Mélèze et Platane X, 25 2195-2196 Par Nebro ouurir de Brisanne passage, Bien esloignez el tago fera moestra : Dans Pelligouxe sera commis l'outrage, De la grand dame assise sur l'orchestra. Pelligoux :
Pelligouze, Pelagosa Les îles Pelagosa,
au milieu de l'Adriatique entre le Gargano et la côte dalmate, sont appelées
Pelligouze en ancien français. Dans la partie nord-est de la grande Pelagosa se trouve
une petite anse qui peut recevoir des bâtiments d'un très faible tonnage. En 1298, les Génois livrèrent aux
VĂ©nitiens, Ă Pelagosa, une bataille dans laquelle ceux-ci perdirent
soixante-six galères. L'amiral Andrea Dandolo fut fait prisonnier avec sept
mille des siens (Denis
Possot, Charles Philippe, Le Voyage de la Terre Saint (1532), 1971 -
books.google.fr). La défaite de Venise face aux Génois eut lieu en 1298, le
8 décembre, jour de la nativité de Notre Dame.
La bataille est aussi appelée du nom d'une autre île Curzola. La grande dame peut être une personnification de Venise. La Seigneurie de Venise ou Seigneurie Sérénissime (en
italien Serenissima Signoria), était l'organe suprême du gouvernement de la république
de Venise, et le nom par lequel il était désigné. Il était constitué par : le
doge ; le Minor Consiglio (« Petit Conseil »), créé en 1175 et composé des six
conseillers du doge ; les trois chefs du tribunal de la Quarantie, juridiction
suprême créée en 1179. On considérait que le véritable sommet de l'État était
constitué par la Seigneurie, et non pas par le doge : la Seigneurie
représentait la souveraineté de la république. Ainsi, à la mort du doge, on
prononçait rituellement la formule : si è morto il Doge, no la Signoria («si le
Doge est mort, la Seigneurie ne l'est pas»). La Seigneurie présidait tous les
conseils de la RĂ©publique, Ă savoir le SĂ©nat, le Grand Conseil et le Conseil
des Dix sur ce qui portait sur ses recommandations, les propositions Ă©tant
débattues en accord avec le collège des Sages (Collegio dei Savi) (fr.wikipedia.org -
Seigneurie de Venise). Le Sénat de Venise En 1298, le doge Gradenigo fit passer une loi qui abolit les élections annuelles, et fixa irrévocablement dans le sénat tous les membres de cette année et leurs descendants à perpétuité. Ainsi fut établie la redoutable aristocratie de Venise, qui soutint sa puissance pendant cinq siècles (Conrad Malte-Brun, Géographie universelle, Tome 3, 1862 - books.google.fr). Dans l'antiquité romaine, outre la participation aux délibérations du Sénat, la
constitution aristocratique et timocratique de l'Etat romain avait confié aux
sénateurs une mission très importante en ce que, jusqu'à l'époque des Gracques,
la liste dans laquelle étaient choisis les juges qui avaient à siéger dans les
différents procès était composée exclusivement, et plus tard en partie (sauf
pendant peu de temps, après C. Gracchus), de sénateurs. Le Sénat, comme l'ordre
équestre, avait aussi ses insignes et ses privilèges honorifiques. Quant aux
privilèges, Suétone' les résume en ces termes (il parle d'Auguste) :
Servavitque etiam excusantibus insigne vestis et spectandi in orchestra
epulandique publice jus. Comme l'ordre des chevaliers dont, du reste, ils
étaient issus et auquel ils appartenaient en un certain sens, les sénateurs
avaient le droit de porter l'anneau d'or (anulus aureus), et, lorsque dans des
cas de grand et imminent danger (in tumultu) ou de deuil public (in luctu
publico) le Sénat décidait de manifester, par la tenue extérieure, les
sentiments publics (vestem mutare), ses membres revêtaient précisément le
costume des chevaliers ; ce trait montre d'une manière frappante les
relations qui existaient entre les deux ordres. En temps ordinaire, le sénateur
se distinguait du chevalier par la large bordure pourpre (latus clavus) de sa
tunique, ainsi appelée par opposition à la bordure étroite (angustus clavus)
des chevaliers, et par une chaussure de forme particulière (calcei). Au théâtre, les sénateurs avaient leurs
places réservées à l’orchestra qui, dit-on, leur furent assignées seulement en
194 avant J.-C. Au cirque, ils eurent aussi, Ă partir d'Auguste, des
gradins séparés 8 ; mais c'est Claude qui parait avoir régularisé ce
privilège'. Chaque année, le 13 novembre, les sénateurs avaient, au Capitole,
un festin en l'honneur de Jupiter (epulum Jovis, cena Dialis) (Johan
Nicolai Madvig, L'Etat romain: sa constitution et son administration, Tome 1,
traduit par Charles Morel, 1882 - books.google.fr). Dans la salle du
SĂ©nat, Tintoret peignait Venise reine des mers, assise, en costume de
dogaresse, dans un cercle de divinités marines. Dans la salle de
l'Anticollège, Véronèse représentait Venise trônant sur le monde, la couronne
en tête, le sceptre en main, vêtue d'hermine et d'or et, couché à ses pieds,
gardien vigilant et fidèle, le lion de saint Marc (Charles
Diehl, Venise, une république patricienne (1915), 2013 - books.google.fr). La grande Dame de Marco Polo G.B. Ramusio (Delle Navigationi e Viaggi, 1550) fait
Marco Polo capturé à la bataille de Pelagosa en 1298. Fait prisonnier par les Gênois, pour tromper l'ennui de
sa captivité et comme à la fois sa mémoire et son don de conteur sont
prodigieux, il dicte ses souvenirs à l'un de ses codétenus, Rusticello de Pise (Jacques
Blais, Présence d'Alain Grandbois avec quatorze poèmes parus de 1956 à 1969,
1974 - books.google.fr). Au début de 1291, une grande dame chinoise, Cocacin, dut
prendre la mer pour rejoindre son futur Ă©poux, l'Il-Khan de de Perse, Argoun,
et les VĂ©nitiens saisirent l'occasion pour repartir; ils s'offrirent pour
l'accompagner. Le voyage maritime fut long. La princesse et les VĂ©nitiens ne
débarquèrent en Perse qu'au printemps 1293. Il leur fallut encore remonter vers
le nord de la Perse pour remettre Cocacin Ă Ghazan, le fils d'Argoun. Puis,
après un séjour de neuf mois auprès du nouvel Il-Khan, Ghaïkhatou, ils
rejoignirent par Tabriz la mer Noire à Trébizonde. La ville était acquise aux
Génois. L'empereur Jean Comnène laissa dépouiller les voyageurs d'une somme
importante, exaction pour laquelle en 1310 Maffeo réclamait encore des
indemnitĂ©s. Enfin, ils rentrèrent Ă Venise après avoir fait escale Ă
Constantinople, puis Nègrepont en Eubée. C'était en 1295 (Pierre-Yves
Badel, La Description du monde de Marco Polo, 2012 - books.google.fr). En Perse coule la rivière Brizana (Arrien) ou Brisoana
(Ptolémée) qui se jette dans le Golfe persique (le Dalem) dans la région du
Farsistan (Ă Bandar Deylam) (William
Vincent, Voyage de Néarque, traduit par     Jean
Baptiste Louis Joseph Billecocq, 1800 - books.google.fr). "el rago fara moestra" Cela ressemble à de l'occitan ou du franco-provençal. Franco-provençal. - Ragachou «gamin, tout jeune homme»,
Lyon, 1628 (cf. Puitspelu, Dict. Ă©tym. du patois lyonnais, Lyon, 1890) ; ragot
«berger» (ALF, 128) ; raga «fille» et rago «fils» (ALF, 570 et 572 B, pt
italien 966) ; rago «les garçons» (ALF, 624, 966) ; deletyè o rago «sevrer un
nourrisson» V. aussi Pauli, op. cit., p. 144 : «Dans
les patois franco-prov. de la Savoie et de la vallée d'Aoste, on trouve des
dérivés du même radical qui ont pris, comme les formes ital., le sens de «jeune
garçon». Ragat, rago «petit garçon, marmot» est employé dans le parler de
Sainte-Foy, Savoie». Pauli rattache au même rad. rache (Sainte-Foy) et ragache,
qui se dit à Genève dans les acceptions péjoratives de «taquin, tenace, avare».
V. aussi FEW, X, p. 29-31 : Aoste : raga «fillette» ; ragataille «troupe d'enfants»
; raguetta «toute jeune fille» ; raguet «tout petit garçon» (Pierre
Bec, Per un païs: écrits sur la langue et la littérature occitanes modernes,
Revue de linguistique romane, 1963 - books.google.fr). "échantillon" nm : eschantilhon, eichantilhon, escapolon ; moestra (nf) (F) (www.locongres.org). Si l'occitan fara (prononcé “faro") n'est plus
compris aujourd'hui, il l'était encore au XVIIIe siècle dans les Cévennes. En
effet, De Sauvages le traduit (dict. languedocien-français, S.V.). Fara comme
“fère" des pays d'oïl (Aisne et Marne) viendrait du germanique commun et
plus précisément de fara (lombard) proprement “famille”, passé au sens de
“domaine d'une famille, propriété rurale”. Selon M. Soutou, il désignerait les
vestiges d'un habitat ancien (Revue internationale d'onomastique, mars 1963, p.
