Les cousins de Mayence X, 17 2189-2190 La reyne Ergaste voyant sa fille blesme Par un regret dans l'estomach enclos, Cris lamentables seront lors d'Angolesme, Et au germain mariage forclos. Ergaste Le prénom masculin
Ergaste se rencontre dans deux pièces de Molière, L'Etourdi et L'Ecole des
maris. Le nom avait été utilisé par Rotrou dans sa comédie de La Soeur
(1647) pour dénommer un valet intrigant, en référence à l'étymologie grecque
("ergon"). L'usage moliéresque du nom ne renvoie donc pas à la
tradition pastorale, dans laquelle Ergaste apparaît fréquemment : Ergasto
dans l’Arcadia de Sannazaro, le Pastor fido de Guarini, l'Aminta du Tasse, le berger Ergaste dans
L'Astrée, et, dans le prolongement de
celle-ci, Ergaste, amoureux dans la comédie La
Belle Plaideuse (1655) de Boisrobert (moliere.huma-num.fr). "ärgste" : très cruel (superlatif de l’allemand "arg")
(fr.pons.com). Le franconien ou dialecte de l'Allemagne moyenne (Hesse,
Franconie, Thuringe, etc.) est une langue teutonne (J.
Du Fief, Géographie détaillée, Tome 2 : Europe, 1878 - books.google.fr). Un mot germanique pour une reine venue de ce qui est
devenue l'Allemagne moderne. Fastrade, reine de France, fille de Rodolphe, duc de
Franconie, est morte Ă Francfort-sur-le-Mein en 794. Elle Ă©pousa, en 783, Ă
Worms, Charlemagne, qui venait de perdre sa femme Hildegarde. Cette princesse, d'une humeur impérieuse et
altière d'un caractère cruel, se fit haïr des nobles austrasiens (Grand
dictionnaire universel du XIXe siècle Larousse, Volume 8 : F - Gyz, 1872 -
books.google.fr). Fastrade est morte à Francfort, l'an 794. Éginhard nous a
laissé de cette reine un portrait peu flatteur. Il attribue à son arrogance la
révolte de Pépin le Bossu contre son père, et il ajoute : «Une autre conjuration s'était déjà formée
en Germanie, dans le but d'assassiner le roi Charles. Les auteurs, qui
croyaient cependant avoir pris les précautions les plus minutieuses, furent
découverts. Les plus coupables eurent les yeux crevés, et tous furent envoyés
en exil. Aucun d'eux ne subit la peine capitale, sauf pourtant ceux qui
voulurent résister aux soldats envoyés pour les arrêter et qui périrent ainsi
les armes à la main. La cruauté de la
reine Fastrade (Fastradae crudelitas) fut, dit-on, l'unique cause de ces deux
conjurations. Charlemagne cédant à ses conseils s'écarta quelquefois de sa
bonté naturelle ; de là , les mécontentements et les complots. Dans tout le
reste de sa vie, le roi se conduisit avec une telle modération et gouverna ses
Ă©tats et sa cour avec une telle sagesse que de toutes parts il recevait les
hommages les plus enthousiastes, les félicitations les plus chaleureuses, au
point que durant un si long règne, il ne fut articulé contre lui le plus léger
reproche d'injustice ou de cruauté.» Fastrade n'avait eu que deux filles. Son corps, transporté à Mayence, fut
enseveli dans le monastère de Saint-Alban. En dépit des récriminations
posthumes d’Éginhard, Fastrade trouva dans l'évêque d'Orléans, Théodulfe, un poète
qui voulut bien se charger de lui faire une Ă©pitaphe. Il faut croire que
l'ouvre Ă©tait difficile, car elle est courte et aussi peu Ă©logieuse que
possible. Le mot de la fin semble mĂŞme une ironie plutĂ´t qu'un Ă©loge. Voici les
trois distiques de l'évêque, poète : «Ici
repose le corps de la reine Fastrade, tranchée dans sa fleur par la froide
mort. Fille d'un noble père, elle fut l'épouse d'un puissant roi, aujourd'hui
Dieu l'appelle aux noces plus glorieuses encore du royaume des cieux. La
meilleure partie de son âme nous est restée, c'est le roi Charles. Que le Dieu
clément lui accorde de longs jours.» La cour de France ne pouvait se passer
de reine ; c'est ce qui résulte des plaintes d'Éginhard au sujet des femmes
nommées «concubines», auxquels Charlemagne s'attacha dans les dernières années
de sa vie. Ainsi que l'ont démontré les recherches les plus récentes de
l'érudition moderne, ces « concubines » ne furent autres que des
Ă©pouses morganatiques, telles que fut madame de Maintenon par rapport Ă Louis
XIV, avec cette différence toutefois que l'influence des concubines de
Charlemagne ne sortait point de l'intimité domestique. Autant est doux et utile
l'ascendant d'une femme vertueuse, autant celui d'une reine acariâtre et
hautaine comme Fastrade est nuisible et dangereux. Pour le moment, Charlemagne
contracta une troisième union avec Luitgarde, fille d'un comte allemand dont le
nom nous est inconnu. Luitgarde avait toutes les vertus qui manquaient Ă la
précédente reine (Joseph-Épiphane
Darras, Histoire générale de l'Eglise depuis la création jusqu'à nos jours,
Tome 18, 1873 - books.google.fr). Cousins germains "forclos" :
Emploi adj. en fonction d'attribut. Qui est exclu, rejetĂ©, maintenu Ă
l'extérieur (www.cnrtl.fr). Pépin le Bossu,
bâtard de Charlemagne, fomenta en 792 un complot pour prendre la couronne et
tuer le roi. Il semble avoir agi en partie par haine de la reine Fastrade (qui
n'eut pourtant que des filles !). Mais le complot Ă©choua et PĂ©pin fut
enfermé dans un monastère pour le reste de ses jours. La polygamie bafouait le sacrement du mariage et menaçait le trône.
