Passage des Pyrénées par Annibal

Passage des Pyrénées par Annibal

 

X, 11

 

2185-2186

 

Dessous Jonchere du dangereux passage,

Fera passer le posthume sa bande,

Les monts Pyrens passer hors son bagage,

De Parpignan courira Duc Ă  Tende.

 

"postume"

 

"postumus" en latin signifie "dernier" ("postumus proles" : dernier rejeton) ou enfant postume (nĂ© après la mort de la mère ou du père) (Gaffiot).

 

En l'absence de documents historiques empruntĂ©s Ă  des Ă©crivains nationaux, il est difficile de connaĂ®tre exactement les hommes et les choses de la ville carthaginoise, de pĂ©nĂ©trer bien avant au foyer des Barca. Nous savons seulement qu'Amilcar eut six enfants : deux filles et quatre fils 3. Les filles, qui paraissent avoir Ă©tĂ© les aĂ®nĂ©es, Ă©pousèrent : l'une, le prince massylien N'H'arâraoua; l'autre, le triĂ©rarque Asdrubal le Beau. Les quatre fils sont : Annibal, Asdrubal, Magon et Hannon. Annibal Ă©tait vraisemblablement l'aĂ®nĂ© de ses trois frères, et son père l'adorait, car il plaçait en lui ses plus chères espĂ©rances. Cependant Tite-Live parle expressĂ©ment du dernier frère, Hannon : «...alio equitatu per novum delectum comparato, Hannonem, Hamilcaris filium, præficiunt.» (Tite-Live, XXIX, XXXIV) (E. Hennebert, Histoire d'Annibal, Tome 1, 1870 - books.google.fr).

 

Passage du Perthus

 

Les engagements de chaque jour et les siéges qu'il fallut entreprendre coûtèrent aux Carthaginois environ 21,000 hommes, soit le cinquième de leur effectif total, sacrifice énorme, mais non fait en pure perte, puisque la Calalogne était à eux. Cette forteresse de montagnes redoutables allait devenir, entre leurs mains, et le réduit de la péninsule ibérique et la base de leurs opérations en Circumpadane. Cependant il fallait organiser le pays de manière à tirer de celte conquête tout le parti possible. Le jeune général chargea son frère Hannon du soin de faire régner l'ordre à l'intérieur de la province. Ainsi nommé gouverneur général de la Catalogne, Hannon, que M. Duruy appelle Magon, eut, à cet effet, à sa disposition une petite armée de 10,000 hommes d'infanterie et de 1000, chevaux. Ces forces étaient jugées suffisantes pour qu'il pût tenir le pays par le moyen de garnisons solidement installées dans les places, demeurer maître des passages des Pyrénées et pourvoir à la garde des magasins de dépôt de l'armée d'Italie. Hannon était spécialement chargé de veiller à la sûreté de ces passages (Tite-Live, XXI, XXI).

 

Il n'est pas absolument impossible de déterminer en quel point le frère d'Annibal avait établi le siége de son gouvernement. En s'attachant aux textes, comme il convient de le faire en toute étude historique, on peut admettre que le quartier général de l'armée punique d’occupation était à Berga. Cette position est, en effet, exceptionnellement favorable à toutes les opérations ayant pour objet la défense du territoire catalan et la sûre possession des cols de la frontière pyrénéenne. En pivotant autour de cette place, qui commande les bassins de tous les cours d'eau de l'intérieur, un petit noyaux de bonnes troupes peut exercer sur le pays une action considérable. A portée des plaines d'Urgel, les détachements peuvent facilement vivre, et la disposition des communications qui rayonnent autour de Manresa leur vaut, pour ainsi dire, le don d'ubiquité dans la haute et dans la basse Catalogne. De plus, sans descendre des hauteurs qu'ils occupent, il leur est facile de gagner tous les cols de la grande chaîne.

 

Cependant la mission d'Hannon n'était pas sans présenter certaines difficultés. Les Romains avaient depuis longtemps pris pied en Catalogne, et y entretenaient un parti puissant. Il leur était donc facile d'agiter le pays, de s'y créer de nouvelles alliances, de ramener à eux les peuplades qui, lors des opérations d'Annibal, avaient déserté leur cause. C'est ce qu'ils ne manquèrent pas de faire, tant sur la côte que dans l'intérieur, aussitôt que les Carthaginois eurent passé les Pyrénées (E. Hennebert, Histoire d'Annibal, Tome 1, 1870 - books.google.fr).

