Affaires de Savoie à l’époque de Louis XI X, 37 2204-2205 L'assemblee grande pres du lac de Borget, Se ralieront pres de Montmelian : Marchans plus outre pensifs feront proget, Chambry Moriane combat sainct Iulian. Les Etats de Savoie ont été objet de convoitise et champ
de bataille pour la France, ainsi avec Henri IV qui arracha la Bresse et le
Bugey en 1601 (Henri
Torné-Chavigny, L'Histoire prédite et jugée par Nostradamus, 1860 -
books.google.fr). Lac du Bourget Le comte a naturellement une résidence de prédilection
qui n'est plus désormais en Maurienne. Au XIIIe siècle il s'agit successivement
de Montmélian (Amédée IV), de Chillon (Pierre II), de Saint-Georges
d'Espéranche en Viennois (Philippe Ier), enfin du Bourget (Amédée V). Après
1285 les comtes adoptent définitivement Le Bourget au bord du lac du même nom,
anciennement appelé lac de Châtillon. Cette belle résidence cumule plusieurs
avantages : la protection d'un très
dense réseau de châteaux et de maisons fortes ; la proximité de trois centres
importants ( Montmélian qui sert souvent de quartier général, Chambéry qui
devient la capitale administrative, Hautecombe qui est le mausolée dynastique) ;
enfin depuis le bout du lac l'accès facile au Rhône qui permet de gagner sans
fatigue Lyon dans la journée et Avignon dans les trois jours et donne des
occasions commodes de rencontre avec le roi de France et avec le pape. Il faut
ajouter encore le simple agrément des lacs, très recherché depuis le milieu du
XIe siècle. Le Bourget l'a emporté sur ses concurrents construits au bord du
LĂ©man, Evian et surtout Chillon Ă la limite du pays de Vaud. Ce n'est qu'Ă la
fin du XIVe siècle, dans les dernières années du règne d'Amédée VI, que
Ripaille, situé en bordure du Léman tout près de Thonon, commence à prendre de
l'importance et Amédée VII fut le premier à y faire de fréquents séjours. Dès
qu'entre deux voyages il se repose un peu dans sa résidence, le comte s'informe
de très près de la situation financière. Il assiste alors en personne à la
vĂ©rification de la comptabilitĂ© de ses châtelains et receveurs (Ă ChambĂ©ry Ă
partir du XIVe siècle) et peut contrôler ses réserves en espèces dans la salle
basse de sa rĂ©sidence. Cette rigueur que les sources documentaires inclinent Ă
attribuer à Pierre II a certainement poussé à développer une véritable
politique économique qui est d'abord routière : contrôle et tarification des
péages, construction des ponts ou établissement de bacs, balisage ou guidage
sur les routes des cols dont le tracé peut être modifié (c'est sans doute au
XIIIe siècle, au temps de Thomas Ier, que le Grand Mont-Cenis remplace le Petit
Mont-Cenis comme principal point de franchissement des Alpes pour les
Humbertiens), aide aux hospices des cols. Ce sont là quelques éléments
d'attrait pour ceux qui envisageraient de se placer sous protection comtale.
L'art de rallier les hommes entre en effet dans les qualités les plus
remarquables des Humbertiens de la grande époque  (Réjane
Brondy, Bernard Demotz, Jean-Pierre Leguay, Histoire de la Savoie, Tome 2 : La
Savoie de l'an mil Ă la RĂ©forme, 1984 - books.google.fr). Maurienne,
Montmélian, Chambéry et Lac du Bourget Le décanat de Savoie ou archiprêtré de Savoie,
anciennement décanat de Saint-André (de Savoie), est une ancienne
circonscription administrative catholique regroupant une majorité des paroisses
de l'ancien comté de Savoie et constituant l'une des quatre subdivisions de
l'évêché de Grenoble, dont la date de fondation est inconnue.Le siège se
situait à Saint-André, lieu situé sur la commune des Marches, disparu au XIIIe
siècle à la suite de l'éboulement du mont Granier. Il devient l'évêché de
Chambéry en 1779. Saint-André est détruit par l’éboulement du Granier en
1248. Le siège du décanat est alors transféré un temps à Montagnole, avant de
s'installer définitivement à Chambéry. C'est à partir de cette période qu'il
prend le nom de «décanat de Savoie», tout en restant sous l'autorité de
l'évêque de Grenoble. En 1474, la régente du duché de Savoie, Yolande de France
obtient du pape Sixte IV que le décanat soit soustrait de l'autorité de
l'évêque de Grenoble et qu'il soit réuni au Chapitre de la Sainte-Chapelle de
Chambéry. Le doyen de la Sainte-Chapelle se voit ainsi obtenir les attributs de
l'Ă©vĂŞque12. Le roi de France, recevant le soutien de l'Ă©vĂŞque de Grenoble, fait
obtenir l'«annulation de ce démembrement», deux ans plus tard. En 1515, le pape Léon X érige la cité de Chambéry en
évêché, en même temps que Bourg en pays de Bresse. Toutefois, cet acte est
annulé l'année suivante (fr.wikipedia.org -
DĂ©canat de Savoie). Le DĂ©canat de Savoie s'Ă©tire depuis le bourg de
Montmélian jusqu'à Chambéry et même le lac du Bourget : un territoire qui fait
partie d'un Ă©tat Ă©tranger, la Savoie (Edmond
Coffin, La Pastorale de Mgr Le Camus dans son diocèse de Grenoble (1671-1707),
Conciles provinciaux et synodes diocésains du concile de Trente à la Révolution
française: dĂ©fis ecclĂ©siaux et enjeux politiques? : actes du colloque tenu Ă
Strasbourg les 4 et 5 mai 2009, 2010 -
books.google.fr). Louis XI et la
Savoie Au point de vue
politique, pendant vingt ans, de 1461 Ă 1483, l'influence de Louis XI, roi de
France, sera néfaste à la Savoie. Ayant épousé Charlotte, fille de Louis, duc
de Savoie , il fera le malheur de son beau-père et de
ses successeurs Amédée IX, Philibert Ier et même Charles Ier.
