le point de repos druze

Le point de repos druze

 

X, 71

 

2229-2230

 

La terre & l'air geleront si grand eau,

Lors qu'on viendra pour Jeudy venerer :

Ce qui sera jamais ne fut si beau,

Des quatre parts le viendront honorer.

 

Comme on peut le voir au quatrain I, 50, ceux qui fêtent le jeudi peuvent être les Druzes. Leur religion est inspiré par le calife fatimide d'Egypte Al Hakem, assassiné en 1021, après 25 ans de règne.

 

Le froid

 

Par ailleurs, tous s'accordent à prétendre que le Devançant est le principe du repos et du froid, et que le Suivant est le principe de la chaleur et du mouvement. De ce fait, ils font du Devançant le monde du néant invisible et du Suivant le monde de l'existence, ce qui contredit leur propre thèse selon laquelle le Devançant est l'Adoré. Comment cela serait-il possible, puisqu'ils font du Suivant le monde le plus éminent? En effet, leur argumentation et leur raisonnement exigent que le Suivant soit plus éminent que le Devançant, puisque le Suivant possède la chaleur et le mouvement, ce qui est la qualité naturelle de la vie et de l'existence, tandis que le Devançant possède le repos et le froid, la qualité naturelle de la mort et du néant. Or, la vie et l'existence sont plus éminentes que la mort et le néant. En effet, il est contraire à la raison que le devancé soit plus éminent que le devançant, ou que recevoir ses moyens de subsistance soit meilleur que d'en fournir, ou qu'être défait (maftûq) soit meilleur que de défaire (fâtiq). Gloire à Notre Seigneur, l'Exalté Suprême, qui s'élève au-dessus de ce qu'ils décrivent. Toutefois, ils ont parlé en fonction de leur capacité et de l'époque dans laquelle ils vivaient; ils se sont affairés et exprimés suivant le lieu et les possibilités.

 

Telle n'est évidemment pas la perspective des néoplatoniciens, pour qui l'immobilité est au contraire une marque de perfection. Fidèles aux principes du néoplatonisme, les philosophes Ismaéliens (comme Sihistânï et Kirmânï) ne font surgir le mouvement qu'au niveau de la deuxième créature — l'Âme ou le Suivant — tandis que l'Intellect ou le Devançant, immuable grâce à sa perfection absolue, demeure en un état de repos complet et de quiétude totale. (Ismail Tamimi, Hamzah ibn Ali ibn Ahmad, Rasa'il al-Hikma, volumes 1 et 2, rédacteur D. De Smet, 2007 - books.google.fr, Silvestre de Sacy,, Exposé de la religion des Druzes tiré des livres religieux de cette secte et précédé d'une introduction et de la vie du khalife Hakem-Biamb-Allah, Tome 2, 1838 - books.google.fr).

 

Le point de repos

 

