La gabelle au XVème siècle

La gabelle au XVème siècle

 

X, 41

 

2207-2208

 

En la frontiere de Caussade & Charlus,

Non guieres loing du fond de la vallee,

De ville Franche musique à son de luths,

Environnez combouls & grand mittee.

 

Le quatrain a un rapport avec la famille de Chabannes (Mario Reading, The Complete Prophecies of Nostradamus, 2009 - books.google.fr).

 

Charles de Bourbon, qui gérait le duché en l'absence de son père fait prisonnier à la bataille d'Azincourt, vendit, le 18 mars 1430, le château et la châtellenie de la Palice en Bourbonnais à Jacques de Chabannes, conseiller et chambellan du roi Charles VII (www.auvergne-centrefrance.com).

 

Les archives de la seigneurie du Luc ou Luth, paroisse de Vicq, arrondissement de Gannat en Bourbonnais, depuis très longtemps unie à celle de La Mothe d'Arçon (Vicq) et à celle de Mazières (Saint-Bonnet-de-Rochefort), ne nous fournissent de renseignements sur ses possesseurs que depuis le commencement du XVIIème siècle (Bulletin, Société d'émulation du Bourbonnais, Moulins, 1920 - books.google.fr).

 

En plus de La «Tour de Pouzy», l'écuyer Antnoine Musault reconnaît tenir, de la duchesse de Bourbon, «sa maison de Lux, avec le domaine, en toute seigneurie, justice, haute, moyenne et basse, cens, rentes, dixmes, tailles, boys, garennes...», à l'estimation de 25 livres de rente annuelle. En 1569, N. de Nicolay parle du «sieur de Luth, situé en la paroisse de Vic, où y a chasteau fort et justice», mais il ne donne pas le nom de ce seigneur (René Germain, Châteaux, Fiefs, Mottes, Maisons fortes et Manoirs en Bourbonnais, 2004 - books.google.fr).

 

"mittée" : mitta ou mesure du sel

 

M. Léopold Delisle (Etudes sur la classe agricole en Normandie, p. 568), nous apprend qu'en Normandie le sel se mesurait avec des mesures spéciales; telles étaient le métait, la croche, l'ambre, la gallésine, la somme, la poise, égale à dix-huit mines. Ducange nous parle aussi de la mitta qui servait a mesurer le sel comme le blé. Pour l'eau salée, la muire, les mesures étaient : la montée (montea, monteia, montata), usitée surtout dans le comté de Bourgogne. Ducange dit qu'elle renfermait 96 seillets (situlæ). Dès le milieu du douzième siècle, nous trouvons cette mesure employée au puits muire de Lons-le-Saunier; on trouve même dans une charte la moitié de la montée de muire prise en quelque sorte comme unité de mesure (dimidia monteia). Quant à la situla, c'est une mesure commune à tous les liquides. Nous connaissons approximativement le prix du sel chez les Romains. Il résulte de la loi 17 du titre de Cohortalibus au Code Théodosien que le prix du sel dû aux soldats était taxé, en 389, à «singuli solidi produodenis modiis,» ce qui, suivant le calcul de Dureau de la Malle, revenait à 16 centimes le litre (Jules Finot, Essai historique vsur les origines de la gabelle et sur l'exploitation des salines de Lons-le-Saunier et de Salins jusqu'au quatorzième siècle, 1866 - books.google.fr).

 

mitta serait une mesure anglo-saxonne (cf. latin modius comme muid) (Henry Spelman, Glossarium Archaiologicum: continens Latino-barbara, peregrina, obsoleta, et novatæ significationis vocabula, 1687 - books.google.fr, Th. Grasilier, Cartulaires inédits de la Saintonge, Tome 1, 1871 - books.google.fr).

 

L'histoire de la gabelle jusqu'en 1661 a été divisée en trois étapes par Eugène-Pierre Beaulieu :

 

1- de 1342 à 1547 : le sel est soumis à une taxe, variant dans le temps et les provinces, mais son commerce est libre, au moins en principe. La vente en gros est monopolisée par le roi. Les vendeurs au détail, ou regrattiers, doivent le lui acheter. Après la mort de Charles V, l'organisation qu'il a réussi à mettre dans les revenus de la couronne va disparaître, entre 1383 et 1435. Charles VII a remis en place l'organisation de la gabelle, de la taille et des aides

 

2- par les lettres patentes du 4 janvier 1547, l'État se réserve le monopole de la vente du sel dans des greniers, mais n'exerce pas lui-même la vente, il s'en dessaisit au profit de marchands adjudicataires qui la prenne à bail après enchères. Les baux sont consentis pour dix ans pour au moins un grenier et au plus trois. Outre-Seine et Bourgogne. Rien n'est modifié dans le Midi. Pour l'ouest et le sud-ouest, François Ier et Henri II vont y introduire progressivement la gabelle au prix de révoltes réprimées durement, comme à Bordeaux. Dès 1559, les marchands adjudicataires vont tenter de se réunir. Cela aboutit en 1578 avec la ferme générale des droits de gabelle.

 

3- Vers 1598 s'ouvre la troisième période, Sully va opérer la réunion des droits de gabelle et de « fournissement des greniers » qui est un monopole. Ils sont affermés dans les pays de gabelles. La ferme générale des grandes gabelles est cédée par le bail du 3 décembre 1598 à la compagnie dont Claude Josse est le prête-nom. (fr.wikipedia.org - Gabelle du sel).

 

Après le traité d'Arras et le recouvrement de Paris, commença la restauration des finances royales. La Chambre des Comptes et les généraux conseillers sur le fait de la justice des aides reprirent leur place à Paris. Des commissions spéciales firent rendre gorge aux officiers malversateurs : l'évêque de Laon, Guillaume de Champeaux, fut révoqué, et ses biens furent saisis. De 1438 à 1480, tandis que les impôts s'établissaient en permanence, de grandes ordonnances réorganisèrent l'administration financière. Le domaine royal, peu à peu, était arraché aux Anglais. Il avait fallu, il est vrai, en céder une partie importante au duc de Bourgogne pour obtenir la paix d'Arras, et, jusque vers 1443, le roi aliéna beaucoup de terres en faveur de ses favoris et de ses serviteurs.

 

C'est ainsi qu'il avait donné, dès 1421, le comté d'Étampes à Richard de Bretagne, frère du duc Jean V, et en 1425 la seigneurie de Parthenay à Richemont, et qu'il donna en 1443 le comté de Longueville à Dunois, le comté de Gien et d'autres terres à Charles d'Anjou. À partir de 1450, les aliénations redevinrent assez fréquentes, par la volonté personnelle de Charles VII, notamment en faveur d'André de Villequier, qui avait épousé une maîtresse du roi. Pour le détail, voir de Beaucourt, Charles VII, t. II, p. 561-564 ; t. III, p. 418-419 ; t. V, p. 828 ; t. VI, p. 348.

 

En revanche, de 1442 à 1460, le duché de Nemours, le Dauphiné, augmenté des comtés de Diois et de Valentinois, le comté d'Armagnac et le duché d'Alençon furent annexés aux terres de la couronne. La misère générale, les concussions et l'incurie des officiers, avaient fait des propriétés foncières de la couronne une non-valeur : une série de règlements en réforma sévèrement l'administration. Mais il y avait longtemps que les rentes du domaine ne suffisaient plus aux rois de France. Le monnayage, soumis à un contrôle rigoureux, ne fut pas non plus très productif, parce qu'il fut désormais pratiqué honnêtement : la frappe cessa d'être un expédient fiscal et la mauvaise monnaie fut décriée. Il fallait donc d'autres ressources. Ce furent les finances extraordinaires qui les donnèrent.

