Louis de la Cerda, roi des Îles X, 22 2193-2194 Pour ne vouloir consentir au divorce, Qui puis apres sera cognu indigne, Le roy des Isles sera chassé par force, Mis à son lieu qui de roy n'aura signe. Divorce En 1281, Marie de Molina contracta un mariage avec le
second fils d'Alphonse X de Castille, qui régna à la mort de son père sous le
nom de Sanche IV. Les commencements du mariage avec l'infant furent difficiles,
car le mariage n'avait pas reçu la dispense pontificale nécessaire pour un
double motif : d'une part existaient des liens de consanguinité de
troisième degré entre les mariés et d'autre part Sanche avait été fiancé au
préalable avec une riche héritière catalane nommée Guillerma de Montcada. Le mariage fut considéré comme nul et, par
conséquent, tous les enfants nés de celui-ci tenus pour illégitimes (fr.wikipedia.org -
Maria de Molina). Sanche IV, roi de Castille, épousa l'an 1282 Marie, fille
de don Alphonse de Molina, princesse d'une beauté parfaite et d'un génie
supérieur. Le pape avait mis la Castille en interdit, parce que Sanche s'était
marié sans dispense avec Marie, sa cousine germaine. La guerre civile et la
guerre étrangère accablaient la Castille de leur double fléau. Sanche avait usurpé
le trône sur ses neveux, dont Philippe III, roi de France, soutenait les
droits. Philippe ne consentait à mettre bas les armes qu'à condition que le roi
de Castille épouserait une de ses soeurs et répudierait Marie. Mais cette
princesse exerçait tant d'empire sur le coeur de son époux, qu'il aima mieux
perdre le trône que de se séparer d'elle. L'interdit
mis sur ses états par le pape, les guerres qu'il lui fallait soutenir, les
périls divers qui l'environnaient, tous ces maux lui parurent moins cruels que
l'idée du divorce ; et dès qu'il connut le projet de Philippe, il rompit
avec indignation le congrés assemblé à Bayonne pour traiter de la paix. La
couronne avait été l'objet des voeux de Sanche ; elle ne lui donna que des
chagrins. Pendant dix ans que dura son règne, il ne jouit pas d'un seul instant
de repos, et mourut à Tolède dans sa trente-sixième année. A ses derniers
momens, il appela tous les grands de son royaume, et leur fit prêter serment Ã
don Ferdinand, l'ainé de ses fils, âgé alors de neuf ans; il déclara en même
temps régente dona Maria sa femme. Il en avait eu trois fils et deux filles.
Les précautions de Sanche ne calmaient pas l'inquiétude qu'il éprouvait sur le
sort de ses enfans. Son mariage n'avait point été ratifié par le pape :
les prétentions de don Juan son frère, celles des Lacerda ses neveux, les
révoltes continuelles dont la Castille était victime, et l'enfance du fils
qu'il laissait roi, lui faisaient craindre qu'on ne respectât pas ses dernières
volontés. Les approches de sa mort furent aussi troublées que sa vie. La
fermeté, la constance et l'habile politique de dona Maria, triomphèrent
d'obstacles qui paraissaient invincibles; et elle eut la gloire d'affermir sur la
tête de Ferdinand une couronne que voulut en vain lui ravir une multitude
d'ennemis publics ou secrets. Dès que Marie eut été reconnue en qualité de
régente, et qu'elle eût fait proclamer son fils roi à Tolède, elle s'occupa de
gagner l'affection du peuple, par la suppression d'impôts onéreux au commerce
ainsi qu'Ã l'indigent. Les Lacerda, les rois de France, d'Aragon, de Portugal,
de Grenade, et l'infant Jean, se déclarèrent contre le nouveau roi (Mme
Dufrénoy, Biographie des jeunes demoiselles, 1820 - books.google.fr). "Roy des
isles" Alphonse de La Cerda n'oublia rien pour recouvrer le
royaume qui lui appartenoit, et dont il prit le nom de roi de Castille, que
Sanche, son oncle, avoit usurpé. Ses efforts furent inutiles ; il fut
réduit à se retirer en France, où Charles le Bel le fit son lieutenant général
en Languedoc. Il épousa Mahaud, dame de Lunel, dont il eut un seul fils connu
sous le nom de prince des iles Fortunées, d'où sont sortis les Medina-Céli. Il
se remaria à Isabeau, dame d'Antoing et d'Espinoy, veuve d'Henri de Louvain,
seigneur de Gaësbeck, qui épousa en troisiemes noces J. Ier de Melun, vicomte
de Gand. De son second mariage Alphonse de La Cerda eut Charles, dit de
Castille ou d'Espagne, connétable de France, qui figura dignement et
grandement, et qui fut empoisonné à Laigle en Normandie, où il mourut, par
ordre de Charles le Mauvais, roi de Navarre. Ce connetable ne laissa point
d'enfants de Marguerite de Châtillon-Blois. Il eut deux frères sans
établissements ni alliances, dont un fut archidiacre de Paris, et une sœur mariée
en Espagne, à Ruys de Villalobos. Ainsi finit promptement cette branche du connétable.
