Chapour Ier et Doura Europos

Chapour Ier et Doura Europos

 

X, 75

 

2232-2233

 

Tant attendu ne reviendra jamais,

Dedans l'Europe, en Asie apparoistra,

Un de la ligue issu du grand Hermes,

Et sur tous Rois des Orients croistra.

 

"Europe"

 

Doura-Europos, la forteresse Europe, avait été fondée aux alentours de l'an 300 avant J.-C. par les successeurs macédoniens d'Alexandre le Grand. Les Romains l'avaient agrandie, assainie, ne se montrant vraiment soucieux que d'empire et d'impôts. Puis, au milieu du IIIe siècle après J.-C., les Perses sassanides l'avaient conquise. Après de furieux combats, Shepur, le roi sassanide, l'avait pillée et incendiée, comme deux millénaires auparavant Hammourabi avait rasé Mari (Louise Weiss, Tempête sur l'Occident, 1945-1975, 2010 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain X, 86.

 

Doura avait été annexée par les Parthes en 113 avant notre ère et reprise par les troupes de Lucius Verus, frère de Marc-Aurèle, en 165.

 

Ă€ l'ouest de l'Empire, si le Germain est l'ennemi sĂ©culaire, Ă  l'est, c'est le Parthe puis le Perse. Ă€ partir de 160 apr. J.-C., les Romains prennent le contrĂ´le du nord de la MĂ©sopotamie, et notamment de la place de Doura-Europos. Moribonde, la dynastie parthe des Arsacides laisse la place vers 230 apr. J.-C. aux Perses Sassanides, autrement plus puissants et bien rĂ©solus Ă  chasser les Romains. OpposĂ©s Ă  la culture hellĂ©nistique, ils ambitionnent de recrĂ©er l'ancien empire perse et de l'Ă©tendre Ă  l'Asie Mineure, Ă  la Grèce et Ă  l'Ă©gypte. Ils envahissent la MĂ©sopotamie en 231 et n'ont qu'une envie : reprendre Doura-Europos. SituĂ©e aujourd'hui près du village de SalhiyĂ© en Syrie, cette ville est Ă©difiĂ©e en 303 av. J.-C. par les SĂ©leucides. IdĂ©alement placĂ©e au carrefour de la voie commerciale est-ouest et du cours de l'Euphrate, dont elle domine les rives de près de 100 m, sa vocation est alors essentiellement commerciale. Pour assurer la protection des Ă©changes, Doura-Europos entretient une milice armĂ©e levĂ©e localement, soutenue plus tard par une troupe de mercenaires palmyrĂ©niens, composĂ©e d'archers Ă  cheval. L'importance stratĂ©gique de la place la positionne au cĹ“ur de la rivalitĂ© entre Romains et Perses (François Gilbert, LĂ©gionnaires, auxiliaires et fĂ©dĂ©rĂ©s sous le Bas-Empire romain, 2021 - books.google.fr).

 

Doura Europos ne sera jamais réoccupée jusqu'à aujourd'hui, en particulier par les Romains de l'Antiquité (Maurice Lenoir, Le camp romain: proche-orient et Afrique du Nord, 2011 - books.google.fr).

 

The fortress of Dura-Europos on the Middle Euphrates was Rome's most advanved base in the East. As such it not only protected the rich province of Syria but was also well placed for Roman offensives into Parthia. A new reading of an inscription found at Dura-Europos, and a passage by Cassius Dio (LXXV, 12), combine to suggest that Dura-Europos was garrisoned by elite troops of such quality that when in AD 198/199 Septimius Severus laid siege to the desert city of Hatra, the forces from Dura-Europos served as his crack troops. The revised text, a dedication at the chapel of the standards, reveals that the troops stationed at Dura-Europos were called 'Europeans' after the name of their garrison town. Since this is also the term used by Cassius Dio for the elite troops at the siege of Hatra, one may infer that Septimius Severus drew the elite troops for this siege from nearby Dura-Europos, rather than from Europe as has been thought hitherto. If so, the garrison of Dura-Europos, selected from the Syrian army, foretokened the elite armies of the Later Roman Empire. [...]

