Extension bourguignonne

Extension bourguignonne

 

X, 51

 

2214-2215

 

Des lieux plus bas du pays de Lorraine,

Seront des basses Allemaignes unis :

Par ceux du siège Picards, Normans, du Maisne

Et aux cantons se seront réunis.

 

La basse Lorraine dénommait ce qui est le Brabant actuel (Richard de Wassebourg, Antiquitez de la Gaule Belgique, Royaulme de France, Austrasie & Lorraine, 1549 - books.google.fr).

 

Les Pays Bas (qui couvraient les Pays Bas espagnols avant la séparation des 17 provinces) ont été appelés Germanie inférieure ou Basse Allemagne (Lodovico Guicciardini, Description de touts les Pays-Bas, autrement appellez la Germanie inférieure ou Basse Allemagne, traduit par Belleforest, 1582 - books.google.fr).

 

"siège" : Etats généraux sous Jean II

 

On parle d'«Assemblée des trois états» puis, au XVIe siècle, des «États généraux» pour désigner les trois ordres (clergé, noblesse, tiers état) assemblés sur l'ordre du roi et appelés à représenter, auprès de lui, les membres du corps du royaume. Dès le XIIe siècle en effet, les rois prennent l'habitude, au nom des obligations réciproques du seigneur et du vassal, d'ouvrir la curia à des prélats et des barons, puis à des bourgeois des villes, pour les consulter, au cas par cas, et leur demander aide et conseil. Seulement, jusqu'au début du XIIIe siècle, les bourgeois sont convoqués à part. C'est en 1302 que Philippe le Bel, lors de l'affrontement avec le pape Boniface VIII, exige la présence à ses côtés de prélats soigneusement triés, de grands nobles et de quelques représentants des bonnes villes : le roi demande leur appui pour mieux résister à la papauté. L'idée va faire son chemin que ces assemblées non seulement correspondent au principe suivant lequel le roi gouverne par très grand conseil, mais représentent encore un atout pour s'appuyer directement sur les forces nation naissante afin de contourner le carcan du réseau féodo-vassalique et la puissance des princes. On y recourt donc pour régler tel ou tel problème particulier ou surmonter les crises : 1308 : affaire des Templiers ; 1314, 1321 : besoin de subsides (durant la guerre de Cent Ans, on réunit séparément les États généraux de langue d'oïl et ceux  langue d'oc) ; 1355-1358 : crise suscitée par l'invasion anglaise (les États siègent presque sans discontinuer et maîtrisent le gouvernement) ; 1359 : rejet du traité signé par Jean II, captif des Anglais ; 1369 : rejet du traité de Brétigny ; 1413 : crainte d'une invasion anglaise (les États sont noyautés par le parti bourguignon et l'université) ; 1420 : approbation du traité deTroyes ; 1421, 1431, 1439 : besoin d'impôts etc. (Sylvain Soleil, Introduction historique aux institutions: IVe-XVIIIe siècle, 2002 - books.google.fr).

 

