John Dee et saint Dunstan

John Dee et saint Dunstan

 

X, 42

 

2208

 

Le regne humain d'Anglique geniture,

Fera son regne paix union tenir,

Captive guerre demy de sa closture,

Long temps la paix leur fera maintenir.

 

John Dee et les anges

 

NĂ© Ă  Londres le 13 juillet 1527 dans un milieu modeste, John Dee se croit nĂ©anmoins descendant des anciens princes britanniques du temps du lĂ©gendaire roi Arthur. D'ascendance galloise, il revendique une parentĂ© avec les Tudor et la reine Élisabeth Ière. Avant de devenir le mentor de la reine, John Dee Ă©tudie au Saint John's College de Cambridge. 11 y apprend le latin, le grec, la philosophie, l'arithmĂ©tique et surtout l'astronomie. Grand Ă©rudit, il raconte dans ses MĂ©moires qu'il consacre dix-huit heures par jour aux Ă©tudes, et seulement quatre au sommeil. John Dee Ă©prouve alors une grande passion pour l'architecture et les mathĂ©matiques dont il est persuadĂ© - Ă  l'instar de GalilĂ©e et de Kepler - qu'elles offrent un pouvoir occulte permettant d'entrer en communication avec les esprits. Les mathĂ©matiques sont une science suspecte aux yeux de l'Église. Pendant ses annĂ©es d'Ă©tudes, John Dee, adepte des travaux de Vitruve et d'Euclide, est influencĂ© par les Ă©crits des grands savants et hermĂ©tistes de son temps. FĂ©ru de nĂ©oplatonisme, de divination et d'alchimie, il dĂ©couvre la Kabbale, qui est selon lui le plus vieux système de pensĂ©e mystique au monde. Il s'intĂ©resse aux travaux de Johannes Reuchlin, De l'art cabalistique (1517), premier texte chrĂ©tien Ă  y faire rĂ©fĂ©rence, mais c'est l'ouvrage de Comelius Agrippa De occulta philosophia (1533) qui va durablement influencer sa destinĂ©e. L'historienne Frances Yates nous apprend que : «Les conceptions de Dee sont celles de la Renaissance nĂ©oplatonicienne selon l'interprĂ©tation de la synthèse de Pic de La Mirandole. Et le nĂ©oplatonisme de Dee est associĂ© Ă  la Kabbale de la Renaissance. De mĂŞme qu'Agrippa, Dee pense que l'univers est divisĂ© en trois sphères : physique, cĂ©leste et supra-cĂ©leste. La tendance du mouvement Ă  s'intĂ©resser aux nombres comme Ă©tant la clef de l'univers, apparente chez Agrippa et chez Giorgi, et accentuĂ©e par Reuchlin dans son association du pythagorisme et de la Kabbale, est mise en avant par Dee dans une direction encore plus intensĂ©ment mathĂ©matique.» Certains de ses biographes affirment qu'Ă  la suite d'expĂ©riences liĂ©es Ă  la magie et Ă  la thĂ©urgie il aurait Ă©tĂ© priĂ© de quitter l'universitĂ© de Cambridge. Mais ce qui le rend suspect aux yeux de l'Église, qui interdit la pratique de la mĂ©canique, est la construction d'une machine volante pour une reprĂ©sentation théâtrale. On l'accuse d'ĂŞtre un conjurateur. [...] Le XVIe siècle, particulièrement en Angleterre, est le plus florissant dans le domaine de la magie. Le mi Édouard VI aurait offert une pension Ă  Dee en Ă©change de ses «services», dont plusieurs de ses biographes, sans la moindre preuve, affirment qu'ils furent occultes. Ami de John Dudley, le duc du Northumberland, Dee devient le prĂ©cepteur de son fils Robert, le futur comte de Leicester et favori de la reine Élisabeth Ière, qui sera un soutien prĂ©cieux durant les heures sombres. Lorsque la reine Marie Tudor monte sur le trĂ´ne, elle fait dĂ©capiter John Dudley qui avait conspirĂ© contre son accession. Cette reine sanguinaire - mariĂ©e Ă  l'ultra-catholique Philippe II d'Espagne - exige que, chaque annĂ©e de son règne, quatre-vingt-dix personnes choisies au hasard soient exĂ©cutĂ©es pour leur seule foi protestante. «Un pieux kabbaliste chrĂ©tien est en sĂ©curitĂ© lorsqu'il sait qu'il Ă©voque des anges et non pas des dĂ©mons. Cette conviction Ă©tait au centre de la croyance de Dee en ses guides angĂ©liques, et cela explique sa surprise affligĂ©e lorsque ses contemporains alarmĂ©s et furieux persistaient Ă  le stigmatiser en tant que vil conjurateur diabolique», car John Dee a durant toute sa vie pratiquĂ© la numĂ©rologie pour communiquer avec le monde supra-cĂ©leste. La magie est bannie durant le règne de Marie Tudor et la clairvoyance considĂ©rĂ©e comme de la sorcellerie. La reine demande cependant Ă  Dee de dresser son horoscope. Dans le plus grand secret, il en fait autant avec Élisabeth, sa sieur cadette, Ă  laquelle il soumet le rĂ©sultat de ses recherches. A-t-il perçu que le règne de Marie serait Ă©phĂ©mère ? Ce n'est pas du goĂ»t de la reine, qui le soupçonne de lui avoir jetĂ© un sort et d'avoir fomentĂ© un coup d'État politique. On l'accuse de pratiquer des rituels de nĂ©cromancie. Il est emprisonnĂ© en 1555, puis relaxĂ© après avoir prouvĂ© son orthodoxie religieuse, ce qui n'est pas le cas de son majordome qui est menĂ© au bĂ»cher. DĂ©sormais revenu en grâce, Dee convainc la reine Marie de fonder une bibliothèque afin de protĂ©ger certains Ă©crits de l'Inquisition. Il entre au service de l'institution pour sauver les Ă©ditions rares des philosophes grecs, les prĂ©cieux traitĂ©s de science, de mathĂ©matique et d'hermĂ©tisme avec les livres de Roger Bacon, Raymond Lulle, Pic de La Mirandole, Paracelse et Agrippa. C'est ainsi qu'il constitue une collection d'ouvrages, la plus importante de son temps et qui, au fil des annĂ©es, comptera plus de quatre mille volumes, ce qui est très supĂ©rieur aux fonds des bibliothèques du royaume et sĂ»rement d'Europe, Ă  l'exception, comme le souligne Jacques FinnĂ©, de celle de l'historien français Jacques de Thou. Sa maison de Mortlake, qui est Ă©galement son laboratoire oĂą il pratique l'alchimie, devient le lieu de rendez-vous privilĂ©giĂ© de tous les Ă©tudiants et Ă©rudits du pays. A la mort de Marie - on ne sait si elle fut prĂ©vue par Dee -, sa sĹ“ur Élisabeth monte sur le trĂ´ne d'Angleterre. L'astrologue devient alors son conseiller, et c'est lui qui dĂ©cide de la date de son couronnement : le 14 janvier 1559 (Jean-Jacques Bedu, Les InitiĂ©s: De l'an mil Ă  nos jours, 2018 - books.google.fr).

