Le tour de France de Charles IX et de
Catherine de Médicis Arles et Beaucaire X, 93 2245-2246 La barque neusue receura les voyages, Là & aupres transfereront l'empire : Beaucaire, Arles retiendront les hostages, Près d’eux colomnes
trouuées de porphire. La barque de Janus Même les rares auteurs anciens qui ont fait venir Janus
du dehors, et d'un pays déterminé - par exemple, de chez les Perrhèbes, d'après une version recueillie par Athénée, et
résumée par Plutarque - n'ont pas précisé l'itinéraire qui l'aurait amené
jusqu'au Tibre, nécessairement après quelque traversée de la mer Ionienne. Rien
donc de comparable, dans les légendes romaines, à ce que l'on croyait savoir de
l'arrivée de Garmenta, avec son fils Evandre, leur bateau remontant le Tibre et le premier
sanctuaire supposé construit, au pied du Gapitole,
près du lieu présumé du débarquement. Nous ne prenons pas par hasard l'exemple
de Carmenta, car nous verrons qu'il y a des raisons
de rapprocher cette déesse - disons sa toute première figure - du primitif
Janus. Par Evandre, Carmenta
était censée appartenir au fond «arcadien» de la Rome tout à fait historique,
antérieure aux Troyens, à plus forte raison aux fondateurs d'origine albaine.
Le principal lieu de culte et de superstition de Janus sur la rive gauche du
Tibre, au bas de l'Argiletum, est assez proche du
fleuve, mais n'est jamais donné comme un lieu de « débarquement » du dieu. A
plus forte raison cette recherche aurait-elle peu de sens, si l'on rétablissait
le Janicule de la rive droite, comme nous serions tenté
de le faire, comme le plus ancien point d'appui de ce culte, de toute manière
Ă©tendu jadis aux deux rives du fleuve. L'image de cette barque primitive Ă©voque
bien Janus, non Saturne ; mais sans doute en relation avec les moyens primitifs
de traversée du Tibre, plutôt que comme instrument d'une navigation proprement
dite. Les superstitions les plus anciennes relatives au culte de Saturne, ce
que nous savons des Saturnalia, ne concernent
d'aucune façon les choses de la marine. Janus, à Rome, est tout à la fois un dieu venu d'assez
loin (aucun emprunt à proche distance n'est plausible) et un dieu fixé en des
points très déterminés de l’Urbs : ainsi le bas
de l'Argiletum, où l'on avait honoré, de toute
antiquité, son principal édifice : arc ou porche plutôt que «temple». La principale «contradiction» que les Modernes relèvent
dans le culte de Janus est probablement celle-ci : d'un côté des rites presque
vétilleux réglant le «passage» ; de l'autre un symbolisme quasi cosmique,
inscrivant ce dieu dans un vaste rythme temporel. A quelques jours près, le
mois de Janus coïncide avec le recommencement de la lumière solaire, réduite
lors du solstice d'hiver à sa plus faible puissance. Dès le temps de Domitien,
un poète comme Stace célèbre le consulat de l'empereur comme synchronique de ce
«lever» solaire : oritur cum sole novo, cum grandibus astris. Le principe de
ce symbolisme, qui tenait surtout Ă l'honneur qu'avait le consul, prenant ses
fonctions aux calendes de janvier, de prononcer la nuncupalio
solennelle pour l'année entière, n'est point nouveau sous les Flaviens, et la
IVe Eglogue de Virgile en avait donné un modèle inoubliable, en élargissant
cette année consulaire à la mesure d'une série de siècles. A certains égards, l'on
peut estimer que le thème, très flatteur, se développait en l'honneur d'un
consul illustre - et d'abord de l'empereur-consul - Ă proportion de la
détérioration que la multiplication des consuls suffecti
au cours d'une même année faisait inévitablement subir au prestige de la haute
magistrature. Ceux qui connaissent la langue provençale, ceux en tout
cas qui ont lu de près la Mirèio de Fr. Mistral,
savent que falabrego y désigne le micocoulier : cet
arbre donne son nom au mas où vit l'héroïne, en bordure du pays d'Arles. Parlant
de cet arbre dans son livre XVI, et rappelant que son nom principal Ă©tait
