Dagobert

Dagobert

 

X, 9

 

2183-2184

 

De Castillon figuieres iour de brune,

De femme infame naistra souuerain Prince,

Surnom de chausses perhume luy posthume,

Onc Roy ne fut si pire en sa prouince.

 

"chausses"

 

Le surnom sera donnĂ© après sa mort ("posthume"), Ă  un membre de la descendance de "luy" ("souverain Prince") ?

 

Mais le roi Dagobert lui-mĂŞme, le glorieux vainqueur des Esclavons et des Bulgares, entre tous les chants composĂ©s en son honneur, qu'a-t-il gardĂ© ? Une complainte badine sur ses chausses, sur sa femme et sur son ministre saint Eloi. Ă” vanitĂ© de la gloire humaine. Vanitas vanitatis (Charles FĂ©lix Lenient, La poĂ©sie patriotique, Tome 2 : XVIII e et XIX e siècles, 1894 - www.google.fr/books/edition, Archives historiques et littĂ©raires du Nord de la France et du Midi de la Belgique, Volume 5, 1829 - www.google.fr/books/edition).

 

Le drame Henri III et sa Cour suscita plusieurs parodies dont la Cour du roi Pétaud, à laquelle Dumas collabora (Alex. Dumas, Cave, Laviglé et A. de Kibbing), représentée au Vaudeville, le 28 février 1829 (Hippolyte Parigot, Le drame d'Alexandre Dumas : étude dramatique, sociale et littéraire, 1899 - gallica.bnf.fr).

 

Les personnages ne sont ni boulanger, ni teinturier comme dans les parodies rivales, ils restent historiques : le roi Dagobert et sa cour. Mais leurs prĂ©occupations sont dĂ©gradĂ©es : la Ligue devient le parti des haut-de-chausse portĂ©s Ă  l'envers contre les favoris qui veulent les porter Ă  l'endroit. Le duc Childebrand, Ă  la tĂŞte de l'opposition, a assassinĂ© non trois favoris du roi, mais ses trois chiens prĂ©fĂ©rĂ©s et le roi remet les colliers Ă  ses nouveaux favoris. Mais plus que l'ordinaire trivialitĂ© des motivations des personnages parodiques, c'est le dĂ©voilement explicite des ficelles qui fait l'intĂ©rĂŞt de la parodie. L'adaptation de Dumas se distingue de ses rivales par la systĂ©matisation du procĂ©dĂ©. Les personnages explicitent leurs actes en fonction d'une logique interne. Le rire est suscitĂ© par les personnages, qui se dĂ©calent quelques secondes de leur propre rĂ´le pour devenir dramaturge Ă  leur tour, c'est Nostradamus Ă  Saint-Flandrin : «Ne te retourne pas, car tu verrais la mĂ©canique», ou Ă  la comtesse : «Eh bien ! Ma fille, il faut oublier quelque chose, sans cela, il n'y aurait pas de pièce !», c'est le duc aux conspirateurs : «Mes braves amis, vous connaissez parfaitement le motif qui nous rĂ©unit ici. Par consĂ©quent je vais vous l'apprendre. Nous voulons nous habiller Ă  l'envers» (Michel Arrous, Alexandre Dumas, une lecture de l'histoire, 2003 - www.google.fr/books/edition, fr.wikipedia.org - Le Bon Roi Dagobert).

 

"femme infâme"

 