63) (Architecture
ancienne et urbanisme en Ardèche: actes du colloque de Vinezac, 1986, Volume
120, 1986 - books.google.fr). Briançon Ce qui conduirait à considérer le "Nebro" en
rapport avec la région linguistique couverte par le franco-provençal. D. Nebro signifie
Druentia Nerbo, nom latin de la Durance (Eric
Muraise, Saint-RĂ©my de Provence et les secrets de Nostradamus, 1969 -
books.google.fr). Cf. quatrain VIII, 56 - Théopolis - . Honoré Bouche
(Chorographie de Provence, 1664) associe les Brigiani à la cité de Briançon (Philippe
Casimir, Le trophée d'Auguste a La Turbie, 1932 - books.google.fr). Ce qui empèche de penser à Briançon, c'est que les
Brigiani sont mentionnés sur le Trophée parmi les peuples maritimes, et qu'il
est douteux que Briançon n'ait pas fait partie dès l'origine des Alpes
Colliennes. De plus, Briançon s'est appelé dès l'origine Brigantio ( C. I. L. , XII , p . 15 , n ° 95 et 96 ). Briançonnet a
été, d'autre part, le chef-lieu, et fort important, d'une cité que les textes
Ă©pigraphiques appellent BRIG (Camille
Jullian, La source du Var et les cols
transversaux des Alpes, Revue des Ă©tudes anciennes, Volumes 14 Ă 15, 1967 -
books.google.fr). Le troubadour de Villarnaud manifestait alors une aversion similaire envers l'un des alliés de Guilhem IV, le dauphin Guigues André de Viennois qui, à la suite de son mariage avec Béatrice de Sabran, petite-fille du comte de Forcalquier, avait reçu en juin 1202 le Gapençais en dot. Il écrivit contre «le comte-dauphin Guigues, au coeur lâche et craintif d'enfant» (v. 12-13) un sirventes alors «qu'il perd la pays de Gap par sottise» (v. 6-7), peut-être à l'occasion de l'une des campagnes d'Alphonse II dans le pays de Gap ou alors qu'il préparait la répudiation de son épouse qui allait lui coûter sa dot. Si Villarnaud ne ressent guère de sympathie à l'égard du nouveau seigneur du Gapençais, il éprouve des sentiments bien différents vis-à -vis de l'aristocratie locale - «Mais ses barons sont vaillants. S'ils l'aident, tout ce qui lui est enlevé, là -bas, au-delà de la Durance, sera rapidement reconquis» – et vis-à -vis du comte de Provence auquel il envoie en souvenir son sirventès (Martin Aurell, La vielle et l'épée: troubadours et politique en Provence au XIIIe siècle, 1989 - books.google.fr, François Raynouard, Choix des poésies originales des troubadours, Tome 5, 1820 - books.google.fr). Depuis la fin du XIe siècle, l’espace regroupant les deux
diocèses relève du comté de Forcalquier et de la famille d’Urgel. Mais
l’autorité des comtes est théorique, car l’évêque de Gap et l’archevêque
d’Embrun prétendent cumuler les pouvoirs temporels et spirituels, tout en
prêtant l’hommage vassalique au comte. À Embrun, bien que le comte soit le
dominus, le seigneur, il en partage les prérogatives judiciaires et fiscales
avec l’archevêque depuis 1177. Dans la région, le suzerain est l’empereur
germanique, mais il est loin et l’obéissance qui lui est due n’est guère
contraignante. Ă€ Gap, en 1178 et 1184, l’empereur FrĂ©dĂ©ric Ier a mĂŞme accordĂ© Ă
l’évêque le privilège d’immédiateté qui le dégage de toute soumission envers
les comtes de Forcalquier et lui donne la moitié des regalia sur la cité (voir
lexique). Cette quasi indépendance génère des tensions
entre 1180-1184, les habitants se révoltant contre le viguier du comte avec le
soutien épiscopal. Mais la répression impose l’obéissance à la cité et au
prélat. Dans le Champsaur et le Briançonnais les comtes d’Albon (futurs
dauphins de Viennois) s’implantent durablement par des achats de droits
féodaux, de terres et de castra. La situation politique bascule en faveur des
comtes de Provence Ă partir de 1193. Alphonse Ier, de la maison de Barcelone,
qui a vaincu Guillaume IV de Forcalquier, lui impose le traité d’Aix par lequel
son fils Alphonse II BĂ©renger Ă©pouse Gersende de Sabran, petite-fille et
héritière de Guillaume, prévoyant ainsi la réunion des deux comtés. Mais à la mort d’Alphonse Ier (1196), Guillaume se
révolte avec le soutien des comtes d’Albon. Contestant le traité, il marie en
juin 1202 Béatrix de Sabran, son autre petite-fille, à Guigues VI André, comte
d’Albon et dauphin de Viennois (1192-1237). La guerre contraint les protagonistes
à partager l’héritage des Urgel. À la mort de Guillaume IV, en 1209, la partie
au nord du Buëch est cédée à Guigues VI André ; le sud ainsi que la victomté de
Tallard et le titre de comte de Forcalquier vont Ă Raimond-BĂ©renger V, comte de
Provence (1209-1245), fils de Gersende, qui lui cède tous ses droits en 1222.
Après ce long conflit, en 1212 l’évêque de Gap se reconnaît vassal du comte de
Provence. L’archevêque d’Embrun aurait dû faire de même envers le dauphin, mais
en 1210 Guigues, malmené durant la guerre, préfère transférer ses droits au
prélat et lui prêter l’hommage. [...] En renonçant à cette autorité nominale,
il obtenait des pouvoirs plus concrets, puisque l’archevêque accepta d’établir
à Chorges un pariage avec une cour de justice commune et des ministériaux, tout
en reconnaissant l’existence d’une entité municipale à Embrun, d’ailleurs
encore mal définie. Malgré le divorce
entre Guigues VI André et Béatrix de Sabran en 1215, l’héritage des Urgel resta
dans le domaine des dauphins, leur fille Béatrix de Viennois récupéra leurs
droits et transféra la gestion de ses domaines à son époux Amaury de Montfort
(mort en 1241). Le risque Ă©tait toutefois grand que ces fiefs Ă©chappent peu
à peu aux dauphins. En raison des privilèges acquis par les prélats, Amaury
prêta l’hommage à l’évêque de Gap et à l’archevêque Bernard d’Embrun pour tous
ses fiefs situés dans l’ancien comté de Forcalquier démembré : «je rends
fidélité à mon vénérable père et seigneur Bernard, pour tout ce que j’ai dans
la cité d’Embrun, à Chorges, à Montgardin et dans les autres lieux de
l’archidiocèse d’Embrun». Enfin, en juillet 1232, Amaury, partant en croisade,
céda ses droits et ceux de sa femme sur l’Embrunais et le Gapençais à son beau-père,
Guigues, contre 5000 livres tournois. Le 18 octobre de la même année, le
dauphin se reconnaissait vassal de l’évêque de Gap (Olivier
Hanne, Révoltes et tensions dans le Haut-Dauphiné au milieu du XIIIe siècle,
Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes, Gap : Société d'études des
Hautes-Alpes, 2014 - halshs.archives-ouvertes.fr). Il existe un lieu-dit « La peligouse » à Sabran, fief des Sabran, dans le Gard (Géoportail). "el tago" (goutte) : la manne de Briançon A Sainte-Croix (Suisse romande), la métathèse consiste
essentiellement en une permutation de syllabes, généralement dans les
disyllabes, plus rarement dans les trisyllabes. Disyllabes : atamâ, voler
(et matâ, forme originaire, cf. argot fr. mate, matois) ; bratsan chambre
(tsam-bra), peut-être gnicet sabre, nyisé (sai-gni), hipa pays, iouka cabinets
d'aisance (ca-ïou, du prov. cagar), niéfor fourneau (for-nié), québe bête,
tyébé (bé-tyé, avec t mouillé), réchœ sœur (s mouillé > ch), réfra frère
(fra-re), réma, mère (ma-re), tago
goutte (go-ta), tsasse viande (se-tsa = viande séchée, très usitée dans les
montagnes), tsemot garçon (motse homme), tsayé oui (all. ia + tse avec
métathèse ; cf. iotse, oui) ; téreau râteau, semble n'avoir subi
qu'une permutation de consonnes (avec, peut-être, l'influence de «terre»). – Trisyllabes :
barécat cabaret, vintacer servante : comme on le voit, la première syllabe est
rejetée à la fin du mot (Albert
Dauzat, Les argots de métiers franco-provençaux, Bibliothèque de l'École
pratique des hautes études, 1917 - archive.org). Pena et Lobel ont parlé du Mélèze à l'occasion de la
manne produite par une exsudation de cet arbre. C'était un médicament que la
pharmacopée du XVIe siècle tenait en grande estime. Comment le Larix donnait-il
la manne ? De quelle façon la rosée céleste concourait-elle à la formation
de cette substance ? Grave problème, à une époque où la physiologie
végétale ne fournissait encore sur toutes ces questions aucune lumière. Voici,
fidèlement résumée, la théorie que développaient, à cet égard, les Adversaria. La manne est due à un suc ou