 

Elizabeth : Anglic/Angelic Queen

 

Heavenly Eliza makes her way to the elysium of Heaven, As an angel she shines out among the choir of angels, and as A virgin together with the virgin Astraea (On the death of the most serene queen Elizabeth, Oxford Verses on the death of queen, 1603) (John Nichols's The Progresses and Public Processions of Queen Elizabeth: Volume IV: 1596 to 1603, 2014 - books.google.fr).

 

La France personnifiée du début du livre I des Tragiques d'Agrippa d'Aubigné dans un geste ambigu protège et étouffe en même temps ses enfants sans défense (I, 91-92). elle donne du venin au lieu de lait à sa «sanglante geniture» (I, 129). Dans Princes et La Chambre dorée, le couple mère-marâtre se retrouve dans le grand diptyque opposant reine Noire à reine de Cœur, pour reprendre l'expression de C.-G. Dubois. Catherine de Médicis, sorcière et maquerelle, cette Jézabel idolâtre qui complote le meurtre de ses sujets, a pour antidote Élisabeth, la Reine Vierge, nouvelle «Debora d'Israël» (III, 993), dont la féminité se sublime pour devenir «de tous bons Rois l'idée» (fin de "La Chambre dorée" des Tragiques) (Frank Lestringant, Salomon et le sang des martyrs : du martyrologe huguenot aux "Tragiques" d'Agrippa d'Aubigné, Revue d'histoire littéraire de la France, Volume 92, Numéros 4 à 6, 1992 - books.google.fr).

 

Dans la harangue que Pomponne de Bellièvre (1529 - 1607) fit à la reine Elisabeth pour la dissuader d'exécuter Marie Stuart, au cours de sa mission en Angleterre en novembre 1586,

le futur chancelier (1599) glissa une considération platonicienne : 

 

Platon dit que la geniture des hommes bas & communs, est de plomb ou de fer, celle des Roys est d'or (André Du Chesne, Histoire d'Angleterre, d'Escosse, et d'Irlande, contenant les choses plus dignes de memoire, 1634 - books.google.fr)

 

"closture" : enclosures

 

Le mouvement des enclosures fait référence aux changements qui, dès le XIIe siècle mais surtout à partir de la fin du XVIe siècle et au XVIIe siècle ont transformé, dans certaines régions de l'Angleterre, une agriculture traditionnelle dans le cadre d'un système de coopération et de communauté d'administration des terres (openfield, généralement des champs de superficie importante, sans limitation physique) en système de propriété privée des terres (chaque champ étant séparé du champ voisin par une barrière, voire une haie comme dans un bocage). Les enclosures, décidées par une série de lois du parlement, les Inclosure Acts, marquent la fin des droits d'usage, en particulier des communaux, dont un bon nombre de paysans dépendaient.

 

La raison fondamentale est la suppression des droits d'usage (vaine pâture, communaux) qui permet la liberté des assolements.

