Saadia Gaon et LĂ©on Ă©vĂŞque de Reggio de Calabre

Saadia Gaon et LĂ©on Ă©vĂŞque de Reggio de Calabre

 

X, 70

 

2228-2229

 

L'oeil par objet fera telle excroissance,

Tant & ardente que tombera la neige,

Champ arrousé viendra en decroissance,

Que le primat succombera Ă  Rege.

 

Saadia Gaon

 

Saadia Gaon (Rav Saadia ben Yosseph Gaon Soura, Sa'id ibn Yusuf al-Fayyumi), dit le Rassag, est un rabbin du Xe siècle (Égypte, 882 ou 892 – Babylonie, 942 EC). Sa vie est une suite de luttes et de batailles pour assurer la survie et la pérennité du judaïsme rabbinique babylonien face à l'assimilation dans la civilisation arabo-musulmane conquérante, aux luttes d'influence entre les académies de la terre d'Israël et de Babylone, à celles opposant l'exilarque (dirigeant des exilés juifs de Babylonie) aux scholarques etc. Il est, surtout, le premier opposant majeur aux Karaïtes, adeptes d'un judaïsme scripturaliste qui rejette la Torah orale des rabbins. Il répond à ces défis par une œuvre abondante et novatrice, devenant le premier adepte du judaïsme rabbinique à s'intéresser aux sciences profanes de son temps sans délaisser les domaines traditionnels (fr.wikipedia.org - Saadia Gaon).

 

Livre des Proverbes

 

Du livre des Proverbes, Saadia Gaôn consent à donner ce que l'on peut appeler une exégèse spiritualiste. Il semble que le titre hébraïque ait beaucoup contribué à cela. On a écrit au début de ce chapitre que l'exégèse de Saadia se caractérise par un rationalisme éthique. Dans ce livre des Proverbes, c'est une règle de conduite que Saadia recherche. Dans l'introduction au commentaire Saadia nous informe que Salomon a voulu mettre l'homme en garde contre ses instincts qui le conduisent à des comportements coupables. Les sens, dit-il, doivent être maîtrisés et la nature chamelle de l'homme ne doit pas dominer son intellect. Bien entendu, les multitudes ne comprennent pas le langage abstrait, elles ne se représentent pas l'aspect concret des intelligibles. [...]

 

Saadia sait que dans ce genre littĂ©raire - la littĂ©rature d'Ă©dification - le sens littĂ©ral est contingent. Son unique raison d'ĂŞtre est l'impĂ©ritie des lecteurs. En effet, comment dĂ©crire en termes abstraits, les malheurs et les souffrances qui accableront les âmes pĂ©cheresses ? Il faut donc recourir au langage imagĂ©, Ă  la mĂ©taphore et Ă  l'allĂ©gorie. Dans ce cas prĂ©cis, Saadia accepte de pratiquer une exĂ©gèse appropriĂ©e car il est au courant des intentions de l'auteur. C'est la raison pour laquelle il a traduit le titre du livre par la Recherche de la Sagesse. [...]

 

L'acquisition de la sagesse par la multitude est une entreprise dont le chemin est semé d'embûches. Il faut donc parler le langage de ceux qui ne réagissent qu'aux descriptions sensibles. [...] Aux yeux de Saadia, la sagesse n'est certes pas la libre spéculation philosophique mais au contraire une tentative de fonder sa conduite quotidienne sur les exemples de vie vertueuse fournie par l'Écriture. Ainsi, l'exégèse que donne Saadia du livre des Proverbes est homilétique car le but est d'édifier le lecteur et non de découvrir dans le texte des enseignements philosophiques cachés (Maurice R. Hayoun, L'exégèse philosophique dans le judaïsme médiéval, 1992 - books.google.fr).

 

Après avoir exposé brièvement une théorie de la connaissance, S. examine les douze manières ou «portes » dont la sagesse se manifeste dans ce livre. Ce nombre douze est arbitraire, car il est difficile de retrouver dans les Proverbes les douze procédés mentionnés. Ce sont surtout les 4e, 5e, 7e et 11e principes qui nous présentent les traits les plus caractéristiques de l'exégèse du Gaon (Bernat Heller, La version arabe et le commentaire des Proverbes du Gaon Saadia. In: Revue des études juives, tome 37, n°73, juillet-septembre 1898 - www.persee.fr).

 

Dans une importante digression (XXV, 11), S. expose quatre procĂ©dĂ©s de logique : 1° l'analyse ; 2° la synthèse ; 3° la progression croissante : 4° la progression dĂ©croissante. L'analyse, c'est le procĂ©dĂ© Ă  l'aide duquel on dĂ©taille toutes les parties d'un tout, ou lorsqu'on Ă©numère, pour l'anatomie de l'Ĺ“il, toutes les parties dont il est formĂ©. L'autre procĂ©dĂ© consiste Ă  chercher un trait qui est commun parmi les choses diffĂ©rentes. Le troisième procĂ©dĂ© nous enseigne Ă  commencer par les preuves les plus faibles pour s'Ă©lever aux plus fortes; le quatrième nous apprend Ă  rĂ©futer d'abord les objections les plus sĂ©rieuses et ensuite les moins importantes. Les exemples de versets construits d'après les règles de la logique sont bien frĂ©quents. En voici un : «Comme la neige en Ă©tĂ© et la pluie pendant la moisson, tel est celui qui dĂ©cerne des honneurs Ă  un sot» (XXVI, 1) ; S. remarque que ce verset compare des choses qui ne conviennent pas au point de vue de l'action Ă  ce qui ne convient pas dans le temps (Bernat Heller, La version arabe et le commentaire des Proverbes du Gaon Saadia. In: Revue des Ă©tudes juives, tome 37, n°74, octobre-dĂ©cembre 1898 - www.persee.fr).

 

Des manuscrits se trouvent en Europe depuis au moins le XVIIe siècle semble-t-il.

