Marguerite III de Flandre X, 52 2215-2216 Au lieu ou Laye et Scelde
se marient Seront les noces de longtemps maniées, Au lieu d'Anvers où la crappe
charie Jeune vieillesse consorte
intaminĂ©e. MariĂ© en 1357 Ă Marguerite III de Flandre (1350-1405) ("consorte" : Ă©pouse cf. consort), fille et hĂ©ritière de Louis II de Male, comte de Flandre, devant possĂ©der après la mort de son père les comtĂ©s de Flandre et d'Artois ainsi que les villes d'Anvers et de Malines, Philippe de Rouvre mourut prĂ©maturĂ©ment de la peste le 21 novembre 1361, Ă l'âge de quinze ans, sans avoir eu le temps de s'assurer une descendance. Avec lui s'Ă©teignit "par les mâles" la première branche capĂ©tienne des ducs de Bourgogne. Le jeune duc Ă©tait fiancĂ© depuis 1356 a Marguerite de Flandre, fille unique et hĂ©ritière de Louis de Mâle comte de Flandre; le mariage fut rĂ©alisĂ©, mais non consommĂ© Ă Arras le 1er juillet 1361. MariĂ© virtuellement Ă Marguerite de Flandre, il est mineur. Il a alors dix ans et sa jeune Ă©pouse n'est âgĂ©e que de sept ans. La cĂ©rĂ©monie, cĂ©lĂ©brĂ©e par l'Ă©vĂŞque de Tournai a lieu Ă Saint-Vaast le 14 mai 1357. En 1361, approchant sa douzième annĂ©e, la prĂ©sence de Marguerite est souhaitĂ©e Ă la cour de Bourgogne. Une escorte ducale avec le duc Philippe, se rend en mars 1361 en Artois. La cour ducale, avec la duchesse Marguerite, s'achemine en juillet vers la Bourgogne. Elle traverse des territoires oĂą l'Ă©pidĂ©mie qui sĂ©vissait avait pris des proportions importantes et faisait des ravages. Fin octobre Philippe et Marguerite se trouvent Ă Rouvres oĂą se tient une affluence de dĂ©putĂ©s convoquĂ©s aux rĂ©unions des Trois-États, ce qui dĂ©termina une recrudescence de l'Ă©pidĂ©mie dans cette localitĂ©. E. Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capĂ©tienne, t. IX, p. 249 Le duchĂ© est alors repris par le roi Jean II le Bon (1319-1364), se prĂ©tendant hĂ©ritier le plus proche du jeune duc en nombre de degrĂ©s civils en tant que fils de Jeanne de Bourgogne (v. 1293-1348), deuxième fille de Robert II (1248-1306), duc de Bourgogne (1272-1306) (fr.wikipedia.org - Philippe Ier de Bourgogne, L'IntermĂ©diaire des chercheurs et curieux, Volumes 69 Ă 70, 1914 - books.google.fr). En latin, "intaminatus" veut dire soit souillĂ© soit non souillĂ©. La non consommation de son premier mariage laisse Marguerite vierge. Après le dĂ©cès de son premier mari, son père veut la marier avec Edmond de Langley, comte de Cambridge, futur duc d'York. Devant cette possibilitĂ© de voir les fiefs de Marguerite de Flandre passer sous le contrĂ´le d'un fils du roi d'Angleterre, Charles V propose de la marier Ă son frère Philippe le Hardi, duc de Bourgogne depuis 1364. Louis de Male a rĂ©sistĂ© longtemps avant d'accepter sous la condition de lui restituer les châtellenies de Lille, Douai et Orchies saisies par Philippe le Bel et le paiement de 200 000 francs or. Cent mille francs devaient ĂŞtre payĂ©s avant le mariage et la somme restante, deux ans plus tard. En juin 1369, Ă 19 ans, elle Ă©pouse en secondes noces le duc Philippe II de Bourgogne, dit le Hardi, quatrième fils du roi de France Jean le Bon et de Bonne de Luxembourg. Ă€ la mort de son père, Louis de Male, en janvier 1384, Marguerite et son Ă©poux Philippe II hĂ©ritent des comtĂ©s de Bourgogne (Franche-ComtĂ©), Artois, Flandre, Rethel et Nevers (fr.wikipedia.org - Marguerite III de Flandre). Le diplĂ´me du contrat de mariage fut scellĂ© Ă Gand le 12 avril, après Pâques, de l'an 1369. Les chargĂ©s de pouvoir du roi, frère de Philippe-le-Hardi, agissant paternellement, furent l'Ă©vĂŞque d'Auxerre, Gauthier de Châtillon et Evrard de Corbie; ceux du comte furent Henri de Bevere, châtelain de Dixmude, Baudouin, seigneur de Prat, et Roulant, seigneur Poucques, tous trois conseillers du comte. On trouve l'analyse de ce contrat dans les Annales de Flandre d'Oudegherst (II pag. 58, Ă©dition Lesbroussart). Les villes de Lille, Douay et Orchies, avec leurs appartenances et leurs châtelleries, Ă©taient rĂ©trocĂ©dĂ©es Ă la Flandre, pour remboursementd'une rente de 10,000 'ivres, et pour remboursement de 100,000 Ă©cus qui Ă©taient dus au comte en rĂ©compense de sa monnaie de Clamecy, en Nivernais, et en indemnitĂ© d'une garnison entretenue Ă Gravelines, pour observer les Anglais, maĂ®tres de Calais. Lesdites villes Ă©taient restituĂ©es Ă la Flandre sans aulcun esclissement, mais le roi de France pouvait rentrer dans leur possession, si la future comtesse Marguerite n'avait pas d'hĂ©ritier masculin; le cas,Ă©chĂ©ant, on stipulait des rentes en indemnitĂ© Ă la Flandre. Il y eut d'autres conditions dont nous croyons superflu de donner les dĂ©tails. Le comte de Flandre donna quittance au roi. Les tĂ©moins et consentants de cet acte furent