Hadrien/Antinoüs et Louis XIV/Duchesse de Fontanges X, 53 2216 Les trois pelices de loin s'entrebattront, La plus grand moindre demeurera à l'escoute
: Le grand Selin n'en sera plus patron, Le nommera feu pelte blanche routte. "trois pelices" Les termes "pelices" (latin pel(l)ex, pelices mot féminin) et "patron" peuvent renvoyer comme mots latins à l'histoire romaine. Les Romains distinguoient deux sortes de mariages, & deux sortes de concubinages. Le mariage de la premiere espéce étoit celui qui se faisoit solemnellement & avec beaucoup de cérémonies. Il passoit pour le plus honnête; & la femme que l'on épousoit de cette maniere étoit nommée Justa Uxor, Tota Uxor, Mater-Familias. Le mariage de la seconde espéce se faisoit sans autre cérémonie que d'avoir eu pendant un an entier une femme dans sa maison : cela s'appelloit Uxorem usucapere; & nous en parlerons dans nos Commentaires sur la Loi des douze Tables. La femme que l'on épousoit de cette seconde maniere, étoit nommée Uxor tantùm, Matrona. Ces deux mariages étoient également légitimes; & ces mots, Justæ Nuptiæ, s'appliquoient également à l'un & à l'autre. Il y avoit outre cela le concubinage, lequel étoit si autorisé chez les Romains, qu'il étoit regardé comme une troisiéme espéce de mariage; & c'est ce qu'ils désignoient par ces termes, Injustæ Nuptiæ. Mais les Romains distinguerent encore deux sortes de concubinages. L'un fut nommé Injustæ Nuptiæ & legitima: ce qui s'entendoit de la liaison qu'on avoit avec des concubines qui étoient Romaines de naissance, qui n'étoient ni sœurs, ni meres, ni filles de celui avec qui elles habitoient, & qui n'étoient point de condition servile. Le concubinage de la seconde espéce étoit nommé Injustæ Nuptiæ & illegitimæ; ce qui s'entendoit de ceux qui habitoient avec des concubines incestueuses, étrangeres ou esclaves. Il paroît que ce mot Pellex, qui signifie également une concubine simple, & une concubine adultere, a été en usage non-seulement du tems du Code Papyrien,
mais qu'on s'en servoit encore du tems de Massurius Sabinus & de Granius Flaccus, qui vivoient sous Jules-Cesar & sous Auguste, & que c'est vers ce tems-là qu'on a
commencé à substituer le mot Concubina à l'ancien terme Pellex
(Antoine Terrasson, Histoire de la jurisprudence romaine, 1750 - books.google.fr). Tacite utilise encore le mot "pellex" pour Poppée, longtemps maîtresse et concubine de Néron
(Oeuvres complètes de Tacite, Annales, Tome 1, 1866 - books.google.fr). Tacite (en latin Publius Cornelius Tacitus Caecina Paetus) mène comme sénateur romain une carrière dans la haute administration impériale.
Il est renommé comme historien, grâce à ses ouvrages les Annales et les Histoires, chronique de la période des quatre empereurs julio-claudiens après Auguste.
Tacite est né sous Néron, fut donc consul suffect, sous l'empereur Nerva, mais il avait peut-être été désigné par Domitien. Après l'affaire de l'ancien proconsul d'Afrique Marius Priscus,
criminel corrompu, on perd la trace de Tacite. Une lettre de Pline en date de 104 le félicite de son retour à Rome, ce qui laisse supposer une absence d'une certaine durée, peut-être,
selon Pierre Grimal, une mission proconsulaire vers 103-104. On ne sait rien sur le reste de sa vie. On admet qu'il vit encore en 117, année de la mort de Trajan, parce qu'il déclare
que de son temps à lui, Tacite, «l'empire s'étend jusqu'à la mer Rouge», atteinte par la conquête de Trajan en 116. Tacite serait mort dans les années 120
(fr.wikipedia.org - Tacite). Le concubinat était à Rome une flétrissure pour la femme. Il était permis avec les femmes non considérées, telles : les affranchies, les prostituées, les comédiennes.
Pour l'homme, le concubinat n'était pas déshonorant. Au dire de Suétone et Capitolinus, les empereurs Vespasien et Marc-Aurèle prirent des concubines. Lampride, dans
la vie d'Alexandre Sévère cite une constitution où l'empereur ordonnait que chaque gouverneur de Province reçût, aux frais du trésor, des habits de cérémonie, un cuisinier,
un cocher, des chevaux, et, s'il n'était pas marié, une concubine. Ce sont, d'après Lampride, les choses sans lesquelles on ne peut vivre. Cette raison que le concubinat
n'était pas un déshonneur pour l'homme explique les nombreuses inscriptions tumulaires où, à côté de l'épouse légitime, on lit celui de la concubine (Orelli nos 2673, 2689, 2691, 4093)
(Michel-Gabriel Chehpéliadés, De la condition des enfants naturels en droit romain: La liberté de la pleine mer, 1887 - books.google.fr). "grand Selin" Trajan est mort en 117 dans la ville de Sélinonte (Selinus) en Cilicie. Lui succède Adrien, par adoption supposée, jusqu'en 138. On remarque que trois favoris d'Hadrien à des titres divers, Antinous, Phlégon de Tralles et Arrien étaient originaires d'Asie Mineure et que deux d'entre
eux étaient Bithyniens
(Henri Tonnet, Recherches sur Arrien: Texte, 1988 - books.google.fr). "pellex", nom féminin, concubine, mais aussi prostitué masculin, en parlant des favoris, des mignons (postérieurement à Auguste)
(Wilhelm Freund, Johan Nikolai Madvig, Grand dictionnaire de la langue latine sur un nouveau plan, Tomes 2-3, 1862 - books.google.fr). IV. Hadrien jouit aussi de la faveur de Plotine, qui le fit désigner lieutenant de l'empereur dans l'expédition contre les Parthes. A cette époque, Adrien avait pour amis, dans l'ordre des sénateurs, Sosius Pappus et Pletorius Nepos; et parmi les chevaliers, Attianus, jadis son tuteur, et Livianus Turbo. Les chances de son adoption s'accrurent, lorsque Palma et Celsus, qui avaient toujours été ses ennemis, et que plus tard il persécuta lui-même, furent soupçonnés de projets ambitieux, et tombèrent en disgrâce. Il fut une seconde fois nommé consul par le crédit de Plotine, et dès lors il ne douta plus de son élévation prochaine. A cette époque, où il vécut plus familièrement à la cour, bien des gens assurent qu'il s'attacha à gagner les affranchis de Trajan, et à se concilier les bonnes grâces de ses mignons, auxquels il rendait même les soins les plus honteux (Corrupisse eum Trajani libertos, curasse delicatos, eosdemque sæpe lisse, per ea tempora, quibus in aula familiarior fuit, opinio multa firmavit). Le neuf du mois d'août, tandis qu'il était lieutenant de l'empereur en Syrie, il reçut des lettres qui lui annonçaient son adoption, et il voulut que ce jour fût désormais célébré comme l'anniversaire de son entrée dans la famille impériale. Le onze du même mois, lui fut apportée la nouvelle de la mort de Trajan, et ce jour fut aussi célébré chaque année comme l'anniversaire de son avénement à l'empire. Bien des gens ont cru que c'était Neratius Priscus, et non Adrien, que Trajan, après avoir consulté ses amis, avait résolu de désigner pour son successeur; on assure même qu'un jour il lui dit : «Je vous recommande les provinces, Priscus, s'il m'arrivait quelque malheur.» D'autres, il est vrai, disent que Trajan voulait, à l'exemple d'Alexandre le Grand, mourir sans désigner son successeur; d'autres aussi, qu'il se proposait d'écrire au sénat, pour le charger, en cas d'événement, de donner un chef à la république romaine. Il devait seulement ajouter à sa lettre une liste de noms, entre lesquels le sénat ferait son choix. D'autres enfin ont avancé que l'adoption d'Adrien fut l'œuvre de la faction de Plotine, et qu'après la mort de Trajan, on lui substitua un imposteur qui, d'une voix mourante, parla au nom de l'empereur. Corrupisse eum Trajani libertos, curasse delicatos, eosdemque sæpe lisse, per ea tempora, quibus in aula familiarior fuit, opinio multa firmavit
Nous adoptons ici la correction de Saumaise, qui sépare ainsi le mot sæpelisse ou sepelisse, que l'on trouve dans les manuscrits.
Lisse sera par syncope pour levisse. Ce passage voudra dire qu'Adrien, pour obtenir les bonnes grâces des mignons de Trajan, alla jusqu'à leur donner des soins
matériels, jusqu'à leur appliquer ces enduits, ces pâtes cosmétiques dont la vanité et la débauche faisaient tant d'usage à cette époque
(Écrivains de l'Histoire Auguste. 1 : Spartianus : Vies d'Adrien, traduit par Fl. Legay, 1844 - books.google.fr,
Joël Schmidt, Hadrien, 2014 - books.google.fr). Hadrien se juge en droit de revendiquer non seulement le bénéfice d'exploits inutiles, mais celui des Res Gestae de son prédécesseur. Le papyrus de Giessen
déclare que le "kainos anax" s'est soumis l'univers grâce à son Areté propre et à la fortune de son divin père (Trajan) : on revient donc à l'idée que deux éléments
doivent s'accorder pour légitimer le souverain; un seul lui est personnel - sa Virtus - l'autre, la Fortuna, lui est léguée par ses prédécesseurs; ceux- ci sont censés
agir en tant qu'intermédiaires entre lui et la suprême providence. La notion de dynastie propriétaire d'un charisme surnaturel reparaît. Les monuments confirment
ce point de vue : le bénéfice des victoires de Trajan continue à appartenir à Hadrien
(Gilbert Charles-Picard, Les trophées romains, contribution à l'histoire de la religion et de l'art triomphal de Rome, 1957 - books.google.fr). "patron" Les interventions de Pline le Jeune auprès de Trajan cherchent, d'une part à promouvoir des individus au statut de citoyen romain et, d'autre part, à réduire les effets coercitifs des mesures mises en œuvre par Auguste pour limiter l'accès à la citoyenneté romaine pour les pérégrins, mais surtout pour les affranchis hors de Rome. Les requêtes de Pline montrent qu'à la fin Ier siècle et au IIe siècle de notre ère, la promotion des affranchis semble beaucoup plus difficile qu'auparavant. La lettre 104 de Pline ainsi que la réponse apportée par Trajan éclairent le processus de promotion des individus sous la tutelle d'un patronus.
Si l'intervention du Prince aboutit à l'obtention du statut quiritaire pour les affranchis, la substitution de l'empereur au patron pose la question
de la conformité face au ius, mais aussi face au mos. Paradoxalement, la formule du ius Quiritium souligne l'intervention de l'État.
Les trois requêtes de Pline, aux lettres 5, 11 et 104, font intervenir la concession du ius Quiritium par beneficium principis, c'est-à -dire
une concession à titre viritane. Le consentement de Trajan est facilement obtenu dans la mesure où la demande correspond à une volonté exprimée
par les patroni, y compris Pline qui bénéficie du droit patronal de Valerius Paulinus. La facilité avec laquelle Pline obtient la citoyenneté
pour ses protégés ne doit pas faire oublier que cet accord est indispensable car il ouvre pour l'affranchi, dans cette transition du statut de
junien au statut d'affranchi ciuis romanus, la possibilité de tester, ce qui limitait de la sorte la contrainte que le patron pouvait exercer
sur l'affranchi. S'il existait une certaine communauté dans la jouissance théorique des droits privés entre les ingenui ciues romani et les
libertini ciues romani, elle ne pouvait être effective que dans la mesure où l'affranchi respectait les devoirs vis-à -vis de son patron
(bona, obsequium, operae...). Gaius rappelle que l'accord du patron est indispensable, car "il arrive qu'Ã sa mort un affranchi citoyen romain soit
assimilé à un Latin. C'est le cas du Latin qui a obtenu le droit quiritaire en vertu d'une concession impériale sans que les droits du patron en soient affectés.
