Des Vaudois à Saint Rémy de Provence

Des Vaudois à Saint Rémy de Provence

 

X, 29

 

2198-2199

 

De Pol MANSOL dans caverne caprine,

Caché et prins extrait hors par la barbe ;

Captif mené comme beste mastine,

Par Begourdans amenée près de Tarbe.

 

Barbes

 

Dans l'étude de la vie religieuse se pose quelquefois la question de l'hérésie. Mais, sauf éléments nouveaux, il n'y a aucune raison de supposer une propagation du catharisme dans ce qui forme aujourd'hui les Hautes-Pyrénées ; tout concourt même à la rendre improbable. Le fait que le vicomte de Béarn, comte de Bigorre par son mariage, et fidèle vassal du roi d'Aragon, a pris parti contre Simon de Montfort et les croisés ne prouve rien à cet égard. Au reste, l'évêque de Tarbes parviendra sans difficulté à marier la jeune comtesse Pétronille, après le décès de son époux, à un fils de Simon de Montfort. De même, il n'y a aucune raison de supposer une propagande des Vaudois dans notre région (Jean Baptiste Laffon, Le Diocèse de Tarbes et Lourdes, Tome 3, 1971 - books.google.fr).

 

Or notez que ces bons Vaudois

Suyuant le langage de Tarbes

Appellent en bon vieux lourdois

Leurs Ministres, leurs peres BARBES (François Garasse, Le Rabelais reformé par les ministres, et nommement par Pierre du Moulin, ministre de Charanton, pour response aux bouffoneries inserées en son liure De la vocation des pasteurs, 1679 - books.google.fr).

 

L'autre en preschant parle comm'un mastin (François Garasse, Le Rabelais reformé par les ministres, et nommement par Pierre du Moulin, ministre de Charanton, pour response aux bouffoneries inserées en son liure De la vocation des pasteurs, 1679 - books.google.fr).

 

François Garasse, né à Montauroux en 1585 et mort à Poitiers 19 juin 1631, fut en son temps un jésuite redouté de toute la sphère littéraire. Il publie Le Rabelais réformé par les ministres et nommément par Pierre du Moulin, ministre de Charenton, pour réponse aux bouffonneries insérées en son livre de la vocation des pasteurs (Bruxelles 1619, édition originale très rare, autres éditions : 1620 et 1621) (fr.wikipedia.org - François Garasse).

 

Garasse polémique avec le réformé Pierre du Moulin.

 

Pierre Du Moulin, né le 16 octobre 1568 à Buhy et mort le 10 mars 1658 à Sedan, est un théologien protestant français. Sa famille fuit la France suite aux persécutions. À Leyde, il prend pension chez Joseph Juste Scaliger, où il rencontre des personnages distingués et de grand mérite et s'y fait de puissants amis. Durant son séjour à Leyde, il fréquente, François du Jon, Paul Trude Choart, duc de Buzenval, alors ambassadeur de France à La Haye. De retour en France en 1599, il y sera pasteur. Dans cette année 1620, la situation politique se gâte pour les réformés. Pierre Du Moulin quitte alors la France pour Sedan où il arrive le 16 janvier 1621, pour quelque temps pensait-il ; il y resta 37 ans, jusqu'à sa mort (fr.wikipedia.org - Pierre Du Moulin).

 

Garasse déversait un flot d'injures sur les martyrs Vaudois et Albigeois, «les plus exécrables vilains qui furent jamais, diffamez, noircis et convaincus de turpitudes abominables par les historiens de leur siècle» (Arthur Piaget, Gabrielle Berthoud, Notes sur Le livre des martyrs de Jean Crespin, 1930 - books.google.fr).

 

Ou l'auteur de ce quatrain s'inspire de Garasse ou Garasse a lu ce quatrain.

 

"Pol MANSOL"

 

Ce sont des monuments Romains, qui rendent célèbre le site de Saint-Rémy au versant opposé des Alpilles. Sur un petit plateau s'élèvent côte à côte un Mausolée et un Arc de Triomphe. Ils témoignent de l'existence à cet endroit d'une ville Romaine importante, la cité de Glanum dont on exhume les restes. L'Arc de Triomphe, sous lequel passait la voie Aurélienne, est du meilleur style des débuts de la colonisation Romaine ; il est formé d'un arc en plein cintre dont l'archivolte est décorée de fruits et de feuillages. La voûte en berceau de l'arc a conservé des caissons hexagonaux sculptés. Le Mausolée haut de 20 mètres se compose de deux étages ornés de pilastres et se termine par une rotonde à coupole supportée par 10 colonnes Corinthiennes. Le premier étage est décoré de quatre bas-reliefs représentant les combats des Gallo-Romains contre les barbares et une scène de chasse au sanglier. De l'autre côté de la route, à droite en venant des Baux, les nouvelles fouilles. Non loin, l'Eglise Saint-Paul de Mausolé, ancien prieuré qui a conservé un délicieux cloître Roman.