les dĂ©putĂ©s des trois villes de Gand, de Bruges et d'Ypres. Le mariage fut cĂ©lĂ©brĂ© le 15 des calendes de juillet (19 juin), jour de SS. Gervais et Protais, en l'abbaye de saint Bavon-lez-Gand , que les Ă©trangers ne doivent pas confondre avec l'Ă©glise cathĂ©drale actuelle de saint Bavon, qui Ă©tait alors l'Ă©glise de saint Jean, et qui se trouve au milieu de la ville. Le château que les modernes appellent citadelle, fut bâti sur l'emplacement de cette abbaye, dĂ©placĂ©e par ordre de Charles-Quint, en 1540, pour cette construction militaire. Philippe, Ă©vĂŞque de Tournay, donna la bĂ©nĂ©diction nuptiale en prĂ©sence de Jeanne et de Venceslas, duc et duchesse de Brabant, et d'une grande partie de la noblesse flamande, brabançonne et française, selon le tĂ©moignage de Butkeos (TrophĂ©es de Brabant), d'Oudegherst, etc. (Amable Guillaume Prosper Brugière de Barante, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, 1364-1477, Tome 1, 1839 - books.google.fr). Gand se trouve au confluent de la Lys et de l'Escaut. L'Escaut (Schelde, Scaldis), est un fleuve qui a sa source en France, dans le dĂ©partement de l'Aisne. La Lys se nomme Leie en flamand. La Scarpe (crappe ?) passe Ă Arras et Ă Douai, mais ne va pas jusqu'Ă Anvers. "crappe" On a suggĂ©rĂ© que "crappe" pouvait signifier "crasse" (De Frontbrune). A Mâcon, la crappe est le raisin sans la rafle, en Wallonie le rĂ©sidu du beurre fondu [ici on est en Flandre] (W. von Wartburg, Essais de philologie moderne (1951), 1953 - books.google.fr). Grappe, s. f., "garance en poudre, destinĂ©e Ă la teinture", attestĂ© depuis le XVIIIe siècle, est le nĂ©erlandais krap, qui a le mĂŞme sens. C'est probablement un des termes apportĂ©s par les teinturiers qui se fixèrent en France aux XVIIe et XVIIIe siècles. LittrĂ© ajoute: "On dit aussi grappe de Hollande, parce que la ZĂ©lande, qui en est une province, fournit une garance fort recherchĂ©e" (Marius Valkhoff, Les mots français d'origine nĂ©erlandaise, 1931 - books.google.fr). Anvers n'Ă©tait visiblement pas un grand marchĂ© pour la garance, le colorant rouge. La plante Ă©tait cultivĂ©e sur grande Ă©chelle en ZĂ©lande, oĂą Zierikzee Ă©tait le grand marchĂ©, et dans les polders de Flandre. L'importation Ă Anvers Ă©tait principalement aux mains de marchands d'Anvers et de Berg-op-Zoom et subsidiairement de ceux de ZĂ©lande. La prĂ©sence de quelques gens de Lillo (dans les polders), probablement des producteurs, se dĂ©tache. La garance Ă©tait en premier lieu achetĂ©e par les petits fabricants de draps et de linge mais, curieusement aussi, par des marchands de Berg-op-Zoom 146. Les foires de cette ville semblent jouer un rĂ´le important dans le commerce de la garance. Les foires d'hiver (après le 1er novembre) et de Pâques se situaient mieux que les foires d'Anvers (PentecĂ´te, et dĂ©but octobre) par rapport Ă la moisson de la garance (Raymond Van Uytven, L'approvisionnement des villes des anciens Pays-Bas au moyen âge, L'approvisionnement des villes de l'Europe occidentale au Moyen Age et aux temps modernes, 1985 - books.google.fr). Anvers Ă©tait un marchĂ© de la garance quand mĂŞme. CrĂ©Ă©es au XIVe siècle, les foires d'Anvers et de Berg-op-Zoom se sont surtout dĂ©veloppĂ©es au siècle suivant (Bibliothèque de l'École des chartes, Volume 125, 1967 - books.google.fr). Verhoeven, dans son MĂ©moire couronnĂ© en 1777, sur l'industrie et le commerce des Pays-Bas au moyen âge, cite des documents des annĂ©es 1185 et 1282, qui prouvent qu'on cultivait la garance en Flandre , et qu'on en payait la dĂ®me, comme aussi la gaude, qui sert Ă teindre en jaune, et le colza (Victor-AmĂ©dĂ©e Waille, Essai sur l'histoire politique et constitutionnelle de la Belgique, 1838 - books.google.fr). On a des lettres de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, mettant fin provisoirement aux contestations qui avaient surgi entre Bruges et le Franc de Bruges Ă propos de l'examen de la garance (1386, 6 novembre) (Georges Espinas, Henri Pirenne, Henri E. de Sagher, Recueil de documents relatifs Ă l'histoire de l'industrie drapière en Flandre, 1906 - books.google.fr). La Garance (= alizarine et purpurine) Ă©galement appelĂ©e rouge de garance, rubia tinctorum (garance des teinturiers), garance, ou bien encore : retzel, rezza, rubia, robbia, rubea, warancia, est un extrait des racines de la garance, qui provient - sous des formes proches les unes des autres - de Grèce, de Syrie, de Palestine, d'Egypte, de Perse et d'Inde et sert pour la teinture du coton. Ajoutons que la garance des teinturiers (rubia tinctorum) fut cultivĂ©e dans toute l'Europe centrale, et qu'elle devint, au XVIe siècle, le monopole de la Hollande. Albrecht Durer et d'autres artistes de l'Europe centrale employaient la laque de