 

La taille royale, qu'on appelait jadis le fouage, les aides et la gabelle du sel avaient été inventés au siècle précédent, mais employés longtemps sans régularité et comme des expédients temporaires. Depuis le règne de Charles VII, jusqu'à la fin de l'ancien régime, ces impôts ne cessèrent plus d'être perçus. On a vu qu'à partir de 1440, l'impôt direct de la taille fut levé sans intervention des États Généraux, au moins en Languedoïl. Souvent dans le courant de l'année, le roi ordonnait une augmentation : c'était la « crue de taille ». Il existait deux sortes de tailles : la taille «réelle» et la taille «personnelle». La première était payée par la terre roturière, quelle que fût la qualité du propriétaire, qu'il fût clerc, noble ou roturier, car les terres. au moyen âge, étaient, comme les personnes, nobles ou roturières, et un noble pouvait posséder une terre roturière. Cette taille « réelle » avait cours dans une partie de la Guyenne et en Languedoc. La taille « personnelle », qui avait cours dans le reste du royaume. était aussi un impôt foncier, mais n'atteignait que les roturiers, quelle que fût d'ailleurs la qualité de leurs terres : elle ne frappait point les nobles ni les clercs; et cette exemption s'étendait aux offieiers du roi, non pas encore par une règle générale, mais par des faveurs spéciales de plus en plus nombreuses. La répartition des tailles, d'ailleurs, donnait lieu à toutes sortes d'inégalités : de deux paroisses voisines, l'une était moins chargée que l'autre.

 

Les aides, supprimées par Charles avant son avènement au trône, furent rétablies en 1436. Les aides étaient une taxe d'un sou par livre, sur le prix de vente de toutes marchandises achetées ou échangées. Cet impôt étant d'une perception difficile, parfois ruineuse pour ceux qui le prenaient à ferme, certaines provinces obtinrent qu'il fût modifié. Ainsi en Languedoc, les aides furent remplacées en 1443 par un équivalent, impôt indirect qui frappait seulement la viande et le poisson, et dont le chiffre était fixé d'avance ; le total n'étant jamais atteint, la somme était complétée par la perception d'une taille. La gabelle du sel n'avait pas non plus une organisation uniforme. Dans le Poitou, la Saintonge et le gouvernement de la Rochelle, où le sel était une des rares richesses des habitants, les droits étaient faibles : la gabelle consistait dans le quart ou le quint de sel, c'est-à-dire le quart ou le cinquième du prix de vente, et. ne produisait guère que 8.500 livres par an ; la perception était adjugée à des fermiers. En Languedoc, l'impôt rapportait 70.000 livres : près des marais salants se dressaient les greniers royaux ; c'étaient des entrepôts de douane, où tout le sel devait passer, pour être frappé de la taxe. Dans le reste de la France, les greniers royaux étaient des magasins de vente, où les particuliers devaient aller chercher leur provision de sel.

 

La dernière année du règne, les revenus de la couronne montaient à 1.800.000 livres ; les produits du domaine ne figuraient dans ce total que pour 50.000 livres. Les impôts extraordinaires étaient à peine plus lourds qu'à la fin du règne de Charles V. Le roi avait renoncé aux crues de taille, aux emprunts forcés sur les particuliers, aux impôts extraordinaires levés sur les villes, et aux autres expédients en usage jusque vers 1450. La population, encore très misérable, se plaignait des impôts ; mais elle ne pouvait guère être ménagée davantage, et l'on a pu dire que les dix dernières années du règne de Charles VII furent, au XVe siècle, l'âge d'or du contribuable (Ernest Lavisse, Histoire de France, Tome IV : Charles VII, Louis XI et les première années de Charles VIII (1422-1492), 1911 - www.mediterranee-antique.fr).

 

"combouls"/Combots

 

Depuis vingt années, le sire de Pons avait mis, sans réserve, ses services militaires à la disposition du roi. Mais en l'année 1453, des familiers du prince, entr'autres le seigneur de Villequier, ayant tenu des propos insultants contre Georges de la Tremouille, Jacques de Pons prit le parti de son oncle et opposa un démenti formel aux assertions des courtisans. Sur la plainte que ceux-ci en firent à Charles VII, ce prince promit vengeance. Prégent et Olivier de Coëtivy, ennemis déclarés de la Tremouille, obtinrent, aidés d'un puissant parti, un arrêt du parlement de Paris, le 28 juin 1449, qui déclarait le sire de Pons coupable du crime de lèze-majesté, ordonnait la confiscation de ses biens et son bannissement à perpétuité hors du royaume. Le sire de Pons se réfugia en Espagne, où il demeura jusqu'en 1461. Ses grands biens confisqués furent donnés au seigneur de Villequier, son adversaire .Jacques de Pons ne reparut dans la Saintonge qu'après la mort du roi. Ce fut Guillaume d'Estuer, seigneur de Saint-Maigrin, qui reçut l'ordre exprès de remettre le sire de Pons en possession de ses domaines et au gré de l'ordonnance réparatrice de Louis XI. D'autres racontent que Jacques Ier, ayant embrassé le parti du roi d'Angleterre, s'était vu enlever, dès l'année 1445, et conformément à l'arrêt rendu par le parlement de Paris, la baronnie d'Oléron et ses dépendances, dont Charles VII avait ensuite fait don à Antoine de Villequier, et que le sire de Pons étant plus tard rentré en grâce, aurait été réintégré dans la possession de ses biens en 1483. Jacques Ier est mort en 1472 ou 1473, couvert de vingt-cinq blessures, outre cinq arquebusades reçues en plusieurs combats. Depuis lors les grands biens des sires de Pons en l'île d'Oleron, à Marennes, Arvert, Brou, ne semblèrent plus être pour cette maison que l'objet d'un perpétuel litige ; deux siècles après, nous voyons encore le parlement de Paris rendre un arrêt - 7 septembre 1639 - pour réintégrer la maison de Pons dans ses anciens héritages de l'Aunis (Pierre-Damien Rainguet, Biographie saintongeaise, 1851 - books.google.fr).

 

Parmi les nombreux lieux qu'on lui prête, deux points de la Presqu'Ile d'Arvert se disputent avec quelques chances l'honneur d'être le site en question. D'abord en forêt de Saint-Augustin, la propriété des Combots, dite souvent les «Combots d'Anchoisne»,  dans laquelle, près de la maison d'habitation, les cartes du XVIIe et XVIIIe placent des ruines, visibles paraît-il à cette époque. D'après le témoignage de Masse (vers 1700), elles appellent «Ensogne» ou «Anchoisne» (Paul Travers, En pays d'Arvert: Ouvrage historique et folklorique, 1966 - books.google.fr).

 

Dans la Charente-Inférieure, les îles de Ré et d'Oleron ainsi que les côtés voisines contiennent de nombreux marais salants. Citons ceux de Saint-Pierre et d'Oleron, dans l'île de ce nom, ceux d'Arvert, de la Tremblade, de Marennes, de Brouage sur le littoral adjacent ; enfin ceux d'Ars et de Saint-Martin dans l'île de Ré (Eugène Lefebvre, Le sel, 1882 - gallica.bnf.fr).