 

Le mouvement des enclosures a commencé en Angleterre au XVIe siècle. Des champs ouverts et pâturages communs cultivés par la communauté ont été convertis par de riches propriétaires fonciers en pâturages pour des troupeaux de moutons, pour le commerce de la laine alors en pleine expansion. Il s'ensuivit un très fort appauvrissement de la population rurale, entraînant parfois des mouvements de révolte, comme dans les Midlands en 1607. Le mouvement des enclosures s'est heurté à une résistance des populations bénéficiaires des communaux, et tout particulièrement des femmes, du XVe au XVIIIe siècle. La révolte la plus connue est la Rébellion de Kett (en) en 1549 à Norfolk, du nom de son instigateur, Robert Kett1, fermier et tanneur. 16 000 personnes y participèrent et parvinrent à prendre Norwich, alors la deuxième ville d'Angleterre. Un programme de 29 revendications demande notamment l'arrêt des enclosures, la baisse du niveau des rentes et la possibilité pour toute personne de jouir des communaux, ainsi que l'affranchissement des serfs. La répression de la rébellion fait 3 500 morts et les frères Robert et William Kett sont pendus.

 

En 1607, 37 femmes menées par une «Capitaine Dorothy» essaient de reprendre des communaux à Thorpe Moor dans le Yorkshire.

 

L'historienne Silvia Federici met en relation le mouvement des enclosures et la résistance des femmes à la suppression des communs avec la chasse aux sorcières, notant que les régions touchées par les enclosures ont souvent vu des procès importants pour sorcellerie par la suite.

 

Au XVIIIe siècle, la Chambre des communes vote l'Enclosure Act qui met fin aux droits d'usage et démantèle les Communaux.

 

Selon l'historien Patrick Verley, «l’historiographie a longtemps centré son attention sur le phénomène des enclosures et sur ses conséquences sociales, mais elles ne constituent pas une révolution agricole, elles n’en constituent qu’un préalable, qui n’entraîne pas automatiquement un progrès de la production et de la productivité»

 

Le mouvement des enclosures peut être vu comme un mouvement de désintégration sociale. Il s'est accompagné de changements importants des pratiques agricoles, et est considéré par certains comme marquant la naissance du capitalisme (fr.wikipedia.org - Mouvement des enclosures).

 

Elizabeth et les enclosures

 

La Reine Elisabeth augmenta la limite en deçà de laquelle le blé pouvait être exporté. La réglementation des enclosures est un autre aspect de la politique sociale des Tudors Le but premier de l'agriculture était de produire du blé pour permettre à un maximum de population de vivre ; or, le peuple accusait l'élevage de violer ce principe. Étant donné que le mouvement des enclosures était lié à la conversion des terres à blé en pâturage, on s'insurgea donc à la fois contre ce mouvement et contre l'expansion des pâturages. La Reine Elisabeth promulgua une Loi en 1563 destinée à empêcher cette conversion des terres arables en pâturages. Après l'avoir annulé en 1593, les famines de 1596 & 1597, dont la cause fut attribuée aux enclosures, poussèrent les autorités à prendre des mesures pour reconvertir les pâturages en terres arables. Dans ce concert de voix officielles favorables à cette «économie sociale» des réactions contraires, bien que minoritaires, se sont élevées au milieu du XVIe siècle (Alain Clément, La pensée mercantiliste et la question des vivres aux XVIe et XVIIe siècles, Revue d'économie politique, Volume 103, 1993 - books.google.fr).

 

AlertĂ© par ce complexe d'Ă©vĂ©nements fâcheux, le Conseil royal, en mars 1598, se lança (bien en vain, semble-t-il) dans une offensive contre les marchands de beurre et de fromage, accusĂ©s d'encourager le dĂ©veloppement des enclosures Ă  l'encontre des emblavures ; accusĂ©s autrement dit de promouvoir la multiplication des bovins, au dĂ©triment de la production des cĂ©rĂ©ales dont le manque et la chertĂ© venaient cruellement de se faire sentir au cours des deux annĂ©es prĂ©cĂ©dentes (Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire humaine et comparĂ©e du climat, Tome 1 : Canicules et glaciers (XIIIe-XVIIIe siècles), 2004 - books.google.fr).

 

Acrostiche : LFCL, ELEF CEHEL

 

Le manuscrit des Conclusions qui se trouve Ă  la Bibliothèque de Vienne propose l'explication suivante : le nom du Père est Cehel (intelligens), celui du Fils hamatkil (intellectus) et celui du Saint-Esprit humazkal (intelligibile). La source de cette interprĂ©tation se trouve probablement dans le Guide des Ă©garĂ©s de Maimonide oĂą il est expliquĂ© que Dieu unit en Lui-mĂŞme l'intellect, l'intelligence et l'intelligible (I, LXVIII). Cette interprĂ©tation ne peut pourtant pas ĂŞtre retenue car on peut lui opposer quatre objections : ces noms ne sont pas des noms de Dieu mais ceux d'attributs divins ; la source de cette explication se trouve dans un passage des MĂ©taphysiques d'Aristote et, si des thĂ©ologiens juifs se sont fondĂ©s sur ce texte pour montrer qu'en Dieu la connaissance, le connaissant et le connu sont identiques, ils n'ont jamais fait appel Ă  lui pour nommer Dieu ; il faut ajouter aussi que ces trois noms ne se trouvent pas chez les auteurs kabbalistes ; enfin la thèse annonce des noms formĂ©s de quatre lettres et ce n'est pas le cas de ceux qui sont avancĂ©s. Pierre Galatino a proposĂ© une autre exĂ©gèse (Fernand Roulier, Jean Pic de la Mirandole (1463-1494), humaniste, philosophe et thĂ©ologien, 1989 - books.google.fr).