garance, un produit Ă©laborĂ© avec de l'argile blanche, de la poudre d'os de seiche ou de l'alun, de nature transparente, utilisĂ© pour la peinture Ă l'huile et dans (VĂ©nus dĂ©voilĂ©e: la VĂ©nus d'Urbino du Titien, 2003 - books.google.fr). On rencontre le mot dans le Mistère du Viel Testament (v. 33555) : Et tant luy prie, que donnĂ©e Me soit Abisac [cf. 2 Samuel 5:4, 5] pour consorte (A. Grisay, G. Lavis, M. Dubois-Stasse, Les Denominations de La Femme Dans Les Anciens Textes Litteraires Francais, 1969 - books.google.fr). Enfin peut-ĂŞtre pourrait-on comprendre parmi les protectrices de Deschamps, la duchesse de Bourgogne, Marguerite de Flandre, Ă©galement prĂ©sente au tournoi de Saint-Pol, nommĂ©e parfois "Belle Tante" [ou son mari le duc Philippe "Bel Oncle"] et dĂ©signĂ©e aussi par l'appellation familière de Grillequine (diminutif flamand de Marguerite), dans une ballade Ă©crite vers 1390, oĂą sont mentionnĂ©es toutes les terres apportĂ©es en dot en 1369 au duc de Bourgogne par cette princesse, veuve en premières noces de Philippe de Rouvre. C'est peut-ĂŞtre elle encore Ă qui Deschamps fait allusion en parlant d'une dame, Ă la Cour de laquelle il est venu «pour lui servir» (Queux de Saint-Hilaire, Oeuvres complètes de Eustache Deschamps, 1903 - books.google.fr). Dans les culptures de Sluter Ă Champmol, Marguerite de Mâle, « haute et crueuse » dame, comme dit Froissart, montre un front bombĂ©, des yeux Ă fleur de tĂŞte, des joues Ă©paisses, un large menton d'oĂą descend un cou gonflĂ©. MalgrĂ© la mutilation de son nez et de sa joue droite, aucune mĂ©prise n'est possible sur son caractère impĂ©rieux et sans grâce (Hippolyte Fierens-Gevaert, La renaissance septentrionale et les premiers maitres des Flandres, 1905 - books.google.fr). A son fils, Jean de Castel, Christine de Pisan, autre artiste avec Deschamps Ă frĂ©quenter la cour des Valois bourguignons, lui chercha un protecteur puissant qui le prenne Ă son service. Ce fut le comte de Salisbury, venu en France en 1396 pour le mariage d'Isabelle de Valois, fille de Charles VI, avec le roi Richard II, qui emmena Jean pour ĂŞtre Ă©levĂ© avec son propre fils. Le comte Ă©tait lui-mĂŞme un poète et connaissait les Ă©crits de Christine. Mais, Ă la suite des luttes entre les nobles anglais et le roi Richard II, il fut mis Ă mort. Richard II souhaita prendre le jeune Jean de Castel Ă son service et invita sa mère Ă le rejoindre. Mais celle-ci usa de diplomatie pour faire revenir en France son fils : elle ne faisait pas confiance Ă un « dĂ©loyal ». Elle tenta de le placer auprès de Louis d'OrlĂ©ans dont elle frĂ©quentait l'hĂ´tel. Finalement, c'est le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, qui le prit Ă son service, tout en acceptant l'offrande des Ĺ“uvres de Christine et en lui attribuant en retour des dons en argent. Elle s’engage dans un combat en faveur des femmes et notamment de leur reprĂ©sentation dans la littĂ©rature. Elle s’oppose en particulier Ă Jean de Meung et Ă son Roman de la Rose, alors l’œuvre littĂ©raire la plus connue, copiĂ©e, lue et commentĂ©e en Europe occidentale. Elle force par son obstination et son courage l’admiration de certains des plus grands philosophes de son temps tels Jean de Gerson et d'Eustache Deschamps qui lui apporteront leur appui dans ce combat (fr.wikipedia.org - Christine de Pizan). Recte ergo g puella pulchra nimis fuisse perhibetur, ne si turpis et vetula diceretur, profecto minus delectabilis videretur, et ad ejus copulam nullus merito raperetur (Philippe de Harvengt, De obedention clericorum, Sacri Ordinis Praemonstratensium auctoris dissertismi, 1855 - books.google.fr). Une thèse dĂ©jĂ ancienne veut voir Abisag la Sunamite derrière la « Sulamite » que cĂ©lèbre le Cantique des Cantiques, chant nuptial [cf. "nopces" et "se marient"]. Abisag est appelĂ©e « Sunamite » parce qu'elle vient de Sunam, aujourd'hui Sulam, au pied du petit Hermon (Peshitta, et traducteurs arabes) (Jean Soler, Aux origines du Dieu unique: La loi de MoĂŻse, Tome 2, 2003 - books.google.fr). Plusieurs sermons de Julien, moine bĂ©nĂ©dictin Ă l’abbaye de VĂ©zelay au cours du quatrième quart du XIIème siècle, Ă©voque indirectement la figure de sainte Marie-Madeleine Ă travers l’exemple de quelques autres femmes de l’Ancien Testament. En effet, au cours de son Sermo XIV. Sur le retour de Dieu398, Julien de VĂ©zelay Ă©voque très largement la figure de la Sulamite, autrefois choisie par Salomon et Ă l’origine d’une riche poĂ©sie amoureuse entre le Bien-AimĂ© et la Bien-AimĂ©e. A travers cette figure, comment ne pas Ă©voquer sainte Marie-Madeleine qui au matin de Pâques, cherche le corps de JĂ©sus-Christ et dialogue avec les anges, en quĂŞte de celui qu’elle aime. Par ailleurs et, comme dans un