Commerce avec le Levant sous Louis XI

Commerce avec le Levant sous Louis XI

 

X, 38

 

2205

 

Amour alegre non loing pose le siege,

Au fainct barbar seront les garnisons :

Ursins Hadrie pour Gaulois feront plaige,

Pour peur rendus de l'armee aux Grisons.

 

"sainct barbar" : Qaytbay

 

Par la facilité de situer ce quatrain dans la continuité des précédents, cette interprétation se porte sur le sultan mamelouk Qaytbay.

 

Dans le contexte des croisades, dès le XIIe siècle, les barbares de Babylone désignent les musulmans qui ont pris Jérusalem, puis Acre en 1291. Le roi des «Francs» s'oppose ainsi au «roi de Babylone», parfois nommé «sultan de Babylone» pour désigner le sultan mamelouk. Le Caire était appelée Babylone (d'Égypte) par les Latins. La Petite Chronique d'Erfurt (XIIIe siècle) explique que le roi d'Egypte serait roi de Babylone parce que Pharaon aurait créé une ville forte qu'il aurait appelée «Nouvelle Babylone», en Égypte, à Etham, troisième station des Hébreux lors de l'Exode. Cette réactivation de la figure-repoussoir de Babylone, stigmatisée comme barbare car non chrétienne, est remarquablement homogène dans l'Occident des croisés (Sumi Shimahara, Babylone, Les barbares, 2016 - books.google.fr).

 

Al-Achraf Sayf ad-Dîn Qa’it Bay (né entre 1416 et 1418, mort le 8 août 1496) fut sultan mamelouk burjites d'Égypte de 1468 à 1496. C'est le règne le plus long pour un sultan mamelouk de la tour. Ce long règne lui a permis de stabiliser l’économie et de consolider les frontières avec l’empire ottoman au nord du sultanat. Son souvenir reste celui d’un grand bâtisseur : Il a laissé son empreinte dans l’architecture de La Mecque, Médine, Jérusalem, Damas, Alep, Alexandrie, et dans tous les quartiers du Caire.

 

Le règne de Qaitbay est habituellement considéré comme l’heureux apogée de la dynastie des mamelouks burgites. C’est une période de stabilité politique, de succès militaires, et de prospérité sans comparaison. Les contemporains de Qaitbay l’admiraient en tant que défenseur des valeurs traditionnelles des mamelouks. Dans le même temps on l’a critiqué pour son conservatisme et l’absence d’innovations pour faire face aux nouveaux défis. Après la mort de Qaitbay, l’État mamelouk va subir une période de cinq années d’instabilité et de régression jusqu’à l’accession au trône d’Al-Achraf Qânsûh Al-Ghûrî. Actuellement, Qaitbay est sans doute mieux connu par l’ampleur de son œuvre architecturale. D’après les sources contemporaines, au moins 230 monuments dont beaucoup existent encore sont associés à son nom. En Égypte, on trouve des bâtiments dus à Qaitbay dans tout Le Caire, ainsi qu’à Alexandrie et à Rosette. Au Caire le palais de Bayt Al-Razzaz, l’une de ces constructions, fait l’objet d’un programme de restauration. En Syrie, il soutient des projets à Alep et Damas. Il est aussi responsable de la construction de madrasas qui existent encore à Jérusalem et Gaza. Dans la péninsule arabe, Qaitbay aide à la restauration de mosquées et à la construction de madrasas, de fontaines, et hôtels à la Mecque et à Médine. Après un incendie en 1481, la mosquée du Prophète à Médine qui contient la tombe du Prophète, a été entièrement rénovée sous son égide.

 

En 1472, il fait le pèlerinage à la Mecque. Il est frappé de la pauvreté des habitants de Médine et consacre une part importante de sa fortune personnelle à l’amélioration de leurs conditions

de vie. C’est à travers de telles actions que Qaitbay s’est fait une réputation de piété, de charité et de son assurance royale (fr.wikipedia.org - Qait Bay).