C'est pourquoi, afin d'empĂŞcher Ă la fois la polygamie et les unions entre
proches parents, les pères du concile de Mayence, en 813, prirent des mesures
sévères, notamment en élargissant la notion d'inceste. Ils ne voulaient
plus tolérer la coutume germanique qui visait à renforcer le potentiel guerrier
de chaque lignage, sans souci des querelles qui en découlaient. Il s'agissait
en particulier d'empêcher que l'homme, pour maintenir des liens de famille à famille, n'épouse la sœur de sa
première femme, ou bien, pour éviter la dispersion de sa propre famille,
n'épouse la veuve de son frère ou de son oncle, ou sa nièce, ou sa cousine.
Bref, l'Église était d'abord hostile à la violence issue de la polygamie. Le concile de Mayence étend les
interdictions jusqu'aux cousins issus de germains. Cette forme de
prohibition de l'inceste vise en fait la polygamie endogame, simultanée chez
les hommes ou successive chez les femmes qui passaient comme concubines d'une
génération à l'autre. Dans le même lit pouvaient entrer des femmes qui étaient
sœurs, cousines, nièces les unes des autres. Il faut désormais aller se marier
en dehors du lignage, dont la cohésion se trouve réduite d'autant ; la
femme, dont le consentement sera nécessaire, ne fait plus partie, à la mort de
son époux, du cheptel de la tribu dans laquelle elle est entrée. Ceci,
rappelons-le, se passait en 813, un an avant la mort du patriarche
d'Aix-la-Chapelle, entouré de toutes ses femmes (Michel
Rouche, Charlemagne polygame et incestueux, L'Histoire, Numéro 64, 1984 -
books.google.fr). À Rome, on autorisait les mariages entre cousins
germains, mais les conciles prohibèrent ces mariages au deuxième degré
(canonique) dès le IVe siècle. Au VIIe siècle, le tabou de l’inceste incluait
donc certainement le deuxième degré : saint Léger tenta d'empêcher
Childéric II d’épouser sa cousine germaine. Le troisième degré était également
interdit, mais tout porte à croire que cette règle n’était pas respectée. On a
vu que les mariages entre cousins issus de germains Ă©taient courants en
Germanie à l’époque de Boniface et les capitulaires du VIIIe siècle réprimant l’inceste
durent réitérer l’interdiction et imposer la séparation des époux unis à ce
degré. Il faut également noter que, chez les Anglo-Saxons comme chez les
Francs, la terminologie classificatoire commençait, en règle générale, au
troisième degré de consanguinité et au deuxième degré d'affinité. Il me semble
donc que la terminologie classificatoire commençait avec la parenté épousable.
[…] L’époque
carolingienne marqua une rupture en matière normative. A Vermerie, en
758-768, la quatrième gĂ©nĂ©ration fut interdite sans pouvoir donner lieu Ă
dispense, même si elle n’entraînait pas la séparation des époux. Le concile
romain de 743 avait déjà interdit d’épouser la veuve de n’importe quel parent
consanguin (quant cognatus habuit), ce qui allait à l’encontre de toutes les
pratiques en vigueur. En 754-755, PĂ©pin se contenta de rappeler les
interdictions précédentes (défense d’épouser la mère et la fille, deux soeurs,
la nièce, la consobrina vel sobrina, la tante) en les étendant aux parentes
spirituelles (commuter, mère naturelle d’un filleul et matrina, marraine). En 813 cependant, au concile de Mayence,
tous les interdits furent réitérés, en particulier le quatrième degré, les
parents spirituels mais aussi les affins (RĂ©gine Le
Jan, Chapitre IX. La stratégie matrimoniale In : Famille et pouvoir dans le
monde franc (VIIe-Xe siècle) : Essai d’anthropologie sociale, 2003 -
books.openedition.org). Regret Le premier rĂ´le de
toute reine est à l'évidence de donner un héritier mâle au souverain. La
stérilité fut la cause probable de la répudiation de plusieurs d'entre elles,
peut-être de la fille de Didier, roi des Lombards, dont Charlemagne se sépara
au bout d'un an. Mais le fait que la reine mette au monde seulement des filles
est presque aussi difficile à supporter pour le roi : Fastrade, femme de Charlemagne, a deux filles, dont Théodrade, future
abbesse d'Argenteuil, puis de Schwarzach ; Richilde ne donne vie qu'Ă
un fils mort-né et à une fille, Rothilde, et surtout Frérone, mère de 6 filles
en moins de 10 ans, a du mourir prématurément, peut-être en accouchant (Comptes
rendus des sĂ©ances, AcadĂ©mie des inscriptions & belles-lettres, NumĂ©ros 3 Ă
4, 1998 - books.google.fr). "blesme" BlĂŞme adj. (blĂŞme - allem.