miroir inversĂ©, Julien de VĂ©zelay Ă©crit un passage très intĂ©ressant au sujet de la Sulamite. [...] Comme la Madeleine, la Sulamite pleure les larmes du repentir Ă cause de ses mauvaises actions ; comme la Madeleine, elle pratique la mortification de son âme et se soumet Ă la mĂ©ditation ; comme la Madeleine, elle opère une conversion de l’âme. Cette analogie, inspirĂ©e entre sainte Marie-Madeleine et une femme de la Bible, se trouve Ă©galement suggĂ©rĂ© dans son Sermo XVII. Sur la prière de la CanaĂ©enne. L’histoire de la cananĂ©enne se rĂ©fère Ă JĂ©sus qui, Ă©tant dans le territoire de Tyr et de Sidon, guĂ©rit sa fille tourmentĂ©e par le dĂ©mon, le sermon n’est pas sans Ă©voquer la Madeleine autrefois possĂ©dĂ©e par sept dĂ©mons. Julien de VĂ©zelay vante, Ă travers l’exemple de la cananĂ©enne, sa foi qui est grande et qui lui permet de sauver sa fille, il souligne que les larmes dans la prière sont indispensables pour obtenir le pardon des pĂ©chĂ©s. A travers cette image, le renvoi Ă sainte Marie-Madeleine est particulièrement fort et consacre pleinement l’image de la femme graciĂ©e et dont saint Luc, rapportant la parole de JĂ©sus dit « Ta foi t’as sauvĂ©e, va en paix » (7, 50) [...] A compter du règne de son fils Philippe II le Hardi, qui depuis 1364 dĂ©tient le nouvel apanage ducal de la Bourgogne, la dĂ©votion portĂ©e envers la Madeleine des Evangiles connaĂ®t une ampleur sans prĂ©cĂ©dent Philippe le Hardi, qui n’élève aucun sanctuaire sous le vocable de la sainte pĂ©cheresse des Evangiles, s’impose nĂ©anmoins comme un fervent soutien du culte bourguignon de la Madeleine, l’honorant par quelques visites Ă VĂ©zelay et le promouvant largement par des commandes d’images (statues, retables,…).[...] Puis Ă compter du règne de Philippe le Bon au pouvoir (1419), le culte de la Madeleine intègre pleinement le cadre d’une politique princière. [...] Outre ces dĂ©placements Ă VĂ©zelay, la dĂ©votion de Philippe le Hardi pour la sainte se manifeste Ă©galement par plusieurs commandes artistiques qu’il convient dĂ©sormais d’identifier. [...] L’image de la Madeleine occupe une place de prĂ©dilection Ă la chartreuse de Champmol. En effet, si une statue de la sainte orne le petit Calvaire du Puits de MoĂŻse, il faut Ă©voquer encore sa prĂ©sence sur le Retable de la Crucifixtion et le Retable des saints et des martyrs, destinĂ©s Ă orner l’église de la chartreuse. (RaphaĂ«lle Taccone, Marie-Madeleine en Occident : Les dynamiques de la saintetĂ© dans la Bourgogne des IXème-XVème siècles, 2012 - www.theses.fr). Livre de la Sagesse 4 : La dignitĂ© du vieillard ne tient pas au grand âge, elle ne se mesure pas au nombre des annĂ©es. Pour l’homme, la sagesse tient lieu de cheveux blancs, une vie sans tache vaut une longue vieillesse. PlutĂ´t que "immacula vita" on a "itaminata vita" dans une Ă©dition de la Bible par SĂ©bastien Castellion et dans une lettre du 15 septembre 1616 d'Abraham Scultet (Schultes) (1566-1625), professeur de thĂ©ologie Ă Heidelberg, Ă George-Michel Lingelsheim (1556-1636), juriste et humaniste, conseiller de l'Électeur palatin. Cela situe dans le milieu protestant (Biblia sacra ex Sebastiani Castellionis interpretatione eiusque postrema recognitione, etc, 1750 - books.google.fr, Alexander, Quellen zur Geschichte des geistigen Lebens in Deutschland während des siebzehnten Jahrhunderts nach Handschriften, 1889 - archive.org). IV. Nonne quondam David senem ac frigidum Abisag Sunamitis calefecit, et fovit, et eam David non agnovit? quid enim dicit Scriptura? (III Reg. I, 1.) Et rex David senuerat. Ego puto quod animus in fide recta pius, et in sancta conversatione devotus, dum cunctos [al. cunctos in se] motus, tam externos, quam internos, discrete regit, dum in strenuitate bonae actionis fortiter se exercet, et in desiderium internae contemplationis mentis perspicaciter [al. perspicacis] visum, prout ei divinitus datur, intendit, et rex dici, David non immerito potest appellari Qui etiam tunc senescit, quando ad perfectam sanctitatis maturitatem pertingit. De quo etiam bene dicitur, quod habebat aetatis plurimos dies, pro eo quod devotus animus multas in sancta conversatione possidet virtutes. Nam et aetas senectutis vita immaculata est (Sap. IV, 9) ; (Adam Scotus, SERMO XXXIV. IN DIE SANCTORUM INNOCENTIUM. De fructu salutis, quem superna nobis Sapientia infundit, et quomodo superbia in nobis persequitur humilitatem - books.google.fr). Adam Scotus ou Adam of Witham est un religieux prĂ©montrĂ© du XIIème siècle comme Philippe de Harvengt. La sagesse a toujours Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme l’apanage de la vieillesse. L’Écriture le donne Ă entendre sous l’étrange histoire de cette jeune Sulamite, nommĂ©e Abisag, que les serviteurs de David