 

Les enfants d'André de Villequier se disputeront l'héritage et durent se partager "les isles d'Olléron, Brouhe, Marène, Harvert, etc." selon le Tableau généalogique de Villevieille, d'après une pièce des archives de Condé (Léopold Delisle, Histoire du chateau et des sires de Saint-Sauveur-Le-Vicomte suivie de pieces justificatives, 1867 - books.google.fr).

 

La dernière mesure due à Louis XI en matière d'imposition sur le commerce du sel en Poitou et en Saintonge, est une modification temporaire du régime de l'imposition. On connaît la fréquence de ces mesures sous Louis XI, le procédé ayant l'avantage de fournir de nouvelles ressources fiscales sans, apparemment, porter atteinte aux privilèges régionaux, locaux ou de catégories sociales. En l'occasion ce fut, en 1479, et pour une durée de trois ans, une « crue» sur le quart du sel de 2 sous tournois pour livre, c'est-à-dire un dixième supplémentaire. Les textes contemporains parlent couramment du quart du sel de Poitou, alors que l'imposition concerne aussi la Saintonge et le gouvernement de La Rochelle (Robert Favreau, Commerce du sel en Poitou, Bulletin philologique et historique (jusqu'à 1610) du Comité des travaux historiques et scientifiques, Volume 1, 1966 - books.google.fr).

 

Depuis Louis XI, le quart du sel s'acquittait dans quelques villes, à Saintes, Tonnay-Charente, Pons et Cognac, où dans des bureaux d'octroi le négociant présentait sa marchandise à un employé, en disait le prix, versait une taxe de 25%, et de 20 % seulement en Angoumois. Muni d'un certificat, il partait vendre son sel où il l'entendait (Jean-Claude Hocquet, Le Sel et le pouvoir: De l'an mil à la Révolution française, 2012 - books.google.fr).

 

Que l'essentiel de l'activité commerciale du sel soit rétablie en 1462, une mention, dans une ordonnance de la même année, du sel de Marennes et d'Arvert «porté de jour en jour aux ports de Marans, Saint-Jehan-d'Angély et Taillebourg et d'illec en autres lieux de nostre royaume, esquelz ports et lieux nous avons et prenons cinq sols pour livre par tant de foys qu'il est vendu, revendu ou eschangié» le montre assez (M. de Pastoret, Ordonnance des roys de France de la 3e race, 1820 - books.google.fr).

 

La seigneurie de Mornac qui comprenait toute la presqu'île d'Arvert fut rattachée à celle de Matha au XIème siècle (Pierre Théodore Grasilier, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Étienne de Vaux de l'ordre de Saint-Benoit, 1871 - books.google.fr).

 

La législation sur les sels, déjà si variée dans les provinces, suivant qu'elles étaient passibles, exemptes ou rédimées de gabelles, éprouva, du temps de Charles VII, une nouvelle modification en Saintonge et dans le Poitou. La gabelle y fut remplacée par un droit de quart, lequel consistait en cinq sous pour livre tournois, payables à chaque vente, revente ou échange de cette denrée (Antoine Bailly, Histoire financière de la France: depuis l'origine de la monarchie jusqu'à la fin de 1786, Tome 1, 1839 - books.google.fr).

 

L'établissement des pays rédimés est une conséquence lointaine du rattachement définitif du duché d'Aquitaine à la France au début du XIIIe siècle. Sous la domination anglaise cette région est soumise, comme la France capétienne, à un impôt sur le sel, mais plus léger que la gabelle, et qui fut maintenu jusqu'au début du XVIe siècle. Cette disparité dans le poids de l'impôt et donc dans le prix du sel provoquait une importante contrebande. Pour y mettre fin, le pouvoir royal tenta d'uniformiser la gabelle par diverses mesures fiscales prises de 1537 à 1544. Cette augmentation de la fiscalité provoque en 1548 une insurrection dans les provinces littorales concernées : la Révolte des Pitauds. (fr.wikipedia.org - Pays rédimés des gabelles).

 

La Saintonge maritime où était produit le sel était un «Pays Rédimé». Cet «abonnement» représentait donc un versement forfaitaire au trésor royal, grâce à quoi la contrée était «rédimée» de l'impôt de la Gabelle. Par Lettres-Patentes données à Tours le 5 décembre 1462, Le Roi Louis XI «sur la représentation des habitants du bailliage et îles de Marennes et d'Arvert» accorda à ceux- ci «exemption de la taille et autres impôts moyennant un abonnement annuel de 600 livres tournois» (Alain Jossinet, Le pays de St-Sornin à l'écoute de l'histoire, 1977 - books.google.fr).

 

Il semble qu'il ait existé une mesure d'Arvert pour le sel, comme en témoigne un document pourtant sur le "Connaissement pour le transport de sel et moutarde à Anvers ou en Zélande; choix à Vlissingen par les affréteurs, qui pourront faire quelque charge de retour" daté du 31 juillet 1564 :

 

Pardevant Pierre Boutet notaire royal en la ville et gouvernement de la Rochelle a esté présent et personbnellement estably Jehan Boyvin marinier demourant en La Chaulme en Ollonne, maistre et de la navyre nommée La Gabrielle dudict lieu du port de cinquante cincq tonneaulx ou envyron. Lequel a confessé avoir receu en [.] en Arvert de sires Pierre Fourquye marchant demourant a Sainct Martin en Gascogne et Mathurin Duboys marchant demourant a Quimper Corentin en Bretaigne a ce presens, stippullans et aceptans, le nombre de cinquante centz ou envyron de sel mesure dudict Arvert, cincq barricques de moustarde, toutes lesdictes marchandises bien condicionees. (Documents pour servir à l'histoire du commerce des Pays-Bas avec la France jusqu'à 1585: Actes notariés de La Rochelle, 1423-1585, Rijks geschiedkundige publicatiën : Grote serie, Volume 190, 1984 - books.google.fr).

 

Chabannes et Villequier

 

M. de Beauregard nous apprend que Jacques de Chabannes fut un des principaux agents de la conspiration ourdie contre Amédée en 1433. J. de Chabannes, maréchal du Bourbonnais et vassal de Charles, comte de Clermont, était en quelque sorte la main du prince Charles, adversaire et rival du duc Savoie. Ce Chabannes, lui et ses frères, - e tutti quanti, - nous représente ces hommes à tout faire, avec lesquels Charles VII restaura la France et sa fortune; un de ces hommes moitié héros, moitié sacripants, sans même que l'on puisse décider si la plus forte part se trouvait en eux du côté héroïque. «En 1452, c'est M. de Beauregard qui nous en instruit, Charles VII, irrité contre le duc de Savoie, qui semblait favoriser l'insurrection du dauphin, marcha en personne contre lui, à la tête d'une armée nombreuse, et s'avança jusqu'à Feurs. Le duc, effrayé, mit tout en œuvre pour calmer le ressentiment du roi de France, et le « cardinal d'Estouteville fut l'intermédiaire apparent de leur réconciliation. Mais elle fut l'ouvrage de trois conseillers de Charles VII, que l'or du duc » de Savoie lui avait rendus favorables. C'était Jean de Beuil, comte de Sancerre, amiral de France, fils de Charles VII et de la belle Agnès Sorel, André de Villequier et Jacques de Chabannes, grand maître de l'hôtel du roi. Les deux premiers reçurent un présent de 10,000 écus d'or; Chabannes en eut 12,000; le duc voulant le favoriser davantage et racheter en même temps une rente qu'il lui avait précédemment assignée sur la châtellenie de Nyon : Pro certis serviciis nobis impensis et remissione facta de annua pensione.»