 

Elef : Thousand; cattle, oxen; a thousand, company (as a company of men under one leader, troops) ; a city in the territory of Benjamin (Brian Pivik, Gematria and the Tanakh, 2017 - books.google.fr).

 

Juts as during the reigns of Henry VII and Henry VIII a few seeds of the continental court conception of Plato had managed to land on English soit, only to expire, so another such seed landed during the reign of Edward VI, and with similar effect. In 1551, John Dee returned to England alter studying for four years on the continent. At the time of his departure from England Dee had held a position as Reader of Greek at Trinity College, Cambridge, but on the continent he had studied primarily with the occultists Johann Trithemius and Cornelius Agrippa. As a consequence of his study of Agrippas De occulta philosophie, and of its sources, Dee became the first Englishman to acquire a thorough understanding of the continental court interpretation of Plate (on Dee see French, 1972; Calder, 1952; Clulee, 1988; Deacon, 1968; Firpo, 1952). Dee brought bock with him from the continent an impressive collection of books in the field of Platonic occultism. Among the occultists themselves he owned works of Agrippa, Giorgio, Reuchlin, and Trithemius, and all of the major works of Ficino. As for Plate, Dee owned two copies of the complete Works, four of the Timaeus, and one each of the Meno and Phaedo. He also owned, however, two Pseudo-Platonic works: two copies of Plato's Calf, and one of Plato's Fourth Book (Roberts-Watson, 1990; on Plata Fourth Book see above p. 91). Plato's Calf (Vacca Platonis) was a popular farmer's handbook showing how to cause rais to fall, how to make coma more intelligent, how to communicate with birds, etc. The work was of Arabic origin, but had been known in Latin translation in England since at least 1170 (S. Jayne, Plato in Renaissance England, 2013 - books.google.fr).

 

«Vos moutons, que vous dites d'un naturel doux et d'un tempérament docile, dévorent pourtant les hommes…» (Thomas More, Utopia, 1516) (fr.wikipedia.org - Mouvement des enclosures).

 

Bien que les moutons ne soient pas proprement "cattle" (bovins). 

 

Dee et les enclosures

 

John Dee arrived in Manchester on Monday afternoon, February 15, 1596, and took up his abode in the Collegiate as its Warden. Born in the village of Mortlake in 1527, he was already thus sixty eight years of age.

 

One of Dee’s first acts was to invite Sir John Byrom to dine in April 1596 raising the issue of tithes. He was later to discover that the baron’s tenants had built houses and barns on the grazing land of Newton Heath and they claimed ancient rights. In response, Dee employed Christopher Saxton to survey the lands especially those which bordered Failsworth and Newton and armed with the facts set about prosecuting Byrom’s tenants. But the dispute was never resolved and bad harvests in the next two years hampered any chance of increasing the amount raised from tithes (John Dee in Manchester   - history.aboutmanchester.co.uk).

 

Therefore, the encroachments still stood in November 1602, when the Duchy Court of Lancaster ordered the tenants to demolish the offending buildings and pay the fines imposed by Dee's court. Byrom's tenants ignored both orders, because their landlord's enclosures meant they could not survive without grazing their animals on Newton Heath (Glyn Parry, The Arch Conjuror of England: John Dee, 2012 - books.google.fr).

 

"maintenir" : Je maintiendrai

 

La devise de la ville d'Orange et de la famille franc-comtoise de Châlon – «Je maintiendrai» – est également toujours inscrite en français sous le blason de la famille royale néerlandaise. Les Néerlandais doivent donc la popularité de leur couleur fétiche à une ville française (Thomas Beaufils, La Hollande: idées reçues sur la Hollande, 2015 - books.google.fr, Jean-Pierre Soisson, Philibert de Chalon, Prince d'Orange, 2005 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain I, 32 - Translatio imperii et translation studii : la Laure de PĂ©trarque - 1580-1581.

 