Car, ainsi que l'a édicté le divin Trajan, si un Latin, contre le gré ou à l'insu de son patron, a acquis le droit quiritaire par concession impériale,
cet affranchi, tant qu'il vit, est semblable aux autres affranchis citoyens romains et procrée des descendants libres légitimes; mais il meurt selon
le droit du Latin et ses descendants libres ne peuvent en hériter : il n'a pouvoir de tester que pour instituer son patron héritier, ou, en
cas de refus de celui-ci, pour lui substituer un tiers."
(Antonio Gonzalès, Les requêtes de Plinbe le Jeune auprès de Trajan, Antiquité et citoyenneté, 2002 - books.google.fr). Antinoüs Les origines du favori ne sont pas bien connues : on sait qu'il vient de Bithynion-Claudiopolis, mais on ignore quel était son milieu social.
On le considère souvent comme un esclave car Eusèbe le qualifie de "doulos Adranaou Kaisaros"; en outre le collège funéraire des cultores Dianae et Antinoi,
dont une inscription datant de 133 trouvée à Lanuvium nous a conservé les règles de fonctionnement, était composé principalement d'esclaves et de petits affranchis.
Mais ces raisons ne sont pas déterminantes, car le terme de "doulos" peut avoir un sens plus moral que sociologique et être utilisé de manière péjorative pour désigner
le giton de l'empereur; de plus la composition du collège funéraire n'est pas une preuve absolue de l'état servile du jeune homme. En tout cas, il devait être issu d'un milieu modeste
(Rémy Poignaul, L'Antiquité dans l'œuvre de Marguerite Yourcenar, Partie 2, 1995 - books.google.fr). "feu" : la mort d'Antinoüs "feu" : mort récemment de "fatuus" ("qui a tel destin")
(Florent Arnaud, Le GRAND LIVRE de L'HISTOIRE du MONDE des HOMMES. Tome VII, 2010 - books.google.fr). Hadrien chassa un lion avec Antinoüs en Egypte en 130 et l'historien Jean-Claude Grenier suggère que c'est à la suite de cette chasse que le favori se noya
dans le Nil pour se laver du sang de l'animal qu'il a achevé
(Pierre Forni, Les Impératrices romainesn, Opprimées, rebelles, émancipées (27 avant J.-C.-235 après J.-C), 2024 - books.google.fr). Il se noya dans le Nil au rapport d'Adrien même; mais Dion plus pénétrant, veut qu'il se soit immolé dans un sacrifice magique, qui se faisoit pour
prolonger la vie de cet Empereur, & qui exigeoit une victime volontaire. Adrien le pleura avec toutes les foiblesses d'une femme, & bâtit une superbe ville
au lieu dans lequel il étoit mort. Il lui consacra des Temples en divers endroits, & surtout à Mantinée dans l'Arcadie, où il établit une fête & des jeux solemnels
en fon honneur. Une fleur fur la terre, un nouvel astre dans le ciel, furent appellés de fon nom. Athénée 1. 3. rapporte l'occasion qui fit donner le nom d'Antinous
à cette fleur. L'Empereur étant en Egypte dans la ville d'Alexandrie, un Poëte du pays, nommé Pancrates, lui offrit la fleur nommée Lotas, semblable à une rose. Voulant flatter
l'Empereur, il lui dit par une fiction poëtique, que la terre depuis peu avoit produit cette fleur du sang du lion de Maurasie, que l'Empereur lui-même avoit tué dans la Libye,
voisine de l'Egypte. Le Prince satisfait du tour ingénieux du Poëte, lui donna en récompense le privilège d'avoir du bled du magasin public d'Alexandrie, sans qu'il lui
en coûtât rien. Et depuis ce tems, toutes les couronnes que l'on formoit de cette fleur, s'appelloient couronnes d'Antinoüs, Antinoa corona. Salmas, ad Solin. p. 975.
(Le grand dictionnaire historique, Tome 1, 1731 - books.google.fr). Si Antinoüs est mort en lieu et place d'Hadrien, comme le disent Dion Cassius et surtout Aurelius Victor, alors celui qui, grâce à une manipulation
magique quelconque, mourut à Bésa était Hadrien. Dans l'espoir, vain, de renaître le même jour et donc avec un nouvel horoscope. Cela dit,
il est manifeste qu'Antinoüs ne fut pas considéré comme un membre de la famille impériale. Ses cendres ne furent pas placées dans le mausolée d'Hadrien. En fait,
Antinoüs n'a pas été divinisé, il a été reconnu pour ce qu'il était, un dieu. Devenu une étoile dans le ciel, Antinoüs, selon des conceptions proches de l'hermétisme, était
retourné à Dieu, son étoile étant «née de son âme», ou son âme elle-même. Et c'est ce qui explique que s'il fut assimilé à quantité de dieux , Dionysos, Osiris, Hermès,
Silvanus ou à des personnages divins de moindre rang comme Adonis, Aristée, Pan et bien sûr Ganymède, il fut aussi honoré «comme un être divin indépendant». Il ne
fait aucun doute que l'orchestration donnée à cette divinisation, qui enflamma l'Orient mais ne concerna guère Rome, obéissait également à une volonté de rassembler les
provinces orientales derrière un culte nouveau et des croyances rajeunies. C'était une cure de jouvence exceptionnelle. À la mort d'Hadrien, ses effets devaient cependant
s'estomper rapidement, car il n'est guère contestable qu'Hadrien «entraîna son dieu dans la mort», le culte d'Antinoüs ne survivant que dans sa patrie, Bithynion. Pour l'heure, on
notera que le nouveau dieu, dont les «effigies sacrées» avaient envahi Athènes, Olympie, Argos, Tarse, Mantinée, Corinthe, Alexandrie et nombre de villes grecques, rendait des oracles,
rédigés par Hadrien lui-même et colportés dans tout l'Orient romain. De ce fait, nous l'avons vu, Antinoüs mourut pour prolonger la vie d'Hadrien et, ce faisant lui
ouvrit la communication avec le ciel
(Yves Roman, Hadrien, l'empereur virtuose, 2008 - books.google.fr). "escoute" "loing" entrebattre" "escoute" "loing" entrebattre" sont des termes de chasse. Il est banal de dire qu’Hadrien fut l’empereur chasseur par excellence, le précurseur des «chasses royales». On serait tenté d’ajouter qu’il fut le seul empereur à manifester un réel intérêt, voire une passion, pour cet exercice au point de lui donner une publicité exceptionnelle que les sources renvoient en écho. Le bilan éloquent, proposé il y a plus de cinquante-cinq ans par J. Aymard, constitue une base solide et ne peut pas être mis en doute. La biographie de l’empereur incluse dans l’Histoire Auguste, l’une des plus fiables et attribuée à Spartianus, souligne le goût précoce pour la chasse du successeur de Trajan et rencontre un écho chez Dion Cassius en particulier. Les fragments du poème de Pancratès évoquant une chasse au lion d’Hadrien et Antinoüs en Égypte, l’inscription en grec du temple d’Éros de Thespies l’Héliconienne de Béotie,
le poème épigraphique, provenant sans doute de la cité d’Apt sur la mort de son cheval Borysthène, les huit médaillons ou «tondi» conservés par le remploi dans l’arc de
Constantin (dont les problèmes de lecture et d’interprétation ne sont pas tous résolus et demeurent compliqués), les monnayages à thème cynégétique, la fondation
d’Hadrianotherae à l’emplacement d’une chasse à l’ourse victorieuse fournissent un éclairage cohérent et allant clairement en ce sens
(Patrick Le Roux, La toge et les armes, 2011 - books.openedition.org). A propos du grand cerf évalué à la "sole de son pied", il avoue encore qu'il aimerait en faire le rapport au roi s'il lui était accordé d'être un jour son veneur : ...par les champs Et par les grands forests, je le voudrois eslire Pour en donner plaisir au Roy s'il le desire. A propos de cette même chasse du cerf, on notera cependant les principes exprimés par Gauchet en son propre nom lorsqu'il rencontre cet animal au cours de l'une de ses promenades solitaires , principes qui contredisent à peu près l'ensemble des chasses du cerf évo- quées dans le recueil , et notamment la première grande chasse du cerf – qui n'était guère royale avant qu'il ne l'arrange pour Henri IV –, ou la chasse du cerf dans le bocage normand en forêt d'Andaine , avec M. de Montbazon, "maître veneur passé" (au demeurant grand veneur de France !), et son beau-frère le comte de Flers. Voici en tout cas ce qu'il pense de la chasse du cerf en l'absence de tout grand seigneur, lorsqu'il lui arrive d'approcher l'animal. Que ce soit par respect de la réglementation royale, ou qu'il n'en ait pas besoin pour se nourrir, ou plutôt parce que tirer un cerf à l'arquebuse ne l'amuse pas du tout, il le laisse passer, solitaire devant un solitaire : Je l'approche assez près; mais voyant que la beste N'avoit à ses costez aucune Biche preste, Je passe mon chemin, n'ayant point le desir De tirer sur celà qui donne aux Roys plaisir, Estimant un tel faict acte de villenie, Et mesme à la Noblesse une grande infamie. Quant à moy, j'ayme mieux rencontrer à ma main Le Renard cauteleux, ou le Loup inhumain : Que si parfois aux bois ainsi je me pourmeine, Le plaisir seulement, non le proffit me meine; Ne ressemblant à ceux qui se laissant presser D'un avare soucy, n'iroient jamais chasser, S'ils ne pensoient avoir, ou Cerf, ou Lievre, ou Biche Pour en garnir le crocq de leur cuisine chiche. Ayant laissé mon Cerf, je passe plus avant, Je chemine sans bruit, je m'arreste souvent; Je regarde, j'escoute... Dans ses admirables récits d'approche et d'écoute, avant les poursuites et les prises, Gauchet fait en effet al- terner sans cesse les deux types des plaisirs
de la chasse : la promenade solitaire où il ne consent à tirer, si l'on excepte les oiseaux, que sur les bêtes mauvaises – le loup et le renard ou quelque chevreuil,
et d'autre part les jeux de capture collectifs, ou du moins partagés. Or les jeux collectifs exigent la connaissance de rituels et de codes
(ainsi toutes les chasses "à force" relevant de la vénerie, et surtout le cerf, le sanglier, le lièvre et le loup, ou toutes les formes de la volerie);
ils exigent surtout des pratiques, des savoir- faire complexes et particularisés – déjà nécessaires, bien sûr, dans toutes les chasses ritualisées précédentes –,
mais qui sont l'essence même de tous les piégeages, voire de la chasse du blaireau, d'une manière totalement attrayante et particulière. Comme les hommes de son temps,
d'ailleurs, Gauchet n'identifie jamais la notion de capture d'un animal à celle de "chasse", qui suppose toujours qu'on pousse la bête devant soi jusqu'à ses derniers
retranchements comme on "chasse" une balle dans le jeu de paume –, bref qu'on la poursuit (purchase, dit très étymologiquement l'anglais). Alors, chasse et vénerie se
confondent; et les piégeages ne sont pas des chasses, mais des captures, comme les "pescheries"; quant à la volerie, elle se déroule dans un milieu et avec des moyens
si différents qu'on ne peut non plus parler de "chasses", mais de "vols". Il n'est pas question ici d'analyser le riche fonds que nous présente Le Plaisir des champs,
sinon en rappelant rapidement à l'amateur l'abondante liste de chasses dans laquelle il pourra puiser bien des renseignements nouveaux; on voudrait cependant signaler
un peu plus l'originalité du regard qui porte sur les techniques de piégeage, et évoquer davantage les héros de ces chasses : ces chiens et ces hommes que le roi ne peut empêcher de chasser
(Claude d'Anthenaise, Chasses princières dans l'Europe de la Renaissance, 2007 - books.google.fr). Les chiens s'"entrebattent" pour un os qu'il faut leur retirer pour qu'ils poursuivent la chasse
(L'Art de toute sorte de chasse et de peche, 1719 - books.google.fr). Les favoris s'entrebattraient entre eux pour la faveur du prince ? Arrien de Nicomédie est en effet l'auteur d'un traité de Cynégétique. À partir de Trajan, sa pratique semble être en voie de légitimation pour les princes.