 

To be sure, there were European troops in Septimius Severus'expeditionary army. It is nevertheless surprising to hear Dio mention European troops, for as a senator and an army commander, one would expect him to use the area concepts of the Roman High Command current at his time. The major army groups of the empire were then thought of as being Orientales, Illyriciani, Germaniciani and Britanniciani, but not Europaei. Only Late Roman and Byzantine authors mention European troops in the sense of an army group belonging to the vast area of Europe as opposed to the East, a concept derived from the division of the empire into East and West and from the transfer of the capital to the shores of the Bosporus. The Romans of the first three centuries AD did not conceive of Europe as one army district that would include both the Danube and the Rhine frontiers. Similarly, Dio (and Herodian) use the term 'Europe' mainly to denote the land mass opposite Asia Minor as one looks across the Sea. Dio, it seems, is referring here to troops not from Europe but from Dura-Europos. As the troop lists of the Notitia Dignitatum show, during the Late Roman Empire troops were customarily called by the same name as the inhabitants of their garrison places. This was already the practice in Dio's time, and it accords well with his style, for he himself calls the soldiers of legio II Parthica, stationed at Alba, simply Albani. Another part of Dio's passage confirms this view, for when the Europeans refused to attack Hatra again, he says other Syrians were sent instead. The conventional translation of this phrase as 'others, Syrians' is awkward; hence it is clear that Dio's Europeans were Syrian troops, i.e. the garrison of Dura-Europos. The contrast among the troops before Hatra thus was not between troops called in from Europe and local Syrians, but between low quality, regular Syrian troops and the elite battalion of the Syrian army stationed at Dura-Europos. Dio's passage, while confirming to some extent Tacitus' and Fronto's assessment of the Syrian army as generally consisting of troops of low quality, nevertheless shows that the same army could also produce elite combat troops and even the crack troops for an imperial campaign (Michael Speidel, Roman Army Studies, Tome 1, 1984 - books.google.fr, E. Gros, V. Boissée, Historie Romaine de Dion Cassius, traduite en français, Tome X, 1870 - books.google.fr).

 

"Hermès" : Ormuz, Ahura Mazda

 

Dès l'Avesta ancien, Ahura Mazda est le ratus, le «modèle idĂ©al», l'«exemple Ă  suivre» du monde spirituel. Après la rĂ©forme de l'ancien culte mazdĂ©en par Zoroastre, Ahura Mazdâ devient la divinitĂ© unique, abstraite et transcendante du zoroastrisme. Selon l'Avesta, il est l'Esprit suprĂŞme qui donna naissance Ă  deux principes opposĂ©s : Spenta Mainyu (l'Esprit Saint) et Angra Mainyu ou Ahra Manyu (le Mauvais Esprit). Si Ahura Mazdâ transcende les Ă©lĂ©ments de la crĂ©ation physique, il n'en demeure pas moins le PĂ´le de la Lumière essentielle, le père d'Atar manifestĂ© par le Feu primordial qui est la lumière fulgurante, toute mĂ©taphysique, mais qui prĂ©cède et engendre les illuminations cĂ©lestes des feux solaires et stellaires du cosmos.

 

Dans le zervanisme, Ormuzd (AuhrMadzd ou Ormudz, contraction pehlevi de Ahura Mazdâ) et Ahriman (contraction pahlévie de Ahra Mainyu) sont dominés par Zervan (le temps-sans-bornes). Ormudz est l'adversaire d'Ahriman, la représentation zoroastrienne du mal. Il est porteur de l’arta, c'est-à-dire la sagesse et la vérité (fr.wikipedia.org - Ahura Mazda).

 

Le prophète Zarathoustra est reprĂ©sentĂ© sur une fresque du Ier siècle ap. J.C. Ă  Doura-Europos (Voyage au cĹ“ur du mystĂ©rieux : sciences, nature, histoire, religion, 1995 - books.google.fr).

 

La ville et île d'Ormuz est appelée Hermès par Hayton (ou Héthoum, historien arménien mort en 1308) (Recueil des historiens des Croisades: Documents arméniens. t.1-2, 1869-1906, 1967 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Héthoum de Korikos).

