Mélèze et Platane X, 25 2195-2196 Par Nebro ouurir de Brisanne passage, Bien esloignez el tago fera moestra : Dans Pelligouxe sera commis l'outrage, De la grand dame assise sur l'orchestra. Pelligoux :
Pelligouze, Pelagosa Les îles Pelagosa,
au milieu de l'Adriatique entre le Gargano et la côte dalmate, sont appelées
Pelligouze en ancien français. Dans la partie nord-est de la grande Pelagosa se trouve
une petite anse qui peut recevoir des bâtiments d'un très faible tonnage. En 1298, les Génois livrèrent aux
Vénitiens, à Pelagosa, une bataille dans laquelle ceux-ci perdirent
soixante-six galères. L'amiral Andrea Dandolo fut fait prisonnier avec sept
mille des siens (Denis
Possot, Charles Philippe, Le Voyage de la Terre Saint (1532), 1971 -
books.google.fr). La défaite de Venise face aux Génois eut lieu en 1298, le
8 décembre, jour de la nativité de Notre Dame.
La bataille est aussi appelée du nom d'une autre île Curzola. La grande dame peut être une personnification de Venise. La Seigneurie de Venise ou Seigneurie Sérénissime (en
italien Serenissima Signoria), était l'organe suprême du gouvernement de la république
de Venise, et le nom par lequel il était désigné. Il était constitué par : le
doge ; le Minor Consiglio (« Petit Conseil »), créé en 1175 et composé des six
conseillers du doge ; les trois chefs du tribunal de la Quarantie, juridiction
suprême créée en 1179. On considérait que le véritable sommet de l'État était
constitué par la Seigneurie, et non pas par le doge : la Seigneurie
représentait la souveraineté de la république. Ainsi, à la mort du doge, on
prononçait rituellement la formule : si è morto il Doge, no la Signoria («si le
Doge est mort, la Seigneurie ne l'est pas»). La Seigneurie présidait tous les
conseils de la République, à savoir le Sénat, le Grand Conseil et le Conseil
des Dix sur ce qui portait sur ses recommandations, les propositions étant
débattues en accord avec le collège des Sages (Collegio dei Savi) (fr.wikipedia.org -
Seigneurie de Venise). Le Sénat de Venise En 1298, le doge Gradenigo fit passer une loi qui abolit les élections annuelles, et fixa irrévocablement dans le sénat tous les membres de cette année et leurs descendants à perpétuité. Ainsi fut établie la redoutable aristocratie de Venise, qui soutint sa puissance pendant cinq siècles (Conrad Malte-Brun, Géographie universelle, Tome 3, 1862 - books.google.fr). Dans l'antiquité romaine, outre la participation aux délibérations du Sénat, la
constitution aristocratique et timocratique de l'Etat romain avait confié aux
sénateurs une mission très importante en ce que, jusqu'à l'époque des Gracques,
la liste dans laquelle étaient choisis les juges qui avaient à siéger dans les
différents procès était composée exclusivement, et plus tard en partie (sauf
pendant peu de temps, après C. Gracchus), de sénateurs. Le Sénat, comme l'ordre
équestre, avait aussi ses insignes et ses privilèges honorifiques. Quant aux
privilèges, Suétone' les résume en ces termes (il parle d'Auguste) :
Servavitque etiam excusantibus insigne vestis et spectandi in orchestra
epulandique publice jus. Comme l'ordre des chevaliers dont, du reste, ils
étaient issus et auquel ils appartenaient en un certain sens, les sénateurs
avaient le droit de porter l'anneau d'or (anulus aureus), et, lorsque dans des
cas de grand et imminent danger (in tumultu) ou de deuil public (in luctu
publico) le Sénat décidait de manifester, par la tenue extérieure, les
sentiments publics (vestem mutare), ses membres revêtaient précisément le
costume des chevaliers ; ce trait montre d'une manière frappante les
relations qui existaient entre les deux ordres. En temps ordinaire, le sénateur
se distinguait du chevalier par la large bordure pourpre (latus clavus) de sa
tunique, ainsi appelée par opposition à la bordure étroite (angustus clavus)
des chevaliers, et par une chaussure de forme particulière (calcei). Au théâtre, les sénateurs avaient leurs
places réservées à l’orchestra qui, dit-on, leur furent assignées seulement en
194 avant J.-C. Au cirque, ils eurent aussi, à partir d'Auguste, des