 

Le sultan Qaytbay, très lié à Matbuli, occupe une place particulière dans cette relation. Toutes les sources font de Qaytbay un prince juste et pieux, et même un saint (...). Mort en 901 de l'hégire, il est considéré comme le "rénovateur de la royauté" (mugaddid almuluk) pour le neuvième siècle, par transposition sur le plan politique du thème islamique du mugaddid, grand savant ou saint envoyé par Dieu à chaque siècle pour vivifier la religion. C'est Matbuli qui, d'après Sa'rani, enseigna à Qaytbay l'art véritable de la puissance, d'un maniement aussi délicat que le balancier dans la main de l'équilibriste (Rachida Chih, Le saint et son milieu ou comment lire les sources hagiographiques, 2000 - books.google.fr).

 

Tripoli

 

On trouve "amour alegre" chez Geoffroy Rudel poète du XIIème siècle,

 

Amors, alegres part de vos, / Per so car vau mon miels queren (Amour, alegre me sépare de vous, / Pour ce que vais mon mieux cherchant) (François Raynouard, Choix des poésies originales des troubadours, 1816 - books.google.fr).

 

Jaufré Rudel, né au début du XIIe siècle (entre 1110 et 1130) à Blaye et mort selon la légende vers 1148, pendant la deuxième croisade, ou plus tard, vers 1170, est un troubadour aquitain de langue occitane. Selon la légende, Jaufré aurait entendu parler de la princesse de Tripoli et en serait tombé amoureux sans l'avoir vue. Pour la connaître il part pour la deuxième croisade mais tombe malade et meurt dans les bras de sa princesse (fr.wikipedia.org - Jaufré Rudel).

 

Les additions faites par Jehan Nostradamus Ă  l'ancienne biographie de Rudel sont, comme d'ordinaire, ou des ornements ou de pures fictions. Il change Blaie en Bileux, pour faire de JaufrĂ© un Provençal, etc. Il termine son rĂ©cit par ces mots : «Et rendit l'esprit entre les mains de la comtesse, qui le fist metre en riche et honorable sepulture de porphire, et luy feist engraver quelques vers en langue arabesque, qui fut en l'an 1562 (lire 1162), au quel temps il florissoit.» Bartsch remarque, il est vrai : «La date ne se trouvait pas dans la source mais elle peut ĂŞtre exacte et N. peut l'avoir prise dans des sources historiques ; elle s'accorde parfaitement avec la chronologie du poète» (Stimming, p. 16 ; Carducci, p. 41). Quelles pourraient bien ĂŞtre les «sources historiques» que Nostradamus aurait connues sur JaufrĂ© Rudel et que nous ne connaitrions pas ? (Gaston Paris, JaufrĂ© Rudel, 1893 - books.google.fr, Jehan de Nostredame, Les Vies Des Plus Celebres Et Anciens Poetes Provencaux, 1575 - books.google.fr).

 

Selon Nostradamus et Crescimbeni, cette dame avait épousé le comte de Tripoli, qui fut cause de la prise de Jérusalem, lorsque Saladin, qui avait pris le contrôle de l'Egypte en 1169 fondant la dynastie ayyouibite, renversée par les Maelouks en 1250, et qui y avait rétabli le sunnisme, enleva cette ville aux chrétiens en 1188. Tripoli de Syrie avait été prise par les croisés et érigé en comté en 1109. Ce comté fut réuni une première fois à la principauté d'Antioche en 1187, par Raimond II, quatrième comte de Tripoli, qui mourait. Ce fut Raimond lui-même qui fit celte réunion en se voyant mourir sans enfans. Il le fut une seconde fois en 1200, et n'en fut plus séparé depuis (Histoire littéraire de la France, Volume 14, 1869 - books.google.fr).

 

Tripoli sera parmi les dernières à tomber en 1289 sous les assauts des Mamelouks d'Egypte (Géraldine Chatelard, Liban, Guides Marcus, 2002 - books.google.fr).

 

Le burg d'Alexandrie construit sur les ruines du phare antique est semblable à celui de la Citadelle de Qaytbay à Rosette et à celui de Ra's al-Nahr à Tripoli du Liban, tous deux ayant été construits par le sultan Qaytbay dans les mêmes années, même si le dernier est de dimensions plus réduites (L’Art Mamelouk: Splendeur et Magie des Sultans, 2015 - books.google.fr).

