Ekpurosis et Kataklusmos X, 6 2181-2182 Gardon, Nyme, eaux si hault déborderont, Qu'on cuidera Deucalion renaître, Dans le Colosse la plus-part fuiront, Vesta, sépulcre, feu éteint vont apparaître. Sardon Nemans si hault déborderont (éditions Troyes) ou Gardon Nismes si hault déborderont (Vrayes Centuries et Prophéties). Or, dans la Guide des chemins, on peut lire (p.181) : Route de Montélimar à Nymes : A costé de Nymes à trois lieues (...) voy le pont du Gard sous lequel passe la rivière de Gardon (Jacques Halbronn, Le texte prophétique en France, formation et fortune, Tome 3, 1999 - www.google.fr/books/edition). 1557 Il suffisait d'un tremblement de terre ou d'une inondation pour ouvrir le sol ou ramener à la surface quantités d'objets curieux. Écoutons le propre fils de Nostradamus, César de Notredame, décrire l'inondation survenue à Nîmes le 9 septembre 1557 : Ceste si grande inondation aduint par vn esclattement de nuees & ouuertures des portes du Ciel, auec tonnerres, corruscations, esclairs & foudres si horriblement espouuentables, que les hommes pensoient estre au dernier periode de l'vniuers & du siecle : fureur qui dura auec vn mortel esbahissement presques iusques à 8 heures de nuict , tousiours en esgale force & tempeste, tombant vne si merueilleuse abondance d'eau durant quinze heures, que la ville en cuida estre engloutie & abysmee de fond en comble : tellement qu'elle se trouua en plusieurs endroits publics & particuliers difformee & diffamee, le territoire voisin fort gatté & appauury, les Oliuiers tous froissés & rompus,& les vignes desracinées, arrachees & sablees, auec autres domages & calamités lamentables & funestes, par la violéce & iniure desquelles furent descouuertes plusieurs antiquités cachees & enseuelies pour le moins depuis 11. siecles passez que les Gots mirent à sac cette noble & antique ville, anciens sepulchres & monumens deterrés, medailles d'argent, d'or & de bronze de corinthe trouuees, grandes & belles colomnes d'vne seule piece, testamens, Epitaphes, & inscripcions de pierre dure, excellens & riches pauements azarotiques & mouchetés, plans de salles basses, chambres & portigries, donc se peuvent voir encor pour le jourd'huy des entablemens marquetez à la Mosaïque, infinité de fragments & pieces de vazes antiques, dont plusieurs estoyent entiers, formez d'vne terre rouge, vitres fine & delicate, qu'elle luisoit comme verre de cristal, que les anciens faisoient apporter de Samos en Grece, enrichis d'histoires & ramages rustiques fort agreables à l’oeil, insolences d'Architecture à demy-demolie où se contemployent des quartiers de marbre blanc, toutes sortes de colonnes, partie entieres ; partie rompues & diffamees en leurs chapiteaux, Architraues, frises, cornices, & soubassemens de singuliere inuention, & d'ouvrage tres exquis, avec plusieurs pieces de noble sculpture, totalement hors de cognoissance, qu'elles en auoyent esté les mesures, les compartiments & la taille, presques reduits à leur premiere & rude forme, outre infinis fragmens de porphires, jaspes & serpentins, quantité de pieces de bosse & demy-taille, monstrans avec vne grande merueille l'excellence de leur temps, blasmans & accusans aigrement le nostre, auquel la perfection de cet art (que le seul grand & sage HENRY IV. semble tirer des profondes entrailles de l'oubly) est comme toute aneantie: tant la sacrilege & Gottique Barbarie a cruellement assailly la plus noble part du thresor Latin, & couuert d'ignorance maudite la science tant digne & recommandable qui fit jadis florir & triompher la grande ville de Rome. Ce deluge qui aduint le neuf de Septembre fut accompagné de plusieurs signes & prodiges, de colonnes de feu, de chiens clabaudans en l'air, d'hommes armés combattans de l'apparition de deux Soleils de couleur de sang & de braize, truchemens & messagers espouuentables & certains de la colere du Dieu souverain des armees, & par aduanture de la descente de l'exercite Turquesc & Mahometan en ces costes de Prouence (César Nostradamus, L'histoire et chronique de Prouence, 1614 - books.google.fr, François de Rabutin, Commentaires ( & continuation des commentaires) des dernieres guerres en la Gaule Belgique, etc., 1574 - www.google.fr/books/edition). Cette inondation trouve un écho dans les quatrains suivants : IX , 9 et X, 6. Les eaux des gorges du Gardon déborderont et inonderont Nîmes dont la population cherchera refuge dans les Arènes (le Colisée, dit Nostradamus). Ce que la déesse Vesta et son temple, les Vestales et le feu sacré font dans ce contexte n'est pas clair ; il s'agit peut-être de monuments mis à jour par l'inondation (Hommage à la mémoire de Ernest Pascal, Volume 23, 1990 - www.google.fr/books/edition, Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - www.google.fr/books/edition). Gardon Disons le tout de
suite, les Gardons ne coulent pas à Nîmes. En 1829, le Conseil municipal mit au concours le meilleur moyen d'amener à Nimes 300 pouces d'eau (environ 66 litres par seconde), et il vota une somme de 20,000 francs pour couvrir les frais du concours et ceux des recherches ultérieures qui pourraient etre faites. Le programme du concours préférait, avec raison, une dérivation à l'emploi des machines. Cependant, la plupart des concurrents présentèrent des projets fondés sur l'emploi des machines à vapeur: un seul envisageait la question à son véritable poiot de vue. Ce projet consistait à dériver les eaux du Gardon en face de Ners pour les conduire à Nimes par un canal qui franchissait la chaine qui sépare Nimes du Gardon, au moyen d'une galerie souterraine de 13 kilomètres de longueur. Mais après des études nouvelles, cette galerie était réduite à 4 kilomètres; de plus, la Compagnie offrail 150 litres au lieu de 66 que demandait le Conseil (Adolphe Pieyre, Histoire de la ville de Nîmes depuis 1830 jusqu'à nos jours, Tome 1, 1886 - books.google.fr). Le Gardon, encore appelé Gard, est constitué d’un réseau hydrographique complexe. Sept rivières prennent la dénomination de Gardon accompagné du nom d’une des communes traversées : Gardon de Saint Jean du Gard, Gardon de Sainte Croix Vallée Française, Gardon de Saint Martin de Lansuscle, Gardon de Saint Germain de Calberte, Gardon de Saint Etienne Vallée Française, Gardon de Mialet, Gardon d’Anduze et Gardon d’Alès. C’est pour cela qu’on parle plus souvent des Gardons plutôt que du Gardon (www.les-gardons.fr). Les gardons descendent des contreforts du mont Lozère et s'écoulent vers la plaine : trois des gardons se réunissent à Mialet vers Anduze, le Gardon du Mialet. Plus au nord, le Gardon d'Alès prend sa source sur la montagne du Bougès dans le Mont Lozère. Les deux cours d'eau trouvent leur point de confluence peu avant le pont de Ners aux abords sud d'Alès. Le Gardon «unifié» s'écoule vers le Pont du Gard pour se jeter à Vallabrègues dans le Rhône (Nîmes - Gard, Petit Futé, 2015 - www.google.fr/books/edition). Les inscriptions que l'on a trouvées dans les anciens thermes de Nîmes, établissent que l'aqueduc fut construit par Vipsanius Agrippa, gendre et favori d'Auguste, pendant le séjour qu'il fit à Nîmes, par ordre de cet empereur. L'aqueduc conduisait les eaux des deux sources d'Aire et d'Eure avec un circuit de 7 lieues. Le pont-aqueduc situé à 3 lieues au nord de Nîmes joignait deux collines entre lesquelles passe le Gardon (Louis Figuier, Les merveilles de l'industrie, ou Description des principales industries modernes Tome 3, 1860 - books.google.fr). Crue extraordinaire du Gardon , en 1605, du Rhône , à Avignon (Maurice Champion, Les inondations en France depuis le VIe siècle jusqu'a nos jours, Tome 4, 1862 - books.google.fr). Vesta Le Temple de la Fontaine a appelé l'investigation de mille