gradins séparés 8 ; mais c'est Claude qui parait avoir régularisé ce
privilège'. Chaque année, le 13 novembre, les sénateurs avaient, au Capitole,
un festin en l'honneur de Jupiter (epulum Jovis, cena Dialis) (Johan
Nicolai Madvig, L'Etat romain: sa constitution et son administration, Tome 1,
traduit par Charles Morel, 1882 - books.google.fr). Dans la salle du
Sénat, Tintoret peignait Venise reine des mers, assise, en costume de
dogaresse, dans un cercle de divinités marines. Dans la salle de
l'Anticollège, Véronèse représentait Venise trônant sur le monde, la couronne
en tête, le sceptre en main, vêtue d'hermine et d'or et, couché à ses pieds,
gardien vigilant et fidèle, le lion de saint Marc (Charles
Diehl, Venise, une république patricienne (1915), 2013 - books.google.fr). La grande Dame de Marco Polo G.B. Ramusio (Delle Navigationi e Viaggi, 1550) fait
Marco Polo capturé à la bataille de Pelagosa en 1298. Fait prisonnier par les Gênois, pour tromper l'ennui de
sa captivité et comme à la fois sa mémoire et son don de conteur sont
prodigieux, il dicte ses souvenirs à l'un de ses codétenus, Rusticello de Pise (Jacques
Blais, Présence d'Alain Grandbois avec quatorze poèmes parus de 1956 à 1969,
1974 - books.google.fr). Au début de 1291, une grande dame chinoise, Cocacin, dut
prendre la mer pour rejoindre son futur époux, l'Il-Khan de de Perse, Argoun,
et les Vénitiens saisirent l'occasion pour repartir; ils s'offrirent pour
l'accompagner. Le voyage maritime fut long. La princesse et les Vénitiens ne
débarquèrent en Perse qu'au printemps 1293. Il leur fallut encore remonter vers
le nord de la Perse pour remettre Cocacin à Ghazan, le fils d'Argoun. Puis,
après un séjour de neuf mois auprès du nouvel Il-Khan, Ghaïkhatou, ils
rejoignirent par Tabriz la mer Noire à Trébizonde. La ville était acquise aux
Génois. L'empereur Jean Comnène laissa dépouiller les voyageurs d'une somme
importante, exaction pour laquelle en 1310 Maffeo réclamait encore des
indemnités. Enfin, ils rentrèrent à Venise après avoir fait escale à
Constantinople, puis Nègrepont en Eubée. C'était en 1295 (Pierre-Yves
Badel, La Description du monde de Marco Polo, 2012 - books.google.fr). En Perse coule la rivière Brizana (Arrien) ou Brisoana
(Ptolémée) qui se jette dans le Golfe persique (le Dalem) dans la région du
Farsistan (à Bandar Deylam) (William
Vincent, Voyage de Néarque, traduit par Jean
Baptiste Louis Joseph Billecocq, 1800 - books.google.fr). "el rago fara moestra" Cela ressemble à de l'occitan ou du franco-provençal. Franco-provençal. - Ragachou «gamin, tout jeune homme»,
Lyon, 1628 (cf. Puitspelu, Dict. étym. du patois lyonnais, Lyon, 1890) ; ragot
«berger» (ALF, 128) ; raga «fille» et rago «fils» (ALF, 570 et 572 B, pt
italien 966) ; rago «les garçons» (ALF, 624, 966) ; deletyè o rago «sevrer un
nourrisson» V. aussi Pauli, op. cit., p. 144 : «Dans
les patois franco-prov. de la Savoie et de la vallée d'Aoste, on trouve des
dérivés du même radical qui ont pris, comme les formes ital., le sens de «jeune
garçon». Ragat, rago «petit garçon, marmot» est employé dans le parler de
Sainte-Foy, Savoie». Pauli rattache au même rad. rache (Sainte-Foy) et ragache,
qui se dit à Genève dans les acceptions péjoratives de «taquin, tenace, avare».
V. aussi FEW, X, p. 29-31 : Aoste : raga «fillette» ; ragataille «troupe d'enfants»
; raguetta «toute jeune fille» ; raguet «tout petit garçon» (Pierre
Bec, Per un païs: écrits sur la langue et la littérature occitanes modernes,
Revue de linguistique romane, 1963 - books.google.fr). "échantillon" nm : eschantilhon, eichantilhon, escapolon ; moestra (nf) (F) (www.locongres.org). Si l'occitan fara (prononcé “faro") n'est plus
compris aujourd'hui, il l'était encore au XVIIIe siècle dans les Cévennes. En
effet, De Sauvages le traduit (dict. languedocien-français, S.V.). Fara comme
“fère" des pays d'oïl (Aisne et Marne) viendrait du germanique commun et
plus précisément de fara (lombard) proprement “famille”, passé au sens de
“domaine d'une famille, propriété rurale”. Selon M. Soutou, il désignerait les
vestiges d'un habitat ancien (Revue internationale d'onomastique, mars 1963, p.