Guillaume III d'Orange, qui accède au trĂ´ne de Grande-Bretagne Ă  la faveur de la RĂ©volution, prend la tĂŞte de la grande lutte contre la France, dont l'enjeu est essentiellement commercial et maritime : il dĂ©bouche, Ă  l'Ă©poque des Walpole et des Pitt, sur une expansion maritime et coloniale vigoureuse qui pose les jalons d'un empire britannique universel. L'exportation des cĂ©rĂ©ales est non seulement autorisĂ©e mais encouragĂ©e par le Corn Bounty Act de 1689, qui restera en vigueur tout au long du XVIIIe siècle, et dont le but, finalement atteint, est d'instaurer des prix agricoles satisfaisants et relativement stables. Ces prix favorables ont pour consĂ©quence l'augmentation des surfaces cultivĂ©es : pendant la seconde moitiĂ© du XVIIIe siècle, sous les gouvernements tory, on assiste Ă  la multiplication des enclosures, opĂ©rations de redistribution des terres communales et de remembrement des parcelles dispersĂ©es. Ce mouvement prend la forme soit d'arrangements entre les seigneurs et les communes, soit de nombreux private bills adoptĂ©s par le Parlement. La rĂ©partition des communaux se faisant en proportion de la surface des terres cultivĂ©es antĂ©rieurement, l'opĂ©ration profite essentiellement aux grands propriĂ©taires fonciers, qui peuvent alors faire valoir leur capital. Elle se retourne contre les petits propriĂ©taires pour qui la minuscule parcelle qu'on leur offre ne peut constituer un dĂ©dommagement satisfaisant Ă  l'immense perte que reprĂ©sente la disparition des communaux, et qui succombent bientĂ´t Ă  la convoitise des grands propriĂ©taires. Le vieux paysan anglais capable de subvenir Ă  ses propres besoins disparaĂ®t. Il cède la place aux latifundia de la grande noblesse, exploitĂ©es rationnellement sous forme de grandes fermes, et travaillant pour le marchĂ©. Le capitalisme agraire fait ainsi son entrĂ©e en Angleterre. Une grande partie de la population rurale afflue vers les villes et les rĂ©gions industrielles. LĂ , la florissante industrie cotonnière trouve la main-d’œuvre Ă  bon marchĂ© qui lui faisait dĂ©faut. Les restrictions Ă  la libertĂ© de circulation et Ă  la mobilitĂ© professionnelle, dĂ©finies par des lois datant du XVIe et du XVIIe siècle, tombent peu Ă  peu en dĂ©suĂ©tude au cours du XVIIIe siècle. Les juges de paix cessent de fixer pĂ©riodiquement les salaires, ce qui Ă©tait en fait une de leurs attributions. La fixation d'un salaire maximal, dont il s'agissait initialement, n'Ă©tait plus vraiment nĂ©cessaire face Ă  l'Ă©norme offre de main-d’œuvre et Ă  la tendance des salaires Ă  la baisse ; et il ne sera jamais question de fixer le salaire minimum dont les ouvriers avaient rĂ©ellement besoin. A l'Ă©poque de la guerre qui accompagne la RĂ©volution française, les salaires s'effondrent, tandis que les prix des denrĂ©es alimentaires s'envolent. L'usage regrettable s'impose peu Ă  peu de verser aux ouvriers agricoles les secours destinĂ©s aux pauvres, en complĂ©ment d'un salaire de toute Ă©vidence insuffisant. Quant au dĂ©lit de coalition, il date de 1800, et d'un moment de panique politique suscitĂ© par cette mĂŞme guerre. Depuis les rĂ©volutions du XVIIe siècle, l'Angleterre offre donc l'image d'un pays dans lequel l'entrepreneur capitaliste a pris le pouvoir dans les villes comme Ă  la campagne, et modèle Ă  son grĂ© la lĂ©gislation. La longue guerre menĂ©e contre la France Ă  l'occasion de la RĂ©volution française a exacerbĂ© cette politique favorable aux intĂ©rĂŞts capitalistes et mis simultanĂ©ment un terme Ă  l'Ă©dification d'un empire colonial universel. Du moins la RĂ©volution anglaise a-t-elle permis Ă  Cromwell de rĂ©aliser provisoirement l'unification de l'Angleterre, de l'Écosse et de l'Irlande pour former cet État unitaire que souhaitaient les Tudor. MĂŞme si la Restauration a mis un terme Ă  cette union, il n'en reste pas moins que ce but, Ă  la fois Ă©conomique et politique, a Ă©tĂ© atteint en deux Ă©tapes, en 1707 et en 1801, sous le règne du Parlement nĂ© de la RĂ©volution, faisant ainsi du royaume insulaire un marchĂ© unique (Otto Hintze, Le capitalisme moderne comme individu historique, FĂ©odalitĂ©, capitalisme et État moderne: Essais d'histoire sociale comparĂ©e choisis et prĂ©sentĂ©s par Hinnerk Bruhns, 1991 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2208 sur la date pivot 1598 (Conseil royal anglais de mars, après la famine de 1596-1597) donne 988.

 

Northamptonshire, like Leicestershire and Warwickshire, appears an archetypal enclosure county, but in common with those two it does not rank high in terras of enclosure map coverage. As in Leicestershire and Warwickshire, enclosure by act commenced relatively early in Northamptonshire, but if maps were produced they are no longer extant.  Only two Northamptonshire maps are the math of enclosure by agreement. One, the Haselbech map (1598), h the earliest known enclosure map in England and Wales; it is unusual for a map produced as a result of an agreement in Char à covers the whole parish (Roger Kain, Roger J. P. Kain, John Chapman, Richard R. Oliver, The Enclosure Maps of England and Wales 1595-1918: A Cartographic Analysis and Electronic Catalogue, 2004 - books.google.fr).

 

Le malheureux pays que sa position insulaire, aurait dĂ», semble-t-il, mettre Ă  l'abri des cataclysmes, qui secouèrent l'Europe dans les premiers siècles de l'ère chrĂ©tienne, allait encore connaĂ®tre d'autres invasions ; ce furent d'abord les Danois, mais ceux-ci avaient presque la mĂŞme origine et la mĂŞme langue que leurs vaincus, ils n'apportaient pas avec eux un nouveau système de tenure ou de gouvernement, aussi furent-ils bientĂ´t absorbĂ©s par eux et l'Angleterre, malgrĂ© cette seconde invasion, reparut après la tempĂŞte, telle qu'elle Ă©tait avant ; seule la dynastie avait changĂ©. Cependant les successeurs de Canut le Grand ne tardèrent pas Ă  rendre impopulaire la dynastie Danoise et le dernier roi de la vieille race anglaise fut rappelĂ© sur le trĂ´ne ; c'Ă©tait Edouard le Confesseur dont le nom est encore aujourd'hui cĂ©lèbre, comme le promulgateur de la common Lau ou loi commune, ainsi nommĂ©e parce qu'elle se composait de règlements applicables Ă  tous les habitants de l'Angleterre sans distinction de race (Henri de Lattre, Les actes d'enclosure, 1904 - books.google.fr).