Les biographes d'Hadrien rapportent certains de ses exploits sur les terrains de chasse, face à tous types d'animaux. Il est par exemple capable de tuer un sanglier d'un seul coup
(Dimitri Tilloi D'Ambrosi, Les Voyages d’Hadrien: Sur les traces de l'empereur nomade, 2020 - books.google.fr). Phlégon de Tralles est l'auteur d'un Recueil de curiosités (De rebus mirabilibus), d'une vie d'Adrien qui s'est perdue, et d'une Histoire universelle
par Olympiades dont il ne reste que quelques fragments. Il était affranchi d'Adrien et en grand crédit auprès de son maître
(Philippe Le Bas, Pierre Théodore Chéron de Villiers, Asie mineure depuis les temps les plus anciens jusqu'à la bataille d'Ancyre, en 1402, L'Univers, 1863 - books.google.fr). "entrebattre" se traduit en latin par "certare"
(François Pomey, Le petit dictionaire royal françois latin, 1679 - books.google.fr). ...quos Antinous ubi vidit, ridens ad procos ait, O socii, nunquam tale antea contigit, quale nunc oblectametum deus in hanc domu adduxit.
Hospes & Irus inter se manibus certare contendunt
(Odysseae Homeri Libri XXIIII ; Raphaele Regio Volaterrano interprete, 1541 - books.google.fr). Antinous est, dans l'Odyssée, le plus célèbre des prétendants de Pénélope, aspirait en même temps au trône d'Ulysse
(Biographie universelle, ancienne et moderne, Tome 53, 1832 - books.google.fr). Le portrait d'Antinoüs, bas-relief signé par le sculpteur Antonianos d'Aphrodisias trouvé en 1907 aux environs de Torre del Padiglione près d'Anzio fut sans doute sculpté, comme toutes les œuvres analogues, immédiatement après la mort du favori impérial dont Hadrien avait fait un dieu. Il lui donne l'aspect d'une divinité champêtre du cycle dionysiaque; mais cette image religieuse est traitée à la mode du temps, d'une manière réaliste et pittoresque. L'apothéose du nouvel Immortel n'est indiquée que fort discrètement, par deux attributs accessoires, la couronne de pins qui ceint sa chevelure et l'autel, placé devant lui, qui supporte une pomme de pin entourée de figues. Antinous nous apparaît ici comme un jeune vigneron en train de vendanger. [...] Derrière Antinous, à droite, apparaît l'animal domestique qui accompagne toujours les bergers, un chien aux oreilles pointues. C'est un lévrier du type classique,
analogue à ceux qui figurent sur les stèles funéraires attiques ou béotiennes du Ve siècle avant notre ère, et qu'on retrouve si souvent ensuite sur les bas-reliefs
pittoresques de l'école alexandrine auprès d'Endymion endormi, d'Adonis blessé, d'Amphion et de Zethos, de Paris et d'Éros, ou d'un chasseur poursuivant un lièvre
et aussi, d'autre part, sur les représentations figurées du dieu romain Silvain, aux côtés duquel il apparaît presque toujours
(Paul Gauckler, L'Antinoüs du sculpteur Antonianos, d'Aphrodisias. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 52e année, N. 5, 1908 - www.persee.fr). On dit aussi qu'un chien de chasse se forlonge, qu'il va de forlonge, pour dire, qu'il chasse de loin, qu'il sent de loin
(DICTIONNAIRE UNIVERSEL D'AGRICULTURE ET DE JARDINAGE, DE FAUCONNERIE, CHASSE, PÊCHE, CUISINE ET MANÉGE, Tome 2, 1751 - books.google.fr). Antinoüs affranchi de l'Empereur Adrien a institué un combat en son honneur, qu'on appele encore en nos jours le combat d'Antinoüs
(Eusèbe de Césarée, Histoire de l'Eglise écrite par Eusèbe, évêque de Césarée, [Socrate, Sozémène, Théodoret et Evagre], traduit par M. Cousin, Tome 1, 1675 - books.google.fr). C'est peut-être le lieu de signaler ici le collège des adorateurs de Diane et d'Antinoüs, dont on a retrouvé les actes à Lanuvium, car il était composé de
petites gens, et en particulier d'affranchis et d'esclaves; ce collège se constitua sous Hadrien, en 136. Diane fut choisie comme protectrice des associés, sans doute
parce que de tout temps, à Rome, elle avait été invoquée par les esclaves, et aussi parce que, absolument hellénisée depuis plusieurs siècles, elle avait pris comme Artémis
un caractère funéraire. On sait que les adorateurs de Diane et d'Antinoüs s'associaient pour assurer leurs funérailles
(Charles Daremberg, Edmond Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines: d'après les textes et les monuments, Tome 3, 1892 - books.google.fr). "pelte" : amazone Une pelta (en grec ancien : péltê; en latin : pelta), ou pelte (nom féminin qualifiant en français l'ornement architectural ou décoratif en forme
de pelta) est un petit bouclier léger en forme de croissant lunaire, avec une ou deux échancrures demi-circulaires.
Ce genre de bouclier était propre aux peuples asiatiques, tels que les Scythes, ainsi qu'aux Thraces, par qui les Grecs le connurent.
Le bouclier a été attribué aux Amazones par les poètes (qui les appelaient peltatae, ou peltiferae). En effet, ce bouclier est bien adapté à la
morphologie féminine par sa petite taille et sa légèreté et sa forme est idéale pour monter à cheval car il peut être attaché sur le dos en dirigeant la
grande échancrure vers la courbure du dos du cheval
(fr.wikipedia.org - Pelta). Commode n'est pas le seul empereur à avoir travesti en amazones les femmes qu'il aimait; Caligula faisait revêtir à Caesonia les attributs de l'Amazone, Néron qui emportait dans tous ses déplacements l'Amazone de Strongylion, dont son caprice d'esthète s'était épris trouve bon au moment où il se prépare à marcher contre Galba révolté de faire tondre ses concubines et de les armer de bipennes et de peltæ. L'explication par le sensualisme ou l'érotisme est insuffisante pour rendre compte de la répétition de cette mascarade chez trois empereurs que rapproche leur commune conception du pouvoir monarchique. La légende d'Hippolyte a peu à faire ici; sous ces apparentes fantaisies il faut rechercher une sorte de magie victorieuse propitiatoire de sens héracléen. Enfin le buste de Commode-Hercule au palais des Conservateurs fournit un précieux argument : d'inspiration et de sens entièrement héracléens, il offre entre autres attributs symboliques se rapportant tous à ce thème, une pelta et deux Amazones agenouillées devant le héros vainqueur; c'est bien la preuve iconographique de la valeur héracléenne du titre dont Commode aimait à se parer. De ces thèses opposées, le moment est venu de dégager quelques conclusions en essayant d'interpréter le sens et l'évolution de sens des venationes de Commode. C'est d'abord la période des riches séries monétaires à la légende Virtus qui rappellent avec plus d'éclat et plus d'insistance les modèles de la numismatique d'Hadrien : Commode chasse alors dans l'amphithéâtre, non pas comme un nouvel Hercule, ni non plus comme le «stupide garçon boucher» dont parle Renan, mais il chasse comme tout empereur se doit de le faire, parce qu'il s'agit d'un sport royal, pratiqué depuis des millénaires. Ecartant dès le début les chasses à son gré trop modestes, menées par un Antonin ou un Marc-Aurèle, il a choisi pour modèles les grandes chasse exotiques et coloniales d'Hadrien; faute de les vivre sur le terrain, il les a transportées dans le cadre théâtral et la pompe du Colisée. Strack, op. cit. II, p. 183 et n° 464 insiste à juste titre sur la valeur séculaire de la monnaie d'Hadrien qui offre au dr. le buste impérial revêtu
de la peau du lion et au R) la légende TELLUS STABIL, On sait que l'idée séculaire prend un développement considérable sous le règne d'Hadrien,
autour de l'instauration du Natalis Romæ et de la fondation du temple de Rome et de Vénus. Dans ce domaine, comme dans beaucoup d'autres, Hadrien est le modèle de Commode
(Jacques Aymard, Les chasses romaines, des origines à la fin du siècle des Antonins, 1951 - books.google.fr). La Virtus a pour attributs, outre le trophée, des armes diverses, dont deux boucliers caractéristiques : la pelta amazonienne, et l'ancile qui évoque la Virtus de Mars, identique, comme on a vu, à la Virtus Augusti. Le premier emblème de la Virtus Augusti avait été le clipeus dédié à Auguste en 27 Hercule conserve sous Hadrien toute l'importance qu'il avait prise avec Trajan. C'est alors seulement qu'apparaît le caractère espagnol du dieu (monnaie consacrée à l'HERCules GADITanus). En même temps que patron de la Virtus impériale, Hercule devient ainsi dieu dynastique. Hadrien se juge en droit de revendiquer non seulement le bénéfice d'exploits inutiles, mais celui des Res Gestae de son prédécesseur. Le papyrus de Giessen
déclare que le "kainos anax" s'est soumis l'univers grâce à son Areté propre et à la fortune de son divin père (Trajan) : on revient donc à l'idée que deux éléments
doivent s'accorder pour légitimer le souverain; un seul lui est personnel - sa Virtus - l'autre, la Fortuna, lui est léguée par ses prédécesseurs; ceux- ci sont censés
agir en tant qu'intermédiaires entre lui et la suprême providence. La notion de dynastie propriétaire d'un charisme surnaturel reparaît. Les monuments confirment
ce point de vue : le bénéfice des victoires de Trajan continue à appartenir à Hadrien
(Gilbert Charles-Picard, Les trophées romains, contribution à l'histoire de la religion et de l'art triomphal de Rome, 1957 - books.google.fr). Les huit médaillons hadrianiens ou tondi sertis dans un revêtement de porphyre au-dessus des baies secondaires de l'arc de Constantin, sur les deux faces nord et sud, ont suscité une abondante littérature qui n'a pas toujours contribué à l'apurement du dossier. Tels que nous les voyons disposés actuellement sur l'arc, ils représentent dans l'ordre où, arrivant de la Porte Capène, le spectateur antique était censé les regarder : du côté sud, de gauche à droite, un départ pour la chasse (profectio) et un sacrifice à Silvain d'une part, une chasse à l'ours et un sacrifice à Diane d'autre part; du côté nord (toujours de gauche à droite), une chasse au sanglier et un sacrifice à Apollon d'une part, la conclusion d'une chasse au lion et un sacrifice à Hercule d'autre part. Antinoos n'est pas mort à la chasse, comme l'amant d'Aphrodite, et les tondi en remploi dans l'arc de Constantin célèbrent avant tout la vaillance d'Hadrien
plutôt que celle du Bithynien, même si celui-ci est associé à certains de ses exploits. L'empereur a voulu déifier la mémoire d'Antinoos, mais en tant que Nouvel
Osiris noyé dans le Nil pour le salut du prince plutôt que comme un Nouvel Adonis victime de son ardeur à piquer les fauves
(Robert Turcan, Les tondi d’Hadrien sur l'arc de Constantin. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 135e année, N. 1, 1991 - www.persee.fr). Antinoüs jeune Grec de Bithynie d'une grande beauté favori du roi d'Egypte Hadrien qui le divinise après sa noyade dans le Nil , et l'Amazone, membre de ce
peuple guerrier exclusivement féminin, évoquent tous deux des mœurs homosexuelles
(Thierry Bunel, Histoire, roman du déceptif : l'ecriture du vide chez Claude Simon, Tome 2, 1998 - books.google.fr). Les Thraces, couverts de tuniques & de sayons, portoient un casque de peau de renard, le javelot, la pelte, de petits poignards, & des bottines de peau de chevreau.
Les Thraces d'Asie ou Bithyniens étoient distingués par de petits boucliers de cuir de bœuf, & par deux de ces longs pieux qu'on employoit à la chasse des loups.
