Saint Michel et le ver luisant

Saint Michel et le ver luisant

 

X, 69

 

2228

 

Le fer luysant de neuf vieux eslevé,

Seront si grands par Midy Aquilon

De sa soeur propre grandes ailes levé

Fuyant meurdry au buisson d'Ambellon.

 

"buisson d'Ambellon"

 

La première mention du nom d'Épernon remonte au début du XIe siècle mais il semble avoir une origine gallo-romaine et sa situation en bordure de la forêt explique l'étymologie : lieu couvert de buissons épineux (Patrice Boussel, Guide de l'Ile de France mystérieuse, 1969 - books.google.fr).

 

Ambellon pourrait désigner le prieuré Saint Thomas d'Epernon dont Michel d'Ambillou fut prieur de 1320 à 1334 (Joseph Beauhaire, Diocèse de Chartres: Chronologie des évêques, des curés, des vicaires et des autres prêtres de ce diocèse depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, 1892 - books.google.fr).

 

Ambillou (Gentilé : Ambellousiens) est une commune française située dans le département d'Indre-et-Loire, en région Centre-Val de Loire, à une vingtaine de km à l'ouest de Tours. Au XVIIe siècle la paroisse s’intitule “Saint-Martin d’Ambillou” (www.ambillou37.fr, Michel Nostradamus, Centuries, Livre de prophétie, 2017 - books.google.fr).

 

Bas latin Ambiliavus. Gentilice Ambilius et suffixe de possession avus : le domaine d'Ambilius. Parochia de Ambiloo, 1077, 1108. (Dom Housseau, t. XIV, n° 11.791 ; Archives départementales d'Indre-et-Loire-H, Charte de Marmoutier) ; Ambilleium, Ambillo, 1215 (Bibliothèque municipale de Tours, fonds Salmon, Chartes de Saint-Julien) ; De Ambilliaco, août 1231 (cartulaire de l’archevêché de Tours, charte 41, p. 88) ; Bertrandus de la Menaise, de parrochia de Anbilleto, 1247 (Archives nationales-JJ 274, Querimoniae Turonum, n° 1313) ; Ambillou, 1292 (Archives départementales d'Indre-et-Loire, chartes de Beaumont-lès-Tours et de Saint-Julien) ; Ambillou, décembre 1468 (Archives nationales - JJ 195, n° 156, fol. 44) ; Ambilleyum, 1469 (Martyrologium Sancti Juliani) ; Ambillou, XVIIIe siècle (carte de Cassini) (fr.wikipedia.org - Ambillou).

 

Les archives d’Indre-et-Loire conservent un registre incomplet sur parchemin qui contient une partie des visites faites par Jean de Mauléon, vingt-huitième abbé de Marmoutier, aux prieurés de son monastère, pendant son gouvernement de 1312 à 1330. Quand il passe à Saint-Thomas d'Epernon aux frais du prieur Michel de Ambillou, il vient généralement de Chartres. Michael de Ambilleio, Michel d'Ambillou, est nommé prieur dans les visites faites par l'abbé de Marmoutier au prieuré d'Epernon en 1321, 1324 et 1326. [...]

 

En 1537, le prieur de Saint Thomas, Michel Moreau, concède des bails de pièce de terre en friche et buisson (Mémoires, Volume 4, 1878 - books.google.fr).

 

En 1445, Robin Ambellon était procureur de la fabrique de l'église Saint Pierre à Saumur, près de laquelle se trouve à l'ouest un autre Ambillou (49), Ambillou-Château (20 km). Saumur se trouve à 50 km à l'ouest d'Ambillou (37) (Archives ecclésiastiques: Clergé séculier. Série G, Archives départementales de Maine-et-Loire, 1880  - books.google.fr).

 

1251

 

Geoffroy III de Conan fut élu abbé de Marmoutier à Tours en 1236. Pendant presque tout le temps de sa longue administration, il eut des démêlés sanglants avec les comtes de Blois. Hugues de Châtillon vint à Marmoutier en 1237, et voulut exiger pour lui et toute son escorte un repas et un gite, qu'il prétendait lui être dus chaque année. Furieux du refus de l'abbé, il fait briser les portes, jette à terre le crucifix et les images des saints, maltraite les religieux, pille l'abbaye et y laisse garnison. L'année suivante, il échoue dans une tentative d'enlèvement de l'abbé, qui visitait le prieuré de la Celle-en-Brie. Les foudres de l'excommunication arrêtent quelque temps ses violences; mais, aussitôt qu'il est absous, il s'y livre de nouveau. Jean de Châtillon, qui succède à son père en 1241, hérite de sa haine pour Marmoutier. Il pille aussi l'abbaye, et fait saisir dans le Blaisois et la Touraine tous les revenus du couvent. Il arrête, entre Fontaine-Mesland et Chouzy, deux religieux de Marmoutier, et les fait précipiter du haut d'un rocher; on les relève à demi-morts. Enfin, il s'empare de l'abbé lui-même, et le tient renfermé secrètement dans le château de Guise. Un jour, un cuisinier de l'abbé, étant venu au château, est aperçu par Geoffroy, qui se fait reconnaitre de lui. Le fidèle serviteur s'empresse d'aller révéler la position de l'abbé aux moines de Marmoutier, qui demandent aussitôt justice au pape et au roi de France. Le comte, irrité de voir qu'on a découvert le lieu où il retenait son prisonnier, le fait jeter pieds et poings liés dans un fossé, près du prieuré d'Epernon. Le prieur, que le hasard conduit en cet endroit, entend la voix du malheureux abbé; il le délivre, le conduit dans son prieuré, et lui donne des vêtements convenables à sa dignité. Geoffroy de Conan refuse, et dit qu'il veut se présenter devant le pape et devant le roi dans l'état misérable où le comte l'a mis. Il était resté, dit-on, près de sept ans dans sa prison, d'où il sortit vers 1251. Jean de Châtillon fut frappé d'excommunication à diverses reprises, mais n'en continua pas moins ses persécutions. Enfin, le roi saint Louis, voulant y mettre un terme, achète en 1253, moyennant quatre mille cinq cents livres, les droits des comtes de Blois sur Marmoutier; les religieux rendirent au roi trois mille cinq cents livres. Saint Louis prit alors l'abbaye sous sa protection et celle de ses successeurs, et la déclara libre de toute redevance envers les rois de France. Malgré ces persécutions incessantes, la construction de l'église ne s'arrêta point, et l'on croit que ce fut l'abbé Geoffroy qui continua l'église depuis la quatrième travée jusqu'aux grands piliers qui s'élèvent devant le Repos-de-Saint-Martin. En 1240, plusieurs commissaires nommés par le pape visitèrent l'abbaye de Marmoutier et firent quelques statuts. Plus tard, Innocent II ajouta de nouveaux règlements pour renouveler la ferveur et l'esprit de saint Benoît dans l'abbaye. L'abbé Geoffroy termina sa laborieuse carrière le 19 juillet 1262, et fut enterré près de la porte de l'Aumônerie (Mémoires de la Société archéologique de Touraine: Série in-80, Volume 11, 1859 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Abbaye de Marmoutier (Tours)).

 

"meurtri" (meurdri) a le sens moderne (blessé) déjà au XVIe siècle (Dicitonnaire étymologique Larousse, 1969).

 

Les Châtillon

 

Marie hérite des comtés de Blois puis en héritage de sa tante Mathilde recoit le comté de Chartres et de la seigneurie de Châteaurenault. Elle épouse en 1230 Hugues de Chatillon Comte de Saint Pol (veuf d'une fille de Thibaud comte de Bar), il était le fils de Gaucher III de Chatillon (sur Marne) et d'Elizabeth comtesse de Saint Pol. Marie et Hugues ont eu quatre enfants:

 

- Jean I qui suit,

- Guy Comte de Saint Pol,

- Gaucher Seigneur de Crécy et de Crevecoeur, il est mort en 1261,

- Hugues mort sans postérité en 1255

- Basile, qui devient en 1248 Abbesse de Notre Dame du Val dans le Diocèse de Liège, elle est morte en 1280.

 

Outre le Comté de Blois, il hérite des Seigneuries d'Avesnes, Condé, Guise et Landrecies. Il épouse en 1254 Alix de Bretagne fille du Duc Jean I de Bretagne et de Blanche de Champagne-Navarre. Jean et Alix ont une fille Jeanne qui suit. Avec sa femme il s'est occupé d'établir à Blois de nouvelles fondations religieuses: en 1256 ce sont les Cordeliers, en 1271 il fonde le Monastère de la Guiche à Chouzy, en 1273 les Jacobins puis la Collégiale Saint Jacques et Saint Honoré. Dans les années 1270 il est nommé Lieutenant Général du Royaume.

Jean est mort le 5 mai 1280 à Chambord. Après sa mort la Comtesse Alix fit de grands dons au nouveau Monastère de La Guiche, elle est morte en 1287 à l'issue d'un pélerinage qu'elle venait de faire en Terre Sainte (www.francebalade.com).

 

Le comte Jean de Châtillon a pu avoir une soeur nommée Basile de Dunois «filia comitis de Dunois», comme s'exprime la Nouvelle Gaule Chrétienne. Elle fut abbesse de Notre-Dame-du-Val, près d'Huy, diocèse de Liège, l'an 1248, abdiqua volontairement l'an 1256, consentit à redevenir abbesse l'an 1270, et mourut l'an 1280 (Jean B. Bordas-Demoulin, Histoire du Comté de Dunois, de ses comtes et de sa capitale, 1850 - books.google.fr, Denis de Sainte-Marthe, Gallia christiana, Tome 3, 1725 - books.google.fr).