Revenons maintenant a son frère aîné, Louis d'Espagne, prince des Iles
Fortunées, duquel sont sortis les Medina-Coeli (Louis
de Rouvroy duc de Saint-Simon, Mémoires complets et authentiques sur le siècle
de Louis XIV et la régence, Tome 12, 1872 - books.google.fr). L'aîné, Louis,
naquit certainement dans ce pays pendant l'exil de son père à une date qu'il
n'est point possible de fixer même approximativement. Du moins savons-nous
que lors de la réconciliation des deux branches de la maison royale de Castille
et de la .renonciation à la couronne qui fut imposée à l'infant de La Cerda,
Louis était tout près d'atteindre l'âge de la puberté, car on le voit, deux ans
après, en 1306, épouser à Séville Da Leonor de Guzman, fille d'Alonso Perez de
Guzman «el Bueno», le glorieux défenseur de Tarifa, et de D" Maria Alonso
Coronel. Devenu, du chef de sa femme, seigneur de Deza, Enciso et du Puerto de
Santa Maria, il vécut quelque temps en Castille, où sa présence est constatée
en i33a au couronnement d'Alphonse XI qui lui conféra l'ordre de la chevalerie,
et l'année suivante dans les rangs de l'armée qui alla secourir Gibraltar
assiégée par les Maures1. Depuis cette époque, il cesse de figurer parmi les
grands vassaux appelés à souscrire les privilèges royaux, et les annales de
Castille ne font plus mention de sa personne. Il est certain qu'il se rendit en
France, mais nous ne connaissons point les motifs qui le déterminèrent Ã
quitter l'Espagne (Georges
Daumet, Louis de la Cerda ou d'Espagne. In: Bulletin Hispanique, tome 15, n°1,
1913 - www.persee.fr). Ce Louis de La
Cerda eut le don du pape des îles Fortunées, dont il fut couronné roi dans
Avignon, par le même pape Clément VI, vers 1344. Ces îles sont les
Canaries, qu'il se résolut d'aller chercher sur l'exemple de ceux de Gênes et
de Venise sur le bruit de leur découverte; mais ce fut un dessein qu'il ne put
exécuter. Il fut amiral de France, comte de Clermont et de Talmont (Louis
de Rouvroy duc de Saint-Simon, Mémoires complets et authentiques sur le siècle
de Louis XIV et la régence, Tome 12, 1872 - books.google.fr). Avant l'arrivée des Guanches, génocidés par les Espagnols
cacatholiques, les Îles Canaries étaient habitées par des animaux endémiques,
disparus depuis, tels que les lézards géants (Gallotia goliath), les rats
géants (Canariomys bravoi et Canariomys tamarani) et les tortues géantes
(Geochelone burchardi et Geochelone vulcanica). Les sources gréco-romaines y
situent les limites du monde connu (l'«Écoumène»). L'imagination des classiques
y place les Champs Élysées, le jardin des Hespérides et l'Atlantide de Platon.
