La pacification de Gand

La pacification de Gand

 

X, 83

 

2238-2239

 

De batailler ne sera donné signe,

Du parc seront contraints de sortir hors :

De Gand l'entour sera cogneu l'ensigne,

Qui fera mettre de tous les siens Ă  morts.

 

Le quatrain se situerait à la fin du XVIe siècle lors de la tentative du duc d'Anjou, frère du roi de France  Henri III, de se constituer un royaume eaux Pays Bas (Mario Reading, The Complete Prophecies of Nostradamus, 2009 - books.google.fr).

 

Gand

 

L'interprétation-ci du quatrain reste dans cette période et précise certains points.

 

La fin du XVIe et le début du XVIIe siècle se traduisirent par des bouleversements liés à la guerre de Quatre-Vingts Ans. Face à la menace des troupes espagnoles, des états généraux des Dix-Sept Provinces se tiennent à Gand en 1576. Il en résulte un acte de pacification qui affirme l'autonomie nationale contre les ministres et les troupes espagnoles. Don Juan d'Autriche est obligé d'accepter la pacification de Gand. Cependant, la minorité calviniste, organisée en un parti d'une grande efficacité, s'empare du pouvoir par la force. En 1577, les calvinistes s'appuient sur le programme du prince d'Orange qui promet la restauration des libertés communales. Les vieilles magistratures municipales retrouvèrent leurs prérogatives, les chartes confisquées réapparurent et les métiers siégèrent derechef à la Collace (Grand Conseil). Gand est pour un temps une république calviniste (fr.wikipedia.org - Gand).

 

Des querelles entre les deux dirigeants de Gand, Jan van Hembyze et François de la Kethulle, seigneur de Ryhove, conduisirent ce dernier à s'installer à Termonde, fin 1583, où il bloqua l'approvisionnement de Gand venant d'Anvers par l'Escaut. Hembyze refusa de coopérer avec les États généraux, les États de Brabant, le régime calviniste d'Anvers (qui était avant tout représenté par Guillaume d'Orange) et le stathouder républicain de Flandre, Charles III de Croÿ. Isolée, la ville de Gand fut bientôt assiégée, puis soumise par les troupes espagnoles (fr.wikipedia.org - République d'Anvers).

 

Les Espagnols, conduits par Alexandre Farnèse, reprirent la ville, la convertissant définitivement au catholicisme. Les conflits de la guerre de Quatre-Vingts Ans mirent un terme au rayonnement international de Gand  (fr.wikipedia.org - Gand).

 

Enseigne

 

Dans des lettres de Robert de Melun, marquis de Roubaix, à Alexandre Farnèse, on apprend que Jean de Hambyze fut arrêté par la municipalité et mis sous la surveillance d'une enseigne de garde en mars 1584 et qu'il aurait eu le projet de commettre un massacre pour recouvrer la ville. Il est exécuté le 4 août (Correspondance du cardinal de Granvelle, 1584, Volume 11, 1894 - books.google.fr).

 

Mort de Jean Hembyze, et des siens

 