 

La maison de Châtillon tirait son nom d'un comté champenois dont Châtillon-sur-Marne (Marne) était le chef-lieu. La filiation suivie commence avec Guy Ier de Châtillon (mort après 1076/1089), seigneur de Châtillon-sur-Marne, peut-être lié aux personnages cités plus haut et fils de Milon de Châtillon et d'Avenelle de Montfort (l'Amaury ?). Il serait frère du pape de la première croisade Urbain II (fr.wikipedia.org - Maison de Châtillon).

 

Avenelle de Montfort l'Amaury est la fille d'Amaury Ier de Montfort  (gw.geneanet.org).

 

"luysant"

 

Luisant est un faubourg de Chartres. Jean de Châtillon sera comte de Chartres en 1269 en héritant de Mahaut, sa cousine (L'Art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques, et autres anciens monuments, depuis la naissance de Jesus-Christ, Tome 3, 1818  - books.google.fr).

 

Autre "luysant" peut-être en rapport avec Chartres : cf. quatrrain VIII, 5.

 

"neuf vieux" : renouvellement d'une querelle

 

Un frère de saint Louis, Alphonse, comte de Poitiers et de Toulouse, offrit sa médiation dans ce grave conflit; ses instances ramenèrent Jean de Châtillon à de meilleurs sentiments ; nous en avons la preuve authentique. Ce fut, en effet, à la prière d'Alphonse, que le comte de Blois réintégra les moines de Marmoutier dans tous les droits, privilèges et franchises, dont ils jouissaient avant les discordes passées, à Mesland, à Chouzy et aux environs : «Et primitus eos in statu in quo erant tempore motæ dis« cordiæ sive litis inter bonæ memoriæ nobilem virum « Hugonem de Castellione, patrem nostrum, et ipsum abbatem a et conventum.» Jean de Châtillon (fils de Hugues) leur permit d'acquérir toutes sortes de biens-fonds, dans l'étendue de ses domaines et fiefs, pour les posséder paisiblement et sans payer aucune indemnité, déclarant les amortir d'une manière générale, à perpétuité et gratuitement.

 

La querelle sur les droits de gite avait pris naissance sous le comte Hugues; mais ce fut son successeur, Jean de Châtillon (Bernier, histoire de Blois, p. 312). La Gallia Christiana continuée (t. XIV, col. 226) impute à tort au père les violences du fils ; nous devions relever cette erreur (A. Dupré, Recherches historiques sur le prieuré de Notre-Dame de Mesland-lès-Blois, membre dépendant de Marmoutier, Bulletin trimestriel de la Société archéologique de Touraine, Volume 1, 1868 - books.google.fr).

 

"ambelon"

 

Dans les villages de la région de la Pitsilia, c'est un enfant qui tenait le plant et même, on ceignait le premier plant sur son postérieur à l'aide d'une ceinture pour que les plants soient féconds (Hadjitheodoulou, 1977 : 82). Un autre mettait le plant dans le trou en criant ambelon, ambelon (vigne, vigne), un autre versait un peu d'eau, tandis qu'un autre jetait un peu de terre pour faire de la boue et plantait par trois fois (Euphrosyne Rizopoulou-Egoumenidou, Fêtes et rites agraires à Chypre, Fêtes et rites agraires en Europe: métamorphoses, 2004 - books.google.fr).

 

« Ambelon » du grec « ampelos » vigne.

 

O Père dont jadis les mains industrieuses

Cette vigne ont planté, vois comme au lieu du fruit

Qu'elle dut rapporter, ingrate elle produit

Pour couronner ton Fils des ronces épineuses (Théorèmes sur le sacré mystère de notre rédemption I, II, Sonnet 64) (Jean Rousset, Jean de La Ceppède, 1947 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Jean de La Ceppède (vers 1550 - 1623)).

 

Le rapprochement de deux figures typologiques, la vigne saccagée du prophète Isaïe d'une part (Is 5,1, cf. Mt 21,33-44), le buisson ardent d'autre part, multiplie la puissance des correspondances. Le sonnet ne saurait se contenter de juxtaposer deux séries parallèles, séparées par la coupure entre le huitain et le sizain, sa tension naturelle l'amène à créer une relation dynamique entre ces deux parties. Le sonnet 64 fait donc partie de ces poèmes qui créent, selon Julien Geury, «un effet très retors de complication exégétique. La linéarité didactique disparaît au profit d'une recherche de densité absolue dans l'expression». L'utilisation du passage d'Isaïe semble naturelle, dans la mesure où il fait traditionnellement partie de la liturgie de la Semaine Sainte. La Ceppède précise simplement le lien entre la couronne dérisoire du Christ et les ronces qui ont recouvert la vigne par l'adjectif «épineuses». Le second rapprochement est fourni par Crespet (1543 - 1594) (Christophe Bourgeois, Théologies poétiques de l'âge baroque: la muse chrétienne, 1570-1630, 2006 - books.google.fr) :

 

Que veut dire qu'il choisit vn buisson pour se manifester, & qu'estant enuironné d'espines, il traicte auec Moyse de la deliurance de son peuple: Cela denotoit qu'il descendroit un jour au buisson espineux de nostre mortalité, laquelle estoit toute enuironnee d'espines, qui l'auoyent percee de toutes parts, tant que le sang en sortoit, à sçauoir le peché qui la couuroit de ses espines, & de ce buisson a esté composee vne couronne qui a enuironné le chef de Iesus Christ nostre Sauueur & liberateur, mais le feu a esté si bien allumé au buisson par l'accessoire de la diuine nature qui est vn feu ardent & non consumant, que les espines n'ont point esté bruslees, mais comme l'or ont esté plus purgees & nettoyees au feu: car la nature humaine qui estoit nauree, a ietté son ordure, &par l'assistance de ce feu, a este nettoyee & purifiee de son antique contagion (Pierre Crespet, Le triomphe de Jésus et Voyage de l'âme dévôte s'acheminant par quarante journees au mont de Calvaire, 1586 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Pierre Crespet).

 

M. Lafay : Il existait alors des foyers très riches de littérature et de vie poétique dans les provinces françaises avec des poètes beaucoup plus considérables, tels les satiriques normands : Sonnet de Courval, du Lorens, Angot de l'Eperonnière, ou, dans la région de Poitiers : Scévole de Sainte-Marthe, Nicolas Rapin, Raoul Cailler, Bouchet d'Ambillou, Jean Déplanches, Bernier de La Brousse, Mage de Fiefmelin, autour de Toulouse: les frères Trellon, François Ménard, en Lorraine : Lazare de Selve, Jean de Schélandre, Charles de Navières, en Provence : le cercle d'Henri d'Angoulème et sa suite, avec La Ceppède, César de Nostredame, Deimier, Lortigue ; et l'on pourrait poursuivre cette énumération. Ne constate-t-on pas une évolution, un appauvrissement si l'on compare la situation au début du XVIIe siècle à celle des poètes provinciaux sous Louis XIV ?

 

M. Bailbé : Cet appauvrissement est manifeste chez les poètes normands dont j'ai parlé. Ils rappellent sans cesse (ainsi que Garaby de La Luzerne) le souvenir de Malherbe et de Vauquelin de La Fresnaye, ils leur empruntent quelques thèmes. S'ils ne sont pas de grands poètes, certains (Moisant de Brieux) excellent dans la poésie latine. Mieux encore, ils doivent beaucoup à la période précédente dans leur conception de la vie (solitude, retraite, résignation stoïcienne, opposition de l'être et du paraitre).

 

Mme Goyet : J'ai été très touchée par le fait que vous avez marqué qu'il y a eu une secousse dans la vie provinciale lorsque la grande bourgeoisie (qui mène la vie intellectuelle et qui est, en grande partie, réformée) est atteinte par la Révocation. Quant à Huet, je veux bien que vous l'adoptiez pour sa partie normande, mais la partie érudite et théologique est plus importante. Le lien avec Montausier me semble être, en grande partie, un lien d'érudition latine, puisque c'est Montausier qui a eu l'idée des classiques ad usum delphini, éditions lourdement annotées de façon à ce que les gens du monde apprennent le latin par l'accumulation. Or Huet en est le grand réalisateur. Il a pu se dire fatigué de la cour ; ce n'était pas le travail qu'il avait fait pour le Dauphin qui l'avait fatigué. La part la plus importante de la vie de Huet, c'est la bibliothèque (on l'avait qualifié de «bibliothèque ambulante»). Même s'il garde des attaches provinciales, Huet échappe aux lieux, parce qu'il est dans les livres, il est extratemporel, si l'on peut dire. Ce ne sont pas ses évêchés, Soissons, Avranches, qui l'ont occupé. Mais cela n'empêchait pas qu'il ait eu un certain amour de la province, une certaine fierté provinciale.

 

M.Mandrou : Je ne sais pas si l'évêque d'Avranches était aussi absent de son diocèse qu'on l'a dit il y a un instant ; il est intervenu dans des affaires de sorcellerie, et il s'est occupé de très près d'une espèce de voyante. Il savait donc sortir de sa bibliothèque pour s'occuper de ses ouailles (Les Provinciaux sous Louis XIV: 5e Colloque de Marseille, 1975 - books.google.fr).

 

En 1709, l'abbé Paul Tallemant traduit l'églogue latine due Daniel Huet Lampyris ou Le Ver luisant en 1709 (Édouard Frère, Manuel du bibliographe normand: ou Dictionnaire bibliographique et historique, Tome 2, 1860 - books.google.fr).

 

Une nymphe se voit offrir par sa mère un collier qui attire tous les regards sur elle. Ses compagnes par jalousie le lui volent. Cherchant partout son collier, et ne le retrouvant pas, Lampyris est chassée par sa mère. La déesse Diane par compassion la métamorphose en vert luisant (Huetiana, ou pensées diverses de M. Huet, evesque d'Avranches, 1722 - books.google.fr, M. Baudement, Les églogues de Huet, Mémoires de l'Académie nationale des sciences, arts et belles-lettres, de Caen, 1870 - books.google.fr).