 

La Bodléienne renferme une version arabe avec commentaire sur Job et les Proverbes par Saadia : manuscrit Pococke 285. Le manuscrit de la Bodléienne paraît présenter le texte le plus authentique de la version de Saadia (digital.bodleian.ox.ac.uk).

 

Edward Pocock ou Pococke (Oxford, 1604 - Oxford, 1691) est un orientaliste britannique. Ordonné prêtre le 20 décembre 1629, chapelain des commerçants britanniques d'Alep en Syrie, il y perfectionne sa connaissance de la langue arabe. En 1636, il devient le premier professeur d'arabe d'Oxford. Il voyage ensuite à Constantinople où il reste quatre ans. À son retour, il est nommé professeur d'hébreu à Oxford. Ses deux fils, Edward et Thomas, furent aussi des spécialistes des langues orientales (fr.wikipedia.org - Edward Pocock).

 

"Rege" : Reggio

 

Reggio de Calabre : Regium, Rege (Charles Aubertin, Les chroniqueurs français du moyen age: Villehardouin, Joinville, Froissart, Commines; nouveaux extraits, 1896 - books.google.fr).

 

Le texte de la lettre de Photius Ă  LĂ©on remontant aux annĂ©es 880-886, il en rĂ©sulte que la crĂ©ation de la mĂ©tropole de Reggio peut ĂŞtre assez prĂ©cisĂ©ment datĂ©e des annĂ©es 880-907 ; elle est en outre certainement contemporaine (au mieux) de la crĂ©ation des sièges d’Amantea et Nicastro, ce qui ramène la fourchette aux annĂ©es 886-907. On ne serait pas Ă©tonnĂ© que LĂ©on ait Ă©tĂ© le dernier archevĂŞque autocĂ©phale de Reggio - et peut-ĂŞtre le premier mĂ©tropolite de la nouvelle province, dont la crĂ©ation doit ĂŞtre attribuĂ©e au patriarche Étienne Ier (886-893) ou Ă  Antoine II CaulĂ©as (893-901) plutĂ´t qu’au dĂ©but du premier pontificat de Nicolas Mystikos. Nous serions en effet tentĂ© de faire naĂ®tre la mĂ©tropole de Reggio, ainsi que les deux sièges crĂ©Ă©s Ă  cette Ă©poque, très peu de temps après la fin de la guerre terrestre contre les Sarrasins en Calabre, qui se termine en 885-886. La crĂ©ation des sièges d’Amantea et de Nicastro et l’annexion de ceux de Cosenza et Bisignano permettent d’ailleurs de donner Ă  la nouvelle mĂ©tropole le nombre optimal de douze suffragants. Nous pensons en outre que la crĂ©ation de la mĂ©tropole de Reggio est contemporaine de l’apparition de celle de Santa Severina et des sièges de ses trois suffragants de la Sila, peut-ĂŞtre Ă©galement de la restauration du siège salentin de Gallipoli, qui avait sans doute disparu au IXe siècle. C’est encore Ă  la mĂŞme Ă©poque, vers 887-888, que les autoritĂ©s impĂ©riales cherchent (en vain) Ă  imposer un Ă©vĂŞque grec au siège de Tarente. La grande campagne de construction de villes menĂ©e dans l’Italie mĂ©ridionale reconquise par les autoritĂ©s byzantines s’est probablement accompagnĂ©e d’une restructuration ecclĂ©siastique des rĂ©gions rattachĂ©es au patriarcat de Constantinople. Nous Ă©tablirions en outre très volontiers un lien (qui, Ă  vrai dire, semble Ă©vident) entre la crĂ©ation des deux mĂ©tropoles calabraises et la disparition de celle de Syracuse : la ville est prise par les musulmans le 21 mai 878. Mais on doit remarquer que, jusqu’à ces annĂ©es qui voient l’empire en mĂŞme temps perdre la Sicile, s’affermir en Calabre et conquĂ©rir la Langobardie apulienne, le patriarcat n’avait pas crĂ©Ă© de mĂ©tropole dans les rĂ©gions de l’Italie continentale enlevĂ©es depuis un siècle et demi au patriarcat romain, alors qu’il en avait instituĂ© dans les Balkans et en Sicile. Au plan de l’administration civile et militaire, enfin, on doit se souvenir que c’est vers 891-892 qu’est constituĂ© le thème de Langobardie. La naissance de celui de Calabre, qui remplace le thème de Sicile, est plus difficile Ă  suivre ; mais le repli en Calabre d’un stratège est Ă©videmment de peu postĂ©rieur Ă  l’époque ici envisagĂ©e. Au total, la crĂ©ation de la mĂ©tropole de Reggio, sĂ»rement datĂ©e de l’extrĂŞme fin du IXe siècle, se comprend parfaitement dans le cadre gĂ©nĂ©ral du rĂ©ajustement de la prĂ©sence byzantine en Italie mĂ©ridionale (Jean-Marie Martin. LĂ©on, archevĂŞque de Calabre, l’Église de Reggio et la lettre de Photius (Grumel-Darrouzès n° 562) In : EUPSUCHIA, MĂ©langes offerts Ă  HĂ©lène Ahrweiler, 1998 - books.openedition.org).

