Edit d'Amboise et Capucins X, 94 2246-2247 De Nismes, d'Arles
et Vienne contemner, N'obeyr tous a l'Ă©dict Hespericque, Aux labouriers
pour le grand condamner, Six eschappez en
habit seraphicque. Ce quatrain se place temporellement dans la même période
que les deux précédents. "expiation hespericque" :
Horace "hespericque" apparaît dans l’Almanach de Nostradamus pour 1565 :  Et que Iupiter & le soleil & Iupiter
en leurs sieges plus hautz
est que les roys, monarques & leurs magistratz feront observer leurs loix,
edictz & humaines constitutions, accompagnees avecques les
divines, tellement que le tout redondera à grande paix & tranquillité :
& que la pestilance sera
si grande que ne cessera que l'expiation
hespericque ne soit faicte,
ne passant : mais Ă cause que le soleil est dans la neuviesme,
qui signifie roys voyager & visiter leurs
royaumes & terres pacifier par tout. (Allusion au grand
tour de France de Catherine de Médicis et de son fils le roi Charles IX, initié
le 24 janvier 1564) La pièce qui évoque de manière la plus explicite la
reconstruction de la Ville est la sixième ode romaine. Dans cette ode célèbre,
Horace interpelle la jeunesse et l’enjoint à reconstruire en priorité les
demeures des dieux : il s’agit d’une nécessité vitale pour l’Empire, d’une
condition sine qua non Ă la survie et Ă la grandeur de la Ville (Odes III, 6,
vers 1 Ă 8) : Tu laveras, innocent,
les fautes de tes aînés, Romain, tant que tu n’auras pas restauré les espaces sacrés, les demeures des
dieux en ruine et leurs images souillées d’une noire fumée. C’est de ta
soumission aux dieux que tu tiens ton empire : de cela fait le principe et la
fin de toute entreprise. Négligés, les dieux ont envoyé mille maux à l’Hespérie
endeuillée. Le ton de ces vers est grave. Outre l’apostrophe
solennelle au Romain, le système de futur (lues, refeceris,
pour reficias), la mise en valeur de donec en spondée avant la coupe, contribuent à faire de
l’avertissement d’Horace une prĂ©diction d’ordre quasi oraculaire. Le polyptote deis / dei / deorum contribue Ă
donner une certaine solennité à ces vers, mais aussi à placer les dieux au
centre du propos : Horace instaure
comme en I. 2Â un metus deorumet
fait de la restauration des temples et de la piété la première des étapes de la
reconstruction de la Ville et de l’expiation du crime romain. En mettant en valeur l’image du sang entachant l’espace
nouvellement consacré (fluxit in terram),
ces derniers vers rappellent que dès le commencement, la Ville de Rome fut
souillée. Cette image de la souillure réapparaît dans l’ode III. 6 pour évoquer
les guerres civiles Ă travers le
verbe luere qui rappelle l’expression expiari scelus (Odes I, 2, 29). Elle
intervient d’ailleurs à plusieurs endroits du recueil : en II. 1, 22, les chefs
des guerres civiles sont sordidi, et Actium est
présenté dans l’ode I. 37 comme la victoire de Rome sur des forces impures,
Cléopâtre projetant de lancer à l’assaut du Capitole son troupeau d’hommes
contaminés (contaminato morbo,
vers 9 et 10). La reconstruction des temples de Rome s’apparente ainsi à un
geste expiatoire, similaire à une cérémonie de lustratio
ou de procuratio, mais aussi nécessaire pour rompre
les acerba fata, et mettre
fin à une forme de prédestination tragique L’Hespérie est l’Italie par rapport à la Grèce, et l’Espagne par rapport à l’Italie (Gaffiot). On retrouve le livre III des Odes d'Horace que l'on
rencontre dans le quatrain I, 8 (Chine et Venise) avec ses "lois
vaines" daté de 1564, au temps ou Nostradamus écrivait son almanach de
1565. "edict hespericque"
L'"edict hespericque" vise donc l'expiation des crimes de la
guerre civile, en France, autrement guerres de religions. La première guerre dura un an (1562-1563) et se termina
par l'édit d'Amboise, moins libéral que l'édit de janvier, mais qui valut
cependant à la France quatre années de paix. L'enjeu essentiel de la première
guerre (avril 1562- mars 1563) consiste Ă s'emparer des villes qui tombent en
grand nombre entre les mains des protestants dans tout le sud de la France.
Dans la vallée de la Loire, la réussite immédiate est spectaculaire avec les
surprises d'Orléans, Blois, Tours et
Angers, mĂŞme si les forces royales reprennent assez rapidement les trois
dernières villes. Pendant toutes ces opérations qui concernent surtout un arc
de cercle allant du Poitou Ă la Normandie, la ville de Nantes se mobilise pour
sa défense sous la tutelle du duc d'Étampes, resté fidèle au pouvoir royal Après l'échec de la conjuration d'Amboise inspirée par le
cadet des Bourbons, Louis de Condé, la reine-mère Catherine de Médicis va
essayer de faire prévaloir une politique de conciliation. Amorcée dès le
printemps 1560 par des édits d'amnistie
et de tolérance, cette politique prend corps à l'avènement de Charles IX qui
donne la régence à Catherine. Il s'agit de refaire l'unité religieuse du
royaume par un concile national quiÂ
réalise un accord doctrinal et la réforme de l'Église. Présenté par le
chancelier de L'Hospital aux États généraux (Orléans,
1560; Pontoise, 1561), ce programme inspire le colloque de Poissy (sept. 1561).