Tandis que vient de se fonder à Paris aussi, un « comité chrétien pour l'entente » entre la France et l'Islam ; à l'heure où une minorité de leaders colonialistes d'Amérique et d'Europe persiste à traiter en inférieurs les 400 millions de musulmans du monde (et les 800 millions d'hindo-bouddhistes) nous avons le pressentiment que l'Homme Parfait ne sera pas ce robot de “polytechnicum” prétentieux que sculpte le progrès physico-chimique; mais qu'il surgira des milieux humains les plus mal traités en assumant la voix d'un Juge acculé à rendre sentence. En tout cas, c'est dans les apocalypses sémitiques qu'est née, pensons-nous, la notion d'Homme Parfait ; non pas dans la philosophie hellénistique, où elle s'est figée dans la systématisation. C'est, chez les Prophètes d'Israël, le thème du Serviteur d'Yahvé, du Juste souffrant dont la réhabilitation triomphale manifestera, à la fin des temps, ce « Secret de la Gloire du Juste » que Dieu a caché aux Anges : cette « amâna » que seul un cœur humain, [celui de Jésus Messie] peut porter (Qur'ân, 33, 72 ; « dhahâb al-amânab », Ibn Mâja, 2, 499). C'est, en Chrétienté, la Parousie, le Couronnement (trirègne) de l'Église, la déification de tous ceux qui ont conçu le Dieu vivant d'un même cœur, la glorification vengeresse du « fiât » virginal. En Islam, c'est le Témoin de l'Eternel, shâhid al-qidam, la voix de l'Esprit, dont l'action récapitulatrice brisera tous les symboles idolâtrés, «rassasiant le monde de justice autant qu'il fut rassasié d'iniquité»: le chant évocateur qui vibre du pressentiment de la beauté prééternelle récupérée. La notion sémitique de l'Homme Parfait est étroitement liée au style prophétique. En dépit des préjugés indo-européens, la prophétie n'a pas à se couler, entre sémites, dans notre futur avec ses futuribles, en les colorant de notre "couleur locale", de notre "temps subjectif" d'aryens. Ou dans la juxtaposition fortuite de ces événements discontinus qu'expriment les langues agglutinatives. En langues sémitiques, le style prophétique introduit l'aspect accompli du verbe dans l'inaccompli, l'absolu dans le relatif ; le « miracle » de la prophétie s'exprime, - non pas en scandant la fuite linéaire du temps (par des événements décousus, fortuits, ponctuels, les coups de l'heure, surajoutés pour nombrer le mouvement, comme dans la clepsydre aristotélicienne), - ni en inversant le cyclisme pluriel du temps polyphasé des astres, reflet, selon Platon, de l'éternité (en constatant ses rebroussements, précessions, éclipses, dans le gnomon hémisphérique chaldéen), — mais en arrêtant le pendule (raqqâs, en arabe) au point zéro de son amplitude d'oscillation (qui danse, avec le pouls de la vie, autour de l'instant présent) : au nuqtat al-bîkâr des Druzes, au maximum de l'accélération, au point d'arrivée, inattendu, dans le “lieu du salut” (S. Augustin). Cet arrêt est la “catastrophe" (musîba), élément premier de toute apocalypse (malhama) ; calamité justicière qui démonte la structure corruptible de la nature en la sacralisant, qui cautérise médicalement notre instinct du sacré; la catastrophe prédite allume en nous une explosion de notre ultime finalité, où nous reconnaissons notre raison d'être; par une compréhension soudaine, sacrificielle, qui réalise en nous, personnellement, tel symbole, tel thème archétypique de l'histoire humaine. Involution axiale du temps pendulaire, l'apocalypse révèle « à rebours » la finalité de l'histoire (solidarité en Adam, réversibilité dans le Christ), elle fait resurgir et reconnaître les pierres d'angle jadis dédaignées, par leur correspondance à la "brique d'argent" manquante, à la clé de voûte sainte du "bunyân marsûs" (Q,. 61,4); "retourne" l'embouchure de la Trompette excitatrice vers les origines, et "remonte" le regard du Juge à contrepente des effets vers les causes; les intersignes sont élucidés par le rappel de leurs marques archétypiques, et la convergence providentielle des épreuves, échecs et haines, détecte, décape, isole et extermine, personnalisés comme des cibles, devant tous, les prédestinés à l'Amour. «Personne n'est aussi jaloux que Dieu” (Bukhârî, in fine “tawhîd”); “Nul ne me sauvera de Dieu" (Q,. 72, 22). Un accent déchirant de vérité sort, malgré tout, de ces textes si choquants pour notre entendement; distorsions de l'espace, décalages dans les dates, désordres voulus, liés à l'emploi intentionnel, typique, de certains nombres entiers : provoquant des emboîtements de périodes, des télescopages de perspectives, en vue de nous "recaser" dans l'axe du vouloir divin. L'imagerie gauche, sauvagement heurtée, de ces textes, en décevant notre esthétique, nous induit à comprendre que leurs scripteurs "inspirés" sont d'avance témoins du renversement final des valeurs humaines, et n'essaient nullement de nous prendre aux "grossières ficelles" du blocage finaliste de la "grande imposture biblique" (grosse Tâuschung de Fr. Delitzsch). Ils vérifient en Dieu la substantielle identité des pressentiments qui les déchirent, et des prophéties antérieures déjà vérifiées par leurs devanciers; leur mémoire devient espérance, et c'est pourquoi ils y “incorporent”, par extrapolation récurrente, de l'”ex eventu” (Louis Massignon, Opera minora: Islam, culture et société islamiques, Tome 1, 1963 - books.google.fr).

 

Mais maintenant, les cycles sont achevés; la doctrine des pieux, qui était cachée, est devenue manifeste; ce qui avait été placé sous le mur a été révélé aux hommes, et le cercle est revenu au point du repos (nuqtat al-bïkàr). Ainsi, j'ai composé cet écrit sous l'inspiration de Notre Seigneur al-Bâr, al-Hâkim, l'Irrésistible, l'Exalté, le Tout-Puissant (gloire à lui, qui s'élève au-dessus des opinions des infidèles) et je lui ai donné pour titre "Le Dévoilement des Vérités". Les matières que j'y développerai à votre intention, le seront grâce à l'assistance d'al- Bâr et à l'inspiration qu'il m'a accordée, uniquement en fonction des exigences de l'époque, et non parce que vous en seriez dignes ou que vous le méritiez suite à l'action antérieure d'un des vôtres; bien au contraire, il s'agit d'une faveur de sa part, d'une marque de miséricorde à votre égard, et de la réalisation d'une promesse qu'il vous a faite par l'intermédiaire des dignitaires de sa prédication et des serviteurs du règne de son Unicité. La glorification et la gratitude ne reviennent qu'à lui seul. Je dis, par la volonté et sous l'inspiration de Notre Seigneur, que le Créateur fit apparaître à partir de sa lumière étincelante une forme parfaite et pure, qui est la Volonté (iràda). Elle est la matière (hayûlâ) de toutes les choses, et c'est par elle qu'elles ont été générées, suivant sa parole: Tel est en vérité, son Ordre: quand il veut une chose, il lui dit: "Sois! " et elle est. Il nomma cette forme "Intellect". L'Intellect est parfait par la lumière et la puissance, complet par l'acte et la forme; les cinq natures sont réunies en lui. Il y consigna tout ce qui existe, jusqu'à l'infini, et il l'établit comme Imàm suprême, présent en chaque siècle et à chaque époque. Il est le Devançant véritable et fut nommé "devançant" parce que sa nature et sa forme ont devancé tous les dignitaires dans la profession de l'Unicité du Créateur. Il est perceptible et accessible aux sens; il mange et il boit. Ce n'est donc pas un être imperceptible par l'imagination et inconnaissable, comme disent [les docteurs antérieurs]. C'est le premier être instauré par l'Exalté Suprême; aussi, il l'appela "la Cause des causes" (illat al-'ilal). Il s'agit d'un Intellect parfait en puissance, complet en acte, doux par le repos, vigoureux par le mouvement; il est le principe du "point du repos", la matière des cinq natures, subtil et transparent, et il gouverne toutes les choses terrestres et célestes. Il plaça en lui l'honneur et la gloire des hommes, tant dans la religion que dans les affaires mondaines, et il fit dépendre leurs rangs de la part de lumière qu'ils tirent de lui et de la quantité d'eau douce et fraiche qu'ils puisent à son fleuve.