lotos, Pline relève, suivant son habitude, les autres qualifications qu'il a
reçues ; en particulier, il l'appelle faba Graeca. L'expression paraît être acceptée par les
commentateurs ; « encore ainsi dénommée » remarque un des plus savants, qui
énumère les formes suivantes : «lig(ure) faba greca,
prov(ençal) fabrigoulié, falabreghie, etc.». Croit-on
que le micocoulier ait pu jamais être comparé à une « fève », même grecque ? Ou
encore, que des dialectes provinciaux aient pu logiquement tirer, de cette
expression presque savante, une forme comme fa[l]abreg
? Le chemin inverse est plus vraisemblable : Ă notre avis, Ă l'origine du terme
provençal, il y a lieu de supposer un vieux vocable italique, devenu si isolé
que, dans l'usage, on le transforma en faba graeca. Mais cet ancien nom d'arbre n'aurait pu manquer
d'avoir un rapport avec le nom que nous venons d'Ă©tudier : falacer. La naissance de ce vocabulaire ne pourrait s'expliquer
que si, en une Italie primitive (IXe au VIIe siècle av. J.-C), l'arbre que nous
appelons micocoulier avait paru à des groupes de population portés à la
navigation, au moins fluviale, comme assez propre à fournir ces «rouleaux»,
parfaitement ronds et lisses, que des groupes antĂ©rieurs avaient demandĂ©s Ă
l'olivier. En d'autres termes, le dieu ou génie appelé Falacer,
l'espèce de flamme qui a dû servir son culte sous des formes primitives, aura
eu cet arbre pour symbole concret, de la même façon que, à Rome, tel
cornouiller contenait une signification divine. Convenons qu'aucun texte, en
l'Ă©tat actuel, ne met ce terme, falacer, en relation
avec le culte de Janus. Mais l'on distingue, en ce culte, divers traits qui
s'accorderaient avec le principe d'une «charpente navale» garantie par des
superstitions ; et, d'autre part, une tradition, constante jusqu'Ă l'Ă©poque
classique, met Janus tout à côté de Quirinus comme de Portunus.
Nous formulons donc cette proposition, naturellement Ă charge pour nous de la
justifier par les analyses qui vont suivre : à côté du flamen
Quirinalis, ou peut-ĂŞtre plus anciennement, un flamen falacer a dĂ» servir, dans
des groupes amphibies vivant dans l'Italie centrale, de la Sabine au site de
Rome, une première forme du culte de Janus, fondé essentiellement sur les
règles superstitieuses d'une charpente navale ; dès le début ou à la suite d'un
transfert d'espèces, le micocoulier aura été pour ces groupes l'arbre sacré,
propre à la construction de barques ou d'estacades le long des rivières Saint-Pierre de Fabregoules
(Sanctus Petrus de Fabressano, de Fanagregolo,
Sanctus Petrus de Fanabriculo) est une ancienne
Ă©glise des Aliscamps, Ă Arles, oĂą se trouvait un
micocoulier, connue aujourd'hui sous le nom de Saint-Pierre-des-Mouleyrès. Elle fut rebâtie après sa destruction en 1536,
et subsiste sur une portion vierge des Aliscamps Autour de cette église étaient groupés au moyen-âge
l'Hôpital des Pèlerins de Saint-Jacques et la chapelle de la Trinité, entourée
d'un cimetière, mentionnée par une bulle de Pascal II en 1113. Ces trois
édifices, situés à peu de distance au Nord de la voie romaine, qui traversait
les Aliscamps, étaient désignés au XIIIe siècle du
nom de « Fabregoule » (de Fabregol,
Farabregolo, Fanabregolo, Fanobriculo), c'est-Ă -dire des micocouliers, qui
ombrageaient le plateau rocheux des Mouleyrès. 1564 : l’année
commence en janvier Ce fut en cette année 1564 que le 4 août, le roi Charles
IX, par ordonnance rendue au château de Roussillon sur le RhĂ´ne, dĂ©cida qu'Ă
l'avenir l'année commencerait au 1er janvier au lieu de Pâques, fête mobile "Près d'eux
colonnes trouvees de Porphire" On comprendra "Près d'eux" et non "Près
deux". On a trouvé, en 1758, dans les substructions de l'église
Notre Dame de la Mahjor à Arles, un cippe dédié à Bona Dea par une ministra de la déesse ; les lettres de l'inscription, comme