amenèrent Ă leur maĂ®tre, quand ils le virent glacĂ© par l’âge, pour le rĂ©chauffer. « Si l’on s’en tient Ă la lettre qui tue, Ă©crit Ă ce propos saint JĂ©rĂ´me, cette aventure semble une invention de comĂ©dien, un fragment des Atellanes. » Mais si l’on va jusqu’à l’esprit qui vivifie, on trouve un sens plus profond : David, incapable de se rĂ©chauffer et acceptant pour compagne une jeune fille qui devient son Ă©pouse sans cesser de rester vierge, est l’image de la vieillesse, qui, lorsqu’elle n’éprouve plus aucun goĂ»t pour les plaisirs de la vie, mĂ©rite de voir la sagesse venir Ă elle et lui communiquer, par ses chastes embrassements, une nouvelle ardeur (Jean de MonlĂ©on, Les instruments de la perfection - www.mirari.fr). Denique qualem quaesivit Sapiens assumere sibi, copulavi sapientiam et mysticam Abisac sponsam Sunamitem, quae incendium Patris sonat, in sinu reposui (Ĺ’uvres complètes de Jean Gerson, L'Ĺ“uvre spirituelle et pastorale, prĂ©sentĂ© par PalĂ©mon Glorieux, 1971 - books.google.fr). Le sunamitisme, terme basĂ© sur le nom de la patrie d'Abisag, Sunem, est le fait pour un vieil homme de dormir, mais sans avoir de relation sexuelle, avec une jeune vierge pour prĂ©server sa jeunesse. L'idĂ©e Ă©tait que la chaleur de la jeune fille serait transmise au vieil homme et le revitaliserait. Puisque David et g n'avaient pas de relation sexuelle, cette dernière Ă©tait toujours vierge ["intaminĂ©e"]. Le mĂ©decin Thomas Sydenham (1624 - 1689) a prescrit le sunamitisme Ă leurs patients. (fr.wikipedia.org - Sunamitisme). Jean Charlier dit Jean Gerson, Jean de Gerson, ou Jean Charlier Gerson, nĂ© le 13 dĂ©cembre 1363 Ă Gerson, hameau situĂ© sur l'actuelle commune de Barby, dans les Ardennes, mort le 12 juillet 1429 Ă Lyon, est un universitaire, thĂ©ologien, prĂ©dicateur, homme politique français des XIVe et XVe siècles (Moyen Ă‚ge). Il fut chancelier de l'UniversitĂ© de Paris de 1395 jusqu'en 1415 et, Ă ce titre joua un rĂ´le majeur dans les troubles politiques opposant le duc d'OrlĂ©ans au duc de Bourgogne, par la suite Armagnacs et Bourguignons, ainsi que dans la crise dĂ©coulant du grand schisme d'Occident (fr.wikipedia.org - Jean de Gerson). Gerson a Ă©crit deux traitĂ©s pour l'Ă©ducation des dauphins de France : le Tractatus, composĂ© entre le 18 juin et le 8 octobre 1417, pour le dauphin Charles, le futur Charles VII, et adressĂ© Ă son prĂ©cepteur-confesseur, peut-ĂŞtre Arnulf Charreton; et les Instructiones, Ă©crites entre le 25 mars et le 12 juillet 1429, pour Jean Majoris, prĂ©cepteur du dauphin Louis, fils de Charles VII. [...] Gerson, en Ă©crivant le Tractatus, a eu constamment en tĂŞte l'histoire de Salomon. Presque chaque phrase de la première partie de la prima partĂcula est une rĂ©miniscence ou du Liber sapientiae ou Regum ou Paralipomenon dont le Chancelier incorpore parfois des bribes de phrases, tout en y entremĂŞlant des passages conformes Ă la doctrine du Nouveau Testament. [...] Gerson, pensant au fils de David assis sur le trĂ´ne de son père encore en vie, prĂŞte au Dauphin dans sa prière les paroles de Salomon, III Rois, III, 7-9. Et tout de suite après, le jeune prince emprunte derechef les paroles du nouveau roi d'IsraĂ«l, puisĂ©es cette fois dans le Livre de Sagesse, IX, 1-7 et 10. Or, bien que le Chancelier s'Ă©carte souvent dans ses Ă©crits du texte de la Vulgate, il est Ă remarquer qu'il introduit ici une modification lĂ©gère mais significative; au lieu d'Ă©crire, Tu elegisti me regem populo tuo (Sap., IX, 7), il fait dire au Dauphin, Tu autem elegisti me futurum regem populo tuo. C'est que Charles n'est pas encore roi; il doit un jour assumer la direction du gouvernement, ce qui pourrait s'appliquer Ă tout autre Dauphin. Mais le Dauphin du Tractatus a dĂ©jĂ pris les leviers de commande. [...] Le Chancelier Ă©tait certainement conscient du parallèle entre les situations de Salomon et de Charles. La pensĂ©e vient en effet facilement de substituer au vieux roi David nommant son fils Salomon Ă lui succĂ©der, le roi Charles VI, sujet Ă des accès de folie et obligĂ© de se faire remplacer par le Dauphin ; Ă Adonias qui voulait s'emparer de la royautĂ©, le duc de Bourgogne Jean sans Peur et son orgueil dĂ©mesurĂ©; Ă substituer aussi Ă la mort qu'infligea Salomon Ă Adonias, la fin tragique de Jean sans Peur (que Gerson ne pouvait prĂ©voira la date que nous assignons au Tractatus); et Ă BethsabĂ©e plaidant en bonne mère pour son fils, Isabeau de Bavière qui, elle, mère dĂ©naturĂ©e, devait bientĂ´t renier le sien. L'exemplum de Salomon se rencontre assez souvent dans les Ĺ“uvres de Gerson; cf. les sermons Vivat rex, Rex in sempiternum vive. [...] Tout en souhaitant la paix, lui-mĂŞme contribuait Ă prolonger l'Ă©tat de guerre entre les deux