Chilpéric n'eut si tost aduis de la mort de CLOTAIRE premier son pere, qu'il s'empara de ses tresors, qui estoient à Braine prés de la ville de Soisons, de laquelle il porta premierement le titre de Roy, puis de celle de Paris aprés le decez de CHEREBERT son frere, duquel il suiuit la luxure, & non pas les Vertus & bonnes conditions qui estoient en luy. Ayant repudié AUDOVERE son épouse legitime pour complaire à Fredegonde sa concubine, femme perduë qu'il aymoit éperduëment, renommée en impudicité & en méchanceté, comme Brunehaut ou Brunechilde, pour auoir toutes deux excité tant de tragedies en nostre France. Cette Fredegonde, fille de basse extraction, eut tant de pouuoir sur CHILPERIC, qu'elle luy fit oublier les deuoirs de Pere & de Mary: Car à son induction il ne repudia seulement AUDOVERE sa premiere femme, mais aussi GALSVINTE OU GELESVINTE fille d'Athanagilde Roy des Wisigots en Espagne, & soeur aisnée de Brunchaut Reine d'Austrasie. Et qui plus est il traita tres-mal (tant deuant qu'apres l'assassinat de SIGEBERT Roy de Metz ou d'Austrasie) ses enfans qu'il auoit eu d'AVDOVERE, que Fredegonde haissoit à mort: aussi elle la fit tuër & deux de ses fils, MEROVEE & CLOVIS, ainsi que nous remarquerons plus particulierement à la fin de cet Eloge, en parlant des enfans de CHILPERIC. Ce Monarque, à la persuasion de cette femme impudique, fit premierement mourir GALSVINTE, laquelle deceda peu de iours aprés qu'il l'euc épousée à Rouën, soit de jalousie qu'elle eut à cause des caresses qu'il faisoit à Fredegonde sa maistresse, soit qu'elle fust decedée de mort violente par son commandement, comme écrit S. Gregoire de Tours, ayant esté étouffée par vn de ses domestiques comme elle dormoit. Ce qui en augmenta le soupçon, c'est que peu apres l'infame Fredegonde fut rappellée en Cour. De là vindrent toutes les querelles, inimitiez & haines qu’eurent depuis durant leur vie Fredegonde & Brunehaut: de là les guerres plus que ciuiles qu'eurent GONTRAN & Sigebert auec CHILPERIC. Car la guerre de Saxe ne fut pas si tost acheuée, que les famines des diuisions & querelles ciuiles furent rallumées par les menées & par les intrigues de ces deux mauuaises femmes Brunehaut & Fredegonde, comme par deux Furies sorties des Enfers, pour ruiner cet Empire & cette Monarchie des Lis au grand malheur de toute la France; car GONTRAN & SIGEBERT conceurent une telle indignation contre CHILPERIC, qu'ils resolurent de le chasser de son Etat. Ces deux Rois de Bourgongne & d'Austrasie ne peurent deposseder leur frere CHILPERIC, qui rompit premierement leur dessein (Les vrais portraits des rois de France tirez de ce qui nous reste de leurs monumens, sceaux, medailles, ou autres effigies, par le R. P. H. de Coste, Paris. relig. de l'ordre des peres minimes, 1636 - books.google.fr).

 

Clotaire II (ou Chlotar, Clothar, Chlotochar ou Hlothar) dit le Jeune, né en mai 584, mort le 18 octobre 629, est le fils de Chilpéric Ier et Frédégonde. Il est roi de Neustrie de 584 à 613 et roi des Francs de 613 à 629, après la conquête du royaume d'Austrasie et du royaume de Bourgogne. Sa victoire de 613 sur la reine Brunehaut met fin à la longue période de guerres entre rois francs, commencée en 570 (fr.wikipedia.org - Clotaire II).

 

Dagobert

 

En 623, Dagobert Ier, fils de Clotaire II, est «associé au royaume» et établi «roi sur les Austrasiens». Il est alors envoyé à Metz, où les deux personnalités sont l'évêque Arnoul et le maire du palais nouvellement nommé Pépin de Landen. En même temps, Clotaire opère un changement territorial en attribuant la région de Reims à la Neustrie. Mais Dagobert, devenu un véritable Austrasien, obtiendra en 626 le retour de Reims à son royaume.

 

Dagobert Ier, né vers 602/605 et mort le 19 janvier 638 ou 639, est un roi des Francs de la dynastie mérovingienne. Il règne sur l'Austrasie de 623 à 632 et est roi des Francs de 629 à 639. Durant cette période, il a sa résidence le plus souvent autour de Paris, notamment à Clichy (actuel département des Hauts-de-Seine). Déjà affaibli sous Dagobert, le pouvoir monarchique passe entre les mains des maires du palais à partir de sa mort (fr.wikipedia.org - Dagobert Ier).

 

"Castillon figuieres" : Catalogne

 

Les ports les plus menacĂ©s ont toujours Ă©tĂ© Roses, qui ouvrait la route vers CastellĂł, Figueres et la route du Perthus ; PalamĂłs et St-Feliu, qui gardaient l'entrĂ©e des couloirs vers GĂ©rone, et CadaquĂ©s qui ne gardait aucune route mais qu'on ne pouvait laisser insoumis derrière soi. De sorte que le littoral de GĂ©rone a de tous temps jouĂ© le rĂ´le de chemin d'invasion et de champ de bataille (Yvette Barbaza, Le paysage humain de la Costa Brava, 1966 - www.google.fr/books/edition).