Devant la cour, le légat du pape et un grand nombre de cardinaux et d'évêques,
douze théologiens protestants, parmi lesquels Théodore de Bèze, exposent la foi
réformée; leurs propos, notamment sur l'Eucharistie, font scandale, et les discussions poursuivies ensuite en réunions
restreintes, auxquelles participe le jésuite Lainez, se révèlent vaines.
Cependant, l'Ă©dit de janv. 1562 accorde aux protestants, non seulement la
liberté de conscience, mais le libre exercice de leur culte dans les faubourgs des
villes et la reconnaissance de leur organisation ecclésiastique. Jamais ils ne
retrouveront un statut aussi libéral. Effectivement les années 1560-62 ont
permis au protestantisme de faire d'énormes progrès : les Églises se
multiplient (2150 en 1562, selon Coligny), de partout on écrit à Genève pour
demander des pasteurs. Confiants dans leur force, les protestants acceptent mal
de s'en tenir aux limites de l'Ă©dit, surtout dans les villes du Midi oĂą
l'autorité municipale leur est acquise. Dès l'été 1561, on les voit s'emparer
de force de certaines églises pour en faire leur lieu de culte. De leur côté,
les catholiques se préparent à riposter, en exploitant l'hostilité populaire
contre l'Ă©lite protestante. Aussi l'affaire de Vassy (1er mars 1562) n'est-elle
qu'un Ă©pisode sanglant parmi beaucoup d'autres, mais elle porte au niveau de la
cour et de la France du Nord une guerre civile déjà ouverte dans le Midi. Les
opérations officielles de la « première guerre de religion » (siège de Rouen,
bataille de Dreux) et l'assassinat de François de Guise, en éliminant presque
tous les chefs de parti, permettent à la régente d'imposer l'édit de pacification d'Amboise (19 mars
1563), qui est en retrait par rapport à l'édit de janvier, le culte réformé
est autorisé chez tous les seigneurs haut-justiciers, mais seulement dans une
ville par bailliage. Tandis que cette paix est péniblement étendue dans les
provinces, où l'affrontement a été très violent et les passions demeurent
surexcitées (voyage de Charles IX, 1564-66), la révolte des Pays-Bas contre
Philippe II, suivie de la répression par le duc d'Albe, pousse les huguenots,
inquiets, à reprendre les armes (oct. 1567) Du côté catholique : Les avantages faits aux réformés, en 1563, furent, à peu
de chose près, ceux que Henri IV leur accordera en
1598. La paix d'Amboise aurait dû terminer la première guerre de religion, mais
la régente avait fait de si grandes concessions aux vaincus que les
gentilshommes protestants se considéraient comme étant au-dessus des lois
générales du royaume. L'armée royale fut licenciée dans toute la France, tandis
que dans les provinces du Midi la noblesse calviniste refusa d'obéir aux prescriptions
de l'Edit et ne tarda pas à reprendre les hostilités Plus objectivement, ce qui correspond aux vers 1 et 2 ("contemner" : latin "tenir pour négligeable"
et "n’obeyr") : Pourquoi cet édit a-t-il été
enregistré aussi rapidement? A l'image de l'édit de janvier 1562, le traité
d'Amboise fut considéré, dès le début, comme un expédient, une solution
provisoire répondant à une situation d'urgence. L'échec de la paix de janvier
1562 ne pouvait que conforter le Parlement dans ses doutes. Et puis, le texte
même de la paix d'Amboise se référait à la réunion prochaine d'un concile
national ou général dont les décisions seraient confortées par l'arrivée de la majorité
royale. C'est ce que réclament les membres du Parlement depuis 1560. Dans les
autres parlements du royaume, l'Ă©dit fut rapidement enregistrĂ©: le 10 avril Ă
Bordeaux, le 15 avril Ă Rouen, mais seulement en juin Ă Dijon. A Aix-en-Provence, le parlement oppose un
refus catégorique et s'érige même en véritable gouvernement catholique. Le
24 avril 1563, il est suspendu par ordre du roi et remplacé par un conseil
provisoire, formé de membres du parlement de de Paris et du Grand Conseil. Le parlement de Toulouse publie l'édit mais
interdit dans la ville l'exercice de la religion réformée et le droit de
résidence aux huguenots. Il fallut quatre lettres de jussion pour annuler
cette décision. La résistance des principaux parlements fut peu à peu brisée par
l'intervention des envoyés du roi. Le partial Claude Haton épilogue ainsi : «Si
tous les parlemens de France eussent faict ainsi que cil de Thoulouse,
lesdictz huguenotz
n'eussent pas esté si orguilleux
qu'ilz furent» Nîmes, en Languedoc, dépendait du parlement de Toulouse. L'édit d'Amboise ne fut-il pas mieux observé à Nîmes que
