Le cheval de Troie X, 68 2227 L'armée de mer deuant cité tiendra, Puis partira sans faire longue allée : Citoyens grande proye en terre prendra, Retourner classe prendre grande emblée. Stratagème de
Chabrias Chabrias, général athénien, qu’une flotte ennemie empêchait d’entrer dans le port de Samos, envoya quelques-uns de ses vaisseaux en vue de ce port, avec ordre de prendre le large, persuadé que les navires en station se mettraient à leur poursuite. Cette ruse, en effet, ayant éloigné l’ennemi, Chabrias ne trouva plus d’obstacle, et fit entrer dans le port le reste de sa flotte. (fr.wikisource.org - Frontin, Les Stratagèmes, traduit par Bailly, 1848). Peu après, Iphicrate vint piller l'île; il y fit un grand butin, et se retira à Délos. Les Samiens lui envoyèrent des députés pour racheter ce qu'il avait pris. Il les accueille, traite avec eux, puis feint d'être subitement rappelé à Athènes; les Samiens ne s'étonnent ni ne s'inquiètent de son départ; lui, trompant leur bonne foi, fait force de voiles vers leur île, en trouve les défenseurs sans défiance, répandus dans la campagne, exerce de nouveaux ravages, et emporte un butin plus considérable (www.cosmovisions.com). Déjà , en 366, après la prise de Samos et l'expulsion de la garnison perse qui l'occupait, les Athéniens avaient envoyé une clérouquie dans l'île, clérouquie qui n'allait cesser de croître les années suivantes (Patrice Brun, Impérialisme et démocratie à Athènes, 2005 - www.cairn.info). Chabrias, général athénien, excellait surtout dans les combats sur mer. Il défit en plusieurs rencontres les Lacédémoniens commandés par Agésilas, battit leur flotte à Naxos en 376 av. J;-C. et rétablit sur son trône le roi d'Égypte Nectanébos. Il périt dans un combat naval, en attaquant l'île de Chios, 358 av. J.-C.; il coula bas son navire plutôt que de se laisser prendre. Démosthène a fait de ce général un grand éloge; Cornelius Nepos a écrit sa Vie (www.cosmovisions.com). L'avènement de Nectanébo Ier précède le départ de Chabrias, ce dernier ayant effectué des travaux de défense pour le pharaon (DIOD. XV, 29.3). Chabrias étant de retour à Athènes dans la seconde moitié de 379 (X., Hell. V, 4.14), Nectanébo Ier a dû monter sur le trône dans le courant de 380. Selon les informations croisées de la Chronique démotique et de Manéthon, Nectanébo règne 19 ans (Frédéric Payraudeau, L'Égypte et la vallée du Nil. Tome 3: Les époques tardives (1069-332 av. J.-C.), 2020 - books.google.fr). Nectanébo Ier (Khéperka Rê) qui régna de -380 à -362 est un des derniers Égyptiens sur le trône d'Égypte. Il fut un grand constructeur ou reconstructeur des principaux temples d'une Égypte réunifiée pour la dernière fois par des souverains d'origine locale (fr.wikipedia.org - Nectanébo Ier). "Citoyens" On pense aux cités grecques et à Athènes la première. Autre stratagème Pendant la première guerre punique, les Romains attaquent par mer et par terre la ville de Lilybée en Sicile. Hamilcar Barca fit paraître de loin une partie de sa flotte, qui avait attiré contre elle celle des Romains, il entra dans le port avec l'autre qu'il tenait cachée aux environs (Stratagêmes de Frontin, 1770 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Siège de Lilybée (250 av. J.-C.-241 av. J.C.)). Rime Proye – Troye :