Balthasar Gerard, Franc-Comtois, âgĂ© d'environ vingt-six ans, assassina traĂ®treusement le prince d'Orange, le 10 juillet 1584, Ă  Delft, dans sa demeure, le couvent de Sainte-Agathe. [...] La ville de Gand prenait, le 27 juillet 1584, un air sinistre : LiĂ©vin Van de Vivere, avocat au conseil de Flandre, et inspecteur des travaux de la ville, Ă©tait dĂ©capitĂ© sur la Veirle-Plaets, parce qu'il avait, disaient les calvinistes, le 15 mai prĂ©cĂ©dent, assemblĂ© le peuple devant l'hĂ´tel de ville avec l'intention de se saisir des Ă©chevins et de renouveler le magistrat. Il avait Ă©tĂ© si Ă©pouvantablement torturĂ© qu'on dut le porter sur l'Ă©chafaud ; on voulut le placer dans un fauteuil pour le dĂ©capiter, il s'y opposa, disant : «Je ne dĂ©sire pas mourir ainsi ; quand j'aurai fini ma prière, je ferai de mon mieux pour me mettre Ă  genoux,» C'est ce qu'il fit. Sa tĂŞte fut exposĂ©e sur une pique durant deux heures. Le 17, on arrĂŞta Charles Vanhaute, Ă©chevin, parce que, dans le collège, il avait conseillĂ© de faire la paix. Le 18, furent aussi arrĂŞtĂ©s Joos Triest, seigneur de Lovendeghem, Olivier Van den Eckhaute, Adrien Haetse et quelques autres. Le 20, il y eut une Ă©meute, les boutiques furent fermĂ©es et on mit les chaĂ®nes ; vers onze heures, on arrĂŞta Antoine Heyman, troisième Ă©chevin des Ă©lecteurs et superintendant des gens de guerre, on l'accusait de vouloir livrer la ville aux Espagnols. Le 23, Ph. Steelandt, seigneur de Hasselt, Joos Triest, Fr. Vanzevecote et l'avocat Max. de Vriendt furent torturĂ©s, le premier, parce qu'il avait parlĂ© en faveur de la paix. Le 4 aoĂ»t, Jean Hembyze fut dĂ©capitĂ©, après avoir Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© coupable d'avoir fait assassiner Martin Musaert et Jacob Roelandt; d'avoir voulu livrer Termonde au duc de Parme et d'avoir, aux frais de la ville, fait battre monnaie, portant ses armes et inscription. Les exaltĂ©s de Gand avaient envoyĂ© une dĂ©putation en Hollande ; les dĂ©putĂ©s remirent aux Etats gĂ©nĂ©raux, assemblĂ©s Ă  Delft, une supplique pour les engager Ă  secourir la ville. Ces dĂ©putĂ©s Ă©taient : Everwyn, Lachambre et Larebeke. Ils revinrent le 2 septembre ayant Ă©chouĂ© dans leur mission. Le 28, un trompette avait apportĂ© des lettres du duc de Parme pour le magistrat ; il l'engageait Ă  conclure la paix. Le 29 aoĂ»t LiĂ©vin de Gheytère ami de Van Vivere fut dĂ©capitĂ© sur la place Sainte PharaĂŻlde. Charles Vutenhove, l'apologiste des iconoclastes de 1566, avait succĂ©dĂ© comme bourgmestre Ă  Jean Hembyze. Ces lettres occasionnèrent du tumulte en ville, la majoritĂ© des Ă©chevins opinait en faveur de la paix; la minoritĂ©, soutenue par les chefs militaires et les ministres calvinistes, s'y opposait. Mais la grande majoritĂ© des habitants, attristĂ©e par la dĂ©plorable situation de la ville, commença ouvertement Ă  parler de la paix et murmurait contre ceux qui s'opiniâtraient Ă  soutenir la guerre. Les Ă©chevins envoyèrent un trompette Ă  Bruges