 

Les habitants danois de l'Angleterre, soumis, non sans regret, Ă  des rois Ă©trangers pour eux, tournaient constamment leurs regards vers la mer, espĂ©rant que chaque brise leur amènerait des libĂ©rateurs et des chefs de leur ancienne patrie. Cette attente ne fut pas longue, et, sous le règne d'Ethelred, fils d'Edgard, les descentes des hommes du Nord en Bretagne, qui n'avaient jamais complĂ©tement cessĂ©, reprirent tout Ă  coup un caractère menaçant. En 988, sept vaisseaux de guerre abordèrent sur le rivage de Kent et pillèrent l'ile de Thanet; trois autres vaisseaux, se dirigeant vers le sud, ravagèrent les lieux voisins de Southampton, et des troupes de dĂ©barquement parcoururent et occupèrent, sur plusieurs points, la cĂ´te orientale. L'alarme se rĂ©pandit jusqu'Ă  Londres : Ethelred convoqua aussitĂ´t le grand conseil national ; mais, sous ce roi nonchalant, occupĂ© de plaisirs futiles et d'actes de dĂ©votion beaucoup plus que de soins militaires, l'assemblĂ©e ne se composait guère que d'Ă©vĂŞques et de courtisans, plus disposĂ©s Ă  flatter leur prince qu'Ă  lui donner de sages avis. Se conformant Ă  l'aversion du roi pour toute mesure prompte et Ă©nergique, ils crurent Ă©loigner les Danois en leur offrant une somme Ă©quivalente au profit que ces pirates s'Ă©taient promis de leur invasion en Angleterre (Augustin Thierry, Histoire de la conquĂŞte de l'Angleterre par les normands de ses causes et ses suites jusqu'Ă  nos jours en Angleterre, en Ecosse, en Irlande et sur le continent, Tome 1, 1859 - books.google.fr).

 

Dans les districts où l'influence de la conquête danoise se fit sentir, le township fut appelé By, et les règlements édictés par la commune By-laws, terme encore en usage aujourd'hui pour désigner les règlements communaux. Voici comment le rapport de la commission parlementaire anglaise décrit le township ou village à propriété collective du nord de l'Écosse. Le township des Highlands n'a jamais eu, dit ce rapport, une existence légale, suivant la loi Écossaise. Il a été simplement, au point de vue juridique, une ferme occupée en commun par plusieurs tenanciers. Autrefois le township comprenait presque toujours des terres arables et des pâturages, le scathald, exploités en commun. La terre arable était repartagée, de temps en temps, entre les occupants, conformément à la coutume locale, et le pâturage était livré à l'usage collectif du bétail, sans limitation ou suivant des règles fixes. L'appropriation privée de la terre cultivée n'était effective que depuis les semailles jusqu'à la récolte. Les traces fugitives de l'occupation individuelle faisaient place ensuite au pâturage des animaux, qui erraient partout sur les pâtures et sur les terres arables. Vers la fin du siècle dernier et au commencement de celui-ci, les terres ont été, sauf en des cas exceptionnels, définitivement allouées et attachées à une exploitation particulière (Emile de Laveleye, La propriété primitive dans les townships écossais, Revue des travaux et comptes rendus de ses séances, Volume 124, 1885 - books.google.fr).

 

Lorsque ces communautĂ©s urbaines naquirent des townships ruraux ou furent fondĂ©es sur la terre publique, leurs institutions et leur organisation durent demeurer libres jusqu'Ă  l'Ă©poque oĂą le roi commença Ă  ĂŞtre considĂ©rĂ© comme le propriĂ©taire de la terre publique, et le seigneur de tout homme qui n'en avait pas d'autre. La conception du township libre y fut conservĂ©e; l'autoritĂ© municipale n'eut pas d'autre principe, d'organisation : le magistrat placĂ© Ă  la tĂŞte du burh Ă©tait le geresa ; dans les endroits commerçants comme Londres ou Bath, c'Ă©tait le port-gerefa, dans d'autres le wic-geresa, ou le tun-gerefa simplement ; ses assesseurs Ă©taient les possesseurs des terres qui avaient Ă©tĂ© assignĂ©es aux colons primitifs ou des domaines qui avaient Ă©tĂ© formĂ©s par la rĂ©union de lots de cette sorte. Les terres communes du burh tĂ©moignaient qu'il Ă©tait nĂ© dans une sociĂ©tĂ© oĂą le système de la mark n'Ă©tait pas encore oubliĂ©. On ne peut dire que très peu de choses certaines sur la constitution du burh primitif. Nous savons par Bède que Lincoln avait un geresa au VIIe siècle et par le Domesday que cette ville Ă©tait gouvernĂ©e au XIe par douze magistrats (la geman) qui avaient hĂ©ritĂ© leur juridiction, leur «sac et soc», avec leurs domaines. […]

 

Les cinq burhs danois, Lincoln, Nottingham, Derby, Leicester et Stamford, n'avaient pas seulement des privilèges spéciaux, mais une organisation commune, qui paraît être une sorte de confédération : mais l'histoire en est très obscure (William Stubbs, Histoire constitutionnelle de l'Angleterre: son origine et son développement, Tome 1,traduit par G. Lefebvre, 1907 - books.google.fr).