encore un autre stratagème La lutte se prolongeait depuis dix années entières, et, quoique toutes les conditions exigées par le destin pour la chute de Troie eussent été remplies, les murailles de cette capitale de l'Asie s'élevaient toujours avec le même orgueil, et le courage de ses défenseurs ne semblait pas affaibli, malgré toutes les pertes qu'ils avaient faites. Alors les Grecs eurent recours à une ruse qui leur réussit: feignant de renoncer à leur entreprise, ils levèrent leur camp, et, après avoir embarqué leurs tentes, leurs machines de guerre et leurs soldats, ils remirent à la voile, et allèrent cacher leur flotte derrière l'ile de Ténédos, qui se trouve en face de la ville. Les Troyens, se croyant enfin délivrés des dangers et des souffrances de la guerre, se précipitèrent en foule hors des murailles. Leur attention fut frappée par une énorme figure de bois représentant un cheval, que les Grecs avaient laissée sur l'emplacement de leur camp. Ils délibéraient sur ce qu'ils devaient faire de cette immense machine, lorsque Sinon, espion des Grecs et se disant leur victime, dit que ce cheval était une statue offerte à Minerve, et à laquelle on avait donné d'immenses proportions, pour que les Troyens ne pussent se rendre la Déesse favorable en introduisant cette offrande dans leurs murs. Les sujets de Priam, victimes de ce piège, et voulant posséder dans leur ville ce précieux garant de la protection de Minerve, s'empressent de pratiquer dans leurs murailles une large brèche par laquelle ils font entrer en triomphe le cheval mystérieux (Emma Morel, Mythologie épurée à l'usage des maisons d'éducation pour les deux sexes, 1864 - books.google.fr). Hausser la voile ? et quoy, homme leger, Si une terre et un
peuple Ă©tranger Tu ne cherchois, et
si l'antique Troye Des Grecs soldats
n'eust point esté la proye, Troye pourtant
seroit-elle cherchee Parmi les flots d'une mer si faschee ? (Deux liures de l'Eneide de Vergile, le quatrieme, et sixieme, traduits en francois par I. Du Bellay Ang., 1561 - books.google.fr). Ou toy qui en
ouvrant le grand cheval de Troye, As mis tout ce royaume aux estrangers en proye ? (Réponse de Pierre de Ronsard aux injures et calomnies) (Œuvres complètes de P. de Ronsard, Tome 7, 1866 - books.google.fr). Ceste femme a faict
comme Troye : De braves gens,
sans aucun fruict, Furent dix ans Ă
ceste proye ; Un cheval n'y fut qu'une nuict (Epigramme) (Théophile de Viau, Oeuvres complètes, Tome 1, 1856 - books.google.fr). Quand un cheval de
bois par Minerve inventé D'un rare et nouvel
artifice, Dans ses Ă©normes
flancs receut le Sage Ulysse, Le vaillant
Diomede, Ajax l’impetueux, Que ce Colosse
monstrueux Avec leurs
escadrons devoit porter dans Troye, Livrant Ă leur
fureur ses Dieux mesmes en proye. StratagĂŞme inoĂĽy qui des fabriquateurs Paya la constance et la peine (Fables choisies, Livre I, Fable I) (Jean de La Fontaine, Oeuvres, Tome 1, 1873 - books.google.fr). Acrostiche : LPCR et Tibur L.P.C.R. : Latini Prisci Cives Romani (Sertorio Orsato, De Notis Romanorum commentarius in quo earum interpretationes quotquot reperiri potuerunt, Tome 2, 1672 - books.google.fr). Les lĂ©gendes latines le disent en maintes occasions : et, ce qui le prouve mieux que la lĂ©gende, c'est la loi romaine elle-mĂŞme, d'après laquelle celui-lĂ seul pouvait pousser en avant le Pomarium (mur de ville), qui avait d'abord agrandi le territoire