 

Léon est considéré comme un prélat savant, ayant formé des disciples : la lettre du prêtre Jean est, assez pompeusement, adressée "tô kathègètè tôn kathègètôn... kurô leonti tô grammatikô", qui est interpellé, dans le texte, sous la forme "didaskale ; dans sa réponse, d’ailleurs, Léon se dit lui-même "o tapeinos grammatikos" ; Jean l’appelle encore son père spirituel, Léon répond à son frère spirituel. Si on en juge d’après le contenu de la lettre et de la réponse, ce savant était en particulier un spécialiste de droit canon. Jean lui demande en effet son avis sur le cas d’un clerc qui est marié, mais veut recevoir l’ordination sacerdotale avant de déflorer son épouse ; c’est parce qu’il trouve cette attitude absurde ("atopon") qu’il sollicite l’avis de son maître (dont rien ne dit qu’il soit également son évêque). Léon répond que le clerc est un fornicateur caché, ou bien qu’il a des soupçons sur la virginité de son épouse ; s’il n’avait été marié, il aurait pu être ordonné prêtre vierge ; s’il s’avère que son épouse est bien vierge, rien ne l’empêche d’accéder à la prêtrise, mais après consommation du mariage. Remarquons que le cas soumis à la sagacité de Léon est comparable, par sa singularité, à certains de ceux que Léon soumet à Photius, qui, même s’il n’a pas eu l’activité juridique qu’on lui a autrefois attribuée, a du moins dû s’intéresser à l’importante œuvre canonique accomplie pendant son second pontificat : la mise à jour du Syntagma canonum, en 882-883, est pratiquement contemporaine de la lettre qui nous intéresse (Jean-Marie Martin. Léon, archevêque de Calabre, l’Église de Reggio et la lettre de Photius (Grumel-Darrouzès n° 562) In : EUPSUCHIA, Mélanges offerts à Hélène Ahrweiler, 1998 - books.openedition.org).

 

"Primat"

 

Il Cod. della Vaticana, fondo greco num. 1650, contiene una Concordia, od Esposizione de' Santi Evangeli, composta da Niccolò «Arcivescovo della Calabria, della Città di Reggio e della Trinacride regione della Sicilia». Essa è scritta di mano di un chierico Siciliano, di nome Teodoro, nel l'anno 1037. Grande è l'importanza di questo documento, che aggiunge un altro nome al Catalogo, abbastanza controverso e disputato, degli Arcivescovi reggini, e prova che, nel X secolo, dopo la caduta di Taormina (962), il Capo della Chiesa di Reggio prese pure il titolo di «Metropolitano della Sicilia», e che per ciò da lui doveano dipendere il clero ed i Vescovi della vicina Isola. Nella novella di Leone il Filosofo dell'anno 887 l'arcivescovo di Reggio era già chiaramente detto Primate della Calabria. E sin da quel tempo dipendevano da lui tredici vescovi suffraganei (Erasmo Pèrcopo, Miscellanea, Volume 206, 1858 - books.google.fr, it.wikipedia.org - Arcidiocesi di Reggio Calabria-Bova).

 

Reggio et incunables hébraïques

 

A l'instar de Saadia (882 - 942) en Orient qui avait commenté presque toute la Bible, Rashi fut le premier en Occident à entreprendre un commentaire complet de l'Écriture. Son Pentateuque sera le premier ouvrage imprimé en hébreu (Reggio de Calabre, 1475 : réimprimé à Berlin en 1866) (H. Hailperin : Rashi and the christian scholars, Revue d'histoire ecclésiastique, Volume 60,Numéros 1 à 2, 1965 - books.google.fr).

 

Le plus célèbre des Rishonim, Rachi (1040-1105) est né et mort à Troyes en Champagne. La communauté juive de Reggio de Calabre en 1475 tire au Moyen Âge sa prospérité du travail et du négoce de la soie (Jean Sellier, Une histoire des langues et des peuples qui les parlent, 2019 - books.google.fr).

 

Attaques sarrasines

 

Des chagrins domestiques attristèrent les dernières années du glorieux règne de l'empereur byzantin Basile Ier le Macédonien. Il mourut le 1er mars 886. Dès que Léon (886-912), son fils, surnommé le Sage, fut monté sur le trône, les Arabes reprirent les armes, dévastèrent la Calabre et détruisirent, près de Reggio, une division commandée par le patrice Constantin (A. Du Sein, Histoire de la marine de tous les peuples depuis les temps les plus recules jusqu'a nos jours, Tome 1, 1879 - books.google.fr).

 

En 888-889, une puissante flotte byzantine, venant de Byzance à Reggio, fut attaquée par l'escadre aghlabide au large de Milazzo, là même où Nasar avait remporté quelques années plus tôt une brillante victoire. La flotte byzantine fut complètement anéantie, et les pertes humaines, qui s'étaient élevées à plusieurs milliers de tués et de noyés, furent considérables. La panique fut telle parmi les Grecs que plusieurs forteresses et villes de Calabre, dont Reggio, furent abandonnées de leurs populations prises de terreur. Pourtant les Ifriqiyens n'exploitèrent que très médiocrement leur victoire. Après avoir fait quelque butin sur le continent, ils regagnèrent Palerme. Ainsi, le règne de Léon VI le Sage (886-912), auquel la plume fut plus favorable que l'épée, débuta pour Byzance sous d'assez lugubres présages. Là où son père Basile Ier, malgré toute son énergie, n'avait que partiellement réussi, il allait finalement totalement échouer (Mohamed Talbi, L'Émirat aghlabide, 184-296, 800-909, histoire politique, 1966 - books.google.fr).

 

Acrostiche : dans le désordre et à l'envers QCLT pour Q C(H) L T, Qohelet

 

Saadia Gaon, adversaire redoutable et notoire des karaïtes, a trouvé dans Qohelet le fil conducteur de ses réflexions sur l'idéal de vie qu'il propose à son lecteur au Xe et dernier traité dans son livre intitulé Les Croyances et les Convictions, où Saadia s'interroge sur les actions les plus salutaires pour l'homme dans ce bas monde. Partant des versets de l'Ecclésiaste, il énumère méticuleusement treize modes de vie dont la poursuite est pernicieuse, parle de sept sortes de bien et de trois états de bonheur et nous met en garde contre trois objets de dilection , qualifiés hébel par Salomon : la recherche exclusive de la sagesse, la pratique exagérée de la gaieté et de la joie et, surtout, l'activité civilisatrice (N. Sed, Deux commentaires karaïtes sur l'Ecclésiaste de G. Vajda, Revue de l'histoire des religions, Volumes 181 à 184, 1972 - books.google.fr).