bleich, mot qui, adopté par la basse latinité, a pris la terminaison imus,
caractéristique des adjectifs, et est devenu blecimus, puis, par
transformation, blecime, blesime et par contraction blesme et blĂŞme ; l'accent
circonflexe nous prouve la présence antérieure du s. Très påle, d'un blanc mat,
livide, en parlant du visage, du teint (Grand
dictionnaire universel du XIXe siècle Larousse, Tome 2, 1867 - books.google.fr). Das
Bleichenviertel ist ein Quartier in Mainz, das am nördlichen Rande des
Stadtteils Mainz-Altstadt liegt. Es besteht aus Blocks eines ĂĽberwiegend
quadratischen Grundrisses: Die Hauptachsen bestehen aus drei StraĂźen, GroĂźe
Bleiche, Mittlere Bleiche und Hintere Bleiche, die alle parallel zur ehemaligen
Stadtmauer und zur KaiserstraĂźe verlaufen. Diese werden von QuerstraĂźen
gekreuzt, zum Beispiel von der Zanggasse. Hierin unterscheidet es sich deutlich
von allen anderen Vierteln der Altstadt, mit Ausnahme des Lauterenviertels, das
erst zwei Jahrhunderte später durch Anlandung während der Rheinbegradigung neu
geschaffen wurde. Vom
Mittelalter bis ins 17. Jahrhundert bestanden hier die
„Bleichwiesen“ – ein unbebautes Gelände innerhalb der aus römischer Zeit
entstandenen Stadtmauer, das von zwei Bächen durchkreuzt wurde, Zeybach und
Umbach. Wäsche, die in diesen Bächen gewaschen wurde, konnte
auf den angrenzenden Wiesen gebleicht werden. Auch das Gerberhandwerk
siedelte sich in der Nähe dieser Wasserläufe an (de.wikipedia.org - Bleichenviertel). Damit
die Wiesen allerdings bebaut werden konnten, wurde der Zeybach um 1657 vor der
Stadt in die Festungsgräben der Gartenfeldfront (Lage auf der heutigen
Kaiserstraße) umgeleitet, um das sumpfige Gelände trocken zu legen. Im Jahr 1663 ließ Johann Philipp von
Schönborn erst die "Große Bleiche" ausmessen, dann folgten die beiden
kleineren, nördlicher gelegenen Straßen. Die drei neuen Straßen "Große
Bleiche", "Mittlere Bleiche" und "Hintere Bleiche"
verliefen schnurgerade in Ost-West-Richtung und wurden durch QuerstraĂźen in
kleinere Wohnblöcke unterteilt. Somit war das Bleichenviertel die erste nach
barocken und neuzeitlichen Gesichtspunkten geschaffene Stadtanlage. Der
schachbrettartige Grundriss der breit angelegten StraĂźen stand so im krassem
Gegensatz zu den engen und verwinkelten Gassen der Mainzer Altstadt. Trotzdem
wurde der Verlauf vieler StraĂźenzĂĽge der Altstadt in den QuerstraĂźen des
Bleichenviertels aufgenommen (www.festung-mainz.de). AngoulĂŞme : cri et
décri Les premiers
princes Carolingiens prirent Ă tâche de remĂ©dier Ă ce dĂ©sordre en restaurant Ă
leur profit exclusif le principe romain. D'abord, sous PĂ©pin le Bref et dans le
commencement du règne de Charlemagne, les noms des monétaires disparaissent
vite des espèces en même temps que le
nombre des ateliers devient très restreint. Puis, à partir de 781, sous
Charlemagne, on ne lit plus sur les deniers carolingiens que le nom de
l'empereur ou du roi et celui des rares localités où étaient installés les
ateliers officiels ; la fabrication est placée sous le contrôle direct des
agents du pouvoir central. Bref, la monnaie, de nouveau monopolisée, redevient,
pour un siècle au moins, effectivement la chose de l'empereur franc ou du roi,
comme elle avait été la chose de l'empereur romain [moneta publica; res juris
regalis). Le nombre considérable des Capitulaires relatifs à la monnaie atteste
que cet état de choses restauré ne se maintint pas sans une rigoureuse
vigilance. PĂ©pin le Bref, Charlemagne, Louis le DĂ©bonnaire, Charles le Chauve
légifèrent fréquemment sur la monnaie; ils changent les types, le poids, le
cours des deniers; ils démonétisent des pièces anciennes pour leur en
substituer de nouvelles (moneta nova) dont ils édictent le cours forcé; ils
modifient la constitution des ateliers, insistant sur l'Ă©troite surveillance Ă
exercer sur les entrepreneurs de la monnaie, sur l'aloi du métal qui doit
toujours ĂŞtre excellent; ils pourchassent les faux monnayeurs, encore nombreux,
avec une impitoyable sévérité (Ernest
Babelon, La théorie féodale de la monnaie. In: Mémoires de l'Institut national
de France, tome 38, 1e partie, 1909 - www.persee.fr). Les contrats dans lesquels le prince s'engage à prévenir ses sujets assez longtemps avant de procéder à une mutation, et à changer les types de sa monnaie, sont plus nombreux encore : c'est le cri et le décri des monnaies, qui doivent avoir la plus large publicité préalable  (Ernest Babelon, La théorie féodale de la monnaie. In: Mémoires de l'Institut national de France, tome 38, 1e partie, 1909 - www.persee.fr). Il est permis de croire que jusque vers 774 Charlemagne
continua le système monétaire de son père, peut-être en modifiant quelque peu
les types; les deniers de ce roi, de 768 à 774, doivent donc former une série
pesant 27 grains 100 i1 gramme 22) : de 774 jusqu'Ă 814, le poids probable est
de 32 grains (1 gramme 707). En 781 a
lieu une démonétisation; en 794 le roi donna cours à de nouveaux deniers;
en 800 on s'occupa à réprimer les fabrications clandestines; cinq ans plus
tard, ainsi qu'en 808, on renouvelait ces mesures, et, pour faire cesser des
abus alors très-multipliés, on ordonnait que la monnaie ne serait plus frappée
que dans le palais, à moins qu'il n'ait été donné des ordres contraires.