fluide vivifiant, lequel, inné chez tout végétal et mûri par l'effet d'une
chaleur propice et féconde, s'exhale pendant le jour à travers les issues
cachées de l'écorce et s'évapore dans l'atmosphère sous l'action d'un soleil
brûlant: mais lorsqu'il fait nuit, la rosée qui habituellement tombe du ciel,
se méle à cet élément vaporisé, le retient, fermente avec lui ; et en se
combinant ensemble ils donnent naissance à une matière qui, par sa nature,
tient le milieu entre le miel et le sucre. Pena et Lobel ajoutaient qu'on appelait Manne de Briançon celle qui
provenait des Alpes de la Provence et du Dauphiné. La plus recherchée était
apportée de l'Orient, sur les marchés de Venise et de Gênes. Pourtant la manne
de Briançon n'était point à dédaigner, et la France entière s'en servait,
pourvu qu'elle fut blanche, limpide et fraichement récoltée telle enfin
qu'eux-mĂŞmes, tandis qu'ils parcouraient cette partie des Alpes, l'obtinrent en
grande quantité en rompant des branches de Mélèze. Cette manne indigène ne le
cédait en rien à la manne exotique pour le goût et les propriétés purgatives ;
elle avait l'avantage de coûter moins cher et d'être moins souvent
sophistiquée. Parvenu avec les deux voyageurs à la limite extréme, en cette
direction, du territoire provençal, nous allons maintenant rebrousser chemin et
revenir vers la Basse-Provence, dont nous suivrons le littoral dans toute sa
longueur depuis Marseille jusqu'Ă Nice (Ludovic
Legré, La botanique en Provence au XVIe siècle: Pierre Pena et Mathias de
Lobel, 1899 - books.google.fr). La Manne de Briançon est composé de grains sucrés et
blancs provenant de déjections de pucerons se nourrissant de la sève des
mélèzes constituant un miellat récolté par les abeilles (siel38.wordpress.com). C'est dans la première moitié du XVIIe siècle que des
auteurs pétris d'humanisme classique inventèrent les «Sept Merveilles». Claude
Jordan décrivait ainsi en 1643 le Dauphiné comme «une des plus belles provinces
de France. Les historiens en disent des merveilles et mettent Ă ce rang sept
choses remarquables quils nomment les «Sept Merveilles du Dauphiné» Une
décennie plus tard, les mêmes références apparaissaient surtout sous la plume
de deux des plus grands humanistes dauphinois du XVIIe siècle, le poète érudit
Salvaing de Boissieu dans un ouvrage publié en 1656, Septem Miracula
Delphinatus et l'avocat Nicolas Chorier qui consacrait un long chapitre aux
«Sept Merveilles» dans son Histoire générale de Dauphiné publiée en 1661 Avec
lui, la Tour sans venin, la Montagne inaccessible, la Fontaine ardente, les
Cuves de Sassenage, les Pierres ophtalmiques de la montagne de Sassenage,
la Manne de Briançon, la Grotte de
Notre-Dame de La Balme entraient dans le panthéon provincial des «merveilleux
ouvrages de la nature». Sur le fond, ni l'un, ni l'autre des deux érudits
dauphinois n'innovait véritablement. Ils ne faisaient que s'inscrire dans une
très ancienne tradition issue d'un ouvrage rédigé au XIIIe siècle par Gervais de
Tilbury, Otia Imperialia, qui décrivait, pour le divertissement de l'empereur
Otton IV, cent vingt-neuf merveilles de ses différentes provinces tradition
reprise en Dauphiné depuis la fin du XVe siècle par de nombreux auteurs avec un
grand nombre de variantes. Parmi d'autres, Symphorien Champier avait ainsi
décrit au début du XVe siècle les «quatre singularités du Dauphiné» ; Aymar du
Rivail, pour sa part, identifiait en 1532 quinze merveilles dans la province
Salvaing de Boissieu lui-même avait repris une première fois cette ancienne
tradition en publiant successivement en 1631 et 1632 deux opuscules consacrĂ©s Ă
la Tour sans venin et au mont Aiguille (Turis Alexi-pharmacos, et Mons
inaccessibilis apud Vocontios Trivienses in DelphinatĂą). En 1638, il faisait
également éditer un recueil, le Sylvae quatuor, consacré à ces mêmes merveilles
ainsi qu'à la Fontaine ardente et aux Cuves de Sassenage (René
Favier, Les «Sept Merveilles du
Dauphiné» : entre mémoire provinciale et instrumentalisations. In: Le Monde
alpin et rhodanien. Revue régionale d'ethnologie, n°1-4/2005 - www.persee.fr). Gervais de Tilbury est né en Angleterre vers 1152-1155,
probablement à Tilbury dans le comté d'Essex. Il reçoit une éducation à la cour
d’Henri II Plantagenêt, puis à Reims entre 1176 et 1180, auprès de l'archevêque
Guillaume aux Blanches Mains, oncle du roi de France Philippe II, le futur
Philippe Auguste. Il y reçoit les ordres mineurs, condition indispensable pour
briguer un bénéfice ecclésiastique. En 1177, il effectue un voyage à Venise où
il est témoin oculaire de l'entrevue de réconciliation entre le pape Alexandre
III et l'empereur Frédéric Barberousse. Quelques années plus tard, il reprend
ses études de droit à l'université de Bologne, grand centre d'enseignement du
droit canon et y obtient son diplôme de docteur et son titre de maître. Il fréquente la cour d'Henri II Plantagenêt et fait
partie d’un groupe de clercs passionnés par la philosophie naturelle, qui
forment un cercle culturel autour de son fils, Henri le Jeune Roi. À la mort
brutale de Henri en 1183, Gervais quitte l'Angleterre
et vit un temps en Italie du Sud, Ă la cour du roi normand de Sicile, Guillaume
le Bon. Il quitte alors la cléricature pour la chevalerie. En 1189, à la mort
de ce dernier, Gervais Ă©migre Ă Arles, Ă cette Ă©poque terre d'Empire, oĂą il
exerce ses talents de juriste auprès des archevêques d'Arles, Pierre Isnard
(1183-1190), puis Imbert d’Eyguières (1191-1202), et des comtes de Provence
Alphonse Ier (1181-1196), puis son fils Alphonse II. Il Ă©pouse une parente de
l'archevêque d'Arles, Imbert d’Eyguières. La dot comporte un palais dans la
ville d'Arles, où il demeure5. En 1207, il est nommé juge mage du comte
Alphonse II de Provence. En 1209, il accompagne Otton IV de Brunswick Ă Rome pour
son sacre, puis est nommé maréchal de la cour impériale pour le royaume
d'Arles7 par l’empereur qui, formé dans sa jeunesse à la cour d'Angleterre,
aime à s'entourer d'Anglais et de Saxons. En 1214 après la bataille de Bouvines, l’empereur vaincu
se retire dans ses terres de Brunswick, et Gervais, tout en conservant sa charge
de maréchal de la cour impériale au royaume d'Arles, le suit. Gervais de
Tilbury demeure en Allemagne après la disparition de son protecteur, et devient
prévôt de l'abbaye d'Ebstorf de 1223 à sa mort (1233 ou 1234, voire 123710,11).
Dans ces dernières années, il aurait supervisé la réalisation de la
mappemonde12 sur le modèle de celle qui figurait, peut-être, sur le manuscrit
des Divertissements. Les Divertissements
pour un empereur également appelés Liber
de mirabilibus mundi, Solatia imperatoris ou Descriptio totius orbis contiennent sous forme encyclopédique les
connaissances de l’époque. Écrit en latin, cet ouvrage est divisé en trois
parties : la première concerne la création et les premiers temps du monde, la
deuxième une description des parties du monde, des provinces et des peuples, et
la troisième une série de merveilles du monde. Pendant le Moyen Âge, il fut
beaucoup lu et fit l’objet de deux traductions en français, dont une par Jean de Vignay (fr.wikipedia.org -
Gervais de Tilbury). On trouve la mention d'"Ă©chantillon" de plantes
au XVIIème siècle (Pierre
Pomet, Histoire générale des drogues, traitant des plantes, des animaux &
des minéraux, 1694 - books.google.fr). Étymol. et Hist. 1. a) 1260 «étalon de mesure» (E. Boileau, Métiers, 8 ds
T.-L.); b) 1690 «élément de construction servant de modèle pour ses dimensions,
type de matériau de référence» (Fur.) d'où c) 1832 mar. (Raymond); 2. a) 1407 «petite quantité d'une marchandise qui permet d'en
connaître la qualité» (Reg. concernant métiers, 1343-1451, fo103 ro, A. Tournai
ds Gdf. Compl.); b) 1579 p. anal. «aperçu, élément
représentatif, exemple» un eschantillon de ceste Tragedie (R. Garnier, La
Troade, Epitre dédicatoire, éd. W. Foerster, II, p. 81 ds IGLF); c) 2e moitié
XVIIIes. spéc. «élément représentatif sélectionné
comme objet d'étude» (Buffon, Hist. nat., éd.