 

Pierre-Daniel Huet, né à Caen le 8 février 1630 et mort à Paris le 26 janvier 1721, est un philosophe, théologien et érudit français. Il est évêque de Soissons, évêque d'Avranches, dont dépend l'abbaye du Mont Saint Michel, de 1692 à 1699, et membre de l'Académie française. Entré dans les ordres tardivement, il aura été marqué toute sa vie par une forte proximité avec les diverses communions chrétiennes, mais également avec les dogmes païens, en témoigne un de ses premiers ouvrages, publié sous le titre de Demostratio evangelica (1679) (fr.wikipedia.org - Pierre-Daniel Huet, fr.wikipedia.org - Diocèse d'Avranches).

 

René Bouchet, sieur d'Ambillou, neveu de Scévole de Sainte-Marthe, fils d'Etienne Bouchet, sieur d'Ambillou, conseiller au siège royal de Saumur et de Marguerite de Sainte-Marthe, naquit en 1560, à Saumur en Anjou (Jean-François Dreux du Radier, Bibliothèque historique et critique du Poitou : Histoire littéraire du Poitou, 1849 - books.google.fr).

 

"fer luysant" : jeu de mot, ver luisant et buisson

 

Les Vers luisans, que les Anciens ont nommés cicindela, Lampyris, & noctiluca terrestris, sont des insectes assez communs, je veux dire les femelles, car les mâles ne sont pas si aisés à trouver : je n'ai encore vu que les femelles, qui n'ont point d'ailes, mais les mâles en ont, & ils appartiennent à l'ordre des insectes dont les ailes sont couvertes de deux fourreaux écailleux (coleoptera) (Charles De Geer, Mémoire sur un vers luisant femelle et sur sa transformation, 1751 - books.google.fr).

 

On trouve les Lampyres, ou vers-luisans, partout, à la campagne, dans les prairies et aux bords des chemins, près des buissons, particulièrement aux mois de Juillet et d'Août. Lorsqu'on les cherche après le Soleil couché, la lueur étincelante qu'ils répandent au milieu des ténèbres, les décèle bientôt à nos yeux, et les expose aisément à nos recherches (Guillaume-Antoine Olivier, Entomologie, ou Histoire naturelle des insectes, Tome 2, 1790 - books.google.fr).

 

Tels sont les vers qui brillent tellement dans les Indes durant les nuits chaudes, qu'il semble que les buissons soient tout en feu (Mercure français, Volume 168, 1751 - books.google.fr).

 

A Samoggia près de Bologne, ce sont les lucioles qui tranforment les buissons en buissons ardents (Antoine Furetière, Dictionnaire Universel, Tome 2 : E - N, 1708 - books.google.fr).

 

Le lampyre a la faculté d’émettre de la lumière par la partie terminale de son abdomen (seul le dernier segment est lumineux chez les larves et les mâles, alors que la femelle, beaucoup plus lumineuse, émet aussi par la face ventrale des deux avant-derniers segments). Les œufs eux-mêmes sont lumineux. Ce phénomène est dû à un effet de bioluminescence. Cette manifestation prend forme lors d’une forte concentration de luciférine et de luciférase dans les cellules. Lorsque l’on mélange la luciférine avec de la luciférase, cela produit une lumière verdâtre (elle peut être bleue, jaune ou rouge dans d'autres espèces). Cette réaction biochimique est très particulière car elle produit seulement 5 % de chaleur et 95 % de lumière. Ce phénomène est aussi observé chez certains poissons. Les femelles aptères émettent cette lumière pour attirer les mâles qui, eux, sont pourvus d'ailes, et donc plus mobiles (fr.wikipedia.org - Lampyre).

 

On a tout d'abord songé au phosphore, tel que l'entend la chimie. On a calciné le Lampyre et traité par les brutales réactions qui mettent à découvert les corps simples ; dans cette voie, nul, que je sache, n'a obtenu réponse satisfaisante. Le phosphore paraît être ici hors de cause, malgré la dénomination de phosphorescence que l'on donne parfois à la lueur du ver luisant (Jean-Henri Fabre (1823-1915), Souvenirs entomologiques  Série X, Note, Le ver luisant - www.e-fabre.com).

 

Phosphore est traduit en latin par Lucifer, combattu par saint Michel.

 

Dans le Contemplateur de Saint-Amant, que Nicolas Faret avait appelé «une sublime leçon de la plus parfaitte Sagesse, & de la plus haute Philosophie Chrestienne & Morale», l'imagination du poète établit des rapports entre le monde naturel et le monde spirituel : la contemplation de la mer engendre des associations sur le déluge ; le passage d'une colombe déclenche l'association du Saint-Esprit et de la paix ; un ver luisant devient signe de la toute-puissance de Dieu et rappelle l'épiphanie de Dieu au buisson ardent ; le lever du soleil provoque la méditation sur la résurrection et sur le Jugement dernier. Dieu est métaphorisé «autheur de la nature» ; la nature est l'art de Dieu (Dorothee Scholl, Moyse sauvé: poétique et originalité de l'idylle héroïque de Saint-Amant, 1995 - books.google.fr).

 

D'un Ver tapi sous les buissons,

Qui au laboureur prophétise

Qu'il faut que, pour faucher, aiguise

Sa faulx et fasse les moissons.

Gentil prophète et bien appris,

Appris de Dieu qui te fait naître

Non pour néant, mais pour accroître

Sa grandeur dedans nos esprits !

Et pour montrer au laboureur

Qu'il a sOn ciel dessus la terre,

Sans que son œil vaguement erre

Erre en haut pour apprendre le heur

Ou de la tête du Taureau,

Ou du Cancre, ou du Capricorne,

Ou du Bélier qui de sa corne

Donne ouverture au temps nouveau (Livre D'or de Remy Belleau, 1969 - books.google.fr).

 

Pline l'Ancien (N.H. 2, 105) tient le raisonnement que tient : «Qui peut douter en effet que les étés, les hivers et tous les phénomènes saisonniers qui s'observent annuellement ne soient dus au mouvement des astres ? Ainsi, de même qu'on voit l'action du soleil régler le cours de l'année, de même les autres astres ont chacun leur pouvoir propre». Pourtant l'attitude de Pline à cet égard est assez ambiguë : d'une part, il affirme que les vers luisants sont certainement produits par les Pléiades (N.H. 18, 253) et il emploie deux fois (2, 105 et 18, 210) le mot même de «cause» ; d'autre part, il utilise aussi dans ce livre 18 des termes n'impliquant que l'idée de signes annonciateurs (signum, significare, etc.) et il insiste plusieurs fois sur le fait qu'il n'y a pas toujours coïncidence exacte entre tel mouvement stellaire et tel phénomène terrestre ; à la différence du monde sidéral, séjour de la perfection divine, le domaine infra-lunaire n'échapperait pas à un certain désordre (André Le Bœuffle, Le ciel des romains, 1989 - books.google.fr).

 

Les Hyades et les Pléiades font partie du Taureau ; elles sont célèbres par l'usage qu'en faisaient les anciens pour l'agriculture et la navigation. Les Hyades, groupées sous les yeux du Taureau, offrent une ressemblance assez frappante avec la tête de cet animal pour que les sauvages eux-mêmes l'aient saisie. Les habitants des rives de l'Amazone les nomment Tapira (tête de beuf.) Virgile les qualifie de pluvieuses. Leur nom, dérivé de hiems (hiver), provient de ce qu'elles annonçaient les pluies printanières. Au milieu des Hyades brille Aldébaran, l'eil méridional du Taureau. Les Pléiades sont un groupe de sept étoiles placées sur l'épaule du Taureau, et si rapprochées les unes des autres qu'elles paraissent liées. De là vient que les habitants du Groënland les appelaient liées ensemble, comme l'Étoile polaire, celle qui ne marche point. Les Pléiades se nomment aussi la Poussinière, par analogie avec des poussins groupés sous l'aile de leur mère (François Moustey, Exposition élémentaire du système du monde, 1856 - books.google.fr).

 

L'axe de l'église abbatiale du Mont Saint Michel, comme celui de Notre-Dame de Paris, est incliné de 26° par rapport à l'ouest géographique, suivant une ligne qui va d'Avranches au Mont Dol. Ainsi, le 8 mai, fête de la Saint-Michel de printemps, le soleil qui se lève vers Avranches, illumine le Mont dans l'axe des Gros Piliers de Notre-Dame sous Terre et de la nef. L'axe du chœur de l'église Saint-Pierre est beaucoup moins incliné sur le parallèle. Il correspond au lever du soleil le 29 septembre, principale fête de saint Michel. Plus curieuses encore, les études de géographie sacrée du Mont sont aussi plus controversées. Elles établissent des relations mystérieuses entre des sites fort éloignés. Sur une carte en projection de Mercator, le Mont Saint-Michel se trouverait dans un alignement remarquable : du Mont Carmel en Israel, qui fut le rocher du prophète Elie. une ligne terrestre passerait par Délos, dédiée à Apollon, Delphes, siège d'un oracle de la Terre et temple d'Apollon qui y tua le serpent Python, Corfou, île d'Anémis, soeur d'Apollon, le Monte Gargano en Italie. premier sanctuaire européen de l'Archange, la Sacra di Sar Miche en Piémont, célébre monastère bénédictin à 1000 mètres d'altitude, le Mont Saint-Michel de Normandie, Saint Mickael's Mount, une pyramide rocheuse surmontée d'une église à la pointe de Cornouailles, et le Skellig Michael, une île au sud-ouest de l'Irlande. Cet axe orienté SE-NW correspondrait à l'axe zodiacal Vierge-Poissons ! (Dag'naud, Secrets du Mont Saint Michel, 1992 - books.google.fr).