romain. Naturellement, qu'ils fussent ou non conduits Ă Rome, les vaincus tombèrent en clientèle. [...] Les XII Tables ne règlent que le droit romain proprement dit : les Sanates sont donc Ă©videmment les Latini prisci cives romani anciens Latins (devenus citoyens romains), ceux que les Romains avaient amenĂ©s des pagi latins, et dont ils avaient ainsi fait des plĂ©bĂ©iens. (Theodor Mommsen, Histoire romaine, Tome 1, traduit parCharles Alfred Alexandre, RenĂ© Cagnat, Jules Toutain, 1863 - books.google.fr, Sex. Pompeii Festi et Mar. Verrii Flacci De verborum significatione. Lib. XX., AndrĂ© Dacier, Antonio AgustĂn, Joseph Juste Scaliger, Fulvio Orsini, 1699 - books.google.fr). Les lemmes de Festus (426 et 474L) semblent situer près de Tibur les Sanates des XII Tables. [...] Valerius Messala, citĂ© par Festus (428, 9), parle de la proximitĂ© des Forcti-Foreti et des Sanates du cĂ´tĂ©
de Tibur ; le même lemme festien renforce, nous semble-t-il, la possibilité d’une localisation des Sanates (et partant des Forcti ?), puisqu’il les situe L’essentiel des références érudites est fourni par Cloatius Vérus et Véranius. C’est d’eux que Servius est le porte-parole. Cloatius Vérus a écrit, sous Auguste, deux traités de recherches lexicales, un ouvrage Sur les mots empruntés au grec (Libri uerborum a Graecis tractorum) et une Classification des termes grecs (Libri ordinatorum Graecorum) ; Véranius rédigea, à la fin de la République, des Libri auspiciorum et des Quaestiones pontificales32. Ces deux auteurs sont déjà souvent cités chez Festus. Véranius et Cloatius Vérus ne sont d’ailleurs cités par Macrobe qu’au livre III des Saturnales. L’ensemble se rattache, directement ou indirectement, à Verrius Flaccus. Le chapitre 19 des Saturnales de Macrobe porte sur les noms des pommes et des poires. Il énumère d’abord 23 espèces de pommes : Liste soigneusement dressée par Cloatius au livre IV de sa Classification des termes grecs : la pomme d’Améria, le coing, le citron (cédrat), la prune, la pomme de conserve, la nèfle, la pomme douce, la pomme de Mattius, la pomme ronde, la pomme «ogratiane», la pomme précoce, la pomme ridée, la pomme carthaginoise (grenade), la pêche (pomme de Perse), la pomme de Quirius (Quiriane), la «prosive», la pomme rouge, la pomme de Scaudium, la pomme sauvage, la pomme struthium36, la pomme Scantiane, la pomme tibur, la pomme de Vérius. [...] "pomme tibur" : peut-être une déformation de tuber ou tubur, nom de l’azérolier (Charles Guittard, Un aspect méconnu du génie de Servius dans les propos de table des Saturnales de Macrobe : la nomenclature des fruits et des arbres In : Servius : et sa réception de l'Antiquité à la Renaissance, 2011 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Crataegus azarolus). La campagne de Tibur était riche en pommiers selon Horace : Et præceps Anio, El Tiburni lucus, & unda mobilibus pomaria rivis (Livre I, Ode VII, v. 13-14). Selon Columelle aussi : pomosi Tiburis arva (De Re rustica, Livre 10), et Ovide : Tiburis Argei pomifer arva rigas (Les Amours, III, v. 46) (Horace, Oeuvres, 1733 - books.google.fr). Tivoli (l'antique Tibur) fut fondé près de cinq siècles avant Rome, par une colonie d'Argos, dont les chefs étaient trois frères ; l'aîné s'appelait Tibur, et donna son nom à la ville naissante. Sous la république romaine Tibur, indépendante et guerrière, sut