63) (Architecture
ancienne et urbanisme en Ardèche: actes du colloque de Vinezac, 1986, Volume
120, 1986 - books.google.fr). Briançon Ce qui conduirait à considérer le "Nebro" en
rapport avec la région linguistique couverte par le franco-provençal. D. Nebro signifie
Druentia Nerbo, nom latin de la Durance (Eric
Muraise, Saint-Rémy de Provence et les secrets de Nostradamus, 1969 -
books.google.fr). Honoré Bouche
(Chorographie de Provence, 1664) associe les Brigiani à la cité de Briançon (Philippe
Casimir, Le trophée d'Auguste a La Turbie, 1932 - books.google.fr). Ce qui empèche de penser à Briançon, c'est que les
Brigiani sont mentionnés sur le Trophée parmi les peuples maritimes, et qu'il
est douteux que Briançon n'ait pas fait partie dès l'origine des Alpes
Colliennes. De plus, Briançon s'est appelé dès l'origine Brigantio ( C. I. L. , XII , p . 15 , n ° 95 et 96 ). Briançonnet a
été, d'autre part, le chef-lieu, et fort important, d'une cité que les textes
épigraphiques appellent BRIG (Camille
Jullian, La source du Var et les cols
transversaux des Alpes, Revue des études anciennes, Volumes 14 à 15, 1967 -
books.google.fr). Le troubadour de Villarnaud manifestait alors une aversion similaire envers l'un des alliés de Guilhem IV, le dauphin Guigues André de Viennois qui, à la suite de son mariage avec Béatrice de Sabran, petite-fille du comte de Forcalquier, avait reçu en juin 1202 le Gapençais en dot. Il écrivit contre «le comte-dauphin Guigues, au coeur lâche et craintif d'enfant» (v. 12-13) un sirventes alors «qu'il perd la pays de Gap par sottise» (v. 6-7), peut-être à l'occasion de l'une des campagnes d'Alphonse II dans le pays de Gap ou alors qu'il préparait la répudiation de son épouse qui allait lui coûter sa dot. Si Villarnaud ne ressent guère de sympathie à l'égard du nouveau seigneur du Gapençais, il éprouve des sentiments bien différents vis-à-vis de l'aristocratie locale - «Mais ses barons sont vaillants. S'ils l'aident, tout ce qui lui est enlevé, là-bas, au-delà de la Durance, sera rapidement reconquis» – et vis-à-vis du comte de Provence auquel il envoie en souvenir son sirventès (Martin Aurell, La vielle et l'épée: troubadours et politique en Provence au XIIIe siècle, 1989 - books.google.fr, François Raynouard, Choix des poésies originales des troubadours, Tome 5, 1820 - books.google.fr). Depuis la fin du XIe siècle, l’espace regroupant les deux
diocèses relève du comté de Forcalquier et de la famille d’Urgel. Mais
l’autorité des comtes est théorique, car l’évêque de Gap et l’archevêque
d’Embrun prétendent cumuler les pouvoirs temporels et spirituels, tout en
prêtant l’hommage vassalique au comte. À Embrun, bien que le comte soit le
dominus, le seigneur, il en partage les prérogatives judiciaires et fiscales
avec l’archevêque depuis 1177. Dans la région, le suzerain est l’empereur
germanique, mais il est loin et l’obéissance qui lui est due n’est guère
contraignante. À Gap, en 1178 et 1184, l’empereur Frédéric Ier a même accordé à
l’évêque le privilège d’immédiateté qui le dégage de toute soumission envers
les comtes de Forcalquier et lui donne la moitié des regalia sur la cité (voir
lexique). Cette quasi indépendance génère des tensions
entre 1180-1184, les habitants se révoltant contre le viguier du comte avec le
soutien épiscopal. Mais la répression impose l’obéissance à la cité et au
prélat. Dans le Champsaur et le Briançonnais les comtes d’Albon (futurs
dauphins de Viennois) s’implantent durablement par des achats de droits
féodaux, de terres et de castra. La situation politique bascule en faveur des
comtes de Provence à partir de 1193. Alphonse Ier, de la maison de Barcelone,
qui a vaincu Guillaume IV de Forcalquier, lui impose le traité d’Aix par lequel
son fils Alphonse II Bérenger épouse Gersende de Sabran, petite-fille et
héritière de Guillaume, prévoyant ainsi la réunion des deux comtés. Mais à la mort d’Alphonse Ier (1196), Guillaume se
révolte avec le soutien des comtes d’Albon. Contestant le traité, il marie en
juin 1202 Béatrix de Sabran, son autre petite-fille, à Guigues VI André, comte
d’Albon et dauphin de Viennois (1192-1237). La guerre contraint les protagonistes
à partager l’héritage des Urgel. À la mort de Guillaume IV, en 1209, la partie
au nord du Buëch est cédée à Guigues VI André ; le sud ainsi que la victomté de
Tallard et le titre de comte de Forcalquier vont à Raimond-Bérenger V, comte de
Provence (1209-1245), fils de Gersende, qui lui cède tous ses droits en 1222.
Après ce long conflit, en 1212 l’évêque de Gap se reconnaît vassal du comte de
Provence. L’archevêque d’Embrun aurait dû faire de même envers le dauphin, mais
en 1210 Guigues, malmené durant la guerre, préfère transférer ses droits au
prélat et lui prêter l’hommage. [...] En renonçant à cette autorité nominale,
il obtenait des pouvoirs plus concrets, puisque l’archevêque accepta d’établir
à Chorges un pariage avec une cour de justice commune et des ministériaux, tout
en reconnaissant l’existence d’une entité municipale à Embrun, d’ailleurs
encore mal définie. Malgré le divorce
entre Guigues VI André et Béatrix de Sabran en 1215, l’héritage des Urgel resta
dans le domaine des dauphins, leur fille Béatrix de Viennois récupéra leurs
droits et transféra la gestion de ses domaines à son époux Amaury de Montfort