 

Le 8 mai était une journée étroitement liée au «saint Michel» du Moyen Âge, à l'archange qui «est comme Dieu lui-même». [...] C'est un 8 mai (de l'année 490) que Michaël se manifesta pour la première fois en Europe, sur le Monte Gargano, dans les Pouilles italiennes.., en un lieu dédié aux Mystères de Mithra. Il fit entrer un taureau blanc dans la grotte du devin Calchas, célèbre depuis l'Odyssée. Après avoir été aperçu par des bergers, Michaël apparut en songe à l'évêque du lieu, auquel il expliqua les raisons de sa venue. Trois ans plus tard, au cours d'une troisième apparition, il prit possession de cette grotte peu éloignée du sommet, et la légende raconte qu'il l'aurait lui-même consacrée comme lieu de culte et de pèlerinage. Plus tard, on construisit dans cette grotte une église qui lui fut dédiée (Irène Diet, Jules et Alice Sauerwein et l’anthroposophie en France, 2010 - books.google.fr).

 

On retrouve Mithra en cette Xème centurie. Le Taureau est un élément de son culte (taurobole).

 

Varron dont j'ai entre les mains l'édition de 1619 indique au Livre I, chapitre 28, des intervalles qui permettent de calculer des jours précis. [...] Je compte en effet 44 jours de l'équinoxe de printemps au lever des Pléiades, de l'équinoxe de printemps au lever des Pléiades, ce qui met leur lever aux Nones de mai c'est-à-dire le 7 mai. Je compte 32 jours de l'équinoxe d'automne jusqu'au coucher des Pléiades, ce qui permet de fixer leur coucher au sixième jour des Kalendes de novembre, c'est-à-dire le 27 octobre. Les calculs ont été faits d'après le calendrier julien et je ne crois pas qu'ils soient discutables. Je n'ai pas, en effet, trouvé dans Pline l'ancien les dates de ces phénomènes ; il y fait référence sans autre précision. Quant à Bassus et Théophraste, je n'ai pu les consulter ; mais répétons, comme je l'ai constaté plus d'une fois, que  l'autorité des écrivains de l'antiquité est presque toujours suspecte lorsqu'elle n'est pas accompagnée de références précises (L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, Numéros 508 à 518, 1994 - books.google.fr).

 

Le lever des Pléiades accompagne le début de l'été le 9 mai selon Varron, le 10 selon Pline qui suit le De astris du Pseudo-César (Jacqueline Champeaux, Fortuna: Les transformations de Fortuna sous la République, 1982 - books.google.fr, Pierre Brind'Amour, Le calendrier romain: recherches chronologiques, 1983 - books.google.fr).

 

L'attention minutieuse prêtée au réel, qui fait de Belleau un précurseur de Ponge, conduit à un monde transfiguré et merveilleux. Le miracle du «Ver luisant de nuit» n'est-il pas de faire descendre le ciel sur la terre et les étoiles parmi les champs ? (Littérature française du XVIe siècle, 2000 - books.google.fr).

 

Aquilon - Saint Michel

 

On a parlé du psaume 112, au sujet de la chaise percée des papes, où apparaît le "Qui est comme Dieu", traduction du nom de l'archange Michel. On le retrouve au psaume 88 avec Aquilon et Midi (Mer). [...]

 

On entend ici par l'aquilon, la parties septentrionale du monde, & par la mer, la partie meridionale, à cause de la grande mer Oceane qui s'étend principalement au midi (Isaac-Louis Le Maistre de Sacy, Les Psaumes de David, Tome 2, 1710 - books.google.fr).

 

Il existe la crypte de l'Aquilon du Mont Saint Michel appelée ainsi déjà du temps de l'historien du Mont, Dom Jean Huynes, qui entra à l'abbaye en 1633 (Édouard Le Héricher, Mont Saint-Michel, monumental et historique, 1846 - books.google.fr).

 

S'il y eut entre abbayes des luttes pour la possession d'églises ou de terres, qui donnèrent parfois lieu à des conflits armés avant de se terminer par des échanges et des règlements amiables, il ne faudrait pas cependant tout réduire à de sordides revendications matérielles. Dans l'île de Guernesey, le Mont Saint-Michel avait des intérêts multiples : donations, échanges et restitutions se succédaient quand, un peu avant 1058, Guillaume le Bâtard enleva la moitié de l'île au vicomte de Saint-Sauveur, Néel qui s'était révolté contre lui, et la donna à Marmoutier. Cette donation ne fut pas faite à l'insu de l'abbé du Mont Saint-Michel, puisqu'il signa la charte. Est-ce un épisode déplaisant de l'extension de Marmoutier, qui s'implanterait dans la zone d'une autre abbaye ? Dans la charte, il y a une clause originale : elle prévoit que les prêtres desservant les paroisses données à Marmoutier seront nommés par l'abbé de Marmoutier, et qu'un moine résidera dans l'île pour représenter son abbé et exercer sur les prêtres un contrôle efficace. On connaît assez l'histoire des dépendances du Mont Saint-Michel et de Marmoutier pour savoir que, dans les premières, il n'y a aucun exemple d'une participation des moines à la charge pastorale, alors qu'elle est fréquente dans les secondes. Il est regrettable certes qu'on n'ait aucun texte canonique ou spirituel pour définir ces positions divergentes (Jacques Dubois (O.S.B.), Histoire monastique en France au XIIe siècle: les institutions monastiques et leur évolution, 1982 - books.google.fr).

 

Jean de Châtillon est le petit-fils de Gaucher III de Châtillon qui participe à la conquête de la Normandie anglaise par Philippe Auguste aidé des Bretons qui incendient le Mont saint Michel à défaut de le conquérir.

 

Après la mort de Richard Cœur de Lion en 1199, Philippe-Auguste prend le parti d'Arthur de Bretagne contre Jean sans Terre pour la succession au trône d'Angleterre. Suite au refus de Jean de lui prêter hommage, Philippe-Auguste confisque toutes les terres continentales de son rival et entreprend la conquête de la Normandie. En 1203, Gaucher III rejoint ainsi l'ost royal avec le duc Eudes III de Bourgogne et le connétable de Champagne Guy II de Dampierre, et combat probablement au siège de Château-Gaillard en 1203, puis lors de l'avancée en Normandie aboutissant à la prise des villes de Falaise, Caen, Bayeux puis enfin au siège de Rouen le 1er juin 1204. À l'issue de cette victoire, il fait partie des hauts barons français qui signent avec le roi Philippe-Auguste le traité qui assure la reddition de la ville (fr.wikipedia.org - Gaucher III de Châtillon, www.histoire-normandie.fr).

 

Aristote et une île

 

Après avoir ainsi réglé la disposition de son collége, Geoffroy du Plessis, évêque d'Evreux, à qui l'abbé de Marmoutier Jean II de Mauléon avait confié l'école de l'abbaye appelée Saint Martin du Mont, donne par son testament aux religieux de Marmoutier ses livres, qui consistoient dans le décret de Gratien, les livres des décrétales, le sexte et le septième livre des décrétales, les sommes du pape Innocent et du cardinal d'Ostie, le répertoire du droit, une concordance, une somme des confesseurs, les épitres de saint Bernard et de Pierre de Blois, le catholicon, le livre de la propriété des choses, une légende dorée, une bible, un graduel, un missel, deux livres de sermons, le livre intitulé les Secrets des secrets, et le livre de la Sibylle Érytrée. Ces livres en ce temps-là faisoient une riche bibliothèque, mais aujourd'hui, la plupart ne seroient point considérés. Il ajouta à cela une petite croix dorée et beaucoup de vaisselle d'argent (Edmond Martene, Histoire de l'abbaye de Marmontier: 372-1792, Tome 2, 1875 - books.google.fr).

 

Sous Guillaume le Conquérant (1035-1087), alors que les fils de Tancrède de Hauteville occupent le sud de l'Italie, en particulier les Pouilles, c'est-à-dire le tème de Lombardie, la vie monastique connaît dans la province ecclésiastique de Rouen un magnifique épanouissement. A cette époque, les échanges culturels entre l'Italie et la Normandie sont remarquables : Jeannelin (1031-1078), neveu de Guillaume de Volpiano et originaire des environs de Ravenne, gouverne la Trinité de Fécamp ; un autre neveu de Guillaume de Volpiano, Suppo de Fruttuaria, devient abbé du Mont Saint-Michel qu'il enrichit de manuscrits dont nous regrettons d'ignorer la liste ; Maurille, le futur archevêque de Rouen (1055) avait mené la vie érémitique à Vallombrosa et avait été abbé de Sainte-Marie de Florence ; le dialecticien Anastase le Vénitien, arrivé au Mont Saint- Michel avant 1048, se retira avec Robert de Tombelaine (mort en 1090) sur cet îlot où il demeura jusqu'en 1067, date de son départ pour Cluny. Dès cette époque, on connaissait à l'école du Mont Saint-Michel certains écrits d'Aristote.  La concession à l'abbaye par Robert le Magnifique, de la justice dans l'île de Guernesey réclamait aussi des connaissances juridiques de la part de quelques moines (Millénaire monastique du Mont Saint-Michel, Volume 2, 1967 - books.google.fr).