 

Qaytbay fut révéré tant par ses collègues militaires que par ses clients civils, qui virent dans ses actes la présence rassurante de la tradition. Tel est, d'après Carl F. Perey, le jugement des sources arabes, mais qui peut bien être adopté d'un point de vue méditerranéen, puisque pendant le règne de Qaytbay le rapport entre le pouvoir politique et les marchés suivit les lignes tracées par ses prédécesseurs. Dix ans après sa mort, les Vénitiens se souvenaient encore de la «grande obéissance» que lui vouaient ses émirs. Qaytbay respecta les accords conclus avec les Vénitiens, ne dédaignant ni l'or du Cottimo ni le soutien financier de ses Hawâgâ. Pourtant, il dut faire face aux conséquences des choix de ses prédécesseurs, ainsi qu'aux compromis établis avec les marchands en vingt ans de vie du système des stocks: pendant les presque trente ans de son règne, l'ouverture de la finance sultanienne au commerce obligea Qaytbay à une constante négociation avec les secteurs financiers. Par ailleurs, la rationalité politique - et donc non économique - des formes de régulation des marchés s'imposa d'avantage. Pendant le règne de Qaytbay le commerce des épices continua à fonctionner sur des fondements financiers instables. Enfin, la collusion avec les autorités politiques vénitiennes favorisa l'influence politique grandissante des Francs dans le Levant.

 

Il existe un point concernant le gouvernement de Qaytbay que l'historiographie n'a pas su résoudre, et qui revêt une importance particulière pour notre sujet: à une période où s'accroissent les signes de guerre dans la région, et qui se conclut non sans quelque succès pour les Mamelouks, la politique financière du régime reste obscure. Comprendre comment Qaytbay finançait la défense de son empire, et notamment quelles firent les solutions adoptées pour le maintien des dépenses militaires, est un problème qui n'a pas trouvé de solution satisfaisante. Faute de bilans détaillés du gouvernement, il est impossible de faire des estimations pour juger quel fut le poids relatif des épices dans le budget des Mamelouks. C'est là une question d'autant plus importante que nous sommes en présence d'une forme d'organisation sociale conçue pour la guerre. Les enjeux politiques du sultanat, grâce à la relative stabilité des factions, avaient maintenant pour pivot la tension entre l'autorité circassienne et la base militaire mamelouks. Comme l'a, à juste titre, noté Jean-Claude Larcin, à cotte époque les Circassiens constituaient une véritable aristocratie consolidée, qui avait pourtant affaire à une armée au caractère de plus en plus mercenaire. De son côté, D. Ayalon a soulevé la question de l'augmentation des dépenses militaires, dont presque la moitié était utilisée pour répondre aux exigences extraordinaires des mamelouks. Ces exigences extraordinaires, davantage contraignantes en temps de guerre, mirent à l'épreuve l'appareil fiscal du régime, et poussèrent Qaytbay à des épreuves de force sans précédents: en 1489 les exigences extraordinaires des Mamelouks contraignirent le sultan à menacer de démissionner, et en 1490 à suggérer qu'il allait se retirer dans les Villes Saintes. [...]

 