Toutefois on laissait courir les pièces émises en dehors de la fabrication
officielle lorsqu'elles Ă©taient de bon aloi. On voit que la grande
préoccupation de l'administration de Charlemagne fut de centraliser le monnayage.
En disant que les deniers devaient être fabriqués exclusivement dans le palais,
je crois qu'il faut entendre qu'il s'agit d'une manière générale de la
résidence du souverain. En feuilletant le Regesta chronologico-diplomatica
karolorum de Böhmer et la liste des palais et maisons des rois de France de
Ducange, on retrouve les noms de plusieurs
localités qui figurent sur les deniers de Charlemagne. Citons Aix-la-Chapelle,
Arles, Chalon-sur-SaĂ´ne, AngoulĂŞme,
Laon, Liége, Lyon, Mayence, Reims, Strasbourg, Trévise, Tournay, Troyes, Verdun (Alphonse
Vétault, Léon Gautier, Charlemagne, 1877 - books.google.fr). En 768, Pépin le Bref, s'étant emparé de l'Aquitaine sur
le duc Waifre, la Saintonge rentra avec
elle dans le domaine de la couronne, puis en fut détachée de nouveau, pour
former, avec d'autres provinces, le second royaume d'Aquitaine, que Charlemagne
donna, en 781, à son fils Louis le Débonnaire (Les pièces portant AQVIT
ANIA ont dû être frappées à Angoulême,
puisque celles de Bordeaux, de la mĂŞme Ă©poque, portent BVRDI GALE, OU BVRDI
GALA, etc.) (Eugène
Désiré Letellier, Description historique des monnaies françaises, gauloises,
royales et seigneuriales, Tome 4, 1890 - books.google.fr). Acrostiche : LP CE LP : Liber Pontificalis (Louis
Duchesne, Le liber pontificalis, Tome 2, 1892 - books.google.fr). La première édition connue de ce livre a été donnée par
les soins de Pierre Crabbe, moine de l'ordre de St.-Augustin dans sa grande
Collection des Conciles, 2 vol. in-folio imprimĂ©s Ă
Cologne en 1538, et y est insérée sous ce titre : Liber pontificalis à Petro papa , usque ad
Nicalaum papam Ium, in quo eorum gesta describuntur, primorum per
Damasum papam reliquorum anteĂ per alios veteres ac fide dignos. Le
cardinal Baronius l'a fait entrer partiellement dans ses Annales ecclésiastiques, en 12 vol. in-fo,
Rome 1588. On a tout lieu d'ĂŞtre Ă©tonnĂ© qu'un si savant homme ait fait Ă
Anastase un reproche sérieux d'être entré dans tous les détails qui concernent
les objets d'art dont les papes et les princes chrétiens se sont plûs à orner les
anciennes églises; ces détails cependant, qui nous intéressent tant, sans son
livre, seraient restés ignorés ou l'objet de vagues conjectures pour une
infinité de monumens détruits, ou tellement dénaturés, qu'on n'en reconnaît
plus la destination. La mauvaise humeur de Baronius vient sans doute de ce
qu'Anastase a négligé de donner quelques particularités sur le pontificat de
Serge II, particularités que le savant cardinal regardait comme plus essentielles
à connaître que l'histoire des arts. Mais à quel écrivain n'a-t-il donc jamais
rien échappé, et Baronius, malgré toute sa science, est-il toujours infaillible
? Quoi qu'il en soit, Baronius a fondu dans ses Annales toute la partie du
texte du Liber pontificalis qui
concerne la vie des papes, c'est-Ă -dire depuis S. Pierre jusqu'au commencement
du 9° siècle, époque où s'arrête le Liber
pontificalis, et cette série des neuf premiers siècles n'était pas la plus
facile à rédiger. La première édition
qu'on puisse appeler complète, quoique dénuée de toute explication et remplie
de fautes, est celle qui parut à Mayence en 1602, avec ce titre : Anastasii sancte romanæ ecclesiæ
bibliothecarii historia de vitis romanorum pontif. á
beat. Petro apost., usque ad Nicolaum, nunquam hactenus typis excussa, etc.