La captivité de Jean II devint plus étroite; au début de 1359, Gauthier de Mauny était dépêché par le roi d'Angleterre, pour recevoir, comme roi de France, l'hommage des seigneurs français. Et c'est à ce moment que, poursuivi par l'idée fixe de recouvrer à tout prix sa liberté, Jean II renoua personnellement des pourparlers avec son vainqueur, et signa, à Londres, le 24 mars 1359, un traité dont les termes humiliants ne se relèvent que quatre-vingts ans plus tard, dans le pacte honteux de Troyes. Non seulement Jean abandonnait la Guyenne et la Gascogne, mais encore il cédait l'Angoumois, le Quercy, le Poitou, le Limousin, le Périgord, les comtés de Bigorre et de Gaure, l'Agenais, le Maine, l'Anjou, la Normandie, le Ponthieu, la vicomté de Montreuil, Calais, les comtés de Boulogne et de Guines, et renonçait à la suzeraineté sur la Bretagne. Il donnait 4,000,000 de deniers d'or pour sa rançon, et restait prisonnier jusqu'à complète exécution du traité. Le projet fut envoyé à Paris et soumis au conseil du régent et aux États généraux. Le 25 mai 1359, il fut unanimement repoussé. La faiblesse de Jean II servait le régent comme l'avait fait la maladresse politique d'Étienne Marcel. Devant l'incapacité du roi, Charles devenait réellement le véritable chef du royaume; sous le coup de l'indignation, on décida de reprendre la guerre, on vota des subsides, et on les perçut. La réaction commençait ; les conseillers du dauphin, écartés en 1350 sur l'ordre d'Étienne Marcel et des États généraux, revinrent au pouvoir. La force du régent s'augmentait de la défaillance de son père. Il pouvait compter sur l'appui de la  nation. En même temps, il renouait des alliances avec le Danemark, avec l'Écosse; il négociait en Hongrie et en Autriche. Le roi de Navarre, abandonné, était heureux de signer, en août 1359, un traité qui lui garantissait ses possessions territoriales, et lui assurait une importante somme d'argent. Le régent pouvait se préparer à résister à une nouvelle invasion anglaise. Furieux du désaveu des États, Édouard III se préparait à la guerre. Il adressait un mémoire justificatif au peuple anglais ; il annonçait son intention de réclamer par les armes la couronne de France, et de se faire sacrer à Reims. En octobre 1359, une triple armée débarqua à Calais. Le duc de Lancastre envahissait la Picardie et l'Artois, Édouard III occupait le Cambrésis, le Vermandois et le Thiérache. Le Prince Noir s'emparait de Ham, de Saint-Quentin, de Rethel et de Château-Porcien; et les trois corps se réunissaient pour mettre le siège devant Reims. Après une énergique résistance, l'armée anglaise dut reculer, le 11 janvier 1360. La campagne n'était pas finie. Le ravage du royaume commençait. La Champagne méridionale, la Bourgogne furent livrées aux troupes anglaises; les vallées de l'Yonne, du Serein, de l'Armançon pillées; la désolation s'étendit sur tout le pays, jusqu'au jour où, pour sauver de la ruine son duché, Philippe de Rouvre éloigna les Anglais en leur payant 300,000 moutons d'or. Après la Bourgogne, ce fut la Beauce et le Gâtinais, et enfin, en mars 1360, Édouard campait à Montlhéry, et s'avançait jusque sous les murs de Paris, à Châtillon, à Issy, a Vanves, et venait offrir la bataille jusqu'au faubourg Saint-Marcel. Le dauphin refusait toute rencontre. Désespérant de s'emparer de la ville, Édouard III, voyant son armée décimée, apprenant la descente des Normands à Winchelsea, se replia sur Chartres. La guerre lassait chaque parti. Tous désiraient y mettre un terme. Les négociations s'engagèrent ; elles ne durèrent que peu de jours. Le 7 mai, une trêve était conclue; le 10 mai à Paris, le 15 à Louviers, le régent et le Prince Noir juraient le traité de Brétigny. Les conditions en étaient dures; mais on était loin de ce que la faiblesse de Jean II avait signé à Londres. Les négociateurs français avaient obtenu d'importantes concessions; on en revenait aux termes du projet de 1358. Édouard III conservait la Guyenne et la Gascogne, et recevait, en outre, le Poitou, le Périgord, le Limousin, le Quercy, Tarbes, les comtés de Bigorre et de Gaure, le Rouergue, le Ponthieu, Montreuil, Calais et Guines, qu'il posséderait au même titre que le roi de France; il renonçait à la couronne, à la Touraine, à l'Anjou, au Maine, à la Normandie, à l'hommage de la Bretagne et de la Flandre. Les deux rois devaient renoncer mutuellement et solennellement à toute souveraineté et ressort des terres  abandonnées et cédées à l'autre partie. Mais la date, le lieu, la manière dont devaient se faire les renonciations, étaient réservés pour être discutés à Calais, lors de la signature du traité par les rois, au moment où Jean II, ayant acquitté 600,000 écus sur le total de 4,000,000 d'écus d'or, montant de sa rançon, serait remis en liberté. Le reste des 4,000,000 devait être payé en six annuités de 400,000 écus et garanti par quarante otages, dont quatre bourgeois de Paris et deux des principales villes du royaume (Revue des questions historiques, Volume 87, 1910 - books.google.fr).