Economiquement, la situation est encore moins satisfaisante. Outre les calamités
consécutives aux guerres sans cesse renouvelées, en 1502, la peste fait son
apparition à Genève et dans les environs. Elle décime villes et campagnes et la
plupart de ceux qui échappent au fléau sont victimes de la famine. Les
habitants de nos villages qui, jusqu'alors n'osaient approcher de Genève, s'y
précipitent soudain dans l'espoir de trouver quelque subsistance ou simplement
par esprit de dévotion. On accourt, en effet, de tous les horizons au
sanctuaire de Notre-Dame-de-Grâce pour implorer la cessation des calamités En
ces années de détresse (1502 - 1503), les prix sont exorbitants, la coupe de
blé qui valait normalement un florin, coûte 50 sols, c'est-à -dire quatre fois
plus cher. Les pauvres gens en sont réduits à se nourrir d'herbes et de
racines. A cette époque, la politique des ducs et leur ambition se révèlent au
grand jour. La Savoie du Nord les attire et plus encore Genève avec son lac et
son site merveilleux. Par ailleurs, Turin assise au pied des monts et ouverte
sur la plaine lombarde les séduit. En résidant à Chambéry, ils ont le sentiment
d'être assis sur une bien mauvaise chaise. Ils aiment venir à Genève et ne s'en
privent pas. En 1501, Philibert-le-Beau accompagné de Marguerite d'Autriche, sa
femme, fera un séjour dans la capitale et les fêtes organisées en leur honneur
attireront des foules considérables (Abel
Jacquet, Saint-Julien-en-Genevois: histoire d'un bourg de province des origines
Ă nos jours, 1978 - books.google.fr). Les Mammelouks Ă©tait ler surnom des partisans du duc de
Savoie dans Genève au début du XVIe siècle (François,
Peyrot, Les Vaudois, Tome 1: Les Colporteurs de L’evangile, 1988 -
books.google.fr). Cf. quatrain X, 36 – La girafe – 2004-2005. "Sainct Iulian" "sainct Julian" serait Saint Julien de
Maurienne (Charles
Estienne, La Guide Des Chemins De France, 1552 - books.google.fr, Denis
Possot, Le Voyage de la Terre Sainte, 1532 - books.google.fr). Mais en Maurienne, l'église du château de Montmayeur
était vouée à saint Julien. Les sires de Montmayeur étaient d'une race antique ; leur
origine se perdait dans la nuit des temps ; ils possédaient des domaines
immenses en Tarentaise, en Maurienne, et dans la vallée de l'Isère (Charles
Buet, Les ducs de Savoie aux XVe et XVIe siècles, 1878 - books.google.fr). Le comte Jacques II de Montmayeur, fort attaché au
dauphin, fut l'un des chefs les plus influents de la noblesse savoyenne; tour Ă
tour proscrit ou ministre, il eut une existence si compliquée, si orageuse,
qu'il est malaisé d'en suivre les détails dans les ténèbres des chroniques. Un
incident dramatique, l'assassinat légal du président de Fésigny, a longtemps
attiré l'attention, et la légende y a faussé l'histoire. On a cru, - et
Guichenon, Capré, Galli, Besson et les autres laissèrent l'ombre s'épaissir
autour de ce fait, - que les disgrâces successives de Montmayeur furent le
châtiment du meurtre de Fésigny; de récentes publications établissent que la
justice sommaire dont le comte Jacques se rendit coupable ne fut pour rien dans
les péripéties de sa vie publique, et qu'on vit en lui, alternativement, un
chef de parti dangereux ou un ministre résolu, jamais un assassin. Je résume,
d'après un savant travail du marquis d'Oncieu, ce débat tragique qui se
prolongea sous trois régnes et dura vingt-huit ans : "Le comte de Montmayeur, poursuivi sur l'ordre du
prince, en janvier 1461, par Guy de Fésigny, président du patrimoine ducal,
rentre en faveur en septembre 1462, et poursuit Ă son tour, en 1464, le
président de Fésigny, au nom du duo Louis, dont la colère se traduisit en
termes tels que le malheureux magistrat ne put trouver personne pour plaider sa
cause. En 1465, au début du règne d'Amédée IX, Montmayeur fait trancher la tête
de Fésigny, à huis clos, dans son château d'Apremont; puis il se rend au camp
de Louis XI et y partage, avec Claude de Seyssel et les comtes de La Chambre et
d'Entremont, le commandement des troupes de Savoie occupées au siége de
Villefranche en Beaujolais. Quelques semaines plus tard, Montmayeur, victime de