Lannessan, t. 1, p. 2). Issu, par attraction paronymique avec les formes se
rattachant au lat. canthus (chant2*) telles que l'a. fr. chantille et
eschantille (v. chantignolle et Ă©chantignolle), d'un type eschandillon
(2emoitié xiiies. esscandelon, V. de Honnecourt d'apr. FEW t. 11, p. 279 a)
dér. d'un simple venu du b. lat. *scandiculum, var. par changement de suff. de
*scandaculum dér. de scandere «monter, gravir» et signifiant «échelle» d'où
«jauge, mesure» (cf. à l'appui de *scandiculum, l'a. prov. escandil ds Levy
Prov., s.v. escandal, -alh et l'a. lyonn. eschandil ds Gdf. désignant un étalon
de mesure et Ă l'appui de *scandaculum le dimin. escandalhon de l'a. prov.
escandahl « unité de mesure » ds Levy Prov.; REW3no7649; FEW t. 11, pp.
278-280) (www.cnrtl.fr). Natifs de Briançon Nous avions indiqué à tort, dans la seconde édition,
Briançon comme la patrie d'Oronce Eme et d'Oronce
Fine; tous les Fine appartiennent Ă des familles du Villar-Saint-Pancrace
ou de ses environs; le prénom d'Oronce ne se donnait point dans la ville; au
contraire il est très commun au Paquier, hameau du Villar, et où Oronce Eme a
vu probablement le jour. Vi-bailli ou jugemage à Briançon en 1440, il passait pour
un profond jurisconsulte; il a trop figuré dans les persécutions subies par les
Vaudois. C'est bien dans ce hameau, en une maison qui subsiste encore et oĂą
rien n'annonce son ancien maître, que vint au monde, en 1494, Oronce Fine, dont
le père était médecin. «Cette maison, dit M. Charles Groult, est bâtie dans un
style de renaissance fort simple et fort nu, oĂą le plein cintre domine; sa
façade est-sombre et d'un aspect austère.» M. Marius Cival en a fait le sujet
d'une jolie aquarelle. Le jeune Oronce fut chargé par François Ier d'enseigner
à Paris les mathématiques, dont il a laissé plusieurs ouvrages. M. Chaix en a
trouvé une partie dans une maison de Briançon. On voit encore dans la galerie
des Génovéfains, au-dessus du collège de Henri IV,
l'horloge ingénieuse, mais trop compliquée, qu'il exécuta pour le cardinal de
Lorraine. Il composa plusieurs cartes géographiques et une épitre en rimes
présentée au roi François Ier, touchant la dignité, perfection et utilité des
mathématiques ; Paris, 1554, in-8°. Le vainqueur de Marignan l'avait, une année
auparavant, nommé professeur de mathématiques au collége, et il conserva cette
place jusqu'Ă sa mort. Cependant ce prince le tint six ans en prison, parce
que, en qualité de membre de l'Université, il avait cru pouvoir faire
opposition au concordat. Catherine de Médicis fit élever à la Halle au blé une
tour oĂą l'on montait par une vis Ă une plate-forme, en secret pour les
recherches de l'astrologie, ostensiblement pour les observations astronomiques
de Fine, qui cessa de vivre, sous Henri II, à l'âge de soixante-un ans (Jean
Charles François de Ladoucette, Histoire, topographie, antiquités, usages, dialectes
des Hautes-Alpes: avec un atlas et des notes, 1848 - books.google.fr). Traduit en latin par un certain Julius Valerius, le roman
d'Alexandre du pseudo-Callisthène inspira à Albéric de Briançon (ou de
Pisançon), un poème en dialecte dauphinois dont nous n'avons plus que les 105
premiers vers (Louis
Kukenheim, Henri Roussel, Guide de la littérature française du Moyen Age, 1957
- books.google.fr). Au milieu d'un manuscrit latin de Quinte-Curce de la fin
du XIe siècle, qui est conservé à la Laurentienne de Florence, on lit, écrit en
partie et peut-être entièrement de la même main que le reste du ms., un
fragment de 105 vers composés dans une langue demi-française, demi-provençale.
Ces vers sont les débris d'un poème en l'honneur d'Alexandre le Grand, qui
serait resté anonyme, si un prêtre allemand, du XIIe siècle, nommé Lamprecht,
ne l'avait traduit dans sa langue, en désignant le trouvère roman sous le nom
d'Elberich von Bisenzûn, c'est-à -dire Albéric ou Aubry de Besançon. La critique
s'est fort exercée sur ces quinze strophes d'une allure singulièrement vive,
d'un éclat et d'une vigueur de style qui décèlent un écrivain (Revue
critique d'histoire et de littérature, 1883 - books.google.fr). M. Bartsch place l’Alexandre au XIe siècle, et M. P.
Meyer au commencement du XIIe. M. Conrad Muller (Die Assonanzen im Girart von
Rossillon; Romanische Studien, Bonn, t. III) attribue à la contrée lyonnaise
l'origine de ce fragment. Il a été appuyé par M. Hermann Flechtner (Die Sprache
des Alexanderfragments des Alberich von Besançon, Breslau, 1882), qui y a
recueilli des relations de sons et de flexions avec le texte de Marguerite
d'Oingt. Il est certain en tous cas que l'Alexandre appartient Ă une langue
intermédiaire, comme notre dialecte, entre le provençal et le français. M.P.
Meyer propose de lire Albéric de Briançon au lieu de Besançon (Clair
Tisseur, Dictionnaire Ă©tymologique du patois lyonnais, 1890 - books.google.fr). La chartreuse de Poleteins (dans l'Ain, Mionnay) est
particulièrement connue pour sa quatrième prieure (entre 1286 et 1310),
Marguerite d'Oingt, poétesse, mystique et érudite qui écrivit la vie de
BĂ©atrice d'Ornacieux (1260 - 1303) : cf. III, 96 - Glossanthrax - 1775-1776. Alexandre fut mis Ă la mode par les remaniements et les
amplifications que Lambert le Tort, Alexandre de Bernay, Pierre de Saint-Cloud
et leurs émules firent subir au vieux poème d'Albéric de Briançon, écrit sans
doute à la fin du XIe siècle (Henri
Liebrecht, Georges Rency, Histoire illustrée de la littérature belge de langue
française (des origines à 1925), 1926 - books.google.fr). Le fragment le
plus connu en est la fameuse «lettre d'Alexandre à Aristote» qui donne de l'Orient
une image fantastique, faisant pénétrer dans l'imaginaire médiéval de
l'Occident le goût du merveilleux oriental. Le Livre des merveilles de de
Marco Polo est plus proche des réalités. La Lettre
d'Alexandre à Aristote sur les merveilles de l'Inde, intégrée à certaines
versions du pseudo-Callisthène, eut tant de succès qu'elle circula
indépendamment au Moyen Âge (Monique
Bouquet, La Sibylle: Parole et représentation, 2016 - books.google.fr). Cf. quatrain V, 62 - Le secret des secrets - 1897-1898. Il s'agit là d'une autre île, Meliora, où eut lieu un combat naval en 1241. Le savant Jean de Tolède y fut fait prisonnier. Il a écrit une brève traduction de la lettre d'Aristote à Alexandre, pendant de celle d’Alexandre à Aristote, qui est devenu le Secret des secrets. Du mélèze au
platane Le Platane fut
d'abord apporté à l'isle de Diomede, aujourd'hui Pelagosa,
pour orner le tombeau de ce roi; de lĂ il passa en Sicile, et ensuite en
Italie. Au temps de Pline il étoit répandu en Europe jusque dans le Boulonois ;
mais, dit ce naturaliste, cette nation nous paie jusqu'Ă l'ombre dont nous la
laissons jouir. Denis, l'ancien tyran de Sicile, en fit planter dans ses
jardins (Nouveau
Duhamel, ou traité des arbres et arbustes que l'on cultive en France, 1804 -
books.google.fr). Le platane fut
d'abord cultivé en Perse où l'on en fait encore aujourd'hui un cas singulier.
Hérodote nous raconte que Xersès fit entourer d'une chaîne d'or, un platane
qu'il avait trouvé en Lydie, et lui donna une garde d'honneur. Il est probable
que cet arbre était consacré à quelque divinité. Chez les Grecs et les Romains,
on le dédiait au génie de chaque individu, ou à l'esprit tutélaire de celui qui
l'avait planté. On lui faisait des couronnes de ses feuilles et de ses fleurs,
et on en ornait ses autels. On conservait avec un respect religieux les deux
platanes qu'Agacnemnon et Ménélas avaient confiés à la terre, l'un à Delphes,
l'autre dans une forĂŞt sacrĂ©e de l'Arcadie, oĂą mille ans après on le montra Ă
Pausanias (Dictionnaire
universel de mythologie: ancienne et moderne, Tome 10 de Troisième encyclopédie
théologique, 1855 - books.google.fr). La province de la Capitanate,
limitrophe de celle de Molise, est formée de la plus grande partie de la
Pouille; elle est divisée du sud-ouest au nord-est par une chaîne de montagnes calcaires
qui se termine au mont Gargano (Garganus Mons), dont les pentes et les collines
environnantes forment un vaste promontoire dans l'Adriatique. Leurs sommets sont couverts de forĂŞts oĂą
l'on recueille, comme au temps des anciens, de la manne, de la térébenthine et
de la poix. Un bourg, Canosa, l'ancien Canusium, fondé par Diomède, était
une ville que détruisit le tremblement de terre de 1694 (Victor
Adolphe Malte-Brun, Description de l'Europe (suite) et de l'Asie Occidentale,
Tome 4, 1853 - books.google.fr). Le sabmedy vingt
cinquiesme jour de May, nous eusmes bon vent. En allant, nous vismes Ă main
gaulche l'isle de Sainct André en la mer, en laquelle sont
aucuns hermites demourans. A main dextre, nous vismes la Pouigle de loing. Nous
allasmes auprès d'une vallée et gouffre dedans la mer à main gaulche environ
cinq heures du soir qu'on appelle Pelligouze
auquel promontoire sainct Grégoire demeura treize ou quatorze ans. En ceste
mesme heure, à main dextre, nous vismes de loing le mont de Gargan, le chasteau Sainct Ange, et la cité de Macedoine
Barlete et aultres (Denis
Possot, Charles Philippe, Le Voyage de la Terre Saint (1532), 1971 -
books.google.fr). On peut voir sur les feuilles du platane et du tilleul de
petites exsudations sucrées particulièrement abondantes cette année, connues
sous le nom de miellée et dont les abeilles se montrent très friandes. M.