Les îles Canaries sont connues depuis l'Antiquité sous le nom d'«îles
Fortunées» ou «îles des Bienheureux». Les îles Canaries étaient connues des
Phéniciens et des Carthaginois (fr.wikipedia.org - Îles
Canaries).  Pour les Îles Fortunées, cf. quatrains X, 20 et VI, 27. Aux Iles
Fortunées, les jours et les nuits sont d'égale longueur ; à midi personne ne
projette d'ombre, car le soleil se trouve au zénith. On voit ici des images
grecques s'entrecroiser avec d'autres iraniennes. Pindare parlait de la
mesure uniforme des temps chez les bienheureux, mais les mages aussi
enseignaient que les ressuscités ne projetaient pas d'ombre ; d'après l'Avesta, c'est dépourvus d'ombre
que les chevaux brillants de Sraosha et de Mithra parcourent l'espace céleste
(Franz
Altheim, Alexandre et l'Asie: histoire d'un legs spirituel, 1954 -
books.google.fr). "indigne" Dès le temps où
les états de Valladolid, assemblés par don Sanche, s'étaient prononcés contre
la successibilité des enfants de Ferdinand de la Cerda, petits-fils de saint
Louis, et avaient été jusqu'à déclarer le roi son père déchu de la couronne,
Alphonse avait résolu de demander les
secours d'Abou-Yousouf. Il comptait obtenir le concours du roi de Maroc en
raison de l'indigne conduite de son fils et des relations de don Sanche avec le
roi de Grenade. Son espoir ne fut pas déçu. Une alliance se forma
promptement entre Yacoub et Alphonse X d'une part, don Sanche et le roi de
Grenade d'une autre. Yacoub entra en campagne de suite et marcha vers la
Nouvelle-Castille, à travers l'Andalousie. Le roi d'Aragon Pierre III, engagé
déjà dans la conspiration de Jean de Procida pour enlever la Sicile à Charles
d'Anjou, s'abstint de prendre part à la guerre, et continua dans ses arsenaux
de Barcelone et de Valence les préparatifs considérables dont la destination
restait un secret. Le roi de France, malgré le vif intérêt qu'il avait Ã
défendre les droits des infants ses neveux, hésitait à prendre la défense
d'Alphonse X. Abou-Yousouf lui écrivit de son camp de Xativa, au royaume de
Valence, le 24 octobre 1282, pour l'engager à venir venger en Espagne l'honneur
paternel et la dignité royale outragés par la conduite de don Sanche. Il lui
adressait en même temps une déclaration par laquelle il promettait d'adhérer Ã
toute alliance qui serait contractée à cet effet avec le roi de Castille et son
royaume. [...] Yacoub tint en effet parole et aida Alphonse Ã
reconquérir une partie des villes qui avaient proclamé son fils ; mais les
lenteurs de la guerre et la suite des événements le ramenèrent bientôt Ã
tourner ses armes contre le roi de Castille, le naturel ennemi des souverains
de Maroc. Si bien que les écrivains arabes du siècle suivant, trompés par cette
habituelle hostilité des deux pays, n'ont vu dans l'intervention d'Abou-Yousouf
en faveur d'Alphonse qu'une ruse et une trahison : « Heureux de pouvoir
entretenir la discorde entre les Chrétiens et gratifier en même temps son amour
pour la guerre sainte, le sultan consentit volontiers à secourir son ancien
ennemi, et partit sur-le-champ afin d'entrer en Espagne le plus tôt possible,
dans l'espoir de faire tourner à son propre avantage la désunion qui régnait
parmi les Chrétiens» (Louis
de Mas Latrie, Traités de paix et de commerce et documents divers concernant
les relations des chrétiens avec les arabes de l'Afrique septentrionale au
Moyen Age, Tome 1Â 1866 - books.google.fr). "Signe" Signe de
reconnaissance privilégié, le naevus est fréquemment utilisé, dans la narration
littéraire et folklorique, comme moyen d'identification, indicateur d'une
origine ou d'un destin, support d'une anagnorisis. Cette fonction purement
diégétique de marquage n'épuise cependant pas toutes les dimensions et
virtualités du motif : ses occurrences paraissent en effet parfois
sous-tendues par un ensemble plus ou moins cohérent de représentations et de
croyances, dont les plus récurrentes et profondément ancrées dans les mémoires