auteurs. Poldo d'Albenas rapporte que de son temps plusieurs des plus doctes pensaient que c'était un temple de Vesta. Cette opinion n'est fondée que sur la facilité des lustrations par le voisinage de l'eau ; mais la forme ronde était ordinairement celle des Temples de Vesta ; il n'est donc pas probable que celui-ci lui ait été consacré. Palladio pense qu'il fut dédié aux dieux infernaux, quoique, contre l'usage de leurs temples, il soit éclairé par la grande ouverture qu'on remarque au-dessus de la porte d'entrée. Rulman dit qu'il fut dédié aux mêmes dieux en l'honneur de Plotine. Il suppose en conséquence que les entrées étaient latérales et par les galeries, de manière qu'on descendait pour arriver dans le Temple. Le contraire est aujourd'hui démontré par la découverte des restes de la facade d'entrée. Ménard, après avoir démontré que Nemausus, dieu des habitants de Nimes, peut avoir été adoré en ce lieu, penche vers la croyance que c'était un Panthéon. Il réfute avec chaleur ceux qui avancent que Diane y était spécialement adorée. Deiron, s'emparant d'une inscription publiée par Poldo d'Albenas, le rapporte à Isis et à Sérapis (Simon Durant, Henri Durand, Eugène Laval, Album archéologique et description des monuments historiques du Gard, 1853 - books.google.fr, Léon Ménard, Histoire civile, ecclésiastique, et littéraire de la ville de Nismes, avec des notes et les preuves, 1758 - www.google.fr/books/edition, Claude de Vic, Joseph Vaissete, Ernest Roschach, Histoire générale de Languedoc, Tome XV, 1872 - www.google.fr/books/edition). Le Temple de Diane, d'après une tradition que Poldo d'Albenas, notre plus ancien historien, appelle «cabalistique», était un «temple de Vesta» (p. 356). Il nous plait, parmi cet autre «déluge» d'insanités, de relever que Nisard, Bourguignon de Châtillon-sur-Seine, avait eu la perspicacité d'écarter Nostradamus, écrivant, p. 81 de son ouvrage et à propos des faits qui nous occupent : «Ce devint dès lors une superstition populaire que Nimes périrait par les eaux. Cela fit dire au comte de Villars, lieutenant du roi en Languedoc , homme violent et dévoué à la cour, qu'il guérirait ces entêtés bourgeois de la peur du déluge en s'y prenant de telle façon «que la mémoire ne s'en perdrait jamais (Revue des langues romanes, Volumes 57 à 58, 1914 - books.google.fr). "fuyront"
: fuiron Le mot latin furo onis, appliqué à l'animal que nous
appelons «furet» , n'est pas précisément nouveau dans l'histoire de la
lexicographie romane, mais on ne l'a relevé jusqu'ici que chez Isidore de
Séville. Or Isidore de Séville est mort en 636 : le témoignage de Polemius
Silvius est donc antérieur de près de deux siècles, et il mérite d'être retenu
comme Ă©tant de beaucoup le plus ancien qui nous soit parvenu. Je rappelle que
si l'ancien français dit ordinairement fuiron, forme qui postule un type *
furionem, l'italien furone, l'espagnol
huron, le portugais furĂŁo et le provençal furo (n) remontent directement Ă
furonem (Antoine
Thomas, Le Laterculus de Polemius Silvius et le vocabulaire zoologique Roman,
1906 - www.google.fr/books/edition). Nous sommes à une époque où on interprétait quelquefois
singulièrement la religion. Il est curieux de voir, en 1480, l'official de
l'Ă©vĂŞque de Nimes fulminer un monitoire contre les rats, les taupes et autres
animaux rongeurs, qui, en dévorant les herbes et les fruits, menaçaient la
campagne de stérilité. Item solverunt pro litteris monitoriis a curia domini
officialis impetratis, ad instantiam dominorum consulum Nemausi, contra mures,
darbos, et talpas, et alia animalia fera dampnum inferencia in fructibus
excretis in campis, et sigillo, III solid. ix denar. - (Archiv. de
l'HĂ´tel-de-Ville de Nimes, ap. MĂ©nard, iii. Pr. 342.) (Alexandre
C. Germain, Histoire de l'eglise de Nimes, Tome 1, 1838 -
www.google.fr/books/edition). En tout cas le texte prouve que darbo s'employait alors Ă
Nîmes et qu'il y désignait un animal distinct du ampagnol et de la taupe (Antoine
Thomas, Le Laterculus de Polemius Silvius et le vocabulaire zoologique Roman,
1906 - www.google.fr/books/edition). Dans la liste des quadrupèdes, entre talpa (la taupe) et
scirus, pour sciurus (l'Ă©cureuil), on lit le mot darpus. Ce mot Ă©voque
nécessairement les noms variés que porte la taupe dans une région considérable
qui embrasse en gros le sud-est de la France et la Suisse romande : darbon,
drabon, derbon, darbou, derbou, drebou, enderbou, etc. Parfois, des animaux
voisins sont désignés par le même mot ou par ses dérivés, notamment la
courtilière ou taupe-grillon, le mulot, la musaraigne, campagnol ; mais c'est
un fait exceptionnel. Les Ă©tymologistes se sont Ă l'envi sur l'origine de ces
vocables (Antoine
Thomas, Le Laterculus de Polemius Silvius et le vocabulaire zoologique Roman,
1906 - www.google.fr/books/edition). Les Musaraignes, les Taupes et les Rats, ont été
confondus dans la même réprobation jusqu'aux temps actuels. Redoutables pour le
bétail d'après les préjugés populaires, les Musaraignes sont encore considérées
comme des Souris par les paysans, qui leur donnent le nom de : (Furo aou moure
pountchu) Souris au museau pointu (Albert
Hugues, La faune historique des petits mamifères du Gard, Zoologie, anatomie et
physiologie, Compte Rendu, Volume 46, Association française pour l'avancement
des sciences, 1923 - www.google.fr/books/edition). En effet, à côté de murgo, murdjo «souris» , nos parlers
offrent deux autres types furo et rato. Il me paraît qu'il ne fait aucun doute
que nous avons affaire ici à deux types déverbaux qui proviennent tous deux de
verbes indiquant les activités particulières à la souris, soit : «voler,
dérober» d'une part, *furat (pour classique furatur) > furo et «ravir,
emporter» raptat > rato d'autre part. Sur le féminin rato nos parlers ont
refait le masculin «rat» désignant un rongeur plus gros que la souris (Charles
Camproux, Essai de géographie linguistique de Gévaudan, Tome 2, 1962 -
www.google.fr/books/edition). Polemius Silvius est un Ă©crivain gallo-romain du Ve
siècle, auteur d'un calendrier réalisé en 448 ou début 449, conservé
partiellement, et qui contient des listes de mots et de noms propres. L'ouvrage
est conçu de la même façon que le Chronographe de 354 (son texte, non ses
illustrations), et il est clair que l'auteur s'inspire, soit d'une copie de
celui-ci, soit d'un modèle très similaire. Le mot utilisé dans la préface pour
désigner l'ouvrage est «laterculus» (litt. «petite brique», et au sens figuré «registre»).
Il s'agit formellement d'un calendrier romain (avec les noms des mois
athéniens, macédoniens, égyptiens et hébreux indiqués), avec pour chaque jour,
en colonnes, l'indication des fêtes (en supprimant beaucoup de références
païennes par rapport à son modèle, et les éléments trop complexes à calculer),
des anniversaires des empereurs (et également de Cicéron, de Virgile), de la
date de prise de fonction des consuls et préteurs, etc., et des conditions
météorologiques de chaque saison. L'auteur souligne dans la préface qu'il n'a
rien dit du zodiaque, l'astrologie Ă©tant illusoire (fr.wikipedia.org -
Polemius Silvius). Le quatrain VI, 56 emploie le terme "aveugle
darbon" dans un contexte languedocien et du sud de la France (Narbonne,
Perpignan). Quatrain à interpréter certainement hors typologie. "colosse"
: les pauvres de l'Amphithéâtre L'Amphithéâtre,
jusqu'à la Révolution de 1789, est resté l'un des quartiers de Nîmes. Le
premier, Anne de Rulman a fait remarquer que les habitants du château des
arènes et ceux de la ville ont vécu côte à côte , pendant des siècles, comme
des populations différentes. D'abord en qualité : les uns étaient nobles
du moins pour le plus grand nombre ; les autres Ă©taient roturiers.