l'un de ces retours de fortune si fréquents alors, est condamné à perdre ses
biens ; la sentence n'est point exécutée; en 1473 un arrêt l'en décharge. De
1472 à 1478, Montmayeur eut accès à la cour, où ses parents comptaient parmi
les intimes de la duchesse Yolande ; jusqu'en 1483, le conslit des factions, sa
valeur personnelle, et peut-être aussi le secret appui du roi, le protégent
contre la vengeance de ses ennemis politiques. Mais tout changement de règne transforme
les favoris de la veille en indifférents ou en adversaires; en 1486, les
conseillers du duc Charles citent en justice Montmayeur sous l'accusation
banale de félonie ; une transaction intervient, qui prouve l'habileté des
légistes du XVe siècle pour : passer doucement par-dessus la loi et rendre
juste ce qui n'est pas permis. En 1489, le comte meurt en instituant légataire
universel le duc, son prétendu persécuteur" (Victor
Bénigne Flour de Saint Génis, Histoire de Savoie d'après les documents
originaux: Les origines, 587 av. J. C. Ă 1516 de J. C., Tome 1, 1868 -
books.google.fr). Dans ces circonstances troubles, oĂą l'on ne saurait dire
exactement où était le devoir, puisque l'autorité changeait si souvent de
mains, en 1480-1482, Louis de La Chambre, alors gouverneur s'efforça de faire
respecter son autorité et de tenir les revenus de l'Etat, en particulier les
domaines séquestrés du dernier des Montmayeur. Le château d'Apremont fut
d'abord l'objet de ses visées. [...] Ses
gens, en particulier le capitaine De Vans, continuaient Ă ramener sous
l'autorité du comte de La Chambre les châteaux de Villard-Sallet, de
Montmayeur, le prieuré de Bellentre en Tarentaise, le château de Briançon,
Chambéry même (Félix
Bernard, Au pays de Montmayeur: Études d'histoire féodale sur l'Ager de
Montmayeur, 1933 - books.google.fr). Louis de La Chambre fut fait prisonnier par Philippe de
Bresse qui alla se réfugier auprès de lui en Piémont en se disant persécuté par
Louis XI. Il s'enfuit et quand Charles Ier fut duc de Savoie, il annula la
procédure intenté contre lui. Mais le procès reprit en 1491, il fut condamné
mais rentra en grâce l'année suivante sous l'influence de la cour de France qui
se cherchait des appuis en Savoie. Certains historiens ont envisagé le fait que Jacques II
de Montmayeur aurait pu être le père de Philippe de Bresse, en raison de sa
liaison avec Anne de Lusignan, sa mère (fr.wikipedia.org
- Philippe II (duc de Savoie)). Djem ou Zizim Pour relier au quatrain précédent X, 36 avec le sultan Qaytbay
qui accueillit Djem en Egypte, on peut noter que le prince ottoman fut reçu un
temps en Savoie. Louis XI mourut en 1483 plus chrétiennement qu'il n'avait
vécu. Charles de Savoie entrait, cette année même, dans sa majorité. Son
premier acte fut de nommer Antoine Champion, président du conseil de Turin,
chancelier en remplacement du vieux Pierre de Saint-Michel, et vice-chancelier,
Édouard de Canavax. Le président du conseil de Turin fut Aléran Provana. Ce fut
pendant les premiers temps de son séjour en Savoie que le jeune duc Charles
devint l'ami d'un personnage qui eut une étrange destinée. C'était le second
fils du sultan Mahomet II, Djern. NĂ© en 1459, il voulut renverser du trĂ´ne son
frère Bajazet; il fut vaincu, s'enfuit et se réfugia chez les chevaliers de
Rhodes, dont le grand maître, Pierre d'Aubusson, le retint prisonnier. Le
prince turc fut conduit en Savoie et enfermé au château de Rumilly, qui
appartenait à l'ordre. Sa présence y excita une vive curiosité; les seigneurs
du voisinage, le duc lui-même s'empressèrent de venir visiter le fils de celui
qui, en prenant Constantinople, avait fait tomber l'antique empire d'Orient, et
qui lui-même avait disputé, les armes à la main, au grand Bajazet deux empires
et onze royaumes. Le duc Charles se prit d'une chaleureuse amitié pour le
captif, qui, de son côté, éprouva pour lui une vive sympathie. Ils échangèrent
des présents : Djem donna au duc une massue d'armes de Damas, incrustée d'or. Transféré
au château de Rochechinard, près de Saint-Jean de Royans, en Dauphiné, Djem
passa dix années de sa vie, allant d'une forteresse à l'autre. On sait que René