collectives semblent être celles que signale l'association de la marque de
naissance avec une prophétie. C'est alors que, plus que jamais, la marque
devient signe, voire théophanie : manifestation d'un projet occulte et/ou
transcendant, preuve d'une vocation secrète, justification d'un ministère. C'est
bien à un système imaginaire de ce genre que semble, ironiquement, faire
allusion Cervantes lorsque, dans le Quichotte (I, 30) il prête à Dorotea la
prétendue croyance, sur une prophétie supposée de son père, à l'heureux
dénouement de ses tribulations grâce à l'intervention d'un chevalier tout semblable
à Don Quichotte «alto de cuerpo, seco de rostro», dont l'identification sera en
outre et surtout immanquablement authentifiée par une marque distinctive
parfaitement reconnaissable voulant vérifier qu'il est bien le héros annoncé
par la prophétie, Don Quichotte s'apprête à se déshabiller : connaissant
mal son propre corps il veut voir si ce dernier est ou non porteur du naevus
attendu. Sancho intervient alors pour éviter, encore une fois, à son maître
l'épreuve de réalité et entretenir l'illusion, en confirmant l'adéquation au
rêve d'une prétendue réalité objective, celle de la signature intime que Don
Quichotte pense (espère) porter sur sa peau, sans avoir cependant, de par son
emplacement, la possibilité de le constater lui-même Poilu ou non, le lunar
apparaît d'ailleurs à plusieurs reprises dans les œuvres de Cervantes,
notamment dans sa fonction la plus traditionnelle, celle de la reconnaissance
et vérification d'identité. Plus qu'aux
romans de chevalerie proprement dits, c'est enfin à certaines traditions
généalogiques et héroïques que semble reconduire le naevus quichottesque :
l'allusion aux «cabellos a manera de cerdas» rappelle bien évidemment la marque
de l'infant Fernando, fils d'Alphonse le Sage, («... un lunar en la espalda de
donde le colgaba un cabello largo y gruesso como cerda») à qui doit son nom le
lignage des La Cerda. Il est en effet
temps de revenir à l'une de ses dimensions fondamentales : son lien à une
prophétie. Certes les signes de naissance des chevaliers errants ont valeur
prophétique dans la mesure où ils annoncent une destinée spécifique, révèlent
une vocation qui souvent ne s'explicitera que plus tard. Mais ils ne font pas
eux-mêmes l'objet d'une prophétie : ils créent une attente plus qu'ils ne
viennent en combler une qui leur serait préexistante. Encore moins
désignent-ils le héraut de quelque Bonne Nouvelle, le détenteur d'un ministère
transcendant : pour être «cosmique» la vocation de leurs porteurs ne
dépasse pas l'ambition d'une souveraineté toute terrienne (sauf dans le cas des
chevaliers «a lo divino», décalque un peu terne de leurs modèles mondains). Le seul antécédent vraiment pertinent de ceux que la
critique a assignés au naevus quichottesque est le cas des marques distinctives
de Tariq, par qui se fit l'annexion de l'Espagne au monde des croyants. Il faut
donc ici abandonner le domaine de la fiction purement littéraire. C'est
pourtant bien sous un aspect littéraire, qui plus est apocryphe et donc
éminemment suspect, que, de prime abord, se présente à nous cette prétendue
tradition. Quoi de plus fictif, de plus proche des pullulants falsos cronicones
qui embarrassaient alors les bibliothèques et les esprits, que cette
invraisemblable Historia verdadera del
rey don Rodrigo de Miguel de Luna ? L'Abulcacim Tarif Abentarique dont
le morisque grenadin prétend s'inspirer est très probablement aussi imaginaire
que le Cide Hamete de Cervantes, et c'est certainement dans l'ouvrage de Luna
(ou dans un réseau de cuentecillos et patrañas dont celui-ci devait dépendre
étroitement) que Cervantes a trouvé le modèle de la prophétie évoquée par
Dorotea (François
Delpech, Du héros marqué au signe du prophète : esquisse pour l'archéologie
d'un motif chevaleresque. In: Bulletin Hispanique, tome 92, n°1, 1990 -
www.persee.fr). "mis à son lieu" : à la place (R.
