Thierry, historien au XIXe siècle, Victor, officier dans la garde de l'empereur, serait arrivé à Marseille à l'occasion d'une visite dans la ville de l'empereur Maximien Hercule.

 

Victor ayant refusĂ© de sacrifier aux dieux, le juge en colère ordonne que le pied ayant donnĂ© le coup soit coupĂ©, puis, comme Victor refuse toujours de sacrifier, ordonne de le mettre sous la meule du boulanger, entraĂ®nĂ©e par un animal, oĂą le grain est habituellement moulu. Les ChrĂ©tiens de Marseille, qui avaient vu oĂą le corps avait Ă©tĂ© jetĂ© dans la mer, allèrent le rĂ©cupĂ©rer, puis l'enterrèrent en hâte, dans l'ancienne carrière grecque devenue nĂ©cropole, Ă  flanc de colline. 32 chrĂ©tiens moururent en martyr Ă  cette Ă©poque. Ă€ cet emplacement, fut par la suite construite une abbaye Ă  laquelle son nom fut donnĂ© : l'abbaye Saint-Victor de Marseille (fr.wikipedia.org - Victor de Marseille).

 

Victor est fêté le 21 juillet.

 

Sa notice se trouve dans le légendier de Pierre Calo, dominicain vénitien (Chioggia), mort vers 1348.

 

IN FESTO B. VICTORIS M. Inc. Victor miles sub Maximiano in urbe Massilia passus est - Des. emisit spiritum (Analecta bollandiana, Volume 29, 1910 - books.google.fr).

 

Auquel fait suite celle de Marie Madeleine, fêtée le jour suivant 22 juillet, réputée par ailleurs avoir débarqué en Provence avec des compagnons, dont Maximin (Louis Duchesne, La légende de Sainte Marie-Madeleine. In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 5, N°17, 1893 - www.persee.fr).

 

S. MARIAE MAGDALENAE . Inc. prol. Maria interpretatur mare amarum – Inc Maria Magdalene a Magdalo castro cognominata Des haec omnia enarravit (Analecta bollandiana, Volume 29, 1910 - books.google.fr).

 

"amarum" : "amer" (Gaffiot).

 

Typologie

 

Le report de 2242 sur la date pivot 310 donne -1622.

 

Epoque du roi d'Assyrie Ascatadès (Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'hist. univers., sacrée et proph., ecclésiast. et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1762, 1763 - books.google.fr).

 

Le dix-huitième roi qui gouverna les Babiloniens, fut Ascatadès, qui rĂ©gna 41 ans, et soumit la Sirie entière Ă  sa puissance. L'an 13 de son règne, la vigne fut, dit-on, inventĂ©e chez les Grecs ; la mĂŞme annĂ©e, Dardanus fit pĂ©rir Jasius par fraude ; et fuyant en Samothrace, il s'y cacha longtems. Jasius Coribante, fils de Jasius, lui succĂ©da, L'an 8 d'Ascatades, Cenchrès vaincu par la magie des HĂ©breux, pĂ©rit dans la mer. Il rĂ©gnait sur les Egiptiens, et Acherrès lui succĂ©da. Lusus gouverna les Celtibères, Allobrox les Celtes, et Romanessus fils de Roma les Aborigènes Italiens. Ce dernier, consacrĂ© le premier Saturne, mourut bientĂ´t après, et son fils Picus l'ancien lui succĂ©da. La dernière annĂ©e d'Ascatades, Ato donna Ă  Dardanus une partie des champs de Mæonie, et c'est ainsi que commença le royaume de Troie : Dardanus laissa les droits qu'il pouvait avoir dans le royaume d'Italie Ă  TurrhĂ©nus, fils d'Ato. TurrhĂ©nus Ă©tant abordĂ© dans l'Italie, Janigène y fut accueilli par Cibele et Coribante, ainsi que par les descendans d'Hercules ; on lui donna l'hospitalitĂ©, et le droit de citĂ© Ă  RazĂ©nua. TurrhĂ©nus, Ă  son tour, donna un grand nombre de bijoux de Mæonie qu'il avait apportĂ©s. Quant Ă  Coribante et Ă  Cibèle, après avoir fondĂ© une dinastie de douze chefs, sur douze peuples pris parmi les Janigènes, ils se rendirent en Phrigie. Sous ce mĂŞme règne d'Ascatades, les Egiptiens eurent pour rois Cherrès et ArmĂ©us qui fut surnommĂ© DanaĂĽs, et Ramesses Ă  qui l'on donna le nom d'Égiptus. Telles sont en très-peu de mots les traditions que nos ancĂŞtres nous ont laissĂ©es, sur les premiers royaumes du monde, depuis le premier dĂ©luge de Janus, jusqu'Ă  la fondation du règre de Dardanie (Agricol-Joseph-François-Xavier-Pierre-Esprit-Simon-Paul-Antoine Fortia d'Urban, Tableau historique et gĂ©ographique du monde, depuis son origine jusqu'au siècle d'Alexandre, c'est-Ă -dire, jusqu'au quatrième siècle avant l'ère chrĂ©tienne inclusivement, Volumes 1 Ă  2, 1810 - books.google.fr).

 

Selon Lenglet, Moïse sortit les Hébreux d'Egypte en -1596 soit en l'an 37 du règne d'Ascatadès.

 

Pour une histoire de cheveux au temps de l'Exode et d'Ascatadès : Tresor chronologique et historique, par le pere dom Pierre de S. Romuald, Tome 1, 1642 - books.google.fr.

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