Chaque population avait ses armoiries ; celles des chevaliers Ă©tait
"un crocodile ou coleuvre sans ailes, à quatre pieds, enchaîné à une palme
et, en icelle, un chapelet en forme de laurier pendant et, au-dessous des deux
pieds de devant dudit coleuvre, un petit rameau d'une palme avec ces deux mots
escrits : coluber Nemausensis" (Emile
Espérandieu, Les Arèbns, L’amphithéâtre de Nîmes, 1933 - www.nemausensis.com). La Colonie de Nismes fit bâtir son Amphithéâtre; les
secours dont elle eut besoin pour certe grande entreprise, lui furent fournis
par l'Empereur Antonin Pie. Ce Prince en Ă©toit originaire : ses AĂŻeux y
avoient pris naissance; aulli lui témoigna-t-il toujours l'affecttion la plus
singulière. [...] Cet Amphithéâtre servit pendant plusieurs siècles Ă
l'usage auquel il avoit été destiné : je veux dire qu'on y donna des
chaises de bêtes féroces & des combats de Gladiateurs, tant que la pratique
de ces exercices fut en vigueur dans l'Empire Romain ; & nous avons
des preu. ves qu'elle fubfiftoit encore après le milieu du cinquième siècle
parmi les peuples des Provinces méridionales des Gaules. Ce ne fut que lorsque
Nismes eut passé sous la domination des Visigots, c'est-à -dire ; après
l'an 472 qui en est l'Ă©poque, qu'on ceila de donner ces spectacles dans
l'Amphithéâtre, ces peuples en ayant défendu l'usage. Sous ces nouveaux
Maitres, l'Ă©difice changea donc de destination. La guerre qu'ils eurent Ă
Soutenir contre les Français, sous le règne de Clovis, les obligea d'en faire
un lieu d'asile & de défense: Ils élevèrent dans l'Amphithéâtre, aux côtés
de la porte orientale, deux tours carrées qui subsistent encore ; mais elles
sont vides & délabrées en dedans. Ils bâtirent des maisons sur l'arène,
& firent des portiques & des galeries un amas d'habitations qui
servirent à loger les soldats chargés de la défense de cette forteresse. En un
mot, l'intérieur de l'édifice fut presque tout défiguré. Ce fut pour le
fortifier encore mieux, que ce peuple l'entoura d'un large fossé qui subsistoit
encore au commeucement du treizième siècle. A cette époque, on commença de
l'appeler le Château des Arènes, Castrum arenarum, nom qu'on n'a cessé de lui
donner: depuis dans les monumens des siècles suivans. De la domination des Visigots,
ayant passé en 720 sous celle des Sarrasins, cet Amphithéâtre leur servit aussi
de forteresse. Quelques années après, & en 737, Charles-Martel, Maire du
Palais, & Prince des Français, ayant ravagé les Villes de la Seprimanie
dont les Sarrafins étoient Maîtres, sur la route de Narbonne, en commença la
démolition ; mais, voyant que ce n'étoit pas un médiocre travail de détruire un
si solide bâtimient, il abandonna cette entreprise & se borna à y mettre le
feu. Cependant les flammes ne lui causerent pas un grand dommage: Ă peine y en
aperçoit-on les traces les plus légères. L'édifice se soutint dans cet état
pendant plusieurs siècles : il devint même, sous les Vicomtes de Nismes,
l'unique forteresse de cette Ville. La garde en fut confié à des Chevaliers qui
étoient appelés Milites Castri arenarum, & qui étoient tous logés dans
l'enceinte de ce Château. ils composoient une espèce de communauté particulière
qui fut long-temps séparée de celle de la Cité, & gouvernée par des Consuls
différents. Les Vicomtes même y faisoient leur principale résidence, &
l'avoient rendue le chef-lieu de tout le Vicomté de Nismes. On y avoit
construit une Eglise paroissiale sous l'invocation de St. Martin ; & ce fut
pour son usage, qu'on plaça sur l'attique, vis-à vis du Palais, le petit
clocher qu'on y voit de nos jours. Cette forteresse subsistoit encore dans le
treizième siècle. En 1226, les Chevaliers qui en avoient la garde, la cédèrent
au Roi Louis VIII pour y mettre une garnison, & ramener Ă leur devoir les
Villes du voisinage qui parti. cipoient aux troubles des Albigeois. En 1270,
les Chevaliers obtinrent du Roi St. Louis le rétablissement de leur Consulat ;
& en 1278, Philippe le Hardi en fit combler le fossé. L'édifice continua
cependant de servir de forteresse, & les Chevaliers conservèrent la garde.
Mais on ne tarda pas Ă le juger peu propre Ă cette destination : en 1391,
Charles VI le remplaça par un nouveau Château qu'il fit construire près la
porte des Carines : ce qui obligea les Chevaliers des arènes d'abandonner leurs
anciennes habitations pour aller loger dans la Ville. Leurs maisons passèrent
alors en d'autres mains, & ne furent plus occupées que par des personnes
d'une médiocre condition : ce qui n'a pas peu contribué à la dégradation
de l'édifice. Le Roi François Ier, ce
Prince si magnanime, si grand admirateur des anciens monumens, fut touché de
cet état de détérioration lorsque, passant à Nismes en 1533, vut & visita
tout ce qui reste en cette Ville d'antiquités romaines. Il ordonna la
démolition de toutes les maisons bâties dans les deux portiques de
l'Amphithéâtre. Ou exécuta une partie de ses ordres : le portique supérieur fut
débarrassé des maisons qui le masquoient, & mis dans l'état où il est
aujourd'hui. Mais on laissa subsister celles qui étoient placées dans le
portique inférieur & dans le reste de l'édifice. On ne conçoit pas
comment les ordres aussi précis, & qui auroient procuré de si grands
avantages ont resté jusqu'à ce jour sans exécution (Description
abrégée des antiquités de la ville de Nismes, par mrs. M.B***., 1790 -
books.google.fr). Les Arènes,
abandonnées de la cour et des chevaliers, deviennent le repaire de la partie la
plus pauvre de la population : véritable. Cour-des-Miracles et fourmilière
hideuse de vermine et de mendiants. C'est à François Ier que l'on doit le
commencement des travaux dirigés pour le déblaiement et la conservation des
Arènes. En 1726, elles renfermaient encore, soit dans l'arène propre, soit sous
les portiques, soixante-dix-huit maisons offrant un abri Ă une population de
mille individus environ venge (Emilien
Frossard, Tableau pittoresque, scientifique et moral de Nimes et de ses
environs Ă vingt lieues Ă la ronde, 1854 - books.google.fr). L'Ă©vocation de ces
pratiques de relégation évoque le conte de Hans le preneur de rats de Hamelin.
En remplaçant les rats du conte par les mendiants de l'Histoire ce conte
apparaît comme une représentation symbolique que se donnerait la communauté
pour véhiculer le souvenir de quelques moments dramatiques de son histoire :
"la ville est infestée de rats : le conseil municipal fait appel à un
joueur de flûte avec lequel il passe contrat pour qu'il débarrasse la ville des
rongeurs. Le travail fait par le musicien n'est pas payé. Il se venge alors en
faisant subir aux enfants le même sort qu'aux rats : séduits, charmés par la
flûte du «preneur d'enfants» jusqu'aux bords de la Weser, ils se noient en
entrant dans le fleuve pour suivre l'homme" (Bernard
Allemandou, Jean-Jacques Le Pennec, Histoire de l'aide sociale Ă l'enfance Ă
Bordeaux, tome I: La naissance de l'aide sociale Ă l'enfance Ă Bordeaux sous
l'Ancien Régime, 1991 - books.google.fr). 1741 Dans tous les témoignages sur l’inondation de 1557 (Rulmann, Jocondus Sincerus), pas la moindre allusion à Nostradamus. A tel point qu'en 1661, quand l'infatigable compilateur allemand M. Z [ EILLER ] publia le 10. Theil de sa colossale Topographie, où sont recueillies toutes les sources du temps, dont de très rares, il resta muet, à la Topographia Galliae et au passage sur Nimes, si précieux, bien qu'y mentionnant l'inondation de 1557, p. 56, où il s'en réfère à une relation allemande de Grasser différente de la Dissertatio : «...welcher Brunn zun Zeiten Königs Francisci I. also ausgeflossen , dass man in der Gassen, wo das Collegium stehet, mit kleinen Schifflein, wie Grasserus bezeuget, gefahren ist. Hernach dess Jahrs 1557. war ein grosses Wetter allhie, dardurch viel alte Sachen übel zugerichtet worden seyn...». Pourquoi faut-il que Ménard, que nous venons de voir se taire sur Nostradamus là où il eût importé de transcrire Rulman, renvoie ici à son prédécesseur et ajoute de son cru, t. IV (Paris, 1753), p. 238, à propos de cette «étrange inondation»,- oubliant de mentionner le quatrain 9 de la Centurie IX, où il est question de la perte de Nimes par les eaux qu'«on crut alors en avoir trouvé la prédiction dans un des quatrains de Nostra-Damus : Gardon, Nyme eaux si hault desborderont, Quon cuidera Deucalion renaistre Dans le colosse la plupart fuiront ; Vesta, sepulcre, feu esteint à paroistre. Centur. 10. quatr. 