Maquenne s'est appliqué à déterminer la composition de cette substance. Il a
pris 100 kilogrammes de feuilles fraiches et a d'abord préparé un sirop
contenant 100 grammes de miellée par le lavage à l'eau froide; ensuite à l'aide
d'un traitement par l'alcool il a obtenu deux espèces de sucre. L'un est un
glucose ordinaire, l'autre est le mélézitose découvert par M. Berthelot dans la
manne du mélèze. On a déjà trouvé le mélézitose dans la manne qui est utilisée
en Perse comme aliment sous le nom de tourandjbine. M. Dehérain fait remarquer
qu'il y a une coïncidence fort curieuse dans la composition de matières
d'origines si diverses (Science
progrès découverte, Tome 2, 1893 - books.google.fr). Conclusion Les remarques de Marco Polo sur les productions naturelles des pays dont il fait mention méritent aussi d'être expliquées, et pour appuyer cette observation sur un exemple, je me suis arrêté à ce qu'il raconte de l'arbre du Soleil ou arbre sec. On trouve, dit-il , dans la province de Timocain une grande plaine où croit l'arbre du Soleil, vulgairement nommé arbre sec; il est grand et vigoureux : ses feuilles sont vertes d'un côté et blanches de l'autre ; il porte des glands couverts d’écorce comme ceux du châtaignier ; mais leur enveloppe ne renferme aucun fruit qui soit mangeable. [...] Un nouveau passage qui ne se trouvait pas dans les premières éditions imprimées, et qui fait partie des chapitres additionnels de deux manuscrits de la Bibliothèque royale publiés par la Société de géographie, m'a mis sur la voie d'un autre genre de recherches dont je crois devoir rendre compte. Ces manuscrits nous apprennent qu'un roi des Tartares du Levant qui occupaient alors la Perse, ayant å défendre ses frontières du nord contre les incursions d'un autre khan des Tartares, envoya son fils Argon, avec un corps de troupes, vers la terre de l'arbre du Soleil ou arbre sec, cité dans le Livre d'Alexandre. On voit dans le même passage que cette armée devait s'avancer jusqu'aux rives du Gihon. La situation géographique de la contrée où croit l'arbre du Soleil se trouve ainsi déterminée : il doit naitre au midi du fleuve Gihon et vers le nord de la Perse ; mais on avait encore à chercher des notions plus précises dans l'ouvrage indiqué sous le nom du Livre d'Alexandre. Ma pensée s'est portée sur Quinte-Curce, qui nous a laissé l'histoire la plus complète de ce conquérant. J'étais aussi guidé dans mes recherches par un premier passage de Marco Polo, qui fait naître l'arbre du Soleil dans une contrée où Alexandre combattit les troupes de Darius; et j'ai consulté le 6e livre de Quinte-Curce, où l'on voit que le vainqueur, poursuivant Darius après la bataille d’Arbelles, apprit que Bessus, gouverneur de la Bactriane, s'était révolté contre ce prince, l'avait trahi, au lieu de lui accorder un asile, et l'avait fait périr. Quinte-Curce peint la marche d'Alexandre à travers l'Hyrcanie, lorsqu'il s'avançait contre les rebelles, encore couverts du sang de leur maître ; et après avoir décrit cette province, il ajoute : On y voit des arbres nombreux qui ont l'apparence du chêne ; leurs feuilles se couvrent de miel ; mais si on ne l'enlève pas au point du jour, ou si la température est un peu tiède, il se dissout. Diodore rapporte également qu'on trouve dans cette contrée un arbre dont la forme ressemble à celle du chêne, et dont les feuilles distillent le miel : les habitants la recueillent et en font fréquemment usage. Un passage de l'histoire naturelle de Pline confirme cette remarque. [...] Ces passages de Quinte-Curce, de Diodore et de Pline permettent d'envisager la question sous un nouveau jour. Ce n'est plus par quelques caractères génériques sur la forme de la plante que l'arbre du Soleil est désigné : on récolte la manne sur ses feuilles. Pour justifier la remarque des trois écrivains, il est utile de vérifier si elle s'accorde avec les observations du même genre qui ont été faites de nos jours par les botanistes les plus dignes de soi. Nous voyons dans l'histoire des plantes de Brisseau-Mirbel, que la manne ne se trouve pas sur les mêmes arbres dans tous les pays : celle de Briançon est produite par le mélèse, celle de Calabre par une espèce de frêne. C'est vers l'époque du solstice d'été, et depuis le midi jusqu'au soir, qu'elle découle du tronc et des grosses branches de cet arbre. Cette liqueur, d'abord très claire, s'épaissit en grumeaux blancs pendant la nuit ; on la détache le lendemain matin pourvu qu'il ne soit pas tombé de pluie; un léger brouillard suffirait pour la dissoudre. Quelquefois elle transsude des nervures des feuilles en petites gouttes blanches, qui ont la forme de grains de millet : cette dernière qualité de manne est la plus estimée. Ces remarques sur la formation de la manne et sur sa récolte ne différent des citations de Quinte-Curce, de Pline et de Diodore que par le nom de l'arbre qui la produit; mais elles ne contredisent point ces anciens auteurs, puisque la manne peut se recueillir sur plusieurs plantes; et leur triple témoignage se trouve confirmé par celui de plusieurs voyageurs modernes qui ont décrit avec soin les provinces d'Orient qu'ils ont parcourues. [...] Le nom d'arbre du Soleil, sous lequel cette plante est désignée parait facile à expliquer, si l'on songe aux causes qui produisent la manne et qui la font disparaitre.
Ce suc découle de la tige et des feuilles durant les plus grandes chaleurs de l'été
(
M. Roux de Rochelle, Notice sur l'arbre du Soleil, ou arbre sec, décrit dans la relation des voyages de Marco Polo, Bulletin de la Société de Géographie, 1845 - books.google.fr). Autrement On retiendra de ce qui précède les sénateurs de l’orchestra romaine. Brisanne : Bercianos Pelligoux : Reliegos Ces étapes du chemin de Compostelle de Sahagun à Léon sont
issus de la Nouvelle Guide des Chemins Ă©ditĂ©Â
par Nicolas Bonfons en 1583 (Xavier
de Bonnault d'Houët, Pèlerinage d'un paysan picard à Saint Jacques de
Compostelle au commencement du XVIIIe s., 1890 - www.google.fr/books/edition,
Jean
Bonnerot, la Guide des chemins de France de Charles Estienne (1553), 1936 -
www.google.fr/books/edition, Jacques
Halbronn, Le texte prophétique en France: formation et fortune, Tome 3, 1999 -
books.google.fr). Cf. quatrains VIII, 48, VIII, 49, VIII, 50 et X, 47. "el tago"
: le Tage Le Tage et ses affluents charrient des paillettes d’or,
d’oĂą la lĂ©gende arabe des paillettes d’or rejetĂ©es par la mer, qui a donnĂ© Ă
l’embouchure du Tage son nom de «Mer de Paille». Dans le pays des Artabres, sur
la côte de Corogne, «les femmes ratissent soigneusement le sable aurifère et le
lavent ensuite dans des sas ou tamis, tressés à la façon de paniers» (Strabon).
«Aurum invenitur in nostro orbe : ut omittamus
indicum a formicis aut apud Scythas gryphis erutum. Apud nos tribus modis: fluminum ramentis, ut in
Tago Hispaniae, Pado Italiae, Hebro Thraciae, Pactolo Asiae, Gange Indiae. Nec
ullum absolutis aurum est, ut cursu ipso trituque perpolitum.», Pline, Hist. nat., XXXIII, 21 L’Espagne était une des grandes régions métallurgiques de
l’Antiquité. On y extrayait, outre le fer, l’étain, le plomb, le cuivre,
l’argent. Les entreprises phéniciennes et puniques s’expliquent en partie par
la recherche du métal. Le minerai était travaillé à l’époque romaine dans des
sites très anciens comme Tartessos, Gadès, Malaga, Carthagène, sur le plateau
de Castille, à Bilbilis, à Tolède, dans la sierra Morena (le Mons Marianus des
Romains), à Italica, où l’exploitation reprit sous le califat de Cordoue. La
valeur des produits manufacturés destinés à l’exportation tenait plus, d’après
les auteurs anciens6, à la qualité du travail qu’à la qualité du minerai ; elle
s’expliquait aussi par les propriétés de certaines eaux, comme celle du Tage,
pour la trempe : c’est ainsi que les coutelas espagnols (machaerae hispanae)
étaient renommés dans l’Antiquité (Maurice
Lombard, I. Les métaux dans l’ancien monde à la fin du ve siècle In : Les
métaux dans l’Ancien Monde du Ve au XIe siècle, 2001 - books.openedition.org). "orchestra"
: la sénatrice Luparia Au XIIe siècle, alors que Santiago était arrivé au plus
haut degré de splendeur, on y voyait deux livres fort instructifs sur ce point.