Moguntiæ, in typogr. Joan. Albini. Ce fut l'Allemand Marc Velser qui la fit
paraitre. En 1649, Charles Annibal Fabrotius en fit Ă Paris une Ă©dition,
précédée de l'histoire ecclésiastique du même Anastase, et augmentée de
variantes tirées de plusieurs manuscrits, d'un éloge d’Anastase, de deux
catalogues des papes et d'une table des matières. Vers 1718, il en fut
entrepris, à Rome, une troisième édition, qui devait être composée de 4 vol. in-f', et enrichie de nouvelles variantes tirées de
différens manuscrits des bibliothèques du Vatican et de Florence; de plusieurs
dissertations des savans Luc Holsténius et Emmanuel Schelstrate, qui l'un et
l'autre avaient été gardes de la bibliothèque du Vatican (Annales
de philosophie chretienne, 1835 - books.google.fr, Louis
Duchesne, Le liber pontificalis, Tome 2, 1892 - books.google.fr). L'ouvrage est intitulé Liber Pontificalis par Giovanni Vignoli, préfet de la Bibliothèque
vaticane, en 1724. Le titre Liber
pontificalis devient classique à partir de l'édition de Vignoli, intitulée Liber pontificalis seu de Gestis romanorum pontificum
(fr.wikipedia.org -
Liber Pontificalis). L'"arcus stellae" mentionné à la rubrique de
Saint Etienne Ier, pape de 254 Ă 257, serait l'arc de Nero Claudius Drusus (-38 - -9), fondateur de Mayence. C'est aujourd'hui la Porte Saint SĂ©bastien :
elle est à peu près à l'endroit où étoit autrefois la Porte Capenne, où
commençoit la Via Appia (Joannes
Vignoli, Liber Pontificalis seu De gestis Romanorum Pontificum: quem cum codd.
mss. Vaticanis aliisque summo studio & labore conlatum emendavit,
supplevit, 1724 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Arc de
Drusus, M.
de L. M., Description historique de l'Italie, en forme de dictionnaire, 1776 -
books.google.fr). CE : Centurion
(Abréviations
tirées du «Dictionnaire des Abréviations latines et italiennes» de A.Capelli -
www.arretetonchar.fr). La dernière stratégie déployée par les archevêques de
Mayence dans ces relations ad limina pour obtenir une légitimité de Rome est le
recours au discours historique. Conçu comme un élément de rhétorique, ce
dernier vise avant tout Ă emporter la conviction de son destinataire.
Toutefois, on n’en trouve la présence que dans la première relation de 1609, de
telle sorte que le dossier des relations ad limina de Mayence s’ouvre sur une
de ces « généalogies fabuleuses89 » propres à la période moderne. Ce discours
historique est à mettre en parallèle avec la structure générale des relations :
il se déploie autour de deux pôles, l’histoire religieuse et l’histoire politique
- temporelle serait sans doute un terme plus exact. En ce qui concerne l’histoire religieuse, la relation parvient Ă
rattacher Mayence à l’un des membres les plus éminents de l’Église chrétienne
primitive puisque le document affirme que la ville a été convertie à la foi
nouvelle «par les œuvres de saint Crescent, disciple de l’Apôtre Paul, qui a
été le premier évêque pendant vingt-deux années». Avec l’action de Crescent
démarre également le cycle des évêques martyrs qui prouve leur zèle religieux et
celui de la cité : après Crescent donc, on trouve «saint Martin et saint
Crescentius ses deux successeurs immédiats, parmi beaucoup d’autres, ont
également obtenu la gloire de la sainteté par leur martyre». Enfin, ce cycle
des Ă©vĂŞques fondateurs se clĂ´t par la mention de Boniface et Willigis, moins
pour rappeler la date de l’érection de la cité en archevêché que pour illustrer
la succession d’ordinaires hors pair qui sont parvenus à maintenir et ancrer la
foi catholique dans la ville. Quant à l’aspect politique, s’il est plus
succinct, il n’est pas moins significatif puisque trois grands moments de
l’histoire germanique sont évoqués dans ce bref récit historique. En premier
lieu, la fondation de la ville de Mayence «sous les auspices de Claudius Drusus
Germanicus, pense-t-on, beau-fils d’Auguste, qui a fait victorieusement la
guerre en Germanie» est rattachĂ©e Ă la naissance de l’Empire romain. DestinĂ© Ă
montrer l’antiquité digne d’éloge de la cité, ce passage, déjà cité, fonde tout
autant le destin impérial de la ville et de son prince. Par une construction
parallèle tacite, le deuxième moment historique associe Mayence aux premiers
Carolingiens : «c’est à l’époque de Charlemagne et de Pépin que commence la
succession des ArchevĂŞques». Une nouvelle fois, le sort de Mayence est liĂ© Ă
une dynastie impériale, source de légitimité. Enfin, le troisième moment de ce
discours historique met en scène la nouvelle dignité acquise en 977 par les archevêques
de Mayence qui deviennent alors, d’après la relation, électeurs. S’il n’est
fait aucune mention de souverains Ă cette occasion, la date correspond
néanmoins aux premières années de l’Empire des Ottoniens. Une fois de plus,
donc, Mayence est associée à un moment important de la vie de l’idée impériale.