6.» Rien, dans la littérature antérieure, n'autorisait l'historien de Nimes à cette allusion, dans laquelle il commet l'anachronisme de rejeter dans le passé une tradition de son époque. Mais, ce rapprochement malencontreux opéré, il va contaminer les successeurs et continuateurs de Ménard, ceux, en particulier, qui, traitant des «eaux de Nimes», seront amenés à parler aussi de ses «inondations». C'est ainsi, pour nous borner à quelques exemples typiques, que l'infortuné Dr J. Teyssier-Roland cf. sa triste nécrologie dans le Courrier du Gard du mercredi 30 avril 1862 transcrit, sans le citer, son garant du XVIIIe siècle aux pages 418-419 du I, II (Nimes, 1851) de son Histoire des Eaux de Nimes et de l'Aqueduc Romain du Gard (Camille Pitolet, Nîmes et Nostradamus, Revue des langues romanes, Volumes 57 à 59, 1914 - books.google.fr). On note un "petit déluge" à Nîmes en septembre 1625, rapporté par Rulmann,  avant l'entrée de Rohan, chef de la révolte protestante, dans la ville en novembre. Il fit déjà un entrée en janvier 1621 et en fera une autre en avril 1626 (Philippe Chareyre, Chronique secrète de Nîmes et du Languedoc au XVIIe siècle de Anne de Rulman, 1990 - books.google.fr). Depuis le XVIe siècle, tous les visiteurs déploraient l'état d'abandon dans lequel se trouvait l'amphithéâtre. En cette fin de XVIIIe siècle pourtant, les progrès intellectuels, l'assurance nouvelle de la science historique, la redécouverte du patrimoine antique, le statut d'oeuvre d'art conféré à ses édifices et l'évolution de la conception du beau en matière d'urbanisme ont rendu la situation scandaleuse et les consuls étaient bien décidés à faire aboutir le troisième volet du grand plan d'urbanisme de la ville moderne, quitte à délaisser le projet de place royale. Ils y étaient d'autant plus décidés que l'idée avait fait son chemin depuis au moins le milieu du siècle et que dès ce moment ils avaient rendu la monarchie responsable de cet état de fait et en profitaient pour revendiquer leur droit sur les bâtiments publics. En 1741, ils avaient nommé une commission chargée d'examiner un litige entre habitants des Arènes et, à cette occasion, posaient le problème non en termes esthétiques, matériels ou moraux, mais sur le plan juridique. La permission de bâtir dans les Arènes n'a été donnée par le roi qu'en violation du droit romain, selon lequel "les amphithéâtres, cirques, bains publics et autres édifices de cette nature appartiennent aux communautés". L'intervention de Louis XIV en faveur de l'installation des Augustins dans la Maison Carrée procédait pour eux du même abus de pouvoir. Mais l'heure n'était plus aux luttes de pouvoirs et au-delà du capital symbolique qu'ils représentaient pour la ville, les monuments romains étaient désormais perçus comme partie du patrimoine régional et national. Cette invocation du droit romain destinée à dégager leur responsabilité, tout en accusant le roi de France d'avoir outrepassé ses prérogatives, autorisait la municipalité de 1785 à s'en remettre au roi pour réparer l'outrage causé par ses prédécesseurs au monument (Line Teisseyre-Sallmann, Métamorphoses d'une ville, Nîmes de la Renaissance aux Lumières, 2013 - www.google.fr/books/edition). Nous avons relevé dans une intéressante note de M. Schenk, publiée par le Bulletin de la Société d'études météorologiques et climatologiques du Gard et des Cévennes, les dates des grandes crues qui ont laissé un souvenir à Alès (Gardon d'Alès) : 21 septembre 1471 (plusieurs morts) ; Septembre 1551 ; 10 septembre 1604 (3 inondations successives, plusieurs dizaines de morts) ; 15 septembre 1741 (plusieurs morts, crue surnommée «le déluge») ; 4 octobre 1768 (plusieurs morts) ; 2 octobre 1795 (un mort) ; 29 septembre 1815 ( 5 morts ) ; Septembre et octobre 1834 ; 20 septembre 1846 (2 morts) ; 27-28 septembre, 8-9 octobre, 16-17 octobre 1907 ; 8 octobre 1933 (La Houille blanche, revue internationale de l'eau, Volume 14, 1959 - www.google.fr/books/edition). L'inondation de 1741 à Alès est suivie par celle de Nîmes en octobre (Indemnités accordées pour dommages) (Programme d’Actions de Prévention des Inondations Nîmes Cadereaux - Annexe 1 - www.nimes.fr). Le vendredi 15 septembre 1741, vers une heure de l'après-midi, le ciel étant sombre au nord mais serein à Alais, le Gardon grossit tout-à -coup d'une manière effrayante; bientôt ses eaux furieuses firent irruption dans la ville et s'avancèrent jusqu'à une toise du perron du clocher de l'église Saint-Jean. Tous les bas-quartiers étaient envahis, et les malheureux habitants, privés presque de tout secours et de toute ressource, se virent assiégés à l'improviste dans leurs maisons, que la violence des flots menaçait à chaque instant de renverser. Une partie du mur de ville , le long du Barry, la tour située à l'entrée du Pont-Vieux et la moitié de l'arche sur laquelle elle était bâtie, furent emportées. L'inondation se soutint pendant tout un jour et toute une nuit. Quand les eaux se retirèrent enfin, elles laissèrent dans les rues un limon vaseux de quatre à cinq pieds d'épaisseur, qui fermait l'entrée de la plupart des maisons de la basse ville. Les cadavres d'un grand nombre d'animaux noyés, mêlés à ce foyer d'infection, firent craindre une contagion. «Il faut remercier la divine Providence,» dit une délibération du 17 septembre, d'avoir conservé les habitants, dont il n'a péri que trois ou quatre, dans un accident qui devait en faire périr plus de deux mille, s'il fût arrivé dans la nuit.» Les études des notaires et des procureurs furent envahies : les papiers et minutes furent emportés ou couverts de limon. Les perles furent évaluées à un million et demi de ce temps-là . On sait que, sur les sollicitations de Mgr l'évêque d'Avéjan, le gouvernement accorda, à plusieurs reprises, des secours importants. Cette inondation, à cause de ses proportions inusitées, conserva longtemps dans la tradition le surnom de déluge (Duclaux-Monteil, Mélanges : Faits et documents divers, Recherches historiques sur la ville d'Alais: ouvrage publié sous les auspices de la municipalité, 1860 - books.google.fr). "feu estaint
apparoistre" On peut interpréter cette phrase comme symbolisant la rénovation du temple dit de Vesta : Les progrès et les découvertes qu'avaient produits les travaux de la Fontaine de cette ville, mirent bientôt en état de fixer un projet, dont l'exécution fût capable de procurer avec succès toute l'abondance des eaux qu'on désirait depuis si longtemps. Diverses personnes dressèrent pour cela des plans. Les principaux furent celui de Pierre Guiraud, ingénieur en chef, et celui de l'architecte Dardalhion. Tous ces plans furent envoyés à l'intendant, qui les fit passer au maire pour les communiquer au conseil de ville. On s'assembla en conséquence le 7 d'octobre de cette année 1740, et l'on nomma des commissaires pour les examiner. Ceux-ci, ayant fait cet examen, en rendirent compte au conseil de ville le 24 du même mois. Ils dirent que le plan de Dardalhion leur avait paru le plus convenable ; mais que, dans une affaire si importante, soit pour la dépense. soit pour l'utilité qu'on espérait d'en retirer, il était à propos de faire examiner tous les plans par une personne entendue que le roi aurait la bonté de nommer à la place de l'ingénieur Clapiés, qui était mort durant le cours des premières découvertes. Ils ajoutèreni qu'on serait indispensablement obligé d'acquérir divers fonds qui se trouvaient compris dans l'étendue des travaux projetés , ce qui ne pouvait manquer de faire naître des contestations, dont la décision serait très-longue et dispendieuse ; que, pour éviter ces longueurs, il convenait aussi de demander au roi un arrê: d'attribution à l'intendant pour connaître en dernier ressort de toutes ces contestations. L'avis des commissaires fut unanimement souscrit par l'assemblée. En conséquence, il fut rendu, sur la requête du maire et des consuls, un arrêt au conseil d'état du roi le 20 de décembre suivant, qui ordonna qu'il serait procédé par Jacques-Philippe Mareschal, ingénieur et directeur des fortifications de la province de Languedoc, tant à la visite des ouvrages nécessaires pour les réparations de la Fontaine, qu'à l'examen des différents plans et devis qui en avaient été dressés, avec pouvoir d'y augmenter ou diminuer, même d'en dresser de nouveaux, s'il le fallait, après qu'ils auraient été approuvés par l'intendant, devant lequel l'adjudication des ouvrages serait passée, avec pouvoir aussi de commettre pour la conduite des ouvrages, s'il en était besoin, tel inspecteur que bon lui semblerait. Le même arrêt permit aux maire, consuls et habitants de Nimes de prendre tous les terrains, moulins et autres bâtiments qui seraient nécessaires pour ces ouvrages, en dédommageant les propriétaires, suivant l'estimation des experts, convenus par les parties ou nommés d'office par l'intendant. Il fut en même temps donné pouvoir à ce