II de Lorraine, en 1487, essaya de le faire enlever. Charles VIII l'envoya en
Italie. Les calomniateurs n'ont pas manqué de dire que le pape Alexandre VI,
auquel il fut confié, le fit empoisonner; mais il est aujourd'hui démontré que
le malheureux Djem succomba à la suite de ses excès ? (Charles
Buet, Les ducs de Savoie aux XVe et XVIe siècles, 1878 - books.google.fr). "assemblee" Rumilly et Annecy, Chambéry et Montmélian, au XVe siècle,
eurent aussi à se disputer tantôt le siège de l'assemblée des Etats, tantôt une
certaine primatie sur la conduite des affaires publiques, tantôt la résidence
des régentes (Victor
de Saint-Genis, Histoire de Savoie d'après les documents originaux depuis les
origines les plus reculĂ©es jusqu'Ă l'annexion: Les origines (587 av. J.-C. Ă
1516 de J.-C.), Tome 1, 1868 - books.google.fr). La régente Yolande, soeur de Louis XI, fit appel assez
souvent aux Etats de Savoie. Certains Etats ne comprenaient qu'une partie de leurs
membres ; ainsi les trois Etats sommaires qui se réunirent à Annecy, en 1479 Mais plutôt que les Etats de Savoie, il peut s'agir
peut-ĂŞtre des conseils du prince. Le conseil du prince, unique Ă l'origine, se scinda
rapidement en deux : le conseil privé, qui suivait le prince dans ses
déplacements, appelé pour cette raison «conseil résident auprès du prince», et
le «conseil résident de Chambéry». Celui-ci
- organisé par Aymon en 1329, puis par divers statuts dont ceux de 1379 et 1430
-, résidait ordinairement à Chambéry, mais siégeait parfois ailleurs en des
circonstances exceptionnelles. Ainsi, en
1482 il réside à Montmélian, à cause
de la peste qui sévit à Chambéry. On trouve quelquefois la mention d'un
conseil résident auprès du lieutenant général : il ne s'agit pas d'une autorité
particulière, mais du conseil résident auprès du prince, qui change de nom pour
des raisons spéciales. En certaines occasions, les princes remettaient en effet
le gouvernement à un lieutenant général, souvent leur successeur désigné (Paolo
Gallone, Organisation judiciaire et procédure devant les cours laïques du Pays
de Vaud à l'époque savoyarde 13e-16e sïecle, 1972 - books.google.fr, François
Capré, Traité historique de la Chambre des comptes de Savoye: iustifié par
titres, statuts, ordonnances, edicts, & autres preuues tirées des archiues,
1662 - books.google.fr). Cf. quatrain IX, 44 - Les guerres de Bourgogne - 2136. A la mort de sa
mère, Philibert avait quatorze ans; en 1479 les Etats, convoqués à Rumilly,
consultent le roi de France sur le choix de son gouverneur; Louis XI désigne un
honnête homme, le comte de La Chambre. Les complaisances de l'assemblée
s'arrêtèrent là ; écartant les candidats du roi, lequel venait de faire conduire
Ă sa cour les princesses Louise et Marie, les Etats choisirent pour le conseil
de régence six Savoyens et six Piémontais, mesure adroite qui, par le partage
égal des influences, privait Louis de son levier habituel. Malgré l'opposition
des Etats, réunis au mois de janvier 1479 à Chambéry, le roi appelle à Tours le
jeune duc et ses frères Charles et Jaques-Loys; puis il marie leurs saurs :
l'aînée, Anne, à Frédéric d'Aragon, futur roi de Naples (1478), Louise à Hugues,
fils du prince d'Orange (1479), Marie Ă Philippe de Bade (1480). Louis XI se
servait des filles d'Amédée contre la Savoie, comme plus tard un autre Amédée,
plus pénétrant et plus habile, à qui l'occasion seule fit parfois défaut, se
servit de ses propres filles pour résister à Louis XIV. Anne, Marie et Louise
ne rappellent-elles pas l'aimable perfidie de la duchesse de Bourgogne et les
obéissances passionnées de la reine d'Espagne ? Le roi essaie ensuite de tirer
parti des jalousies des seigneurs pour qu'on le substitue, de lassitude, aux
factions; le patriotisme du comte de La
Chambre fait avorter un complot contre la liberté du jeune duc, à peine de
retour de son voyage en France (1480). Le roi s'attache aussitĂ´t le comte
de Bresse par l'espoir de la régence. Celui-ci ne quitte plus Philibert, le
conduit de fêtes en fêtes de Chambéry à Rumilly, où se tinrent les Etats, en