l'Ă©dit de janvier. Loin de restituer les temples aux catholiques, les
protestants ne songèrent qu'à les abattre. Le 11 mai 1563, sous la conduite du
greffier Maurice Favier, Ils allèrent démolir le monastère de Saint-Sauveur de
la Fontaine et en arrachèrent les arbres. Pendant trois mois le vandalisme promena ses ravages sur nos églises et sur nos cloîtres,
dont les matériaux furent vendus par les consuls ou servirent à réparer les
fortifications Par les mesures du gouvernement, les catholiques
reprendront du terrain si bien que le comte de Crussol
pourra dire au roi en 1566 que le culte catholique est rétabli. Le maréchal de Vieilleville, qui passait pour être «plus
politique que religieux», arriva à Vienne le 5 juillet 1563. Les protestants de
cette ville, qui étaient nombreux et influents, lui demandèrent la liberté de
célébrer publiquement leur culte. Maugiron, à qui ils
avaient d'abord adressé cette demande, s'en était remis,
pour y répondre, aux soins de Vieilleville, qui lui-même en référa au roi. Or,
comme l'Ă©dit d'Amboise (art. V) n'accordait l'exercice public de la religion
réformée qu'aux villes qui en jouissaient au 7 mars 1563, et que, depuis la
prise de Vienne par Maugiron, les protestants en
avaient été privés, quoique le lieutenant général et le duc de Nemours leur
eussent promis le contraire, le roi refusa d'accéder à leur demande. Ils se
virent donc obligés de célébrer leur culte en dehors de Vienne, dans le
faubourg de Sainte-Colombe, sur la rive droite du Rhône Arles, en Provence, dépend du parlement d'Aix. Par lettres du 24 novembre 1563, le Parlement d'Aix est
suspendu et remplacé par une commission de quatorze magistrats dont onze
appartiennent au Parlement de Paris et que préside le président de Morsan. L'installation des nouveaux magistrats a lieu en
avril 1564. En décembre suivant, au cours du voyage entrepris par la reine mère
et le jeune roi à travers le royaume, le Parlement de Provence est rétabli dans
ses fonctions, Ă l'exception de quelques magistrats trop compromis ; mais,
précaution significative et non
superflue, les remplaçants continuent à siéger avec les conseillers réintégrés
et Morsan préside la compagnie jusqu'en février 1566.
Puis, en 1567, une Chambre neutre, comprenant six conseillers protestants et
cinq catholiques est instituée au Parlement d'Aix pour assurer l'exécution de
l'édit d'Amboise. Elle est supprimée l'année suivante, tandis que recommencent
que recommencent les hostilités. Les lettres patentes de Charles IX du 5 décembre 1564
depuis Arles rétablissent le Parlement de Provence, qui avait été supprimé le
24 novembre 1563, sur des plaintes reconnues mal fondées Canicule et
séraphin Toujours avec
Horace, on apprend que les laboureurs ("labouriez" qui est aussi le
nom d'un oiseau : bondrée, buse), en avaient contre la canicule, ou étoile du
"grand" chien, dans la Satire VII du Livre I qui parle justement
du procès de Persius, homme riche de Clazomène,
contre Rupilius, surnommé le Roi, comparé par le
premier à la Canicule La canicule fait les étés brûlants,
brûlant étant la signification du terme hébreu zaraph
qui a donné séraphins et séraphicques. Leur nom ne signifie-t-il pas «brûlant» ? Dans le récit
de la vocation d'Isaïe, l'année de la mort du roi Ozias,
Yahvé apparaît assis sur un trône élevé : "Des séraphins se tenaient au-dessus de lui,
ayant chacun six ailes : deux pour se couvrir la face, deux pour se couvrir
les pieds, deux pour voler" (Isaïe, 6,1-2). L'âme d'Hermotime de Clazomène s'absentait de son corps lorsqu'il le
voulait, parcourait des pays éloignés, et racontait à son retour des choses surprenantes.
Apparemment que Hermotime eut des ennemis. Un jour
que son âme était allée en course, et que son corps était comme de coutume
semblable à un cadavre, ses ennemis le brûlèrent et ôtèrent ainsi à l'âme le
moyen de rentrer dans son étui L'"habit séraphicque"
peut être le "vêtement" de flammes d'un bûcher, comme celui de Jean Rouguier brûlé à Paris en 1563 en place de Grève Dans les langues sémitiques, l'un des noms du serpent, hayah, est celui même de la vie. C'est la vie au travers de
l'épreuve. L'eau de vie est brûlante comme le venin du serpent. Le séraphin aux six ailes qui imprima les
stigmates à François d'Assise l'a fait sur la demande que celui-ci avait
formulée d'éprouver en son corps les souffrances de Jésus sur la croix, là où,
selon le mot de saint Bonaventure, Jésus est mort dans un excès d'amour.