pour s'enquĂ©rir comment ils avaient fait leurs conditions avec le duc de Parme. Le conseil de guerre, dans lequel se trouvaient rĂ©unis les colonels, les capitaines et chefs de corps, ayant appris cet Ă©vĂ©nement, se rendirent en masse chez le magistrat, oĂą des gros mots furent Ă©changĂ©s. Un certain Michel de Deckere, frĂ©nĂ©tique calviniste, proposa, pour Ă©pargner les vivres, de faire sortir de la ville les femmes et les enfants. Un autre, nommĂ© Van Gotthem, voulait chasser de la ville tous ceux qui ne communiaient pas d'après la mĂ©thode calviniste. Finalement, le premier Ă©chevin demanda aux hommes de guerre s'ils avaient trouvĂ© un moyen de vivre sans manger ? Ils demeurèrent perplexes. Alors il leur reprocha leur opiniâtretĂ© : «Vous me menacez de dĂ©mission, leur dit-il, mais vous n'avez pas ce pouvoir. Je verrai si la commune tombera avec moi ou avec vous, qui voulez la faire mourir de faim, car nous devons mourir de faim ou bien traiter avec le duc de Parme, il n'y a pas d'autre « moyen, choisissez ou stipulez.» Le lendemain, il y eut rĂ©union Ă  l'hĂ´tel de ville; on avait invitĂ© les doyens des bourgeois et ceux des corps et mĂ©tiers pour leur faire part de l'intention d'entrer en pourparlers avec le duc de Parme. Les bourgeois qui avaient toujours conseillĂ© la paix rĂ©pondirent qu'ils laissaient la chose Ă  la sagesse du magistrat. Le 3 septembre, Gillis de Baenst, LiĂ©vin Heylinck, deux Ă©chevins, et Jacob Tayaert, pensionnaire des Electeurs, furent nommĂ©s pour aller traiter de la paix avec le duc. Les ministres calvinistes s'Ă©taient donnĂ© beaucoup de mouvement la veille, ils avaient couru chez leurs partisans pour les inciter Ă  s'opposer Ă  la paix, mais ce fut inutilement. Le 17 septembre 1584, Gand ouvrit ses portes au prince de Parme, Ă  des conditions Ă  peu près semblables Ă  celles qui avaient Ă©tĂ© accordĂ©es aux Brugeois. La plupart des hommes qui avaient pris part aux troubles rentrèrent dans l'obscuritĂ©. Quelques-uns Ă©migrèrent dans les pays Ă©trangers. Gand vit s'Ă©loigner Ryhove, dont les remords troublèrent, dit-on, la raison. Il avait Ă©tĂ© l'instrument d'un parti Ă©goĂŻste qui avait brisĂ© l'unitĂ© des dix-sept provinces et ruinĂ© sa patrie, laquelle, rĂ©duite au dĂ©sespoir, s'Ă©tait vue dans la nĂ©cessitĂ© de se replacer sous le joug espagnol. Il mourut Ă  Berg-op-Zoom ou dans les environs. Jacques Degryse et Regnier Winkelman quittèrent Bruges, et ils furent peut-ĂŞtre accompagnĂ©s dans l'exil par François Gomarus, dont le nom devait un jour devenir illustre dans l'histoire des luttes intestines de l'Ă©glise protestante, comme celui du fondateur de la secte des gomaristes, qui persĂ©cuta depuis Grotius et Barnevelt.» (E. H. F. de Cavrines, Esquisses historiques des Troubles des Pays-Bas au 16e siecle, Tome 2, 1865 - books.google.fr, Philippe Augustin ChrĂ©tien Baron Kervyn de Volkaersbeke, Documents historiques inĂ©dits concernant les troubles des Pays-Bas, 1577-1584, Tome 2 1850 - books.google.fr).