magistrat de juger, sauf l'appel au conseil, toutes les contestations nées et à naître, tant au sujet de ces dédommagements et estimations, que pour ce qui concernait la propriété des terrains, moulins et bâtiments, de même que toutes celles qui étaient survenues ou pourraient survenir à l'occasion de la propriété de la Fontaine et des ouvrages qu'il y avait à faire. Comme tous les environs de la Fontaine où se faisaient les travaux étaient des sources abondantes de morceaux précieux d'antiquité, le roi voulut qu'on lui réservât les plus curieux pour en orner ses cabinets. En conséquence, le duc de Richelieu écrivit de Paris aux consuls de Nimes, le 6 d'octobre de la même année 1741, pour leur notifier les ordres du roi, et leur marquer les arrangements qu'il avait pris pour les exécuter. Il leur manda qu'il avait choisi le médecin Mathieu, de Nimes même, pour veiller aux découvertes et lui rendre compte de ce qui se trouverait ; qu'on aurait soin de remettre à ce particulier tous les morceaux curieux qu'on aurait trouvés, dont il se chargerait sur un registre paraphé des consuls, qui en garderaient un double, et qu'il aurait soin d'en rendre compte. Cependant, la demande incidente qu'avait formée la ville touchant la démolition du moulin de l'abbesse et de celui d'Albenas, se poursuivait de la part des consuls devant l'intendant avec toute la vivacité que demandait l'importance de l'objet. Enfin, ce magistrat rendit deux ordonnances, le 24 de janvier de l'an 1742, entièrement favorables à cette demande. Les deux moulins furent en conséquence démolis, et l'on continua les découvertes avec le plus grand succès (Léon Ménard, Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nîmes, Tome 6, 1875 - books.google.fr). Lettre Protestante d’origine nîmoise, Anne-Marguerite Petit, après un aller-retour au Refuge, embrasse la religion catholique en épousant à Paris Guillaume Du Noyer. Quelques années et quelques enfants plus tard, elle quitte mari et pays pour rejoindre définitivement le Refuge et retrouver le protestantisme. C’est là qu’elle devient autrice, en publiant notamment sept volumes de Lettres historiques et galantes de 1707 à 1718. Il s’agit d’une correspondance fictive à deux voix entre deux amies françaises et catholiques, une Parisienne et une provinciale éloignée de la capitale par les charges de son mari. Leur échange se déploie en d’amples lettres, 111, s’étendant sur 3200 pages, qui font état des affaires du temps, privées et publiques, avec une grande diversité : l’esthétique de l’anecdote s’y décline sur un mode souvent enjoué, non sans arrière-pensée politique et religieuse (Isabelle Trivisani-Moreau , La minoration de la Parisienne dans les Lettres historiques et galantes de Mme Du Noyer, Les Parisiennes : des femmes dans la ville (Moyen Âge - XVIIIe siècle), 2020 - books.openedition.org, Henriette Goldwyn, L'inscription d'un lectorat féminin dans une des Lettres historiques et galantes de Mme du Noyer, Lectrices d'Ancien Régime, 2016 - www.google.fr/books/edition). Comme ces Lettres ont été écrites avant la Paix de Riswic [Ryswick, 1697), le Lecteur ne doit pas être surpris si l'on parle des choses sur le pied qu'elles étoient dans ce tems-là . On ne donne ici qu'un Essai, qui, s'il est gouté du Public, sera suivi d'une continuation de pareilles Lettres, qui étant plus nouvelles, auront encore plus d'agrément, & les unes & les autres ne contiennent que des faits très-veritables, connus pour tels dans les Pays d'où les Lettres sont écrites, Tome I. Revenons donc à nos petites relations ; il faut , pour vous faire celle de Nimes,que je retourne sur mes pas : j'y consens, puisque vous le souhaitez; je conviens que j'ai eu tort de passer sous silence une ville aussi célebre & aussi ancienne que celle-là . L'opinion la plus générale est, que Nemausus, petit-fils de Noé , en fut le fondateur ; & l'on tire de là l’étimologie de son nom. D'autres prétendent qu'elle a été bâtie par un fils du grand Hercule, & les uns & les autres ne sçauroient disconvenir qu'elle n'ait été une des plus fameuses villes des Gaules. Les Romains y ont fait un long séjour, & ont pris plaisir à l'embellir. L'Empereur Antonin y est né. Adrien y fit bâtir une Basilique pour servir de tombeau à l'Impératrice Plotine la bienfaitrice, veuve de Trajan. Les connoisseurs disent, que c'est un ouvrage achevé. On y voit des colonnes avec des chapitaux de l'ordre Corinthien, qui sont d'une beauté enchantée. Enfin on pourroit, pour me servir des termes de Scaron, dire que cette Basilique est le chefd'oeuvre des Romains, & le dernier effort de leur Architecture. Le Roi en a fait présent aux Peres Augustins;& c'est à l'heure qu'il est l'Eglise des trois Rois. Outre ce monument, il y a encore à Nimes un Aniphithéâtre des plus entiers qui soit au monde; on l'appelle dans le pays, les Arenes : c'étoit-là où se faifoit les combats des bên tes & des gladiateurs. Sur l'Eglise Cathédrale on voit des Aigles Romaines ausquelles on a tranché la tête. On prétend que ce fut par l'ordre d’Alaric qui vouloit donner par-là des preuves de ses victoires à la posterité. J'ai vû aussi ce qu'on appelle le Temple de Diane: il est hors de la Ville auprès d'une fontaine qui fournit seule de l'eau à tous les habitans, & fait même moudre leur blé. Ce Temple, ou plutôt cette masure, fait l'admiration des curieux. Les uns disent que c'étoit un Temple de Vesta ; d'autres assurent qu'il est plus ancien que Rome, & prétendent qu'il a été bâti en l'honneur de Diane. La proximité de la fontaine semble même autoriser cette opinion : car il nous paroît que Diane aimoit le bain, témoin l'avanture d'Acteon; quoi qu'il en soit, ce n'est pas la peine de disputer, & je croi que le premier vent achevera de ruïner cette précieuse Relique, dont, à vous parler franchement, je ne fais pas grand cas, non-plus que de leur Tour Magne que l'on dit avoir été extrémement haute, & qui l'est encore assez pour être apperçue de loin. Voilà , Madame, tout ce que je puis vous dire des Antiquitez de Nimes, si vous en voulez sçavoir d'avantage, vous vous donnerez, s'il vous plaît, la peine de lire ce que Messieurs Guirand & Deiront ont écrit là -dessus dans les Livres intitulez, les Antiquitez de Nimes y composez par ces deux. Messieurs. J'aime beaucoup mieux vous parler de l'Evêque: il me semble même que je puis juger plus finement d'un beau Sermon, que de tous ces vieux bâtimens, & à n'en pas mentir à un mérite vivants me touche plus que toute l'antiquité ensemble. Pour en revenir donc à Monsieur Fléchier, je vous dirai qu'il est toûjours le même ; c'est-à -dire, le plus éloquent de tous les hommes (Anne Marguerite Petit Du Noyer, Lettres Historiques Et Galantes: Contenant Différentes Histoires, Avantures, Anecdotes curieuses et singuliéres, Tome 1, 1741 - books.google.fr). Anne-Marguerite du Noyer, née Petit le 12 juin 1663 à Nîmes et morte en 1719, est une journaliste et une femme de lettres française. Elle était surtout connue au XVIIIe siècle par «sa vie aventureuse et mouvementée, dont ses Mémoires donnent une impression probablement déformée, et par une œuvre vaguement romanesque, les Lettres Historiques et Galantes». Elle est la mère d'Olympe du Noyer, ou «Pimpette», née à Nîmes en 1692, dont François-Marie Arouet tombe amoureux à La Haye (fr.wikipedia.org - Anne-Marguerite Petit du Noyer). Le héros Camisard Cavalier, étant colonel au service d’Angleterre, en 1708, passa dans les Pays-Bas, et vit Mlle Dunoyer, encore très-jeune ; il la demanda en mariage : cette négociation fut rompue, et Cavalier alla se marier en Irlande. L’auteur du Siècle, Voltaire, était alors au collége ; il n’alla en Hollande qu’en 1714, et n’a connu Cavalier qu’en Angleterre, en 1726 Mlle Olympe Dunoyer, à qui sont adressées les premières lettres de la Correspondance de Voltaire, en 1713 et 1714, et qu’on appelait Pimpette, épousa le baron de Winterfeld, qui fut tué, en 1757, à la bataille de Kollin (fr.wikisource.org - Supplément au Siècle de Louis XIV). Jean Cavalier, né le 28 novembre 1681 à Ribaute-les-Tavernes et mort le 17 mai 1740 à Chelsea, est le plus célèbre des chefs et des prophètes camisards (fr.wikipedia.org - Jean Cavalier). Cf. quatrain II, 97. Acrostiche : GQ DV Lettres à monsieur D. V. (de Voltaire), par un de ses amis, sur l'ouvrage intitulé : l'Evangile du jour. Amsterdam 1772. 