décembre 1481, mais de préférence sur les bords du Rhône, á Seyssel, Châtillon,
Yenne, Saint-Genix, où l'on chasse, où l'on danse, et d'où il est aisé en une
journée de descendre jusqu'à Lyon par le cours rapide du fleuve. Le comte de La
Chambre, pris par surprise, est à son tour enfermé dans la prison de Myolans ;
le duc est amené à Lyon, où, tandis qu'on l'amuse, ses conseillers empruntent ;
il y meurt d'épuisement le 22 avril 1482. Louis XI, sous prétexte de sauver
l'Etat menacé par l'accord des princes, retient le jeune Charles et rompt avec
Philippe de Bresse, qui convoque à Turin les Etats-Généraux pour les soustraire
à l'influence française (août 1482). La guerre civile éclate de nouveau. Les
Savoyens et les Piémontais transforment en débat d'orgueil national la querelle
des nobles; Myolans et Grolée rejettent les Piémontais au delà de Suze et
d'Aoste. La mort imprévue de Louis XI (23 août 1483) renverse la situation (Victor
de Saint-Genis, Histoire de Savoie D'après les documents originaux depuis les
origines les plus reculées jusqu'à l'annexion, Tome I, 1868 - books.google.fr). Le duc Charles quitte Lyon et rentre à Chambéry aux
acclamations du peuple (www.chamoux-sur-gelon.fr). Il dut y avoir une assemblĂ©e des Etats en 1482 ou 1483 Ă
Belley, assez proche du lac du Bourget : En 1482, mention dans les comptes des Trésoriers du Bugey
d'un paiement à Pierre Chevallier - missus eques - pour avoir porté des lettres
Dominicales de convocation à une assemblée des Etats à Belley (R.
PIc, Les Etats de savoie, Bulletin, Volume 5, Bugey (Association) -
books.google.fr). "pensifs" Pensif = songeur, rêveur, triste, inquiet : «Serrez
pensifs, troublez les opposans» (quatrain pour octobre 1555, vers 2),
«Veritablement ce mois icy sera difficile à passer pour les personnes
melancoliques et pour les cogitabonds et pensifs» (Pronostication pour 1562, p.
106) (Pierre
Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition
Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr). On dit proverbialement, qu'un homme est logé chez Guillot
le Songeur, lorsqu'il a quelque fâcheuse affaire, & qu'il a sujet de rêver
profondément aux moyens d'en sortir. Ce proverbe vient par corruption de
Guillan le Pensif Chevalier, dont il est parlé au premier livre d'Amadis (Antoine
Furetière, Dictionaire universel, Tome 3, 1701 - books.google.fr). Cf. quatrain I, 24 - Jacques Auguste de Thou - 1575. Le dominicain Pignon (Contre les devineurs, 1411) reprend
à son compte la notion de pacte tacite ou explicite avec le démon élaborée par
Thomas d'Aquin dans sa Somme théologique pour lier tous les « devineurs » dans
une même dévotion idolâtre : «Et pour
tant telz songeurs et devineurs,
selonc ce qu'il appliquent a telles coses par pluseurs manieres, on les nome
(de) pluseurs noms, c'est assavoir nigromanciens, geomanciens, ydromanciens,
aeromanciens, ciromanciens, augurie, aruspicie, sorciers, songeurs, illuseurs,
enchanteurs, maleficieurs et pluseurs autres noms leur sont aproprié, desquelx
je parlerai chy apprés, avec lesquelx sont compris le Vaudois, les vielles qui vont de nuit avec les bonnes choses,
toutes lesquelles sont procedant de la malice et engin des deables» L'amalgame
est d'autant plus intéressant que c'est à partir de la fin du XIVe et du début
du XVe siècle que la signification du terme «Vaudois» s'élargit. Peu à peu,
tout ce qui a commerce avec le démon est communément appelé «vauderie», preuve
d'une indubitable confusion. Celle-ci est tellement forte qu'en 1448 Ă Vevey, Ă
l'occasion de procès en sorcellerie, on forge l'expression hereticorum modernum
Valdensium pour différencier les sorciers des Vaudois traditionnels. Pignon ne
confond pas encore les termes : il parle distinctement des devins, des sorciers
et des Vaudois, mais il fait le rapprochement dans les faits. Tout ceci
concourt à sa démonstration : d'une part, il renforce cette impression d'une invasion
d'individus en rupture de ban avec la société et l'orthodoxie ; d'autre part,
il condamne en bloc tout ce qui est condamnable. Soulignons toutefois que notre
dominicain n'est pas le seul à développer l'idée de l'existence d'une secte.