Leurs casques de cuivre étoient surmontés d'oreilles & de cornes de bœuf du même métal, avec des aigrettes. Ils avoient les jambes couvertes d'une chaussure de gros drap couleur de Pourpre
(Encyclopédie méthodique, Tome 1, 1784 - books.google.fr). "le nommera" "la plus grand" "moindre" On connaît l'usage où l'on était de donner aux empereurs le nom d'un dieu précédé du mot "neos". Ainsi Néron, sur des médailles alexandrines, prend ou
reçoit le titre de "NEOS AGATHODAIMÔN"; Drusus et Germanicus, de NEOI THEOI PHILADELPHOI ADELPHOI"; Caligula, de "THEOS EPIPHANE NEOS"; Caracalla et Géta,
de NEOI HELIOI"; Antinoüs, de "NEOS IAKCHOS" et de NEOS PYTHIOS"; Alexandre Sevère, de "NEOS DIONYSOS", de même que Caligula ; Sabine, femme d'Adrien, reçut le titre
de "NEA DEMETER" ainsi que Julia Augusta, femme de Sévère; et cet usage me paraît être une imitation de celui qui s'établit chez les successeurs d'Alexandre en Égypte et en Asie
(Antoine Jean Letronne, Recherches pour servir à l'histoire de l'Égypte pendant la domination des Grecs et des Romains, 1823 - books.google.fr). Antinoüs reçut après sa mort des noms divins à l'occasion du culte qui fut organisé à son sujet. Adde quod cum de Tripode supra sermo occurrit in nummo Adrianeæ Tharsi Metropoleos, Antinous ibi "NEOS PYTHIOS", id est novus Apollo nuncupatur, quod idem est ac sol
(Claude Nicaise, De nummo pantheo Hadriani imperatoris, 1689 - books.google.fr). Quemadmodum in Numismatum Augustorum collectionibus ANTINOUS cum Hadriano Imperatore coniungitur, quia eius comes fuit, itinerum socius, & maximo
amore dilectus; ita etiam in Gemmarum syntagmate, & Dactyliothecis opulentioribus, ab eodem Caesare non se iungitur hic adolescens, eius delicium; qui se pro eius
salute devovit, & post mortem divinos honores toto fere orbe consecutus est. Hinc Heros adpellatus; quod nomen non solum in editis numismatis maximae magnitudinis,
quae e regiis Cimeliis Musei Florentini evulgavimus, legitur, verum etiam in Gemmis, ut in hac nostra, quae Tab. LXXXI. exhibetur, in qua opificio pulcherrimo pereleganter
inscalptus est; quod per honorificum vocabulum diversi mode scriptum est; nimirum "HERÔS" ut in hac Gemma; modo "HEROS" modo "HERÔOS" modo "HEROOS". Heroum nomine eos Antiqui
donabant, qui eximium aliquod beneficium mortalibus praestitissent, vel rerum gestarum gloria supra mortales omnes praecelluissent. Verum Antinous non solum Heros, verum etiam Deus
adpellatus est, & cum Diis thronum ei adsignatum, tributos Sacerdotes, Prophetas, dedicata templa, aras, facta sacrificia, instituta in eius honorem certamina adtributa oracula,
festa, statuas, omnibus denique honoribus cultum tum numismata, tum scripta marmora tota Grecia ei consecrata luculenter testantur. Idem etiam
ut supra Heroas omnes opinione divinitatis, & maiestatis honore celebraretur, colereturque, tum Bacchi tum Mercurii specie atque habitu effictus est ; quod praesertim
Smyrnenses, & Adramytteni fecerunt. Tarsenses eum tanquam novum Apollinem Pythium coluere
(Antonio Francesco Gori, Dactyliotheca Smithiana, Tome 1, 1767 - books.google.fr). "pellex" est un mot féminin en latin : "La plus grand" correspondrait au plus grand amour d'Adrien et "moindre" à "minor" ou mineur, Antinoüs étant adolescent. maxima, minor, kluô : deminutio capitis La «disparition de la personnalité», la capitis deminutio au sens du droit public se produit lorsqu'un citoyen romain devient esclave, client ou citoyen dans un autre État
(Theodor Mommsen, Joachim Marquardt, Paul Krueger, Manuel des antiquités romaines, Volume 6, Numéro 1, traduit par Gustave Humbert, 1889 - books.google.fr). Toute perte, tout changement du caput s'appelle capitis deminutio. Aux trois status du caput correspondent trois degrés de la capitus deminutio. "Capitis minutionis species sunt tres, maxima, media, minima." "Maxima capitis diminutio est per quam et civitas et libertas amittitur..." "Media (ou minor qui a donné moindre) capitis diminutio dicitur per quam, sola civitate amissa, libertas retinetur..." "Minima capitis diminutio est, per quam, et civitate et libertate salva, status dumtaxat hominis mutatur." Le caput, quand il est complet, comprend 3 degrés ou status : 1° Status libertatis, qui est la base des autres status. La liberté est limitée. "Et libertas quidem... est naturalis facultas ejus, quod cuique facere libet, nisi quod vi aut jure prohibetur." "Legum... idcirco omnes servi sumus, ut liberi esse possimus." 2° Status civitatis. 3° Status familiae. En vertu de l'ancien droit civil subissaient la capitis deminutio maxima : a) Les addicti, vendus trans Tiberim. Voyez p. 90. b) Les fures manifesti. "Lex (des XII Tables)... furem manifestum ei, cui furtum factum est, in servitutem tradit." Le droit prétorien remplace cette punition par une actio quadrupli. c) Les incensi. d) Les citoyens qui se soustraient au service militaire, soit en s'estropiant volontairement, tels que les pollice tranci, soit en ne se rendant point au dilectus,
prescrit par le magistrat, tenebriones, soit en ne rejoignant point l'armée au jour indiqué, infrequentes, soit enfin en quittant l'armée sans congé, desertores.
Dans tous ces cas les délinquants, de même que les incensi, sont vendus comme esclaves trans Tiberim.
(P. Willems, Le droit public romain depuis l'origine de Rome jusqu'à Constantin le Grand, 1872 - books.google.fr). On doit considérer que les Institutes de Gaius, après avoir indiqué la summa divisio qui existe entre liberi et servi, ne décrivent pas les façons de devenir esclave, qui sont sous-entendues dans l’expression iusta servitus. Puis, le juriste cite, en discutant les causes de capitis deminutio maxima, la soustraction avec dol au recensement et le sénatus-consulte claudien?(pour les femmes). À l’époque de Gaius, au milieu du iie siècle, il semble que la vente de soi-même ne soit pas prise en compte du point de vue juridique. En tout cas, les sources classiques ne permettent pas d’envisager une pratique constante de vente de soi-même ad actum gerendum (pour devenir actores) ou bien ad pretium participandum (pour partager avec le vendeur le prix obtenu de la vente). Venuleius Saturninus, juriste du milieu du IIe siècle, nous donne une information importante sur la vente de soi-même : Qui se venire passus esset maiorem, scilicet ut pretium ad ipsum perveniret, prohibendum de libertate contendere divus Hadrianus constituit : sed interdum ita contendendum permisit, si pretium suum reddidisset. L’empereur Hadrien a établi qu’un majeur qui se serait laissé vendre pour partager le prix serait exclu du droit de réclamer la liberté. Cependant il a permis dans certains cas d’exercer ce droit en rendant la somme du prix. En effet, le texte nous dit qu’à l’époque classique, à la suite d’une constitution d’Hadrien, le préteur niait la possibilité de réclamer la liberté par voie judiciaire à qui aurait subi la vente de lui-même volontairement ad pretium participandum, sauf dans le cas où il aurait restitué le prix. Un problème reste ouvert : savoir si la position juridique du sujet était celle d’un esclavage de fait, dans une époque où il devient difficile de distinguer l’homme libre de l’esclave, comme le dit Paul. Un autre fragment semble marquer un moment très important pour notre thème : Irritum fit testamentum, quotiens ipsi testatori aliquid contigit, puta si civitatem amittat per subitam servitutem, ab hostibus verbi gratia captus, vel si maior annis viginti venum se dari passus sit ad actum gerendum pretiumve participandum. Le testament devient caduc chaque fois qu’il arrive quelque chose au testateur, comme dans le cas où il perd le droit de citoyen étant réduit tout à coup en
esclavage : par exemple s’il est tombé sous la puissance des ennemis, ou si, étant majeur de vingt ans, il s’est laissé vendre afin de remplir chez un maître l’emploi
d’esclave chargé des affaires, ou afin de partager le prix qui devait provenir de cette vente. Selon une tendance scientifique aujourd’hui redimensionnée, Reggi, dans
son travail de 1958, avait considéré le texte comme interpolé, donc difficilement attribuable au juriste Ulpien, mais remanié par les commissaires de Justinien.
Il me semble, toutefois, que ce qu’Ulpien dit s’harmonise avec l’évolution du principe, témoignée ex silentio par Gaius, selon lequel à l’époque classique (avant Ulpien),
la vente de soi-même ne figurait pas parmi les causes de capitis deminutio maxima ou de réduction en esclavage selon le ius civile (comme, on le verra, dans les Institutes
de Justinien). La seule sanction, introduite par Hadrien, est l’impossibilité d’exercer la vindicatio in libertatem, action qui impliquerait, nous l’avons dit, l’esclavage de fait
(Francesca Reduzzi Merola, De quoi parle-t-on quand on parle d’esclavage volontaire à Rome ? Dialogues d'histoire ancienne N° 47/1, 2021 - shs.cairn.info). La capitis deminutio media ou minor est volontaire ou forcée. Elle est volontaire dans le cas de rejectio civitatis. "Duarum civitatum civis esse nostro jure civili nemo potest." Ainsi le citoyen romain, qui se fait inscrire dans une colonie latine, devient citoyen latin et cesse d'être citoyen romain. Elle est forcée : 1) Dans le cas d'interdictio aqua et igni, peine prononcée surtout pour des crimes politiques ou autres crimes graves, à la suite de laquelle le citoyen condamné, s'il veut avoir la vie sauve, est obligé de s'exiler. 2) Dans le cas où un citoyen accusé se rend en exil volontaire avant la condamnation et que le peuple décrète ensuite : id ei justum exilium esse, ou même le condamne absent à l'interdictio aqua et igni. 3) En cas de deportatio in insulam, peine qui date de l'Empire. La capitis deminutio minima arrive, sauf deux exceptions, chaque fois qu'un citoyen subit une mutatio familiae, par conséquent : 1° Dans l'adrogatio. 2° Dans l'adoptio per aes et libram. 3° Dans la conventio in manum. 4° Dans la mancipio datio. 5° Dans l'emancipatio. 6° Depuis l'Empire dans la causae probatio
(P. Willems, Le droit public romain depuis l'origine de Rome jusqu'à Constantin le Grand, 1872 - books.google.fr). L'émancipation est l'acte par lequel un chef de famille renonce au droit de maître qu'il a sur son fils. Cette renonciation qui, en droit classique comme
en droit moderne, a lieu dans l'intérêt du fils, paraît avoir eu un tout autre but à l'époque antique, si l'on en juge par ses effets. Elle entraîne une capitis deminutio
et brise les liens qui unissent l'enfant à la maison paternelle : il est déchu de tous les droits attachés au titre d'agnat et de gentilis. S'il était patricien,
il cesse de l'être pour devenir le client de celui qui l'a affranchi. L'émancipation est donc une mesure grave par ses conséquences; il en fut ainsi tant que
le patriciat conserva son organisation et son prestige. L'émancipation, si l'on en juge par sa forme, s'est introduite dans la pratique postérieurement aux Douze Tables.
Pour la réaliser, on a recours à un expédient : on fait une application dénaturée de la règle qui libère le fils de la puissance
paternelle lorsqu'il a été mancipé trois fois. Le père mancipe trois fois. Lorsque plus tard on étendit à ces personnes l'application du louage, la mancipation volontaire
tomba en désuétude. Aussi lorsqu'un père, poussé par une extrême misère, disposait de son fils, l'acte était traité, non comme une vente, mais comme un louage de services.