 

On ne connaît pas la date exacte ni les origines du monastère de St-Paul de Mausolé. On sait seulement qu'il existait déjà à la fin du XIe siècle et que des seigneurs de Vénasque, de Châteaurenard et des Baux firent don à des "frères qui servaient Dieu" à l'Eglise de St-André et St-Paul, [plus tard, au début du XIIe siècle, St-Paul de Mausolé (Sanctus Paulus de Mausoleo)] d'un nombre assez important de terres et de propriétés représentant environ un tiers du territoire de St-Rémy (1080 à 1110). Ces «frères», une vingtaine environ, étaient des chanoines (Canonici) qui suivaient une règle de St-Augustin, sous la direction d'un prévot autonome (prepositus). D'après des documents conservés pour la plupart aux archives départementales de Vaucluse et qui vont de 1080 à 1317, on connaît la liste des prévots qui ont régi St-Paul de Mausolé, dont quelques-uns ont encore leur épitaphe obituaire dans le cloître de St-Paul (Compte-rendu du XVIIIème congrès Arles-Rhône 1934, Numéros 1731 à 1755, Rhodania; Association des préhistoriens des archéologues classiques et des numismates du Bassin du Rhône, 1936 - books.google.fr).

 

On va jusqu'à accuser Vaudois et Luthériens de sorcellerie. Selon H. Rolland, c'est pour cette raison que Joachim et Pierre de la Mer furent exilés de Saint-Rémy. «Vaudois» et «sorcier» deviennent synonymes comme le montrent quelques vers d'un poème publié en 1559 : «Toutes les nuits, vaudoise abominée, (tel est le bruit) gresse son corps ridé, / Et passe par la cheminée / Sur le dos d'un balai bridé» (Jean Doublet, Elégies). En revanche, il ne faut pas prendre en compte les actes iconoclastes pour justifier le terrible élan de passion populaire qui accompagna la sanglante campagne de persécution contre les Vaudois en 1545 (Jean-Claude Fermaud, Le Protestantisme en Provence en Avignon, dans le Comtat, la principauté d'Orange et le comté de Nice au XVIe siècle jusqu'à l'Edit de Nantes, 1999 - books.google.fr).

 

A Saint-Rémy fin 1558 les suspects de fide, s'il y en a, se cachent. C'est à partir de 1561 que la menace prend corps dans toute la région ; avant cette date ce n'étaient que des isolés qui se réfugiaient à Genève : un Barbentanais, Jean Rogon, en 1559 ; Joachim et Pierre de la Mer, de Saint-Rémy, en 1553 et 1555 (encore qu'Henri Rolland ait écrit que ce fut pour sorcellerie qu'ils furent exilés) (Provence historique: revue trimestrielle, Numéros 92 à 94, Fédération historique de Provence, 1973 - books.google.fr).

 

Caverne Caprine

 

Les carrières de Saint-Paul à Saint-Rémy étaient exploitées déjà par les Romains (Édouard Alfred Martel, La France ignoree, sud-est de la France, 1928 - books.google.fr).

 

Dans un commentaire allégorique médiéval du Cantique des cantiques, écrit vaudois imités des ouvrages catholiques, le Cantica, les chèvres et les cerfs sont les prédicateurs qui sautent de vertu en vertu (Édouard Montet, Histoire littéraire des Vaudois du Piémont, 1885 - books.google.fr).

 

Les Vaudois ne furent d'abord qu'une association laïque de fidèles, épris de la perfection chrétienne. Pierre Valdez, citoyen de Lyon, homme riche mais ignorant, se fait traduire les Évangiles, y lit que pour être parfait, selon l'ordre du Christ, il faut vendre ses biens et en donner le produit aux pauvres; il le fait, parcourt les rues et les places publiques en récitant des versets de l'Évangile et groupe autour de lui toute une multitude d’adeptes. L'archevêque s'en émeut, lui interdit à lui et aux siens de précher. Valdez en appelle au Pape Alexandre III. Dès l'abord, ce Pontife lui fut assez bienveillant. Au dire d'un chroniqueur, il approuva son projet de pauvreté volontaire et l'autorisa, ainsi que ses compagnons, à annoncer la parole de Dieu, si les prêtres le lui demandaient. Valdez et les siens étaient laïques. C'est la première requête de ce genre adressée au Saint-Siège. Les prêtres ne s’en souciaient guère; car ce piétisme laïque était, par son zèle apostolique, une condamnation publique de leur coupable inertie. Ces Pauvres Catholiques, comme on les appelait, n‘eurent point, assez de souplesse et vinrent se butter à la hiérarchie divine de l’Eglise. Ils s'y brisèrent et ne furent plus que des sectaires en révolte (Daniel-Antonin Mortier, Histoire des Maîtres généraux de l'Ordre des Frères Prêcheurs, 1905 - books.google.fr).