L'amour caractérise les séraphins dans la théologie de Denys l'Aréopagite et de
Thomas d'Aquin. Le baiser divin d'amour dans lequel, selon la tradition juive,
sont morts Aaron et Miryam, est l'accomplissement de
l'union entre le ciel et la terre dans les courants cosmiques évoqués par
Guénon. Une troisième évocation de la source de vie se trouve dans Ezéchiel et
ses visions où apparaissent des êtres appelés hayot,
c'est-à -dire précisément des «vivants», des «êtres ayant en eux la vie» suivant
l'expression de Rachi commentant l'apparition au 5e jour de la création, des nefesh hayah, et qui, pourvus de
quatre ailes, ont des jambes de bovin, des mains d'homme et quatre faces, une
d'homme, une de lion, une de taureau et une d'aigle. LĂ ce n'est plus, comme
pour le rêve de Jacob, une réminiscence du temps d'Abraham et de Rébecca à Harân, mais le souvenir précis des colosses d'Assyrie que,
suivant l'expression d'André Parrot, «Ezéchiel, sur la route de l'exil, a dû
voir encore debout (à Khorsabad, après la destruction de Ninive), aux portes du
palais en ruines». La description d'Ezéchiel correspond en effet aux sculptures
assyriennes gigantesques du début du premier millénaire représentant des taureaux
et des lions à tête humaine, ainsi que des hommes ailés, génies gardiens du
palais et du temple, l'aigle étant évoqué par ses ailes. Une première vision
qu'Ezéchiel datait du début des jours caniculaires, se passe auprès du «fleuve Kebar», un dérivé de cet Euphrate qu'Isaïe (8, 6 et 7) opposait
aux eaux de Siloé. Les hayot, les êtres ailés,
apparaissaient dans la nuée, tel un arc-en-ciel, (1, 28) et leurs ailes
faisaient un bruit comme celui des grandes eaux (Ez
1, 24) et formaient comme les roues d'un char supportant une pierre de saphir
sur lequel il y avait un aspect d'hommeÂ
(1, 26). Un an plus tard, à la fin de la période caniculaire, une autre
vision présente au prophète le Temple de Jérusalem rempli d'iniquités, avec les
femmes pleurant la mort de Tammouz (Ez 8, 10), mort
située précisément à cette période de l'année. Ce Temple contenait l'arche d'alliance
surmontĂ©e des chĂ©rubins s'identifiantÂ
ici avec les Vivants de la première vision et, au-dessus d'eux, le
prophète voit de même la pierre de saphir en forme de trône (Ez 10, 1). Cette pierre, le Zohar (1, 71 b), reprenant le
texte d'Ezéchiel, la nomme la «pierre fondamentale», celle précisément sur
laquelle Jacob reposait dans son sommeil, et dans l'apparence d'homme sur le
trĂ´ne de saphir le Zohar voit la forme de Jacob, reliant ainsi la vision du
prophète au rêve du patriarche. Il faut attendre la fin du texte prophétique pour
retrouver la source de vie, l'onction d'huile faite par Jacob sur la pierre
élevée correspondant au fleuve jaillissant de la porte orientale du Temple.
C'Ă©tait d'abord un mince filet qui, en s'Ă©coulant vers le Sud devint un torrent
qu'on ne pouvait traverser, un courant d'une eau vivifiante : «Il y aura de la
vie partout où arrivera le torrent» (Ez 47, 9). Une
vie qui se traduit par le pullulement des poissons et la floraison d'arbres
fruitiers « dont le feuillage ne se flétrira pas et dont les fruits ne
s'Ă©puiseront pas... car leur eau sort du sanctuaire. Leurs fruits serviront de
nourriture et leur feuillage de remède» (Ez 47, 12).
C'est vraiment la reconstitution, dans la tradition juive, de la source
d'immortalité figurée par l'arbre de Vie de l'Eden et le fleuve qui arrose le
jardin Bonaventure, docteur de l'Église, cardinal évêque
d'Albano, est le huitième Ministre général de l'Ordre des Frères-Mineurs (1221-1274).
On a nommé saint Bonaventure le Docteur seraphique.
Quelques-uns donnent aussi le nom de seraphique Ă
l'Ordre de saint François. "eschappez"
d'un latin excappare, perdre sa chappe
en s'enfuyant (Dictionnaire d'étymologie, Larousse, 1969). La chappe est une pièce de l'habit religieux. On pourrait
penser à des moines défroqués. Capucins en France Charles, cardinal
de Lorraine, réputé grand orateur, tentait de convaincre ses adversaires par la
parole mais, en 1561, à Poissy, en compagnie du général des jésuites, le père
Lamez, il avait argumentĂ© en vain et le ressentit comme un Ă©chec. PrĂ©sent Ă
la 17° session du concile de Trente, en 1562, il y fit la connaissance de
quatre pères capucins italiens qui y avaient été envoyés en tant que juristes,
théologiens, prédicateurs controversistes de grand talent et saine doctrine. La
simplicité de leur maintien n'empêcha pas le fastueux cardinal d'apprécier
hautement le plaisir de s'entretenir avec eux et il lui parut que les capucins
pourraient être, en France, la meilleure arme contre l'hérésie. En effet, la
sainteté de leur vie, leur pauvreté, le dépouillement de leurs offices, leur
attachement à la doctrine et à la pratique de l'Évangile constitueraient la
meilleure réponse aux critiques couramment formulées contre le cumul des
bénéfices, la non-résidence, les indulgences, la
pompe des cérémonies, les gloses entourant les saintes Écritures. Il rencontra
peu après leur vicaire général et lui proposa l'idée d'un établissement en
France, Ă Meudon dont il Ă©tait le seigneur. Et, sur le champ, il lui fit le don
verbal d'un domaine situé dans son parc et l'invita, quand les circonstances
s'y prêteraient, à envoyer en France deux capucins «s'informer des lieux et des
personnes». La chose se fit en 1566, les religieux restèrent deux ans à Meudon,
logés dans une tour près du château, et prirent les contacts nécessaires.
