1999 - 2230
1999 - 2231

 

X, 72

 

2230

 

L'an mil neuf cens nonante neuf sept mois,

Du ciel viendra un grand Roy d'effrayeur:

Resusciter le grand Roy d'Angolmois,

Avant apres Mars regner par bonheur.

 

Si Nostradamus fait allusion à l'éclipse du 11 août 1999, le décalage de 231 années s'explique difficilement.

 

La première approximation satisfaisante du cycle luni-solaire, celui où un nombre entier de cycles de douze lunaisons coïncide avec un nombre entier d'années solaires, est une période de douze cycles de Méton valant 19.12 = 228 années solaires ou 235.12 lunaisons, c'est-à-dire 228 + 7 = 235 années lunaires. Cette période se subdivise en 7 cycles de 33 années lunaires complétés par un reste de 4 années lunaires (Albert de Surgy, Le prêtre-roi des Evhé du Sud-Togo, Chefs et Rois sacrés, 1990 - span.revues.org).

 

On ne trouve pas de référence à Isaac Abravanel chez les exégètes de Nostradamus. Mais les quatrains peuvent prendre un accent de cet auteur juif selon son comput des temps messianiques qui tient compte de 231 années particulières. On retrouve l'esprit de la chronolgie biblique de la Lettre à Henry.

 

Il s'écoula ainsi 22 années de la vente [de Joseph] jusqu'à ce que [la famille de Jacob] descende en Égypte. Et en Égypte ils restèrent 210 ans. Ce qui fait que c'est pendant une longue période de 232 années qu'Israël resta privé de Tora authentique - [ces années étant prises] sur les deux millénaires de Tora. Et c'est pour cette raison qu'Élie a laissé entendre qu'il a été prélevé sur ces deux derniers millénaires qui ont pour vocation d'être messianiques de quoi compléter la période de 400 ans réservée à l'exil nécessaire auquel notre nation a été condamnée en raison de ses multiples fautes, soit 228 ou 231 années, selon les opinions exprimées dans le traité Avoda Zara [9b 49]. En effet, le Temple fut détruit en l'année 3828 [de la Création] ; pour arriver à la fin du IVe millénaire, 172 ans devaient encore s'écouler. C'est ainsi que pour parvenir au terme des 400 années d'exil, il s'est écoulé du Ve millénaire messianique le nombre d'années que j'ai indiqué, ainsi qu'on le verra encore clairement. Or voici: s'il en est ainsi, il s'est écoulé de ces deux derniers millénaires le même nombre d'années que dans le cas des deux premiers millénaires et des deux millénaires intermédiaires. En effet, de même qu'il s'est écoulé des deux premiers millénaires, jusqu'à Enosh, 235 années qui ne furent point [des années] de chaos, et de même qu'[il s'est écoulé] des deux millénaires intermédiaires, de la vente de Joseph jusqu'au don de la Loi sur le Sinaï, 232 années qui ne furent pas [des années] de Tora, ainsi il s'est écoulé des deux derniers millénaires 228 ou 231 années qui n'ont pas été [des années] messianiques (Isaac Abravanel: la mémoire et l'espérance, présenté par Jean-Christophe Attias, 1992 - books.google.fr).

 

Après correction d'un rouleau trouvé à Rome, Isaac Abravanel corrige la date de la fin du monde, 4291 (591), en 5291 soit 1591 de l'ère commune. Pour lui, le Messie surgira en 5319, soit 1559 de l'ère commune, ayant 12 ans en 1503 (Isaiah Tishby, Acute apocalyptic messianism, Essential Papers on Messianic Movements and Personalities in Jewish History, 1992 - books.google.fr).

 

On trouve au quatrain I, 48, daté de 1592 : "Lors accomplir & mine (termine) ma prophétie" et au quatrain I, 4, daté de 1560 : "Par l'univers sera faict un Monarque" mais la suite "qu'en paix et vie ne sera longuement" correspond plus à François II, roi de France en 1559 et mort à 16 ans en 1560, qu'à un messie de 68 ans.

 

Le "Roi d'Angolmois" peut faire référence du grand-père de François II, François Ier né à Angoulême, qui est peut-être l'"antéchrist trois" du quatrain VIII, 77, du fait du massacre des Vaudois provençaux, entre autres.