Dans ces trois exemples, il est intéressant de constater que la légitimité
politique de Mayence et de ses princes-archevĂŞques est Ă©troitement liĂ©e Ă
l’idée d’Empire. Si ce dernier est traditionnellement perçu comme une des
sources de la légitimité juridique dans la Chrétienté, son rapprochement avec
Mayence tend à exacerber cette relation. La cité rhénane est ainsi étroitement
associée à la permanence de l’idée d’Empire de même qu’à la défense du
christianisme catholique. Tout ce discours historique aboutit au règne de
Johann Schweikard von Cronberg qui constitue le dernier maillon de cette chaîne
; il en a hérité les qualités et les dignités. Enfin, ce développement
inaugural sur les origines de Mayence semble contenir toute la ligne
argumentative des relations Ă venir, qui s’efforcent d’étayer une lĂ©gitimitĂ© Ă
partir d’éléments spirituels et temporels. Ainsi, quel que soit le cadre
envisagé, la relation entre la papauté et les archevêques de Mayence est
essentielle Ă ces derniers pour leur permettre de construire et de renforcer
leur légitimité à l’intérieur du Saint-Empire. Cela est d’autant plus important
que la deuxième moitié du XVIe siècle et la première moitié du XVIIe siècle
sont des périodes où la cohésion interne de l’Empire est mise à l’épreuve, notamment
par la question confessionnelle, et où son rayonnement international, c’est-à -dire
sa capacité à servir de modèle hors de ses frontières et son poids dans le
règlement des questions entre les monarchies européennes, est relativement
faible. Dans ce contexte, la relation avec Rome permet aux archevĂŞques de
Mayence de remédier partiellement à ce dernier inconvénient tout en confirmant
leur importance institutionnelle dans le Saint-Empire (Étienne Bourdeu, Tropismes
et entropies des relations espagnoles dans le Saint-Empire In : Les archevĂŞques
de Mayence et la présence espagnole dans le Saint-Empire : XVIe-XVIIe siècle,
2016 - books.openedition.org, Miscelánea
conmemorativa del Concilio de Trento, 1563-1963: estudios y documentos, 1965 -
books.google.fr). Le nom de Crescens apparaît dans une inscription perdue,
autrefois dans l'Ă©glise Saint Laurent de Mayence : CIL XIII 6957 "Aulus
Baebius C(ai) f(ilius) / Scap(tia tribu) Cleme(n)s Faes(ulis) / m(iles)
l(egionis) XXII an(norum) XLI / stip(endiorum) XXIIII h(ic)s(itus) e(st) / Crescens L(uci) f(ilius) c(uravit) (Luciano
Lazzaro, Esclaves et affranchis: en Belgique et Germanies romaines, d'après les
sources Ă©pigraphiques, 1993 - books.google.fr). Il ne semble pas qu'il y ait d'Ă©glise Saint Laurent Ă
Mayence, mais l'inscription avait été repérée dans sa région (celle du doyen
Laurent Truchsess) par Johannes Huttich (Joseph
Fuchs, Historia Maguntiacensis ab urbe condita, Tome 1, 1772 - books.google.fr). Huttichius (Hüttich), archéologue et numismate mayençais,
né vers 1480, mort en 1544, est auteur de deux volumes importants :
Collectanea antiquitatum (Recueil d'antiquités trouvées dans la ville de
Mayence et aux environs). Mayence, 1520, in-fol. très
rare, avec 14 figures sur bois de divers monuments ; et Imperatorum vitæ, cum
iconibus et numismatibus ad vivum expressis, livre souvent réimprimé dans le
cours du XVIe siècle, mais dont l'édition originale, celle de Strasbourg, 1525,
in-8, contenant les premières épreuves des figures, est très rare et
recherchée. Ce n'est pourtant pas, comme on l'a prétendu, le premier livre où
l'on trouve les médailles des empereurs. Elles avaient déjà été publiées en
1517, par André Fulvius, dont l'ouvrage était connu de Huttich, qui s'en servit
pour le sien (Bulletin
du bibliophile, 1888 - books.google.fr). Ce qui a fait dire Ă certains, en particulier au XIXe
siècle : L'an 70, la 22e légion qui avait conquis la Judée et
détruit Jérusalem, sous les ordres de Titus, était en garnison à Magontiacum,
et, selon la tradition, saint Crescentius,
qui prĂŞcha un des premiers le christianisme sur les bords du Rhin, en faisait
partie comme centurion (Adolphe
Joanne, Itineraire descriptif et historique de l'Allemagne : L'Allemagne du
Nord, 1854 - books.google.fr). Typologie Le report de 2190 sur la date pivot 794 donne -602. Le président Bouhier (1673 - 1746) suppose que
l'Assuérus, qui selon le livre de Tobie, marcha avec Nabuchodonofor contre
Ninive, est Cyaxares ; que ce Prince ne monta sur le trĂ´ne qu'en 634 ; &