1 v. 8° (Jacques Joseph Ducarne de Blangy) (Catalogue de la bibliothèque de Neuchâtel: Catalogue de la bibliothèque de la ville Neuchâtel, Tome 2, 1861 - books.google.fr, Guerre littéraire, ou choix de quelques pièces de M de V., avec les réponses, pour servir de suite & d'éclaircissement à ses ouvrages, 1759 - books.google.fr). Ce fut à sa sortie de la Bastille qu'Arouet changea son nom. Dans un recueil de lettres de Voltaire, ayant pour titre Juvenilia, on en trouve une qu'il écrivit à mademoiselle Dunoyer, la même qu'il avoit connue en Hollande. Cette lettre, signée VOLTAIRE, porte ce post-scriptum : "Ne t'étonne pas, ma chère, de ce changement de nom; j'ai été si malheureux avec l'autre, que je veux voir si celui-ci m'apportera du bonheur." Depuis, Voltaire a montré son mépris pour son nom de famille. Il écrivit de Bruxelles, le 17 mai 1741, à l'abbé Moussinot, chargé de ses affaires à Paris : «Je vous ai envoyé ma signature, dans laquelle j'ai oublié le nom d'Arouet, que j'oublie assez volontiers. Je vous renvoie d'autres parchemins où se trouve ce nom, malgré le peu de cas que j'en fais.» (Édouard Marie Joseph Lepan, Vie politique, littéraire et morale de Voltaire, 1824 - books.google.fr). Madame du Noyer essaya de toutes les manières de séparer les amoureux, elle réussit même à persuader le marquis de Châteauneuf de mettre Voltaire aux arrêts à l'ambassade. Ce fut alors le cordonnier qui devint messager d'amour ; il portait les billets doux entre l'amoureuse Pimpette et Voltaire. Le cordonnier était en même temps le portier de l'hôtel de Paris, où logeait la famille du Noyer. Galamment, il prête sa loge comme rendez-vous au fougueux attaché qui, devenant de plus en plus épris, parle même d'enlever sa belle, et lui propose de «prendre un carrosse et aller comme le vent à Schevelinge», et de là , écrire au père lointain de Pimpette que celle-ci veut se convertir au catholicisme et retourner auprès de lui. Déguisée en jeune homme, Pimpette va voir Voltaire à l'hôtel de l'ambassade. A la suite de cette visite, il lui écrit des lettres et des vers enflammés. Mais cette mère «dénaturée» est furieuse à l'idée d'un amoureux pauvre et si peu désirable. Elle s'adresse de nouveau à l'ambassadeur qui avait une peur salutaire de l'éditeur des «Quintessences», le journal que madame du Noyer publiait. Monsieur Arouet père, informé de la conduite légère de son fils, demande qu'il soit renvoyé sous bonne garde à Paris ; là , il le reçoit fort mal, et menace de l'expatrier au Canada. Pimpette se consola bien vite du départ de son amoureux ; Voltaire, moins facilement, car il lui écrivait pour se plaindre de sa froideur. Bien plus tard, ils se retrouveront à Paris, mais les années auront passé, emportant avec elles les amours exaltées de la jeunesse. Ils restèrent cependant toujours bons amis jusqu'à la fin de leur vie (E. Melvill van Carnbee, La fière résidence: La Haye d'autrefois et pendant la guerre: esquisses historiques, littéraires et autres, 1922 - books.google.fr). Pour GQ, on aurait la Gazette de Québec, fondée en 1764, et qui publia poèmes et compte-rendus sur Voltaire (une vingtaine de mentions de Voltaire en vingt-cinq ans, une épître au cardinal Querini). Ce n'est que sous la domination anglaise que fut installée la première imprimerie et que les premiers journaux parurent à Québec (Julie Roy, Stratégies épistolaires et écritures féminines, Les Canadiennes à la conquête des lettres (1639-1839), Tome II, 2002 - archipel.uqam.ca, Claude Galarneau, La France devant l'opinion canadienne (1760-1815).: Préf. d'André Latreille, 1970 - books.google.fr). M. le président Bouhier, dans sa savante dissertation, de priscis Græcor. et Latin. litteris, imprimée à la suite de la Paleograpbie du P. de Montfaucon, a fait voir que les anciens Romains n'avoient que ces XVI, lettres : A. B. C D, E, F, I, K, L, M, N, O, P, R, S. T. Les cinq autres, ajoutées du tems de Cicéron, étoient G, Q, V, X, Z. Sans compter l'H qui étoit moins une lettre, qu'une marque d'aspiration (Charles Rollin, Histoire ancienne des Egyptiens, des Carthaginois, des Assyriens, des Babyloniens, des Medes et des Perses, des Macedoniens, des Grecs, Comprenant Le Tome XIII. De L'Édition De France, Volume 5, 1758 - books.google.fr). Bouhier suppose que ce sont les Peslages qui apportèrent les 16 lettres du premier alphabet grec en Grèce avant les Phéniciens (Gustave Michaud, Biographie des hommes illustres du département de la Côte-d'Or, Tomes 1-2, 1858 - www.google.fr/books/edition). Jean Bouhier, né le 16 mars 1673 à Dijon où il est mort le 17 mars 1746, est un jurisconsulte et magistrat français, également historien, traducteur, bibliophile et érudit renommé (fr.wikipedia.org - Jean Bouhier de Savigny). Voltaire écrit une lettre à Bouhier en 1740 en latin où il le compare à De Thou (Alexis Pierron, Voltaire et ses maîtres, Épisode de l'histoire des humanités en France, Volume 9, 1866 - www.google.fr/books/edition). Il prend sa place à l'Académie française après sa mort en 1746 (www.academie-francaise.fr). Deucalion La Grèce nous offre deux traditions du déluge : celle d'Ogygès et celle de Deucalion et Pyrrha. La première n'est pas très-explicite : «Sous Ogygès, roi de l’Attique, dont l'existence se perd dans la nuit des temps, un déluge aurait inondé tout le pays. Le roi, pour se sauver, serait monté dans un vaisseau avec ses compagnons.» La version relative à Deucalion est beaucoup plus précise. «Sous le règne de ce dernier, Jupiter, irrité contre les hommes de l'âge d'airain, prend le parti de les anéantir sous les eaux et fait tomber des torrents de pluie, qui inondent toute la Grèce. Mais Prométhée, père de Deucalion, connaissant les desseins du maître de l'Olympe, avait averti son fils et lui avait conseillé de construire une arche dans laquelle il entre avec sa femme. Pendant neuf jours et neufs nuits Deucalion flotte sur les eaux et aborde enfin au sommet du Parnasse. Echappé au danger, il sacrifie (comme Noé, Xisuthrus et Manou) à Jupiter et lui demande de repeupler la terre. Celui-ci ordonne à Deucalion et à Pyrrha de jeter les os de leur mère, c'est-à -dire des pierres derrière eux; les deux époux obéissent : les pierres du premier se changent en hommes et celles que jette la seconde en femmes.» (Georges de Dubor, Assyrie et Chaldée, 1878 - books.google.fr). De Germain-François Poullain de Saint-Foix, on a Deucalion et Pierrha, comédie en un acte et en prose avec prologue et divertissement, Paris, Prault fils, 1741. Représentée au Théâtre-Français le 20 février 1741 ; Suivi, avec Pierre de Morand, du ballet en un acte et en vers, musique de Pierre Montant, dit Le Breton et François-Joseph Giraud, Paris, Veuve Delormel et fils, 1755. Représenté au théâtre du Palais Royal le 30 novembre 1755 (classiques-garnier.com). Germain-François Poullain de Saint-Foix, né le 5 février 1698, à Rennes et mort le 25 août 1776 à Paris, est un écrivain et dramaturge français du XVIIIe siècle (fr.wikipedia.org -Germain François Poullain de Saint-Foix). En 1768, le paradoxe s'empara encore du Masque de fer : ce fut Fréron, qui, tout meurtri des coups terribles que son ennemi lui avait portés en face dans l'Écossaise, lança contre Voltaire un nouveau champion, plus redoutable que Lagrange-Chancel, dans l'espoir d'amener une grande querelle où l’auteur du Siècle de Louis XIV aurait le dessous : le Masque de fer était une sorte d'appât bien capable d'attirer Voltaire dans une embuscade où Poullain de Saint-Foix l'eût mis à mal, avec ce caractère irascible et provocateur qui faisait l'effroi de la basse littérature. Saint-Foix, par une lettre insérée dans l'Année littéraire (1768, t. 4), essaya de faire valoir une hypothèse qui avait du moins le mérite de la singularité, et qui réussit à ce titre auprès des amis du merveilleux : il imagina que le prisonnier masqué était le duc de Monmouth, fils naturel de Charles Il, condamné pour crime de rebellion et décapité à Londres le 15 juillet 1685. Cette idée bizarre lui vint d'un passage de l'Histoire d Angleterre, par Hume, d'après lequel on voit en effet que le bruit courut à Londres que le duc de Monmouth était sauvé, et qu'un de ses partisans, qui lui ressemblait beaucoup, avait consenti à mourir à sa place , pendant que le véritable condamné, secrètement transféré en France, devait y subir une prison perpétuelle (Pierre Roux-Fazillac, Recherches historiques et critiques sur l'homme au masque de fer, d'ou résultent des notions certaines sur ce prisonnier, 1801 - books.google.fr). Fin du monde Dans l'article «De la fin du monde» des Questions sur l'Encyclopédie, Voltaire évoque le traité de Cicéron, De la nature des dieux (De natura deorum) (Alain Sager, Dictionnaire Voltaire, 2021 - books.google.fr). Consultez Cicéron lui-même, le sage Cicéron. Il vous dit dans son livre de la Nature des dieux, le meilleur livre peut-être de toute l'antiquité, si ce n'est celui des devoirs de l'homme, appelé les Offices; il dit (De Natura deorum, lib. II, S 46) : «Suivant les stoïciens, le monde entier ne sera que du feu ; l'eau étant consumée, plus d'aliment pour la terre ; l'air ne pourra plus se former, puisque c'est de l'eau qu'il reçoit son étre : ainsi le feu restera seul. Ce feu étant Dieu, et ranimant tout, renouvellera le monde, et lui rendra sa première beauté.» Cette physique des stoïciens est, comme toutes les anciennes physiques, assez absurde; mais elle prouve que l'attente d'un embrasement général était universelle (Œuvres complètes de Voltaire: Études et documents biographiques, 1883 - books.google.fr). Le passage de Dion Chrysostome (50-120 ap. J.