 

Lien avec le quatrain précédent X, 69

 

En ce qui concerne le mot nephilim , Ms. Vienne Hebr. 24 ainsi que l'édition Reggio de Calabria (1475) ne rapportent que l'explication du terme - géants. La conclusion est claire : Rashi a tenu à identifier les bené élohim avec des êtres humains et non avec des êtres célestes. Il insiste en citant deux versets à l'appui de son explication. De même les nephilim sont des géants et non des démons dont on connaîtrait même le nom. Il est très probable que ce commentaire est un rejet implicite de l'angélologie chrétienne et surtout de l'idée de la chute des anges, malgré les sources rabbiniques corroborant partiellement ces idées (Elazar Touitou, Quelques critères pouvant aider à établir la version originale du commentaire de Rashi sur le pentateuque, Rashi, 1040-1990: hommage a Ephraim E. Urbach, 1993 - books.google.fr).

 

Il y a eu aussi de prétendus os de géans trouvés auprès de Pouzzoles (Scipion Mazella, Antichità di Pozzuoli; ap. Fab. Column., de Glossop. , p. 34) et d'Avellino, qui n'en est pas éloigné (Fab. Columna, De Glossopet., p. 34.). Jérôme Magius parle d'un cadavre de cinq coudées de long, déterré près de Reggio en creusant une citerne (Hier. Magius, De Gigantibus). Il semble que ce soit aussi auprès de Reggio que fut découvert le cadavre, dont on apporta à Tibère une dent qui avoit plus d'un pied en dimension. Mais le passage de Phlegon, où ce fait est raconté, est un peu équivoque en ce qui concerne le lieu. Le père Kircher cite un tombeau de géant d'auprès de Cozence en Calabre (Mund. subterr., lib. VIII, sect. II, cap. IV, p. 53). Le journal de l'abbé Nazari parle d'un squelette que être d'au moins dix-huit pieds de long (Collection académique, part. étr., t. IV, p. 178), déterré en 1665 à Tiriolo dans la haute Calabre. On dit, à la vérité, que ses os ressembloient à ceux d'un homme; mais on sait aujourd'hui à quoi s'en tenir sur ces sortes de comparaisons. Cependant la petitesse de ses dents, qui ne pesoient que de trois quarts d'once à une once et un tiers, peut faire douter qu'il fût d'éléphant. Thomas Bartholin cite de véritable ivoire fossile de Calabre et d'autre d’auprès de Palerme en Sicile (De Unicornu, p. 369), et des os d'éléphans d'auprès de Messine (De Peregr. Medic., p. 38) (Georges Cuvier, Recherches sur les ossemens fossiles: où l'on rétablit les charactères de plusieurs animaux dont les révolutions du globe ont détruit les espèces, Tome 1, 1825 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2229 sur la date pivot 886 donne -457.

 

Daniel IX, 25. Selon quelques-uns, il faut commencer à compter du décret en faveur d'Esdras, en l'an 457 avant l'ère vulgaire, soit 453 avant l'année réelle de la naissance de J.-C. Si l'on retranche de 69 semaines d'années ou de 483 ans, 453, il en reste 30. C'est-à-dire qu'on arrive en effet, pour la fin de la 69e semaine et pour le commencement de la 70e, à l'année où notre Seigneur commença son ministère (Adam Vulliet, Esquisse d'une histoire universelle envisagée au point de vue chrétien, Volumes 1 à 2, 1859 - books.google.fr).

 

D'autres calculs donnent -447 ou -467 pour le début des 70 semaines : cf. X, 57 - Le roi Alfred le Grand – 2219.

 

Les 70 semaines

 

21 Gabriel – l’être que j’avais vu au commencement de la vision – s’approcha de moi d’un vol rapide à l’heure de l’offrande du soir. 22 Il m’instruisit, me parlant en ces termes : «Daniel, je suis sorti maintenant pour ouvrir ton intelligence. 23 Dès le début de ta supplication, une parole a surgi, et je suis venu te l’annoncer, car toi, tu es aimé de Dieu. Comprends la parole et cherche à comprendre l’apparition. 24 Soixante-dix semaines ont été fixées à ton peuple et à ta ville sainte, pour faire cesser la perversité et mettre un terme au péché, pour expier la faute et amener la justice éternelle, pour accomplir vision et prophétie, et consacrer le Saint des saints. 25 Sache et comprends ! Depuis l’instant où fut donné l’ordre de rebâtir Jérusalem jusqu’à l’avènement d’un messie, un chef, il y aura sept semaines. Pendant soixante-deux semaines, on rebâtira les places et les remparts, mais ce sera dans la détresse des temps. 26 Et après les soixante-deux semaines, un messie sera supprimé. Le peuple d’un chef à venir détruira la ville et le Lieu saint. Puis, dans un déferlement, sa fin viendra, comme par une inondation. Jusqu’à la fin de la guerre, les dévastations décidées auront lieu. 27 Durant une semaine, ce chef renforcera l’alliance avec une multitude ; pendant la moitié de la semaine, il fera cesser le sacrifice et l’offrande, et sur une aile du Temple il y aura l’Abomination de la désolation, jusqu’à ce que l’extermination décidée fonde sur l’auteur de cette désolation.» (www.aelf.org, www.astrosurf.com).

 

L'Oint perse, Cyrus, et l'Oint juif, Zorobabel

 

Ainsi Isaïe, annonçant la volonté de Dieu au sujet du roi des Perses, dit : Voici ce que dit le Seigneur à son oint Cyrus (Is., XIV, 1), alors que ce roi païen n'était pas encore né, et quoique, après sa naissance, il n'ait pas reconnu le Dieu d'Israël, ce que Dieu lui reproche encore d'avance : Je t'ai fortifié, et tu ne m'as pas connu. Comment se fait-il donc que ce même Cyrus, dans ce même temps, soit appelé l'oint de Dieu ? Dieu lui-même nous l'explique lorsqu'il prédit de lui par la bouche du même prophète : Moi, je l'ai suscité ; il rebâtira ma ville, et il ramènera mon peuple de la captivité (E. Dentu, Choix de sermons et discours de s. ém. m. Philarète traduit du russe, 1866 - books.google.fr).