 

"parc"

 

Près de Louvain vers le midi on voit l'abbaye de Parc, de l'ordre de Prémontré; elle fut fondée par Godefroid le Barbu duc de Brabant lequel convertit l'an 1129 son parc, où il nourissoit pour son plaisir des bêtes sauvages, en un monastere qui en rétient encore le nom. [...] Ambroise Loots, successeur de Charles vander Linden, qui vivoit dans les tems les plus difficiles à cause des voleurs & des soldats qui pilloient par tout, fut contraint de se rétirer à Louvain avec ses religieux. C'est à ces instances que le St. Siége accorda en 1582 la canonisation de St. Norbert. François de Vlierden fut élû abbé par le général des Prémontrés en 1584, qui après avoir été comme en exil à Louvain pendant 8. années ramena sa communauté au Parc; & depuis ce tems-là l'abaye est fort embellie, de sorte qu'à présent elle est une des plus belles des Pays-bas (Description historique, chronologique et géographique du duché de Brabant, 1791 - books.google.fr).

 

Guillaume Damase van den Linden (Lindanus, 1525-1588), fit ses études de théologie à Louvain. Un des plus célèbres controversistes de son temps, il devint évêque de Ruremonde, puis de Gand (Jean Orcibal, De Baius à Jansénius : le «Comma Pianum». In: Revue des Sciences Religieuses, tome 36, fascicule 2, 1962 - www.persee.fr).

 

Ambitieux et fougueux, il se met désormais tout entier au service de l'Espagne. A Cologne ne propose-t-il pas à Terranova d'aider à faire disparaître le prince d'Orange ! La soumission des deux abbés qui passaient pour les chefs ecclésiastiques des rebelles produisit une vive impression dans le pays. Aux derniers  mois de 1579 et aux débuts de 1580 se multiplient les réconciliations de prélats. Pour les prémontrés signalons ceux de Parc, Ninove, Furnes, Grimbergen, Tongerloo, Heylissem, Jette, Bonne-Espérance et Saint-Feuillien. Trois autres moururent avant d'avoir signé leur soumission : à savoir les prélats de Saint-Michel, le 25 septembre 1584, de Tronchiennes, le 6 mai 1584, et d'Averbode, le 28 avril de la même année. Les deux premiers semblaient (Édouard De Moreau, Histoire de l'église en Belgique, Tome 5, 1940 - books.google.fr).

 

Le célèbre théologien de Louvain, Michel Baïus, fut l'un des premiers à intervenir contre une extension abusive de l'édit de Gand. Le 10 décembre 1577, comme nous l'avons vu, les États Généraux avaient publié une seconde fois l'Union de Bruxelles, en l'accompagnant d'une «déclaration» qui était comme une garantie mutuelle de liberté religieuse. Quelques mois plus tard, un édit du 22 avril 1578 enjoignait aux ecclésiastiques et aux séculiers de prêter serment non seulement à la Pacificatîon de Gand mais à cette «déclaration» ultérieure. Le clergé se trouva très divisé sur la licéité d'un tel serment. Beaucoup consentirent à le prêter, mais il y eut des oppositions très fortes, celle des jésuites notamment, comme aussi celle des théologiens de Louvain. Baïus, qui partageait le sentiment de ses collègues, écrivit à Ambroise Loots, abbé du Parc, l'un des signataires du serment, pour lui exprimer sa réprobation. Il ne condamnait pas en principe la paix de Gand. Beaucoup d'hommes «pieux et érudits» l'avaient approuvée, «par crainte que le prince d'Orange ne s'emparât d'une grande partie de nos provinces privées de moyens de résistance, et n'y ruinât ensuite la religion catholique», comme il l'avait fait en Hollande et en Zélande. Malheureusement, ajoutait-il, nous avons été joués par le prince et ses partisans, selon une tactique devenue courante chez les hérétiques. [...] Si Baïus condamne le serment, ce n'est pas néanmoins en raison des mécomptes qu'a valu aux catholiques la dite pacification, c'est à cause de la «déclaration» qui l'accompagne et prétend l'interpréter. [...] S'il admet une tolérance limitée et provisoire, il condamne tout ce qui ressemblerait à une garantie générale en faveur de la liberté de religion (Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, Tome 2, 1955 - books.google.fr).

 

Acrostiche : DDDQ, Dat, Dicat Dedicatque

 

D. D. D. Q. (in Inscriptions) stands for dat, dicat; dedicatque, i.e. he gives, fets apart , and dedicates (Nathan Bailey, The New Universal Etymological English Dictionary, 1776 - books.google.fr).

 

Jodocus Hondius, né le 14 octobre 1563 à Waken et mort le 12 février 1612 (à 48 ans), aussi appelé Josse de Hond ou parfois Jodocus Hondius l'Ancien pour le distinguer de son fils, est un artiste flamand, graveur et cartographe. Il est connu pour ses cartes du Nouveau monde, et de l'Europe et pour avoir rétabli l'intérêt des travaux de Gerardus Mercator, ainsi que pour ses portraits de Francis Drake. Il a contribué à l'établissement d'Amsterdam comme centre de la cartographie en Europe au XVIIe siècle.