-C.), Orationes, XXXVI, 39 suiv. (p. 513, ed. Emperius), peut-être le plus remarquable de tous ceux où il est question des croyances des mages, présente des obscurités nombreuses. Windischmann (Zoroastr. Studien, p. 311) a déjà supposé que Dion s'y était inspiré des doctrines des mystères mithriaques, dont la prodigieuse fortune commençait à son époque. Si on songe que ce rhéteur était né à Pruse, et qu'il parcourut en tous sens l'Asie Mineure, où les cultes perses étaient pratiqués beaucoup moins secrètement qu'ils ne le furent en Occident, cette hypothèse paraitra très vraisemblable ; elle est d'ailleurs confirmée par les ressemblances qu'on peut constater entre les dogmes mithriaques et le récit de Dion. Hestia est la terre immobile au centre du monde suivant les stoïciens. Le culte de la terre comme celui des trois autres éléments a passé de l'ancienne religion perse dans les mystères mithriaques. Le symbolisme qui faisait du quadrige du dieu suprême ou du soleil l'image des quatre éléments y était sans doute enseigné aussi, car on le retrouve dans deux écrits certainement influencés par leurs doctrines. Cf. infra Malalas, extr. b, et supra Martianus Capella, v. 12. Le feu détruit donc la végétation qui est l'ornement de la terre. Évidemment, Dion en écrivant ces lignes a songé aux incendies qui, suivant les stoïciens, désolaient périodiquement la surface de notre globe (Bruns, p. 9). Les termes ("katakluzô") sont empruntés aux stoïciens, mais les mazdéens croyaient comme ceux-ci au déluge, cf. Farg., II, 21 suiv. et Darmesteter, t. II, p. 19, et aussi le Bundahish, VII, 5, p. 26, West. La comparaison avec Deucalion est probablement due à Dion (Franz Valery Marie Cumont, Textes et monuments figurés relatifs aux mystères de Mithra, Tome 2, 1896 - books.google.fr). Constance Les premiers
ouvrages consacrés au stoïcisme sont le De
Constantia publié par Juste Lipse à Anvers en 1584, et la Philosophie momie
des stoïques publiée en 1585 à Paris par Guillaume du Vair, avec la même
motivation : adapter l'enseignement moral des stoĂŻciens au christianisme,
et les comparer. Mais ce sont la Manuductio
et la Physiologia, qui, vingt ans
plus tard, vont jouer un rôle essentiel, parce que Lipse s'y donne pour tâche
l'exposé de l'ensemble du système (dont il exclut néanmoins la logique,
qu'il considère dans la tradition péripatéticienne comme un instrument de la
philosophie") (Jean-Baptiste
Gourinat, La disparition et la reconstitution du stoĂŻcisme, Les stoĂŻciens, 2005
- www.google.fr/books/edition). De la constance, ouvrage philosophique en forme
d'entretien sur les maux publics et sur l'usage qu'on doit faire de sa raison
dans les temps critiques, traduit des oeuvres latines de Juste Lipse par Mr de
L ***, (de la Grange), avocat au Parlement, Paris, 1741 (Jacqueline
Lagrée, Juste Lipse et la restauration du stoïcisme, étude et traduction des
traités stoïciens De la constance, Manuel de philosophie stoïcienne, Physique
des stoïciens (extraits), 1994 - www.google.fr/books/edition). Le point de départ de la réflexion lipsienne dans De Constatntia réside dans la recherche
d'un rapport rationnel entre les effets destructeurs de la fortune et les
causes divines qui devraient les empêcher. Or, la réponse de Lipse s'appuie
précisément sur la notion de Providence : «Qu'un affaissement de terrain engloutisse ici
des forteresses, cela vient de la providence, qu'ailleurs la peste moissonne
plusieurs milliers d'hommes, cela vient d'elle ; la guerre et le carnage dans
les Flandres, c'est encore elle. C'est la divinité, Lipse, la Divinité Dieu qui
envoie toutes ces catastrophes (...) Si tous ces événements ne sont pas
seulement permis mais suscités par Dieu, vous qui murmurez, qui résistez, que faites-vous
d'autre que ravir Ă Dieu son sceptre (dans la mesure de votre puissance) et la
liberté de régner ?» (Saverio
Ansaldi, Spinoza et le baroque, infini, désir, multitude, 2001 -
www.google.fr/books/edition, Jacqueline
Lagrée, Juste Lipse et la restauration du stoïcisme, étude et traduction des
traités stoïciens De la constance, Manuel de philosophie stoïcienne, Physique
des stoïciens (extraits), 1994 - www.google.fr/books/edition). On se reportera aussi au déisme de Voltaire. Un aspect très
important de la cosmologie du Portique, qui marquait une véritable rupture par
rapport à la conception plus statique et harmonique propre à l'âge classique, se
trouve aussi dans la Physiologia de
Lipse et y occupe une place de premier rang il s'agit du thème de l'évolution
dynamique, procédant par catastrophes et reconstitutions successives, qui
d'après les Stoïciens jalonnaient les étapes d'une vicissitude cosmique
Ă©ternelle. Ainsi leur cosmologie s'ouvrait-elle sur la perspective de
l'infinité des mondes, ne fût-ce qu'une infinité temporelle, diachronique et
non simultanée. Éternité et corruptibilité du monde s'opposaient dans la pensée
grecque classique, tandis que pour la Stoa - comme le rappelait Philon
soigneusement cité par Lipse - la succession cyclique des mondes, entrecoupée
par ekpurosis e kataklusmos, selon le rythme alterne de anastasis («eversio»)
et apokatastasis redintegratio »), permettait de réconcilier la constance du
système avec la contingence de ses états. C'est le feu qui, présent partout
dans le monde, dans la mesure oĂą il augmente son ardeur, provoque finalement la
déflagration cosmique, qui est aussi un processus de purification à ce propos, Lipse
ne manque pas d'enregistrer une certaine convergence entre la perspective des
Stoïciens et les croyances des chrétiens sur la fin du monde. Ne lit-on pas
dans une épître de Saint Pierre : «Caeli ardentes solventur» Il n'empêche
que malgré ces apparences d'affinité la cosmologie du Portique ouvre tout grand
la voie sur un gouffre temporel qui est trop menaçant pour être accepté comme
tel par les orthodoxes, s'il est vrai que certains Pères de l'Église - remarque
avec malice notre auteur - ont pu reprocher par exemple à Origène d'avoir été
«trop stoïque», en approuvant cette série de mondes innombrables qui se
succéderaient sans fin (Olivier
Bloch, Philosophies de la nature, 2019 - www.google.fr/books/edition). Après moi le
déluge : l’eau et le feu L'expression est attribuée communément à la marquise
Pompadour ou à Louis XV, à la suite de la défaite de Rossbach (1757) durant la
guerre de sept Ans. La formule Ă©tait un lieu commun du temps de la marquise
de Pompadour. Dans une Ă©dition des Principales
avantures de l'admirable Don Quichotte publiée par Pierre de Hondt en 1746,
le héros de Cervantes s'exclame : «Fera les vignes qui pourra. Après nous
le Déluge.» Une Histoire des empereurs
romains depuis Auguste jusqu'à Constantin parue en 1749 assure que Tibère
«avait souvent dans la bouche un vers grec, dont le sens répond à ce proverbe
usité parmi nous pour exprimer l'indifférence par rapport à tout le genre
humain : Après moi le déluge» (Michel
Le SĂ©ac'h, La petite phrase, D'oĂą vient-elle ? Comment se propage-t-elle ?
Quelle est sa portée réelle ? 2015 - www.google.fr/books/edition). ...si les Loix
s'oublient, si les Hiérarchies se perdent, si tout enfin s'use &
s’affoiblit, après moi le déluge (Victor
Riquetti de Mirabeau, L'ami des hommes, ou traité de la population. Premiere
partie, Volume 2, 1756 - www.google.fr/books/edition). Victor Riquetti de Mirabeau, marquis de Mirabeau, dit «l'ami
des hommes», né à Pertuis le 5 octobre 1715, et mort à Argenteuil le 13 juillet
1789, est un économiste et philosophe français. Il est le cofondateur du
mouvement physiocratique et le père de Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau,
l'une des grandes figures de la Révolution française. Dès 1735, le marquis de
Mirabeau s’intĂ©resse Ă l'Ă©conomie politique. Quand il est en garnison Ă
Bordeaux, Mirabeau père fait la connaissance de Montesquieu. Dans ses premiers
écrits, Mirabeau préconise pour la prospérité de la France un retour aux
valeurs de la noblesse française médiévale. En 1756, a lieu la parution de L’Ami des hommes ou Traité sur la population.