le style des sculptures, sont de très bonne époque. Jusqu'en 1564, il y eut,
dans l'église ou dans le presbytère voisin, «huict
grosses et belles colonnes de porphyre antiques» ; Catherine de Médicis et son
fils Charles IX, passant à Arles, les firent emporter Au XVIe siècle, un bateau sombra dans le Rhône, à la
hauteur de Pont-Saint-Esprit. Il transportait, au moment du sinistre, huit
colonnes de porphyre, des bas-reliefs et des statuettes, dont les Arlésiens
voulaient faire cadeau Ă Catherine de MĂ©dicis. Le fait est exact ; les
chroniques de l'Ă©poque le mentionnent. Mais on n'en sait pas plus. On ignore
notamment si une tentative de renflouement fut menée à bonne fin Dans le chargement du bateau coulé dans le Rhône, il y
avait une statue de Janus : En 1563, le roi Charles IX et Catherine de MĂ©dicis, se
trouvant Ă Arles, permirent aux ducs de Lorraine et de Savoye, qui les
accompagnaient dans leur tournée, de faire emporter les tombeaux qui leur
plairaient le plus. Eux-mêmes, avant de quitter la ville, désignèrent pour leur
être envoyés à Paris, plusieurs riches sarcophages de marbre, des bas-reliefs
précieux, une statue de Janus, et huit colonnes antiques de porphire,
dont on dépouilla le chœur de Notre-Dame-la-Major. Tous ces objets furent
embarqués l'année d'après, mis en route sur le Rhône, et submergés vers le pont
du St.-Esprit "voyages"
et "hostages" Il faut probablement revenir Ă l'Ă©tymologie d'otages qui
est "hospes" : hĂ´te, ce que furent Charles
IX et Catherine de Médicis reçus à Arles. "hopes" a aussi le sens de voyageur (cf.
"voyages"). "veiage"
et "ostage" sont deux mots connus de la
Chanson de Roland (1080). Le mot hostage a une double
origine possible : il pourrait bien être le descendant direct du lat. pop. *obsidaticum, dérivé de *obsidem :
otage mais ostage, hostage
signifiait aussi logement, et l'expression prendre ou laissier
a ostage était appliquée aux prisonniers ostagiés, c'est-à -dire hébergés et donc retenus par leur
vainqueur. Pour le copiste du manuscrit d'Oxford il est probable que le h
initial d'hostage avait une valeur diacritique,
permettant de différencier l'otage de l'ostage, le
service d'ost que chaque vassal devait Ă son suzerain (c'est-Ă -dire
l'obligation de combattre pour lui et avec lui). Ostage,
hostage serait alors le dérivé d'oste,
hoste : celui qui reçoit ou qui est reçu, du lat. hospitem : l'hôte, celui qui reçoit ou qui donne
l'hospitalité. Le sens d'hostage dans l'occurrence de
notre texte est déjà moderne. Ostage semble avoir
également désigné un homme jouissant d'un statut intermédiaire entre l'homme
libre et le serf; il profitait d'une tenure en échange d'une redevance Joseph Bédier a montré qu'il y a peu de différences entre
les diverses versions de la Chanson de
Roland sauf pour les honneurs
posthumes rendus aux héros de Roncevaux : les uns sont ensevelis sur le chemin
de Blaye Ă Roncevaux, les autres sur le chemin de Rome Ă Arles Janus est un voyageur. Janus est un passeur. Dans le
monde des morts, il cumule les deux fonctions de gardien de porte et de passeur
des âmes. Pour cela il lui faut un bateau, celui-là même que l'on retrouve au
recto de la pièce romaine l'as. Grâce à sa barque, Janus passe du monde des
vivants au monde des morts et voyage à loisir sur fleuves et océans. Comme son
fils, Fontus, il est le dieu des sources, de l'eau
naissante. Par le biais d'une similitude de noms - porta : la porte et portus : le port - Janus est souvent
confondu avec Portunus ; ici le dieu des portes, lĂ le
dieu des ports. Les ports, passages entre deux éléments, terre et mer, portes
du monde marin Après avoir parcouru la Provence, Charles IX, arrivé à Beaucaire le 11 décembre 1564, alla, ce même
jour, coucher Ă Sernhac, pour se rendre le lendemain
au château de Saint-Privat Translatio imperii (cf. quatrain I, 32) Selon une interprétation du quatrain I, 32 des Centuries