 

Le prophète AggĂ©e est un bon tĂ©moin de la situation des Juifs revenus de Babylone : «Vous attendiez l'abondance et ce fut maigre» (AggĂ©e, 1, 9). S'il en est ainsi, dit-il, en s'adressant au peuple au nom de IahvĂ© «la deuxième annĂ©e du roi Darius» (AggĂ©e, 1, 1), soit en 520, c'est parce que le temple n'a pas encore Ă©tĂ© reconstruit. Quand il le sera, la pluie et les rĂ©coltes reviendront. Et les Juifs connaĂ®tront une ère nouvelle : «J'Ă©branlerai toutes les nations, alors afflueront les trĂ©sors de toutes les nations et j'emplirai de gloire ce temple, dit IahvĂ© des armĂ©es. Ă€ moi l'argent ! Ă  moi l'or ! oracle de IahvĂ© des armĂ©es» (AggĂ©e, 2, 7-9). Non seulement les Juifs auront de nouveau un roi, mais il sera le plus puissant des rois : «Je vais renverser les trĂ´nes des royaumes et dĂ©truire la puissance des royaumes des nations» pour donner le pouvoir Ă  Zorobabel, un descendant de David nommĂ© par les Perses gouverneur de JudĂ©e, «car c'est toi que j'ai choisi, oracle de lahvĂ© des armĂ©es» (AggĂ©e, 2, 22-23). Pour ce prophète juif, ce n'est plus le roi de Perse qui est l'«oint» (le messie) de IahvĂ©, mais un Juif appelĂ© Ă  le supplanter. HĂ©las ! rien de tel ne s'est passĂ©. Le temple une fois reconstruit, la situation des Juifs n'a pas Ă©tĂ© meilleure et Zorobabel a disparu de l'histoire. Les Perses se sont gardĂ©s de rĂ©tablir la royautĂ©. Pourquoi l'auraient-ils fait, alors que la JudĂ©e n'Ă©tait qu'un groupe de villages dans un rayon de trente kilomètres autour d'une ville en ruine ? Car JĂ©rusalem, Ă  cette date, est toujours en ruine et dĂ©peuplĂ©e, telle que l'avait laissĂ©e l'armĂ©e de Nabuchodonosor en 586. Les Juifs du Retour avaient dĂ» s'installer dans des villages (Jean Perrot, Le palais de Darius Ă  Suse: une rĂ©sidence royale sur la route de PersĂ©polis Ă  Babylone, 2010 - books.google.fr).

 

Le prophète Aggée reconnaît Zorobabel comme oint à la place du roi perse Darius, qui meurt en 489 selon les marbres de Paros, en 486 selon Hérodote, et en 485 d'après le canon de Ptolémée (Encyclopédie moderne: dictionnaire abrégé des sciences, lettres, arts, Tome 17, 1856 - books.google.fr).

 

Daniel nous indique un point précis, d'où partent les soixante-dix semaines d'années, au bout desquelles le Messie doit paraître : ce point précis n'est autre que l'édit royal qui doit permettre de reconstruire les murs de Jérusalem. L'époque de cet édit est : ou bien celle de Cyrus en 534, ou bien celle d'Artaxerce Longue-main en 456, car il y a eu quatre édits successifs, qui s'échelonnent dans cet intervalle (Georges Frémont, Jésus-Christ, attendu et prophétisé: conférences de Saint-Philippe-du-Roule, Avent et Carême, 1886-1887 et 1887-1888, Tome 2, 1889 - books.google.fr).

 

En 537 avant J.-C., les Juifs obtinrent de Cyrus, qui venait de faire la conquête de Babylone, la permission de retourner dans leur patrie. Ils bâtirent le second temple de Jérusalem, qui n'eut pas les magnificences du premier (François-Joseph Fétis, Histoire générale de la musique depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours, Tome 1, 1869 - books.google.fr).

 

Le dernier souverain babylonien, cependant, s'Ă©tait parĂ© du nom de NabĂ», le dieu de Justice ; il avait supprimĂ© la fĂŞte de l'Akitu et arrachĂ© les dieux Ă  leurs sanctuaires. En 539, devant la menace directe que le roi perse, Cyrus, faisait se repentit de sa trahison : il ordonna de sacrifier Ă  Mardouk et rĂ©tablit la fĂŞte de l'Akitu. Mais c'Ă©tait trop tard, et les dieux tauriques suivirent le destin de Babylone, ainsi que JĂ©rĂ©mie, puis Daniel l'avaient prophĂ©tisĂ©. En 532, soixante-treize ans après la prophĂ©tie de JĂ©rĂ©mie, Cyrus publiait un Ă©dit qui autorisait les juifs Ă  reconstruire leur temple ; mais, depuis cinq ans dĂ©jĂ , les juifs de la diaspora - 40.000 selon les textes - avaient entrepris de traverser le dĂ©sert pour rentrer chez eux (Jean-Charles Pichon, L'homme et les dieux: histoire thĂ©matique de l'humanitĂ©, 1965 - books.google.fr).

 

La prise de Babylone et le décret se passent en -536 selon Dom Calmet (Léon Carré, L'ancien Orient: La Palestine, Tome 3, 1875 - books.google.fr).

 

Two years after the fall of Babylon, Cyrus issued the decree for the return of the Jews to their native land (A. P. Forman, Prophecy: A Series of Lectures, 1878 - books.google.fr).

 

De 534 à 486, il y a environ sept semaines d'années lunaires de 356 jours. Mais la date du décret ou de l'édit de Cyrus sur la rentrée des Juifs est assez imprécise comme on le voit ci-dessus.