 

Le courant politique et fondamentaliste de l'islam prônant la primauté du religieux basé sur l'obéissance à la charia est celui issu des Frères musulmans. Depuis 1955, après leur échec dans l'Égypte nassérienne, ces derniers ont ouvert des centres en Europe. Le djihad, pour parvenir à ses fins, considère que le monde est divisé en deux parties. D'un côté, le monde de l'islam : «Dâr al-Islam» (maison de l'islam), de l'autre, «Dâr al-Harb» (la maison de la guerre), à conquérir, par les armes. Voire une troisième notion : la maison de la conciliation, de l'entente, comme Soliman le Magnifique avait qualifié la France après la défaite de Pavie quand, prisonnier de Charles Quint, François Ier avait sollicité une alliance avec lui en 1529. C'est la maison d'alliance, qui jusqu'à aujourd'hui devrait maintenir l'état de paix entre la France et le monde musulman, puisqu'elle n'a jamais été abrogée et que sa validité court toujours. Après le 11 septembre 2001, « l'audace » démentielle du terrorisme islamiste, atteignant la citadelle américaine en son cœur, a plusieurs conséquences graves. D'abord, cette violence sans limite est favorisée par la mondialisation dont elle emprunte les moyens de communications, la mobilité humaine, l'essor des technologies de pointes. On a dit : «Ben Laden, c'est Internet plus la Charia.» La prise de conscience tardive de l'Occident européen et anglosaxon de la dangerosité du terrorisme dit islamiste ne fait que suivre les avertissements des nombreux pays et d'intellectuels musulmans qui ont, avec les femmes d'Algérie, d'Afghanistan ou d'Arabie payé un large tribut aux violences souvent barbares des islamistes. En Algérie, le terrorisme des années noires a fait 200 000 morts dans les années 1990. Bien loin de signifier un sommet ou un acte terminal désespéré, la destruction des tours du World Trade Center annonce au contraire un nouveau départ, une nouvelle ère de la violence islamiste mondialisée, comme on l'a vue à Bali, chez chez les Tchétchènes, au Yémen avec le torpillage du tanker français le Limburg, ou avec le récent assassinat d'Hervé Gourdel, des journalistes de Charlie hebdo et des 17 morts de janvier 2015, ou encore la tuerie du Bardo à Tunis (Dalil Boubaker, Lettre ouverte aux Français: L'appel du recteur de la Mosquée de Paris, 2015 - books.google.fr).

 

X, 73

 

2230-2031

 

Le temps présent avecques le passé,

Sera jugé par grand Iovialiste :

Le monde tard par luy lassé,

Et desloyal par le clergé juriste.

 

Dans la gnose ismaélienne, on peut trouver une identification de l'Imam avec la planète Jupiter du hiérocosmos. Le dieu Jupiter a pour génitif en latin Jovis, qui a donné l'adjectif français "jovial" (cf. le Mont Jovis de la Lettre, nom latin du Col du Grand Saint Bernard), et le nom du jour de la semaine le jeudi (Lettre à Henry - Jovialistes et Achem).

 

La longue vie de l'univers s'articule en cycles de sept mille ans, vers la fin desquels intervient un jugement des âmes non encore élues. [...] les six premiers millénaires constituent une période d'ésotérisme. A l'intérieur de chacun de ces six millénaires se succèdent, en vertu de cycles astrologiques et notamment des conjonctions de Saturne et de Jupiter, des séries (en principe huit) de sept imâms, ou heptades, théoriquement réparties chacune sur 120 ans en moyenne et passant alternativement de la clandestinité à la manifestation tous les 240 ans approximativement. [...] De même que les envoyés sont au nombre de sept, il y a dans chacun des six premiers millénaires huit séries de sept imams ou «heptades» (usbû'-s, par analogie avec la semaine), constituées chacune de cinq imamats et deux moitiés d'imamat, le dernier imam d'une heptade étant le premier de l'heptade suivante, ou qâ'im, évoquant le Qâ'im de la Résurrection, car il y a un parallélisme des petits cycles à l'intérieur des grands (Adam et le Qà'im étant un même personnage). Les huit heptades sont divisibles en deux séries de quatre heptades qui constituent en 480 ans (ou 476 environ) un cycle complet. Ces quatre heptades se partagent en deux groupes : un groupe renaissance-apogée de 240 (238) ans, durant lesquels les imams régnent avec une grande audience, et un groupe décadence-clandestinité, où le nombre des méchants se multiplie, les imams devant même, durant une période, se cacher. Le passage du groupe décadence-clandestinité au groupe renaissance-apogée est censé être déterminé par le prétendu passage de la conjonction de Saturne et de Jupiter des signes de feu aux signes de terre, ou des signes d'air aux signes d'eau ; l'inverse est lui déterminé par le prétendu passage de la conjonction des signes de terre aux signes d'air ou des signes d'eau aux signes de feu. [...]