 

Hondius a grandi à Gand. Dans ses premières années, il s'établit comme graveur, concepteur d'instruments et de globes. En 1584, il se rend à Londres pour échapper aux difficultés religieuses qui ont lieu alors en Flandres. Marié avec Colette van den Keere, il a deux fils, Jodocus Hondius II (1593 - ca. 1633) et Hendrik Hondius II (1597 - 1651). En 1593, il se déplace à Amsterdam, où il publie en 1594 son Theatrum artis scribendi.Entre 1605 et 1610, il est employé par John Speed pour graver les illustrations de l'ouvrage de Speed Le Théâtre de l'Empire Britannique.

 

Hendrik Hondius naquit à Amsterdam, fils du célèbre cartographe Jodocus Hondius qui avait créé une affaire de fabrication de cartes dans la ville. Il est également le frère de Jodocus Hondius le Jeune (1593-1629, graveur et éditeur) et le neveu de Jacomina Hondius (1558-1628, graveur hollandais). Hendrik obtint les plaques originales de la Carte du monde Mercator de 1569 et en publia une version en 1606. Après la mort de son père en 1612, Hendrik cogéra l'affaire familiale avec son beau-père. En 1621, il ouvrit sa propre compagnie dans la même ville. La première fois que son nom est mentionné dans un atlas fut en 1623 quand il publia la 5e édition de l'atlas Mercator-Hondius. Il collabora sur plusieurs projets avec son frère Jodocus II et sa mère, qui est la fille de Pieter van den Keere. Après 1628, Hendrik s'associa avec le cartographe Johannes Janssonius pour perpétuer l'affaire familiale. Il mourut le 16 août 1651 à Amsterdam (fr.wikipedia.org - Hendrik Hondius II).

 

Sur un globe terreste de 1618, dû à Josse Hondius on trouve la dédicace "Clarissimis Consultissimique Nauticae Belgicaeque Federatarum Inferioris Germaniae Regionum Praefectis D. D. Jodocus Hondius.” (To the most illustrious and most prudent prefects and seamen of Belgium and of the region of lower Germany, Jodocus Hondius gives and dedicates (this globe)). Son fils Henri passe au DDDQ dans un golbe céleste : “Illustrissimis Nobilissimis Amplissimis Clarissimisque D. D. Dominis Ordinibus Provinciarum Foederis Belgici Dominis suis Clementissimis in assiduae gratitudinis memoriam dat, dicat dedicatque Illustriss. Amplit. Vest. devotus Henricus Hondius.” (To the Most Illustrious, Most Noble, Most Exalted, Most Renowned Lords of the United Provinces of Belgium, his Most Clement Masters, as a memorial of constant gratitude, gives and dedicates to Your Illustrious Highnesses (this globe). Henricus Hondius) (Edward Luther Stevenson, Terrestrial and Celestial Globes, Tome II (1921), 2020 - books.google.fr).

 

Très rares sont les échantillons de globes terrestres contemporains des grandes découvertes maritimes qui ont jeté un si grand éclat sur la fin du XVe siècle et sur les premières années du siècle suivant. En descendant même jusque vers le milieu de ce dernier, le compte est bientôt fait des monuments de cette espèce dont l'existence est aujourd'hui connue. Le plus récent, qui s'est trouvé dans la succession du chanoine L'Ecuy, ancien abbé général de Prémontré, est l'œuvre d’un Français de Rouen, qui s'aventurait à y tracer, au moyen d'un bras de mer conjectural, cette nouveauté hardie, d'un grand divorce probable entre les rivages extrêmes de l'Asie orientale et les terres récemment découvertes au nom de François Ier dans l'Amérique du Nord.

 

Dans un cartouche gravé sur le globe même, est inscrit ce titre : «Nova et integra universi orbis descriptio. Rothomagi.» Il est de cuivre jaune, gravé en creux, et sa grosseur est mesurée par un rayon de 127 millimètres. Sur ce bras de mer se trouve la légende suivante : «Hoc loco seculi sumus recentiores hanc partem verius a continenti separantes»; et sur la côte occidentale d'Amérique, qui prend la direction du sud-sud-ouest au nord-nord-est, on lit : «Hec littora nondum sunt cognita.»

