Reprise de Gibraltar par Abou Hassan X, 48 2212-2213 Du plus profond de l'Espagne enseigne, Sortant du bout et des fins de l'Europe, Troubles passant auprès du pont de Laigne, Sera defaicte par bande sa grand troupe. "pont de Laigne" Avant la conquête musulmane, le rocher de Gibraltar était
appelé mont Calpé. Au début du VIIIe siècle, dans le cadre de la conquête
musulmane de l'Espagne wisigothique, le chef Tariq
ibn Ziyad y Ă©tablit une tĂŞte de pont en Europe,
donnant son nom au rocher. Le site est conquis, en 1309, par le royaume de
Castille, puis repris par le général mérinide Abd-el-Melek en 1333 expulsant les Castillans. En 1374, les
Mérinides cèdent le rocher au royaume de Grenade. Gibraltar est définitivement
reconquis par Ferdinand V en 1492 La mer du DĂ©troit est la partie la plus Ă©troite de la mer
Occidentale : elle a une largeur de six parasanges ;
le courant y est violent, et la mer y est presque toujours agitée. On la nomme
aussi la mer d'el Qantara, c'est-Ă -dire du pont :
c'est un pont vert qui va de seles Ă ales, et que les
voyageurs aperçoivent quand la mer est calme. Seles et Ales sont entre Tarifa
et Algesiras. La montagne de Gibraltar était tombée, depuis des années, entre
les mains des Francs ; mais Allah l'a fait revenir récemment à l'Islâm. Le
sultan mérinide Abu Hassan l'a réparée, et l'a choisie comme point d'appui pour
ses troupes quand elles vinrent dans la
péninsule combattre les infidèles : il y a installé un détachement de son
armée. Il a pris Algésiras au sultan Yûssef Ibn el
Ahmar, souverain de l'Andalousie, pour en faire la garnison normale de son
armée. Il a donné au sultan Yûssef une compensation
en grains qui lui sont remis et en argent qui en tient lieu. Tels sont les
renseignements qui m'ont été fournis par des Mérinides dignes de foi, et par le
jurisconsulte, le cadi Ibrahim ben Abi Salem. La digue est dans Edrisi, dans Dimisqi
avec des figures, dans Maqqari, dans Ibn Sa'id Garnâti, et dans la tohfet el mulûk. L'impeccable
traducteur a certainement compris ce texte, dérivé d'Edrisi, puisqu'il l'a
traduit, mais je ne comprends rien, Ă sa traduction, pas plus qu'a Dimisqi et Ă Maqqari. Je pense que ces descriptions, d'autant plus
incompréhensibles qu'elles visent à la précision, confondent dans la légende
d'Alexandre-Hercule, les digues qui ont ouvert la communication entre la
Méditerranée et l'Océan, dont il est question ici et qui est décrite par Edrisi
et par le masâlik, et le pont qui joignait l'Andalousie
et Ceuta et dont Dimisqi raconte longuement la
construction. Je ne sais pas ce que sont Aies et SeleS
; il faut écarter le « de Velez à Elche » d'Ahmed Zéki
; Edrisi appelle cette région Es safiha avec le frajar el 'ayi). Sur Gibraltar,
voir la notice de Seybold, Encyclop.
Islâm, II, 180 et ses références ; aj. Yaqût, I, p. 376 ; Ibn Battûta, IV, p. 355. Massignon a assimilé Qasr es sagir
avec El gadrâ (Ibn Hordadbeh
et Mas'udi). Le premier nomme celle-ci comme une
ville maritime voisine de Ceuta ; Mas'udi dit que lĂ
aboutit le pont de pierre qui permettait de passer sur la mer d'Espagne au
Maroc. Ce pont est décrit dans Dimiâqi (p. 136 &
138). C'est tout autre chose que les deux digues qu'Edrisi connaît sur la rive
andalouse, oĂą l'on en voit, dit-il, les restes distincts, et sur la rive
marocaine où elle a été entièrement détruite. J'ai indiqué (c.-d., p. 237),
trop brièvement, qu'il y a confusion, dans la tradition, entre ces deux
systèmes de construction, il est probable qu'il y a aussi contamination entre
El Hadra «la verte», Algésiras, le «pont vert»
(c.-d. p. 237 et 242) et El Hadrâ, port marocain. Gibraltar est
prise par Alonso Perez Guzman El Bueno, général de
Ferdinand IV de Castille en 1309 ; reconquise
par les musulmans en 1333 ; reprise par Henri IV de Castille en 1462. Maqqari donne les renseignements suivants sur cette reconquĂŞte
de 1333 : « Quand les chrétiens se furent emparés de Jabal
el Fatfi (la montagne de la victoire) ou Jabal Târiq (Gibraltar), qui
faisait partie des provinces de Fez et du Maghreb, elle resta entre leurs mains
jusqu'à ce que la fit revenir le prince des musulmans Abu Hassan le Mérinide, souverain de Fez et du Maghreb, après y
avoir fait de grandes dépenses, envoyé des armées et des troupes. Il y fit
camper ses armées avec son fils et ses fidèles, qui la pressèrent si fort
qu'ils la ramenèrent aux mains des musulmans, s'occupa d'y faire des
constructions et des fortifications, et il dépensa des charges d'argent à sa
construction, enceinte, muraille, tours, grande mosquée, maisons, mihrab (pour
la prière des fêtes ?). Il était près de de terminer ces travaux quand l'ennemi
vint l'assiéger par terre et par mer ; les musulmans soutinrent l'attaque et
Allah trompa l'effort des infidèles Laigne
reproduit le latin lignum,