 

Ainsi que l'a précisé Casanova, se fondant sur la table des conjonctions géocentriques de Saturne et de Jupiter, dressée par van de Sande Bakhuyzen et publiée à la fin du mémoire de Goeje sur les «Carmathes du Bahraïn et les Fatimides», lors de la naissance supposée de Mahomet en 571, la conjonction passait à la triplicité de l'eau; elle a dû passer à celle du feu en 809 et elle passait à celle de la terre en 1047. [...]

 

Cette date de 1047 était donc vraisemblablement celle que les Fâtimides prévoyaient approximativement pour le renversement de la dynastie abbasside et peut-être même la conquête de Byzance, ce qui explique leur activité vers cette date en direction de la Mésopotamie. On peut en déduire que Mahomet a inauguré une période d'apogée (en 571 ; à moins qu'elle n'ait commencé effectivement qu'à l'Hégire?), qu'en 690, une période de décadence commençait et que la période de landestinité devait durer de 809 à 928, cette dernière date marquant approximativement le début de la période de remontée aboutissant à la date fatidique de 1047 et à l'apogée (Yves Marquet).

 

Le 28 août 571, qui répond à la naissance de Mohammed, la conjonction est entrée dans la triplicité aquatique qui comprend Scorpion, Écrevisse et Poissons, et y a évolué dans cet ordre à quatre reprises jusqu'en 789. Le 3 octobre 809, elle est entrée dans la triplicité ignée (Sagittaire, Lion, Bélier). Enfin, le 19 novembre 1047, elle est passée dans la triplicité terrestre (Capricorne, Vierge, Taureau) (Une date astronomique dans les Épîtres des Ikhwân as Safâ, Journal asiatique, 1915 - books.google.fr).

 

Le quatrain X, 73 daté de 2230-2031 se place dans une triplicité de terre 1047 + 952 = 1999 terminée en 2237, proche de 2231. 1999 est la fin du période de triplicité de feu c'est-à-dire de décadence, et le début d'une période de triplicité de terre, renaissance. 1999 est la date mentionnée dans le quatrain X, 72, mis en rapport, par la méthode présentée sur ce site, avec les attentats de New York du 11 septembre 2001, attentats dits "islamistes" (cf. quatrain VI, 97 situé en 1997 donc en triplicité de feu, où cet élément est bien présent : "ciel bruslera" et "Feu approcher"). La proximité de ces deux quatrains donne une explication au premier en rapport avec un contexte islamique. L'inscription dans le temps des attentats recoupe peut-être la chronologie mystique définie par les Ismaéliens avant le Xème siècle. Rappelons la période de 693 ans qui, selon Pierre d'Ailly, suivant Al Kindi, marquerait la durée de l'existence de l'Islam, et couvre l'espace des 942 quatrains, entre le premier quatrain I, 1 et le dernier X, 100 (il y a un "trou" de 58 quatrain, la Centurie VII se terminant à VII, 42).

 

X, 74

 

2231-2032

 

Au revolu du grand nombre septiesme,

Aparroistra au temps jeux d'Hecatombe,

Non esloigné du grand aage milliesme,

Que les entrez sortiront de leur tombe.