 

"bande"

 

Le mot «bande» désigne une troupe d'hommes armés (de dimension très variable) servant sous une même bannière ou réunis occasionnellement pour une équipée (Joël Blanchard, La Chronique scandaleuse: Journal d'un parisien au temps de Louis XI, 2015 - books.google.fr).

 

La Chronique scandaleuse de Jean de Roye, bourgeois parisien du XVe siècle, suit les 22 ans de règne de Louis XI.

 

"hors son bagage"

 

«Annibal détacha de son armée 10,000 hommes de pied et 1,000 chevaux, qu'il laissa à Annon avec les bagages de ceux qui devaient marcher avec lui.» Annibal établit son camp, vers le 15 août, sur la rive droite du Llobregat, à 4 milles de Figuières, sur le plateau situé entre Pont-des-Moulins, Camany, Saint-Clément et Pérélada. Il se trouvait en face de la grande dépression de la chaîne pyrénéenne, ayant devant lui le col de Panissas et celui de Perthus, que ferme Bellegarde. A cette époque et longtemps encore après, la route gauloise passait au col de Panissas, qui est de 50 mètres plus élevé que le col de Perthus, mais bien plus largement ouvert. Ces deux passages se réunissaient, du côté de la Gaule, aux Écluses hautes et basses ; du côté de l'Espagne, à 1 kilomètre au-dessous du fort actuel de Bellegarde, avant le Fourde-Vidre. Ce col est à la cote 340 comme altitude (Perrin, Marche d'Annibal des Pyrénées au Pô et description des vallées qui se rendent de la vallée du Rhone en Italie, 1887 - books.google.fr).

 

"Duc"

 

Hannibal, Carthaginiensis dux. Hannibal, Hamilcaris filius, novem annos natus, a patre aris admotus, odium in Romanos perenne juravit (Sextus Aurelius Victor, Origine du peuple romain: Hommes illustres de la ville de Rome. Histoire des CĂ©sars. Vies des empereurs romains, traduit nouvelle par M.N.A. Dubois, 1846 - books.google.fr).

 

Tende

 

Les éléments toponymiques – principalement la Table ou Pierre d'hannibal, localement Taulo d'Annibau selon Paul Sébillot – accréditent la thèse selon laquelle hannibal serait passé au col du Longuet ou au col de Larche. Le col de Tende est parfois évoqué car le toponyme provient du latin "tenta" (occitan tenda) et une tradition locale y associe le souvenir d'un campement d'Hannibal. Mais ces hypothèses sont réfutées par la plupart des historiens modernes (Stéphane Gendron, Personnages illustres et noms de lieux: De Vercingétorix à Napoléon III, 2021 - books.google.fr).

 

Annibal, après avoir franchi les Pyrénées et parcouru d'Emporium au Rhône 1,600 stades, passe ce fleuve à quatre journées de la mer, au-dessus du point où il se sépare en deux branches. Mais la flotte romaine, commandée par Cornélius Scipion, est à l'embouchure orientale du Rhône, et Annibal, ne pouvant suivre le long de la mer ce passage de la Ligurie dont parle Varron, ne pouvant prendre le long de la Durance le chemin le plus court qui conduise aux Alpes, remonte en quatre journées le Rhône sur une distance de 600 stades, et arrive ainsi à l'embouchure d'une rivière qui n'est autre que l'Isère. A ce moment, les Carthaginois ont devant eux la contrée que bornent au midi l'Isère, à l'ouest et au nord le Rhône, à l'est le massif de la Grande-Chartreuse, contrée que Polybe et Tite-Live appellent l'Ile, et que le premier compare à un delta, parce qu'il ne tient pas compte de l'angle que le Rhône fait à Lyon, et suppose que son cours est en ligne droite (M. Chappuis, Etudes historiques, Revue des sociétés savantes des départements: 1860, Sémestre 2, 1860 - books.google.fr).