 

La grande tradition établie par Lanfranc et maintenue avec un succès éblouissant par saint Anselme, était favorable à l'étude, à celle même d'auteurs païens ; elle reconnaissait l'utilité de la dialectique et de la logique aristotéliciennes jusque dans l'étude de l'Ecriture . Pour s'en convaincre, il suffit de se référer à un célèbre passage où Lanfranc prend parti pour la dialectique contre les «simples»

 

Saint Anselme a reçu sa formation intellectuelle à l'abbaye du Bec, en relations étroites avec le Mont Saint-Michel, qui fournira bientôt à ce dernier un de ses abbés les plus cultivés, le grand humaniste Robert de Torigni. La célèbre bibliothèque de l'abbaye du Bec est en grande partie perdue. Cependant, nous pouvons nous former une idée assez exacte de ses grandes richesses. Car, un des manuscrits d'Avranches a conservé un très ancien catalogue, datant du XIIe siècle, de l'armarium du Bec, grâce auquel nous constatons que l'abbaye du Bec possédait, à l'époque, tous les ouvrages d'Aristote dont Boèce avait laissé la traduction.

 

Le catalogue du Bec nous permet donc de saisir la source où saint Anselme et ses disciples avaient puisé leur connaissance du Stagirite et leur estime envers lui. Il ne nous est pas interdit de croire que l'abbaye du Bec fut à l'origine de  l'intérêt grandissant que les moines du Mont Saint-Michel devaient manifester pour ce philosophe païen, surtout à partir du moment où, après une crise intérieure, Robert de Torigni sera élu abbé : il devait y faire régner et y perpétuer l'esprit du Bec (Millénaire monastique du Mont Saint-Michel, Volume 2, 1967 - books.google.fr).

 

Robert de Torigni fut élu abbé du Mont-Saint-Michel en 1154 et, à son arrivée à l'abbaye, il trouva, bâtis par Roger II depuis 1122, les Bâtiments du nord que divers auteurs lui attribuent. Deux années après son élection, espace de temps pendant lequel il était matériellement impossible que ces Bâtiments du nord eussent pu être construits, Robert érigea à la vierge Marie un autel, que Hugues, archevêque de Rouen, consacra le 16 juin 1156. Cet autel avait été élevé dans la crypte du nord ou de l'Aquilon - crypta Aquilonali. Cette dénomination doit s'appliquer à la crypte ou galerie de l'Aquilon et non à la crypte ou chapelle basse sous le transept nord, laquelle était peut-être placée sous le vocable de saint Symphorien ou d'un autre saint vénéré par les religieux, comme la chapelle basse sous le transsept sud était dédiée à saint Martin. La chapelle basse sous le chour étant consacrée à la Vierge, il ne pouvait exister une chapelle immédiatement voisine placée sous le même vocable. Il faut remarquer, du reste, qu'à cette époque, les chapelles des transsepts et du chour communiquaient entre elles, et que cet état n'a été modifié que par la reconstruction du cheur au quinzième siècle. La crypte ou galerie de l'Aquilon n'était pas du tout, en 1156, un passage banal comme de nos jours. C'était au contraire un lieu retiré, placé sous le promenoir ou cloître, à l'extrémité ouest des bâtiments au septentrion élevés par Roger II. Cette galerie communiquait par un degré intérieur avec le cloître supérieur, dont elle était le complément; elle était précédée au nord d'une terrasse-préau d'où, dominant les jardins et les chemins de ronde, l'on voit la mer; elle était très favorablement disposée pour le recueillement, la méditation et la prière. Il était tout naturel qu'on y érigeât un autel à la Vierge, pour laquelle les Bénédictins avaient une dévotion particulière, et c'est, sans aucun doute, ce même autel que Robert de Torigni fit consacrer en 1156, deux ans après son élection, par Hugues, archevêque de Rouen (Saint Michel et le Mont-Saint-Michel, 1880 - books.google.fr).

 

L'abbé du Mont Saint-Michel, Robert de Torigni, parle des traductions de Jacques de Venise dans une addition sur un exemplaire de sa Chronique, entre les dates de 1128 et 1129. Jacques est surtout connu et cité comme le principal traducteur d'Aristote du grec au latin au XIIe siècle.

 

La collection de la bibliothèque du mont Saint-Michel (aujourd'hui au Scriptorial d'Avranches) possède les plus anciennes copies connues de la plupart des traductions identifiées de Jacques de Venise dans deux manuscrits qui contiennent aussi d'autres textes. L'un des deux manuscrits (ms. 221) a été recopié au scriptorium du mont Saint-Michel, l'autre dans le nord de la France (ms. 232), et ils datent tous les deux de la seconde moitié du XIIe siècle, donc de l'époque de Robert de Torigni qui semble donc avoir joué «un rôle de pionnier dans la diffusion de la nouvelle littérature aristotélicienne» En ce qui concerne Jacques de Venise rien n'indique qu'il soit jamais venu au Mont Saint Michel, ni que des traductions y aient été faites (fr.wikipedia.org - Jacques de Venise).

 

"grandes ailes" des anges

 

Les abbés ne manquèrent pas de figurer l'Archange sur les sceaux dont ils se  servaient pour autoriser leurs actes au nom du couvent. Au XIIe siècle, Robert de Torigny (1154-1186), dont le goût pour les arts n'avait d'égal que sa culture des lettres et sciences, plaça l'Archange sur son cachet, et c'est le premier spécimen pour l'abbaye qui soit parvenu jusqu'à nous. Au droit, est représenté l'abbé debout, avec les les vêtements liturgiques et son nom ; et, au revers, parait saint Michel nimbé et en ange, foulant le Dragon sous ses pieds (Arch. Nation., catal. n° 8,854). Ce fut le type qui servit pour les abbés, ses successeurs, avec des variantes de détail. Ainsi, l'abbé Raoul de Villedieu (1225-1236), tient également un livre, mais sur la poitrine, avec une crosse. Quant au contre-sceau d'un acte de 1236, il figure l'Archange nimbé, tenant un lis et une palme avec la devise : Ave Michaël dux noster (Inventaire Demay, no 2,822). Un abbé postérieur à l'année 1253, puisqu'il porte la mitre, a sur sa droite un fleuron dans le champ (Arch. Nat. n° 8,854). Richard Tustin (1236-1264), en son sceau très remarquable, est flanqué à droite et à gauche d'une fleur de lis. Au contre-sceau, le saint Michel, debout, en ange, tient également lis et palme avec la légende précitée, (Invent. Demay, n° 2,823). Il en est de même d'un sceau brisé de l'abbé Nicolas (1265). Le XIVe siècle reprit et continua la tradition. Sous l'abbé Jean de la Porte, un sceau de 1328 représente saint Michel nimbé en ange, avec de grandes ailes, et le Dragon à ses pieds (Arch. Nat. n° 8,299) (Revue de l'Avranchin et du pays de Granville, 1913 - books.google.fr).

 

Une Basilia

 

Dans un billet au comte Elias, Anselme évoque la vie qui lui permettra de «parvenir au Royaume des cieux et à la communauté bienheureuse des anges». Quant à Basilia, qu'il n'exhorte nullement à diriger vers le monastère, il lui promet que son ascension morale la conduira «à prendre place au ciel parmi les saints anges». Une telle ascension morale, il est toutefois difficile de préciser davantage en quoi elle consiste pour cette laïque (Michel Grandjean, Laïcs dans l'Eglise: regards de Pierre Damien, Anselme de Cantorbéry, Yves de Chartres, 1994 - books.google.fr).

 

Dans l'abbaye du Bec, trois amies âgées de saint Anselme, Eve Crispin, née de Montfort, Basilia de Gournay, née Fleitel et sa nièce Ansfride. Nous ne connaissons pas les circonstances précises dans lesquelles ces femmes demeuraient dans des monastères de moines. Elles ne pouvaient pas habiter à l'intérieur du monastère lui-même, mais sûrement dans quelque partie du domaine monastique, pas trop loin de l'église abbatiale. Ni Saint-Wandrille, ni Le Bec n'ont été des monastères mixtes, mais les moines ont toujours offert logis, protection et support spirituel à des veuves riches, en échange de donations substantielles pour l'entretien du monastère (Pierre Bouet, Les Saints dans la Normandie médiévale, 2017 - books.google.fr).

 

A la fin du Xe siècle, Guillaume Crespin le Vieux épousa une Française de haute naissance, Eve de Montfort, fille de Simon de Montfort et sœur de la célèbre Bertrade, tour à tour femme ou maîtresse, comme on voudra, du duc d'Anjou et du roi de France Philippe Ier. L'Angleterre et la Normandie étaient alors divisées par la lutte entre Guillaume fils du duc Robert de Normandie et Henri Ier, l'usurpateur du trône de Guillaume le Conquérant. Guillaume III Crespin, fort légitimiste, prit parti pour Guillaume, d'autant plus qu'Henri Ier détenait injustement le comté d'Evreux qui appartenait à Amaury de Montfort, son cousin germain. Uni à celui-ci, il entraîna le duc d'Anjou, Foulques le Jeune, dans une guerre ardente contre Henri Ier. Il fut vaincu et contraint de s'exiler en Anjou (Abbé Bourdeaut, Les origines féodales de Châteauceaux, Bulletin, Volumes 54 à 55, Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, 1913  - books.google.fr).

 

C'est ainsi qu'en 1053 Amaury Ier, seigneur de Montfort-l'Amaury et d'Épernon abandonna à l'abbaye de Marmoutier l'église de la Trinité de Seincourt, près Épernon, qu'il avait reçue en héritage de ses ancêtres avec tous les biens qui en dépendaient, ainsi que le patronage de cette église sur Rambouillet et sur quatre autres paroisses. Entre les mains des moines de Marmoutier, ce monastère, qui paraît avoir appartenu, du temps de Charlemagne, à l'abbaye de Saint-Pierre de Poitiers, devint le prieuré Saint-Thomas d’Épernon et fut pendant cinquante ans le lieu de sépulture des seigneurs de Montfort (Adolphe de Dion, Le prieuré de Saint-Laurent de Montfort, Revue des sociétés savantes de la France et de l'étranger, 1881 - books.google.fr).