 

Ces faits curieux sont pour nous entièrement nouveaux. J. de Chabannes était ce qu'on vient de voir. André de Villequier, favori du moment, personnage peu honorable, a Celle-ci venait de succéder, non pas aux qualités incontestables d'Agnès Sorel sa cousine, mais à la position qu'Agnès avait fait accepter de ses contemporains, comme elle se l'est fait pardonner, si je ne m'abuse, par l'histoire et par la postérité. Antoinette, épouse de M. de Villequier, n'en agit pas de même. La position d'Agnès fut érigée pour elle en une charge de cour, sans aucun profit pour la pudeur et la morale. Quant à Jean de Bueil, c'était en effet un des familiers et confidents, on peut même dire complaisants du roi Charles. Toutefois il valait mieux que ses deux collègues. Plus âgé que la belle Agnès, il n'était point le fils de cette dame, mais père d'Antoine de Bueil, qui effectivement épousa l'une des filles de la favorite et du roi de France (Vallet de Viriville, compte rendu de Souvenirs d'Amédée VIII par M. Costa de Beauregard, Bibliothèque de l'École des chartes, 1859 - books.google.fr).

 

Les Chabannes

 

Le premier membre connu de la famille serait Eschivat de Chabannes, qui épouse en 1171 Matabrune de Ventadour, fille d'Ebles IV, vicomte de Ventadour et de Marguerite de Turenne, sa première femme. Marguerite avait dans sa dot la terre de Charlus, sur la commune actuelle de Saint-Exupéry-les-Roches (Corrèze, à huit km au sud-est d'Ussel)4. Le château de Charlus, à 660 m d'altitude (aujourd'hui disparu), dominait la vallée de la Diège. Il était de taille importante et dans une excellente position pour la défense. Une hypothèse, qui ne s'appuie sur aucun document, voudrait qu'Eschivat de Chabannes soit le fils de Guillaume de Matha, qui serait lui-même issu des comtes d'Angoulême (fr.wikipedia.org - Famille de Chabannes).

 

L'ascendance dans la maison de Matha est affirmée par une Généalogie manuscrite de la Maison de Chabannes, dressée vers l'an 1674 (Louis Pierre d'Hozier, Armorial général de la France, Tome 5, 1752 - books.google.fr).

 

Matha est une commune du Sud-Ouest de la France située dans le département de la Charente-Maritime. Comme Marennes, Arvert etc.

 

Gilbert de Chabannes, second fils de Jacques, baron de Rochefort et de Caussade, seigneur de Curton et de Madic, conseiller et chambellan du roi, chevalier de l'ordre de St-Michel dès 1469, gouverneur et sénéchal du Limousin en 1473, mourut à Paris air commencement de l'année 1493. Il avait fondé les grands établissements de sa branche en Auvergne. Le duc de Guienne donna les terres de Caussade et de Sr Livrade, et 300 livres de rente à Gilbert. Ces terres étaient près de Montauban, et dans le voisinage de Mirabel et Béalville, ajoutées par Louis XI, en 1478. Gilbert était seigneur de Curton et grand sénéchal du pays de Guienne , conseiller et chambellan du prince; il possédait en Auvergne, Madic, la Daille, Rochefort et Aurière (Deribier-Madic - cantalpassion.com).

 

Le frère de Gilbert, Geoffroy de Chabannes, seigneur de Charlus-Chabannes (ex Charlus-le-Pailloux), fut sénéchal de Rouergue. Sous un prédécesseur à ce poste, Guiot d'Estaing, sévit à Villefranche de Rouergue une contagion qui dura cinq ans (L.-Charles-Paul Bosc, Mémoires pour servir l'histoire du Rouergue, 1797 - books.google.fr).

 

Gilbert est l'oncle du maréchal de la Palice mort à Pavie en 1525, "celui qui faisait encore envie" selon la chanson ("musique à son de luth" ?).

 

Affaires de Savoie

 

Le 27 octobre 1452, un important traité est signé à Cleppé entre le roi de France Charles VII et le duc de Savoie. Le roi Charles VII vient recevoir la soumission de son fils, le futur Louis XI (qui complote contre son père avec le duc de Savoie dont il a épousé la fille sans son consentement) et fait en même temps signer un traité de non-agression et de coopération avec le duc de Savoie. Après plusieurs entrevues, on arrange les conditions du mariage du dauphin qui sont approuvées et le roi accorde sa fille Yolande au duc Louis de Savoie. Le mariage est célébré dans l'église du prieuré de Cleppé qui servait de chapelle au château et donne lieu à des fêtes somptueuses (fr.wikipedia.org - Cleppé).

 

Les trois envoyés français venus à Lyon au-devant du duc en cette circonstance sont de grands officiers royaux Jean de Bueil est amiral de France, André de Villequier premier chambellan et Jacques de Chabannes grand maître de France.

 

La trésorerie générale de Savoie enregistre un versement de 1000 écus d'or chacun pour Villequier et Bueil et de 2000 écus pour Chabannes, le 20 septembre 1453. Peu après, entre le 25 septembre et le 19 octobre de la même année, Jean Maréchal, clerc du trésorier de Savoie, se rend à Lyon pour verser 4000 écus d'or aux procureurs des trois seigneurs. Au début de 1454, ces donations sont l'objet d'une enquête judiciaire demandée par Charles VII qui prête une oreille attentive au duc qui estime qu'on lui a naguère extorqué de l'argent contre la promesse d'arranger son cas auprès du roi, alors fort mécontent de ses intrigues. Les accusés rétorquent, par la voix du seul survivant en 1454, Jean de Bueil, que c'est le duc qui leur a demandé "qu'ilz voulsissent estre ses amis envers le roy et qu'ilz y voulsissent emploier tous leurs amis. [...] Et dit oultre [...] qu'il leur donneroit et feroit des biens largement maintenant et une aultre foiz et a tous ceulx qui lui feraient service dont ilz le mercierent" (Eva Pibiri, En voyage pour Monseigneur: ambassadeurs, officiers et messagers a la cour de Savoie (XIVe-XVe siècles), 2011 - books.google.fr).

 

En 1452, le trait de Cleppié place les Savoie sous protectorat français pour un siècle. En 1467, Louis XI accepte que les navires français payent le «droit de villefranche» pour toutes les marchandises en provenance du Levant. En 1476, la duchesse Yolande est retenue prisonnière en Bourgogne (Alain Roullier, Nice: Demain l'indépendance, 2003 - books.google.fr).