 

Toutes les discussions, les hésitations même auxquelles nous venons d'assister supposent que les Juifs se sentaient libres de quitter la terre d'exil et de regagner leur patrie. Ils l'étaient en effet. Plus tard, on supposa que, le lendemain de sa victoire, Cyrus, voulant rendre hommage au Dieu qui la lui avait fait remporter, publia solennellement un édit pour la liberté d'Israël et pour la reconstruction du temple, ordonnant de restituer à Israël les vases sacrés que Nabuchodonosor avait fait enlever. Voilà le premier exemple de ces édits apocryphes dont l'historiographie juive des bas temps s'est montrée si prodigue. On croyait se donner de l'importance en montrant les potentats du jour ayant pour premier souci de protéger Israël. Il est probable qu'en fait Cyrus ne pensa jamais aux Juifs et entendit à peine parler d'eux. Ce qui est vrai, c'est que l'ordre nouveau que Cyrus inaugura rendit la liberté à Israël. L'interdiction du retour n'eut pas besoin d'un édit spécial pour être levée. La victoire des Perses et des Mèdes rendait par le fait la disposition d'eux-mêmes à tous les captifs. Sans doute il s'organisa d'abord des bandes isolées. La route par Circesium et Ribla était d'au moins trois mois. Les dangers du voyage, dans l'état où se trouvait l'Orient, devaient être extrêmes. On comprit bientôt la nécessité de grandes caravanes. Deux expéditions principales furent préparées, sous la conduite de princes appartenant à la famille de David. La première eut pour chef Sesbassar, fils de Joïakin ; elle arriva, ce semble, la première å Jérusalem, et, selon une tradition, ce fut Sesbassar qui eut les honneurs de la restauration de la ville et du temple (Ernest Renan, Histoire du peuple d'Israël, Tome 3, 1891 - books.google.fr).

 

Oint supprimé

 

On sait enfin par le commentaire d'Habacuc et l'écrit de Damas que ce Maître de Justice, qui fut mis à mort entre 67 et 63, était au sens propre un Messie, un Oint, un Christ. [...] A cause du crime, commis contre le Maître, le châtiment vient s'abattre sur Jérusalem et ses prêtres par la main de Pompée dans sa prise de la ville en 63 av. J.-C. Lors de cet événement le Maître est réapparu devant ses ennemis, les juifs infidèles (Anders Hultgard, L'eschatologie des Testaments des douze patriarches: Interprétation des textes, 1977 - books.google.fr).

 

De -486 à -63 il y a environ 62 semaines d'années lunaires.

 

De Pompée devant Jérusalem à la mort de Crassus

 

Pompée commence le siège de Jérusalem au début d'Avril -63 (Journal des savants, Volume 118, 1762 - books.google.fr).

 

Aussi la gloire de Pompée s'arrête; sa victoire sur les Juifs est sa dernière victoire; son bonheur l'abandonne. Il conclut un triumvirat avec César et Crassus, non pour l'amour de la vérité, mais pour l'amour du pouvoir ; et, après tant de triomphes, il finira par être vaincu à Pharsale, et égorgé sur les bords du Nil. Avant de quitter Jérusalem, Pompée en fit abattre les murailles, remit Hyrcan en possession de sa dignité de souverain pontife, avec le titre de prince, quoique tributaire des Romains ; mais il lui fut défendu de prendre le nom de roi, et d'étendre sa domination au-delà des bornes de la Judée. Toutes les villes dont ses prédécesseurs s'étaient rendus maitres dans la €élésyrie et dans la Phénicie, lui furent enlevées et annexées à la Syrie, dont Pompée donna le gouvernement à Scaurus. Il reprit ensuite le chemin de Rome, conduisant avec lui Aristobule, ses deux fils, Alexandre et Antigone, et ses deux filles, pour orner son triomphe. [...]

 

Pompée, César et Crassus avaient fait une ligue à eux trois, pour se partager le monde romain. César eut les Gaules en-deca et au-delà des Alpes ; Pompée, l'Espagne et l'Afrique; Crassus, la Syrie. Le plus riche et le plus avide des Romains, Crassus, convoitait les trésors du temple de Jérusalem que Pompée avait laissés intacts. Un de ses premiers soins fut d'aller s'en emparer. Le trésorier du temple, craignant qu'il ne prit tout, lui offrit un lingot d'or en forme de poutre, du poids de trois cents mines, plus de trois cents livres, à condition qu'il ne toucherait point au reste. Crassus le promit avec serment ; mais quand il eut le précieux lingot, il prit encore tout l'or qu'il put découvrir, et dont la valeur montait à dix mille talents ou cinquante-cinq millions de francs. Outre Strabon, cité par Josèphe, nous verrons plus tard, par Cicéron même, qu'il n'y rien d'incroyable dans ces trésors du temple de Jérusalem. Crassus avait de mandé à faire la guerre aux Parthes, pour s'enrichir des richesses de l'Asie; mais il fut défait, pris et tué, et le roi des Parthes lui fit couler de l'or fondu dans la bouche, en disant : Rassasie-toi donc enfin de ce métal dont tu as été si affamé (René François Rohrbacher, Histoire universelle de l'église catholique: (588-7, avant J.-C.), Tome 3, 1843 - books.google.fr).