souvent en lutte avec Rorne et, après être tombée en son pouvoir, elle resta une cité municipale. Sous César, elle devint un lieu de délices pour les patriciens, une retraite aimée des poëtes : Mécène, Salluste, Quintilius Varus, Properce, Catulle, Tibulle et llorace s'y construisirent de somptueuses villas (Louise Colet, L'Italie des italiens: Rome, Tome 4, 1864 - books.google.fr). Tibur, ville du Latium, au midi de la Sabine, dans le pays des Eques, sur l'Anio. Horace y avait sa maison de campagne et son "modus agri non ita magnus". Voyez-en la description dans la 6e satire du Livre II (Revue de l'instruction publique de la littérature et des sciences en France et dans les pays étrangers: recueil hebdomadaire politique, Volume 17, 1867 - books.google.fr). Virgile se borne à recueillir la légende de l'origine argienne de Tibur ; naturellement son but est d'enrôler dans l'armée de Turnus le plus de Grecs possible pour que la guerre conduite par Énée soit une sorte de prolongation de la guerre de Troie et que l'issue constitue une revanche ; mais la préhistoire n'est pas éloignée d'admettre qu'il y ait eu réellement des colonies pelasgiques dans les localités mentionnées par Virgile. Au livre VIII de l'Enéide, Catillus et Coras (gemini fratres) sont présentés au moment où ils quittent Tibur. Comme Tibur est sur une montagne boisée et que ce sont des cavaliers, ils sont comparés à deux centaures, fils de la nue, qui descendent fougueusement de l'Homolé et de l'Othrys neigeux, que laisse passer l'immense forêt et devant qui les branchages se brisent avec un grand fracas. L'origine, l'élan impétueux des chefs suffisent à remplir ce bref couplet, où il n'est question ni de contingent, ni d'armement (Augustin Cartault, L'art de Virgile dans l'Énéide, Tome 1, 1926 - books.google.fr). Ces jumeaux n'apparaissent que pour succomber sous les coups du héros (Véronique Dasen, Jumeaux, jumelles dans l'antiquité Grecque et Romaine, 2005 - books.google.fr). Brest 1513 Une grande bataille navale eut lieu peu de temps après.
L'inimitié contre la France semblait depuis nombre de siècles le mobile de tous
les conseils des rois d'Angleterre. Il est bien permis Ă la philosophie de
gémir sur ces longues rivalités. Quel démon a donc désuni deux peuples si
voisins ? Est-il bien vrai qu'une saine politique préside à ces guerres
éternelles. Hélas ! Anglais et Français! si vous
vouliez être unis, vous seriez les maîtres du monde. Henri VII s'allie avec Ferdinand roi d'Espagne contre la
France. Edouard Howard commande la flotte, et le marquis de Dorset les troupes.
Elles débarquent dans la province de Guipuscoa, et l'amiral avec la flotte
ravage les côtes de Bretagne. La France arme de son côté; Henri VII ajoute à sa
flotte vingt-cinq vaisseaux de guerre. Thomas Knevet commande le RĂ©gent, et
Charles Brandon le Souverain. La garde royale fait partie de leur garnison. La
flotte anglaise paraît devant la rade de Brest, a l'instant où la flotte
française appareillait pour en sortir. La bataille s'engage. Pendant l'action le
Régent, commandé par Knevet, et le Cordelier, monté par Pierre Morgan
s'abordent et combattent longtemps avec acharnement. Le feu prend au vaisseau
français. Il est impossible au Régent de se dégager. Les deux vaisseaux sautent
avec un fracas Ă©pouvantable. Les deux flottes souffrirent dans cette bataille.