 

Enfin, les Flamands allaient chercher à nous évincer dans la Méditerranée. Nanti d'une licence apostolique qui le sauvegarde contre les foudres de l'Église, Philippe de Bourgogne traite avec Amédée de Savoie l'excommunié, le châtelain de Ripaille, et obtient de créer à Villefranche, près de Nice, une station navale de trois voiliers marchands et de quatre galères de guerre. La composition mixte de l'escadre répond à un double but : défendre la chrétienté contre les Turcs, et certes les campagnes de Wavrin et de Thoisy à Rhodes, dans la mer Noire et le Danube, de 1442 à 1450, trop brillant prélude du VÅ“u du Faisan, honorent les sentiments du grand-duc : mais aussi sous la protection de l'escadre, se développe le transit flamand, l'échange direct, sans courtage étranger, des dinanderies et des étoffes contre les épices, les vins et les soieries levantines. Très habile partner de son puissant voisin, Louis de Savoie a lié partie avec lui, à nos dépens. Il doit à la munificence royale l'octroi de deux deniers pour livre sur le trafic des navires qui hantent les eaux de Villefranche, à destination ou en provenance de France. La perception du droit de Villefranche permet l'entretien d'une marine de guerre savoyarde assez forte pour que le concile de Râle lui confie la mission d'aller quérir l'empereur d'Orient et les évéques grecs en 1437 : dès lors, les négociants savoyards s'enhardissent jusqu'à fonder treize maisons de commerce à Barcelone et à naviguer vers Chypre. Au retour, les marchandises s'écoulent vers Genève. Ainsi l'axe commercial de l'Europe se déplaçait vers l'est pour se fixer hors de France. Quittant le cours du Rhône, de la Saône et de la Seine, délaissant les caravansérails habituels des marchands, Beaucaire, Lyon, Troyes, Paris et Rouen, la nouvelle voie gagnait le Rhin et débouchait à Bruges ou à Anvers. Dans la substitution des bannières savoyarde et bourguignonne au drapeau fleurdelisé, il y avait donc pour nous un péril autrement grave qu'une blessure d'amour-propre, un danger mortel. En 1442, aux États de Languedoc, un des commissaires royaux, en robe courte, chausses d'écarlate et pourpoint de velours, avec une chaîne d'or sur la poitrine découverte, comme en portaient les gentilshommes de cour, attira l'attention non moins par la richesse de son costume que par l'originalité de ses vues. Bourgeois anobli mais d'une opulence seigneuriale, propriétaire de quarante fiefs, de mines d'argent, de plomb et de cuivre, d'hôtels dans les grandes villes de France, c'était l'argentier du roi, c'était Jacques CÅ“ur (Charles Germain Marie Bourel de La Roncière, Histoire de la marine française, Tome 2, 1900 - books.google.fr).

 

C'était le 29 mai 1453 qu'avait été prononcée la sentence de Jacques Cœur. Ce jour-là précisément, date mémorable 1 les Turcs s'emparèrent de Constantinople après cinquante et un jours d'un siége opiniâtre. Un tel rapprochement semble providentiel : la chute de la ville répondait à la chute de l'homme. Des deux parts c'était l'immolation de la religion par les infidèles et les barbares: l'homme était tombé sous un jugement inique, la ville avait été prise d'assaut. Le retentissement de ce grand empire d'Orient qui s'écroulait fut entendu de toute la chrétienté, et la sentence de Jacques Cœur passa inaperçue. Profitant de la consternation générale, les vautours de cour, comme les appelle la Thaumassière, se précipitèrent sur la fortune du condamné et s'en partagèrentles lambeaux. Pour donner à cette indigne spoliation un caractère apparent de légalité, on commit Jean Dauvet, qui procéda à la vente à la criée de tous les biens meubles et immeubles de l'argentier. De cette façon, la confiscation provisoire devenait définitive, et, moyennant de faibles sommes, les détenteurs par anticipation de ces biens pouvaient s'en croire légitimes propriétaires. Ce fut ainsi qu'Antoine de Chabannes se fit confirmer dans la possession de Saint-Fargeau, de Toucy, de Perreuse, et des autres terres et seigneuries du pays de Puisaie. Guillaume Gouffier, le premier chambellan, quoique moins bien partagé, se fit adjuger les riches seigneuries de la Motte et de Boissy, et moitié de celles de Roanne et de Saint-Aon. La terre de Mennetou - Salon, en Berry, fut donnée à dame Antoinette de Maignelais, plus connue sous le nom de la dame de Villequier. Les sieurs de Canillac et de la Fayette obtinrent la remise de l'obligation de deux mille écus qu'ils avaient souscrite à Jacques Cœur. Semblable remise fut accordée à d'autres débiteurs de l'argentier. Bref, il n'y eut pas un des juges qui n'obtînt, soit pour lui, soit pour quelqu'un des siens, amis ou alliés, un débris plus ou moins précieux de cette opulence tombée, une part quelconque de curée dans cette fortune aux abois (A. Cordellier-Delanoue, Jacques Cœur, 1866 - books.google.fr).

 

"luths"

 

Le luth arabe - oud (terme venant de al'oud : «le morceau de bois»), qui a donné le nom «luth» - encore utilisé couramment aujourd’hui en Afrique du Nord, et au Moyen-Orient. C'est un instrument essentiellement mélodique (voir l'article détaillé). Le luth occidental, dérivé du luth arabe, est l'objet de cet article. Arrivé en Europe par l’Espagne, pendant la présence mauresque, il s'est différencié du précédent vers le XIVe siècle (fr.wikipedia.org - Luth).

 

La duchesse Françoise d'Amboise, femme du duc de Bretagne Pierre II, elle-même «jouait parfaitement bien du luth, et savoit la musique, mesme l'avoit apprise à ses damoiselles avec lesquelles elle chantoit quelques airs et chansons spirituels que la défunte duchesse (Jeanne de France) lui avoit apprises. Un jour, comme elle s'occupoit à cet honnête divertissement en la haute salle du chasteau de Guingamp, son mari qui estoit en son cabinet, entendant cette douce harmonie capable d'apprivoiser les bestes farouches, sortit de sa chambre tout furieux et entrant dans la salle se mit à crier et à tempêter et vomir mille injures contre la princesse et en vint jusque-là, fermant le poing et levant le bras, il s'élança sur elle pour la frapper... (Arthur de La Borderie, Histoire de Bretagne, Tome 4, 1975 - books.google.fr).

 

C'est à Bois-Sire-Amé que Charles VII reçut le duc Pierre II de Bretagne (1418 - 1450 - 1457), qui arriva avec un nombreux cortège, où figuraient des joueurs de luth bretons qui offrirent à la Cour un spectacle inusité; le duc fut admis à l'intimité royale et repartit le 8 septembre 1455 (Gaston Du Fresne de Beaucourt, Le Règne de Charles VII, d'après M. Henri Martin et d'après les sources contemporaines, 1891 - books.google.fr).

 

Au XVe siècle, le luth est diligemment pratiqué par toute l'Europe. Princes souverains et grands seigneurs entretiennent des luthistes, et les villes, lors de leurs festivités, font, elles aussi, appel au talent de ces grands charmeurs qui, souvent, leur sont prêtés par de hauts personnages. [...] On prisait tout particulièrement les luthistes allemands ; nous en avons la preuve par les comptes des cours de Savoie, de Bourgogne et de Provence. En mars 1401, on relève, parmi les musiciens du comte de Savoie, un certain Henry «alamand ménestrier de cordes» qu'on envoie en mission en Allemagne durant l'été de 1410. En juin 1430, un don est fait à «duobus sociis qui luserunt de luto». Plus tard, en 1476, la duchesse Yolande de Savoie faisait venir à Chambéry des luthistes de Lyon (Lionel de La Laurencie, Les luthistes, 1928 - books.google.fr, Auguste Dufour, François Rabut, Les musiciens, la musique et les instruments de musique en Savoie: du 13e au 19e siècle, 1878 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Yolande de France).