(mort en 1241). Le risque était toutefois grand que ces fiefs échappent peu
à peu aux dauphins. En raison des privilèges acquis par les prélats, Amaury
prêta l’hommage à l’évêque de Gap et à l’archevêque Bernard d’Embrun pour tous
ses fiefs situés dans l’ancien comté de Forcalquier démembré : «je rends
fidélité à mon vénérable père et seigneur Bernard, pour tout ce que j’ai dans
la cité d’Embrun, à Chorges, à Montgardin et dans les autres lieux de
l’archidiocèse d’Embrun». Enfin, en juillet 1232, Amaury, partant en croisade,
céda ses droits et ceux de sa femme sur l’Embrunais et le Gapençais à son beau-père,
Guigues, contre 5000 livres tournois. Le 18 octobre de la même année, le
dauphin se reconnaissait vassal de l’évêque de Gap (Olivier
Hanne, Révoltes et tensions dans le Haut-Dauphiné au milieu du XIIIe siècle,
Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes, Gap : Société d'études des
Hautes-Alpes, 2014 - halshs.archives-ouvertes.fr). Il existe un lieu-dit « La peligouse » à Sabran, fief des Sabran, dans le Gard (Géoportail). "el tago" (goutte) : la manne de Briançon A Sainte-Croix (Suisse romande), la métathèse consiste
essentiellement en une permutation de syllabes, généralement dans les
disyllabes, plus rarement dans les trisyllabes. Disyllabes : atamâ, voler
(et matâ, forme originaire, cf. argot fr. mate, matois) ; bratsan chambre
(tsam-bra), peut-être gnicet sabre, nyisé (sai-gni), hipa pays, iouka cabinets
d'aisance (ca-ïou, du prov. cagar), niéfor fourneau (for-nié), québe bête,
tyébé (bé-tyé, avec t mouillé), réchœ sœur (s mouillé > ch), réfra frère
(fra-re), réma, mère (ma-re), tago
goutte (go-ta), tsasse viande (se-tsa = viande séchée, très usitée dans les
montagnes), tsemot garçon (motse homme), tsayé oui (all. ia + tse avec
métathèse ; cf. iotse, oui) ; téreau râteau, semble n'avoir subi
qu'une permutation de consonnes (avec, peut-être, l'influence de «terre»). – Trisyllabes :
barécat cabaret, vintacer servante : comme on le voit, la première syllabe est
rejetée à la fin du mot (Albert
Dauzat, Les argots de métiers franco-provençaux, Bibliothèque de l'École
pratique des hautes études, 1917 - archive.org). Pena et Lobel ont parlé du Mélèze à l'occasion de la
manne produite par une exsudation de cet arbre. C'était un médicament que la
pharmacopée du XVIe siècle tenait en grande estime. Comment le Larix donnait-il
la manne ? De quelle façon la rosée céleste concourait-elle à la formation
de cette substance ? Grave problème, à une époque où la physiologie
végétale ne fournissait encore sur toutes ces questions aucune lumière. Voici,
fidèlement résumée, la théorie que développaient, à cet égard, les Adversaria. La manne est due à un suc ou
fluide vivifiant, lequel, inné chez tout végétal et mûri par l'effet d'une
chaleur propice et féconde, s'exhale pendant le jour à travers les issues
cachées de l'écorce et s'évapore dans l'atmosphère sous l'action d'un soleil
brûlant: mais lorsqu'il fait nuit, la rosée qui habituellement tombe du ciel,
se méle à cet élément vaporisé, le retient, fermente avec lui ; et en se
combinant ensemble ils donnent naissance à une matière qui, par sa nature,
tient le milieu entre le miel et le sucre. Pena et Lobel ajoutaient qu'on appelait Manne de Briançon celle qui
provenait des Alpes de la Provence et du Dauphiné. La plus recherchée était
apportée de l'Orient, sur les marchés de Venise et de Gênes. Pourtant la manne
de Briançon n'était point à dédaigner, et la France entière s'en servait,
pourvu qu'elle fut blanche, limpide et fraichement récoltée telle enfin
qu'eux-mêmes, tandis qu'ils parcouraient cette partie des Alpes, l'obtinrent en
grande quantité en rompant des branches de Mélèze. Cette manne indigène ne le
cédait en rien à la manne exotique pour le goût et les propriétés purgatives ;
elle avait l'avantage de coûter moins cher et d'être moins souvent
sophistiquée. Parvenu avec les deux voyageurs à la limite extréme, en cette
direction, du territoire provençal, nous allons maintenant rebrousser chemin et
revenir vers la Basse-Provence, dont nous suivrons le littoral dans toute sa
longueur depuis Marseille jusqu'à Nice (Ludovic
Legré, La botanique en Provence au XVIe siècle: Pierre Pena et Mathias de
Lobel, 1899 - books.google.fr). La Manne de Briançon est composé de grains sucrés et
blancs provenant de déjections de pucerons se nourrissant de la sève des
mélèzes constituant un miellat récolté par les abeilles (siel38.wordpress.com). C'est dans la première moitié du XVIIe siècle que des
auteurs pétris d'humanisme classique inventèrent les «Sept Merveilles». Claude
Jordan décrivait ainsi en 1643 le Dauphiné comme «une des plus belles provinces
de France. Les historiens en disent des merveilles et mettent à ce rang sept
choses remarquables quils nomment les «Sept Merveilles du Dauphiné» Une
décennie plus tard, les mêmes références apparaissaient surtout sous la plume
de deux des plus grands humanistes dauphinois du XVIIe siècle, le poète érudit
Salvaing de Boissieu dans un ouvrage publié en 1656, Septem Miracula
Delphinatus et l'avocat Nicolas Chorier qui consacrait un long chapitre aux
«Sept Merveilles» dans son Histoire générale de Dauphiné publiée en 1661 Avec
lui, la Tour sans venin, la Montagne inaccessible, la Fontaine ardente, les
Cuves de Sassenage, les Pierres ophtalmiques de la montagne de Sassenage,