L'un d'eux, connu sous le nom d'Historia
Compostellana, traite surtout des événements contemporains des narrateurs,
lesquels s'arrêtent à l'année 1139 ; c'est une histoire de l'évêque Diego
Gelmirez, mais d y est aussi question des temps anciens, de la translation de
saint Jacques et de la découverte de son tombeau. L'autre livre était un
recueil assez complexe. On y trouve une Translatio
s. lacobi, suivie d'une lettre de saint LĂ©on, pape : puis un recueil
de miracles de saint Jacques, censé formé par le pape Calixte II ; la
passion de saint Satrape de Saintes ; l'histoire fabuleuse de Charlemagne
par le pseudo-Turpin ; enfin, une lettre apocryphe d'Innocent II, laquelle
authentifie l'ensemble. De cette collection, les deux premières pièces, la
Translatio et la lettre du pape LĂ©on, sont les seules dont il y ait lieu de s'occuper
ici. La Translatto raconte que saint Jacques vint en Espagne après l'ascension
du Sauveur, qu'il y convertit quelques personnes, qui, notamment sept
disciples, le suivirent quand il repartit pour Jérusalem. Après son martyre,
ils recueillirent son corps et s'embarquèrent sur un navire qui, en sept jours,
les transporta Ă lira. DĂ©sireux de donner Ă l'apĂ´tre un tombeau convenable, ils
allèrent trouver une matrone appelée Luparia et lui demandèrent de leur céder
un temple situé dans une de ses propriétés. Cette personne, païenne et mal
disposée, les adressa au roi de la contrée, qui leur fit le plus mauvais
accueil. Les disciples prirent la fuite, poursuivis par ce méchant prince. Sur
leur route . trouvait un pont :
ils le traversèrent et il s'écroula au moment où les persécuteurs étaient en
tram de le passer à leur tour. Cet accident fit réfléchir Luparia ;
cependant, pour se débarrasser des solliciteurs, elle les envoya dans la
montagne, où ils eurent affaire d'abord à un dragon, puis à des bœufs sauvage»
Ils triomphèrent et des dragons et des bœufs. La montagne s'appelait mons Ilicinus ;
les disciples changèrent son nom en celui de mont Sacré. Leur succès finit par
convaincre la matrone, qui se convertit et entraîna la population par son exemple.
Le temple fut vidé de ses idoles ; on y creusa un tombeau, et l'apôtre y reçut
enfin la sépulture. Les disciples se dispersèrent pour prêcher l'Evangile ;
mais trois d'entre eux demeurèrent jusqu'à la mort auprès du saint tombeau. On
pourrait croire que ce récit représente une tradition populaire locale. Il n'en
est rien c'est un plagiat pur et simple. Bien longtemps avant que la Mansion°
de saint Jacques ne fût en circulation, la même histoire, sauf ce qui concerne
l'apôtre, était racontée dans un autre canton de l'Espagne à propos de sept
saints dont le culte est assez ancien. Adon, au 15 mai de son martyrologe, en
donne un résumé. Sept évêques, Torquatus, Ctesiphon, Secundus, Indactius,
Caecilius, Hesychius et Euphrasius, sont ordonnés à Rome par les apôtres et
envoyés en Espagne. Ils se présentent d'abord à Acci, actuellement Gtiadix,
localité située à l'est de Grenade, dans l'extrême sud de la province
carthaginoise. Comme ils se reposaient à proximité de la ville, les païens, qui
célébraient une fête, se précipitèrent sur eux et les mirent en fuite. Les
Ă©vĂŞques franchirent un pont, lequel s'Ă©croula aussitĂ´t sous le poids de ceux
qui les poursuivaient. Une «sénatrice»
appelée Luparia donna alors le signal de la conversion. Puis les apôtres se
dispersèrent et allèrent fonder des églises dans la région, à Illiberris (Grenade).
Urci, Illiturgi, etc. Adon raconte que, le jour de la fĂŞte de l'un d'eux, saint
Torquatus d'Acci, c'est-à -dire le 15 mai, un olivier planté près de son tombeau
donnait des fruits mûrs (Antoine
de Baecque, Les voix de Compostelle, 2015 - www.google.fr/books/edition). Ainsi, la première
convertie serait une noble dame (senatrix), appelée Luparia. Les cognomina
dérivés de Lupus : Lupa, Lupatia, Luperca, Lupinula, Luplica, etc., sont
fréquents en Espagne ; voir Corp. inscr. lat.,
t. II, indices, p. 739. Il ne faut pas confondre Guadix (Acci), au sud de la
Tarraconaise, avec Cadix au sud de la BĂ©tique (Paul
Allard, Les persécutions en Espagne, Revue des questions historiques, Volume
39, 1886 - www.google.fr/books/edition). En latin la lupa,
la louve, désigne couramment la prostituée dont la maison est aussi appelée un
lupanar. Les prostituées prennent souvent un surnom qui rappelle le loup
que ce soit Lycoris aimée de Gallus ou Messaline qui se fait appeler Lycisce.
On voit ainsi comment symboliquement la lupa, la femelle du lupus, est son
inverse le loup figure la vertu militaire, le corps sacré du jeune soldat, la
louve incarne le corps prostitué de l'un ou l'autre sexe. Que la louve soit
devenue l'animal emblématique de Rome montre comment est centrale la figure de
la prostitution (féminine ou masculine indifféremment) à Rome qui structure
l'espace féminin et urbain, en s'opposant à la matrone, et l'espace masculin de
la guerre en s'opposant au soldat (Florence
Dupont, La matrone, la louve et le soldat, Prostituées, Volume 17 de Clio.
Histoire, femmes et sociétés, 2003 - books.google.fr). La reine Urraca Ière et Luparia Urraque Ière, née en 1081 et morte le 8 mars 1126, est
reine de LeĂłn et Castille de 1109 Ă sa mort. Fille du roi Alphonse VI et de
Constance de Bourgogne, Urraque devint l'héritière de son père en 1108 après la
mort de son frère Sanche. Avec son premier mari Raymond de Bourgogne (mort en
1107), elle eut un fils : Alphonse Ramires, le futur Alphonse VII. Lors de
son second mariage, Alphonse Ier d'Aragon et elle-mĂŞme, par contrat, devenaient
co-souverains de toutes leurs propriétés. Alphonse en profita pour installer des
garnisons aragonaises dans les villes de Castille et de LeĂłn, ce qui provoqua
une guerre civile. Un conflit entre les Ă©poux empira les choses et pour des
raisons de consanguinité, le pape Pascal II déclara leur mariage nul. Après
leur séparation, la guerre civile continua et ne se termina qu'en 1126 avec la
mort de Urraque (fr.wikipedia.org
- Urraque Ire de LĂ©on). L'Ă©vĂŞque de Saint Jacques de Compostelle Diego Gelmirez
avait constitué un parti et avait fait roi le fils d'Urraque. En 1116, dans le
conflit entre Urraque et Diego Gelmirez, Dom Ferdinand Perez, fils du comte Dom
Pedre Frolaz, avait assiégé la cité de Castro Luparia qui appartenait à la
reine (Juan
de Ferreras, Histoire generale d'Espagne, Tome 3, traduit par Vaquette
d'Hermilly, 1751 - www.google.fr/books/edition). L'histoire d'Arias PĂ©tri est un autre bon exemple de
l'impuissance de la monarchie face aux châtelains. Ce personnage est mentionné
pour la première fois dans la Compostellana
en 1110. L'année suivante on apprend
qu'il avait «usurpé» le château royal de
Luparia. On ne sait s'il faut entendre par lĂ qu'il en avait pris possession
par les armes ou par ruse, ou bien que, l'ayant reçu «légalement», il s'était
libéré des obligations auxquelles il était tenu. Quoiqu'il en soit, Urraca et
Diego Gelmirez vinrent assiéger Luparia. Arias rendit la place, après
négociations, et perdit tous ses honores. La reine, en 1116, offrit le castellum, alors en butte aux
attaques de Fernandus Pétri, fils du comte de Traba, à l'évêque de Compostelle. Gelmirez refusa. Urraca conserva
Luparia jusqu'en 1117 au moins. En 1123, il Ă©tait de nouveau aux mains d'Arias
Pétri. La Compostellana ne révèle pas
comment ni Ă quel titre, l'usurpateur deÂ
1111 en avait repris possession. Mais on peut envisager l'hypothèse que
ce fût à la suite d'un accord avec la reine, accompagne d'une prestation
d'hommage. En effet, Arias est qualifié de «dux Lupariare». L'expression fait penser
à une investiture «officielle». Cependant, le «dux», si tant est qu'il ait fait
hommage, l'avait rompu, car Urraca, toujours en 1123, mit le siège devant son
castrum sans parvenir Ă s'en emparer : elle envisagea d'en faire
construire un autre «in facie» de Luparia. On ignore si le rebelle fit sa
soumission et quand. Mais, en 1126, il tenait toujours Luparia. Il fut le seul
des nobles galiciens à refuser de faire hommage à Alphonse VII, «aut aliquid servitium
exhibere». Diego Gelmirez fut chargé de le mettre à la raison. Le prélat