Le RĂ©gent avait sept cents hommes Ă bord, et le Cordelier neuf cents. Peu de
ces braves se sauvèrent. Les deux flottes se séparèrent. De part et d'autre on
s'attribua la victoire. La vérité est qu'elle resta incertaine. Peu de mois après, l'amiral anglais tenta un projet
remarquable par son audace et l'intrépidité de son exécution. Il entre dans la
rade de Brest et pénètre jusqu'au port; des batteries formidables bordaient la
côte. La flotte française était couverte à quelque distance d'une ligne de
barques, que l'on se proposait d'incendier et de laisser dériver sur la flotte
anglaise. L'amiral feint un débarquement sur le rivage, et attire au-dehors toutes
les forces françaises. Cette ruse lui réussit, il pénètre alors sans obstacle
dans le port même, y débarque ses troupes, et porte la flamme et le ravage dans
tout le pays. En se rembarquant l'amiral abandonna imprudemment sa flotte pour
s'emparer de six galères commandées par M. Prégent, et qui s'étaient
retranchées dans la baye du Conquêt. L'amiral mal instruit de la force de ces
galères, fut accablé par le nombre, et préféra se jeter à la mer plutôt que de
rester prisonnier (Stefano
Egidio Petronj, Actions navales de la Grande-Bretagne depuis Alfred le Grand
jusqu'à nos jours, traduit par Joseph Lavallée, Tome 1, 1815 - books.google.fr,
Joseph
Allen, Battles of the British navy: from A.D.1000 to 1840, Volume 1, 1852 -
books.google.fr). Typologie Le report de 2227 sur la date pivot -366 (Chabrias à Samos) donne -2960. Epoque où aurait régné Menès le premier pharaon (Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'hist. univers., sacrée et proph., ecclésiast. et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1762, 1763 - books.google.fr). Plusieurs rites ou ordres initiatiques ont existé en France à la fin du XVIIIe siècle. Ils se présentaient comme héritiers de divers courants mystiques non maçons beaucoup plus anciens. C'est le cas par exemple en 1767 des Architectes africains, en 1780 du Rite primitif des philadelphes, en 1785 du Rite des parfaits initiés d'Égypte. C'est ainsi que Cagliostro, par exemple, qualifia le rite qu'il constitua dans les années 1780 de «rite de la haute maçonnerie égyptienne» (fr.wikipedia.org - Rites maçonniques égyptiens). Pythagore s'enfuit de l'île de Samos, que le tyran Polycrate avait interdit à la jeunesse de quitter, pour aller en Egypte gouvernée par le roi Amasis (Louis Guillaume Figuier, Vies des savants illustres de l'antiquité, 1866 - books.google.fr). Polycrate avait auprès de lui le poète Anacréon dont Rémi Belleau fit une traduction en 1559 : cf. quatrain suivant X, 69. Selon John
Selden, que l'on considère les rapports qui unissent entre eux, parmi les
philosophes grecs et romains, ceux que nous estimons les plus dignes de notre
respect; ceux qui ont soutenu les maximes les plus saines, tant sur la morale
et la théologie que sur le droit : Platon, Pythagore, Cicéron, les stoïciens,
on verra qu'ils forment entre eux comme une chaine traditionnelle, une
véritable chaine d'or, dont le premier anneau est suspendu à la tradition
hébraïque. Cicéron est, au moins pour la morale, le disciple des stoïciens; les
stoiciens, pour la mĂŞme partie de leur doctrine, sont les disciples de Platon,
et pour la métaphysique, ceux d'Aristote. Aristote, cela n'est pas douteux, a
été initié à la vraie sagesse par Simon le Juste, le premier docteur de la
Judée, l'anneau intermédiaire entre la chaîne des prophètes et les interprètes
de la loi orale, le chef de cette école de théologiens inspirés qui reçoit dans
l'histoire de la tradition hébraïque le nom de grande synagogue. Et comment
Aristote a-t-il connu Simon le Juste ? En suivant Alexandre dans son expédition
d'Orient et en traversant avec lui la Palestine, oĂą l'illustre docteur
expliquait alors la parole de Dieu. Le plus ancien des philosophes grecs,
Pythagore, était encore mieux partagé. Si Pythagore, dans un temps où la Grèce
était encore plongée dans la plus grossière idolâtrie, a si bien parlé de Dieu,
de la raison, du devoir, de l'immatérialité et de l'immortalité de l'âme, c'est
qu'il connaissait les livres de Moïse et des prophètes; c'est que l'un de ces
prophètes qu'il a rencontré à Babylone, dans le temps où il visitait cette
capitale, Ezéchiel, a été son maître et lui a révélé lui-même ces grandes vérités,
qui nous Ă©tonnent justement chez un sage du paganisme ; c'est qu'il est mort
dans la foi du vrai Dieu, après avoir consacrĂ© une grande partie de sa vie Ă
l'enseigner à ses disciples sous le voile du secret et à l'ombre du mystère.