La loi des Douze Tables ne voulut pas que le fils travaillât toute sa vie comme un esclave pour subvenir aux besoins de son père : après trois mancipations, c'est-à -dire
au bout de quinze ans, au plus, il était libre. On peut conjecturer que le père avait recours
(Édouard Cuq, Les institutions juridiques des Romains envisagées dans leurs rapports avec l'état social et avec le progrès de la jurisprudence, Tome 1, 1904 - books.google.fr). CLIENT, s. m. qui a chargé un avocat de sa cause. Ce mot vient de "kluô", j'écoute, dont les Latins avoient fait clueo, qui, dans le principe,
signifioit j'écoute, comme le verbe audio, mais qui, par la suite, ne fut plus employé que dans le sens d'étre, comme l'étoit quelquefois audio. De clueo est venu
cluens, dont on a fait cliens, par un changement de l'u en i, très-fréquent dans la langue latine. Chez les anciens Romains, ceux qui se mettoient sous la protection
d'un puissant citoyen, en étoient les cliens. De là CLIENTÈLE, s. f. tous les cliens d'un avocat; protection que le patron accorde à ses cliens
(Jean-Baptiste Morin, Dictionnaire etymologique des mots François, Tome 1, 1809 - books.google.fr). A quelle époque et de quel droit les constitutions impériales ont-elles commencé ? A quelle époque ? Sous Adrien seulement, disent plusieurs auteurs; et leur opinion se
fonde sur ce que jusque là le droit nous paraît réglé en entier par des plébiscites et sénatus-consultes. La plus ancienne constitution que nous rencontrions dans le recueil
que Justinien nous en a laissé est en effet de l'empereur Adrien; mais est-ce là une raison suffisante quand tout nous prouve que l'origine des constitutions doit remonter plus haut ?
(J.-L.-E. Ortolan, EXPLICATION DES INSTITUTS DE JUSTINIEN AVEC LE TEXTE ET LA TRADUCTION EN REGARD, PRÉCEDÉE D'UN RÉSUMÉ DE L'HISTOIRE DU DROIT ROMAIN, 1827 - www.roma-quadrata.com). Antinoüs/Amazone Arrien était un Grec natif de Bithynie sur la frontière ouest du Pont, patrie légendaire des Amazones. Il a écrit une histoire au Ier siècle apr. J.-C.,
sous le règne des empereurs romains Trajan et Hadrien, bien longtemps après que l'on a vu la moindre guerrière au Pont. Mais Arrien déclare croire que les
Amazones ont existé dans le passé car trop d'anciens auteurs aussi importants qu'Hérodote ou d'orateurs athéniens en ont fait le portrait pour que cela ne
reflète pas une vérité. Pour expliquer la cavalerie d'«Amazones» rencontrée par Alexandre, Arrien suppose que les guerrières
«appartenaient à quelque tribu barbare avaient appris à monter à cheval et étaient mises en scène [par Acropatès] habillées à la mode des Amazones.».
De ce point de vue, sous l'Empire romain, à une époque où les empereurs habillaient leurs maîtresses en «Amazones» et que des femmes gladiateurs prétendant
être des Amazones recréaient les duels mythiques de la guerre de Troie, l'explication d'Arrien prend tout son sens. En 61 av. J.-C., dans le triomphe qui a suivi les
guerres contre Mithridate, le général romain Pompée avait exhibé de vraies guerrières scythes capturées dans le Caucase, en Albanie (chap. 21). Un siècle plus tard,
l'empereur Néron s'entourait d'un groupe de concubines portant les cheveux courts, vêtues comme des Amazones et portant des haches de combat et des boucliers légers.
L'empereur Commode, habillait sa concubine Marcia (d'après Mars, «Comme la guerre», le dieu romain de la guerre) à la manière une Amazone pour qu'elle se batte dans
l'arène en tant que gladiateur; Commode scellait également ses lettres avec une bague représentant une Amazone et il changea le nom du mont Décembre pour l'appeler
«Amazonius». Arrien, lui-même décrit les divertissements où on mettait en scène des batailles mythiques dans lesquelles des cavaliers romains portaient des pantalons,
des casques de parade et des masques d'Amazone
(Adrienne Mayor, Les Amazones: Quand les femmes étaient les égales des hommes (VIIIe siècle av J.C - Ier siècle apr.J.C.), traduit par Philippe Pignarre, 2020 - books.google.fr). Dans le Périple 21,3, qui fut écrit peu de temps après la mort d'Antinous alors qu'Hadrien instituait un culte en son honneur,
Arrien écrit : "Tous ceux qui veulent faire plaisir à Achille honorent aussi Patrocle avec lui".
L'allusion est relativement vague mais se précise, en 23,4, par une référence au chagrin d'Achille à la mort de Patrocle considéré ici comme son mignon :
"Je me persuade du fait qu'Achille est un héros entre tous et j'en prends pour preuve la noblesse de sa naissance, sa beauté, sa force d'âme,
la poésie d'Homère à son sujet, le fait qu'il était amoureux et aimait son ami, au point de préférer mourir à la place de son mignon".
Etant donné la date où cela a été écrit et les autres références explicites à Hadrien dans le Périple, il ne fait pas de doute qu'il y a lÃ
une référence transposée au chagrin d'Hadrien à la mort d'Antinous. L'idée même que l'éraste aurait préféré mourir à la place de son éromène
nous paraît une allusion voilée à la "dévotion" d'Antinous. Dans l'Anabase VII 16,8, les mêmes idées sont reprises, mais cette fois, pour illustrer l'amitié d'Alexandre et d'Héphaïstion
(Henri Tonnet, Recherches sur Arrien: Texte, 1988 - books.google.fr). Dans l'épopée de Quintus, le pâtre de Smyrne, Achille, qui est si brusquement épris et comme foudroyé de cette Penthésilée dont il n'a vu
le visage que morte, et qui la désire et la regrette aussitôt, qui la pleure comme tout à l'heure il pleurait Patrocle (et l'on a vu dans l'Iliade quelles
larmes et quels regrets !), demeure peint à nos yeux d'un trait ineffaçable, d'un trait de haute et naturelle passion qui surpasse et domine toutes les nuances.
Le deuil soudain qu'il a de Penth?silée est si fort, qu'il le console à l'instant du deuil de Patrocle en s'y substituant
(Charles-Augustin Sainte-Beuve, Etude sur Virgile, 1857 - books.google.fr,
fr.wikipedia.org - Quintus de Smyrne). «Patrocle ou le destin» des Mémoires d'Hadrien de M. Yourcenar se clôt sur l'image d'Achille découvrant en Penthésilée un double de Patrocle
(Rémy Poignault, L'Antiquité dans l'œuvre de Marguerite Yourcenar, littérature, mythe et histoire, Partie 1, 1995 - books.google.fr). Acrostiche : LLLL, quatre ailes De l'Égypte où mourut Antinoüs, Adrien revint encore à Athènes, où il assista une seconde fois à la célébration du mystère de la grande déesse. Pendant les
derniers temps de son séjour en Orient, les Alains furent repoussés de la Cappadoce par Arrien, gouverneur de cette province, le même qui accomplit le périple du
Pont-Euxin, dont la relation nóus a été conservée. C'est vers la même époque que se terminait la guerre des Juifs, guerre terrible, implacable, dans laquelle cinq cent mille Juifs périrent par le fer
(Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Tome 1 : Aa-Alfez, 1857 - books.google.fr). Arrien compose le texte Ordre de bataille contre les Alains sous le règne d’Hadrien, alors qu’il est gouverneur de la province de Cappadoce
(c. 131-137 ap. J.-C.). Il y décrit, sous la forme d’une suite de commandements, l’ordre de marche de son armée (§ 1-11), puis la formation de bataille de celle-ci (§ 12-24)132, enfin la
tactique à adopter face à l’ennemi qu’il désigne comme «scythe» (§ 25-31). Son armée est composée des deux légions basées dans la province de Cappadoce, la légion XV Apollinaris de Satala dans
son intégralité et des vexillations de la légion XII Fulminata de Mélitène, de quatre ailes et de dix cohortes auxiliaires, ainsi que de contingents d’alliés locaux originaires d’Arménie Mineure
et de Colchide. En 134/135 après J.-C., en effet, les Alains, nomades originaires du Caucase et apparentés aux Sarmates, jusque là alliés de Rome, avaient empiété sur le territoire de la province
romaine en rentrant d’une expédition de soutien au roi d’Ibérie, Pharasmane II. On ne sait si ce fragment de texte, qui se présente comme une suite de commandements, est la version littéraire
d’un rapport officiel envoyé à l’empereur ou un vestige de l’œuvre perdue d’Arrien intitulée Alanika, si les ennemis qu’Arrien s’apprêtait à combattre étaient bien les Alains, ni même si la bataille eut
réellement lieu. Mais on peut supposer que l’ordre de bataille décrit fut bien mis en œuvre par Arrien contre les Alains, et sut, à tout le moins, impressionner l’ennemi, puisque Dion Cassius
nous apprend que la guerre contre les Alains s’arrêta rapidement du fait de la peur que leur inspira la démonstration de force orchestrée par le gouverneur Flavius Arrianus. Tout en se situant
dans la tradition des traités de tactique de l’époque hellénistique (Asclépiodote, Elien, qui écrit cependant à l’époque impériale), ce texte revêt un caractère exceptionnel qui tient à la fois à la
rareté des informations qu’il livre concernant l’évolution de l’armée romaine au iie siècle après J.-C. et à l’originalité de la stratégie entièrement défensive mise en oeuvre par Arrien : le rôle dévolu
aux troupes auxiliaires, et principalement aux nombreux cavaliers et archers, consiste à dresser un rempart autour des deux légions, elles-mêmes disposées en formation serrée. Tout est pensé pour
résister à une charge de cavaliers cuirassés et pour l’emporter par la force de la dissuasion. Ce fragment de texte, comportant quelques lacunes et interrompu sur sa fin, nous est connu
grâce à un manuscrit florentin du xe siècle, le Codex Laurentianus Graecus LV, 4, rapportant plusieurs traités militaires grecs d’époque impériale. Le texte grec, qui est ici suivi de sa première
traduction en français depuis celle de Charles Guischardt en 1758, est le texte édité par A. G. Roos, Flavius Arrianus. 2. Scripta minora et fragmenta, dans l’édition revue et augmentée par G. Wirth en
1968 (Munich, Leipzig, Teubner, 2002, p. 177-185), et légèrement modifié depuis par la tradition historiographique, selon les indications données en notes. Sur le plan littéraire, on reconnaîtra
dans ce texte le goût marqué d’Arrien pour la pratique de l’atticisme. Le vocabulaire qu’il utilise est un mélange savant de termes empruntés aux récits de combats rapportés par les historiens grecs
(Xénophon surtout, mais aussi Thucydide) et de traductions du vocabulaire technique en usage dans l’armée romaine (dont Polybe a été l’un des précurseurs au livre VI de son Histoire)
(Sophie Lalanne, Ordre de bataille contre les Alains, Le monde d’Arrien de Nicomédie, Actes de la journée d’étude organisée le 7 décembre 2012, Ktèma 39, 2014 - hal.science). Nous lisons dans Spartien qu'Hadrien aimoit tellement ses chevaux & ses chiens, qu'il leur érigeoit des sepulcres. Il nous reste encore une épitaphe d'un de ses chevaux, que Saumaise nous a donnée plus correcte, dont le sens est tel : Borysthene Alain de nation, coursier de l'Empereur, qui voloit par les eaux, par les marets, & par les montagnes d'Hetrurie, qui poursuivoit les sangliers, en
sorte qu'aucun n'ofoit le frapper de ses défenses, ni n'osoit en approcher de si près que son écume pût atteindre l'extrémité de sa queue : mais s'étant toujours
conservé dans sa vigueur, il est enfin mort, & a été inhumé dans ce champ
(Bernard de Montfaucon, L'Antiquité expliquée et représentée en figures, Tome 5, 1719 - books.google.fr). L'Heroïsme que les peuples d'Asie donnoient à Antinoüs, étoit l'effet de l'idée qu'ils avoient, sans doute qu'Antinoüs par une generosiré incroyable,
s'étoit volontairement livré à la mort pour lauver la vie à Adrien. Cet Antinoüs l'heroïque étoit celui qui étoit honoré sous les symboles de Mercure,
ce qui se justifie par le revers d'un medaillon ou se voit le Taureau. Cette conjecture se justifie par le revers d'une semblable medaille que l'on trouve dans Erisso
(le vénitien Sebastiano Erizzo dit aussi Erycius 1525 - 1585) & dans Patin (1633 - 1693), ou sur la face se voit la tête d'Antinous, ornée du Lotos, & sur le revers Antinoüs nud,
est à Cheval sur le Boristhene, portant à sa main le Caducée. On y voit ces trois lettres, L. ?. D.