la Manne de Briançon, la Grotte de
Notre-Dame de La Balme entraient dans le panthéon provincial des «merveilleux
ouvrages de la nature». Sur le fond, ni l'un, ni l'autre des deux érudits
dauphinois n'innovait véritablement. Ils ne faisaient que s'inscrire dans une
très ancienne tradition issue d'un ouvrage rédigé au XIIIe siècle par Gervais de
Tilbury, Otia Imperialia, qui décrivait, pour le divertissement de l'empereur
Otton IV, cent vingt-neuf merveilles de ses différentes provinces tradition
reprise en Dauphiné depuis la fin du XVe siècle par de nombreux auteurs avec un
grand nombre de variantes. Parmi d'autres, Symphorien Champier avait ainsi
décrit au début du XVe siècle les «quatre singularités du Dauphiné» ; Aymar du
Rivail, pour sa part, identifiait en 1532 quinze merveilles dans la province
Salvaing de Boissieu lui-même avait repris une première fois cette ancienne
tradition en publiant successivement en 1631 et 1632 deux opuscules consacrés à
la Tour sans venin et au mont Aiguille (Turis Alexi-pharmacos, et Mons
inaccessibilis apud Vocontios Trivienses in Delphinatù). En 1638, il faisait
également éditer un recueil, le Sylvae quatuor, consacré à ces mêmes merveilles
ainsi qu'à la Fontaine ardente et aux Cuves de Sassenage (René
Favier, Les «Sept Merveilles du
Dauphiné» : entre mémoire provinciale et instrumentalisations. In: Le Monde
alpin et rhodanien. Revue régionale d'ethnologie, n°1-4/2005 - www.persee.fr). Gervais de Tilbury est né en Angleterre vers 1152-1155,
probablement à Tilbury dans le comté d'Essex. Il reçoit une éducation à la cour
d’Henri II Plantagenêt, puis à Reims entre 1176 et 1180, auprès de l'archevêque
Guillaume aux Blanches Mains, oncle du roi de France Philippe II, le futur
Philippe Auguste. Il y reçoit les ordres mineurs, condition indispensable pour
briguer un bénéfice ecclésiastique. En 1177, il effectue un voyage à Venise où
il est témoin oculaire de l'entrevue de réconciliation entre le pape Alexandre
III et l'empereur Frédéric Barberousse. Quelques années plus tard, il reprend
ses études de droit à l'université de Bologne, grand centre d'enseignement du
droit canon et y obtient son diplôme de docteur et son titre de maître. Il fréquente la cour d'Henri II Plantagenêt et fait
partie d’un groupe de clercs passionnés par la philosophie naturelle, qui
forment un cercle culturel autour de son fils, Henri le Jeune Roi. À la mort
brutale de Henri en 1183, Gervais quitte l'Angleterre
et vit un temps en Italie du Sud, à la cour du roi normand de Sicile, Guillaume
le Bon. Il quitte alors la cléricature pour la chevalerie. En 1189, à la mort
de ce dernier, Gervais émigre à Arles, à cette époque terre d'Empire, où il
exerce ses talents de juriste auprès des archevêques d'Arles, Pierre Isnard
(1183-1190), puis Imbert d’Eyguières (1191-1202), et des comtes de Provence
Alphonse Ier (1181-1196), puis son fils Alphonse II. Il épouse une parente de
l'archevêque d'Arles, Imbert d’Eyguières. La dot comporte un palais dans la
ville d'Arles, où il demeure5. En 1207, il est nommé juge mage du comte
Alphonse II de Provence. En 1209, il accompagne Otton IV de Brunswick à Rome pour
son sacre, puis est nommé maréchal de la cour impériale pour le royaume
d'Arles7 par l’empereur qui, formé dans sa jeunesse à la cour d'Angleterre,
aime à s'entourer d'Anglais et de Saxons. En 1214 après la bataille de Bouvines, l’empereur vaincu
se retire dans ses terres de Brunswick, et Gervais, tout en conservant sa charge
de maréchal de la cour impériale au royaume d'Arles, le suit. Gervais de
Tilbury demeure en Allemagne après la disparition de son protecteur, et devient
prévôt de l'abbaye d'Ebstorf de 1223 à sa mort (1233 ou 1234, voire 123710,11).
Dans ces dernières années, il aurait supervisé la réalisation de la
mappemonde12 sur le modèle de celle qui figurait, peut-être, sur le manuscrit
des Divertissements. Les Divertissements
pour un empereur également appelés Liber
de mirabilibus mundi, Solatia imperatoris ou Descriptio totius orbis contiennent sous forme encyclopédique les
connaissances de l’époque. Écrit en latin, cet ouvrage est divisé en trois
parties : la première concerne la création et les premiers temps du monde, la
deuxième une description des parties du monde, des provinces et des peuples, et
la troisième une série de merveilles du monde. Pendant le Moyen Âge, il fut
beaucoup lu et fit l’objet de deux traductions en français, dont une par Jean de Vignay (fr.wikipedia.org -
Gervais de Tilbury). On trouve la mention d'"échantillon" de plantes
au XVIIème siècle (Pierre
Pomet, Histoire générale des drogues, traitant des plantes, des animaux &
des minéraux, 1694 - books.google.fr). Étymol. et Hist. 1. a) 1260 «étalon de mesure» (E. Boileau, Métiers, 8 ds
T.-L.); b) 1690 «élément de construction servant de modèle pour ses dimensions,
type de matériau de référence» (Fur.) d'où c) 1832 mar. (Raymond); 2. a) 1407 «petite quantité d'une marchandise qui permet d'en
connaître la qualité» (Reg. concernant métiers, 1343-1451, fo103 ro, A. Tournai
ds Gdf. Compl.); b) 1579 p. anal. «aperçu, élément
représentatif, exemple» un eschantillon de ceste Tragedie (R. Garnier, La
Troade, Epitre dédicatoire, éd. W. Foerster, II, p. 81 ds IGLF); c) 2e moitié
XVIIIes. spéc. «élément représentatif sélectionné
comme objet d'étude» (Buffon, Hist. nat., éd.