 

Dans la Germanie, comme en Russie et dans l’Inde, la communautĂ© de village avait pour fondement des relations de famille provenant d’une origine commune. Comme le clan Ă©cossais ou la gens romaine, les habitans du dorp conservaient la tradition qu’ils descendaient d’un mĂŞme ancĂŞtre. Dans le nord Scandinave, oĂą les savans danois ont retrouvĂ© tant de traces de la primitive organisation agraire, la terre a Ă©tĂ© cultivĂ©e d’abord par des groupes dont le nom indique la plus intime relation ; ils s’appelaient skulldalid et frändalid, association d’amis. L’ancien groupe familial, qui constitue l’unitĂ© sociale chez les peuples nomades, s’était conservĂ© après que la tribu s’était assise sur le sol pour s’adonner Ă  l’agriculture. Il en rĂ©sultait que la communautĂ© exerçait un droit de domaine Ă©minent, mĂŞme sur ce qui Ă©tait propriĂ©tĂ© privĂ©e. Nul ne pouvait vendre son bien Ă  un Ă©tranger sans le consentement des associĂ©s, et ceux-ci avaient toujours un droit de prĂ©fĂ©rence. La partie du territoire commun destinĂ©e au pâturage du bĂ©tail s’appelait mark ou marke, marca en latin du moyen âge. Comme le pâturage comprenait de beaucoup la plus grande partie du terrain, ce terme s’appliquait aussi Ă  l’ensemble des terres cultivĂ©es, des terres vagues et des bois. Quand une tribu occupait une vallĂ©e, c’était celle-ci tout entière qui formait la mark. Les contrĂ©es colonisĂ©es aux limites du territoire germanique s’appelaient aussi des marken. L’Autriche et la Carinthie Ă©taient des marken ; de lĂ  vient le nom de marquis, markgraf, chef de la mark. Le mot gau avait Ă  peu près le mĂŞme sens que mark ; on le retrouve comme terminaison dans le nom d’un grand nombre de districts, dont les gaugrafen ou comtes du gau Ă©taient les chefs. Les limites de la marche Ă©taient indiquĂ©es par des pierres, des pieux ou des arbres plantĂ©s en grande cĂ©rĂ©monie (Émile de Laveleye, Les Formes primitives de la propriĂ©tĂ©, Revue des Deux Mondes, 2e pĂ©riode, tome 100, 1872  - fr.wikisource.org).

 

Dunstan, l'un des champions les plus intrépides du célibat des prêtres et de la suprématie papale, au moment où Rome était le théâtre de scandales sans nom, appartenait par sa naissance à la race royale anglo-saxonne. Né vers 925, d'une constitution faible et délicate, il manifesta de bonne heure des dispositions remarquables pour l'étude ainsi qu'un penchant prononcé pour les visions et la vie ascétique. Elève de la célèbre abbaye de Glastonbury, alors peuplée, en grande partie, par des moines scots de cette Irlande, qui avait conservé la connaissance et le goût des langues anciennes, il fit de rapides progrès et se vit introduit à la cour du roi Athelstane par son oncle Athelon, archevêque de Cantorbéry. Son esprit cultivé, son talent pour la sculpture et la musique lui concilièrent la faveur du roi, mais en lui suscitant des envieux qui attentèrent à ses jours. Réfugié chez son oncle, il résista d'abord à sa volonté par amour pour une jeune fille noble, mais il vit dans une grave maladie dont il fut atteint, un avertissement de Dieu, se voua à la vie monastique et se plongea dès lors dans les austérités les plus cruelles. Esprit rigide, insensible aux élans du cour, aussi dur aux autres qu'à lui-même, incapable de reculer devant le nombre de ses adversaires et sacrifiant tout à une idée, il résolut de soumettre l'Eglise d'Angleterre à l'autorité de Rome. Dans ce but, pendant les règnes d'Edrie, d'Edwy et surtout d'Edgard, il introduisit à Glastonbury la règle de Saint-Benoit, força, après une résistance énergique, les prêtres mariés à se retirer devant les moines, créa quarante abbayes de bénédictins, et se fit restituer par Edgard les biens d'Eglise usurpés par les Thanes et que le roi leur racheta. Dunstan, que l'on a comparé à Wolsey (1471 - 1530), ne craignit pas de tenir tête à la papauté et aux rois eux-mêmes. Ayant osé arracher publiquement des bras de sa jeune épouse Elgide le roi Edwy, auquel il reprochait une alliance à un degré prohibé par Rome, Dunstan, poursuivi par les fureurs de la reine et de sa mère Ethelgide, dut s'exiler à Gand et vit ses réformes un moment compromises. Après la mort misérable du jeune roi, assassiné ainsi que sa femme par des fanatiques révoltés à la voix d'Odon, archevêque de Cantorbéry, partisan dévoué de Dunstan, celui-ci fut rappelé par Edgard, jeune prince de seize ans, qui lui donna les siéges de Worcester, de Londres et de Cantorbéry. Soutenu par son ami Æthelwold, évêque de Winchester, par le savant Aelfrid, par une armée de moines prêts à tout, Dunstan écrasa ses adversaires sous le poids de son génie et de son influence et ne craignit pas d'infliger au roi, dont il avait jusqu'alors supporté les dérèglements, une pénitence publique pour avoir enlevé une jeune religieuse. Ses adversaires l'ont accusé sans preuves formelles d'avoir comploté la mort de ses rivaux en les réunissant en synode dans une chambre du palais royal, dont le plancher fléchit sous leur poids et les écrasa tandis que lui-même était épargné ainsi que ses partisans. A la mort d'Edgard, il fit nommer son fils, Edouard le Martyr, qui ne régna que trois ans et que sa belle-mère fit assassiner pour assurer le tròne à Ethelred l'indolent. Dunstan, irrité, prophétisa les malheurs qui allaient bientôt fondre sur l'Angleterre sous un roi favorable à ses adversaires. Sa mort est survenue en 988, le 19 mai, pendant qu'il officiait dans sa cathédrale, où il fut inhumé. Les écrivains protestants ont souvent vu en lui un instrument aveugle de l'ambition romaine, un Laud sans scrupules, un prélat sans cour (Encyclopédie des sciences religieuses, Tome 4, 1878 - books.google.fr).