Pourquoi, en effet, l'école pythagoricienne aurait-elle été fermée aux regards
des profanes; pourquoi aurait-elle inspiré tant de défiance et de haine, si
elle n'avait pas substitué aux impuretés et aux mensonges de la religion
païenne le culte de l'Eternel, les dogmes de l'Ecriture ? Plus d'un siècle
avant Pythagore, un autre païen, Numa Pompilius, qui vivait à peu près en l'an
714 avant l'ère chrétienne, avait puisé à la même source, s'était éclairé au
même foyer, et a passé pour cette raison, dans l'opinion de quelques écrivains
de l'antiquité, pour un philosophe de la même école que le sage de Samos. Il
est absolument certain pour Selden que Numa Pompilius a connu, lui aussi, la
Bible et les prophètes ; qu'il a adoré, lui aussi, le Dieu d'Abraham, d'Isaac
et de Jacob, le Dieu créateur du ciel et de la terre, qu'il est resté toute sa
vie étranger au polythéisme, qui n'est devenu que longtemps après lui la
religion des Romains (A.
Franck, Les publicistes du XVIIe siècle, Revue contemporaine (Paris. 1858),
Volume 41, 1860 - books.google.fr). John Selden est
un juriste et humaniste anglais nĂ© Ă Salvington, Sussex, en 1584 et mort Ă
Londres en 1654 (fr.wikipedia.org
- John Selden). Après la mort d'Ahasvérus,
son fils Cyrus lui succéda, et Bahman lui donna le gouvernement. Il traitait
les Israélites avec bonté, parce qu'ils étaient de la race de sa mère. Daniel,
devenu grand, avait reçu de Dieu le don de prophétie. Il appela Cyrus à Dieu et
Ă la vraie religion. Cyrus accepta la vraie religion et abandonna le culte du
feu, mais en secret, afin que Bahman ne le sût point. Après la mort de
celui-ci, il professa publiquement la religion de Daniel et engagea son peuple
à l'accepter. C'était dans la treizième année de son règne. Il mit Daniel à la
tête du royaume, afin qu'il appelât le peuple à la religion du Pentateuque.
Daniel lui demanda la permission de retourner avec les Israélites à Jérusalem,
pour rétablir la ville et le temple. Cyrus la lui refusa, en disant : S'il y
avait mille prophètes comme toi, il faudrait qu'ils restassent tous avec moi.
Mais il permit aux Israélites de retourner et de rétablir la ville et le
temple. Depuis leur déportation par Nabuchodonosor jusqu'à leur retour, il
s'était écoulé soixante et dix ans, sous le règne de Bahman, fils d'Isfendiar.
Bahman régna en tout cent ans. Les Israélites allèrent à Jérusalem et
rétablirent la ville, et Daniel resta auprès de Cyrus. Après deux ans, Cyrus
mourut. Daniel retourna Ă JĂ©rusalem et adora Dieu (Tabari,
Chronique, Tome 1, 1867 - books.google.fr). Le report de 2227
sur la fourchette -250 - -241 (siège de Lilybée) donne -2727 - -2709. Après la
naissance d'Héber père de Phaleg (patriarche du temps de la tour de Babel et de
la dispersion), au règne du pharaon thébain Toëgar et du pharaon de
Basse-Egypte Sesonchosis (Lenglet
Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'hist. univers, sacrée et proph.,
ecclésiast. et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1762, 1763 -
books.google.fr). D'après le
système attique, suivi par la Chronique de Paros, la prise de Troie rĂ©pond Ă
1209 avant J.-C. D'après le système adopté par la Chronologie Alexandrine elle
tombe en 1184 (Louis
Ménard, Histoire des Grecs: avec de nombreuses illustrations d'après les
monuments, Tome 1, 1886, - books.google.fr). Le report de 2227
sur la fourchette pivot -1209 - -1184 (siège de Troie) donne -4645 - -4595, d'u
temps d'Adam: et Eve selon la chronologie samaritaine (création du monde en
-4700). Dans le Jugement
de Pâris, la pomme, symbole de
beauté et d'amour - offerte par Pâris à Vénus – devient aussi celui de la
discorde, aboutissant à la guerre de Troie. la Genèse en fournit d'une certaine
manière un équivalent biblique avec le fruit