P. Marcellin Fornier, Histoire générale des Alpes maritimes ou Cottiènes, Tome
2, 1891 - books.google.fr). Celui qui sera à la place de La Cerda sur le trône de
Castille ne portera pas de signe ("cerda"). Acrostiche : PQ LM PQ : postquam LM : abréviation de Lamentations
de Jérémie. Une tradition, dont Jacques d'Édesse se fait l'écho,
raconte comment un certain moine Zozime, désireux de savoir ce qu'étaient devenus
les descendants de Réchab, se trouva conduit jusqu'à leur île et y demeura en
leur compagnie durant sept jours découvrant un peuple pieux, vivant nu et dans
une grande innocence, recevant sa nourriture sans effort de certains arbres, et
n'ayant plus eu de contact avec le «monde de vanité» depuis leur arrivée sur
l'île. Toutefois, étant régulièrement visités par des anges, ils étaient
devenus chrétiens. Au XIIIe siècle, Bar-Hebraeus, dans son traité La forme du
Ciel et de la Terre identifie cette île avec les îles Fortunées (fr.wikipedia.org -
Réchabites). Les Îles Fortunées sont au nombre de sept grandes,
situées en latitude depuis l'équateur jusqu'au troisième climat. On raconte que
leurs habitants étaient plongés dans l'idolà trie, quand un saint vint près
d'eux et leur annonça la parole de l'Évangile ; ils crurent et furent baptisés.
D'autres disent que ce sont les fils de Réchab dont il est question dans le prophète
Jérémie et qu'ils suivent la loi de Moïse (Bar
Hebraeus, Le livre de l'ascension de l'esprit sur la forme du Ciel et de la
Terre: cours d'astronomie, traduit par François Nau, 1899 - books.google.fr,
Les
fils de Jonadab, fils de Réchab, et les îles fortunées (Histoire de Zozime)
Texte syriaque de Jacques d'Édesse: Publié pour la première fois, avec une
traduction française d'après les manuscrits de Paris et de Londres, 1899 -
books.google.fr, fr.wikipedia.org
- Réchabites). Littérature C'est à l'extrême
fin du règne de Sanche IV qu'aurait été commencée l'Historia del Cauallero de Dios que auia por nombre Cifar,
oeuvre, probablement, d'un ecclésiastique de Tolède qui connaissait des modèles
étrangers tels que les romans bretons, les lais de Marie de France, et les
poèmes de Chrétien de Troyes. Le Cauallero Cifar est, en effet, la première
ébauche d'un roman de chevalerie, et c'est même quelque chose de plus, car dans
les caractères de Cifar ou de Roboan et de leur compagnon le ribaldo, on reconnaît
les types du chevalier errant et du picaro. Ainsi l'auteur devance les deux
genres de fiction chevaleresque et picaresque dans lesquels l'Espagne allait se
distinguer. Cervantes a-t-il lu les
aventures de Roboan et de son écuyer si prodigue en proverbes ? Ce n'est pas
impossible car le livre s'imprima en 1512 ; si la réponse à cette question
était affirmative, on pourrait considérer ce couple comme la rude esquisse
primitive de Don Quichotte et de Sancho Panza et alors, comme l'a remarqué
M. Wagner, il serait difficile d'exagérer l'influence littéraire du Cauallero
Cifar. Dans tous les cas, une grande importance historique s'y attache, car
c'est le premier ouvrage espagnol que l'on puisse appeler un vrai roman (James
Fitzmaurice-Kelly, Histoires des littératures: littérature espagnole, Tome 1,
1913 - books.google.fr). Typologie Le report de 2193 sur la date pivot 1304 (reconciliation
des La Cerda avec la régente Marie de Molina) donne 415. Le fond, commun Ã
tous les mss des Fils de Jonadab, ne
peut guère, sous sa forme actuelle, être antérieur au Ve siècle, car on y parle
avec insistance de la Sainte Trinité, de la Bienheureuse Vierge Marie, mère de
Dieu, et surtout des hiérarchies d'anges et d'archanges analogues à celles du
pseudo Denys l'Aréopagite. Si donc le grec n'avait déjà remanié l'hébreu,
on peut croire que ce fut Jacques d'Édesse qui, au VIIe siècle, remania le grec
au lieu de se borner à le traduire. De plus certains mss (add. 12174 ; no 236 ;
no 235 et 72) offrent une rédaction plus simple et moins chargée. Les mss 3337,
70 et 71 développent et interpolent beaucoup le texte des précédents. Enfin, le
ms. n° 234. ne donne qu'un résumé de la légende. On constate que déjà le ms.