 

"Que les entrez sortiront de leur tombe" : chez les Frères de la Pureté

 

Tout d'abord, il y a au début de chaque période de 7 000 ans comme un rappel cyclique du premier Adam en la personne de chaque Adam particulier. Les législateurs eux aussi, reproduiront mieux que quiconque cet archétype plus parfaitement reproduit encore par le dernier législateur de chaque cycle (Mahomet), et par conséquent par le qâ'im qui inaugure la période de résurrection (Mahomet ressuscité). Mais entre ces grands prophètes, les imâms successeurs (y compris ceux qui succèdent au sceau des législateurs) tendent vers cette perfection, et peut-être même en approchent de très près (comme la lune imite le soleil dans sa plénitude et sa lumière). Je voudrais clore ce chapitre par deux remarques. Si les cinq législateurs étaient chacun sous l'influence d'une planète, Adam était vraisemblablement sous l'influence du soleil et le qâ'im sous l'influence de la lune: on verra que pour ce dernier au moins le kitâb al-Ustûtâs semble le confirmer. D'autre part, si Adam, selon le «mythe de la caverne», ressemblait à ses deux parents (l'Intellect et l'Ame), il est dit aussi que Noé «ressemblait particulièrement» à Adam et qu'Abraham était semblable à ses deux premiers frères. Or, selon les écrits ismaïliens et notamment la Risâla mudhaba du Cadi Nu'-mân, Adam et Noé suivis d'Abraham forment un groupe qui s'oppose à celui que constituent Moïse et Jésus suivis de Mahomet. Puis les Ihwân précisent que Jésus ressemblait tout particulièrement à son premier frère (Adam) et que Mahomet ressemblait tout à fait à Abraham. Or, selon les mêmes auteurs, dans ces deux groupes. Moïse ressemblait à Noé et Jésus à Adam. Quant à Mahomet, il est par rapport à Moïse et Jésus comme Abraham par rapport à Adam et Noé. Les Ihwân précisent que cette ressemblance tient à ce que Mahomet était sous l'influence de Mercure, «frère» de Jupiter (astre d'Abraham). Mais sans doute ce découpage des cycles de 7 000 ans tire-t-il son origine du parcours dans les triplicités de cette conjonction capitale qu'est celle de Saturne et Jupiter (Yves Marquet, La philosophie des Ihwan al-safa', 1973 - books.google.fr).

 

"HĂ©catombe" : les cent chameaux, jeu et sort

 

"hécatombe" signfie "cent boeufs". Poursuivant dans l'optique musulmane, les boeufs se transforment en chameaux.

 

Abd-el-Mettaleb n'avait qu'un seul enfant, et dans sa douleur il fit cette prière : « Seigneur, si vous me donnez dix enfants, je jure de vous en immoler un en actions de grâces. » Dieu l'entendit et le fit père neuf fois encore. Abd-el-Mettaleb, fidèle à sa promesse, remit au sort à décider quelle serait la victime; et le sort choisit Abdallah. Mais la tribu s'élevant contre le sacrifice, il fut décidé qu'Abdallah serait mis d'un côté et dix chameaux de l'autre; que le sort serait de nouveau consulté jusqu'à ce qu'il se prononçât pour l'enfant, et qu'autant de fois qu'il se prononcerait contre lui, dix chameaux seraient ajoutés aux premiers. Abdallah ne fut racheté qu'à la onzième épreuve, et cent chameaux furent immolés à sa place. Quelque temps après, Dieu manifesta qu'il avait accueilli favorablement cet échange, car il fit naître d'Abdallah notre seigneur Mohamed ; et depuis, le prix du sang, la dia d'un Arabe, est fixé partout à cent chameaux. » (Anne Raffenel, Nouveau voyage dans le pays des nègres: suivi d'études sur la colonie du Sénégal, et de documents historiques, géographiques et scientifiques, Tome 1, 1856 - books.google.fr).

 

Les QoraĂŻchites avaient mis la tĂŞte de Mahomet Ă  prix pour cent chameaux.

 

Quand le passage prédisant la victoire des Grecs fut révélé, Abou-Bekr (plus tard calife) fit un pari avec Obba ben Schalf, Arabe idolâtre, que la prophétie serait accomplie dans l'espace de trois ans, et il gagea dix chameaux. Mahomet, avant appris le pari, dit à Abou-Bekr que le mot bed'(quelques) s'appliquait à un nombre quelconque depuis trois jusqu'à dix, et lui conseilla de modilier les termes du pari dans ce sens ; les deux parties fixèrent le temps à neuf ans, et la gageure à cent chameaux. On dit qu'Obba mourut en l'année 5 de l'hégire, et que, la prédiction s'étant réalisée peu de temps après, ses héritiers furent forcés de donner cent chameaux à Abou-Bekr (Le Koran traduit par Albert de Biberstein-Kazimirski, 1865 - books.google.fr).

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