défendu d'Éden, à l'origine de la discorde entre le divin et l'humain (Virginie
Ortega-Tillier, Le Jardin d'Éden: iconographie et topographie dans la gravure,
XVe-XVIIIe siècles, 2006 - books.google.fr). Un lien avec le
quatrain suivant X, 69 se dessine avec la pomme d’Avalon (Ambellon ?). Et avec le
quatrain X, 70 : En milieu
arabo-islamique, l'exégèse juive médiévale naît avec les commentaires de Saadia
Gaon (872 - 942) qui fait retour à une exégèse littéraliste dans le contexte de
sa polémique avec le karaïsme, mouvement qui lui-même produisit une exégèse
féconde de l'Écriture. Cette nouvelle exégèse juive transitera par l'Afrique du
Nord, par Kairouan en particulier, avant de fleurir en Espagne. Ce renouveau de
l'exégèse littéraliste gagnera également les communautés juives situées dans la
chrétienté. C'est le cas pour l'école exégétique du nord de la France dont la
figure la plus marquante est celle de Rabbi Salomon Ishaqi, le célèbre Rashi
(1048 - 1105) qui vécut à Troyes en Champagne. A côté de cette
exégèse littéraliste s'expriment deux autres grands types d'exégèse qui sont
l'expression des deux courants dominants de la pensée juive au Moyen Age :
l'exégèse philosophique et l'exégèse mystique. L'exégèse philosophique reprend,
par le truchement des philosophes arabes, la vieille distinction entre sens
apparent et sens profond qui sera corrélative de la distinction entre ce qu'il
convient d'enseigner aux masses et ce qui est réservé à l'élite. L'exemple
classique en est fourni par Maimonide (1135 - 1204) qui, dans son introduction
au Guide des égarés, avertit ses lecteurs qu'il va expliquer des allégories
très obscures des livres prophétiques, et enseigner comment distinguer entre le
sens littéral et le sens ésotérique des textes sacrés. Il rappelle également
qu'il identifie le premier chapitre de la Genèse, Ma'ase Beresit, avec la
science physique et le premier chapitre d'Ézéchiel, Ma'ase Merkabah, avec la
science métaphysique. Maimonide illustre
sa conception de l'allégorie par le verset (Proverbes 21, 12) : Comme des pommes d'or dans des filets
d'argent, telle est une parole dite selon ses différentes faces. Ce verset
signifie pour lui que l'extérieur du discours est comme l'argent, alors que le
sens ésotérique du texte correspond à la pomme d'or dissimulée sous le filet
d'argent. L'exégèse mystique, et plus spécialement celle de la théosophie
kabbalistique, use d'une exégèse de la Torah qui fait ressortir dans l'Écriture
les mystères de la divinité, la vie cachée du divin selon ses dix
manifestations fondamentales, les dix Sefirot (Roland
Goetschel, Exégèse littéraliste, philosophie et mystique dans la pensée juive
médiévale, Les Règles de l'interprétation, 1987 - books.google.fr). Le feu, qui, par
exemple, consume un corps, ne fait que le décomposer en ses éléments dont
chacun retourne à sa source, l'atmosphère absorbe les trois éléments du corps, il
ne reste que les cendres : la terre. Lorsqu'un animal mange une pomme, la
décomposition est exactement de même nature, l'atmosphère absorbe indirectement
les trois éléments qui lui reviennent. En principe rien ne se perd. S'il y a
lieu d'établir une distinction entre l'élément ordinaire absorbé par l'animal
et sa proie humaine, cette distinction consiste en ceci : Les parties de l'aliment
ordinaire reviennent Ă leurs sources respectives avec lesquelles elles se
mélangent pour servir ensuite à la formation d'autres corps, tandis que les parties
de la victime humaine restent séparées et intactes jusqu'au moment de la
résurrection. Il en résulte qu'il n'y a pas d'incompatibilité logique dans le
fait de la résurrection et que ce dogme n'est pas infirmé par la connaissance
que nous avons de la nature des choses (M.