 

Le col du Perthus n'avait pas cessĂ© d'ĂŞtre le passage pyrĂ©nĂ©en par excellence : c'est ainsi qu'en 567 Galeswinthe, fille du roi wisigoth Athanagilde, comme Brunehaut, prit cette route avec le brillant cortège qui la conduisait Ă  la Cour de son fiancĂ©, le Franc ChilpĂ©ric, roi de Neustrie. En 672, le roi wisigoth Wamba suivit le mĂŞme itinĂ©raire pour venir combattre, de ce cĂ´tĂ©-ci des monts, le duc Paul qui s'Ă©tait fait proclamer roi Ă  Narbonne. Il le poursuivit jusqu'Ă  NĂ®mes, et, Ă  son retour, ce fut Ă  Elne qu'il s'arrĂŞta pour licencier son armĂ©e (Joseph Calmette, Petite Histoire de Roussillon (1931), 2020 - www.google.fr/books/edition).

 

"jour de brune"

 

On devrait avoir "brume" mais "brune" pourrait pointer sur Brunehaut, sœur de Galswinthe, seconde épouse de Chilpéric Ier, avant Frédégonde.

 

"province"

 

Les comtes, d'abord reprĂ©sentants du souverain dans chaque province, furent toujours plus attirĂ©s dans l'orbite et les intĂ©rĂŞts des seigneurs fonciers de leurs provinces. Plus le pouvoir royal diminuait, plus il apparut nĂ©cessaire aux comtes de fonder leur pouvoir et leurs ressources personnelles sur la propriĂ©tĂ© foncière et l'influence sur les paysans ; en d'autres termes , une dĂ©cision royale demeurait sans effet si elle n'Ă©tait pas soutenue par l'autoritĂ© de celui qui devait l'appliquer. Ce dernier devait ĂŞtre l'homme le plus puissant et le propriĂ©taire le plus riche du pays. Il s'avĂ©ra nĂ©cessaire de choisir le comte dans la noblesse de la province oĂą il allait exercer son autoritĂ©. Cela signifiait qu'il devait ĂŞtre choisi parmi ceux contre les intĂ©rĂŞts desquels il Ă©tait supposer lutter dans bien des cas. De ce fait, l'administration royale perdait de son influence dans les provinces au profit des seigneurs En 614, le roi Clotaire II se vit contraint de donner forme de loi Ă  cette pratique. Il dut promettre que les comtes seraient dĂ©sormais choisis uniquement parmi les seigneurs de chaque province. Ainsi s'effritait de toutes parts l'autoritĂ© du souverain qui jadis avait Ă©tĂ© si puissante. Elle fut usurpĂ©e d'une part par les grands seigneurs, d'autre part par les peuplades Ă  moitiĂ© soumises d'Austrasie, et aussi par celles des romaines du sud de la Gaule. Les Romains s'accroissaient en nombre et avaient reconquis une part importante de leur influence culturelle et linguistique qu'ils avaient perdue dans le nord de la Neustrie. Le roi ne demeura pas le seul dĂ©tenteur du pouvoir, chaque province possĂ©dait maintenant son cercle de puissants seigneurs, dont quelques-uns s'efforçaient d'obtenir Ă  la Cour la prĂ©pondĂ©rance sur tous leurs rivaux. Personne ne pouvait mieux rĂ©ussir une telle entreprise que le jeune noble qui s'occupait de l'administration de la maison royale et des levĂ©es de troupes dans un des sous-royaumes. Plus la faiblesse et l'impuissance de la dynastie rĂ©gnaient, plus il tendait Ă  prendre tout le pouvoir pour lui. Dans cette pĂ©riode les querelles des chefs de province devinrent de plus en plus une lutte des «maires du palais», dont l'enjeu Ă©tait le pouvoir sur la totalitĂ© du royaume (Heinrich Fichtenau, L'empire carolingien, traduit par Annette Barbey, François Vaudou, 1958 - books.google.fr)

 

Les Pépinides et Arnulfides, ancêtres des Carolingiens, constituent dès cette époque deux familles importantes en Austrasie. Parmi eux, on doit citer le maire du palais Pépin de Landen et saint Arnoul. De leur alliance et du mariage de leurs enfants naîtra la famille carolingienne. Ils possèdent de très nombreux domaines, en particulier dans la vallée de la Meuse (Herstal, Jupille, etc.). Après Dagobert, les maires du palais d'Austrasie, de Neustrie ou de Bourgogne jouent un rôle croissant, au détriment des rois de la famille mérovingienne (fr.wikipedia.org - Dagobert Ier).