princes par ses efforts infatigables pour arriver Ă faire condamner par le Concile de Constance les assertions pernicieuses de Jean Petit, tirĂ©es de sa Justification du duc de Bourgogne. Dans le sermon Nuptiae factae sunt, prononcĂ© devant le Concile le 17 janvier 1417, fĂŞte de saint Antoine et anniversaire de Philippe le Hardi, père de Jean sans Peur, le Chancelier rappelle les annĂ©es plus heureuses quand il prĂŞchait devant l'ancien duc de Bourgogne, son protecteur et son mĂ©cène; ce qui ne l'empĂŞche pourtant pas, dans ce mĂŞme sermon, de revenir Ă l'assaut en demandant au Concile la condamnation des erreurs de Jean Petit qui avait justifiĂ© l'assassinat de Louis d'OrlĂ©ans. Gerson ne voyait pas de paix possible sans la soumission de Jean sans Peur Ă l'autoritĂ© ecclĂ©siastique (Max Lieberman, Chronologie gersonienne, III. In: Romania, tome 74 n°295, 1953 - www.persee.fr). Adonias, fils de Haggig, quatrième des fils de David, soutenu par Joab, aspira Ă la royautĂ© après la mort de son père et voulut dans ce but Ă©pouser Abishag. Salomon le fit mettre Ă mort (fr.wikipedia.org - Abisag). Gerson identifie lui-mĂŞme Abisag Ă la Sulamite du Cantique des cantiques (Brian Patrick MacGuire, Jean Gerson, the Shulammite and the maid, Joan of Arc and Spirituality, 2003 - books.google.fr). Considerons l'exemple de David auquel servoit Abisac, pucelle tres belle et tres desirable, et couchoit avec lui en son lit, et l'eschaufoit ; non pour quant David ne la congnut oncques charnelement, ne s'enflamma de son amour en mal (ConsidĂ©ration sur saint Joseph) (Jean Gerson, L'Ĺ“uvre française, sermons et discours, prĂ©sentĂ© par PalĂ©mon Glorieux, 1966 - books.google.fr). Typologie De 2215 Ă 1369 il y a 846 que l'on reporte symĂ©triquement
pour obtenir 523 (cf. quatrain VII,
39). Jean Cousin (Joannes Cognatus)
(1568 - 1636), Chanoine à Tournai (Belgique), écrivit une Histoire de Tournay ou le troisième livre des chroniques, annales, ou demonstration du christianisme de l'Evesché
de Tournay, publié en 1620 Cousin fixe la
mort de saint Eleuthere à l’an 523, & en
conséquence au lieu de 45 ans de Siége, il ne lui en
donne depuis 484 jusqu’à 523, que 39, ou 40, se prévalant pour cela d’un
passage de la Vie de saint Médard dans Fortunatus Parmi les plus grands trésors de la Cathédrale Notre-Dame
de Tournai figure au tout premier plan cette double série de tapisseries de
métier réalisées à d'Arras en 1402. Elle raconte la vie des saints Piat et
Eleuthère, respectivement l'évangélisateur de nos contrées et l'un des premiers
évêques connus de Tournai. La période la plus prospère de la production de
tapisseries à Arras se situe durant la 1ère moitié du XVe siècle, lorsque les
ducs de Bourgogne chargent ses ateliers de réaliser de nombreuses tentures de
chœur, dont celles-ci sont probablement les plus anciens exemples conservés. Le
chanoine Toussaint Prier (mort en 1437), qui avait été aumônier du duc Philippe
le Hardi (1342-1404), fut reçu au Chapitre de la Cathédrale en 1394. Il commanda aux
ateliers arrageois une œuvre de toute grande valeur pour décorer le chœur de
Notre-Dame. Ces tapisseries ornaient les hautes stalles aux grandes fĂŞtes Parmi les colorants de la tapisserie, on compte la
garance pour les rouges Tournai (en néerlandais : Doornik) est une ville
francophone de Belgique située en Région wallonne et en Flandre romane La «
cité aux cinq clochers » est traversée par l'Escaut et fait partie du sous-bassin Haut-Escaut. Elle fait partie du chapelet de
villes scaldiennes, toutes distantes entre elles d'une trentaine de kilomètres
: Cambrai, Valenciennes, Tournai, Audenarde, Gand, Termonde et Anvers Tournai est considérée comme «le berceau de la monarchie» française, surtout depuis la découverte en 1653 du tombeau de Childéric Or, rapporte l'hagiographie de l'évêque Eleuthère de
Tournai (populairement appelé Lehire), Clovis avait,
après son baptême, commis un péché tel «qu'il n'est pas permis de l'avouer
publiquement». Un jour, il vient écouter la prédication d'Eleuthère, qu'il
appréciait particulièrement. Le saint lui déclare qu'il connaît le motif réel
de sa visite, cette faute secrète. Le roi s'en défend, puis, en pleurant, lui
demande de célébrer une messe à son intention. Le lendemain, au moment de la
communion, dans une lumière éclatante, un ange apparaît et remet Eleuthère un
écrit relatant la faute commise par le roi, et qui n'est pas dévoilée. Ainsi
pardonné par l'intercession du saint évêque de Tournai, Clovis dote richement
son église. Clovis renouait ainsi avec le berceau de sa famille Le mot liber répond au grec éleuthéros,
libre, comme ruber au grec Ă©ruthros,
rouge Le lien entre Phrygie et liberté était fourni par deux passages de Servius, commentateur de