(Charles de Riencourt, Dissertations sur le culte que les grecs et les romains ont rendu a Antinous, 1723 - books.google.fr). Trois "pelices" astronomiques Pour plaire à l'empereur, des astronomes donnèrent le nom du bel éphèbe à un groupe d'étoiles proche de l'Aigle, qui avait enlevé Ganymède le Verseau -;
l'analogie est significative : Antinoüs était pour Hadrien ce que Ganymède était pour Jupiter. D'ailleurs, Firmicus Maternus appelle Aquarius minor (Math. 8, 29, 13)
cet astérisme qui resta indépendant jusqu'en 1922, date à laquelle il fut rattaché à l'Aigle
(André Le Bœuffle, Le ciel des romains, 1989 - books.google.fr). Callisto est appelée comme Grande Ourse, "pellex" dans les Métamorphoses II, Livre III d'Ovide
(Joseph Jerome Le Français de Lalande, Astronomie, Tome 1, 1771 - books.google.fr). Dans l'Hercule Furieux, Sénèque écrit que Junon quitte le ciel l'abandonnant à ses rivales ("paelices caelum tenent)
(Margarethe Billerbeck, Sophie Guex, Hercule furieux de Sénèque, 2002 - books.google.fr). L'Epitomé du Pseudo-Eratosthène montre Io, métamorphosée en vache, devenir la constellation du Taureau, qui, par ailleurs, est aussi l'animal en lequel se transforma Jupiter pour ravir Europe. Europe et Io sont toute deux amantes de Jupiter. Io est avec Callisto, les seules maîtresses du roi des dieux à être catastérisées, la seconde en Grande Ourse. Ganymède est le troisième des amours illégitimes de Jupiter à orner le ciel étoilé. Nous savons par Pausanias (I, 25, r) que, sur l'Acropole d'Athènes, se trouvaient côte à côte les statues d'Io et de Callisto, «dont les destinées, amour de Zeus, colère d'Héra, métamorphose de l'une en vache, de l'autre en ourse, sont en tout point identiques dans les récits». Pline, mentionne Io, et sa métamorphose, par le truchement de l'olivier auquel Argos l'avait attachée : Argis olea etiamnum durare dicitur, ad quam Io in taurum mutatam Argus alligaverit (NH, 16, 239). La leçon taurum des manuscrits est irréfutable, et E. Simon a eu raison d'écarter les amendements arbitraites : tauram et vaccam. Indéniablement, Pline avait en tête l'image d'une Io devenue taureau, c'est ce qui résulte du passage cité. La concision de sa phrase semble même indiquer qu'il se réferait à une notion bien connue de ses lecteurs et de ses contemporains. C'est donc au moment du catastérisme, mieux : c'est en raison du catastérisme que s'est opéré le changement de sexe, c'est-à -dire que la vache (Io) est devenue le Taureau
(constellation). La suite du texte latin le prouve sans ambages : signum autent ruuri, cuius priores partes parent, reliquum cor7us non adparet Cette transition, cette transformation,
la conjonctionautern la souligne: à partir de là , c'est la constellation, «le» Taureau, qui accapare notre attention. Et la description de l'animal céleste s'accommode parfaitement
de la mutation qui a eu lieu, puisque l'arrière-train n'en est pas visible. Hygin (Astr. II, 21) corrobore en tous points cette interprétation : Io métamorphosée en vache,
par une faveur de Jupiter, devint constellation (... cum (Io) in booem sit conoersa, ut luppiter ei satisfacere oideretur, inter sidera constituisse...), l'avant-train visible
ayant l'aspect d'un taureau, l'arrière-train restant caché (quod eius prior pars adpareat ut tauri, sed reliquum corpus obscurius videatur). Les mots clés sont ici ut tauri,
«comme (celle) d'un taureau», pars tauri, c'est-à -dire «comme l'avant-train d'un taureau». Le cheminement de pensée d'Hygin, comme celui d'Eratosthène, exclut l'existence d'une tradition selon
laquelle Io aurait été, avant même le catastérisme, transformée en taureau. Au IVe livre des Fastes (717-718), Ovide, sur un ton railleur, mais en pleine connaissance de cause,
rappelle cette ambivalence sexuelle de la constellation, dont la partie distinctive se dérobe aux regards : Vacca sit an taurus, non est cognoscere promptum : pars prior apparet,
Posteriora latent
(Jean-Marc Moret, "IÔ 'APOTAUROUMENH", Revue archéologique, 1990 - books.google.fr). L'ouvrage de Simon Marius a pour titre : Mundus jovialis a. 1609, detectus, ope perspicilli Belgici, hoc est quatuor jovialium planetarum cum theoria, tum
tabulæ propriis observationibus maxime fundatæ ex quibus situs illorum ad jovem ad quodvis tempus datum promtissime et facillime supputari potest, 1614.
On y voit que le 29 décembre 1609, vieux style, c'est-à -dire le 8 janvier 1610, nouveau style, il vit trois étoiles en ligne droite à l'occident de Jupiter.
Telle est en effet l'observation de Galilée, c'est la même date. Il donne aux quatre satellites les noms de Mercure, Vénus, Jupiter et Saturne; il a depuis
changé ces noms en ceux de Io, Europe, Ganymède et Calisto. Il voudrait les désigner collectivement par le nom d'astres de Brandebourg, comme Galilée les avait appelés astres de Médicis
(M. Delambre, Astronomie theorique et pratique, Tome 3, 1814 - books.google.fr). La course d'Io se termine en Egypte comme la vie d'Antinoüs. "blanche route" : Voie lactée Les annales anciennes font mention d’un fait moins tragique, que je ne dois pas passer sous silence: quelques gouttes de lait, échappées de sein de la
reine des dieux, donnèrent cette couleur à la partie du ciel qui les reçut; et c’est de là que vient le nom de voie lactée, nom qui rappelle la cause de cette
blancheur. Ne faudrait-il pas plutôt penser qu’une grande quantité d’étoiles sur ce même point y forme comme un tissu de flammes, nous renvoie une lumière plus dense,
et rend cette partie du ciel plus brillante par la réunion d’un plus grand nombre d’objets lumineux ? Dira-t-on enfin que les âmes des héros qui ont mérité le ciel,
dégagées des liens de leurs corps après leur séjour sur la terre, sont transportées dans cette demeure; que ce ciel leur est approprié; qu’elles y mènent une vie céleste,
qu’elles y jouissent du monde entier ? Là sont honorés les Eacides, les Atrides, l’intrépide fils de Tydée, le souverain d’Ithaque, vainqueur de la nature et sur terre et
sur mer, le roi de Pylos, célèbre par trois siècles de vie; tous les autres chefs des Grecs qui combattirent sous les murs d’Ilion, Assaracus; Ilius, tous les héros troyens
qui suivaient les étendards d’Hector; le noir fils de l’Aurore, et le roi de Lycie, digne sang de Jupiter. Je ne dois pas vous oublier, belliqueuse Amazone, non plus que la
ville de Pella, que la naissance d’un grand conquérant a rendue si célèbre. On y voit aussi ces hommes qui se sont illustrés par l’étendue de leur génie et par l’autorité
de leurs conseils, dont toutes les ressources étaient en eux-mêmes
(Marcus Manilius, Les astonomiques, Livre I - remacle.org). Et vous, Trajan, père du héros que je loue, vous dont la place, si elle n'est pas dans le ciel, est si près néanmoins du céleste séjour, avec quel plaisir ineffable vous voyez votre ancien tribun, votre ancien soldat, devenu maintenant un si grand empereur, un si grand prince ! LXXXIX. 2. Proximam... sideribus obtines sedem. Les hommes déifiés avaient, selon la superstition païenne, leur séjour avec les dieux, dans la région des astres. Les héros qui n'avaient pas reçu l'apothéose habitaient une sphère moins élevée, entre la terre et le ciel. C'est là que Lucain, Phars., IX, 5, place l'âme de Pompée : Qua niger astriferis connectitur axibus aer, Quodque patet terras inter lunæque meatus, Semidei manes habitant. Cicéron, de Republica, VI, 9, et Manilius, Astronica, 1, 755-809, assignent pour demeure aux héros et aux grands hommes la voie lactée,
immédiatement au-dessous du cercle de l'éther, où résident les dieux. Des médailles frappées sous le sixième consulat de Trajan, où son père est appelé Divus,
prouvent qu'il lui décerna plus tard les honneurs de l'apothéose. Voyez Schwartz, ad h. l.
(Panégyrique de Trajan: Pline le jeune. Traduction nouvelle, par J. L. Burnouf, 1845 - books.google.fr). Antinoüs est une ancienne constellation située au sud de l'Aigle. Selon une légende, un oracle avait dit à l'empereur Hadrien que seule la mort de la personne
qu'il aimait le plus pourrait le sauver d'un grand danger. Il est dit qu'Antinoüs, un splendide jeune homme aimé par Hadrien, sauva l'empereur en se noyant dans le Nil.
À sa mémoire, Hadrien créa la constellation en 132. Celle-ci nous fut transmise par Ptolémée parmi les 48 constellations de l'Antiquité
(fr.wikipedia.org - Antinoüs (constellation)). L'ECU DE SOBIESKI, Scutum Sobiescianum L'ARC ET LA FLÈCHE entre les mains d'Antinoüs: « Pour ce qui regarde le Bouclier ou Ecu, j'ai des raisons très-graves
pour le mettre parmi les astres, je l'ai fait pour perpétuer la mémoire de notre auguste roi et seigneur JEAN III, roi de Pologne, à cause des exploits militaires
qu'il a accomplis, non seulement dans le royaume de Pologne, mais encore dans l'Empire Romain pour le plus grand avantage et accroissement de la religion chrétienne.
Sorti de son royaume avec toute l'armée Polonaise, il délivra glorieusement de l'invasion ottomane la ville de Vienne où s'était enfermé l'empereur, il battit à plates coutures
et mit en fuite les hordes barbares, et de la sorte il délivra de l'esclavage, du joug de Mahomet et de l'Antéchrist une grande partie de ceux qui combattent aujourd'hui pour
la foi chrétienne. Mon roi et clément maître, ayant ainsi défendu la foi comme un grand et incomparable héros, j'ai voulu placer dans le ciel son bouclier victorieux
et en un endroit tel que je puisse représenter tout cet héroique épisode de son histoire. J'ai pleinement réussi dans mon dessein, ce dont je rends grâces au Tout-Puissant,
et j'ai trouvé une position telle qu'il n'y en a pas de plus convenable dans le Firmament et qui permet d'expliquer toutes ses aventures. J'ai mis le Bouclier à côté
de l'Aigle, entre Antinoüs et le Serpentaire, au dessus du Sagittaire et non loin du Capricorne. Ma constellation se compose de sept étoiles très-visibles,
en partie de 4° grandeur, quatre de ces étoiles sont sur le bord de l'Ecu, lequel jusqu'ici avait été tout uni et sans aucun ornement, j'ai dessiné une croix pour rappeler
éternellement qu'il avait combattu pour la défense de la foi chrétienne; cette croix est formée par trois étoiles remarquables qui représentent leurs Majestés Royales,
le roi et la reine de Pologne et la Princesse leur fille unique; en sorte que les sept étoiles sont l'emblème de la famille royale
(L. C. Beziat, La vie et les travaux de Jean Hévelius, 1876 - books.google.fr). Cette constellation de l'hémisphère austral est l'une des seules (avec la Chevelure de Bérénice) qui doit son nom à un personnage historique, en l'occurrence le roi de Pologne
Jean III Sobieski. Il conduisit la défense de la Pologne et de Vienne contre les armées de l'Empire ottoman et remporta une bataille importante le 12 septembre 1683.