que les 28 années de la domination des Scythes ne peuvent ainsi expirer avant
606 : d'où il conclut que la ruine de Ninive est postérieure à l'an 606. Enfin il prétend que l'éclipse qui termina
la guerre de Lydie, est de l'an 597 ; & qu'ainsi les six années de cette
guerre commencerent en 602 ; d'oĂą il conclut que la prise de Ninive
doit être placée entre 606 & 602 (Henri-François
de Vence, La Sainte Bible en latin et en françois, Tome 5, 1749 -
books.google.fr, fr.wikipedia.org -
Jean Bouhier de Savigny). Il paroît que Darius apprit des Lydiens qu'il conquit,
l'usage de la monnoïe & la manière de la battre, & qu'il fit refrapper
leurs pieces d'or. Car avant la conquĂŞte de la Lydie, les Medes n'avoient point
de monnoĂŻe (Sir
Isaac Newton, La chronologie des anciens royaumes corrigée, traduit par
François Granet, 1728 - books.google.fr). Le premier qui fit
bättre en Perse de la Monnoie d'or & d'argent, fut Darius fils de Cyaxare,
ou, comme il est apellé dans l'Ecriture, Darius Monnote, le Mède, Fondateur de
la Monarchie Médo-Persienne. Ce fut sous son règne qu'on fit ces fameuses
Pièces d'or connues sous le nom de Dariques, qu'on préféra durant plusieurs
siècles, comme étant faites d'un or très pur, å toute autre Monnoie qui eut
cours dans l'Orient. Sur un des côtés il y a voit un Archer vétu d'une longue
robe, un couronne sur la tĂŞte, & tenant un arc de la main droite, & une
flèche de la gauche de l'autre côté étoit l'effigie de Darius. C'est à ces
Pièces qu’Agesilas faisoit allusion, quand, obligé à quiter l'Asie pour
appaiser les troubles qu'Artaxerxes avoit excités en Grèce à foree d'or, il
disoit que le Roi de Perse s'Ă©toit servi de trente mille Archers pour le
chasser de les Etats. Le Darique Ă©toit de mĂŞme poids & de mĂŞme valeur que,
la Statère Attique. Darius semble avoir appris des Lydiens l'art de faire de la
Monnoie, & fon usage; car les Mèdes n'avoient point de monnoie avant que
d'avoir conquis la Lydie ; au-lieu que Cræsus, Roi de Lydie avoit déjà fait
battre un nombre infini de Pièces d'or, apellées Cræsei. Or comme il n'étoit
pas dans l'ordre que la Monnoie des Lydiens eût cours après la destruction de
leur Royaume, nous croyons pouvoir supposer que Darius fit renouveler ses
Pièces, & fit mettre son effigie, sans en altérer le poids ni la valeur.
Toutes ces Pièces d'or, de même valeur & de même poids, que les Rois de
race Persane ou Macédonienne, firent battre dans la suite, furent apellées
Dariques, d'après ce Darius, qui en introduisit le premier l'usage (George
Psalmanaazaar, Histoire universelle depuis le commencement du Monde, jusqu'Ă
présent ; Traduite de l'Anglois d'une Société de Gens de Lettres, Tome 3, 1742
- books.google.fr). Darius le Mède est
un personnage du livre de Daniel, où il est décrit comme roi, et comme
ayant hérité du royaume de Babylone après la prise de sa capitale par l’armée
de Cyrus II en 539 av. J.-C. La majorité
des spécialistes actuels le considère comme une fiction littéraire,
possiblement influencée par Darius Ier, roi de Perse, qui régna plus
tardivement. Il y a eu diverses tentatives d’identification avec des
personnages historiques, dont notamment un supposé Cyaxare II, fils d’Astyage,
abondamment mentionné par Xénophon dans sa Cyropédie mais absent d’autres
sources, et considéré comme fictif par la majorité des historiens d’aujourd’hui
(fr.wikipedia.org -
Darius le Mède). Il s'en fallut même de peu que les Scythes n'imposassent
leur hégémonie à l'Iran sédentaire. Vers 628, ils subjuguèrent un moment la
Médie qui ne fut délivrée que par l'énergie du roi Cyaxare, le fondateur de
l'empire mède historique. C'est le temps de l'épopée scythe à travers l'Asie et
les vases grecs nous ont laissé l'image fidèle de cette tumultueuse cavalerie
barbare, encore que visiblement indo-européenne, qui remplissait l'Orient du
bruit de ses randonnées. Dès que les Perses eurent remplacé les Mèdes dans
l'hégémonie du monde oriental, ils se préoccupèrent de mettre l'Iran sédentaire
à l'abri de ces incursions de l'Iran extérieur. Cyrus conduisit sa dernière
campagne contre les Scythes du Turkestan. Darius
dirigea sa première grande expédition contre les Scythes d'Europe. Hérodote a
considéré cette autre campagne de Russie comme une folie de despote. En
réalité, il s'agissait, pour l'Achéménide, de réaliser une pensée politique
profonde : la persisation de l'Iran extérieur, l'unification paniranienne.