Lannessan, t. 1, p. 2). Issu, par attraction paronymique avec les formes se
rattachant au lat. canthus (chant2*) telles que l'a. fr. chantille et
eschantille (v. chantignolle et échantignolle), d'un type eschandillon
(2emoitié xiiies. esscandelon, V. de Honnecourt d'apr. FEW t. 11, p. 279 a)
dér. d'un simple venu du b. lat. *scandiculum, var. par changement de suff. de
*scandaculum dér. de scandere «monter, gravir» et signifiant «échelle» d'où
«jauge, mesure» (cf. à l'appui de *scandiculum, l'a. prov. escandil ds Levy
Prov., s.v. escandal, -alh et l'a. lyonn. eschandil ds Gdf. désignant un étalon
de mesure et à l'appui de *scandaculum le dimin. escandalhon de l'a. prov.
escandahl « unité de mesure » ds Levy Prov.; REW3no7649; FEW t. 11, pp.
278-280) (www.cnrtl.fr). Natifs de Briançon Nous avions indiqué à tort, dans la seconde édition,
Briançon comme la patrie d'Oronce Eme et d'Oronce
Fine; tous les Fine appartiennent à des familles du Villar-Saint-Pancrace
ou de ses environs; le prénom d'Oronce ne se donnait point dans la ville; au
contraire il est très commun au Paquier, hameau du Villar, et où Oronce Eme a
vu probablement le jour. Vi-bailli ou jugemage à Briançon en 1440, il passait pour
un profond jurisconsulte; il a trop figuré dans les persécutions subies par les
Vaudois. C'est bien dans ce hameau, en une maison qui subsiste encore et où
rien n'annonce son ancien maître, que vint au monde, en 1494, Oronce Fine, dont
le père était médecin. «Cette maison, dit M. Charles Groult, est bâtie dans un
style de renaissance fort simple et fort nu, où le plein cintre domine; sa
façade est-sombre et d'un aspect austère.» M. Marius Cival en a fait le sujet
d'une jolie aquarelle. Le jeune Oronce fut chargé par François Ier d'enseigner
à Paris les mathématiques, dont il a laissé plusieurs ouvrages. M. Chaix en a
trouvé une partie dans une maison de Briançon. On voit encore dans la galerie
des Génovéfains, au-dessus du collège de Henri IV,
l'horloge ingénieuse, mais trop compliquée, qu'il exécuta pour le cardinal de
Lorraine. Il composa plusieurs cartes géographiques et une épitre en rimes
présentée au roi François Ier, touchant la dignité, perfection et utilité des
mathématiques ; Paris, 1554, in-8°. Le vainqueur de Marignan l'avait, une année
auparavant, nommé professeur de mathématiques au collége, et il conserva cette
place jusqu'à sa mort. Cependant ce prince le tint six ans en prison, parce
que, en qualité de membre de l'Université, il avait cru pouvoir faire
opposition au concordat. Catherine de Médicis fit élever à la Halle au blé une
tour où l'on montait par une vis à une plate-forme, en secret pour les
recherches de l'astrologie, ostensiblement pour les observations astronomiques
de Fine, qui cessa de vivre, sous Henri II, à l'âge de soixante-un ans (Jean
Charles François de Ladoucette, Histoire, topographie, antiquités, usages, dialectes
des Hautes-Alpes: avec un atlas et des notes, 1848 - books.google.fr). Traduit en latin par un certain Julius Valerius, le roman
d'Alexandre du pseudo-Callisthène inspira à Albéric de Briançon (ou de
Pisançon), un poème en dialecte dauphinois dont nous n'avons plus que les 105
premiers vers (Louis
Kukenheim, Henri Roussel, Guide de la littérature française du Moyen Age, 1957
- books.google.fr). Au milieu d'un manuscrit latin de Quinte-Curce de la fin
du XIe siècle, qui est conservé à la Laurentienne de Florence, on lit, écrit en
partie et peut-être entièrement de la même main que le reste du ms., un
fragment de 105 vers composés dans une langue demi-française, demi-provençale.
Ces vers sont les débris d'un poème en l'honneur d'Alexandre le Grand, qui
serait resté anonyme, si un prêtre allemand, du XIIe siècle, nommé Lamprecht,
ne l'avait traduit dans sa langue, en désignant le trouvère roman sous le nom
d'Elberich von Bisenzûn, c'est-à-dire Albéric ou Aubry de Besançon. La critique
s'est fort exercée sur ces quinze strophes d'une allure singulièrement vive,
d'un éclat et d'une vigueur de style qui décèlent un écrivain (Revue
critique d'histoire et de littérature, 1883 - books.google.fr). M. Bartsch place l’Alexandre au XIe siècle, et M. P.
Meyer au commencement du XIIe. M. Conrad Muller (Die Assonanzen im Girart von
Rossillon; Romanische Studien, Bonn, t. III) attribue à la contrée lyonnaise
l'origine de ce fragment. Il a été appuyé par M. Hermann Flechtner (Die Sprache
des Alexanderfragments des Alberich von Besançon, Breslau, 1882), qui y a
recueilli des relations de sons et de flexions avec le texte de Marguerite
d'Oingt. Il est certain en tous cas que l'Alexandre appartient à une langue
intermédiaire, comme notre dialecte, entre le provençal et le français. M.P.