Un an plus tard, l'astronome polonais Johannes Hevelius nomma cette petite partie du ciel coincée entre l'Aigle et le Sagittaire en son honneur (Scutum Sobiescianum),
et parce qu'il l'a aidé à reconstruire son observatoire, endommagé après un incendie. La dénomination officielle latine de la constellation a depuis été raccourcie
à Scutum (l'Écu) tout court
(fr.wikipedia.org - Ecu de Sobieski). Suivant les récits mythologiques, on aussi une constellation de l'Amazone à cheval sur les Poissons et le Bélier, près de Thésée
(Charles François Dupuis, Origine de tous les cultes ou religion universelle, Planches Avec Leur Explication, Tome 4, 1794 - books.google.fr). Le pavois ou pelta majus scutum est le plus grand des boucliers
(Dictionnaire universel francois et latin, Tome 4, 1743 - books.google.fr). Pelte (Pelta). Bouclier Grec en forme de croissant, croissant symbole de la Turquie et de la religion musulmane
(Florent Arnaud, Le GRAND LIVRE de L'HISTOIRE du MONDE des HOMMES. Tome VII, 2010 - books.google.fr). Colonne trajanne Dans l'ancienne Dacie, le souvenir des expéditions de Trajan a survécu à toutes les vicissitudes que, depuis plus de 1700 ans, ce malheureux pays a
éprouvées. On ne saurait énumérer les nombreuses localités qui portent maintenant encore le nom de «pré, champ, route, montagne de Trajan». Un savant
aussi au courant de la langue que de l'histoire roumaines (A. Ubicini, La Roumanie, p. 207) dit à ce sujet : «Le souvenir de Trajan est empreint partout, dans la tradition,
dans la langue, sur les monts, dans la plaine, dans le ciel même. Ainsi, la voie lactée, c'est le chemin de Trajan; l'orage est sa voix; l'avalanche est son
tonnerre; la plaine est son camp; la montagne est sa tour; le pic escarpé est sa vedette.»
(Wilhelm Froehner, La colonne Trajane, Musée du Louvre, 1865 - books.google.fr). Le sacrifice suivant tiré de la colonne Trajane est aussi de quatre taureaux : il n'y a que deux autels tous deux flamboians. Outre les quatre victimaires,
plusieurs autres de la troupe sont couronnez de laurier. Les taureaux ont sur le milieu du corps une grande bande d'étoffe qui pend des deux côtez & frangée par le bas :
l'habit des victimaires de la ceinture en bas est frangé de même. Ce qu'il y a de particulier à ce grand sacrifice est, que toute la troupe attend l'Empereur Trajan pour
sacrifier: il y vient à grands pas accompagné de deux lecteurs avec leurs faisceaux, & d'autres personnes. Les trois jeunes garçons qui viennent avec lui, doivent apparemment
faire l'office de Camille & de joueurs de flutes
(Bernard de Montfaucon, L'Antiquité expliquée et représentée en figures, Tome 2, 1722 - books.google.fr). On remarque dans les monuments où sont figurés des camilli, enfants assistants du culte, le soin donné à la chevelure dont la beauté chez les adolescents
fut toujours trèsprisée des Romains [COMA]. Ce soin paraît avoir été poussé jusqu'à une grande affectation, comme on le voit par les bas-reliefs de la colonne Trajane (Fröhner, Col. Traj. pl. LXXVI),
où des enfants qui sont les assistants du sacrifice sont représentés non-seulement avec des cheveux longs et flottants, mais relevés en diadème sur le front, c'està -dire avec la coiffure qui était
celle des femmes de ce temps (fig. 1054). E. SAGLIO
(Charles Daremberg, Edmond Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, Tome 1, 1873 - books.google.fr). Acrostiche : LLLL Jeton du conseil du Roi. Avers : Titulature avers : .LVDOVICVS. XIIII. FR. ET. NAV. REX.. Description avers : Buste à droite de Louis XIV, type Guéant Prieur 226D. Traduction avers : Louis XIV, roi des Francs et de Navarre. Revers : Titulature revers : .NIL. NISI. .CONSILIO.. Description revers : Écu de France couronné avec quatre L couronnées dans le deuxième collier. Traduction revers : Rien sans le Conseil. Ce jeton date certainement de 1654. Il faut attendre le règne de Louis XIV pour voir se mettre en place le Conseil du Roi tel qu'il le sera jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, c'est-à -dire
divisé en quatre sections : Le Conseil d'En-Haut (ou Conseil d'État) qui se réunit deux à trois fois par semaine autour du Roi et des ministres d'État pour traiter
des affaires les plus importantes du Royaume; le Conseil des Dépêches, pour les affaires intérieures; le Conseil des Finances présidé par le Roi et comprenant le
Contrôleur général des Finances (pour les questions relatives au budget, à la répartition de la taille, etc.); le Conseil d'État privé, finances et directions,
présidé par le Roi ou le chancelier et composé d'une trentaine de conseillers d'État et d'environ 80 maîtres de requêtes, pour régler le contentieux privé, préparer
les édits et ordonnances du Roi, instruire les affaires financières et régler le contentieux administratif
(www.cgb.fr). Les louis d'or aux "quatre L" sont une série de monnaie frappées de 1693 à 1700
(Nicolas Joniaux, Le portrait monétaire de Louis XIV (Louis d’or et écus d’argent). In: Revue numismatique, 6e série - Tome 176, année 2019 - www.persee.fr). Louis XIV et les Romains Les auteurs qui savaient pratiquer l'art de la flatterie trouvaient là une bonne veine à exploiter. Plus d'une préface ou épître dédicatoire
tait défrayée par cette belle idée d'un Roi écrivain, se faisant précepteur de son fils. M. Esprit, de l'Académie française, donna en 1677, sous le nom d'un de
ses frères, une traduction du panégyrique de Trajan, et la dédia au Dauphin. Voici l'épître : «J'ai préféré, pour vous l'offrir, l'exemple de Trajan à celui de tous les
autres souverains de l'ancienne Rome, Ã cause du rapport singulier qui se trouve entre son histoire et celle du Roi. Ainsi, la guerre des Hollandais et celle des Daces
ont été causées, l'une et l'autre, par le ton injurieux de ces peuples à l'égard du prince; ils ont montré tous deux le prix qu'ils attachent à l'éducation : Trajan, en prenant
le soin de former les mœurs de cinq mille jeunes gentilshommes, afin d'en faire un jour autant d'appuis inébranlables de la suprême puissance; le Roi, en se chargeant de dresser
de sa propre main des Mémoires de son règne, pour vous enseigner les devoirs d'un véritable monarque. Sa Majesté est persuadée qu'il y a une certaine politique fine et délicate
dans les choses et dans les manières, que les yeux des particuliers, quelque habiles qu'ils soient, ne peuvent pénétrer, et qui est réservée à la suprême et profonde intelligence des souverains.»
(Charles Dreyss, Mémoires de Louis XIV pour l'instruction du Dauphin, Tome 1, 1860 - books.google.fr). Domitien est tué : l’empire commence à respirer sous Nerva. Son grand âge ne luy permet pas de rétablir les affaires : mais pour faire durer le repos public,
il choisit Trajan pour son successeur. L’empire tranquille au dedans, et triomphant au dehors, ne cesse d’admirer un si bon prince. Aussi avoit-il pour maxime,
qu’il falloit que ses citoyens le trouvassent tel qu’il eust voulu trouver l’empereur s’il eust esté simple citoyen. Ce prince dompta les daces et Décebale leur roy ;
étendit ses conquestes en Orient ; donna un roy aux Parthes, et leur fit craindre la puissance romaine : heureux que l’yvrognerie et ses infames amours, vices si
déplorables dans un si grand prince, ne luy ayent rien fait entreprendre contre la justice. à des temps si avantageux pour la république, succederent ceux d’Adrien meslez
de bien et de mal. Ce prince maintint la discipline militaire, vescut luy-mesme militairement et avec beaucoup de frugalité, soulagea les provinces, fit fleurir les arts,
et la Grece qui en estoit la mere. Les barbares furent tenus en crainte par ses armes et par son autorité. Il rebastit Jerusalem à qui il donna son nom, et c’est de là que
luy vient le nom d’Aelia ; mais il en bannit les juifs toûjours rebelles à l’empire. Ces opiniastres trouverent en luy un impitoyable vengeur. Il deshonora par ses cruautez
et par ses amours monstrueuses un regne si éclatant. Son infame Antinoüs dont il fit un dieu, couvre de honte toute sa vie. L’empereur sembla réparer ses fautes, et rétablir
sa gloire effacée, en adoptant Antonin le pieux qui adopta Marc Aurele le sage et le philosophe
(Jacques Bénigne Bossuet, Discours sur l’Histoire universelle, 1681 - fr.wikisource.org). "trois favorites" "entrebattront" À la famille légitime du roi, il faut ajouter sa famille naturelle et légitimée. Outre de nombreuses liaisons passagères, Louis XIV a eu
trois favorites en titre Mlle de La Vallière (1644-1710), Mme de Montespan (1640-1707) et Mlle de Fontanges (1661-1681) –, puis une seconde épouse légitime,
mais secrète, Mme de Maintenon (1635-1719). Mlle de La Vallière et Mme de Montespan ont donné au roi une nombreuse progéniture
(Thierry Sarmant, L'envers du Grand Siècle, 2024 - books.google.fr). Madame de la Vallière, cette amante modeste & timide, cette humble violette qui se cachoit fous l'herbe, honteuse d'être maîtresse, d'être mère, d'être duchesse, la Vallière s'oublia une fois dans sa vie jusqu'à couper orgueilleusement le carrosse de la Reine, par l'empressement de paroître la première aux regards du Roi, qui revenoit d'un voyage: on fut indigné. Une très-belle femme qui étoit dans le carroffe de la Reine, s'écria : Le plus vil état à mes yeux est celui de maitresse d'un Roi; mais si jamais je pouvois devenir capable d'une telle bassesse, je voudrois du moins la cacher à tous les yeux. Cette beauté sévère, c'étoit madame de Montespan. Mademoiselle de Fontanges attiroit à elle seule toute la puissance & toute la grandeur, passoit devant la Reine sans la saluer, luttoit d'insolence
avec madame de Montespan, & lui rendoit au centuple ses mépris. [...] Madame de Maintenon obtint du moins que les apparences de la paix régneroient entre les deux
rivales, & qu'elles épargneroient au Roi le spectacle & le chagrin de leurs dissentions. Ce traité fut conclu, & en conféquence mademoiselle de Fontanges
parut à un bal donné à Villers-Cotterets, parée des mains de madame de Montespan, comme celle-ci l'avoit souvent été par mademoiselle de la Vallière
(Encyclopédie méthodique, ou par ordre de matières, par une société de gens de lettres,etc., Tome 111, 1804 - books.google.fr). Dans ses fréquentes excursions au pavillon de Versailles, la chasse n'était qu'un prétexte pour Louis XIV: à cette époque, vivement épris de
mademoiselle de La Vallière, le roi aspirait à des rendez-vous mystérieux, à des entretiens secrets, comme aux beaux jours de la chevalerie : il fuyait les regards de la cour;
les reproches de Marie-Thérèse sa femme alors enceinte. [...] Le pavillon de chasse de Louis XIII devint ainsi le théâtre de l'amour de Louis XIV :
il n'y avait pas encore ces vastes jardins, ce parc immense où l'on cherche encore aujourd'hui les pas de mademoiselle de La Vallière
(M. Capefigue, Mademoiselle de la Valliere et les favorites de trois âges Louis XIV, 1859 - books.google.fr). Mademoiselle de Fontanges, amazone Dans la collection du maréchal de Tessé, au début du XVIIIe siècle pour son château de Vernie près du Mans se trouvaient une série de portraits équestres malheureusement anonymes exposés désormais au musée de Tessé au Mans. On y découvre ainsi une série de favorites royales, peintes à la manière de reines, en toute élégance : "Les Maîtresses du Roy". Il n'y a malheureusement plus que 4 tableaux d’une série de neuf. Les toiles étaient insérées dans les boiseries d’un cabinet. Il s’agit du seul exemple connu de "maîtresses royales à cheval". On découvre ainsi : Françoise-Louise de La Vallière, favorite de Louis XIV, représentée particulièrement élégante dans ce portrait équestre en amazone, avec un grand soin dans le détail du costume sur un cheval à la belle robe. Marie Angélique de Scorrailles dite la duchesse de Fontanges, une favorite de Louis XIV, portrait équestre en amazone. On peut admirer de ce côté le détail
de la houssine ou cravache remplaçant la jambe droite de la cavalière en amazone
(eroschevauxpassion.over-blog.com). Un soir de printemps s'en alla vers son destin, en 1679, la belle amazone qui, un an plus tard, devait forcer le cœur du roi à la faveur d'une chasse
à courre, en forêt de Saint-Germain...