Une bulle de 1409 du pape Alexandre V adressée à l'inquisiteur franciscain Ponce
Fougeyron dénonce l'existence et la propagation dans les Alpes occidentales de
«nouvelles sectes» aux rites contraires à la religion catholique. Pignon est
donc en phase avec l'actualité Probablement les Vaudois ont eu leurs bibliothèques dans
les chalets des Alpes, dans les forĂŞts ou dans les antres des rochers. C'est de
là qu'ils ont entretenu des relations littéraires avec leurs amis de France.
C'est dans ces mêmes contrées qu'il faut chercher l'origine de la poésie
vaudoise, qui ne manque de grâce ni de beauté. Pourquoi pas ? Les premiers
troubadours paraissent s'être montrés sur les versants des Alpes cottiennes.
Ces régions sont le berceau non-seulement de l'Evangile, mais aussi des
beaux-arts. Du moins les poëtes vaudois tancent-ils fortement (Novel sermon) : Li tercz son li marchant faisant la marchandia vendent otra mesura [...] Li cantador e li
ballador que son van gloris, Que se deleitan mot
en auvir li bel sons. Il ne faut pas trop s'en Ă©tonner, puisque les richesses
et les délices de la vie ont eu accès dans ces solitudes alpestres. Les poëtes
vaudois ne peuvent assez recommander aux fidèles de ne pas rechercher les
richesses, la bonne chère, la vie commode et agréable, les plaisirs et les
voluptés. Ils sont tout aussi abondants sur ce sujet qu'en parlant des
persécutions. Ils vont jusqu'à faire la leçon à ceux qui en hiver ne se lèvent
pas de bon matin, de peur d'avoir froid (Novel sermon, v. 172). Ils disent
qu'on ne profite rien à posséder des tours, des palais, de grandes maisons, de
beaux lits, des vĂŞtements somptueux, de belles vignes, de beaux jardins
(Despreczi del mont., v. 104) (M.
Herzog, L'origine et les doctrines primitives des Vaudois, Revue de théologie
et de philosophie chrétienne, 1850 - books.google.fr). En 1479, les Etats réunis à Montcalier émirent un vœu
touchant la répression des inquisiteurs qui, en procédant aux actes de leur
ministère, foulaient aux pieds les formes protectrices introduites par les lois
et commettaient beaucoup d'oppressions envers le peuple. (MÉNABRÉA, Hist. de
Chambéry, p. 267) (Eugène
Burnier, Histoire du Sénat de savoie, Mémoires de l'Académie de Savoie, Volume
6, 1864 - books.google.fr). Plusieurs informations contre eux avaient faites par
l'archevêque d'Évreux, commissaire du pape, dans la vallée de Fraissinières,
pendant les années 1475, 1478, 1481 (www.regard.eu.org). En 1476 la régente
Yolande, sœur ainée de Louis XI, déclancha une action répressive contre les
Vaudois. En face de ces mesures, les Vaudois des Alpes montrent une plus grande
aptitude à chercher de nouvelles conditions d'existence et révèlent un
renouveau d'élan. Simultanément ils sont prêts à abandonner leur doctrine
traditionnelle de non-violence et à résister à l'oppression économique masquée
par le zèle antihérétique des seigneurs. En
1483, ceux de la vallée de Luserne s'insurgent à main armée contre les
seigneurs locaux et leur rébellion ne s'arrête pas même sous l'autorité du duc
Charles Ier de Savoie. La répression, bien que plus démonstrative que
réelle, rétablit l'ordre. Les Vaudois durent s'engager à en payer les frais. «L'accord
se fit à ces conditions», nous dit Hieronimo Miolo, «premièrement que les habitants de la vallée payent une somme d'argent;
item, que douze hommes s'en aillent au château de Pignerol pour demander pardon
à son Altesse Sérénissime leur Duc». En 1487, l’insurrection ne
ralentissait toujours pas et semblait avoir envahi plusieurs vallées. Le 27
avril Innocent VIII s'adresse à Albert Cattanée, archidiacre de Crémone, pour
le confirmer dans sa fonction de nonce et commissaire apostolique pour les
Ă©tats du duc de Savoie et ceux du dauphin du Viennois. Il y attire l'attention
sur «les Pauvres de Lyon ou Vaudois» qui en seraient venus «à une guerre
ouverte, sans craindre de résister à leurs seigneurs temporels, de ravager