 

Hermupolis pourrait ĂŞtre identifiĂ© avec l'Harmouza polis de PtolĂ©mĂ©e près du promontoire Harmozon, prĂ©cisĂ©ment l'ancĂŞtre directe de l'Hormuz mĂ©diĂ©vale. [...] Il faut donc peut-ĂŞtre voir dans Hermupolis l'hellĂ©nisation d'une ville portant le nom d'Hormuz (nom perse du dieu Ahura-Mazda), car une tradition mĂ©diĂ©vale rattache Hormuz (actuelle Minab Ă  une cinquantaine de km de l'Ă®le d'Ormuz Ă  vol d'oiseau) Ă  une fondation «d'Hermès le philosophe» (confusion, de surcroĂ®t, avec le TrismĂ©giste !) : cette confusion est encore plus naturelle si l'on considère qu'Hurmus est la forme iranienne du nom d'Hermès (Jacques Fontaine, Histoire d'Ammien Marcellin, Livres XXIII-XXV, Volume 4, Partie 1, 1978 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Minab).

 

Prophète qui aurait vĂ©cu entre l'an 1000 et 400 avant notre ère, Zoroastre fut le fondateur du premier monothĂ©isme, dont le Dieu Ă©tait Ahura-Mazda. Zoroastre, qui supplante Hermès TrismĂ©giste Ă  la première place de fondateur de la pia philosophia, serait la source de cette Sagesse Ă©ternelle qui, nĂ©e en Perse, nourrie en Thrace avec OrphĂ©e et Aglaophème, se dĂ©veloppe sous Pythagore, pour venir Ă  maturitĂ© avec Platon et s'Ă©panouir avec le Christ. Ficin a pu connaĂ®tre Zoroastre par l'intermĂ©diaire du TraitĂ© des Lois (Paris, Vrin, 1982, p. 30-32) de PlĂ©thon et du De Iside et Osiride (369d-370d) de Plutarque : Ficin, Op., I, Livre 3, p. 759, II, p. 1537 ; R. Marcel, op. cit., p. 603-612 ; B. Tambrun, PlĂ©thon. Le retour de Platon, p. 85-104. 76. (Correspondance de Marsile Ficin, Livre I: Epistolarium (1457-1475), 2022 - books.google.fr).

 

"Roys des Orients"

 

Chapour, Shapour, Châhpour ou Sapor Ier est un roi des rois de l'Empire sassanide ayant régné de 240 à 272 apr. J.-C.

 

Petit-fils d'un prêtre de la déesse Anahita, Chapour se déclare issu de la race des dieux et «adorateur de Mazda», le dieu dynastique des anciens rois achéménides puis des rois de Perse. Sur les bas-reliefs commémorant leur investiture, c'est d'Ahura Mazda (le faiseur de richesses) qu'Ardachir et plus tard Chapour reçoivent les attributs royaux. Le phénomène religieux qui marque le plus le monde iranien sous son règne est la montée en puissance du clergé mazdéen (fr.wikipedia.org - Chapour Ier).

 

Shapour n'a pas Ă©tĂ© qu'un bâtisseur, il a aussi Ă©tĂ© un destructeur. Il a fait dĂ©truire Antioche, une des plus grandes citĂ©s de l'Empire romain et capitale de l'Orient romain — et si Antioche s'en est relevĂ©e, elle en portait toujours la marque un siècle plus tard, aux dires de Libanios. Il a en revanche littĂ©ralement rayĂ© de la carte au moins deux citĂ©s importantes, Hatra en 240 et Doura Europos en 256 : plus personne jamais ne les rĂ©occupa, jusqu'Ă  l'arrivĂ©e des archĂ©ologues au XXe siècle. En faisant ainsi le dĂ©sert aux frontières, et en dĂ©portant les populations Ă  l'intĂ©rieur de son empire pour les y laisser cette fois prospĂ©rer, il appliquait la politique traditionnelle des Assyriens et des Babyloniens (fr.wikipedia.org - Chapour Ier).

 

Typologie

 

Le report de 2233 sur la date pivot 256 donne -1721.

 

Epoque du roi Apis de Sicyone (Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1743, Tome 1, 1744 - books.google.fr, Aubin L. Millin, Cours d'histoire héroïque, 1810 - books.google.fr).