 

Deux autres, de quelques annĂ©es plus arriĂ©rĂ©s, et qui offrent dans leurs dĂ©linĂ©ations la ressemblance mutuelle la plus intime, laissent encore confondus l'empire du grand Khan de Cathay et les parages visitĂ©s par Verrazzano, en sorte que l'archipel des Antilles semble rĂ©pondre en mĂŞme temps au Zipangu des mers d'Asie : n'en ayons pas de surprise, ce n'est rien autre chose que le rĂŞve de Colomb lui-mĂŞme, ce rĂŞve dont nous perpĂ©tuons le souvenir dans le nom d'Indes occidentales conservĂ© aux terres que l'immortel dĂ©couvreur prenait pour les Indes d'Asie. De ces deux globes, l'un, en cuivre dorĂ©, ayant appartenu aux frères De Bure, se voit aujourd'hui au DĂ©partement gĂ©ographique de la Bibliothèque impĂ©riale (Ce globe porte dans un cartouche, comme celui de l'abbĂ© L'Ecuy, le titre : Nova et integra universi orbis descriptio); l'autre, en vermeil Ă©maillĂ© et ciselĂ©, provenant de l'Ă©glise de Notre-Dame-de-Sion, est conserve maintenant dans la Bibliothèque publique de Nancy. Le prĂ©cieux globe de Nancy, d'environ 80 millimètres de rayon, est portĂ© sur une statuette d'Atlas, s'ouvre horizontalement par le milieu, est dorĂ© aussi Ă  l'intĂ©rieur, et faisait l'office de ciboire. Il a Ă©tĂ© sommairement dĂ©crit en 1836 dans les MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© royale de Nancy, par M. Blau, inspecteur de l'UniversitĂ©, qui a joint Ă  sa notice une projection stĂ©rĂ©ographique dessinĂ©e par M. Forfillier Ă  la mĂŞme Ă©chelle que l'original.

 

Un quatrième, sans date et sans nom d'auteur comme les trois précédents, se trouve à Francfort-sur-le-Mein. Il est plus ancien que ceux-là, et la figure qu'en a donnée M. Jomard dans sa belle et utile collection des Monuments de la Géographie, permet d'en constater l'intime ressemblance avec un autre plus connu, exécuté à Bamberg en 1520 par le savant Jean Schoner de Carlstadt, actuellement conservé dans la Bibliothèque de Nüremberg, et dont le Dr Ghillany a publié une représentation partielle très soignée. Total, autant que la mémoire ne me fait pas défaut, cinq globes appartenant à la première moitié du XVIe siècle (Marie Armand Pascal D'Avezac, Sur un globe terrestre trouvé à Laon, anterieur à la découverte de l'Amérique, 1861 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2239 sur la date pivot 1584 donne 929.

 

Dans son grand traité d'astronomie, al-Battani, au début du Xe siècle, insère des instructions détaillées pour construire un globe céleste, et y marquer les positions des étoiles, grâce à

leurs coordonnées (Francis Maddison, Observatoires portatifs : les instruments arabes à usage pratique, Histoire des sciences arabes, Tome 1 : Astronomie, théorique et appliquée, 1997 - books.google.fr).

 

Abu Abdallah Muhammad Ibn Jabir Ibn Sinan Al-Battani Al-Harrani, ou plus simplement Al-Battani, parfois écrit Al Batani et latinisé sous les noms d'Albategnius, Albategni voire Albatenius, était un astronome et mathématicien arabe du Xe siècle parfois désigné comme le «Ptolémée des Arabes» ; ses écrits ont considérablement influencé l'astronomie européenne.