L'expérience fut concluante mais il restait un obstacle à abattre : une bulle
papale de 1537 interdisait Ă l'ordre de s'Ă©tablir hors d'Italie. Le cardinal,
dès lors, multiplia les démarches. Parallèlement, et après bien des déboires,
un jeune religieux français, franciscain observantin, Pierre Deschamps,
établissait à Picpus un petit ermitage qu'il espérait
réunir à la famille capucine. Au terme de longues difficultés, il réussit à intéresser
Ă son projet la reine Catherine de MĂ©dicis. On Ă©tait alors en 1574 et, cette
année-là , décisive pour les capucins de France, le pape Grégoire XIII révoqua
la bulle de 1537, la reine installa les picpuciens,
devenus capucins, au faubourg Saint-Honoré (fin juillet) et, début août, le
cardinal mena le commissaire général prendre possession d'un domaine de 40
arpents dans le parc de Meudon. Des capucins venus d'Italie encadrèrent ces
jeunes fondations logées tant bien que mal dans des locaux existants en
attendant la construction de bâtiments conventuels. La faveur royale qui avait permis
la création du couvent parisien fit prévaloir son antériorité, mais jusqu'au
bout, jusqu'aux heures sombres de la RĂ©volution oĂą il faudra abandonner Meudon,
les capucins se souviendront que c'était là le lieu de leur premier séjour et
considéreront le cardinal de Lorraine comme leur premier bienfaiteur et
l'introducteur de leur ordre en France. Contrairement Ă ce qui a pu ĂŞtre Ă©crit,
un premier groupe de capucins s'installa à Meudon dès 1574, et non pas dans la
tour de Ronsard, exigüe et proche du château, qui avait abrité les deux
pionniers, mais sur le lieu même de leur fondation. Il y avait là une «maison, estables, cour, jardin, parc, coulombier,
le tout en un pourpris et clos de murs et fossés,
appelé le lieu des Cottignys, contenant 40 arpents de
terre ou environ» (ce clos, acquis par le cardinal en 1554, était une ancienne
propriété des dames de Port-Royal). Une anecdote confirme la chose : en juillet
1575, le couvent n'étant pas encore «terminé et accommodé», une pauvre femme
entra dans le jardin pour y cueillir de l'herbe ou quelque chose de semblable.
Les capucins, anxieux de savoir s'ils avaient encouru les censures par suite de
cette intrusion d'une femme chez eux, s'adressèrent au nonce pour en avoir
absolution. Le nonce, référant la chose au cardinal Secrétaire d'Etat, ajouta :
«pour moi, je ne vois en eux que des hommes de bien et d'excellents religieux».
Le couvent eut très vite la malchance de perdre ses deux parrains : le cardinal
de Lorraine trépassa en décembre 1574 et, deux mois plus tard, le P. Pacifique
de San Gervasio, Ă qui il avait fait remise des
lieux. Mais le P. Denis de Milan, nommé
gardien de Meudon dès l'acte de fondation, en assura la direction deux ans
durant, tandis que s'édifiait le couvent, conformément aux dispositions du
défunt cardinal Le chapitre de 1564 avait mis fin à l'ancien régime
capucin qui, en vertu des constitutions d'Albacina de
1529, défendait d'ériger dans l'Ordre des études officielles et conformément
aux décisions du concile de Trente, l'institution d'études régulières de
philosophie et de théologie. En 1575, l'orientation définitive des études avait
été décidée. Il semble toutefois que nous nous trouvions avec les décrets de
1564 et 1573, en face de l'organisation pratique et consacrée d'études qui
étaient d'usage avant ces dates. D'autre part, dès 1536, les constitutions de
l'Ordre veillèrent à ce que des maisons d'études soient fondées. Quel était
l'esprit des études religieuses en 1581 ? Les capucins étaient attachés de
préférence à saint Bonaventure bien que son étude ait été abandonnée par ordre
des Supérieurs généraux venus de l'observance. Dès 1569, l'on constate déjà que les capucins sont
considérés comme des bonaventuriens résolus. Le Chapitre de 1577 exhortait les
lecteurs et les étudiants à suivre en théologie la doctrine de saint
Bonaventure. Le mérite d'avoir entraîné l'Ordre dans cette direction revient au
premier directeur du studium général de Rome, Jérôme
de de Pistoia. Avant de se faire capucin
il avait déjà étudié les œuvres du Docteur séraphique, et quand il reçut la
charge du nouveau collège il instaura la méthode et la doctrine de saint
Bonaventure. C'est lui qui imagina la première édition des œuvres du maître
oublié, sous le patronage de saint Pie V.  En 1588 [...], le Pape Sixte-Quint mit saint Bonaventure
au rang des docteurs de l'Eglise et commanda d'enseigner sa doctrine, à côté de
celle de saint Thomas. Dans les constitutions des frères mineurs figurait Duns
Scot. Par opposition, les capucins adoptèrent bientôt les enseignements des
docteurs séraphique et angélique, et dès le commencement du 17e siècle on
pouvait écrire qu'ils "avaient de très bonnes études où saint Thomas et
saint Bonaventure sont interprétés" Meudon Pour comprendre
Rabelais, il faut se le représenter comme un Franciscain en rupture de ban.