de Nostradamus, la Laure que chante PĂ©trarque serait en rapport avec la
principauté d'Orange dont Philibert de Chalon (mort en 1530) fut titulaire. En 962, Otton I le Grand, duc de Saxe, restaura l'Empire de Charlemagne («renovatio imperii»). Cet Empire était composé de trois royaumes : la Germanie, l'Italie et Arles (ou la Bourgogne). Le cœur de l'Empire passa dans le royaume de Germanie, c'est pourquoi on parla d'une «translatio imperii» pour souligner le changement du centre de gravité par rapport à l'ère carolingienne. Mais les deux autres royaumes gardèrent tout de même une grande importance dans la politique impériale. L'Italie abritait, outre d'immenses richesses, le trône de Pierre, et le royaume d'Arles, était au XIIIe siècle l'enjeu de rivalités entre les voisins et leur parenté (dynasties de Savoie, Anjou, Angleterre et Habsbourg) (Cyrille Debris, "Tu felix Austria, nube", 2005 - books.google.fr). Il faut citer les visites de Charles IX à Glanum, Arles,
au Pont du Gard, à Nîmes, Narbonne, Saintes, lors de son grand tour de France
(1564-1565) dont la relation fut publiée par Abel Jouan.
Les souverains qui découvraient ainsi
les richesses de leur royaume au fil des étapes étaient enchantés par un
patrimoine qui en faisait les héritiers des Césars. [...] Le thème du roi
de France «imperator victorieux dans son apparence antique» est largement
exploité dans les arts figuratifs à partir de François Ier (A.-M. Lecoq,
François Ier imaginaire, Paris, Macula, 1987, p. 215-257). Guillaume Des Autels reprend le thème de la translatio
imperii au bénéfice de la France (Remonstrance
au peuple Françoys, de son devoir en ce temps envers
la majesté du Roy, Paris, 1559). Flattés dans leur orgueil et leur
ambition, certains tentèrent de légiférer pour préserver les monuments appelés
à disparaître sous la pression des particuliers. François Ier, le «Père des
Lettres et des Arts», fut à sa façon un pionnier : il ordonna de débarrasser la
Maison Carrée des éléments parasites qui défiguraient sa façade et de dégager
l'amphithéâtre nîmois : le couloir du premier étage redevenu accessible permit
d'en faire le tour. Pour achever les remparts de Narbonne, commencés sous Louis
XII, le roi ordonna de réunir les fragments d'architecture subsistants qui
provenaient en grande partie de la nécropole gallo-romaine de la ville. De
modestes tombeaux décorés de frises à rinceaux d'acanthe, avec des amas
d'armes, ou de triglyphes et métopes ornées de têtes de bovidés, furent ainsi
placés en couronnement des nouvelles murailles et portes, aux côtés d'autres fragments d'architecture (frises,
corniches, colonnes, trophées, stèles). Cette curieuse création, qui fut
poursuivie par ses successeurs, allia l'utile à l'esthétique : elle eut le très
grand mérite de préserver les antiquités de Narbonne et de faire de la cité un
musée en plein air. Lors de son passage à Arles, le roi se montra fâché de ce
que l'amphithéâtre n'eût pas été mieux conservé, défiguré à l'intérieur par les
multiples constructions qui en faisaient une véritable ville avec sa place et
ses églises. Henri IV envisagea de déblayer l'arène, sans résultat. Les
souverains, absorbés par des tâches plus urgentes, oubliaient vite les édifices
qui les avaient ravis et n'insistaient pas auprès des élus municipaux. Ils
devaient davantage compter sur leurs collaborateurs directs. C'est ainsi qu'en
1548 le connétable Anne de Montmorency, gouverneur du Languedoc et lieutenant
général d’Henri II, prit de sévères mesures pour la protection des antiquités
de Nîmes. Mais le pouvoir royal n'eut jamais la volonté de prendre en charge les
antiquités du sol national et de désigner un Raphaël français. En pratique ce
furent les dirigeants des cités qui assumèrent la gestion du patrimoine
antique. Les jurats, consuls et échevins se montrèrent en général respectueux
de l'héritage des Anciens et soucieux de le préserver Typologie Avec la date pivot de 1564, l'année 2246 se reporte sur