leurs possessions Pour connaître la mentalité des Vaudois des Alpes en
cette fin du XVe siècle, on ne doit guère négliger l'importance de cette
déclaration dont l'authenticité est assurée par un témoignage partial, haineux,
et voire cruel, mais véridique : "Notre
espérance est en Dieu; nous voulons lui plaire plutôt qu'aux hommes et nous ne
craignons pas ceux qui tuent le corps mais ne peuvent tuer l'âme. Du reste si
telle est la volonté de Dieu, tous vos efforts contre nous seront vains" (Giovanni
Gonnet, Amedeo Molnár, Les Vaudois au Moyen Age, 1974 - books.google.fr). Ce ne fut
cependant qu'après la mort de Louis XI, à l'automne de 1483, que la répression
put se développer dans toute rigueur. Jusque-là les communautés avaient en
effet trouvé dans la personne du roi un énergique protecteur. Les raisons
proprement politiques de son attitude sont Ă©videntes. A l'antagonisme qui
l'avait opposé à l'archevêque d'Embrun, à qui il n'était pas parvenu à imposer
son autorité et auquel il avait dû faire prêter en son nom l'hommage qu'il
cessait ailleurs de prononcer, s'était ajoutée son hostilité personnelle à Jean
Baile et à sa famille. La fidélité que le président du Parlement avait
conservée à Charles VII au moment de la brouille qui l'opposa à son fils, en
fit un ennemi de ce dernier et une victime de la réaction qui accompagna l'avènement
du nouveau roi. Ainsi l'archevĂŞque cumulait-il en sa personne la double tare
d'exercer un pouvoir que le roi n'admettait pas de partager et d'appartenir Ă
une famille d'opposants. Très tôt, Louis XI fit des démarches pour obtenir le
déplacement de Jean Baile au profit de l'un de ses familiers. Dans ce contexte,
les communautés vaudoises trouvèrent en lui un appui qui ne se démentit pas,
même au moment où il multipliait les actes de dévotion à la Vierge miraculeuse
d'Embrun. En 1478, il décida la restitution des biens des Vaudois et interdit
désormais toute action inquisitoriale qui n'obtiendrait pas de lettres
expresses de lui : on ne saurait pousser plus loin le dédain du pouvoir
pontifical et de la justice d'Église, au nom d'un impératif politique.
Désormais, tout procès devait être remis au Grand Conseil. L'année suivante, devant
l'opposition du Parlement qui dénonçait la violation des libertés delphinales
dont il était le gardien, il réitéra sa décision, la fondant sur le fait «que
plusieurs des conseillers de notre cour de Parlement et autres nos officiers
audit Dauphiné ont été en partie consentants des grands maux et empêchements
qu'ils ont eus» : ce fut de ces textes essentiels que les Vaudois ne cessèrent
de se réclamer (Pierrette
Paravy, De la chrétienté romaine a la Réforme en Dauphiné: évêques, fidèles et
déviants (vers 1340-vers 1530), 1993 - books.google.fr). "proget" Vers 1470 «idée
qu'on met en avant; plan proposé pour réaliser cette idée» faire [...] maint
subtil pourget contre (qqn) (Georges Chastellain, Chron., Ă©d. Kervyn de
Lettenhove, II, p.71) (www.cnrtl.fr). Chastellain parle ici du siège de Champigneul, en 1430,
par les Français, conduits par Thomelaire, levé par une armée de secours
bourguignone menée par deux écuyers, capitaines de la garnison de Montagu (www.stejeannedarc.net). La marche des
Vaudois Saint Projet est appelé saint Priest dans le Lyonnais. En 1685, La Révocation de l’édit de Nantes s’étend aux
possessions françaises du Piémont, Le val Plagela et le val Cluson. Un grand
nombre de familles vaudoises prennent le chemin de l’exil. En 1688, la situation se renverse en Europe avec
l’arrivée sur le trône d’Angleterre de Guillaume d’Orange qui déclenche une
coalition contre Louis XIV. Des émissaires de Guillaume d’Orange prennent
contact avec les Vaudois en exil en Suisse et organisent en secret leur rentrée
au Piémont en 1689. Cet épisode est connu sous le nom de "Glorieuse
rentrée". Ils ne sont que 900 hommes à regagner le Piémont à marches
forcées par un itinéraire peu fréquenté. Ils arrivent à Prali, dans le val