 

Al-Battani est né probablement avant 858 de notre ère dans la ville de Battan dans la province d'Harran, près de l'actuelle Sanliurfa au sud-est de l'Anatolie, comme l'indique son gentilé. Son épithète as-Sabi suggère que ses ancêtres étaient de religion Sabéen, mais son nom complet montre qu'il est lui-même musulman. Bon nombre d'orientalistes européens lui attribuent des origines arabes princières, mais la plupart des biographies arabes n'en font pas mention. Il a d’abord été éduqué et sans doute formé par son père Jabir Ibn Sinan Al-Battani qui était un scientifique et artisan d'instrument astronomique notable de l'époque. Par la suite, il est parti s’installer à Raqqa où il compléta sa formation, et travailla. Il voyagea aussi à Damas, Antioche et Bagdad avant de repartir au début du Xe siècle s'installer à Raqqa mais il meurt non loin de Samarra, sur le chemin du retour en 929.

 

Son œuvre majeure est le Kitab az-Zij al-Sabi (le «Livre des tables sabéennes»), composé de 57 chapitres. Son Zij a été traduit en latin sous le titre de De Motu Stellarum (littéralement sur le mouvement des étoiles) par Platon de Tivoli en 1116, avant d’être imprimée en 1537 par Melanchthon, annoté par Regiomontanus, puis à nouveau en 1645 à Bologne. Le manuscrit original de Platon est conservé à la bibliothèque du Vatican. La bibliothèque de l'Escorial possède un manuscrit de chronologie astronomique d'al-Battani. Une traduction espagnole a aussi était réalisée au XIIIe siècle. Al-Battani a énormément influencé le développement de l’astronomie en général et notamment les travaux de Tycho Brahe, Kepler, Galilée et Copernic, qui, Copernic dans son ouvrage Revolutionibus orbium coelestium, rédigé en 1543, se réfère à Al-Battani le citant sous le nom latin de "Machometi Aracenfis" (fr.wikipedia.org - Al-Battani).

 

Astronomie et Prémontrés

 

Henri Bate est né à Malioes en 1246. Il étudia à Paris, où il fut probablement l'élève d'Albert le Grand ; il obtint la maîtrise ès arts avant 1274, celle en théologie avant 1301. En 1292, il accompagna à Orvieto son protecteur, Guy de Hainaut, dont il avait été le précepteur. D'après Sanderus, en 1309, il se retira à Tongerloo, chez les Prémontrés, où il pourrait avoir vécu auprès de l'abbé Godefroid de Hérentaels, dit «de Roest». En 1310, il est encore en vie car il signale en addenda dans le Speculum une éclipse de soleil qui eut lieu en cette année. On ne possède aucune précision sur la date de sa mort. Traducteur d'œuvres et d'Albumazar et d'Abraham ibn Ezra avec l'aide du juif Hagin, il fut l'auteur de traités astronomiques et astrologiques, ainsi que d'une encyclopédie philosophique, à caractère néoplatonicien (Speculum divinorum et quorumdam naturalium), écrite entre 1301 et 1305, dont certains chapitres intéressent la biologie (livres VIII à X) (Ernest Wickersheimer, Dictionnaire biographique des médecins en France au Moyen âge, Tome 2, 1979 - books.google.fr).

 

C. A. NALLINO relève que H. Bate a utilisé fort judicieusement dans son Astrolabe les observations de l'astronome arabe Al-Battani (G. Wallerand, Henri Bate de Malines: speculum divinorum et quorundam maturalium : étude critique et texte inédit, 1931 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Abbaye de Tongerlo).

 

C'est à partir du XVIIe siècle que les Prémontrés eux-mêmes se signalent dans ce domaine : Gaspar Mohr (1575 - 1625), chanoine de Schussenried (Haute Souabe, Bade-Wurtemberg, Allemagne) et Jean Zahn (1641 - 1707), prévôt des Norbertines d'Unterzell (Zell am Main, Bavière) (Bernard Ardura, Prémontrés: histoire et spiritualité, 1995 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Abbaye de Schussenried).

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