assiĂ©gea et prit la turris de Taberiolo queleÂ
dit Arias avait construite tandis qu'un comte Ă qui Alphonse VII avait
donné l'honor du révolté bloquait Luparia qui résista avec succès. Le sort ultérieur
du castrum n'est pas connu. Il est fort possible qu'Arias l'ait conservé après
avoir consenti Ă faire hommage pour lui au roi. On a, en effet, la certitude
qu'il a gardé le castellum de Sanctus Joannis de Penna-Cornaria qui lui appartenait :
il en fit donation «post mortem» à la cathédrale de Compostelle en 1128. Il y a
un parallélisme évident entre la situation qu'Urraca et Alphonse VI ont dû
affronter en Galice et celle qu'a
trouvé, à son avènement le capétien Louis VI le Gros dans son domaine. De
l'autre côté des Pyrénées, le roi de France à réussi à réduire les châtelains
et à détruire leurs forteresses les plus importantes. Mais ce fut au prix d'un
effort militaire soutenu pendant trois décennies. La volonté d'aboutir à un
même résultat chez eux n'a pas manqué à la fille et au petit-fils d'Alphonse
VI. Mais, faute de numéraire, ils n'ont pas eu les moyens de leur politique. Le
rôle de l'argent dans la «castellisation» et la «féodalisation» de la Galice
est un des enseignements majeurs que l'on tire de la lecture de l'Historia (Jean
Gautier-Dalche, Chateaux en Galice: Le témoignage de l'Historia
Compostellana - www.culturanavarra.es). Si "urraca" signifie "pie" (oiseau)
en espagnol, ce nom pourrait venir du gothique Ulrica. "outrage" fait Ă la reine ou fait par la reine Urraque est
qualifiée de débauchée. Son mari Alphonse d'Aragon fit enfermer au château
de Castallar (Johannes
Mariana, Histoire Generale D'Espagne, traduit par Joseph-Nicolas Charenton,
Tome 2, 1725 - www.google.fr/books/edition). Au siège du château de Moterroso (province de Lugo,
Galice), un partisan du comte révolté Pedro de Galice vint imploré
la protection de la reine Urraca. Son mari Alphonse n'y eut aucun Ă©gard et le
transperça de sa lance dans le manteau de sa femme. Humiliée et outragée par le
comportement de son mari, elle exigea le divorce sur le champ. Comment ne pas
penser, en lisant cet épisode, à l’abondante iconographie du bas Moyen Âge qui
représente la figure de la Vierge en train de protéger le peuple chrétien sous
son vaste manteau ? Affirmer que nous sommes en présence d’une parfaite
similitude entre Marie et Urraque serait sans doute excessif, il est pourtant
évident que ce topos de l’image mariale, appliqué à la reine, s’impose de façon
naturelle dans l’esprit du lecteur de la chronique. […] La mort d’Alphonse VI ne provoqua pas seulement des
bouleversements dynastiques et successoraux quant à la destinée du trône du
royaume de León-Castille. La disparition du monarque représenta aussi un tournant
politico-symbolique, véritable annonce du chant du cygne, pour le vieux
monastère de Sahagún, lieu de rédaction de la chronique qui constitue l’objet
de notre étude. Ce fut en effet dans l’église de Domnos Sanctos que l’on
enterra Alphonse en grande pompe. Le monastère, choisi par le roi comme
dernière demeure, affichait alors des prétentions visant à être reconnu, en sa
qualité de panthéon royal, comme l’un des principaux centres politiques du
royaume de León et de Castille. […] L’œuvre du père José Pérez de Rozas élaboré dans la
deuxième moitié du XVIIe siècle sous le titre : Defensa del honor de la Reyna Doña Urraca, indignamente mancillado por
varios rumores esparcidos en su tiempo, y ligeramente creidos, y propagados por
Autores poco noticiosos á la posteridad, brève apologie, éditée par
Escalona sous le titre “Apéndice II” (1782), prend place entre les chroniques
anonymes et la sélection du cartulaire du monastère de Sahagún, respectivement
annexes I et III de la Historia de
Sahagún. Le fait qu’Escalona ait publié ce texte, et que José Pérez ait
songé à l’écrire plus de cinq siècles après la mort de la reine, est moins
anodin qu’il n’y paraît au premier abord. L’intention de ces moines de l’époque
Moderne nous est bien connue : elle consistait à sauvegarder les intérêts
de Domnos Sanctos à une période, le Siècle des Lumières, où la conservation
d’une institution de cette nature semblait de plus en plus anachronique aux
yeux des contemporains. Mais telle devait ĂŞtre aussi, pour des raisons de
protection comparables, l’intention des auteurs des Crónicas anónimas
lorsqu’ils rédigèrent ces textes. Le propos de Pérez de Rozas a le mérite de la clarté. Il
prétend rétablir, dans son opuscule, la mémoire outragée d’Urraque, jusqu’alors
particulièrement maltraitée par l’historiographie “nationale”. Son travail ne
fut pas vain car d’autres auteurs40 s’employèrent, après lui, à réhabiliter la
figure de cette reine (Charles Garcia, Le
pouvoir d’une reine, e-Spania 1, juin
2006 - ournals.openedition.org). Deux comtes castillans, Gomez de Campospina et Pedro de
Lara, se partageaient cet amour adultère. Doublement blessé de ces désordres,
qui en déshonorant son nom, lui enlevaient tout le bénéfice de son mariage et
l'empire d'Alonso VI, le roi d'Aragon se détermina à les réprimer par les
armes, et marcha sur Burgos à la tête de ses fidèles. Les barons castillans
protestaient tous par leurs murmures contre la vie licencieuse d'Urraca; mais,
comme elle leur Ă©tait moins odieuse que la domination aragonaise, ils
rejoignirent les bannières des favoris. Ceux-ci attendaient l'ennemi dans la
plaine de Campospina. Au premier choc, Pedro de Lara, libertin sans coeur, qui
menait l'avant-garde, tourna bride devant les lances, et s'enfuit Ă Burgos, oĂą
la reine dut lui faire un mauvais accueil. Gomez, plus courageux, se fit tuer
avec tous les siens. Les Aragonais gagnèrent la bataille, mais tout l'honneur
resta aux Castillans, par la bravoure d'un chevalier d'Olea, qui portait la
bannière du comte. Ayant son cheval tué sous lui et les deux mains coupées, il
retint la bannière de ses deux bras mutilés et sanglants, et ne cessa de la
défendre et de crier : «Olea! Olea!» qu'en perdant la vie avec son sang (Jean
Bernard Mary-Lafon, Histoire d'Espagne depuis les premiers temps jusqu'Ă nos
jours, Tome 1, 1865 - books.google.fr). En 1110, le comte de Candespina, Gómez González, qui
avait espéré épouser Urraque, se soulève contre Alphonse Ier. Il est mis en
déroute devant le château de Monterroso. À partir de 1111, il prend le parti,
avec une importante fraction de la noblesse galicienne, du jeune Alphonse, pour
l'instant dépossédé de ses droits. Menés par l'évêque de Saint-Jacques-de-Compostelle,
Diego GelmĂrez, et le tuteur de l'enfant, le comte de Traba Pedro Froilaz, les
nobles choisissent Alphonse comme «roi de Galice», lors d'une assemblée dans la
cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, le 17 septembre 1111. Alphonse Ier
intervient en Galice et, avec l'aide du comte de Portugal Henri de Bourgogne,
met en déroute les partisans de son beau-fils à la bataille de Viadangos, en
octobre 1111. Il capture Pedro Froilaz, tandis que Diego GelmĂrez et Alphonse
parviennent Ă fuir (fr.wikipedia.org
- Alphonse Ier (roi d'Aragon)). Le roi d'Aragon, avant la fin de l'an 1110, était maître
de Najara, Palencia, Burgos et de la plupart des places fortes. Le parti de la
reine Ă©tait en pleine dissolution. Un acte impolitique d'Alonso Ier lui rendit
la vie et la force. Ne sachant comment subvenir aux frais de la guerre, le
vainqueur eut l'idée de les faire payer par les saints. Par le conseil
perfidement intéressé peut-être du roi de Portugal, il mit la main sur les
trésors et les revenus de l'Église. Aussitôt tout changea de face. Le clergé
furieux publia que le ciel, qui avait jusque-là favorisé les armes de l'Aragon,
allait les abandonner et se déclarer en faveur de la Castille. A sa voix, en
effet, tous les partis, oubliant leurs discordes, s'unirent contre l'ennemi
commun, et les masses, soulevées par les cris de détresse et de fureur des
prêtres, se ruèrent de toutes parts contre ces pillards, ces brigands, ces
sacrilèges violateurs des églises, qui volaient les vases sacrés, avilissaient
les ministres de Dieu, outrageaient les femmes et les vierges, brûlaient les