 

Le point du repos (nuqtat al-bïkâr) a déjà commencé à apparaître, par l'Unicité de Notre Seigneur al-Bàr, le Roi Tout-Puissant, al-'Azïz le Miséricordieux, al-Mu'izz l'Irrésistible, al-Hâkim l'Unique, l'Isolé, l'Éternel, qui n'a ni compagne, ni enfant, et en dehors duquel il n'y a point d'être à adorer. Louanges et gratitude reviennent à Notre Seigneur, à cause de la manifestation de la lumière des lumières et de la sortie de ce qui était enfoui sous le mur (Rasa'il al-Hikma) (Ismail Tamimi, Hamzah ibn Ali ibn Ahmad, Rasa'il al-Hikma, volumes 1 et 2, rédacteur D. De Smet, 2007 - books.google.fr, Silvestre de Sacy,, Exposé de la religion des Druzes tiré des livres religieux de cette secte et précédé d'une introduction et de la vie du khalife Hakem-Biamb-Allah, Tome 2, 1838 - books.google.fr).

 

Le beau

 

Quand on parle du "Beau", on pense à Platon. Les Ismaéliens sont fortement imprégnés de néoplatonisme qu'ils ont transmis à la religion des Druzes.

 

Les Rasa'il al-Hikma, constituent le corpus des textes sacrés de la religion druze. La plupart de ces écrits sont attribués a Hamza b. 'Ali et Isma'il at-Tamimi, les incorporations de l'Intellect universel et de l'Ame du monde à l'époque d'al-Hakim, le calife fatimide que les Druzes vénèrent comme la forme corporelle sous laquelle la divinité se montra aux hommes au début du 11e siècle en Egypte. Ils forment la source principale du druzisme, une religion issue du chiisme ismaélien qui compte actuellement près d'un million de fidèles, principalement au Liban, en Syrie et en Israël. Sa doctrine, fortement marquée par le néoplatonisme arabe, s'avère d'un grand intérêt pour l'histoire de la philosophie et des religions, d'autant plus qu'elle a adopté de nombreux éléments chrétiens (Ismail Tamimi, Hamzah ibn Ali ibn Ahmad, Rasa'il al-Hikma, volumes 1 et 2, rédacteur D. De Smet, 2007 - books.google.fr).

 

Quatre

 

M. Poujoulat, dans sa correspondance d'Orient, rapporte ce qui suit sur la religion des Druzes; mais, comme il ne fait pas connaître la source où il a puise ses informations, nous n'en garantissons pas l'exactitude : "Le jour du jugement est celui où Hakem, reprenant la forme humaine, régnera sur tout l'univers par la force et par l'épée. Personne ne sait quand arrivera ce grand jour, mais des signes l'annonceront au monde; ces signes seront la discorde des rois et le triomphe des chrétiens sur les musulmans. Hakem ôtera la vie aux rois et aux peuples et leur donnera ses ordres. Les peuples seront alors divisés en quatre sectes, en chrétiens, juifs, renégats et adorateurs du vrai Dieu, chacun des deux premiers se subdivisera de la manière suivante : des chrétiens sortiront les Ansariés et les Mutualis; des juifs sortiront les Turcs. Les renégats sont ceux qui ont abandonné la foi de Hakem. Une récompense éclatante attend pour ce grand jour les adorateurs de Hakem; ils auront la royauté, les biens, l'or et l'argent. Les renégats seront affreusement punis, leur nourriture deviendra amère, ils seront esclaves. Dieu leur passera un anneau de verre noir à l'oreille qui les brûlera en été et les glacera en hiver. Les peines des chrétiens et des juifs seront moins violentes (Richard Edwards, La Syrie, 1840-1862: histoire, politique, administration, population, religion et moeurs, événements de 1860, 1862 - books.google.fr).

 

nostradamus-centuries@laposte.net