Virgile, qui écrivait au Ve siècle, et par un passage de son contemporain Macrobe : c'est la statue d'un Phrygien, le
Silène Marsyas, qui est l'emblème des villes libres. [...] On a donc pu
imaginer que le Phrygien Marsyas, affranchi de surcroît, portait un bonnet du
pays (Alice Gérard, Bonnet phrygien et Marseillaise, L'Histoire n° 113, 1988,
p. 44). Le mouvement des libertés qui peut déboucher sur le mouvement communal, est, dans sa dynamique même, un phénomène qui touche une grande partie du continent européen, mais il apparaît d’une extrême complexité car il épouse une grande variété de modalités selon les conditions politiques, économiques et sociales propres à chaque région. Il débute véritablement à la fin du XIe siècle et se prolonge jusqu’au XIVe siècle. [...] Quelle que soit son histoire et son évolution, la commune urbaine, même si elle n'est que la forme exceptionnelle de l'émancipation urbaine, compte parmi les apports les plus importants du Moyen Age à l’histoire politique et sociale de l’Europe. Elle a fait naître ou renaître le type social du citoyen, membre d’une communauté urbaine libre et indépendante et responsabilisé autour de la notion de bien commun. Elle a façonné et diffusé une culture politique fondée sur la participation, la délégation, la représentation, l'autogestion et la responsabilité partagée des décisions qui donnent leur légitimité aux régimes politiques, quelles que soient leurs formes: échevinats, communes, concejos, consulats, qui sont nées d’une volonté des citoyens de se doter d’institutions propres. L’identité urbaine s'est construite à travers actes, gestes, rituels et conflits. Il n’y a guère qu’en Italie où sous l’influence du droit romain, des mouvements de réforme de l'Église et des écoles de droit, qu'elle s'est nourrie de considérations théoriques autour du thème de la cité et des citadins. Ainsi dans son Defensor Pacis, ouvrage de théorie politique qu'il composa en 1324, Marsile de Padoue tente de concilier l’universalisme chrétien avec la citoyenneté participative héritée des cités grecques et fait comme tous les philosophes médiévaux de la civitas la forme suprême de l’universitas, réglée par la justice, la paix et l’idée de concorde. Les souverains comprirent tout l’intérêt politique et économique qu’il pouvait trouver à les favoriser surtout sur les terres des seigneurs, car non seulement elles assuraient la paix et l'ordre dans la ville, mais au même titre que leurs autres vassaux, elles leur devaient fidélité, aide pécuniaire et service militaire. Philippe-Auguste accorda ainsi 28 chartes à des communes entre 1180 et 1190. Certaines sont devenues, comme dans l'Italie centro-septentrionale, de petites "républiques", telle la ville de Tournai, enclave française dans les Pays-Bas où les bourgeois disposaient de larges privilèges, qui bornaient les ambitions du pouvoir épiscopal. Dans le royaume de France, la formation des communes est directement en rapport avec le processus de consolidation de la propre monarchie; le rôle des milices urbaines à Bouvines est bien connu. Le cas flamand illustre combien le mouvement communal pouvait se conjuguer, ponctuellement, avec les intérêts des princes. Les événements de 1127-1128 en Flandre, bien connus grâce au récit d’un témoin oculaire, le notaire comtal Galbert de Bruges, montrent bien comment les élites des grandes villes, en défendant les intérêts fondamentaux des marchands et entrepreneurs qu’ils étaient, aidaient en même temps une nouvelle dynastie comtale, celle des comtes dits d’Alsace, à arriver au pouvoir. C’est bien parce que le nouveau comte de Flandre, Guillaume Cliton, était mal assuré de son pouvoir, qu’il dut faire des concessions aux villes de Gand, Bruges, Aardenburg et Saint-Omer pour obtenir leur appui (Denis Menjot, Le mouvement des libertés dans les villes de l’Occident médiéval, 2012 - halshs.archives-ouvertes.fr). Si on prend Gand, Ypres et Bruges, il paraît évident que l'apogée de leur liberté se situe aux XIVème et XVème siècles, quand ces trois villes contrôlaient leur plat pays et tentaient de créer par ici l'équivalent de cités italiennes dominant leur contado et capables de s'opposer victorieusement au pouvoir d'Etat, et il faut rappeler qu'à Gand cette "indépendance" n'a été brisée que par Charles Quint en 1540 (Alain Derville, Les origines des libertés urbaines en Flandre. In: Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, 16e congrès, Rouen, 1985 - www.persee.fr). Le bonnet phrygien pouvait être rouge comme on le voit
sur la tĂŞte des rois mages de la mosaĂŻque de Sant'Apollinare
Nuovo à Ravenne (début VIème siècle), alors que le pileus
des affranchis romains devait être blanc, de la laine non teintée Comme à Hiérapolis de Phrygie (Strab.