 

Acrostiche : D DS O

 

DS: DEUS; O: omnipotens (Philip Grierson, Mark A. S. Blackburn, Medieval European Coinage, With a Catalogue of the Coins in the Fitzwilliam Museum, Cambridge. The early Middle Ages, 5th-10th centuries, 1986 - www.google.fr/books/edition).

 

La lettre que Didier EvĂŞque de Cahors Ă©crivit Ă  Sigebert après la mort de Dagobert, prouve bien qu'on ne croĂŻoit pas que nos Rois reçussent leur couronne d'autre que de Dieu : Dum vos Deus omnipotens suâ pietate in regni solio sublimavit (Joachim Le Grand, TraitĂ© de la succession Ă  la couronne, par Joachim Le Grand, 1728 - www.google.fr/books/edition).

 

Typologie

 

Le report de 2184 sur la date pivot 584 (naissance de Clotaire II) donne -1016.

 

Salomon naît en 1033 et meurt à 58 ans, en 975; en 1016 il eut un fils de Nahama, sa première femme, nommé Roboam, un an avant la mort de David. Salomon, en 1005, à l'âge de vingt-huit ans, épousa la fille du Pharaon Psousennès, dont la femme se nommait Taphnès. Psousennès, dernier roi de la vingt et unième dynastie, nommé aussi P-Seb-N-Cha, est monté sur le trône d'Egypte en 1026, et l'avènement de Salomon à Jérusalem eut lieu en 1015; ce fut donc dix ans après la première année de son règne que Salomon se maria. Psousennès, qui régna trente-cinq ans en Egypte, laissa le trône à Sisac en 991. Roboam, qui est né en 1016, a donc quarante et un ans lors de la mort de Salomon, son père, qui a eu lieu en 975, première année du schisme entre Roboam et Jeroboam. Roboam meurt en 958. Il a régné dix-sept ans et avait cinquante-huit ans. Jeroboam est fils de Nebat et de Tserua, Ephraïmite ; de cinq ans plus âgé que Roboam, il était né en 1021 ; il avait quarante-six ans quand Salomon mourut; il régna sur les dix tribus d'Israël vingt-deux ans, et mourut en 953 âgé de soixante-huit ans. Jeroboam était fort ambitieux ; Salomon l'avait nommé chef des travaux qu'on exécutait dans la vallée de Jérusalem, il avait alors vingt-deux ans; il conspira contre Salomon qui voulut le faire périr, mais Jeroboam s'enfuit chez le Pharaon Sisac, en 966, un an avant la mort de Salomon. Quand Jeroboam apprit la mort de Salomon, il revint à Sichem où sa popularité le fit établir roi des dix tribus du nord de la Palestine, à l'exception de Juda et Benjamin qui restèrent fidèles à Roboam. Le schisme s'établit entre Juda et Israël, Jérusalem et Samarie, dès la mort de Salomon, et les hostilités furent constantes entre ces deux royaumes voisins. Il est probable que ce fut Jeroboam qui appela Sisac, roi d'Egypte, chez lequel il s'était réfugié en 976, et qui vint mettre le siège devant Jérusalem qu'il prit et pilla (971) (Thomas Brunton, Chronologie universelle, Tome 1, 1872 - books.google.fr).

 

Voici un fragment d'une lettre Ă©crit par un Ă©vĂŞque en Gaule dĂ©crivant le personnage de Dagobert II (vers 650 - 679), petit-fils de Dagobert Ier : "dissapator urbium consilia seniorum despiciens, populos ut Roboam filius Salomonis tributo humilians, ecclesias Dei cum praesulibus contempnens." (Vita Wilfrithi, Eddius, chapitre 28). Dagobert est l'exemple d'un roi qui tenta de rĂ©aliser un nouvel Ă©quilibre de pouvoir entre l'Eglise, l'aristocratie et la Cour. Il est Ă©vident que l'Eglise et l'aristocratie considĂ©rèrent la situation dangereuse lorsque leur intĂ©rĂŞt principal, le pouvoir, fut en jeu. Ainsi, les rois de sang royal se trouvaient sans richesse Ă  donner, c'est-Ă -dire, sans amis Ă  acheter ! La politique des rois saliens s'achève lĂ , leur fortune (la  terre) dissipĂ©e ou donnĂ©e par nĂ©cessitĂ© ou peur Ă  l'aristocratie ou Ă  l'Eglise, les oblige Ă  subir les effets de leur propre politique (Paul Mirabile, La genèse de la Chanson de Roland, Ă  la recherche des influences nordico-germaniques dans l'histoire et la langue françaises, 1987 - www.google.fr/books/edition).

 

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