Meyer propose de lire Albéric de Briançon au lieu de Besançon (Clair
Tisseur, Dictionnaire étymologique du patois lyonnais, 1890 - books.google.fr). La chartreuse de Poleteins (dans l'Ain, Mionnay) est
particulièrement connue pour sa quatrième prieure (entre 1286 et 1310),
Marguerite d'Oingt, poétesse, mystique et érudite qui écrivit la vie de
Béatrice d'Ornacieux (1260 - 1303) : cf. III, 96 - Glossanthrax - 1775-1776. Alexandre fut mis à la mode par les remaniements et les
amplifications que Lambert le Tort, Alexandre de Bernay, Pierre de Saint-Cloud
et leurs émules firent subir au vieux poème d'Albéric de Briançon, écrit sans
doute à la fin du XIe siècle (Henri
Liebrecht, Georges Rency, Histoire illustrée de la littérature belge de langue
française (des origines à 1925), 1926 - books.google.fr). Le fragment le
plus connu en est la fameuse «lettre d'Alexandre à Aristote» qui donne de l'Orient
une image fantastique, faisant pénétrer dans l'imaginaire médiéval de
l'Occident le goût du merveilleux oriental. Le Livre des merveilles de de
Marco Polo est plus proche des réalités. La Lettre
d'Alexandre à Aristote sur les merveilles de l'Inde, intégrée à certaines
versions du pseudo-Callisthène, eut tant de succès qu'elle circula
indépendamment au Moyen Âge (Monique
Bouquet, La Sibylle: Parole et représentation, 2016 - books.google.fr). Cf. quatrain V, 62 - Le secret des secrets - 1897-1898. Il s'agit là d'une autre île, Meliora, où eut lieu un combat naval en 1241. Le savant Jean de Tolède y fut fait prisonnier. Il a écrit une brève traduction de la lettre d'Aristote à Alexandre, pendant de celle d’Alexandre à Aristote, qui est devenu le Secret des secrets. Du mélèze au
platane Le Platane fut
d'abord apporté à l'isle de Diomede, aujourd'hui Pelagosa ,
pour orner le tombeau de ce roi; de là il passa en Sicile, et ensuite en
Italie. Au temps de Pline il étoit répandu en Europe jusque dans le Boulonois ;
mais, dit ce naturaliste, cette nation nous paie jusqu'à l'ombre dont nous la
laissons jouir. Denis, l'ancien tyran de Sicile, en fit planter dans ses
jardins (Nouveau
Duhamel, ou traité des arbres et arbustes que l'on cultive en France, 1804 -
books.google.fr). Le platane fut
d'abord cultivé en Perse où l'on en fait encore aujourd'hui un cas singulier.
Hérodote nous raconte que Xersès fit entourer d'une chaîne d'or, un platane
qu'il avait trouvé en Lydie, et lui donna une garde d'honneur. Il est probable
que cet arbre était consacré à quelque divinité. Chez les Grecs et les Romains,
on le dédiait au génie de chaque individu, ou à l'esprit tutélaire de celui qui
l'avait planté. On lui faisait des couronnes de ses feuilles et de ses fleurs,
et on en ornait ses autels. On conservait avec un respect religieux les deux
platanes qu'Agacnemnon et Ménélas avaient confiés à la terre, l'un à Delphes,
l'autre dans une forêt sacrée de l'Arcadie, où mille ans après on le montra à
Pausanias (Dictionnaire
universel de mythologie: ancienne et moderne, Tome 10 de Troisième encyclopédie
théologique, 1855 - books.google.fr). La province de la Capitanate,
limitrophe de celle de Molise, est formée de la plus grande partie de la
Pouille; elle est divisée du sud-ouest au nord-est par une chaîne de montagnes calcaires
qui se termine au mont Gargano (Garganus Mons), dont les pentes et les collines
environnantes forment un vaste promontoire dans l'Adriatique. Leurs sommets sont couverts de forêts où
l'on recueille, comme au temps des anciens, de la manne, de la térébenthine et
de la poix. Un bourg, Canosa, l'ancien Canusium, fondé par Diomède, était
une ville que détruisit le tremblement de terre de 1694 (Victor
Adolphe Malte-Brun, Description de l'Europe (suite) et de l'Asie Occidentale,
Tome 4, 1853 - books.google.fr). Le sabmedy vingt
cinquiesme jour de May, nous eusmes bon vent. En allant, nous vismes à main
gaulche l'isle de Sainct André en la mer, en laquelle sont
aucuns hermites demourans. A main dextre, nous vismes la Pouigle de loing. Nous
allasmes auprès d'une vallée et gouffre dedans la mer à main gaulche environ
cinq heures du soir qu'on appelle Pelligouze
auquel promontoire sainct Grégoire demeura treize ou quatorze ans. En ceste
mesme heure, à main dextre, nous vismes de loing le mont de Gargan, le chasteau Sainct Ange, et la cité de Macedoine
Barlete et aultres (Denis
Possot, Charles Philippe, Le Voyage de la Terre Saint (1532), 1971 -
books.google.fr). On peut voir sur les feuilles du platane et du tilleul de
petites exsudations sucrées particulièrement abondantes cette année, connues
sous le nom de miellée et dont les abeilles se montrent très friandes. M.