L'épitaphe de haute graisse que lui décocha comme une flèche Ronsard correspond,
hélas ! à la réalité. Rabelais finit exclu comme
indigne de son bénéfice curial de Meudon. Il avait répudié la scolastique,
s'était apparenté à Lefèvre d'Etaples et à Erasme. Il refusa l'engagement
calviniste. Son Dieu est sinon celui du christianisme, du moins celui de Roger
Bontemps Pierre de Ronsard, âgé de vingt-neuf ans, lorsque
Rabelais fut nommé curé de Meudon, était déjà dans les bonnes grâces de Charles
de Lorraine, seigneur du lieu. Celui-ci l'y logea dans la Tour dite de Ronsard
mais seulement en 1558-1559 après la mort de Rabelais. Ronsard n'était pas en
bonne intelligence avec Rabelais. En 1551, Charles de Lorraine fait octroyer Ă Rabelais par
le cardinal Jean du Bellay, cousin de Joachim, la cure de Meudon, afin de
l'avoir à ses côtés. Le cardinal avait acheté le château de Meudon à Anne de Pisseleu, duchesse d'Etampes. Ronsard écrivit une Epitahe de
François Rabelais où apparaît la canicule : ...Mais quand l'ardente Canicule Ramenoit la saison qui brûle, Demi-nus se troussoit les bras, Et se couchoit tout plat à bas Sur la jonchée *
entre les tasses, Et parmy des escuelles grasses Sans nulle honte se
toĂĽillant, Alloit dans le vin barboĂĽillant Comme une
grenouille en la fange... Â Dans le Livre IV, chap. 51 de Pantagruel, Rabelais fait
célébrer par l'évêque des papimanes Homenaz, les Décrétales en les dotant d'adjectifs excessifs :
«O seraphicque Sixième !... O cherubicques
Clementines !... O Extravaguantes
angelicques !...» Le Seraphicque
Sixiesme serait le Sixième livre des Décrétales,
ajouté aux cinq premiers par Boniface VIII. L'activité critique du seizième siècle apporta aussi aux
recueils canoniques de notables corrections. L'exemple fut donné dans les
éditions d'Antoine Demochares, qui compléta par des
indications plus précises les citations trop vagues placées en tête des divers
textes du décret, corrigea d'après de plus anciennes collections de décrétales
le texte dudit recueil et de celui de Grégoire IX et l'annota de beaucoup de
variantes. Ensuite vint Charles Dumoulin, qui annexa Ă
beaucoup de textes des apostilles critiques et chiffra, comme on avait dĂ©jĂ
fait aux décrétales, les divers textes du décret à l'exception seulement des Paleae. Ce progrès fut suivi de l'édition de Leconte,
livrée à l'impression dès 1556, mais publiée seulement en 1569, où à l'aide des
recueils antérieurs encore inédits de décrétales on a réintégré dans les
diverses décrétales, particulièrement au recueil de Grégoire IX, les textes
omis par Raymond de Pennafort (Partes decisae). Suivant l'impulsion scientifique de cette Ă©poque
Pie IV nomma vers 1563 pour le perfectionnement des recueils une congrégation
spéciale de cardinaux et savants dont les vastes travaux ont été terminés sous
Grégoire XIII en 1580 et publiés dans une nouvelle édition authentique où la
glose même fut conservée. Nombre d'éditions publiées depuis ont pour base cette
Ă©dition romaine. Seulement on ya joint encore deux
suppléments; l'un comprend les Institutes de Lancelotti,
composées par ordre de Paul IV, Institutes que Paul V, au commencement du
dix-sep1ième siècle, permit d'annexer aux sources pour en faciliter
l'intelligence; l'autre est un recueil privé publié en 1590 sous le titre de
Liber septimus Decretalium,
par Pierre Matthieu de Lyon, et contenant les nouvelles Extravagantes jusqu'Ă
Sixte V (mort en 1590). Du reste les scrupuleux efforts des correcteurs romains
ne purent faire qu'il ne restât encore, notamment dans le décret, bien des
fautes qui ont été en partie signalées dans des dissertations spéciales en
partie corrigées dans de nouvelles éditions critiques, mais d'une manière
incomplète. Les tables enfin forment un accessoire utile. On en voit de bonne heure
paraître de différentes sortes; les plus importantes sont celles de Pierre Guenois, quatre pour le décret et trois pour les
décrétales, offrant d'après l'exemple de Demochares
l'indicâtion des sources de tous les textes insérés
dans ces recueils cf. les quatrains VI, 1 et VI, 2. Au dessert du premier mets, feut par elles [de jeunes filles] melodieusement chanté ung epode a la louange des sacrosainctes decretales. (Pantagruel, Livre IV, chap 51). "Epode. vne espece de vers comme en a escript Horace" explique la "Briefve declaration" (M. Esmangart, Éloi Johanneau, Œuvres de Rabelais, Tome 7, 1823 - books.google.fr). On lit le glossaire "Briefve Declaration" souvent réimprimé à la suite d'un certain nombre d'exemplaires de l'édition de 1552 et de tous ceux de l'édition de 1553. On l'attribue en général à Rabelais, mais non sans précautions (R. Arveiller, La BRIEFVE DECLARATION est-elle de Rabelais, Etudes rabelaisiennes, Tome V, 1964 - books.google.fr). L'on sait aussi que Rabelais aimait à jouer sur son nom
et à le mettre en rapport avec la rage : il se plaisait à lire à la place de «Rabe-lais», Rabie laesus («frappé par la rage»). En outre, les hommes, ainsi
frappĂ©s d'hydrophobie au moment de la naissance de Pantagruel, sont amenĂ©s Ă