 

"Ambellon" : Avalon ?

 

Auylyon, Avilion, Avalon, or Avelon. This fair Avalon is the Isle of the Blessed of the Kelts. Tzetze and Procopius attempt to localize it, and suppose that the Land of Souls is Britain; but in this they are mistaken; as also are those who think to find Avalon at Glastonbury. Avalon is the Isle of Apples-a name reminding one of the Gardens of the Hesperides, in the far western seas, with its tree of golden apples in the midst;' The Fortunate Isles, in Baring-Gould's Curious Myths of the Middle Ages. In Welsh, afal is an apple, and afallwyn is an orchard. The name is spelt Aualun in Layamon, vol. III. p. 144. Avalon is fully described, says Wheeler, in the old French romance of Ogier le Danois (Specimens of English Literature from the 'Ploughmans Crede' to the 'Shepheardes Calender': A. D. 1394-A.D. 1579, 1871 - books.google.fr).

 

Aucun des anciens textes n'est décisif pour la question de la provenance d'Avalon (Avalloc), car nous ne savons de qui les tenaient les premiers récits en français, et si même on se refusait à admettre que la défiguration d'Avalloc en Avalon soit due à un intermédiaire français, si l'on soutenait que cette fausse étymologie insula pomorum s'est formée chez les Celtes, nous n'aurions aucune preuve qu'elle provînt des Bretons et qu'ils en aient le monopole. C'est qu'en effet la croyance à l'ile mystérieuse où une fée entraîne un héros ou bien le console ou le guérit est panceltique. Pour mieux dire, les Brittones l'ont empruntée aux Irlandais comme toutes leurs légendes. L'étude de la  littérature galloise met de plus en plus ce fait hors de doute . On va voir que l'île d'Avalloc et de ses filles n'est autre que la contrée où est entraîné l'Irlandais Condlé le Beau. Les Bretons d'Armorique n'ont eu avec l'Irlande que très peu de rapports directs du VIe au XIe siècle. Les Gallois et Cornouaillais, au contraire, ont eu beaucoup de relations, d'une part avec les habitants de l'île voisine, de l'autre  avec leurs frères du continent. C'est bien vraisemblablement par leur intermédiaire que ces derniers ont appris les légendes mythiques sur l'île fortunée. A ce propos, il ne paraîtra peut-être pas sans intérêt de mettre en regard le texte irlandais sur Condlé et la description de l'île d'Avalon donnée par Guillaume de Rennes au XIIIe siècle. On dirait que celui-ci a eu sous les yeux un texte irlandais et qu'il l'a traduit. [...]

 

Il nous semble probable que le gallois Avallach est la déformation, ou la traduction, d'une épithète donnée par les Irlandais au dieu des morts. A l'exemple de Boadach (victorieux), devenu un nom propre, un adjectif, comme uballac (?) ou ebhallach (?), aura donné naissance au dieu Avallach. [...] L'île d' Avalon, c'est donc le Sid irlandais (Ferdiand Lot, Glastonbury et Avallon, Romania: recueil trimestriel consacré à l'étude des langues et des littératures romanes, 1898 - books.google.fr).

 

Les îles décrites par les textes antiques et médiévaux ne sont donc pas à comprendre en mode réel; elles désignent des lieux mythiques habités par les divinités et constituent par conséquent des images du Sid, c'est-à-dire de l'autre monde. L'évocation de l'île d'Avallon (dont le nom dérive de celui de la pomme – gallois Afal, breton Aval -, fruit dispensateur de science et d'immortalité), dont la terre produit des moissons sans travail, confirme leur caractère édénique (peut-être accentué, d'ailleurs, par la christianisation et la référence au paradis terrestre). […] Aucun auteur avant le chanoine Déric n'a mentionné les «druidesses» du Mont-Saint-Michel et ceux qui, après lui, ont traité du sujet n'ont fait que reproduire avec un peu de pudique censure, ce qu'il en a écrit. On peut donc supposer qu'en amont de l’Histoire ecclésiastique de Bretagne existe une source soit écrite – un texte aujourd'hui perdu – soit orale – une tradition légendaire encore vivante au XVIIIe siècle mais oubliée depuis. Faute de la connaître , rien ne permet de trancher et la question reste posée de savoir si Gilles Déric n'a pas transposé dans la baie des indications concernant à l'origine un tout autre lieu. L'absence de toute mention de la légende dans les nombreux textes d'histoire montoise antérieurs au XVIIIe siècle ne plaide pas en faveur de l'authenticité des faits décrits par le chanoine. Nous resterons donc, sur ce sujet, dans une interrogation pour le moins dubitative. Notons toutefois ceci, en conclusion : le succès considérable qu'a eu immédiatement la légende des «druidesses» du Mont-Saint-Michel (Marc Déceneux, Mont-Saint-Michel: histoire d'un mythe, 1997 - books.google.fr).

 

Acrostiche : LS DF

 

LS : Locus sepulcri ; DF : Defunctus (Abréviations tirées du «Dictionnaire des Abréviations latines et italiennes» de A. Capelli - www.arretetonchar.fr).

 

Le toponyme Tombe est attesté sous les formes Tumba vers 850 (Relevatio, p. 409) et semble remplacé définivement, du moins dans les documents disponibles, par Monte Sancti Michaelis (966) au siècle suivant (la forme mentionnée est une latinisation médiévale d'origine savante). L'élément Tumba a disparu de manière relativement précoce et représente l'appellation primitive du Mont. Il est cependant probable que le latin médiéval Tumba reflète en réalité la forme d’oïl Tombe, dont l'usage a pu se perpétuer plus longtemps. Au niveau sémantique, il peut s'interpréter comme «sépulture, cimetière», tout comme le français tombe, issu du latin chrétien tumba «tombe, sépulcre». Cependant, aucun élément archéologique ou historique ne confirme l’existence de sépultures ou d'un cimetière antique remarquable. Des formations toponymiques analogues sont attestées au nord ouest de l'Europe, par exemple : Tombes à Lumbres (Pas-de-Calais, Tumbas 1219); Thommen (Belgique, Tumbas 816); Tumben (Allemagne, Tumba vers 1200). Le celtique hypothétique *tumbos convient sans doute davantage pour des raisons géolinguistiques et sémantiques puisqu'il signifierait «tertre, élévation, mont» et est attesté par le moyen irlandais tomm «petite colline» et le moyen gallois tom «élévation, tertre». Il remonte ultimement à une racine indo-européenne *tum-, dont la racine étendue *tum-b- a donné le celtique (gaulois) *tumbos et une autre racine étendue *tum-o-ló-s qui a abouti au latin tumulus. Le mont Tombe serait donc simplement un pléonasme et signifierait «mont tertre» (fr.wikipedia.org - Mont Tombe).

 

"neuf vieux", "Midy Aquilon" : oppositions

 

Remarquons que, dans l'épisode du buisson ardent, l'ange de Yahvé qui s'identifie en fait à Dieu lui-même, lui apparaît in flammam ignis. Autrement dit, «l'épaisseur de la nuée» (ou, si l'on préfère, l'obscure nuée) et la flamme de feu seraient une seule et même apparence. Mieux vaudrait d'ailleurs dire apparition, car dans l'esprit du récit biblique, il s'agit bien d'une réalité divine : c'est Dieu qui apparaît à Moïse, même si celui-ci ne peut le voir, ou regarder dans sa direction, qu'à travers cette flamme aveuglante ou cette nuée. De même, dans une autre théophanie, nous voyons «la montagne du Sinaï toute fumante, parce que Yahvé y était descendu dans le feu”, la fumée et le feu concentrant en eux-mêmes le paradoxe de la ténèbre lumineuse ou de la lumière ténébreuse. On lit encore, à la fin de l'épisode crucial du Décalogue, instauré par Dieu et transmis par Moïse à son peuple : «Moïse s'approcha de la nuée obscure où était Dieu» (Moyses autem accessit ad caliginem in qua erat Deus). La lumière de Dieu (ou la lumière où réside et se cache Dieu) est invoquée dans de nombreux passages de la Bible. Citons, au hasard : Is 2, 5 : «Ambulemus lumine Dei» ; Ps. 35, 10 : «Et in lumine tuo videbimus lumen», ou Ps. 88, 16 : «Domine, in lumine vultus tui ambulabunt.» On commence à le pressentir : la dialectique dionysio-cusaine de la coïncidence des opposés, que l'Ars oppositorum de Bovelles illustre parfaitement, intègre sans difficulté dans une unité transcendante lumière et ténèbre divines à la manière dont la circonférence et la droite s'identifient, quand le rayon de la première tend vers l'infini ou dont les trois personnes de la Trinité s'unissent dans une indissociable Unitrinité ou Trine-unité (Jean-Claude Margolin, La nuit espace de savoir. Source et signification de la ténèbre divine (Caligo) d'après Charles de Bovelles, Penser la nuit: XVe-XVIIe siècles : actes du colloque international du CERHAC, Clermont-Ferrand, 22-24 juin 2000, 2003 - books.google.fr, Oeuvres complètes de Bossuet, 1868 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2228 sur la date pivot 1251 (libération de Geoffroy de Conan) donne 274.

 

En 274, l'empereur Aurélien fait du culte oriental du Dieu-Soleil (Sol Invictus) la religion d’État de l’empire romain ; un temple lui est dédié à Rome (fr.wikipedia.org - Année 274).

 

Basilée (Basilia) est la mère du Soleil (Hélios) par Hypérion dont elle la "propre soeur".