Le succès considĂ©rable de l'ouvrage va contribuer Ă la renommĂ©e de son auteur Ă
travers toute l'Europe. D’après l’auteur, la vraie richesse ne consiste que
dans la population. Or, la population dépend de sa subsistance, et la
subsistance ne se tire que de l’agriculture. Fort du succès de L'Ami des
hommes, Mirabeau rencontre le docteur François Quesnay (1694-1774), médecin de
Madame de Pompadour, en juillet 1757 Ă Versailles. Cette rencontre est Ă
l'origine du mouvement physiocratique (fr.wikipedia.org
- Victor Riquetti de Mirabeau). Il publie Voyage de
Languedoc et de Provence en 1745 où il parle des vestiges de Nîmes (Victor
Riquetti Marquis de Mirabeau, Voyage de Languedoc et de Provence, 1745 -
www.google.fr/books/edition). "L'ami des
hommes, ce M. de Mirabeau, qui parle, qui parle, qui parle, qui décide, qui
tranche, qui aime tant le gouvernement féodal, qui fait tant d'écarts, qui se
blouse si souvent, ce prétendu ami du genre humain n'est mon fait que quand il
dit : Aimez l'agriculture. Je rends grâces à Dieu, et non à ce Mirabeau,
qui m'a donné cette dernière passion." (Voltaire, Lettre à Cideville
25 novembre 1758) (Ĺ’uvres
complètes de Voltaire: Études et documents biographiques, 1883 -
books.google.fr). Je songe de plus qu’il s’est introduit dans la conduite
de la vie, des maximes altières, mais détestables, qui se transmettent de
bouche en bouche; telle est celle du Tyran qui a dit; qu’ils me haïssent,
pourvu qu'ils me craignent, elle est conforme Ă un vers grec, dont le sens est,
qu'après ma mort la terre soit réduite en cendres, et d'autres pensées de cette
nature. Cette pensée tirée du grec, et que Tibère avoit
perpétuellement à la bouche, prouve elle-même à quel point Néron se pervertit
par la suite. En effet quelqu'un lui
ayant cité ce mot, qu'après ma mort la terre soit réduite en cendres; le Tyran
répondit et même de mon vivant. Voyez la note de Juste-Lipse, et Dion Cassius,
liv. 57. La pensée grecque répond à celle de notre langue, que bien des gens
expriment, en disant : après moi, le déluge. Pensée trop commune dans
une nation corrompue, et détestable sur-tout dans un Prince, qui doit s'occuper
du bonheur présent et futur de ses sujets (Oeuvres
de Sénèque le philosophe, traduit par Lagrange, Tome 4, 1795 -
www.google.fr/books/edition). Lagrange est mort en 1775 Ă 37 ans. Il ne s'agit pas de
l'auteur de la traduction de Lipse. A moins que la date de la Constance (1741)
soit fausse. On doit à Lagrange un Lucrèce et un Sénèque. La première
de ces deux versions est supérieure à la seconde. Le succès en fut des plus
brillants. On remarquera que, avant Lagrange, Lucrèce n'avait jamais été mis en
français (Revue
des études historiques, Volumes 57-58, 1891 - www.google.fr/books/edition). Typologie Le report de 2182 sur la date pivot 1741 donne 1300. A partir de 1300, Arnaud parcourt la Catalogne, le Languedoc et la Provence, diffusant sa pensée et s'attachant de nombreux disciples. Il devient alors le familier de Frédéric III de Sicile (1296-1337) et de Robert Ier (1309-1345) de Naples auxquels il expose ses projets de croisade ; avec Frédéric III, il rédige un code législatif en vue de la réforme morale et spirituelle de ses sujets siciliens. Il sert également Benoît XI et Clément V qui apprécient autant le médecin qu'ils se méfient du théologien, comme le prouve sa courte incarcération à Pérouse en 1304. Il meurt en septembre 1311 au cours d'un voyage par mer entre Naples et Avignon et est enterré à Gênes. Son oeuvre eschatologique est abondante. Dans le De tempore adventus Antichristi (1288-1290), il annonce pour 1368 l'avènement de l'Antéchrist à la lumière de Daniel 12, Matthieu 24 et saint Augustin. Sa démarche, développée en 1292 dans l'Introductio in librum Joachim de semine Scripturarum et dans l'Allocutio super significatione nominis Tetragrammaton, est celle de l'abbé de San Giovanni in Fiore : l'homme ne saurait découvrir ni le jour ni l'heure par ses propres moyens, mais il peut les déduire par le biais de la révélation divine et des concordances de l'écriture interprétées à l'aide de l'exégèse hébraïque et de la numérologie ; il ne fait dès lors que suivre le conseil de saint Jean : Scrutamini scripturas. Les conséquences ascétiques de l'imminence de la fin du monde sont tirées dans le De mysterio cymbalorum Ecclesie, écrit à Scurcola, près d'Anagni où Boniface VIII l'avait installé en 1301 ; Arnaud s'y présente comme prophète, sonnant les cloches de la vérité évangélique et préconisant la pauvreté absolue (F. Santi, La vision de la fin des temps chez arnaud de villeneuve. Contenu théologique et expérience mystique, Fin du monde et signes des temps: visionnaires et prophètes en France méridionale, fin XIIIe-début XVe siècle, Cahiers de Fanjeaux 27, 1992 - books.google.fr). Sur le plan politique Nimes fournit au roi le champion de la politique anti-pontificale, son ancien juge mage, Guillaume de Nogaret ; cependant l'évêque courait au concile de Rome pour répondre à l'appel de Boniface VIII et se voyait chassé de son siège. Nogaret était récompensé de sa victoire par la constitution en sa faveur, d'un apanage taillé en partie dans le domaine des anciens vicomtes de Nimes : Massillargues, Saint-Julien, les Ports, Calvisson et la Vaunage, puis Tamerlet, Manduel, Lésignan, Redessan, Bouillargues, Caissargues... Coïncidence curieuse : la papauté qui avait tant souffert des coups du légiste nimois, vient s'installer à 40 kilomètres de notre ville, à Avignon en 1309, (le célèbre médecin Arnaud de Villeneuve n'y fut pas étranger), et apporte prospérité à notre commerce ; désormais les cardinaux achètent leurs vins et leurs blés à Nimes, où des métiers de luxe s'établissent, où une foire de huit jours est créée en 1322. L'évêque de Nimes lui-même, Guillaume de Deaux, trésorier du Pape, est promu Cardinal et sa famille est la première de la ville (Comptes rendus des conférences, École antique de Nîmes, 1933 - books.google.fr). L'installation de Clément V dans le Comtat et coïncide avec l'apogée de la faveur d'Arnaud (1309) (René Verrier, Etudes sur Arnaud de Villeneuve 1240 (?) - 1311: Le breviarium practicae. L'étudiant de Naples, 1947 - www.google.fr/books/edition). Le Moyen Âge chrétien, à la suite de la médecine arabe et de Galien, dont l'influence est toujours considérable, renoue tant bien que mal le dialogue entre médecine et philosophie. Une caractériologie est fondée sur la notion du tempérament humoral. Amaud de Villeneuve (1250-1313), médecin du roi d'Aragon et du pape et lui aussi traducteur de l'arabe, soutient que le tempérament est l'élément corporel le plus apte à "préparer la génération des accidents de l'âme". Platon et Galien ne disent pas autre chose, mais il est ajouté que les accidents de l'âme peuvent à leur tour altérer le tempérament. Le Moyen Âge attache une grande importance aux "esprits", émanations légères et subtiles, héritières du pneuma stoïcien, constituant le principe de la vie et du sentiment (ils agissent comme intermédiaires entre l'âme et le corps), et au véhicule qui les répartit dans le corps. Les théologiens toutefois mettent le holà à ce type de réflexion. "Les diverses vertus naturelles, vitale ou animale, ne sont pas l'âme", tranche Guillaume de Saint-Thierry, cistercien et auteur mystique de la première moitié du XIIe siècle. Il n'y a plus de maladie de l'âme (par référence à l'Antiquité), puisque l'âme est incorporelle et incorruptible. Si l'âme paraît atteinte dans ses facultés, c'est qu'elle est empêchée de disposer du corps, lequel est l'instrument par lequel elle exerce lesdites facultés. Peu désireux de s'attirer les foudres de l'Église, les médecins évitent donc de se poser le problème de l'âme en termes médicaux (Claude Quétel, Histoire de la folie, de l'antiquité à nos jours, 2014 - www.google.fr/books/edition). |