630), on employait sans doute Ă Thyatire la garance
(= rubia, Pline, H.N. XIX, 47; eruthĂ´ridanon",
Dioscor. III, 160), car la teinture, basée sur la
culture de cette racine, y survécut jusqu'au XIXe siècle et ne succomba que
devant la concurrence de l'aniline Les "porphurobaphoi"
de Hiérapolis, dans cette pointe de la Phrygie, en face de Laodicée du Lycos,
par l'éloignement de la cité de la mer, pratiqueraient la teinture de garance
sur indigo qui avait pour résultat une pourpre qui imitait parfaitement
l'original La pourpre, si estimée des Grecs et des Romains, et devenue chez eux l’un des signes distinctifs de la puissance souveraine, était une sorte de violet foncé et non, comme on le croit généralement, une teinte d’un rouge vif. La Porphyra dibaphea, ou pourpre teinte deux fois, était surtout renommée. Cet usage de teindre deux fois la pourpre datait de la plus haute antiquité. Dans le Cantique des Cantiques, le chœur des jeunes filles s’adressant à la jeune épouse s’exprime ainsi : «Vos cheveux sont comme la pourpre du Roi liée et teinte deux fois dans les canaux des teinturiers.» Cette riche couleur venait de l’Asie et particulièrement de la Phénicie. On la vendait au poids de l’argent. Son mérite spécial, aux yeux des Anciens, semble avoir été de s’aviver et de foncer par l’exposition au soleil au lieu de pâlir comme la plupart des couleurs rouges, violettes et bleues (Auguste Dupont-Auberville (1830-1890), Art industriel. L'ornement des tissus: recueil historique et pratique, 1877 - books.google.fr). Le fleuve Eleutheros (Nahr al-Kébir actuel) marquait la frontière entre le district des Aradiens, dans le Nord de la Phénicie, et la Phénicie lagide. C'est aujourd'hui la frontière entre la Syrie et le Liban (Georges Le Rider, François de Callatay, Les Séleucides et les Ptolémées: L'héritage monétaire et financier d'Alexandre le Grand, 2017 - books.google.fr). Le Martyre de Philippe représente la section finale des
Actes de Philippe qui relatent le périple missionnaire de l’apôtre jusqu’à sa
mort à Ophiorymé, ville qu’on a pu identifier avec
l’ancienne Hiérapolis (actuelle Pamukkale), en Phrygie. [...] Le milieu de
composition des différentes sections de l’oeuvre doit
être situé en Asie Mineure, et plus particulièrement en Phrygie, comme l’analyse
des tendances doctrinales du texte l’a démontré. À ce propos, il convient de
souligner que ces Actes apocryphes constituent un document d’une importance
exceptionnelle pour parfaire nos connaissances au sujet des courants chrétiens
ayant circulé dans l’Antiquité tardive (IVe-Ve siècle). Ils offrent en
particulier un témoignage capital sur la diffusion des doctrines pratiquées au
sein des cercles rigoristes anciens - encratites, apotactites,
eustathiens - qui prĂ´naient une vision radicale de la
continence (en grec enkrateia), sexuelle et
alimentaire. Ces pratiques ascétiques rigoristes étaient caractérisées, entre
autres, par le rejet du mariage et de la procréation, par le refus des biens
matériels ainsi que par des règles alimentaires telles que l’abstinence de la
viande et du vin, y compris le vin de l’eucharistie auquel les encratites
substituaient l’eau. Suivant une position plus radicale encore, les apotactites prônaient pour une communion uniquement
spirituelle au Christ, sans médiation des deux espèces de l’Eucharistie.
Par-delà les différences qui les caractérisent, tous ces cercles rigoristes
soulignaient l’importance de l’abstinence et de la pureté comme moyens
privilégiés pour tenter de s’approcher de la pureté des origines et pour
parvenir au salut. Ces cercles attirèrent les sanctions des Pères l’Église et
furent condamnés, entre autres, lors du Concile de Gangres,
en Asie Mineure (Paphlagonie), au IVe siècle (340 ou 343) On peut relever un lien entre "intaminée" (pure) et l'encratisme. Des Actes apocryphes grecs de Philippe ont été rédigés vers le Ve siècle, mais ils n'ont guère eu d'influence. La source principale des abréviations dominicaines est le Pseudo-Abdias, dont Barthélémy de Trente offre un résumé très succinct. Il contamine néanmoins cette version avec celle des Actes apocryphes, en affirmant que la mission de Philippe à Hiérapolis (non loin d'Ephèse) s'acheva par le martyre. Il est suivi sur ce point par Jacques de Voragine, qui nourrit toutefois essentiellement son récit par un résumé du texte du Pseudo-Abdias repris littéralement de Jean de Mailly (Dominique Donadieu-Rigaut, Alain Boureau, La légende dorée de Jacques de de Voragine, 2004 - books.google.fr). L'apôtre Philippe est le saint patron du duc de Bourgogne Philippe le Hardi. Claus Sluter, à la fin du XIVe siècle, travaille pour le
duc de Bourgogne et collabore au portail de Champmol
et au célèbre Puits de Moïse. Son oeuvre pourrait
éventuellement se comparer aux deux retables de de Baërze-Broederlam,
du musée de Dijon. La Chartreuse de Champmol était
destinée par Philippe le Hardi à servir de mausolée aux ducs de Bourgogne.
Claus Sluter, en qualité de successeur de Jehan de Marville,
fut chargé de réaliser les statues du portail de l'église La dédicace de la chartreuse de Champmol
à la Trinité a été imposée par Philippe le Hardi aux moines qui avaient tout
naturellement choisi le saint patron de leur protecteur, l'apĂ´tre Philippe. Or,
il semble que saint Philippe n'ait guère joué de rôle dans la dévotion ducale. Sur
le portail de sa fondation, le duc s'était fait représenter en compagnie, non
pas de son saint patron, mais de saint Jean-Baptiste, et sa femme Marguerite
de sainte Catherine C'est Philippe le Bon qui était présenté par saint
Philippe dans le groupe qui était adossé à un pilier de la collégiale
Saint-Pierre de Lille (en Flandres) |