villas royales, ne respectaient pas mĂŞme les bourgs et les hĂ´telleries du
chemin de Saint-Jacques, et avaient si cruellement ravagé les campagnes, que
les malheureux agriculteurs y mouraient à chaque pas de faim et de misère, et
n'y trouvaient plus rien que quelques brins de paille pour couvrir leur nudité. Alors apparut sur la scène, pour soutenir la cause
castillane, un de ces caractères fièrement trempés, énergiques jusqu'à la
violence, qui sont le salut de la chose publique dans les temps de crise et le
fléau des peuples dans les temps de troubles. Diego Gelmirez, archevêque de
Saint-Jacques-de-Compostelle, prit en main la cause de l'Église et celle de la
reine, au moment où elles semblaient également désespérées, et les releva l’une
et l'autre. Par son influence, il ramena la Galice sous la bannière nationale,
détacha le roi de Portugal de l'alliance aragonaise, et mit tout à coup le bon
droit du côté d'Urraca, en la couvrant de la protection sacrée de Rome, et,
publiant un bref du pape Pascal II, qui la séparait de fait de son époux (Jean
Bernard Mary-Lafon, Histoire d'Espagne depuis les premiers temps jusqu'Ă nos
jours, Tome 1, 1865 - books.google.fr). Marié à Urraque Ire de León en 1109, Alphonse Ier d'Aragon est roi de León, de Castille et de Galice à ses côtés. Il prend alors le titre d'«empereur de León et roi de toute l'Espagne» ou d'«empereur de toute l'Espagne». À la suite de leur séparation, en 1114, qui entraîne celle de leurs royaume, il conserve ce titre jusqu'en 1127, date à laquelle il l'abandonne au fils aîné d'Urraque Ire, Alphonse VII (fr.wikipedia.org - Alphonse Ier (roi d'Aragon)). Pelligoux : Reliegos Reliegos:
in Roman times the village was called Palantia, and 3 military roads converged
here. As far as we know, no visible traces of the Roman settlement are left. A
medieval village here is cited from 916, and in 1043 Fernando I donated the
town to the Cathedral of leon (David
M. Gitlitz, Linda Kay Davidson, The Pilgrimage Road to Santiago, 2000 -
www.google.fr). La reine Urrace échange en 1116 avec l’évêque de Léon la
villa San Martin près de Reliegos contre des objets prĂ©cieux (Laurent Feller, Ana RodrĂguez, Objets sous
contrainte, Circulation des richesses et valeur des choses au Moyen Ă‚ge, 2019 -
www.google.fr/books/edition). Se sale de Reliegos por el "camino real”, hasta
llegar a Mansilla de las Mulas, con murallas y el castillo, en donde sufriĂł
prisiĂłn el conde D. Pedro de Lara, presunto marido de la Reina Doña Urraca (BoletĂn
de la Real Sociedad Geográfica, Volume 79, 1943 - books.google.fr). Le chemin de
Compostelle et Alphonse Ier d'Aragon Alphonse Ier doit affronter l'hostilité des
ecclésiastiques bourguignons établis le long du chemin de Saint-Jacques avec le
soutien de Raymond de Bourgogne et d'Alphonse VI. Ils ont l'oreille du pape
Pascal II, qui avait été moine bénédictin, puis légat apostolique en Espagne
avant d'ĂŞtre Ă©lu pape. Ă€ la tĂŞte de vastes propriĂ©tĂ©s, ils s'opposent aussi Ă
la politique d'Alphonse Ier, favorable aux bourgeois des villes. Les nobles de
Castille et de LeĂłn sont Ă©galement hostiles Ă cette politique, alors
qu'Alphonse, qui se défie d'eux, confie les postes importants à la noblesse
navarro-aragonaise (fr.wikipedia.org
- Alphonse Ier (roi d'Aragon)). L'or de
Compostelle Le récit connu sous le nom d'Historia Compostelana est en réalité une "vita", une
biographie, ordonnée chronologiquement, de Diego Gelmirez qui fut évêque puis
archevĂŞque de Saint Jacques en Galice de 1100 Ă 1139 ou 1140. Non pas un saint
certes, mais un administrateur de grand talent, un politique et un bâtisseur,
un guerrier à l'occasion un prélat "à la page", a-t-on pu dire de
lui. Son diocèse était riche, grâce au pèlerinage ; lui-même, seigneur temporel
Ă la fois que spirituel, l'Ă©tait personnellement aussi. Au cours de sa longue
carrière, il a dépensé beaucoup d'argent, à des fins diverses. [...] Le métal jaune apparaît le plus souvent
dans l'Historia a
propos de dons faits par Gelmirez. Le premier est de 1110 : la reine
Urraca, qui avait épuisé le trésor laissé par son père Alphonse VI, a reçu 100
onces d'or et 200 marcs d'argent. Tous les autres ont eu pour destinataires
les souverains pontifes et les membres de leur Curie : ils s'Ă©chelonnent
de 1118 Ă 1136. Entre 1118 et 1120, pour obtenir le transfert Ă Compostelle du
siège métropolitain de Merida (sans titulaire en raison de l'occupation de la
ville et de sa région par les Musulmans et son élévation à la dignité
archiépiscopale, Diego Gelmirez dépêcha plusieurs missions à Gelase II puis a
son successeur Calixte II afin de les incliner en sa faveur. Ses envoyés ne
sont pas partis les mains vides mais munis, chaque fois, de la « benedictio »
sans quoi toute démarche auprès du Saint-Siège était vouée à l'échec. […] Après 1120, Diego Gelmirez allait encore être amené à beaucoup
donner. Il souhaitait que le pape confirmât et étendit ce qui lui avait été
déjà accordé. Or il avait à la Curie des ennemis qu'il fallait désarmer et des
amis dont il convenait de soutenir le zèle. De 1121 à 1136, il a déboursé en
tout : 1017 mombotins/aureos et 300 onces d'or (Jean
Gautier-Dalche, A propos de l'or dans l'Historia Compostelana, L’or au Moyen
Âge: Monnaie, métal, objets, symbole, 2014 - books.google.fr). L'or en
LĂ©on-Castille Les onces, dont il est fait mention jusqu'en 1124,
disparaissent ensuite pour céder la place aux morabotinos cités pour la
première fois en 1119. La substitution de l'or monnayé à l'or pesé s'explique
par la diffusion progressive dans le nord de la PĂ©ninsule des dinars
almoravides, à partir de la seconde décennie du XIIe siècle. Il y a là un
phénomène lié à l'évolution de la conjoncture politico-militaire. Dans la
seconde moitié du XIe siècle, en raison des tributs levés par ses souverains
sur les rois de taifas, le royaume de Leon-Castille a connu un premier flux
d'or, monnayĂ© ou non. Mais cet or a Ă©tĂ© thĂ©saurisĂ© ou exportĂ© et, sauf Ă
Tolède, n'a pas servi de monnaie. Cathédrales et abbayes en ont reçu une large
part qui a été gardée en réserve ou transformée en objets liturgiques. Aussi,
Gelmirez a-t-il pu, en 1110, donner sans peine, semble-t-il, 200 onces Ă
Urraca. L'invasion almoravide a mis fin à ce pactole et les quantités de métal
jaune conservées dans les trésors des cathédrales ont cessé de se renouveler.
En 1118, 1119 et 1120, l'évêque de Compostelle a eu de la difficulté a réunir l'or nécessaire à ses bénédictions. A partir de 1121, au contraire, on a
l'impression qu'il est tout Ă fait Ă l'aise dans ce domaine. En effet, vers la
fin du premier quart du XIIe siècle, le royaume de Leon-Castille commencĂ© Ă
bénéficier d'un second afflux d'or musulman provenant soit du commerce soit,
surtout, de la razzia. Des marchands chrétiens vont trafiquer en terre
islamique et ils passent par Compostelle, principale Ă©tape sur la route commerciale
qui y conduit. Ils acquittent, sans doute, des droits de péage au profit de
l'archevĂŞque, seigneur temporel de la ville. D'autre part, les milices des
cités d'entre Tage et Duero, puis le roi et son ost, opèrent des raids en pays
musulmans et ramènent des morabitinos, des bijoux et des pièces d'orfèvrerie en
or. Au fur et Ă mesure que la puissance almoravide s'est affaiblie, cet
apport a augmenté. Par les "oblations" des pèlerins venus des régions
frontière, la cathédrale de Compostelle en a, vraisemblablement, bénéficié (Jean
Gautier-Dalche, A propos de l'or dans l'Historia Compostelana, L’or au Moyen
Âge: Monnaie, métal, objets, symbole, 2014 - books.google.fr). Typologie Le report de 2196 sur la date pivot 1116 (cf. Castro
Luparia) donne 36. Eodem anno 36. quo Iacobus in Hispanias contendit, Paulus ad fidem conuertitur, quasi locum illius, & fortem suppleturus (id quod diuinitus B. Amadeo reuelatum fuisse ipsemet ex iussu Angeli feripsit in noua sua Apocalypsis uterque Iudei & Getibus praedicat, uterque Hispaniae praedicationis curam suscipit &c (Luis López, Pilar de Zaragoza, historia antigua deste santuario escrita por Tayon, obispo de Zaragoça en tiempo de los godos, 1649 - www.google.fr/books/edition). |