 

Uranus, en s'occupant de soins célestes, ne négligea point les choses d'ici-bas. Il fut très fécond; il eut quarante-cinq enfans de plusieurs femmes ; Titée seule lui en donna dix-huit, nommés de son nom Titans. Elle laissa son nom à la terre qu'elle avait honorée de ses vertus. Parmi les enfans d’Uranus furent Hypérion, Atlas et Saturne. Ses filles aînées furent Basilée et Rhée nommée aussi Pandore. Hyperion, en succédant à son père, épousa sa soeur Basilée ; leur bonté, le bonheur des peuples sous leur empire, tout ce qui offusque les méchans, indisposa les Titans, frères d'Hypérion. Ils résolurent de le tuer avec son fils Hélius; ils égorgèrent le père, et noyèrent le fils dans l’Eridan. Lorsque la nouvelle en vint au palais, Selené, soeur d'Hélius, se précipita et se donna la mort. Basilée leur mère, avec une tendresse incrédule, chercha du moins le corps de son fils le long du fleuve; la lassitude l'endormit. Hélius lui apparut en songe ; il lui apprit que le feu sacré, conservé dans le ciel, porterait désormais son nom, et s'appellerait Hélios ou le Soleil ; que l'astre de la nuit, nommé d'abord Mené, s'appellerait comme sa soeur, Selené ou la Lune. La mère affligée eut chaque jour la douceur de voir paraître son fils après l'aurore, et de le regretter avec sa fille pendant la nuit (Jean Sylvain Bailly, Lettres sur l'Atlantide de Platon et sur l'ancienne histoire de l'Asie: pour servir de suite aux Lettres sur l'origine des sciences, adressées à M. de Voltaire, 1804 - books.google.fr).

 

Au psaume 88, le texte sacré parle de David, et dit : "Sa race demeurera éternellement” (v. 37), "Et son trône sera éternel en ma présence, comme le soleil et comme la lune dans son plein" (v. 38) (Album de la Minerve, Volume 3, 1874 - books.google.fr, Etudes traditionnelles, 1910 - books.google.fr).

 

Tombelène était autrefois un lieu vénéré; les Gaulois y adoraient, dit-on, leur dieu Bélénus, l'Apollon ou l'Osiris des Celtes; et de là son nom de Tumba Beleni, monument ou temple de Bélénus, qui, par corruption, a formé le mot Tombelène. Cependant plusieurs écrivains veulent que le mont Bélénus ait été le Mont-Saint-Michel ; et comme l'étymologie du mot Tombelène est contre eux, ils la détruisent en prétendant que les chrétiens, pour faire oublier l'origine païenne du Mont-Saint-Michel où ils élevèrent une église, donnèrent le change au public en imposant au rocher Tombelène le nom que portait l'autre mont. Avec de pareilles hypothèses on dit néces, sairement du nouveau ; mais la supposition est tout-à-fait gratuite.

 

J'en dirais presque autant, malgré l'autorité de Deric (Introduction à l'histoire ecclésiastique de Bretagne, 1777) et de Saint-Foix, de ce que l'on conte des druidesses qui desservaient l'autel de Bélénus à Tombelène, de leur don de divination, de leur pouvoir tout féerique de produire et de calmer à leur gré les tempêtes; enfin, des flèches qu'elles vendaient aux marins, et qui avaient la vertu d'apaiser l'irritation des flots, pourvu qu'elles fussent jetées à la mer par un beau jeune homme. Tout cela est évidemment tiré du géographe romain Pomponius Méla. Je ne vois à cet emprunt qu'un inconvénient, c'est que Pomponius Méla, en parlant des prêtresses gauloises, mentionne le college de druidesses de l'île de Sena, aujourd'hui l'île de Sein, et qu'il ne dit pas un mot du Mons ou Tumba Beleni (Vérusmor, Le Mont Tombelène, Revue anglo-française, Volume 5, 1837 - books.google.fr). ?

 

On reste au premier abord interloqué devant le texte invraisemblable de Déric sur les rapports entre marins et druidesse, marqué d'une imagination fort libre que l'on hésite charitablement à attribuer au savant chanoine. Les détails érotiques s'inscrivent en effet dans un esprit très caractéristique du libertinage des lettrés, à la veille de la Révolution : l'initiation d'un puceau par une prêtresse, la publicité donnée à la performance sexuelle et surtout le détournement blasphématoire à des fins érotiques d'un objet sacré, en l'occurrence les coquilles des pèlerins, sont frappés au sceau de cette époque. On croirait lire une fantaisie échappée de la plume du divin Marquis ! N ' était la personnalité de l'abbé Déric, on penserait à un canular de quelque clerc libertin (Marc Déceneux, Mont-Saint-Michel: histoire d'un mythe, 1997 - books.google.fr).

 

Selon Robert Celanis, évêque d'Avranches, et, après lui, le savant Huet, le mot Tombeléne vient du latin tumbellana ou tumbulana, petite tombe, diminutif de Tumba, nom que portait le Mont-Saint-Michel. Mais on ne peut pas donner le nom de petite tombe à Tombelène par rapport au Mont-Saint-Michel, puisque celui-ci pour être plus élevé, plus pyramidal que l'autre, a pourtant moins d'étendue. On a prétendu aussi que cê rocher tire son nom du gaulois tum, tombe, à cause de sa forme qui a l'aspect d'un grand tumulus ou tombeau des anciens.

 

Dom Huynes et Le Baud donnent å Tombelène une étymologie toute différente. Ils font dériver ce mot de Tumba Helenæ, tombe d'Hélène, parce qu'une princesse Hélène, fille de Hoël le Grand, duc de Bretagne, ravie et outragée par un merveilleux géant venu d'Espagne, qui l'abandonna sur ce rocher où elle mourut, y aurait été enterrée par sa nourrice, compagne de ses infortunes. Cette tradition ayant une certaine analogie avec un épisode de la mythologie grecque, on a cru qu'il fallait en chercher l'origine dans la fable d'Ariane, princesse de Crète, délaissée par Thésée dans l'île de Naxos. C'est une erreur. Ce récit est certainement tiré du roman du Brut, qui raconte épisodiquement la malheureuse aventure d'une Hélène enlevée de la cour de Bretagne, conduite à Tombelène et déshonorée par un géant qui causa sa mort. Le poëme du Brul ajoute que la princesse fut inhumée là, et que ce rocher s'appela de son nom :

 

Del tombel u Helaine iut,

Tombe Helaine son nom reçut

Del tombe u li cors fu mis

Il tombe Helaine, c'est ce non pris (Vérusmor, Le Mont Tombelène, Revue anglo-française, Volume 5, 1837 - books.google.fr).

 

L'assimilation d'Hélène à Séléné, admise par plusieurs étymologistes modernes, était déjà familière à l'antiquité. Eustathe, dans son commentaire d'Homère (p. 1488, 21), montre que le rapprochement des deux mots a déjà été fait dans l'antiquité. Cf. Engelmann, dans le Lexikon de Roscher, p. 1977 (Salomon Reinach, Revue archéologique, 1894 - books.google.fr).

 

Ayant que le Christianisme eût dissipé les ténèbres de l'idolatrie, le Mont-Saint-Michel s’appelloit le Mont-Bellen, parce qu'il étoit consacré à Bélénus, un des quatre grands Dieux qu'adoroient les Gaulois. Il y avoit sur ce Mont un college de neufs Druïdesses ; la plus ancienne rendoit des oracles : elles vendoient aussi aux marins des Alèches qui avoient la prétendue vertu de calmer les orages, en les faisant lancer dans la mer par un jeune homme de vingt-un ans, qui n'avoit point encore perdu sa virginité. Quand le vaisseau étoit arrivé à bon port, on députoit ce jeune homme pour porter à çes Druïdesses des présens plus ou moins considérables. Une d'entr'elles alloit se baigner avec lui dans la mer, & recevoit ensuite les prémices de son adolescence, en l'initiant aux plaisirs qu'il avoit jusqu'alors ignorés. Le lendemain, en s'en retournant, il s'attachoit sur les épaules autant de coquilles, qu'il s'étoit initié de fois pendant la nuit (Oeuvres complettes de M. de Saint-Foix: historiographe des Ordres du Roi, Tome 5, 1778 - books.google.fr)/

 

Belenus, comme Apollon chez les Grecs & les Romains, étoit chez les Gaulois le Soleil & le Dieu de la Médecine. Les Poëtes Grecs & Latins disoient le blond Phæbus : melen, en Breton, signifie blond (Œuvres complettes de M. de Saint-Foix, Tome 4, 1778 - books.google.fr).

 

Nous rappellerons seulement que dans les Gaules, Belenus était confondu avec Mercure, et tous deux avec Mithra, ainsi que le montrent diverses sculptures antiques (Dom Martin (1684-1751), Religion des Gaulois, t. I, l. II, ch. XXIV) (M. Hochart, La religion solaire dans l'empire romain, Annales de la Faculté des lettres de Bordeaux, 1887 - books.google.fr).

 

Les ailes marquent la vitesse du Soleil, & c'est pour cela qu'on le représente souvent avec des ailes. On le voit ainsi dans un monument suivant & ailleurs. Le témoignage de plusieurs auteurs, joint à la preuve tirée des monumens, ne laisse aucun lieu de douter que les ailes ne conviennent au Soleil & à Mithras. Mais pourquoi quatre, dont deux s'élevent vers le ciel, & deux autres descendent vers la terre : c'est ce que je n'oserois tenter d'expliquer sans guide. Quelqu'un dira peutêtre que ces quatre ailes marquent que le Soleil envoie les raions vers le ciel & vers la terre ; ou marquent les quatre elemens sur lesquels le Soleil envoie ses influences, & que les deux d'enhaut signifient l'air & le feu, & les deux d'en-bas, la terre & l'eau ; mais tout cela seroit hazardé. Dans le Cabinet de cette Abbayie, où il y a grand nombre de ces pierres qu'on nomme Abraxas, il s'en trouve une, qui nous montre un homme à six ailes. Je crois que cet homme représente le Soleil : mais ce plus grand nombre d'ailes nous embarrasse plutôt qu'il ne nous aide à expliquer celles des deux Mithras. L'un des deux Mithras tient une clef à chaque main, peut-être parcequ'il étoit un voleur & un brigant, comme l'appelle Commodien cité ci-dessus. Ces clefs pourroient signifier la coûtume qu'il avoit d'entrer dans des lieux fermez pour faire ces vols. D'autres diront peucêtre qu'elles marquent que le Soleil a la clef de toutes choses, & pénetre partout  par la force, ou de ses raions, ou de ses influences (Bernard de Montfaucon, L'antiquité expliquée et représentée en figures: Le culte des Grecs et des Romains, Volume 2, Numéro 1, 1722 - books.google.fr).