Germanisca où ils célèbrent leur premier culte le 8 septembre 1689, conduit par
Henri Arnaud. Par le serment de Sibaud du 11 septembre 1689, ils promettent de
rester unis et de continuer la lutte avec Arnaud comme chef militaire et
religieux. Ils vivent comme un miracle le fait d’échapper à l’armée française grâce
au brouillard. Quelques jours plus tard, Victor Amédée rompt son alliance avec
la France et s’allie avec l’Angleterre. Les Vaudois sont sauvés. Sous la
pression anglaise, le duc de Savoie publie un Ă©dit qui garantit les droits des
Vaudois sur leurs terres (www.museeprotestant.org). Si donc la révocation de l’Edit de Nantes, les
dragonnades de Le Tellier, la main de fer de BĂĄville, les condamnations
arbitraires de Saint-Priest, et l'impitoyable rigueur du comte Saint-Florentin,
privèrent nos coreligionnaires de leurs biens, de leurs emplois publics, de
leurs priviléges de famille, jusque de leurs titres de citoyens; s'ils
détruisirent tour à tour leurs temples, leurs écoles, leurs académies, leurs
consistoires, leurs colloques et leurs synodes, ils furent impuissants pour
arrêter le développement de leur intelligence, le libre essor de leurs pensées,
et mĂŞme la manifestation publique de leur foi : c'est ce que constatent tant
d'ouvrages sortis de leurs plumes (A.
Borrel, Bibliographie : "Histoire littéraire de Nîmes" de Michel
Nicolas, Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français, Tome
3, 1855 - books.google.fr). Le sévère mais juste intendant Lenain eut, à sa mort,
pour successeur Jean-Emmanuel Guignard, vicomte de Saint-Priest, du parlement
de Grenoble, envoyé en Languedoc, avec la mission d'exécuter rigoureusement les
édits (1751) (Napoléon
Peyrat, Histoire des Pasteurs du Desert depuis la revocation de l'Edit de
Nantes jusqu'à la Revolution Française: 1685 - 1789, Tome 2, 1842 -
books.google.fr). Typologie Le report de 2205 sur la date pivot 1482 donne 759. Saint Gingolph (mort en 760) fut moine et devint le patron
des maris cocus. Un village de Haute-Savoie, dans le nord du département,
Ă cheval sur la France et la Suisse, porte le nom de ce saint. Comme d'ailleurs
d'autres localités de l'Aisne, de Saône-et-Loire Suivant les caprices du
langage, Gingolph prend des formes variées : Gangolf, Gangulph, Gengou,
Gengoul, Gangon, Gengon, Gegoux, Gigoult. Et la liste n'est sans doute pas
complète. Cette diversité souligne l'expansion géographique du culte du saint
qui va de la Savoie Ă la Hollande, de l'Yonne Ă l'Allemagne. Le martyrologe
romain (Les Bollandistes 1940) ne badine pas : «On n'a aucune certitude
concernant le martyre de saint
Gingolph», écrit-il. D'après la «Passion» du saint, datée fin du IX - début du
Xe siècle, Gingolph serait le descendant d'une illustre
famille de Bourgogne. Sa femme, de mœurs légères, l'aurait fait assassiner le
11 mai 760 (Jean
Prieur, Hyacinthe Vulliez, Saints et saintes de Savoie, 1999 - books.google.fr). Les deux communes de Saint-Gingolph (Valais) et de
Saint-Gingolph (France) ne forment qu'une seule paroisse. L'Ă©glise paroissiale
est sur la rive gauche de la Morge, rivière qui forme la frontière, et, par
conséquent, sur le territoire français (Annales
du SĂ©nat: DĂ©bats parlementaires, Volume 69, 1906 - books.google.fr). Jusqu'en 1536, le village de St-Gingolph avait appartenu
à la Savoie; de 1536 à 1569, il avait fait partie du Valais. Le traité conclu
le 4 mars 1569 Ă Thonon, entre les seigneurs du Valais et le duc
Emmanuel-Philibert de Savoie, prescrivit que la Morge formerait la frontière
entre les deux pays, en sorte qu'une partie du village de St-Gingolph se trouva
Ă cheval sur les deux pays. Mais, les biens communaux, qui consistaient
essentiellement en pâturages et en forêts, étant demeurés indivis, devinrent
une source de conflits (Walther
Burckhardt, Ludwig Rudolf von Salis-Mayenfeld, Le droit fédéral suisse, Volume
1, traduit par George Bovet, 1930 - books.google.fr). |