 

La France & l'Angleterre étoient sur le point d'en venir à une rupture, lorsque Jean II se rendit à Londres, pour terminer les différens qui s'élevoient. Il y mourut quelques mois après; laissant à Philippe son quatrieme fils, le duché de Bourgogne, qu'il avoit réuni à la couronne deux ans auparavant. La suite vous fera voir que cette disposition prépara un nouvel ennemi à la France. Les états n'ont jamais été plus fréquens, que pendant le regne de Jean II; il y en eut de généraux ou de provinciaux preíque chaque année (Etienne Bonnot de Condillac, Cours d'étude pour l'instruction du prince de Parme aujourd'hui S.A.R. l'Infant D. Ferdinand, 1779 - books.google.fr).

 

RĂ©unions territoriales bourguignones

 

Le 30 janvier 1384, mourut à Saint-Omer Louis de Male, comte de Flandre, de Bourgogne, d'Artois, de Rethel et de Nevers. Alors lui succéda sa fille unique Marguerite, qui avait épousé le 19 juin 1369 Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, fils du roi de France Jean le Bon. Le 23 décembre 1482, fut conclu à Arras un traité entre Louis XI, roi de France, et son fils le dauphin Charles, futur Charles VIII, d'une part, le duc Maximilien d'Autriche, veuf de Marie de Bourgogne, elle-même fille unique de Charles le Téméraire, Philippe et Marguerite d'Autriche, leurs enfants, d'autre part. En vertu de ce traité, le roi de France conservait la Picardie et le duché de Bourgogne tandis que Maximilien et ses enfants se voyaient reconnaître tout le reste du fabuleux héritage bourguignon. [...] À l'intérieur de la période de presque un siècle couverte par les règnes des quatre duc de Bourgogne Philippe le Hardi, Jean sans Peur, Philippe le Bon et Charles Témériare, la maison de Bourgogne réussit, temporairement ou définitivement, à acquérir des territoires dotés d'une façade maritime plus ou moins développée : le comté d'Eu, la Picardie, les comtés de Ponthieu et de Boulogne, le duché de Brabant, les comtés de Zélande et de Hollande. le duché de Gueldre  (Jacques Paviot, La Politique navale des ducs de Bourgogne 1384-1482, 1995 - books.google.fr).

 

"cantons" suisses

 

La victoire que les confédérés remportèrent sur les Autrichiens, à Morgarten, à l'entrée du canton de Schwitz, les encouragea à renouveler leur ligue à Brunnen, et à la rendre perpétuelle. Comme elle fut confirmée par serment, elle fit donner aux confédérés le nom d'Eydgenossen, c'est-à-dire de liés par serment. La ligue de Brunnen devint depuis la base du système fédératif des Suisses, qui ne tarda pas à se fortifier par l'accession de plusieurs cantons. La ville de Lucerne, en secouant le joug des Habsbourgeois, entra dans la ligue en 1352 ; Zurich y fut reçu en 1351 ; Glaris et Zug en 1355; Berne en 1353; ce qui forma les huit anciens cantons. La situation cependant des confédérés ne laissoit pas d'être fort embarrassante, aussi long-temps que les Autrichiens conservèrent les vastes domaines qu'ils tenoient au centre même de la Suisse. La proscription qui fut prononcée par l'empereur Sigismond et par le concile de Constance, contre Frédéric, duc d'Autriche, comme adhérent et protecteur de Jean XXIII, fournit enfin aux Suisses une occasion favorable pour dépouiller la maison d'Autriche de ses possessions. Les Bernois éclatèrent alors les premiers; ils enlevèrent aux ducs les villes de Zoffingen, d'Arau, de Bruck, avec les comtés de Habsbourg, de Lenzbourg et la meilleure partie de l'Argovie. Kybourg échut aux Zuricois, Sursee aux Lucernois; et les bailliages libres avec le comté de Baden, les villes de Mellingen et de Breingarten, furent conquis par les forces réunies des anciens cantons, qui les ont possédés en commun jusqu'à nos jours (Christophe Koch, Tableau des révolutions de l'Europe: depuis le bouleversement de l'empire romain en Occident jusqu'à nos jours, Tome 1, 1823 - books.google.fr).

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