 

Pour Mithra voir quatrains X, 20 ; X, 76-77-78.

 

Enfin les Basilidiens tracent des figures & des grotesques sur leurs Talismans. Baronius a produit un de ces Talismans, sur lequel on voit la figure d'un homme armé d'une lance. Comme les Cabbalistes & les Egypriens donnoient la figure humaine à leurs Talismans, son corps est couvert de caracteres qu'on ne dechiffre qu'avec peine ; mais on ne peut contester qu'il n'ait apartenu à ces anciens Heretiques, puis qu'on y lit nettement Abraxas. On voit un autre de ces Talismans sur lequel est gravée l'image d'un homme, dont la tête est couronnée de raions, comme on peint celles des Saints Beatifiez. Il a des aîles étenduës aux épaules, avec ces mots sur le revers, Raphaël, Gabriel. Un Savant (Le Moine) croit que cette tête raionnante, & ce corps ailé representoient le Soleil ; & que les Basilidiens faisoient allusion aux paroles de Malachie (IV,2), qui promet le lever du Soleil de Justice, lequel porte santé dans ses ailes, car le nom de Raphaël fignifie un Dieu qui guerit, ou qui porte la santé. C'étoit là plutôt un mélange de Paganisme avec le Christianisme, & des Anges avec les images du Soleil, qu'on peignoit en Egypte avec des ailes (Jacques Basnage, L'histoire et la religion des juifs, Tome 6, 1706 - books.google.fr).

 

Une éclipse partiel est visible en Europe le 16 octobre 1251 (eclipse.gsfc.nasa.gov).

 

Blois

 

Les noms mêmes de notre pays et de notre ville appartiennent à la langue gauloise : Bleiz, Blaiz, Bleizian, signifient Loup dans plusieurs de ses dialectes qui subsistent encore. Le plus ancien emblême de la ville de Blois était le loup : lorsque les villes prirent un blason, il orna l’écusson de la nôtre; et quand Louis d'Orléans, comte de Blois, voulut le remplacer par la fleur-de-lys royale, le loup fut conservé pour l'un des supports (Louis La Saussaye, Essai sur l'origine de la ville de Blois et sur ses accroissements jusqu'au Xe siècle, 1833 - books.google.fr).

 

Dans La tradition celtique dans l'art roman, Marcel Moreau écrit : «Le loup, dans les plus anciennes traditions nordiques, était considéré comme un animal de lumière, une sorte de génie solaire à qui la constellation de la Grande Ourse était consacrée. On l'appelait bliez. Il a donné son nom à la ville de Blois et peut être rattaché au dieu Belen». Bliez est une faute d'impression pour bleiz, nom breton moderne du loup. La source de M. Moreau est, directement ou non, Charbonneau-Lassay, Le Bestiaire du Christ, Bruges, 1940, p. 305 : «Le nom celtique du loup est bleiz, d'où les noms géographiques de Blois, Blésois, Beauce (Belsia), Blesle, etc. Le nom de l'Apollon des Gaules, du dieu gaulois de la lumière Belen, Belenus, viendrait aussi du bleiz, du loup celtique». L'étymologie est reprise par inadvertance encore par P. Chacornac, La vie simple de René Guénon, Paris, 1958, p . 16. L'erreur de Charbonneau-Lassay est facile à corriger mais il est incompréhensible qu'elle ait été reprise sans discernement et il faudra choisir d'autres arguments pour illustrer les rapports d'Apollon et du loup, le breton bleiz était bleid au haut-moyen-âge dans un certain nombre d'anthroponymes (L. Fleuriot, Dictionnaire des gloses en vieux-breton, Paris, 1964, p. 85ab). L'équivalent gallois est bleidd et la forme ancienne commune * bled- (ino-), ce que confirme l'irlandais bled «monstre» ou le composé pléonastique bled-mil «a monster» (Kuno Meyer, Contributions to Irish Lexicography, p . 227) (Ogam, 1967 - books.google.fr).

 

Géants

 

Dans la Gylfaginning irlandaise, des vers éclos dans le cadavre du génat Ymir obtiennent, sur l’ordre des dieux, la raison et l’apparence des hommes. Dans les légendes irlandaises, le ver apparaît comme le symbole de la transition, de la terre à la lumière, de la mort à la vie, de l’état larvaire à l’envol spirituel (Jean Chevalier, Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Laffont, 1982, p. 1001).

 

Bernard de Chartres (Bernardus Carnotensis) est un philosophe platonicien français du XIIe siècle (mort apr. 1126). Il est tout d'abord influencé par Boèce, dont il adapte le platonisme. Il s'attache ensuite à réconcilier la pensée de Platon avec celle d’Aristote, ce qui fera de lui le plus grand penseur aristotélicien et platonicien du XIIe siècle. Une étude récente de Guillotel a montré que Bernard de Chartres fut également évêque de Quimper sous le nom de Bernard de Moelan. Il y aurait rédigé les Vitae de Saint Corentin et Saint Ronan. Une étude récente de Guillotel a montré que Bernard de Chartres fut également évêque de Quimper sous le nom de Bernard de Moelan. Il y aurait rédigé les Vitae de Saint Corentin et Saint Ronan.

 

Il est connu notamment pour la phrase connue par le livre III du Metalogicon de Jean de Salisbury : «Nous sommes comme des nains juchés sur des épaules de géants (les Anciens), de telle sorte que nous puissions voir plus de choses et de plus éloignées que n’en voyaient ces derniers. Et cela, non point parce que notre vue serait puissante ou notre taille avantageuse, mais parce que nous sommes portés et exhaussés par la haute stature des géants» (fr.wikipedia.org - Bernard de Chartres).

 

Ces géants sont à rapprocher des cyclopes dont les anciens auteurs bretons comme Wridsten, abbé de Landévennec au IXe siècle, peuplaient la Grande Bretagne. Bernard de Chartres devait connaître ses écrits car dans une version de la Vita de saint Corentin une mention du Titan solaire est faite : "Et nitidum radiis Titan caput extullit undis".

 

Dans les Vitae qui lui sont attribuées, Bernard défend la position de Tours comme métropole de Dol (Bernard Merdrignac, Les saints bretons entre légendes et histoire: Le glaive à deux tranchants, 2008 - books.google.fr).

 

Dol et Tours

 

Nominoë a crée sa métropole ecclésiastique : Dol, Archevêché (Il faut être au moins Archevêque pour couronner un Roi). L'évêché de Dol dépendant avant de Tours où se trouve Marmoutier. Les raisons de choisir Dol sont les suivantes : Cathédrale existante, crée par Saint Samson, le plus populaire et le restaurateur de la Domnonée ; Dol est proche du Mont-Dol, haut lieu des religions pré-celtiques, celtiques, et romaines, lieu des batailles des forces de lumière et de ténèbres ; Dol est un centre de pèlerinage. Dés lors L'Église de Dol et l'Église de Tours vont s'affronter pendant plusieurs siècles, ne se terminant qu'en 1604. Puis vinrent à la fin du IXéme siècle les invasions normandes, seigneurs évêques et moines se regroupent pour fuir vers le pays Franc ou l'Angleterre. Les reliques sont précieusement emportées et vont avoir des destinations diverses : Saint Corentin à Marmoutier prés de Tours, Saint Samson à Saint-Sainphorien d'Orléans et Saint Magloire à Paris. Certaines trouvèrent refuge en Angleterre, mais beaucoup d'autres furent perdues à jamais.

 

C'est en 1076 que le pape reconnaît officiellement «l'Archevêché» de Dol en accordant le pallium à Even, le nouvel Archevêque ; Mais en 1084 le nouveau pape Urbain II déclare «Tout l'épiscopat doit soumission à Tours», néanmoins il accorde (provisoirement) le pallium à l'Evêque Rolland en 1093. En 1199, le pape Innocent III donne sa sentence : Dol doit soumission à Tours (clergedol.free.fr).

 

Le diocèse d'Avranches est incontestablement le plus petit diocèse de la province de Rouen. Il comprend pour l'essentiel les deux vallées de la Sée et de la Sélune. Au sud-ouest, sa frontière rejoint le Couesnon. Au sud elle suit le Tronçon, son affluent. Grâce au Couesnon, qui marque la limite avec le diocèse de Dol et avec la Bretagne, le Mont-Saint-Michel est inclus dans le diocèse d'Avranches : il fait donc partie du territoire de la Normandie, après le milieu du XIe siècle, en tout cas. A vrai dire, au Moyen Age, les limites diocésaines ne sont pas aussi simples. En effet, il existe de nombreuses exemptions, c'est-à-dire des territoires qui appartiennent à un diocèse, mais sont encastrés dans le territoire d'un autre. Ainsi, le diocèse de Dol possède une exemption à l'estuaire de la Risle (Pierre Bouet, Les Évêques normands du XIe siècle, 2017 - books.google.fr).

 

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