C'est ainsi que plus tard le franc Charlemagne, devenu maître de l'Occident
romain, fit l'unité du monde germanique par la conquête de la Germanie
ancestrale restée barbare au delà du Rhin. L'entreprise échoua et les
Scythes ayant échappé à la persisation restèrent paisibles possesseurs de la
Russie mĂ©ridionale jusqu'au IIIe siècle avant notre ère, et s'ils en furent Ă
cette époque dépossédés, ce fut par d'autres peuples de même race, par d'autres
Iraniens nomades venus de la Caspienne, les Sarmates (René
Grousset, L'Iran extérieur: son art, 1932 - books.google.fr). Une reine cruelle germanique La savante interprétation de ce quatrain très-remarquable
est due à M. l'abbé Torné-Chavigny (L'Histoire prédite et jugée par
Nostradamus, t. II, p. 28) : Scholies : Marie-Antoinette (la Royne), prisonnière &
réduite à travailler de ses mains comme une esclave (ergaste), verra Madame
Royale (sa fille) pâlie (blesme) par le chagrin que lui causeront les malheurs
de sa famille. Il y aura alors, dans la prison du Temple, des cris lamentables
de la jeune princesse qui sera duchesse d'Angoulême (d’Angolesme), par un
mariage purement extérieur (mariage forclos) avec Louis-Antoine de Bourbon, duc
d'Angoulême, son cousin germain (au germain), à qui elle aura été fiancée dès
1787 Latin : ergaster, ouvrier; ergastulum, prison oĂą l'on
enferme les esclaves. Pierre Rigaud a : estrange; au lieu de : Ergaste, qui est
dans Benoist Rigaud. Estrange est un mot roman qui signifie : Ă©tranger; or,
Marie-Antoinette était Autrichienne (estrange). Terme de jurisprudence: forclos, déclaré non recevable;
d'où : mariage forclos, mariage qui n'a pas reçu sa pleine exécution (Anatole
Le Pelletier, Les Oracles de Michel de Notredame, astrologue, médecin et
conseiller ordinaire des rois Henri II, François II et Charles IX, 1867 -
books.google.fr). Strictement le mariage, même non consommé, n'a pas été
empêché ou annulé. Madame Royale, le 17 janvier, se décide conformément aux vœux
de sa famille française. Les dispenses
nécessaires sont accordées par le pape sur l'intervention de l'ambassadeur
d'Espagne d'Azara. Arrivée de Madame Royale à Vienne ; égards, mais
surveillance dont on l'entoure. Le 30 janvier, Madame Royale s'engage
formellement avec le duc d'Angoulême ; la cour de Vienne se résigne au mariage (Revue
d'histoire moderne et contemporaine, Volume 6, 1970 - books.google.fr). Au Salon 1787, un portrait de Marie-Antoinette qu'un
visiteur aperçut hors de son cadre reçut de lui le nom de Madame Déficit. Au Palais-Royal, une gravure vendue sous le manteau
représentait la France agonisante. Auprès d'elle on voyait sur une table huit
palettes de sang que M. de Calonne venait de lui tirer. La reine tenait
l'assiette pour recueillir la neuvième palette. Monsieur s'avançait et
l'écartait pour bander la plaie avec une compresse. Au théâtre de Paris on
donnait Athalie, et le public applaudissait avec fureur la tirade du grand
prêtre : «Confonds dans ses conseils cette reine cruelle...» (Charles
Kunstler, Fersen et Marie-Antoinette, 1961 - books.google.fr). Cruelle Marie-Antoinette, VĂ©ritable auteur de
tout mal Approche-toi, viens
et respecte Ce redoutable
tribunal. Suivant la justice
et la loi, je suis ton juge, Il faut déclarer
désormais tous tes forfaits (Interrogatoire de l'infâme Marie-Antoinette
par le chansonnier Poirier, dit le Boiteux) (GĂ©rard
Walter, Le Procès de Marie-Antoinette, 23-25 vendémiaire an II (14-16 octobre
1793): actes du Tribunal révolutionnaire, 1993 - books.google.fr). Il s'agit d'établir contre la «mégère germanique», née du
mal et le perpétuant, une autre force d'engendrement : la maternité
républicaine, vertueuse, que chaque Française doit assumer. «Les époux qui
n'ont point eu d'enfants pendant les sept premières années de leur union, et
qui n'en ont point adopté, sont séparés par la loi et doivent se quitter.»
Marie-Antoinette engendre la discorde, distille le poison. Son sexe est
pestifère. De ses yeux jaillissent des éclairs. Elle est née de la nuit des
temps, mais aussi, ce qui est plus grave, d'une autre femme. Au-delĂ de
Marie-Antoinette se profile, effrayante, la lignée des «femmes dangereuses»,
des reines cruelles, jouisseuses et dévastatrices, mauvaises mères, suppôts de
tous les vices. Marie-Thérèse appartient sans conteste à cette engeance (Chantal
Thomas, La Reine scélérate. Marie-Antoinette dans les pamphlets, 2015 -
books.google.fr). Si Marie-Toinette avait été une femme moderne, elle
serait devenue présidente de la République. Elle n'avait pas la tête de
l'emploi. |