882. Le 15 octobre 879, Boson entre en rébellion contre les
successeurs carolingiens contestés, Louis III et Carloman II et se fait sacrer
Roi de Provence dans son château de Mantaille avec l'appui
des grands et celui minoritaire des évêques provençaux, dont Rostaing archevêque d'Arles. Toutefois, la tentative tourne
rapidement à l'échec et Carloman récupère la Provence après la prise de Vienne
en octobre 881 et laisse comme trace de son autoritĂ© quelques deniers frappĂ©s Ă
Arles. Mais dans cette période troublée, les Sarrasins toujours présents et
opportunistes, pillent à nouveau la cité peu de temps avant 883. À la mort de
Carloman (884), l'autorité de Charles III le Gros s'étend à la Provence; Boson
rentré en grâce s'éteint à Arles, le 11 janvier 887, et son fils Louis est
adopté peu après par l'empereur. En 890, Louis III est proclamé à son tour roi
de Provence toujours avec le soutien de l'archevêque d'Arles Rostaing. Résidant à Vienne, Louis entreprend au début de
son règne (896) quelques tentatives contre les Sarrasins qui continuent Ă
dévaster la Provence. Il se décharge ensuite de l'administration de son royaume
sur le comte Thibert qui intervient dans plusieurs
cités, en particulier à Arles. En cette fin de siècle, Arles est une citadelle
fortifiée dominant un territoire déserté. Plusieurs textes, évoquent des terres
dépeuplées par l'assaut des barbares qui s'installent vers 890 en Provence
orientale, au Fraxinet. Si la ville a abandonné son
rĂ´le de capitale, elle conserve toutefois un rĂ´le Ă©conomique et religieux
important. L'histoire de la première moitié du Xe siècle est marquée par Hugues
d'Arles, comte d'Arles et de Vienne, successeur du comte Thibert
et cousin du roi Louis III. En 911, il s'installe à Arles dont il fait, malgré
les conflits initiaux avec l'aristocratie locale (911-920) et ses activités en
Italie, la capitale de son royaume. Dès 948 (ou 949), Conrad, dit le Pacifique,
appuyé par le roi de Germanie, réussit à faire reconnaître sa suzeraineté sur
l'ancien royaume de Provence. Conrad affirme son autorité en créant le
marquisat de Provence et en nommant trois comtes et des vicomtes, Ă©trangers au
pays, dont un Ă Arles qui va rapidement supplanter tous les autres. Il s'agit
du comte d'origine bourguignonne Boson II (parent éloigné du Boson de la fin IXe siècle), à l'origine de la première lignée des
comtes de Provence Jean VIII
traita avec les Sarrasins et il s'engagea a
leur payer annuellement vingt-cinq mille marcs d'argent. Délivrée de ce péril,
Rome n'en devint pas plus tranquille et plus sûre; ceux-là même qui lui
devaient leur appui y exerçaient toutes sortes de déprédations. Lambert, duc de
Spolète, envoyé à Rome par l'empereur Charles pour la secourir, tourna contre
elle les armes par lesquelles il devait la protéger. Dès l'an 877, il avait
demandé des seigneurs romains en otage
; la proposition avait été rejetée avec indignation, et le pape lui avait même
écrit pour le prier de ne pas venir à Rome, car le peuple et le sénat étaient
violemment indisposés contre lui. Lambert ne tint aucun compte de cet avis, et
il se dirigea vers Rome en mettant tout à feu et à sang. Le pape le reçut
néanmoins en ami, mais Lambert s'empara de la ville, et il retint Jean VIII prisonnier
à Saint-Pierre. Pendant un mois, l'autel demeura dépouillé; l'église dévastée
ne vit plus célébrer aucun office dans son enceinte. Lambert prétendait agir au
nom de Carloman, mais on pensait généralement qu'il cachait sous ce prétexte
des vues ambitieuses, qu'il n'aspirait Ă rien moins qu'Ă se faire nommer empereur.
Le pape résolut d'aller se plaindre a Carloman des
violences exercées par celui qui le représentait. Il prit la voie de la mer, et
arriva Ă Arles le 11 mai 878. Le comte Boson
et sa femme, Hermengarde, fille de l'empereur Louis,
le reçurent avec les plus grands honneurs |