 

La cause était déjà entendue pour des intelligences latines puisque, avant même son départ pour l'Orient, un tribun du peuple tenta de s'opposer à l'expédition.. Peut-être était-ce une manoeuvre politique. Il n'en est pas moins vrai que le tribun Ateius se servit de tous les moyens disponibles pour interdire à Crassus la sortie de la Ville; jusques et y compris de terribles imprécations religieuses. Malgré cela, la flotte de Crassus prit la mer et la première sanction divine ne se fit guère attendre plusieurs vaisseaux firent naufrage. On pourrait être tenté de croire, en lisant la relation des premiers événements syro-mésopotamiens, que le schéma de lecture proposé est totalement inopérant puisque, malgré l'avertissement et la sanction divine, Crassus franchit l'Euphrate à Zeugma sans rencontrer le moindre problème et remporta ses premiers succès. Il installa ainsi, outre-Euphrate, un saillant fortifié destiné à lui servir de point d'appui pour son offensive ultérieure, et constitué d'un rideau de fortins-vedettes établis le long d'une rivière, le Balikh, affluent de l'Euphrate. Ainsi, contrairement à ce que voudrait nous faire croire Plutarque, la première partie de l'expédition aboutissant au désastre de Carrhe, s'est-elle déroulée en terrain parfaitement connu de Crassus (Jean-Luc Desnier, "Le passage du fleuve": de Cyrus le Grand à Julien l'Apostat : essai sur la légitimité du souverain, 1995 - books.google.fr).

 

Il en fut autrement l’année d’après - cette fois c’était sûrement à Zeugma, - et avant le transfert complet de l’armée, un tourbillon enflammé mit en pièces une partie des radeaux (Victor Chapot, La frontière de l'Euphrate de Pompée à la conquête arabe, 1907 - mediterranee-antique.fr).

 

Au moment du deuxième passage de l'Euphrate, frontière officiellement reconnue entre le monde romain et le royaume parthe, une accumulation de phénomènes inquiétants : orage terrible ; noyade d'un cheval appartenant à Crassus et de son écuyer ; singulier comportement d'une aigle de légion ; distribution d'aliments considérés par les soldats comme réservés aux morts, et donc funestes ; lapsus de mauvais augure de Crassus dans une harangue adressée à ses troupes ; enfin, sacrifice au cours duquel le proconsul laisse tomber à terre par maladresse les entrailles des victimes (19, 4-8). Puis, en 23, 1, au moment de la bataille décisive, Crassus se revêt par erreur d'un manteau de couleur sombre, et certaines aigles de légion ou bien ne peuvent être arrachées du sol qu'à grand effort ou bien se retournent elles-mêmes en sens inverse de la marche, mais rien ne réussit à faire sortir Crassus de son indifférence aux signes et de son optimisme béat quant à l'issue de la campagne. La Vie de Crassus, l'une des moins étudiées de nos jours parmi les biographies de Plutarques, est aussi, à mon avis, l'une des plus remarquables par le talent de l'écrivain et l'art du récit. Aux chap. 4 et 5, l'auteur prend visiblement beaucoup de plaisir, en s'inspirant d'un récit de Fenestella, à décrire minutieusement la grande et confortable caverne où, en Espagne, le jeune Crassus vécut caché pendant huit mois pour échapper aux sicaires de Marius et de Cinna. Grâce à son ami Vibius, Crassus y avait «bon souper, bon gite, et le reste» , ce reste étant assuré par deux jeunes et belles esclaves que lui envoya Vibius, car celui-ci avait vraiment pensé à tout et avait voulu «procurer à Crassus, qui était dans la fleur de la jeunesse, les plaisirs de son âge» (Plutarque, Vie parallèles, Nicias-Crassus, traduit par Robert Flacelière, Émile Chambry, 2003 - books.google.fr).

 

L'été peut être instable dans cette région de la Mésopotamie. Des vents violents, des orages, des tempêtes de sable peuvent se lever soudainement avec une force irrésistible. Les Romains l'ignorent, ils sont surpris. Des étendards tombent, la foudre en boule s'abat sur un ponton, elle renverse des hommes qui sombrent dans les eaux bouillonnantes du fleuve, agité brusquement par un courant impétueux, et que l'on retrouvera noyés quelques kilomètres plus loin. Le doute s'insinue. La troupe hésite à marcher de l'avant. Crassus croyant les rassurer se laisse entraîner maladroitement dans sa harangue en jurant que personne ne repassera plus par ce pont au retour, avant de comprendre l'effet désastreux de son intervention et de se reprendre. Trop tard, ses explications ne convainquent personne. Les légionnaires avancent sous la pression des officiers mais dorénavant leur moral est ébranlé. La route du désert allait achever de les briser (André Verstandig, Histoire de l’empire parthe (-250 - 227): À la découverte d'une civilisation méconnue, 2017 - books.google.fr).

 

Crassus meurt en mai/juin -53. Ce qui fait 10 ans 2 mois de Pompée devant Jérusalem à la mort de Crassus. Soit environ 1 semaine et demie d'années lunaires de 356 jours. Encore faut-il que la moitié de semaine soit en plus et non comprise dans la dernière des 70 semaines.

 

Ce qui a pu être ententu ainsi aniciennement : "Daniel lui-même précise l'époque de soixante-dix semaines et demie. Dan., IX, 23" (Oeuvres complètes de S. Jean Chrysostome, Volume 9, Explication des Psaumes, traduit par Louis Vivès, 1868 - books.google.fr, Israël Lévi, L'Apocalypse de Zorobabel et le roi de Perse Siroès. In: Revue des études juives, tome 68, n°136, octobre-décembre 1914 - www.persee.fr).

 

Inondation

 

XXI. L'Arabie susnommée a la ville d'Edesse, appelée jadis Antioche, et dite Callirrhoé du nom de sa fontaine, et la ville de Carrhes, célèbre par la défaite de Crassus. A l'Arabie tient la préfecture de la Mésopotamie, dont la population est d'origine assyrienne, et où sont les villes d'Anthémusia et de Nicéphorium; puis les Arabes nommés Retaves (21), capitale Singara. Au dessous de Samosate, du côté syrien, le Marsyas se jette dans l'Euphrate. A Cingilla finit la Commagène, commence la cité d'Imme; villes baignées par l'Euphrate, Épiphanie et Antioche, surnommées sur l'Euphrate; Zeugma (XXXIV, 43), à 72.000 pas de Samosate, et célèbre parce qu'on y passe ce fleuve en face Apamée, que Séleucus, fondateur de l'une et l'autre villes, avait jointe à Zeugma par un pont. Les peuples attenant à la Mésopotamie se nomment Rhoales. Villes dans la Syrie, Europus, Amphipolis, appelée jadis Thapsacus. Les Arabes Scénites. L'Euphrate descend ainsi jusqu'au lieu nommé Ura, où, tournant à l'orient, il abandonne les solitudes palmyriennes de la Syrie, lesquelles atteignent jusqu'à la ville de Pétra et l'Arabie Heureuse. [...]