(Raymond Cortat, Haute-Auvergne, Seuil du Midi, 1959 - books.google.fr). Dans une des parties de chasse du Roi, Mademoiselle Fontanges (née en 1661, morte en 1681) parut en amazone, avec un habit en broderie dont l'élégance étoit assortie à celle de sa taille.
Une coiffure de caprice, composée de quelques plumes, relevoit l'éclat de fon teint & la délicatesse de ses traits. Le vent s'étant élevé vers le soir, elle se fit attacher
cette coiffure avec un ruban, dont les nœuds retomboient sur fon front. Cet ajustement, où le hasard avoit autant & plus de part que la coquetterie, plut extrêmement au Roi,
qui pria Mademoiselle Fontanges de ne pas se coiffer autrement de tout le reste de la journée. Toutes les Dames parurent le lendemain avec une pareille coiffure, & ce goût de
hasard devint le goût dominant: de la Cour il passa à la Ville, se répandit dans les Provinces, & pénétra bientôt, sous le nom de Fontanges, jusque chez l'Etranger
(Galerie de l'ancienne cour ou mémoires anecdotes pour servir a l'histoire des regnes de Louis 14. et de Louis 15., Tome 2, 1786 - books.google.fr). Sa taille élancée et assez grande donnait à sa démarche beaucoup de noblesse, et lui permettait de prendre des airs de reine. Malheureusement pour Mle de Fontanges
son esprit n'était pas à la hauteur de sa beauté: «La Fontange était une bonne personne, dit quelque part la princesse palatine dans sa correspondance;
je la connaissais bien; elle a été une de mes filles d'honneur; elle était belle des pieds jusqu'à la tête; elle avait aussi le meilleur caractère du monde, mais pas plus d'esprit qu'un petit chat.»
(M. Lebrub-Dalbanne, Etude sur Pierre Mignard, Mémoires lus à la Sorbonne dans les séances extraordinaires du Comité impérial des travaux historiques et des sociétés savants : Archéologie, 1867 - books.google.fr). En janvier 1680, elle accoucha prématurément d'un garçon qui ne vécut qu'un mois. Elle ne s'en remettra pas.
Après avoir beaucoup pleuré, plus de l'insensibilité du roi que de sa maladie, la jeune femme se retira à l'abbaye de Chelles dont sa sœur était abbesse « pour y mourir».
Lors de son séjour dans cette abbaye, Marie-Angélique échappe de peu à une tentative d’empoisonnement. Louis XIV alla tardivement rendre visite à Angélique de Fontanges
et eut quelques sanglots, ce qui fit dire à la duchesse : «Je meurs contente, puisque mes derniers regards ont vu pleurer mon Roi». On transporta la duchesse à l'abbaye de
Port-Royal de Paris, où elle mourut le 28 juin 1681, à l'âge de 19 ans
(fr.wikipedia.org - Duchesse de Fontanges). La mort de Madame de Fontanges Mlle de Fontanges est loin, alors, d'être en parfaite santé. Selon le Mercure du mois d'avril 1680, on a présenté au roi le prieur de Cabrières
qui, dit-on, connaît de merveilleux secrets pour guérir les maladies les plus incurables. Mlle de Fontanges, sur l'ordre de son royal amant, s'est mise entre
ses mains. Il la traite «d'une perte de sang très opiniâtre et très désobligeante, dont ses prospérités sont troublées».
(Lettre, en date du 26 avril 1680, de Mme de Sévigné.) Il s'agit, vraisemblablement, de suites de couches très difficiles. Le 1er mai, Mme de Sévigné,
décidément très intéressée par tout cela, signale de nouveau «une perte de sang si considérable que la jeune duchesse est encore à Maubuisson,
dans son lit, avec la fièvre qui s'y est mêlée. Elle commence même à enfler. Son beau visage est un peu bouffi». Le roi part pour la Flandre. Mlle
de Fontanges, trop faible pour l'accompagner, s'exile d'elle-même à l'abbaye de Chelles. Elle reviendra plus tard à Versailles mais,
devant la froideur de son amant, elle se retirera à Port-Royal de Paris, où elle mourra le 28 juin 1681. Le roi, au courant des accusations portées contre
Mme de Montespan, interdira l'autopsie. Mais si l'on en croit un rapport des médecins, publié par Ravaisson, cette autopsie aura quand même lieu,
le roi, entre-temps, ayant changé d'avis. Le procès-verbal de cette autopsie, signé de six médecins et d'un chirurgien, note que les praticiens ont constaté
«une hydropisie dans la poitrine, contenant plus de trois pintes d'eau, avec beaucoup de matières purulentes dans les lobes droits du poumon, dont la substance
était entièrement corrompue, gangrenée et adhérente de toutes parts. Le foie était d'une grandeur démesurée et sa partie droite corrompue».
La conclusion des hommes de l'art est la suivante : «La cause de la mort de la dame doit être uniquement attribuée à la pourriture totale des lobes droits du poumon.»
Fontanges était donc morte de tuberculose, cela ne fait pour nous aucun doute. Reste que dans l'état des connaissances médicales au XVIIe siècle,
même après l'autopsie, on pouvait sans doute dire que cette «pourriture totale» était due à un empoisonnement, d'autant que la Voisin avait accusé Mme de Montespan.
Reste aussi que la mort avait suivi un accouchement difficile dont Fontanges ne s'était jamais remise
(Bernard Michal, Les poisons : Mort et scandale à la cour de Louis XIV, Les grands procès de l'histoire, 2012 - books.google.fr). "blanche route" Route a d'abord été réservé aux allées forestières, conformément à l'étymologie qui rapproche le terme, issu du latin rupta
strata, est sémantiquement assez proche de route, et l'action exprimée par, du routis, du défrichement, rupticium; il s'agit bien dans les
deux cas de rompre le mur végétal et minéral, de frayer, de briser, pour pouvoir passer. Chemin, d'origine celtique, a toujours été d'un
usage courant au Moyen Age, mais davantage pour qualifier des tracés anhistoriques que des itinéraires à grande circulation, conformément Ã
l'étymologie du terme indiquant le passage, le piétinement. Estrée, du latin strata, est sémantiquement assez proche de route,
et l'action exprimée par sternere, étendre, aplanir, consécutive à celle que rumpere vient d'évoquer devant nous
(Michel Roblin, Le terroir de l'Oise aux époques gallo-romaine et franque, peuplement, défrichement, environnement, 1978 - books.google.fr). Dans le chapitre VIII sur la respiration, la proposition CV emploie l'expression "strata alba"
(Joh. Alphonsi Borelli, Neapolitani Matheseos Professoris, De Motu Animalium Pars, Tome 2, 1685 - books.google.fr). Giovanni Alfonso Borelli (28 janvier 1608, Naples – 31 décembre 1679, Rome) est un mathématicien, philosophe, astronome, médecin et physiologiste
italien. On lui attribue un rôle fondateur dans l'histoire de la physiologie.
(Giovanni A. Borelli, On the Movement of Animals, 2012 - books.google.fr). Si on peut rapprocher "strata" (couche, et aussi route) du "route" du quatrain. Dans son grand ouvrage médical publié après sa mort, De motu animalium, sur ses travaux effectués à Pise, il tente d'expliquer les mouvements du corps des animaux grâce à des principes de mécanique. Dans la deuxième partie de l'ouvrage, il traite des mouvements et de l'action des principaux organes. Il compare la mécanique respiratoire à une horloge
munie d'un pendule. Les particules d'air qui entrent dans le sang agissent comme des petites machines à oscillations qui transmettent mouvement et régularité aux
phénomènes vitaux. Il découvre le rôle actif des muscles intercostaux au cours de l'inspiration
(fr.wikipedia.org - Giovanni Alfonso Borelli). Il réfute l'idée que le cœur est la source de la chaleur innée en utilisant un thermomètre lors de la vivisection d'un cerf. Il montre que
la température du cœur est identique à celle des entrailles. Le cœur n'est pas un soleil dans le microcosme. La chaleur du cœur n'a pas besoin
d'être rafraîchie par l'air des poumons, ce qui met fin à 2000 ans de croyance (Chapitre VIII, proposition XCVI)
(fr.wikipedia.org - Giovanni Alfonso Borelli). Typologie Le report de 2216 sur la date pivot 130 donne -1956. 5 ans après le mariage d'Issac et Rebecca
(Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1743, Tome 1, 1744 - books.google.fr). La raison du séjour d'Isaac et de Rébecca dans la région de Gérar est une famine comme en 12,10 (cf. 26,1). Comme Abraham, Isaac dit que sa femme est sa sœur (26,7).
Mais rien ne se passe : Rébecca et Isaac vivent en paix. Par pur hasard le roi commet une indiscrétion et découvre la vérité : tandis qu'il regarde par la fenêtre, il voit
Isaac "jouer" avec Rébecca (26,8). Le roi reproche alors à Isaac de n'avoir pas été sincère et il interdit sous peine de mort de «toucher» Rébecca (26,10-11).
Le premier récit a pour but de montrer comment Dieu protège et sauve Sara, femme d'Abraham, en révélant sa véritable identité : Sara n'est pas seulement une «femme»,
une «belle femme», ou la «sœur» d'Abraham, mais «l'épouse d'Abraham». Elle constitue le centre de tout le récit bien qu'elle n'ouvre jamais la bouche.
Le second récit présuppose probablement la connaissance du premier, ou, à tout le moins, de sa thématique générale. Les deux premiers versets (20,1-2)
correspondent à six versets dans le premier récit (12,10-16) et ne disent rien des circonstances du voyage ou de l'entrée de Sara dans le harem d'Abimélek.
La partie principale du récit traite du problème juridique de la culpabilité. Chacun tente de justifier sa propre conduite : Dieu, Abimélek et Abraham, et,
dans l'épilogue, tous se préoccupent de «rétablir la justice». Le troisième récit montre comment YHWH protège Rébecca d'un péril qui n'existe que dans l'imagination
de son mari. Rébecca ne sera pas prise par Abimélek, lequel, sitôt qu'il découvre la vérité, établit par décret l'inviolabilité du mariage. Dans chacun des trois récits,
«le roi étranger» se révèle fort différent de l'idée que les patriarches ont de lui. Le pharaon et Abimélek ont un grand sens de la justice et de leur devoir de protection envers les étrangers
(Jean Louis Ska, Introduction à la lecture du Pentateuque: clés pour l'interprétation des cinq premiers livres de la Bible, traduit par Fréderic Vermorel, 2000 - books.google.fr). Isaac n'a jamais eu de concubine. Isaac, lui, n'eut pas plusieurs femmes et n'eut aucune concubine : seule son épouse légitime habita avec lui jusqu'à la fin de sa vie. Pourquoi ? C'est que la vertu acquise par l'enseignement, vertu vers laquelle tend Abraham, a besoin de nombreux sujets d'étude, légitimes, s'ils dépendent de la sagesse, bâtards, s'ils dépendent des connaissances préparatoires appartenant au cycle d'éducation. Il en est de même pour la vertu qui s'accomplit par l'exercice, vertu à laquelle Jacob, on le voit, s'est adonné. C'est par des doctrines nombreuses et diverses qu'on s'exerce, doctrines qui guident ou se laissent conduire, vont aux devants ou sont à la traîne, comportent tantôt plus, tantôt moins de peines. Isaac la perfection (Mutat. 12) représente la race qui apprend d'elle-même (Sobr. 65, Mutat. 255-256, Somn. I, 194). C'est
le sage qui apprend de lui-même, s'enseigne lui-même, s'écoute lui-même, celui qui a une vertu «autodidacte», le symbole de la science,
de la sagesse infuse. Philon résume souvent ceci par une référence à la "phusis". Mais la "phusis" bien plus qu'un don naturel, c'est l'action divine envahissant l'être
(Roger Arnaldez, Philon d'Alexnadrie, De congressu eruditionis gratia, 1967 - books.google.fr). |