DĂ©terminĂ©e Ă  maintenir le système Ă  tout prix, l'administration de Qaytbay dut affronter une situation extrĂŞmement tendue sur toutes les places commerciales. En Syrie la situation atteignit un point de tension extrĂŞme de 1471 Ă  1473, avec les crises successives de Tripoli, d'Alep et de Damas. A Alexandrie, pouvait-il en aller autrement, avec un tel volume de dettes ? Des troubles avaient dĂ©jĂ  Ă©clatĂ©s tout au long des annĂ©es 60 du XVe siècle, les dettes affectant les activitĂ©s des imite comme celles des Bani 'Ulayba, qui coopĂ©raient avec le rĂ©gime depuis vingt ans et auxquels la famille vĂ©nitienne Capello rĂ©clamait de grosses sommes en mai 1471. Badr al-dia Ibn 'Ulayba Ă©tait en affaires avec les GĂ©nois en 1474, et l'annĂ©e suivante les VĂ©nitiens dĂ©noncèrent ses procĂ©dĂ©s arbitraires en mĂ©tropole, peu de mois avant que, par un coup de main, il ne fut kidnappĂ© Ă  Alexandrie par des EuropĂ©ens, avec d'autres grands marchands, et retenu hors d'Egypte jusqu'au paiement d'une rançon.. MĂŞme si l'enquĂŞte ordonnĂ©e par Qaytbay invoqua la responsabilitĂ© vĂ©nitienne, et malgrĂ© la violente Ă©meute qui s'en suivit en ville, les rapports entre Venise et Qaytbay se rĂ©tablirent et s'amĂ©liorèrent mĂŞme pendant les mois qui suivirent (Francisco Javier Apellániz Ruiz de Galarreta, Pouvoir et finance en MĂ©diterranĂ©e prĂ©-moderne : le deuxième État mamelouk et le commerce des Ă©pices (1382-1517), 2009 - books.google.fr).

 

Influence française au Levant

 

Nos Rois prendront à cœur nos intérêts économiques du Levant à partir du moment où Louis XI héritera de la Provence qui faisait partie de la succession de René d'Anjou. C'est alors que Doriole, Contrôleur Général des Finances, puis Chancelier de France, adresse, en 1468, à Louis XI, un mémoire pour signaler «qu'à empêcher les Vénitiens de vendre en France les épiceries, le royaume gagnerait 3 ou 400000 écus par an». Aussitôt le roi de défendre de «laisser entrer en France aucune épicerie ni autre marchandise du Levant si elles n'étaient importées sur des bateaux français». Le commerce du Levant est ainsi réservé aux entreprises provençales pour les siècles à venir (Pierre Lyautey, Le drame oriental et le rôle de la France, 1924 - books.google.fr).

 

Le drame de la guerre de Cent Ans est à peine clos que Louis XI, reprenant pour le compte de la Couronne les tentatives de Jacques Cœur, demande à Marseille, devenue ville royale, de commercer avec le Levant et les comptoirs des côtes du Bénin. Il songea même à créer, en 1482, une compagnie de commerce pour intensifier ce trafic. Jamais encore, en effet, les «objets sarrasinois» n'avaient été tant recherchés pour meubler les demeures et enjoliver les costumes. L'importation sans cesse accrue en France des étoffes du Levant, des tissus de Mésopotamie ou de Perse, des étoffes d'Alexandrie ou de Damiette ou de produits similaires de l'Espagne mauresque, suscita en France, dès le début du XIIIe siècle, la création d'ateliers à Troyes, à Reims, à Poitiers, à Paris. On cherchait à y copier ces beaux damas, ces toiles d'or, ces samits et satins que les «galeasses» rapportaient à Marseille. Louis XI, effrayé de ces modes orientales, dut même prendre un édit pour interdire aux nobles dames le port de ces splendides ceintures d'or et d'argent faites «en Barbarie» qui devinrent par la suite ces «châtelaines», tout incrustées de pierreries, dont certaines étaient estimées 150 livres tournois (Maurice Besson, L'influence coloniale sur le décor de la vie française, 1944 - books.google.fr).

 

Grisons

 

Les conflits féodaux du Moyen Âge sont bel et bien terminés. L’émiettement féodal cède la place à des Etats plus vastes : la France, qui a bouté les Anglais hors de son territoire, l’Espagne issue de l’union de la Castille et de l’Aragon, l’Angleterre, que les Tudors unifient après la Guerre des Deux Roses, les Etats des Habsbourg en Europe centrale détenant le titre impérial ou la Suède de la dynastie Vasa. C’est la fin des grands féodaux qui succombent face aux coups de boutoir des monarques, à l’exemple de Charles le Téméraire de Bourgogne, écrasé par les Suisses influencés par Louis XI.