consommer du vin, dans une « cave bien fresche et
bien garnie », ce qui évoque les liens étroits qui unissent Sirius, la vigne et
le et le vin. Le sort de la vigne est lié au lever du Chien et divers mythes
antiques, en particulier celui d'Icarios et Érigonè (et de la chienne Maira)
associent la découverte du vin à la Canicule. Et, pour ceux qui n'avaient pas
encore compris que Pantagruel était né lors du lever de Sirius, au moment où
aboie la chienne d'Icarios, Rabelais donne la
solution de l'énigme dans l'avant-dernier chapitre du Tiers Livre : «
Pantagruel, estoit autant grand que l'herbe dont je
vous parle ("le Pantagruélion"), et en feut prinse la mesure aisément, veu
qu'il nasquit on temps de l'altération, lorsqu'on
cueille ladicte herbe et que le chien de Icarus, par les aboys qu'il faict au soleil, rend tout le monde troglodyte et constrainct habites caues et
lieux subterrains». C'est, à l'évidence, le lever du
Chien (d'Icarios) qui est ici mentionné, mis en
rapport avec le temps où l'on récolte le «pantagruélion»,
c'est-Ă -dire le chanvrelin, plante textile que l'on
cueille en plein cœur de l'été, en pleine période de Canicule. L'expression rabiosum signum («astre enragé»)
figure dans un des manuscrits des Satires d'Horace (I, 6, 126), pour désigner
la Canicule. Sirius est l'«astre rabique». Pline, VIII, 152 : Rabies canum Sirio
ardente homini pestifera Dans un ordre en apparence plus sérieux, n'avait-on pas
entendu le chantre du chanvre s'écrier : «Celeste
Pantagruelion !», «Sacré Pantagruelion»,
« Seul Pantagruelion» ? Le ravissement outré n'est
donc pas le propre du papimane ; en fait, il
appartient à tout panégyriste emporté par son sujet. Pandettisme,
panchanvrisme, pangastrisme
et pandécrétalisme seront célébrés avec la même «ecstaticque élévation» d'esprit. Panurge, Alcrofrybas et Homenaz se sentent
emportés progressivement dans le tourbillon ascendant de leur admiration, voire
«jusques au troizieme ciel» Concile de Trente L'assemblée se réunissait du côté du chœur, et c'est
seulement pour la 23° session (15 juillet 1563) qu'elle siégea dans le bas de
l'église, à cause des fortes chaleurs. Les congrégations générales ne se
réunirent plus au palais Giroldi maintenant trop
petit, mais d'abord au palais de Thun, où résidait le cardinal de Mantoue,
premier président, puis à Sainte-Marie-Majeure et par exception à la cathédrale La canicule s'était désormais installée à Trente pour les
mois d'été et le concile allait prendre quelques mois de repos jusqu'aux
premiers jours du mois de septembre. Dimanche 25 juillet, toute la nuit et
samedi, nous avons eu d'importantes bourrasques de pluie accompagnées de vent avec
beaucoup de fraîcheur, ce qui est assez étonnant surtout en ces jours de chaleur
caniculaire "eschappez" Le passage au calvinisme du vicaire général, Bernardino Ochino, en 1542, provoque une terrible réaction de Paul
III. Le cardinal Sanseverino réussit à sauver
l'Ordre. Après une longue et minutieuse enquête, les Capucins sont autorisés,
en 1545, à reprendre leurs prédications. L'interdiction
de recruter hors d'Italie, portée par Paul III, en 1537, n'empêchait pas le
développement de l'ordre En 1537, la bulle Regimini universalis Ecclesiae interdisait leur retour à l'Observance,
mais aussi toute implantation hors d'Italie. Le pape leur accorde donc le droit de s'Ă©tablir, avec les
mêmes facultés, immunités et privilèges que ceux dont ils jouissent en Italie,
dans le monde entier, et plus spécialement en France, pour faire
l'Ă©tablissement de l'Ordre, ainsi que le demande Sa
Majesté. Le P. Vicaire général choisit comme commissaire général le P.
Pacifique de San Gervasio, prédicateur de la province
de Brescia, qui avait été provincial de la province de Venise, commissaire
général dans les Pouilles et dans l'île de Crète. Il lui donna tous pouvoirs
pour choisir tels religieux qu'il jugerait propres et convenables Ă l'aider en
cet emploi. Le P. Pacifique choisit comme compagnons les PP. JĂ©rĂ´me de Milan,
gardien du couvent de Milan; Clément de Naples, gardien du couvent d'Arezzo, en
Toscane; Antoine de Pise; François de Briga, de la
province de GĂŞnes; Louis de Flandre; LĂ©andre de Venise, et bien entendu le P.
Pierre Deschamps. Presque tous ces Pères avaient la qualité de prédicateur; il
y ajouta un autre français, encore clerc, dénommé Fr. Louis de Tours et deux
frères lais, dont l'un, Fr. Petronius de Bologne,
avait été chevalier de Malte. Le P. Pacifique et ses compagnons n'empruntèrent
pas le même itinéraire que le P. Denis et le Fr. Remy Les historiens de l'ordre des Capucins s'accordent à dire
que le cardinal Charles de Lorraine, archevĂŞque de Reims, ramena du concile de
Trente, en 1563, plusieurs Capucins, qu'il établit dans sa propriété de Meudon.
Ces religieux y remplirent l'office d'aumĂ´niers du cardinal, sans songer un
établissement définitif, parce qu'une bulle de Paul III, du 5 janvier 1535,
rendue à la prière des Observantins, défendait aux Capucins de sortir d'Italie.