 

Il importait avant tout de plaire à Jean II de Bourbon (1426 - 1456 - 1488), l'homme de la Ligue du Bien public. Ce duc, en sa jeunesse amoureuse, avait pris part aux ébats poétiques de la cour de Charles d'Orléans, à Blois. Entre autres jolies choses, une année, au retour du printemps, il composa une chanson que Loyset Compère mettra plus tard en musique : Faisons boutons, le biau temps est venu, Ce moys de may qui bellez fleurs apporte L'ordonnera, ouvrez-moy donc la porte Du beau jardin que j'avoye retenu. Jean avait fait de Moulins un centre intellectuel qui rivalisait avec Blois Autour de lui les gentilshommes rimaient, et jusqu'au président des comptes Guillaume Cadier. Le rhétoriqueur Jean Robertet, secrétaire du prince et bailli d'Usson, prosateur et poète, maniait tour à tour le français et le latin. Dans le livre de la Conception de Notre-Dame, beau manuscrit offert à la duchesse Jeanne de France, femme de Jean II, par Antoine de Lévis, figure un portrait de cette Jeanne au milieu de scènes mariales et d'encadrements floraux. Le duc avait des lettres et les meilleurs esprits de son temps recherchaient à l'envi sa faveur : le mystérieux Pierre-Paul Vieillot le courtisait, composait à sa louange, en un latin précieux, des épigrammes où il le montre dansant, chantant en s'accompagnant sur le luth, chassant au faucon; Toussaint de Villeneuve lui offrait son Petit Medicinal et Guillaume le Menand sa traduction du Vita Christi. Jean II s'intéressait également à l'astrologie et à toutes les sciences. Conrad Heingarter, entré à son service vers 1463, réputé le plus profond connaisseur des étoiles en France, écrivait, à Belleperche, en Bourbonnais, son Commentaire sur le Quadripartitum de Ptolémée. Conrad loue Jean II d'un projet d'enquête à travers le monde entier pour servir à rédiger une encyclopédie du savoir humain. Ce prince, dit son biographe récent, M. Henry de Surirey de Saint-Rémy, aurait même «fait  reconstituer et corriger certaines Å“uvres perdues ou altérées d'auteurs de l'Antiquité». La bibliothèque du château de Moulins fut enrichie considérablement par Jean II, comme elle le sera par Anne de France (Camille Gagnon, Visages du Bourbonnais, 1947 - books.google.fr).

 

Jean II fréquenta assidûment cette cour de Blois dont il fut l'un des auteurs les plus actifs et un grand nombre des pièces qu'il composa furent consignées dans les manuscrits du duc d'Orléans, l'un de ses rondeaux : Qui veult acheter de mon deuil étant vraisemblablement copié de sa main dans le fameux manuscrit fr. 25 458. On peut supposer que celui qui règne désormais à  à Moulins aime ce cercle littéraire animé, ces assemblées brillantes ; on le dit bien fait, le visage aimable, le teint délicat d'une mise élégante et recherchée ; il doit plaire autant que chercher à plaire et d'abord à son hôte : il adopte avec souplesse le style et les motifs chers à Charles d'Orléans et qu'imite son  entourage. [...] Composant des rondeaux, le prince joue également volontiers du luth, et, à côté des poètes, les accompagnant parfois, les ménestrels, nombreux, contribuent à sa gloire ; ils sont si prestigieux, les trompettes notamment, qu'il arrivera au duc d'Orléans de les lui emprunter pour rehausser l'éclat de ses propres fêtes et parades  (Françoise Ferrand, Remarques sur les ducs de Bourbon et la tradition poétique du XVème sièlce, Le Duché de Boubon des origines au Connétable: actes du colloque des 5 et 6 octobre 2000, 2001 - books.google.fr).

 

Vers 1475, le duc d’Orléans gratifie « Conrat, joueur de lutz de monseigneur de Bourbon, qui a joué devant madame Â» (Eugène d'Auriac, La Corporation des ménétriers et le Roi des violons, 1880 - books.google.fr).

 

Pour en revenir au sel, Louis XI fait don, le 21 janvier 1469, de la gabelle du sel de Moulins à Jean II duc de Bourbon (Henry de Surirey de Saint Remy, Jean II de Bourbon, duc de Bourbonnais et d'Auvergne, 1426-1488, 1944 - books.google.fr).

 

Le 27 novembre 1472, le roi Louis XI refusa au duc de Bourbon l'institution d'une telle surtaxe à son bénéfice dans les greniers de ses terres, expliquant : «si je le faiz tous les autres seigneurs m'en presseront aussi, et m'en feroit grant domaige». Finalement il les supprima toutes le 30 mars 1474, hormis la fameuse « double » de Languedoc, qu'il percevait à son profit (Jean-François Lassalmonie, La boîte à l'enchanteur: Politique financière de Louis XI, 2002 - books.google.fr).

 

"De ville Franche"

 

Le 25 juillet 1441, nous voyons Jacques de Chabannes figurer comme maréchal du Bourbonnais, accompagnant le duc de Bourbon, dans un accord et traité passé à Villefranche-sur-Saône entre ce prince et les députés du duc de Savoie. Par cet acte, le duc de Bourbon, comme seigneur de Beaujeu, recevait en fief du duc de Savoie les châteaux, villes et mandements de Châtelard et d'Ambérieux (Henri de Chabannes, Histoire de la maison de Chabannes, 1901 - books.google.fr).

 

Le traité de Villefranche comblait les vœux du duc Charles, qui se voyait enfin souverain de Dombes, titre que ses prédécesseurs avaient toujours ambitionné de pouvoir porter sans conteste. Pour en témoigner sa reconnaissance au duc de Savoie, il se rendit en personne à Chambéry où ces deux princes confirmèrent le traité, le 17 septembre 1441, en la chambre de parade et en présence de toute la cour de Savoie. Le 23 décembre suivant, on ajouta à ce même traité que si jamais le duc de Bourbon ou ses successeurs voulaient vendre leurs terres de Dombes, il serait loisible au duc de Savoie de les acquérir.

 

Jean II de Bourbon, surnommé le fléau des Anglais, visita peu sa seigneurie de Beaujolais. Le premier acte que nous connaissions de lui est une exemption de péage accordée en 1459 aux Célestins de Lyon par tout son pays de Beaujolais. Il y parut cependant en 1463, et confirma les priviléges de Villefranche et de Beaujeu. Ses démêlés avec le duc de Savoie recommencèrent avec plus de violence que jamais. Celui-ci, comme nous l'avons dit, réclamait l'hommage des châteaux de Béreins, de Béseneins, etc., non spécifiés au traité de Villefranche. Le refus de Jean de Bourbon irrita son adversaire, et la tranquillité du pays allait se trouver de nouveau compromise après dix ans de paix. On fit de part et d'autre de grands préparatifs de guerre et on allait en venir aux mains, lorsque le roi, voulant empêcher l'effusion du sang, dépêcha Antoine de Chabannes, lieutenant-général au gouvernement de Lyonnais, pour tâcher de rétablir la bonne harmonie entre les deux princes. S'il ne réussit pas complètement dans sa mission, au moins parvint-il à leur faire signer une trève qui devait expirer à la St-Michel 1458, et qui fut ensuite prorogée jusqu'au mois d'août 1459. La tranquillité qu'on pouvait se promettre de ces trèves ne fut pas de longue durée. Le roi, qui voyait ces dissensions de mauvais œil, voulait amener les deux princes à un accommodement. Louis XI, dans l'intérêt de tous, offrit sa médiation qui fut acceptée. Il nomma des arbitres, mais il fut impossible de s'entendre.