Maquenne s'est appliqué à déterminer la composition de cette substance. Il a
pris 100 kilogrammes de feuilles fraiches et a d'abord préparé un sirop
contenant 100 grammes de miellée par le lavage à l'eau froide; ensuite à l'aide
d'un traitement par l'alcool il a obtenu deux espèces de sucre. L'un est un
glucose ordinaire, l'autre est le mélézitose découvert par M. Berthelot dans la
manne du mélèze. On a déjà trouvé le mélézitose dans la manne qui est utilisée
en Perse comme aliment sous le nom de tourandjbine. M. Dehérain fait remarquer
qu'il y a une coïncidence fort curieuse dans la composition de matières
d'origines si diverses (Science
progrès découverte, Tome 2, 1893 - books.google.fr). Typologie Le report de 2196 sur la date pivot 1298 donne 400. Dans une lettre à Rufin, Saint Jérôme fait l'éloge de
Bosonus qui s'était retiré dans une île de l'Adriatique ("au milieu")
(Oeuvres
de saint Jérôme, 1838 - books.google.fr). Saint Jérôme parle d'une île nommée Adria dans une lettre
à saint Augustin datée de 403/404 (Sancti
Aurelii Augustini hipponensis episcopi Opera omnia, Tome 2, 1845 -
books.google.fr, On croit que cette île d’Adria est Pelagosa (Antoine-Augustin Bruzen de La Martinière, Le Grand Dictionnaire géographique historique et critique, Tome 1, 1768 - books.google.fr). La lettre 54 à Januarius (Janvier) d'Augustin, datée de
400, traite de la manne. Dans le premier
Livre j'ay dit, en parlant de la manne que chacun y trouvoit le goût qu'il
vouloit ; ce que je ne voy pas qu'on puisse prouver que par le livre de la Sagesse,
que les Juifs ne reçoivent point comme une écriture canonique. Mais enfin ce
que j'ay dit se doit entendre de ce qu'il y avoit de tres fidelles & de
saints parmy les Juifs ; & non pas de ceux qui murmurerent contre Dieu ;
puisque s'ils eussent pû trouver dans la manne le goût qu'ils auroient voulu,
ils n'auroient pas desiré d'autre viande (Lettres
De Saint Augustin, 1684 - books.google.fr). A Arras M. Galhault a lu, dans l'assemblée solennelle du 14 mars
1750, un Mémoire pour servir à l'histoire ecclésiastique du diocèse d'Arras. Il
y remonte jusqu'aux siècles les plus reculés, pour découvrir l'origine du
Christianisme dans l'Artois. Il parle de la Manne, espèce de laine qui, suivant
la tradition, tomba dans ce pays vers l'an 367, et qui engraissa les terres, qu'une
longue sécheresse avait rendu stériles. Il rapporte
les témoignages des auteurs qui ont fait mention de cet évènement, tels que
Saint-Jérôme, Paul Orose, Cassiodore, Gilles Boucher, et Alexandre Majoris, chanoine
d'Arras, lequel a laissé un manuscrit sur l'antiquité de son église, où il
s'est beaucoup étendu pour démontrer la vérité de ce miracle. M. l'abbé Galhaut
examine ensuite quels furent les premiers apôtres de l'Artois, et après avoir
parlé de St-Diogène, qui, au rapport de
quelques écrivains, bâtit une église à Arras environ l'an 400, il fixe le
temps auquel Saint Vaast, sacré évêque d'Arras et de Cambrai par Saint Remi,
vint établir la religion chrétienne dans le pays des Atrebates (Eugène
Van Drival, Histoire de l'Académie d'Arras depuis sa fondation: en 1737,
jusqu'à nos jours, 1872 - books.google.fr). En 379-380, saint Jérôme rédigea à Constantinople une
Chronique qui était au départ la traduction latine de la Chronique écrite en
grec par Eusèbe de Césarée vers 303. [...] Jérôme écrit que le miracle de la
manne se place sous Gratien empereur, proclamé en 367 par son père malade Valentinien
Ier, et l'année de la mort de saint Hilaire de Poitiers (Roland
Delmaire, Saint Jérôme et la pluie de laine chez les Atrebates, Bulletin de la
Commission départementale d'histoire et d'archéologie du Pas-de-Calais, Volume
12, 1986 - books.google.fr). Vers l'an 390,
saint Diogène, grec de nation, construisit en cette cité, sans doute pour
remplacer quelque oratoire primitif, une église en l'honneur de la Vierge
Marie. Ce fut dans cette église Sainte-Marie, la seule qui existât alors à
Arras, que l'on déposa la Manne miraculeuse qui venait de tomber du ciel,
peu de temps avant sa construction, c'est-à-dire vers l'an 388 (Louis
Leroy, Histoire des pélerinages de la Sainte Vierge en France, Tome 1, 1873 -
books.google.fr). La mention d'un Diogène, évêque d'Arras vers 400 est à
rejeter (la source ne date que du XIIe s. au plus tôt). [...] Un certain Diogène est inscrit dans les catalogues
épiscopaux comme évêque résidant à Arras fin IV° siècle, mais ce renseignement
est suspect. De plus, Diogène ne fait l'objet d'aucune dévotion particulière
dans la région. Par contre Saint-Martin, qui serait passé dans nos régions
septentrionales vers 350, est l'objet du culte le plus populaire (Le
Nord de la France de Théodose à Charles Martel, 1984 - books.google.fr). |