 

XXVI. L'Euphrate, à environ 83.000 pas de Zeugma, se divise auprès du bourg de Massice. Le bras gauche se rend dans la Mésopotamie par Séleucie même, et se jette dans le Tigre, qui roule au pied de cette ville (VI, 30); le bras droit gagne Babylone, jadis la capitale de la Chaldée; il la traverse ainsi que la ville appelée Otris, et forme plusieurs marais. Ce fleuve a une crue comme celle du Nil, à une époque fixe et qui n'est guère différente. Il inonde la Mésopotamie quand le soleil est dans le vingtième degré du Cancer; il commence à baisser quand l'astre achève de traverser le Lion et vient à la Vierge, et il rentre complètement dans son lit au vingt-neuvième degré de cette constellation (Livre V) (Histoire naturelle de Pline, Tolume 1, traduit par Emile Littré 1851 - books.google.fr).

 

La troisième guerre mithridatique opposa de 74 av. J.-C. à 63 av. J.-C. la République romaine à Mithridate VI, roi du Pont. Elle se termina par la victoire finale de Rome et par le suicide de Mithridate, dont le Royaume du Pont, joint à la Bithynie, devint une province romaine

 

En -69, Lucullus et ses légions furent les premiers Romains à franchir l'Euphrate. Le roi d'Arménie, Tigrane, ayant recueilli Mithridate, un affrontement eut lieu le 6 octobre près d'un fleuve que Plutarque n'identifie pas formellement, probablement le Tigre. Lucullus bat l'armée de Tigrane (fr.wikipedia.org - Troisième guerre de Mithridate).

 

Plutarque nous rapporte en effet que, s'apprêtant à franchir l'Euphrate pour marcher contre le souverain arménien, Lucullus se heurta au fleuve grossi et rendu bourbeux par le mauvais temps. Ennuyé par cette crue qui allait le retarder et retarder et permettre à son adversaire de mieux se préparer, Lucullus eut toutefois l'heureuse surprise de voir le soir même l'inondation refluer et, au petit matin, de constater qu'elle s'était totalement résorbées. "Les gens du pays, se prosternèrent devant Lucullus car, à leurs yeux, ce phénomène jusque là très rare, montrait que le fleuve s'était volontairement apprivoisé et adouci en sa faveur pour lui rendre le passage aisé et rapide" (Jean-Luc Desnier, "Le passage du fleuve": de Cyrus le Grand à Julien l'Apostat : essai sur la légitimité du souverain, 1995 - books.google.fr).

 

Le Livre de Daniel dans ce chapitre 9 pourrait remonter seulement au Ier siècle avant l'ère vulgaire. Prophétie peut-être antidatée comme les Centuries. Autrement une interprétation selon le prisme Jésus est aussi sujette à caution.

 

On remarque que le terme des Centuries au quatrain X, 100 tombe en 2251, 49 ans (sept semaines d'années solaires) de moins que les 2300 jours/ans du Livre de Daniel (VIII, 14) (Théodore Crinsoz, Abrégé de l'Essai sur les prophéties de Daniel, qui regardent les derniers tems, 1799 - books.google.fr).

 

Or le quatrain X, 99 semble porter sur Israël selon le prophète Isaïe.

 

En -49, César passe le Rubicon : c'est la guerre civile contre Pompée. La Judée n'y échappe pas. César ne lancera la réforme du calendrier qu'en -48 après sa victoire. Elle sera appliquée en -45. 

 

En -49, en Judée, Aristobule frère d'Hyrcan, à qui César avoit donné la liberté, meurt par le poison. Pompée fait exécuter Alexandre fils d'Aristobule (Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1762, Tome 1, 1763 - books.google.fr).

 

Lien avec les précédents quatrains X, 68 et X, 69.

 

Ce fut Darius aussi qui compléta la conquête des Grecs ioniens par l'acquisition de l'ile importante de Samos. Cette ile avait conservé son indépendance à l'époque où le général persan Harpagos avait effectué la conquête de l'Iônia, et même lorsque Chios et Lesbos se soumirent. Les Perses n'avaient pas de flotte pour l'attaquer, et les Phéniciens n'avaient pas encore appris à doubler le cap Triopien. En effet, l'abaissement qui vint surprendre les autres cités de l'Iônia tendit plutôt à agrandir Samos, sous le despotisme énergique et peu scrupuleux de Polykratês. Cet ambitieux Samien, environ dix ans après la conquête de Sardes par Cyrus (vraisemblablement entre 536-532 avant J.-C.), s'arrangea pour s'emparer de force ou par ruse du gouvernement de son île natale, avec l'aide de ses frères Pantagnôtos et Sylosôn, et une petite bande de conspirateurs. D'abord les trois frères se partagèrent le pouvoir suprême; mais bientôt Polykratès mit à mort Pantagnôtos, bannit Syloson et se fit seul despote (George Grote, Histoire de la Grece depuis les temps les plus recules jusqu'à la fin de la generation contemporaine d' Alexandre le grand, Tome 4, traduit par A.-L. de Sadous, 1865 - books.google.fr).

 

Jamblique cite encore comme disciples de Pythagore Théétète, Hélicaon, Aristocrate et Phytius, qui donnèrent des lois à Rhegium (Reggio de Calabre) (A. Ed. Chaignet, Pythagore et la philosophie pythagoricienne, Tome 1,  1874 - books.google.fr).

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