 

Jean de Bourbon avait conservé jusque-là une réputation sans tache. Ses nombreuses victoires sur les Anglais, suivies de la conquête de la Guyenne, le faisaient considérer comme un des sauveurs de la France, comme le plus ferme appui du trône. Sa fidélité, qu'on aurait dû croire à l'épreuve, ne put résister à une injustice. Louis XI lui retira le gouvernement de la Guyenne, dont il avait été pourvu après la conquête. Le duc jura de se venger, et devint un des premiers moteurs de la ligue dite du bien public: ligue qui aurait infailliblement conduit le roi à sa perte, si la profonde politique de Louis XI n'était parvenue à diviser les chefs, à en gagner quelques-uns et à s'en servir pour écraser les autres. A peine le roi eut-il appris que Bourbon se disposait à marcher contre lui, qu'il engagea Galéas Visconti, duc de Milan, à venir s'emparer des terres du duc. La même proposition fut faite au duc de Savoie, qui refusa noblement cette occasion de venger ses vieilles querelles. L'armée milanaise arriva en Dombes, traversa la Saône et se jeta en Beaujolais, où elle prit plusieurs villes qu'elle pilla ; les campagnes furent dévastées. Le Forez subit le même sort, et ne dut sa délivrance qua la victoire remportée par les paysans des montagnes de Pilat, au lieu nommé encore aujourd'hui le Cimetière des Lombards. Le duc de Bourbon avait été un des premiers à prendre les armes, il fut aussi le premier à se laisser séduire par la politique astucieuse de Louis XI, à qui il tâcha de faire oublier sa trahison par les services immenses qu'il lui rendit en ces temps de troubles et de guerres civiles. Enfin, comblé de biens et d'honneurs et revêtu de la dignité de connétable, ce prince mourut à Moulins le 1er avril 1488 (Ferdinand de La Roche la Carelle, Histoire du Beaujolais et des sires de Beaujeu, suivie de L'Armorial de la province, Tome 1, 1853 - books.google.fr).

 

Antoine de Chabannes

 

Antoine de Chabannes (1408 - 1488) est Comte de Dammartin, fils cadet de Robert de Chabannes, seigneur de Charlus-le-Pailloux et de Hélis de Bort, frère cadet de Jacques Ier de Chabannes de La Palice et de Hugues II de Chabannes - héritier universel de son père, capitaine d'une compagnie de gendarmes, mort sans postérité à la bataille de Cravant en 1423 - ainsi que de Jean de Chabannes, tué en Italie en 1524, seigneur de Vandenesse dans la Nièvre.

 

L'accession au pouvoir de Louis XI, en 1461, provoque les premiers accrocs à la carrière d'Antoine de Chabannes. Le roi est rancunier et d'excellente mémoire. De procès en procès, Antoine de Chabannes voit ses biens confisqués et lui-même proscrit à Rhodes; pas pour longtemps car, bénéficiant de complicités, il s'évade et rejoint prestement son ancien domaine dont il expulse le vrai propriétaire, Geoffroy, fils de Jacques Cœur. Il rejoint ensuite les Ligueurs hostiles au monarque, convaincu que la rigueur royale ne va pas s'atténuer de sitôt. Mais c'est mal connaître le tacticien madré qu'est Louis XI, qui conclut avec les Ligueurs le traité de Conflans, le 5 octobre 1465. La paix est enfin signée entre les deux hommes : l'un se met à servir avec zèle son ancien ennemi, et l'autre récompense le féal à l'aune des services rendus (fr.wikipedia.org - Antoine de Chabannes).

 

La guerre étant alors déclarée entre Louis XI et le duc de Bourgogne. Antoine de Chabannes enleva par adresse à ce dernier, l'an 1471, les villes d'Amiens et de Roye, dans lesquelles il établit garnison française. Le duc, irrité de la perte de ces deux places, écrivit une lettre pleine d'invectives au comte de Dammartin, qui lui fit une réponse mortifiante. D'Amiens, Antoine de Chabannes fit différentes courses sur les Bourguignons, auxquels il enleva plusieurs convois et fit essuyer d'autres échecs. La paix se fit l'année suivante, et fut presque aussitôt rompue. Antoine de Chabannes fut envoyé de nouveau pour défendre la Picardie. L'an 1477, après la mort du duc de Bourgogne, il fut un des généraux que Louis XI employa pour la conquête des Pays-Bas (L'Art de Verifier les Dates des Faits Historiques, 1818 - books.google.fr).

 

La fiscalité indirecte [...] fut parfois abolie en même temps que l'impôt direct. À Amiens les deux concessions ne furent pas simultanées mais se suivirent de peu : la convention passée entre la ville et Chabannes semble n'avoir rien prévu pour les aides, et c'est apparemment de son propre chef que le 30 mars 1471 le lui accorda le régime en vigueur à Paris (Jean-François Lassalmonie, La boîte à l'enchanteur: Politique financière de Louis XI, 2002 - books.google.fr).

 

Jeux de mots "Guières"/Guiers et "loing"/Loing

 

Le Guiers en Savoie

 

Jean le Bon et Amédée VI signent les traités de Paris (octobre 1354 et janvier 1355) : toutes les possessions situées à l'ouest du Guiers sont abandonnées au dauphin Charles (futur Charles V), en retour, la baronnie de Faucigny (bassin de l'Arve) fait retour au comte de Savoie. Comme il n'avait été indiqué pour frontière que le terme « Guiers », le Dauphin affirmait qu'il s'agissait du Guiers-Vif et le comte de Savoie soutenait qu'il s'agissait du Guiers-Mort. Un nouveau traité, signé à Paris le 24 février 1376, donna gain de cause au Dauphin. Pour confirmer ce nouveau traité, une réunion eut lieu au Pont-de-Beauvoisin le 31 mars 1377. Les comtes de Savoie se résignèrent difficilement à perdre Le Pont-de-Beauvoisin (rive gauche) et par divers moyens essayèrent pendant très longtemps, mais en vain, de le reconquérir (Lucien et Marcelle Sage, Un village du Bas-Dauphiné: Saint-Jean-d'Avelanne, Le Monde alpin et rhodanien, Volume 3, Centre alpin et rhodanien d'ethnologie (France), 1975 - books.google.fr).