235 interpole dans les dernières pages le ms. 236. Il allonge les adieux de
Zosime aux Bienheureux, ajoute un passage oil il est question de la B. V. M. mère
de Dieu et avance que ce fut «un lion,
grand et puissant» que reporta Zosime dans sa caverne. Dans le ms. 3337,
«la grande mer l’océan» est devenue un grand fleuve ; le pays des bienheureux
est a plus de trente milles dans ce fleuve, Zosime est porté par un lion et par
un chameau, etc. (François
Nau, La légende inédite des fils de Jonadab, fils de Réchab, et les Îles
Fortunées, Revue Sémitique, 1898 - archive.org). Celse a beau
considérer comme juive la pratique d'adorer le ciel et les anges qui s'y
trouvent, une telle pratique, loin d'être juive, est au contraire une
transgression du judaïsme, tout comme celle d'adorer le soleil, la terre, les
étoiles et encore les statues. Du moins
on trouve en particulier dans Jérémie que le Logos de Dieu, par le prophète,
reproche au peuple juif d'adorer ces êtres et de sacrifier «à la reine du ciel»
(7,17) et «à toute l'armée du ciel» (19,13) (Marcel
Borret, Contre Celse d'Origène, 1969 - books.google.fr). L'organisation cosmique chrétienne va reprendre comme
naturellement les spéculations métaphysiques sur les degrés hiérarchiques de
l'être, issues des doctrines néo-platoniciennes de l'émanation. Plotin parlait
déjà de l'exode de l'être dans le multiple à partir de l'un, et il distinguait
quatre degrés de l'être. Ses disciples et successeurs, Porphyre, Jamblique et
surtout Proclus vont mettre au point cette doctrine de l'émanation. Et Proclus fixera quasi définitivement la
doctrine des Intelligences pures, en montrant leur absolue simplicité, leur
incorporéité et la nature de leur connaissance, comme connaissance illuminative
et non discursive. De ces réflexions naît l'idée d'une hiérarchie des êtres
spirituels entre les hommes et les dieux. Denys l'Aréopagite va
christianiser ces théories et affiner les degrés hiérarchiques, à peine
ébauchés dans la pensée de Proclus (Yves
Cattin, Philippe Faure, Les anges et leur image au Moyen Age, Tome 2, 1999 -
books.google.fr). Est élaborée par Proclus la hiérarchie des dieux qui
comprend neuf degrés : l'Un, premier dieu ; les hénades ; les
dieux intelligibles ; les dieux intelligibles-intellectifs ; les
dieux intellectifs ; les dieux hypercosmiques ; les dieux encosmiques ;
les âmes universelles ; les anges, démons et héros (Henri
Dominique Saffrey, Recherches sur le néoplatonisme après Plotin, 1990 -
books.google.fr). Après les Lamentations : après la prise de Jérusalem par
Nabuchodonosor. The
appointed time for the service of the Rechabites in the second Temple was the
7th of Ab (Ta'an. iv. 5). After the destruction of this Temple, traces of the
Rechabites are found in the pedigree of R. Jose b. Halafta, the author of
"Seder 'Olam," who claimed to be a direct descendant of Jehonadab ben
Rechab (Gen. R. xcviii. 13) (www.jewishencyclopedia.com). Dans l'Église de Jérusalem dépendant de Jacques, on
renonce à ses biens pour tout mettre en commun (petits sommaires de Act. 2,
42-47 ; 4, 32-37) ; Jacques est
nazir et prêtre, ascète intercédant pour la communauté, dans le temple. Lors de
son martyre, il est défendu par un prêtre «fils de Rekab, fils des rekabim»,
Cf. EUSÈBE, H.E., 2, 23, 17. Or ces rékabites, fils de Jonadab (II Rois 10,
15-17 ; Jer. 35) sont constitués en clan, en mouvement de réaction contre les
infidélités d'Israël ; ils ne boivent pas de vin, ne font ni agriculture
ni commerce, et ils vivent en étrangers. Le tanna R. José ben Halafta, auteur
présumé du Seder'Olam Rabba, dont le Talmud rapporte une série d'enseignements
de caractère ascétique était considéré comme l'un de leurs descendants. Chez
les chrétiens, les rékabites seront considérés plus tard comme les ancêtres des