bois Algesiras :
al-djazirah
al-Khadra : le pont
vert. Il y a entre gisr et qantara cette difference, que le premier mot signifie un pont de bois ou de bateaux, et le
second un pont de pierres, forme d'arches al-Umari (ibn Fadl Allah al-'Umari) (1301-1349)
Géographe et administrateur, son père dirigea les cours de chancellerie à Damas,
au Caire, à Shihab. Il commence sa carrière publique
comme assistant au Caire. En 1339 il est chef de la cour de chancellerie Ă
Damas. En 1742 il est démis de sa charge et remplacé par son frère. Masalik al-absar fi mamalik al-amsar (Le Chemins et
perspectives) est un imposant ouvrage géographique, historique et biographique
en plus de vingt volumes, qui a été étudié par de Guignes en 1758 et Quatremère en 1838, dans les Notices et Extraits "Troubles" "Troubles" peut être un souvenir de Cicéron : "Et in Hispania
turbatum esset"
prononcé dans un discours en faveur de P. Cornelius Sylla, fils aîné de Servius
Sylla, et neveu du dictateur accusé de conspiration : Cincius a été envoyé par Sylla
dans l'Espagne ultérieure, pour soulever cette province. D'abord, juges, Cincius partit sous le consulat de L. Julius et de C. Figulus, quelque temps avant les premières fureurs de
Catilina, et lorsque personne encore ne se doutait de sa dernière conspiration
; en second lieu, il avait déjà fait un voyage dans ce pays, non pas sans
motif, mais pour une raison indispensable : car il avait des comptes importants
à régler avec le roi de Mauritanie. Pendant son absence, Sylla, qu'il avait
chargé de sa procuration, s'empressa d'acquitter les dettes de Cincius en vendant un grand nombre des plus belles terres
de Cincius. Ainsi, lorsque tant d'autres se sont
jetés dans le crime pour conserver leurs biens, Cincius
n'en a pas même eu l'idée, après avoir perdu une partie des siens. Et,
d'ailleurs, est-il rien de plus invraisemblable, de plus absurde, qu'un homme
qui aurait voulu mettre Rome à feu et à sang, éloignât de lui son plus intime
ami, et l'envoyât aux extrémités de la terre ? Se flattait-il de réussir plus
facilement dans Rome, parce qu'on aurait
excité des troubles en Espagne ? mais quel rapport
entre ces deux mouvements ? Pouvait-il, dans une conjoncture si grave, si
nouvelle, si critique, si orageuse, pouvait-il penser Ă Ă©loigner la personne
qui lui était le plus dévouée, qui vivait le plus intimement avec lui, qui lui
était le plus étroitement unie par des services réciproques. par
l'habitude, par l'usage ? Il n'est pas vraisemblable qu'après l'avoir retenu
constamment près de lui dans les jours de bonheur et de calme, il l'eût écarté
dans sa disgrâce, et au moment de la tempête que lui-même allait exciter. Quant
Ă Cincius, - car je ne dois pas abandonner les
intérêts d'un ancien hôte et ami, - est-il homme, par son caractère, par sa
naissance ou par ses principes, à ce qu'on le soupçonne d'avoir voulu faire la
guerre à la république ? Un citoyen dont le père, dans un temps où tous nos
voisins se détachaient de nous, a manifesté le plus grand zèle pour notre
république, aurait-il formé contre la patrie le projet d'une guerre criminelle ? En Espagne, la "banda"
singifie une troupe de plusieurs personnes associées
ensemble pour un mĂŞme dessein cf. le latin Turba (en
rapport avec trouble du bas latin turbulus, issu de
la rencontre de turbidus et de turbulentus) " Enseigne" Du droit féodal encore dérivent l'idée que le souverain
lui-même était porte-drapeau d'un saint (songeons au Capétien,
porte-Ă©tendard de saint Denis, ou au roi de Castille, vexillifer
S. Jacobi), et aussi celle qu'il est revĂŞtu d'un office dont Dieu lui-mĂŞme l'a
investi Alphonse VII est couronné roi de Castille à Compostelle
oĂą se trouve le tombeau de saint Jacques en 1111. Fernando II se proclame lui-mĂŞme Beati Jacobi
Vexillifer, comme Alphonse X, fils de Ferdinand
IV qui emporte Gibraltar en 1309, dans son testament (alferez
et vexillifer étant synonyme) L'insigne royal est enfoncé ("le plus profond") dans le sol espagnol comme l'on dit de la foi (chrétienne) enracinée en opposition à l'Islam au sud. Typologie Avec la date pivot de 1333, la
symétrique de 2212 est 454 ; avec 1309, on obtient 406. La période des grandes
invasions se situe entre 375 et 481 de notre ère. Les Visigoths poussés par les Huns entrent dans l'empire
(375) ; Alaric en Italie (403), Ă Rome (410). Invasion de Radagaise
en Italie (406); grande invasion en Gaule (406) ; Royaume des Burgondes (413) ;
Royaume des Visigoths (419) ; Les Alains, les Suèves
passent en Espagne, les Vandales en Afrique par le détroit de Gibraltar (429) ;
Invasion d'Attila (qui meurt en 453) et des Huns : grande bataille de Châlons (451) ; les Vandales pénétrèrent en Sicile (454) ;
Chaos de la Gaule de 451 a 481. Chute de l'empire
d'Occident en 476. |