 

A Louis XI, à cet esprit railleur et tenace, ambitieux et souple, la Savoie opposait un prince timide, sincère et bienveillant. Le peuple sommeillait; les nobles se disputaient la faveur du prince, c'est-à-dire le droit de le tromper; Amédée, doublement allié à la Maison de France, suivait, à son insu, l'impulsion que lui donnaient les affections de sa femme ou les calculs de son beau-frère. La Ligue du bien public associe contre le roi les rancunes, les ambitions des seigneurs; le comte de Charolais sollicite Amédée IX de se déclarer à son tour; mais les Etats s'y refusent. On vit se dessiner dans cette assemblée les tendances non déguisées des partis ; les nobles votent pour Charolais; les bourgeois pour Louis XI. Amédée comprend que s'il soutient au-delà du Rhône la rébellion féodale il l'autorise dans les Alpes; il traite avec le roi, livre passage aux Italiens de Sforza, et les fait suivre par ses meilleurs capitaines, Montbel, Montmayeur, La Chambre. Les Savoyens prennent part au siège de Villefranche et à la bataille de Montlhéry (1465). Le duc Amédée, négligé par son royal allié aux traités de Saint-Maur et de Conflans, s'accorde avec les Bourguignons et reçoit l'hommage de ses propres frères, Jacques de Romont et Philippe de Bresse, lesquels, amis personnels de Charolais, ne cessèrent pas de représenter en Savoie la politique anti-française. Galéas Sforza, rappelé en Italie par la mort de son père (1466), est arrêté au Mont-Cenis par un officier maladroit; le duc lui fait ses excusess, puis, trois mois plus tard, lui déclare la guerre et envoie en Piémont le comte de Bresse, dont la témérité fit tout manquer (Victor Bénigne Flour De Saint-Genis, Histoire de Savoie: d'après les documents originaux, depuis les origines les plus reculées jusqu'à l'annexion, Tome 1, 1868 - books.google.fr).

 

Le Loing

 

Jeu de mot comme pour le quatrain II, 14 (Canal de Briare) ?

 

A partir de Louis XI, Moret fut tour à tour cédé, vendu, engagé à divers personnages parmi lesquels, en 1466, Antoine de Chabannes, seigneur de Dammartin, en 1576 à titre de douaire à Catherine de Médicis, qui fut faite comtesse de Moret et Melun, puis à Sully qui restaura le donjon, le couvrit d'un toit en pavillon et dessina les jardins vers le Loing. En 1604 c'est Jacqueline de Bueil, favorite d'Henri IV, qui s'installa au château et y fit quelques «embellissements» (André Châtelain, Châteaux forts et féodalité en Ile de France, du XIème au XIIIème siècle, 1983 - books.google.fr).

 

A Château-Landon, qui surplombe le Loing, le dauphin, futur Louis XI, fit ses premières armes. Il n'applique pas la tactique habituelle de la terre brûlée pour affamer l'ennemi en incendiant les moissons. Il est impatient d'une victoire et se rue à l'assaut, se révélant un chef courageux, lucide, d'une implacable rigueur. Ce fut un trait dominant de son attitude politique ; toute résistance l'exaspérait et il n'accordait pas le pardon aux traitres : les Anglais furent pendus et leurs collaborateurs français furent tous décapités (Emile Aron, Louis XI et ses guérisseurs, 1983 - books.google.fr).

 

Nemours, sur le Loing, doit son nom au voisinage de la forêt de Fontainebleau, Nemosium, de nemux. Cette petite ville est célèbre par le traité qui y fut conclu, le 7 juillet 1585, entre le roi, Henri III et la Ligne, et qui est connu sous le nom d’édit de Nemours. Dès l’an 1402 elle fut érigée en duché en faveur du comte d‘Evreux. Les possessions qui composaient ce duché ayant passé par mariage a la branche cadette de la maison d‘Armagnac, Louis XI rétablit, en 1461, la dignité de duc de Nemours, en faveur de Jacques d’Armagnac comte de la Marche. Ce dernier fit partie de la ligue du bien public; mais il fit bientôt sa paix avec Louis XI, et obtint alors le gouvernement de l'Ile-de-France. Après la mort du connétable de Saint Pol, il entra dans de nouveaux complets avec les ducs de Bourgogne et de Bretagne. Le roi donna ordre à Pierre de Bourbon. sire de Beaujeu, de l‘arrêter. Bourbon se rendit à la suite d’une armée sous les murs de Carlat en Auvergne, où Jacques d’Armagnac s‘était renfermé. Après la mort violente de celui-ci, l‘un de ses fils, Louis d'Armagnac, recouvre le titre de duc de Nemours; mais il mourut, en 1503, sans laisser d'enfants. Louis XII conféra alors le duché de Nemours à son neveu, Gaston de Foix. François Ier l‘octroya, en 1528, à Philippe de Savoie, frère de sa mère. La descendance mâle de cette maison de Savoie-Nemours, qui marqua dans les guerres de religion, s’éteignit en 1659. En 1689 Louis XIV fit don du duché de Nemours a son frère Monsieur, duc d‘0rléans. Le second fils du roi Louis-Philippe a fait revivre ce titre de nos jours (Dictionnaire de la conversation et de la lecture inventaire raisonné des notions générales les plus indispensables à tous par une société de savants et de gens de lettres sous la direction de M. W. Duckett, Tome 13, 1857 - books.google.fr).

 

Nemours se trouve au sud de Grez sur le Loing où est morte Louise de Savoie, mère de François Ier.

 

Typologie

 

Pivotant à partir de 1465 (siège de Villefranche sur Saône), on se retrouve en 722/723 au VIIIème siècle. À partir des années 719-720, les Sarrazins mènent des razzia sur les terres des Francs. La réaction des Pépinides et des Carolingiens s'étale sur ce siècle. Narbonne capitale de la Septimanie est reprise par Pépin le Bref en 759. Mais en Aquitaine, entre 760 et 768, Pépin le Bref entreprend chaque printemps des expéditions sanglantes contre les Aquitains, et leur duc Waïfre, fils d'Hunald Ier (fr.wikipedia.org - Conquête musulmane de la péninsule Ibérique).

 

Si le docteur Nappée a qualifiée de hasardeuse la traduction de Portus Santonum en Pertuis des Santons, son pseudo-syllogisme ne l'est pas moins: *Et ce port d'Anchoine existait, semble-il, à la fin du VIIIe siècle, puisqu'il est mentionné dans la chanson du Pseudo-Turpin écrite en latin à la fin du IXe siècle et traduite en dialecte saintongeais au XIIIe siècle. S'il y avait un port aux Combots au VIIIe siècle, pourquoi n'y en aurait-il pas eu un quatre siècles plus tôt, à l'époque de Marcien, ou six siècles plus tôt, à l'époque de Ptolémée ? » Admettons-en provisoirement les termes et revenons au mythe d'Anchoine abandonné à l'époque où Charlemagne poursuivait les Sarrazins réfugiés à Anseune en Arvert. Le petit port disparaît des chroniques pendant plusieurs siècles jusqu'à ce qu'il surgisse de l'imaginaire saintongeais sous la forme de différents témoignages dont l'enquête de 1551 connue par des procès-verbaux établis par le «Lieutenant général en Sénéchaussée de Saintonge, au siège de Saintes», à propos de la supplique des habitants de Royan qui souhaitaient bénéficier du régime fiscal octroyé à leurs voisins du pays abonné, afin d'être pécuniairement en mesure de défendre la ville et le port contre les pillages dont ils étaient trop souvent les victimes (Bernard Tastet, Chaillevette et les côtes de Saintonge: Portus Santonum, les fortunes du sel et l'arsenal du Ponant, 1998 - books.google.fr, Sébastien Périsse, Les transformations de la côte saintongeaise, Ports et littoraux de l'Europe atlantique: Transformations naturelles et aménagements humains (XIVe-XVIe siècles), 2015 - books.google.fr).

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