 

Le Concile de Vérone a lancé l'excommunication contre ces hérétiques nommés Vaudois ou Pauvres de Lyon en 1184 (fr.wikipedia.org - Eglise évangélique vaudoise).

 

C'est sous l'impulsion de Pierre Valdo, payant de sa poche la traduction de plusieurs livres de la Bible en franco-provençal vers 1180, que naîtra un engouement populaire pour la lecture et la propagation de la Bible en langue populaire et non plus en latin. En cela Vaudès est un précurseur de la Réforme. De même, il est précurseur de la réforme en proposant que les laïcs soient prédicateurs de l'évangile, tout croyant seul face à Dieu pouvant porter le message (fr.wikipedia.org - Vaudès).

 

Typologie

 

La date pivot de 1553/1555 permet d'obtenir depuis 2199 une date du début du Xème siècle.

 

Et c'est précisément parce qu'en 903, le Comte Thybert, qui mourut vers 910, exerçait, sans le titre, les fonctions d'une sorte de Duc ou Marquis de Provence, qu'il put faire donner un territoire sis au Comté d'Avignon à l'Evêque d'un autre Diocèse de la même  Marche, à Amelius d'Uzès. Tous les Auteurs ont signalé avec raison les particularités topographiques, géologiques, biologiques du pays de l'Uzège «qui se traduisent en géographie humaine d'une manière si nette, que cette partie du Gard vit à l'écart du reste du département et qu'elle est attirée par la vallée du Rhône plus que par Nîmes, le chef-lieu du département» (L. Marcelin. Enseignement de la forêt de Valbonne, 1931, p. 16). Et l'on n'a pas manqué de noter dans l'histoire des pays de la rive gauche du Rhône, notamment dans Avignon « ces traces d'influence de l'Uzège, qui tout en pouvant s'expliquer par le voisinage, paraissent bien supposer la nécessité  de l'influence au moins momentanée sur Avignon d'un personnage, originaire d'Uzès... le vicomte Brémond, d'une Charte de 976... qui pourrait bien être même un neveu de l'Evêque Amelius» (G. de Manteyer. La Provence du Ier au XIIe siècle, p. 351 et 352). Au XIIe siècle encore, on trouve dans la Provence rhodanienne des familles influentes d'origine uzégienne. C'est ainsi que le Musée (Arles, 1874, 1875, p. 26, 36, 37, 55, 110 etc.) signale parmi les Consuls d'Arles : Raimundus de Ucesia (1177), Hugonetus de Ucessia (1182), Bertraudes de Ucessia (1190), un second Raymond d'Uzès en 1210 et 1230, et un troisième en 1343. Et à Saint Paul de Mausole, dont le campanile roman, se dresse, comme on le verra plus loin à l'emplacement même d'une des plus vieilles églises de l'Ager fretensis, «Guillelmo de Uzès» donne en 1177, audit Monastère de Saint Paul, son jeune fils Stéphane, alors âgé de trois ans « puerulum fere trium annorum » (Arch. Vaucluse. G1. 658, N° 12). Décidément il n'y a aucune raison de faire d'Amelius un Evêque d'Avignon. Dès lors, on aimera peut-être trouver ici, sur Amelius d'Uzès, quelques indications biographiques susceptibles de nous aider à comprendre encore mieux, si c'est possible, la raison, l'importance et l'intérêt pour nous de notre fameuse Charte de Septembre 903. Le premier document où paraisse le futur Evêque d'Uzès est une lettre du pape Jean VIII «ad Amelium presbyterum et Leonem abbatem, de Monasterio S. AEgidii», au prêtre Amelius et à l'Abbé Léon, au sujet du Monastère de St Gilles, la lettre, datée du 21 juillet 878 parle des tentatives récentes faites par Girbert, Evêque de Nîmes, pour soumettre Saint Gilles à son autorité, malgré l'opposition du Pape Nicolas et la décision des Evêques régionaux, réunis en Concile, Arles (Mémoires, Volumes 11 à 12, Institut historique de Provence, 1934 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain V, 57.

 

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