Après un séjour de deux ans à Meudon, les Capucins italiens retournaient dans
leur patrie, mais laissaient en France de puissants protecteurs, au nombre
desquels nos Annales citent Charles IX, Catherine de MĂ©dicis, Charles de
Lorraine, Aymeric de Rochechouart, Ă©vĂŞque de Sisteron, etc. Les historiens anciens disent que quatre capucins
italiens accompagnèrent le cardinal de Lorraine après le concile de Trente. Ils
confondent peut-ĂŞtre avec les quatre que Charles de Lorraine y rencontra Avec les "deux
religieux italiens" qui "s'installent en 1566 sur la colline de
Meudon tout près de Paris, dans la «tour de Ronsard»", on en aurait 6
(calcul sans garantie). Recacatholicisation L'édit d'Amboise du 19 mars 1563 a au reste accordé aux
huguenots la liberté de culte, certes limitée, ce qui constitue un obstacle de
plus sur la voie déjà malaisée qui mène à la concorde: si deux Eglises rivales
sont tolérées, comment imaginer que les membres de l'une et de l'autre
rechercheront honnêtement à se réconcilier les uns avec les autres ? La
recherche de la concorde repose sur l'idéal d'une union fondée sur le cœur même
de la foi chrétienne, comme l'expose le Memorandum de
1561 et comme le souhaitent, on l'a vu, Bauduin ou Cassander. La Réforme est nécessaire dans la mesure où elle
permettrait Ă chacun de retrouver sa place au sein de la VĂ©ritable Eglise
Catholique e (cette «Eglise ancienne ou moyenne» dont parle Claude d'Espence), sans reniement, sans abjuration sans honteuse cérémonie de réintégration
supposant pénitence et absolution. L'union suppose la conversion des fidèles
des deux côtés. En revanche, la nouvelle situation qu'instaure l'édit d'Amboise
entraîne une logique irénique radicalement différente: ce n'est plus l'«union»
qui est recherchĂ©e, mais bien la «rĂ©union» de ceux de l'autre Eglise Ă celle Ă
laquelle on adhère de sens de ce terme, qui ne désigne plus tant une expérience
spirituelle individuelle qu'un passage effectif Ă une confession qu'on
reconnaît comme la Véritable Eglise. Cette nouvelle logique irénique n'est pas celle
de Charles de Lorraine ni des autres promoteurs du colloque de Poissy. Les
historiens ont souvent eu tendance à négliger ce fait et à penser Poissy sous
le registre de la «réunion», non de l'«union»: l'entreprise relève dès lors de
la gageure, elle apparaît d'emblée comme proprement impossible puisque, comme
le remarque Noël Valois, «en matière doctrinale, les passions ne s'affrontent
que pour mieux s'étreindre et s'étouffer» ! Le commentaire est bien
reprĂ©sentatif de tout un courant historiographique. On comprend que, dans ces conditions, le cardinal ait dès lors cessĂ© d' Ĺ“uvrer en vue d'une concorde devenue improbable L'appel des capucins par Charles de Lorraine correspond Ă
ce changement d'attitude. Avec les jésuites et d'autres ordres, ils furent
chargés de recacatholiciser les régions qui avaient
été gagnées par le protestantisme, et, comme dans l'empire habsbourgeois,
reconquises sur les Ottomans. Un exemple de leur rôle se place dans les années du règne
de Louis XIII, dès avant la Révocation de l'Edit de Nantes. Marcillac, demanda à Louis XIII, de passage à Nîmes,
d'établir à Florac un couvent de huit capucins chargés de recatholiciser
la ville et la partie cévenole du Gévaudan. Aussitôt installés, les capucins
obtinrent la démolition qui avait malencontreusement été bâti sur les ruines de
l'église catholique primitive. Les pierres des murailles condamnées par la paix
d'Alès servirent à la construction de la nouvelle église catholique. Après le
temple, les capucins commencèrent à livrer aux pasteurs une lutte sans merci Typologie Reportant la date de 2247 par rapport à 1563 on obtient 879. Comme dans les deux quatrains précédents Jean VIII est pape cette année. La papesse Jeanne est un personnage légendaire, qui, au
IXe siècle, aurait accédé à la papauté en se faisant passer pour un homme. L'imposture
aurait été révélée quand elle aurait accouché en public lors d'une procession
de la FĂŞte-Dieu. Jan Hus mentionne la papesse Jeanne devant le concile de
Constance pour remettre en cause le principe de la primauté romaine : pour lui,
Jeanne a définitivement mis fin à la succession apostolique. Il est suivi sur
ce point par Calvin, puis par Théodore de Bèze qui soutient cette thèse au
colloque de Poissy. De son côté, Luther témoigne avoir vu en 1510 un monument
en l'honneur de la papesse, la reprĂ©sentant en habits pontificaux, un enfant Ă
la main ; il conclut à l'endurcissement irrémédiable d'une papauté qui ne prend
même pas la peine de détruire un tel édifice. Les explications de la légende sont diverses. Le mythe fut peut-être imaginé à partir du
surnom de «papesse Jeanne» donné de son vivant au pape Jean VIII pour sa
faiblesse face à l'Église de Constantinople, une satire selon le cardinal Baronius (1538 - 1607) qui s'est fait l'adversaire de Mathias Flacius Illyricus,
auteur, avec d'autres savants réformés, des Centuries de Magdebourg (1559 - 1574) utilisant la légende comme argument contre la papauté de Rome, de même que les fausse décrétales du Pseudo Isidore.
Les deux seront liées au XVIIIème siècle par Carlo Blasco Pierre Bayle parle d'un capucin, qui utilise la
controverse pour fustiger l'opiniâtreté des protestants. Il s'agit de Silvestre
de Laval dans Grandeurs de l'Eglise
romaine (1611) Lucas Osiander insinua que Grégoire XIII avait mis au
monde le nouveau calendrier (1582) afin d'imiter la papesse Jeanne. Ces
plaisanteries d'un goût douteux furent combattues avec esprit, en 1585, par le
capucin Nas de Brixen, et
en 1587, par le jésuite George Scheer, de Vienne |