 

La France a mené jusqu’alors une politique empreinte de sagesse et de prudence. Charles VII, Louis XI et leurs prédécesseurs ont accru le domaine royal et écrasé les grands féodaux. Ils ont réalisé des gains frontaliers, dépassant ainsi l’ancienne limite des quatre rivières: Rhône, Saône, Meuse et Escaut. Lorsque Louis XI s’éteint en 1483, il reste quelques questions territoriales à régler. La première est l’héritage de Bourgogne, les Habsbourg détenant la Flandre, les Valois l’Artois et la Franche-Comté comme dot de Marguerite d’Autriche. La deuxième est la Bretagne, Charles VIII ayant épousé la duchesse Anne et attendant en vain un héritier ; il faudra le remariage d’Anne avec Louis XII et la naissance de sa fille Claude, qui épousera François Ier, pour intégrer la province dans le royaume. La troisième est le Roussillon que se disputent la France et l’Aragon. Les forces armées des Suisses leur permettent de connaître momentanément une «heure de la puissance». Ils ont écrasé la Bourgogne de Charles le Téméraire (1474-1477) puis repoussé facilement les assauts de l’empereur Maximilien et de la Ligue de Souabe (1499). Ils se sont détachés de facto du Saint Empire romain germanique. Leur alliance est évidemment recherchée vu la puissance de leur infanterie et leur position centrale de gardiens des cols alpins. Si les Suisses sont redoutables militairement, ils n’ont pas les structures d’un Etat moderne et ils ne disposent pas d’une politique extérieure commune. Leur Confédération, qui compte 13 cantons en 1513, dispose bien d’une Diète fédérale, mais celle-ci n’est qu’une conférence d’ambassadeurs de ces Etats. Elle doit voter à l’unanimité pour voir une de ses décisions appliquée. Elle n’est compétente que dans la signature des alliances, la décision de déclarer la guerre, de conclure la paix et de gérer les bailliages communs. De plus, cantons-villes et cantons-campagnes peinent à s’entendre. Dans cette confédération aux liens peu étroits, chaque canton mène sa diplomatie et son expansion comme il l’entend. Il y a au moins trois courants principaux: le bloc de Suisse centrale, les cantons du nord et ceux de l’ouest. La Suisse centrale rêve de contrôler le versant sud du Gothard jusqu’à l’importante place économique de Milan; ils sont soutenus par deux alliés importants : les Trois Ligues des Grisons qui lorgnent sur la vallée de l’Adda et les Dizains valaisans qui s’intéressent de près au val d’Ossola. Les cantons de Suisse du Nord (Zurich, Schaffhouse, Bâle et Appenzell) suivent avec intérêt les évènements en Allemagne du Sud et leur position y est renforcée par les alliés qu’ils ont dans cette région (Rottweil) ou en Alsace (Strasbourg et Mulhouse). Le bloc occidental, formé de Berne, Fribourg et Soleure, a une toute autre vision et s’intéresse de près à la  Franche-Comté et aux possessions du duc de Savoie au nord des Alpes (Pays de Vaud, Chablais, Genevoix, Gex, Faucigny). Pour ce qui est de la Savoie, ils peuvent compter sur le Valais qui veut accroître son autorité sur la vallée du Rhône. On est donc loin d’une politique extérieure commune, ce que Louis XI sut exploiter en 1476-1477 contre Berne et ce que François Ier saura utiliser en 1515-1516.

 

Les politiques italiennes de Charles VIII, de Louis XII et de François Ier s’écartent considĂ©rablement de la politique de leurs prĂ©dĂ©cesseurs. Les liens dynastiques ont jouĂ© leur rĂ´le : Charles VIII reprend Ă  son compte les droits de la maison d’Anjou sur Naples, que  Louis XI avait nĂ©gligĂ©, pour se consacrer Ă  la prise de la Provence, du Maine et de l’Anjou (Jean-Pierre Doriand, Monarchie française et politique d’Italie Ă  l’aube du XVIe siècle, 2014 - csmfr.ch).

 

Cf. quatrain IX, 35 – La fin des apanages - 2202-2203.

 

Ursins

 

On pense avec Louis XI aux Juvénal des Ursins.

 

Sous Charles VII, Guillaume Jouvenel, nommé chancelier, dénonce sans le désigner Jacques Cœur qui passe un accord avec le sultan d'Egypte et qui reçoit une dispense pour son commerce avec les pays musulmans. Le dauphin Louis est en bon terme avec lui (Hubert Granier, Marins de France, conquérants d'empires, Tome 1 : 1400-1800, 1990 - books.google.fr).