 

Dunstan et Dee

 

Saint Dunstan était supposé avoir été un alchimiste, était considéré comme le patron des orfèvres; mais un anonyme compilateur de manuscrits du dix-septième siècle affirme "qu'il n'avait d'autre élixir ou Pierre Philosophale que l'or et l'argent obtenus grâce aux bénéfices de la pêche, d'où provenaient orfèvrerie et argenterie, ainsi que ces mêmes métaux en barre, à destination du royaume. Pour l'essor de cette activité, il recommanda que trois jours par semaine soient consacrés à la pêche, ce qui causa également plus d'abstinence, d'où le proverbe d'après lequel Saint Dunstan prit le diable par le nez à l'aide de ses propres tenailles." Le "Livre de Saint Dunstan" est quelquefois mentionné dans les journaux du Dr. Dee, au sujet de la "poudre trouvée durant les fouilles en Angleterre", et il l'est d'une manière telle qu'elle nous induit à raisonnablement conclure que ce titre était celui du manuscrit de Glastonbury. Une oeuvre portant le même titre est sans cesse citée par le fils du philosophe de Mortlake, Arthur Dee, notamment en son Fasciculus Chemicus. Le British Museum possède une copie manuscrite, en latin, d'un autre traité attribué au même auteur, sous le titre de Arca Arcanorum, suivi du Tractatus Maximi Domini Dunstani, Episcopi Cantuariensis, veri philosophi, de Lapide Philosophico (Traité du Grand Maître DUNSTAN, évêque de Cantorbéry, vrai philosophe, sur la Pierre Philosophale). Divers manuscrits qui nous sont parvenus, à la fois en latin et en anglais, présentant de grandes différences au niveau des dates ainsi que dans la nature de leur contenu, sont toutefois attribués à Saint Dunstan. La première édition fut imprimée à Cassel en 1649. Certains critiques ignorants sont allés jusqu'à considérer le propre traité de Kelly comme l'authentique manuscrit de Glastonbury. D'autres, escamotant le rapport avec le saint, ont été enclins à penser que deux traités en vers, inclus par Elias Ashmole dans le Theatrum Chemicum Britannicum, constituaient le traité original - bien que n'étant pas consignés dans la langue d'origine. Il n'y a guère moyen de prouver cette hypothèse mais elle n'a rien d'impossible; et si on la rejette, les vers en question peuvent à coup sûr être considérés comme d'autres restes littéraires d'Edward Kelly (A.E. Waite, Alchemical Writings of Edward Kelly, 1893, traduit par Philippe Pissier - esoweb.free.fr).

 

Cependant, nous devons noter que John Dee, savant mathématicien, astrologue de la Reine Élisabeth Ière, s'intéressa à l'alchimie, grâce à Edward Kelly, voyant et visionnaire. Ces deux hommes travaillèrent ensemble de 1583 à 1587 et ils séjournèrent à Prague, près de l'Empereur Rodolphe II, où Dee put se procurer un miroir noir mexicain. Cependant, si Dee put entretenir de bons rapports avec l'Empereur, il n'en fut pas de même pour Kelly qui, dénoncé par les autorités pontificales, fut emprisonné ; il mourut lors de sa tentative d'évasion. Cependant, par voyance, Kelly aurait indiqué que saint Dunstan avait dissimulé dans un lieu secret, près de Glastonbury, un dépôt de poudre rouge ; Kelly aurait ainsi changé en or un morceau de cuivre découpé dans une bassinoire et aurait envoyé le tout à la reine (Jean-Pierre Bayard, La symbolique de la Rose-Croix, 1975 - books.google.fr).

 

 

 

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