moines, les bienheureux habitants des îles Fortunées (Marie-Joseph
Pierre, Les exposés d'Aphraates, Volumes 1 à 2, 1988 - books.google.fr). En 411, Augustin, dans ses Confessions, liv. X, ch. XXXX,
en un élan d'enthousiasme mystique et de confiance absolue en la volonté de
Dieu, s'écrie : "Da quod jubes, et jube quod vis", Donnez-moi ce que
vous voudrez et veuillez ce qu'il vous plaira. Deux moines d'Afrique, Céleste et Pélage, osèrent blâmer ces
expressions passionnées, non pas comme contenant une hérésie, mais comme
propres à favoriser la paresse morale de l'homme. Ce blâme blessa profondément
saint Augustin, qui répliqua avec une vigueur d'abord contenue et enfin avec la
dernière violence, surtout après 415, lorsque le concile de Diospolis eut
refusé de s'associer å ses rancunes. Pélage affirmait la possibilité pour
l'homme de faire le bien s'il le voulait, sans nier cependant la nécessité de
l'assistance divine. Pour concilier la liberté de l'homme avec cette assistance
nécessaire, Pelage distinguait entre la volonté, l'action et le pouvoir
communiqué à l'homme pour qu'il puisse accomplir le bien. Ce pouvoir est un don
gratuit de Dieu ; mais l'action et la volonté dépendent absolument de l'homme,
car la grâce n'agit qu'indirectement sur la volonté par l'entendement qu'elle
éclaire et fortifie. Saint Augustin, au contraire, posant en principe la corruption
absolue de la nature humaine, en tira la conséquence que l'homme n'a ni la
volonté ni le pouvoir de faire le bien, mais que c'est la grâce qui lui donne
jusqu'à la volonté de s'amender et agit en lui, non pas par la persuasion de
l'entendement, mais d'une manière intérieure et cachée. C'est elle seule qui
produit les bonnes cuvres; elle agit même contre la volonté de l'homme; elle
est irrésistible. Mais, objectèrent les pélagiens, pourquoi le Dieu bon
n'accorde-t-il pas ce privilège à tous les hommes ? Objection
embarrassante à laquelle saint Augustin ne répond qu'en exagérant encore son
système et en se prononçant pour la prédestination absolue. Dieu, enseigna-t-il
des lors, a, de toute éternité, prédestiné les uns au salut, les autres à la
damnation éternelle et son décret est basé, non pas sur sa prescience et sur
les mérites des élus, mais uniquement sur son bon plaisir. Conformément à ce
décret caché, éternel et immuable, décret fatal dont nul n'a le droit de se
plaindre puisque tout le genre humain appartient à la masse corrompue et mérite
la damnation éternelle, Dieu a résolu de sauver quelques hommes; leur nombre
est irrévocablement fixé. Les autres restent dans la masse de perdition, en
sorte que, dit saint Augustin, on ne peut pas prétendre qu'ils sont damnés par décret
de Dieu; ils subissent seulement la damnation que leur a infligée le péché
d'Adam. Quant aux élus, qui ne doivent leur élection ni á leurs mérites ni Ã
leur foi, mais à la seule miséricorde de Dieu, ils seront bien jugés selon
leurs œuvres ; mais comme le don de grâce qu'ils ont reçu de toute éternité ne
peut se perdre, Dieu fait tourner leurs péchés mêmes à leur plus grand bien;
ils peuvent donc, en définitive, avoir la certitude d'être sauvés. Cette théorie de la prédestination absolue ne pénétra
jamais dans l'Eglise orientale et rencontra dans l'Eglise latine même de
nombreux contradicteurs; mais la contradiction ne fit qu'accroitre la violence
de saint Augustin, qui alla jusqu'à dire dans sa réponse à Julien d'Eclanum :
«Les réprouvés ont été faits des vases de colère pour l'utilité des élus.» Les
adversaires de la prédestination citaient le quatrième verset du chapitre XI de
la 1re épitre de Saint-Paul à Timothée : Dieu veut que tous les hommes
soient sauvés. Ce texte paraît péremptoire, et il est curieux de voir saint
Augustin le torturer en tous les sens pour en détruire la valeur incontestable.