 

Jean II Jouvenel des Ursins (1388-1473), évêque de Beauvais, évêque de Laon et archevêque de Reims. Le 15 août 1461, il sacra le roi Louis XI de France en la cathédrale de Reims (fr.wikipedia.org - Jean II Jouvenel des Ursins).

 

Guillaume Jouvenel des Ursins, un de ses frères, né le 15 mars 1400, fut fait conseiller au parlement l'an 1413, & chancelier de France le 16 juin 1445. Au commencement du règne de Louis XI en 1461, il fut disgracié ; en 1464 il fut même arrêté & retenu quelque tems prisonnier à Moulins, vraisemblablement pour quelque soupçon d'avoir favorisé la ligue du bien public ; mais soit que son innocence ait été reconnue, soit que la ligue n'ait pu être dissipée qu'à ce prix, il fut rétabli le 9 novembre 1465 dans sa charge qu'il exerça jusqu'à sa mort en 1472 (Encyclopédie méthodique: Histoire, 1784 - books.google.fr).

 

Ou à un Orsini comme Napoleone, capitaine au service du pape Paul II, vénitien, dans les années 1460 (Martin Nejedlý, La noblesse et la croisade à la fin du Moyen Âge: France, Bourgogne, Bohême, 2020 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2005 sur la date pivot 1477 (mort de Charles le Téméraire) donne 749.

 

Plus Ă  l'est, nous manquons d'indications prĂ©cises pour dire jusqu'oĂą les Lombards sont arrivĂ©s. Le «castrum Bilitio», Bellinzone, est un de leurs points importants, comme il le fut autrefois des Romains ; des trouvailles, d'origine lombarde, faites près de lĂ  prouvent qu'ils ont occupĂ© la partie mĂ©ridionale du Tessin ; mais aucun texte ne nous renseigne sur des fortifications Ă©levĂ©es par les Lombards ou les Francs au Saint-Gothard. Le passage n'est alors traversĂ© par aucune voie importante ; son utilisation certaine au moyen âge n'est que bien postĂ©rieures ; il est mĂŞme peu probable que ce col pĂ»t ĂŞtre, alors, un objet de litige entre Francs et Lombards ; ce n'est qu'au XVème siècle que les documents y situent des ouvrages de dĂ©fense, des «letzi». Au contraire, l'importance des voies romaines du Bernardin, du Julier, du Septimer, du Splugen dut ĂŞtre alors Ă©gale Ă  celle des routes maintenant françaises ou autrichiennes ; l'Ă©poque des Lombards n'y a pas laissĂ© de souvenirs bien prĂ©cis ; peut - ĂŞtre la forteresse de Castelmur dans le Val Bregaglia (le «Murum» de l'ItinĂ©raire d'Antonin), dont les fondations sont romaines et l'existence attestĂ©e au XIème siècle, a-t-elle Ă©tĂ© alors occupĂ©e par eux, comme les bourgs du Trentin (Paul Edmond Martin, Études critiques sur la Suisse Ă  l'Ă©poque mĂ©rovingienne, 534-715, 1910 - books.google.fr).

 

A la fin du 6e, siècle il y avait sur cette colline le château de Bilitio, et les Lombards construisirent jusqu'au pied du St. Gotthard, plusieurs tours fortifiées que l'on montre encore de nos jours dans la vallée de Leventine sous les noms de Torre del Re Desiderio, Torre del Re Antario, Torre Lombardo. Les rois lombards remirent leur autorité sur ces pays entre les mains de l'évêque de Côme, au commencement du 8e siècle, et depuis cette époque le sort de Bellinzone fut lié, pendant près de 600 ans, à la fortune de la ville de Côme (Johann Jakob Meyer, Voyage pittoresque dans le canton des Grisons en Suisse, 1827 - books.google.fr).

 

Le roi Astolphe succède sur le trône lombard à son frère Ratchis qui se retire au Mont Cassin, en 749.

 

Cf. quatrain suivant X, 39 - La garde suisse en France - 2205-2206.

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