Ventura, La philosophie de Saadia Gaon, 1934 - books.google.fr). L'influence des
doctrines d'Aristote est trop manifeste dans la philosophie de Saadia pour que
nous ayons besoin de la démontrer. Nous avons vu Saadia discuter tour à tour
les principales théories antésocratiques. Il se peut que le Gaon n'ait pas puisé la connaissance de tous ces
systèmes aux ouvrages d'Aristote, puisque l'époque du Gaon ne manquait pas de
penseurs qui se partageaient la plupart de ces doctrines. L'attaque de Saadia
s'adressait, en effet, surtout à ses contemporains. Toutefois, celui-ci a puisé
largement aux arguments d'Aristote pour la réfutation des mêmes doctrines.
Indépendamment de cette polémique, nous avons fait observer au cours de notre
analyse que Saadia a emprunté un grand nombre de principes à Aristote pour
Ă©tayer ses opinions positives , entre autres celle de
la création du monde. En effet, si paradoxal que cela semble être, Saadia
s'efforça de démontrer l'hypothèse de la création en s'appuyant sur des
principes empruntés à Aristote qui soutenait l'éternité du monde. Pour montrer
comment les mêmes principes peuvent
mener Ă des conclusions contradictoires, nous nous contenterons de reproduire
ici ce qu'un auteur contemporain a Ă©crit Ă propos des emprunts faits par Saint
Thomas à Aristote : «Les mêmes molécules, dit-il, peuvent entrer dans deux
courants absolument distincts ; le courant ne dépend pas d'elles, mais de sa
pente. Or, chez Aristote et chez Saint Thomas, la plupart des thèses
philosophiques se ressemblent singulièrement pour cette simple raison que Saint
Thomas en a puisé la formule chez Aristote lui-même, mais l'usage qu'il en a
fait est tout autre et le sens qu'elles prennent chez lui est entièrement
différent parce que la direction où elles tendent chez lui est à l'opposé de la
direction qu'Aristote leur avait donnĂ©e Ce sont deux fleuves qui coulent Ă
contre pente. Pour celui qui s'attache aux formules, rien de plus semblable
qu'Aristote et Saint Thomas ; pour celui qui regarde la direction et le sens,
rien de plus dissemblable et d'une certaine façon rien de plus opposé que leurs
doctrines» (Jacques Chevalier, 1928) (M.
Ventura, La philosophie de Saadia Gaon, 1934 - books.google.fr). Imprégné de la
philosophie et de la physique d'Aristote, Saadia Gaon raisonne sur le processus
créationnel à partir d'un socle: l'existence des 4 éléments primordiaux que
seraient l'air, l'eau, la terre et le feu. [...] Ainsi, tout en étant juché sur
les épaules de ses pères, chaque penseur est profondément enraciné en son
temps. Nous ne pouvons plus adhérer à la science médiévale, et nos descendants
ne pourront plus adhérer à la nôtre (Francis
Weill, Judaïsme, christianisme, islam : lire la Bible après la Shoah: Un
condensé de pensée juive, 2015 - books.google.fr). On retrouve
Aristote, puisqu’il est question d’une île (Samos). Le report de 2227
sur la date pivot 1513 (Howard Ă Brest) donne 799. Pendant le VIIe
et VIIIe siècle, la Bretagne n'a pas d'histoire : or on sait que les pays sans
histoires sont ceux où règne un calme au moins relatif. Nous apercevons des
révoltes, par exemple sous Dagobert et sous Pépin : il s'agissait de séditions
occasionnées par le plus ou moins de bonne foi et l'exactitude à payer le
tribut aux Franks. En 799, une révolte plus grave et plus générale amena la
conquĂŞte de la province sous Charlemagne, par Guy, comte de la Marche
franco-bretonne (E.
Morin, L'Armorique au Ve siècle, Revue critique d'histoire et de littérature,
recueil hebdomadaire, Volume 4, 1867 - books.google.fr). |