 

GĂ©ographie

 

Le 18 avril 1823, la 5e division entra en Espagne par le Perthus, sans rencontrer l'ennemi. Une centaine d'hommes et quelques chevaux furent aperçus en avant de la Jonquière, et se retirèrent à Figuieras. L'ennemi ne profita pas des belles positions qu'offrent les Pyrénées, et de celles qui sont entre les Pyrénées et Figuieras. Deux rangs parallèles de côteaux qui, sur la droite, sont appuyés à de hautes montagnes, commandent le défilé qui, de la Jonquière, amène au débouché de la plaine du Lampourdan, dans laquelle la cavalerie peut se déployer et fournir de belles charges. Dans la guerre de 1793, on se disputa long-temps ces positions; le général républicain Dugommier, et le général espagnol comte de la Union, y perdirent la vie. Arrivé au Perthus, on descend jusqu'à la Jonquière par une route fort belle, encaissée entre les monts Albères et ceux du Coll de Panisal. Le terrain s'ouvre un peu lorsqu'on a passé la Jonquière, et la route ayant à droite un ruisseau, qui coule dans un encaissement profond, est dominée à gauche par des mamelons qui suivent le grand chemin jusqu'à un quart de lieue de Pont de Molins, qui est au débouché de la plaine. Sur la droite, des montagnes déclinantes de la grande chaîne des Pyrénées, à angle droit, aboutissent à Llers et dépassent cet endroit. Parmi ces montagnes on remarque le Mont Roch, boisé d'alcornoques (chênes-verds); ce mont, à côte rapide, offre une position extrêmement forte. La grande route passe entre ces deux chaînes de montagnes et les côteaux qui sont parallèles. Un ennemi qui veut défendre ces positions, qui appuient au fort de Figuieras, peut arrêter les troupes envahissantes ou leur faire perdre beaucoup de monde si elles veulent forcer les positions. Après le pont de Molins, on a sûr la gauche le grand développement de la plaine du Lampourdan, dans laquelle on trouve des villages considérables et la belle position de Mal-Vecina, qui défend la plaine parallèlement à la mer (André de Combret Marcillac, Histoire de la guerre d'Espagne en 1823; campagne de Catalogne, 1824 - books.google.fr).

 

Jonquières, Aude ; Joncheriae, 1177 (DT) ; = pl. de occ. jonquièra «endroit où pousse le jonc» (DOF) (Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, Tome 2, 1996 - www.google.fr/books/edition).

 

Acrostiche

 

Le rĂ©cit des guerres d'Espagne et de celles d'Annibal fut trouvĂ© par Henri Estienne en Italie et ajoutĂ© au texte d'Appien, que Charles Estienne, oncle de Henri, avait Ă©ditĂ© auparavant : en sorte que tout ce que le XVIe siècle possĂ©dait de cet auteur fut dĂ» Ă  cette laborieuse famille (LĂ©on Feugère, Essai sur la vie et les ouvrages de Henri Estienne: suivi d'une Ă©tude sur ScĂ©vole de Sainte-Marthe, 1853 - books.google.fr).

 

DFL : Estienne, Robert (l539). Dictionaire francoislatin, contenant les motz & manieres de parler francois, tournez en latin, Paris, Robert Estienne, 523 p. (Français du Canada - Français de France VI: Actes du sixième Colloque international d'Orford, QuĂ©bec, du 26 au 29 septembre 2000, 2013 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2186 sur la date pivot -218 donne -2622.

 

Epoque de Nemrod, usurpateur du pouvoir à Babylone depuis -2640, qui règne 35 ans (Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusq'à l'an 1743, Premiere partie, qui contient l'histoire ancienne, 1744 - www.google.fr/books/edition).

 

Le congé du guerrier est signé. C'est de la splendeur dans le lointain. Le grand Nemrod, le grand Cyrus, le grand Sennacherib, le grand Sesostris, le grand Alexandre, le grand Pyrrhus, le grand Annibal, le grand Frédéric, le grand César, le grand Timour, le grand Louis, d'autres Grands encore, tout cela s'en va (Victor Hugo, Shakespeare (1864), Tome 18 de Œuvres complètes de Victor Hugo, Victor Hugo, 1882 - books.google.fr).

 

nostradamus-centuries@laposte.net