Il affirme que, par tous les hommes, saint Paul entend soit tous les élus, soit
des gens de tout sexe et de toute race; ailleurs il prétend que, dans ce cas,
le mot tous est synonyme de plusieurs. Ces artifices puérils, hasardons le mot,
feraient presque douter de la bonne foi de l'illustre évêque d'Hippone. Si l'on
veut se rendre compte de l'acharnement que le saint prélat mit dans toute cette
querelle, il importe de se rappeler qu'Augustin avait passé par le dualisme manichéen
avant d'embrasser le christianisme; on ne hait rien tant que ses anciens amis. En elle-même, la doctrine de la prédestination
était très-défavorable à l'idée d'Eglise et de hiérarchie. En mettant le salut
de l'homme entre les mains de Dieu seul, elle rendait inutiles toutes les
bénédictions, tous les sacrements de l'Eglise. Aussi le pélagianisme
condamné, ou tout au moins le semipélagianisme, devint-il la doctrine réelle de
l'Eglise, tandis que l'augustinisme en demeura la doctrine officielle, ce qui
n'empêcha pas ses défenseurs d'être poursuivis de l'occasion (Grand
dictionnaire universel du XIXe siècle Larousse, Tome 13, 1875 - books.google.fr). La cerda est un signe que l'on voudrait de
prédestination. Quand Augustin
parle de l'Eglise, il ne pense presque jamais â l'organisation, â la
hiérarchie, â la structure verticale. C'est pourquoi sa notion d'Eglise ne
se limite pas l'Eglise catholique visible; pour lui, le don de l'Esprit est accordé
à tout homme dans la mesure où il commence à aimer et refusé à ceux qui
refusent d'aimer, que ce soit dans l'Eglise visible ou en dehors d'elle (D. J.
Macqueen, John Camden on Grace and Free) (Bulletin
signalétique 527: Sciences religieuses, 1978 - books.google.fr). Ce que l'on peut lire dans Nouthesia (avertissement) d'un vieillard au sujet des saintes images (fait pendant le règne de Léon III l'Isaurien et Constantin V son fils, vers 741) : Va à Diospolis [Lydie] en Palestine, et vois que les membres de trois religions
se sont réunis pour choisir la meilleure. En effet, selon leur religion, chacun
s'est adonné à des jeûnes et à des veilles et, en se traitant harmonieusement
en amis et en fermant l'église, avec beaucoup de soins minutieux, chacun d'eux,
de sa propre foi, a demandé qu'un signe apparaisse. Et au bout du temps, ils
ont tous ensemble ouvert l'église pour voir le signe de leur religion, mais
cherchant partout, ils n'en ont rien trouvé. Mais dans la sortie de la porte,
ils ont tous ensemble vu la très pure image en marbre de la toute sainte Mère
de Dieu, qui a été créée sans mains ni matière. Alors les juifs l'ont vue et
aussi les Samaritains et saisis de honte, ils sont partis. Et, jusqu'Ã nos
jours, l'image est là et aucun chrétien ne l'a appelée idole. Écoutez les
citations de nos pères. Je parle de
Dionysios, le grand apôtre, très distingué en théologie, car il dit : L'institution sacrée et la source de
perfection a établi notre hiérarchie très pieuse. Il l'a modelée sur les
hiérarchies célestes et a revêtu ces hiérarchies immatérielles de nombreuses formes
et figures afin que, d'une manière qui s'accorde avec notre nature, nom
puissions monter de ces images très vénérables aux interprétations et aux
assimilations qui sont simples et inexprimables. Il est tout à fait impossible que nous, les hommes,
puissions, d'une manière immatérielle, monter pour imiter et contempler les
hiérarchies célestes sans l'aide de ces moyens matériels qui peuvent nous
guider selon les exigences de notre nature (Stéphane
Bigham, Les images chrétiennes: textes historiques de Constantin le Grand
jusqu'à la période posticonoclaste, 313-900, 2010 - www.academia.edu). Dans la hiérarchie ecclésiastique, le Pseudo-Denys voit surtout un pouvoir de sanctification. De même que la hiérarchie angélique, la hiérarchie ecclésiastique est un intermédiaire entre Dieu et l'homme, destiné à rapprocher l'homme de Dieu. Elle comporte, elle aussi, trois degrés : le premier, le plus bas, dont la fonction est de purifier l'homme : c'est l'ordre du diaconat; le second, dont la fonction est de l'éclairer et de l'illuminer : c'est l'ordre des prêtres; le plus élevé enfin, dont la fonction est de parfaire le chrétien et de l'unir à Dieu : c'est l'épiscopat (Joseph Tixeront, Histoire des dogmes, Tome 3, 1912 - books.google.fr). |