 

Europos, nom du village de naissance macédonien du général d'Alexandre le Grand puis du satrape Séleucos Ier, fondateur de la dynastie des Séleucides, dont l'empire s'étendait de l'actuelle Syrie à l'actuel Iran. Séleucos Ier donne le nom de son village d'origine à la grande cité de Doura Europos qu'il fonde sur les bords de l'Euphrate à l'est de la Syrie actuelle vers 300 av. J.-C. (fr.wikipedia.org - Europe (homonymie)).

 

EUROPS, s. m. Fils d'Egialée, regna à Sicyone, & donna son nom à l'Europe, selon Apollodore (Dictionnaire universel françois et latin, vulgairement appellé dictionnaire Trévoux, Tome 6, 1752 - books.google.fr).

 

Accrostiche : TD UE

 

traditio, vere (Adriano Cappelli, Dizionario di abbreviature latine ed italiane usate nelle carte e codici specialmente nel medio-evo, 1899 - books.google.fr).

 

Plethon semble avoir été convaincu que les diverses confessions monothéistes doivent bientôt céder la place à une seule religion savante, à une «docte religion» s'identifiant à une «pia philosophia» et qui sera la seule vraie religion de la nouvelle époque de l'humanité. Les influences gnostiques et hermétiques y sont évidentes. Le polythéisme n'est qu'un autre visage du panthéisme foncier et nettement spiritualiste de cette religion théosophique. L'idéologie de Plethon avait donc pour base la conviction qu'il existe una antique tradition sapienciale, ésotérique et dépassant largement le monde grecque, dont Platon fut le représentant le plus illustre, mais qui ne s'achève que dans le système de Plotin. Plethon fut persuadé que ce n'est que le néoplatonisme, conçu de cette manière prophétique et théosophique, qui peut devenir la seule religion de l'avenir et la seule idéologie capable de susciter l'esprit de résistence des Grecs contre les Turcs, envahisseurs barbares et fanatiques bornés. Le monde latin prend une connaissance de plus en plus directe et détaillée de ce programme promulgué par Plethon. Ce n'est pas seulement par son influence personnelle, mais grâce à l'immigration byzantine grandissante que les latins entrent en contract avec ce genre de pensée idéologique et commencent à éprouver eux-mêmes le besoin de forger une pareille idéologie pour raffermir et vivifier la chrétienté occidentale, profondément rongée par des processus de décomposition morale et intellectuelle. [...]

 

Pour ne pas se perdre dans des détails, bornons nous à deux exemples typiques de cette influence de la pensée de Plethon sur les milieux italiens. Il s'agit d'abord de l'Académie platonicienne à Florence. Bien qu'il soit peut être exagéré de considérer Plethon comme son véritable fondateur, la dépendance des principaux penseurs de ce centre à l'égard de Plethon et de ses idées est tout-de-même incontestable; aussi bien Cosimo de Médicis l'Ainé que Marsile Ficin se trouvent dans l'ambiance du rayonnement des idées D'autre part, Pic de la Mirandole et Girolamo Benivieni étaient certainement en contact direct avec un des disciples italiens de Plethon, Giovanni Nesi, un des nombreux prophètes d'une «époque nouvelle» et de la «vraie Kabbale». [...]

 

C'est de Plethon que Marsile Ficin emprunte la conviction qu'Orphée, Zoroastre, Hermès Trismégiste et Pythagore sont les autorités principales dans la chaine de cette tradition théosophique (Stefan Swiezawski, L'aristotélisme chrétien moderne et les influences byzantines conditionnant ses origines, Actas del V Congreso internacional de filosofia medieval, Volume 2, 1979 - books.google.fr).

 

Dans la synagogue de Doura Europos, le roi musicien David est représenté avec des attributs d'Orphée (Elias Joseph Bickerman, Studies in Jewish and Christian history: Pt.1, 1976 - books.google.fr).

 

Le VIe siècle atteste de la popularitĂ© du mythe d'OrphĂ©e. Le poète Ibycos Ă©voque «OrphĂ©e au nom fameux», tandis qu'une mĂ©tope en tuf du monoptère de Sicyone Ă  Delphes, sculptĂ©e aux environs de 560, le reprĂ©sente debout sur la nef ArgĂ´, en train de jouer de la lyre (Reynal Sorel, OrphĂ©e et l'orphisme, Que sais-je ?, 1995 - books.google.fr).

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