Les débuts du règne du roi de France Charles VI X, 16 2189 Heureux au regne de France, heureux de vie, Ignorant sang, mort, fureur et rapine, Par non flateurs sera mis en envie, Roy desrobé, trop de foy en cuisine.. Roosebeke Dans ce contexte de révolte antifiscale généralisée, la
Flandre pose un problème aigu : Louis de Male, comte de Flandre, est en butte Ă
la révolte des tisserands gantois (révolte des Chaperons blancs) depuis 1379. Vaincu
à Bruges le 3 mai 1382 par les Gantois emmenés par Philippe van Artevelde,
Louis de Male doit se réfugier à Lille. Il fait alors appel à l'aide de son
gendre Philippe le Hardi. Ce dernier, en qualité d'hériter présomptif des
domaines du comte et donc de la Flandre, a tout intérêt à remettre de l'ordre
dans la province. Avec l'aide de son frère Jean de Berry, il convainc
facilement son neveu le jeune Charles VI qui a 14 ans et rĂŞve d'exploits
militaires, de la nécessité d'une expédition en Flandre. C'est une armée à la hauteur de l'enjeu qui se met en
marche derrière le jeune Charles VI : elle compte au moins 20000 hommes.
Philippe en fait naturellement partie Ă la tĂŞte de 2000 hommes. C'est surtout
une armée rodée qui a chassé les Anglais du Royaume et qui est invaincue depuis
1369. À sa vue, les villes flamandes se soumettent les unes après les autres,
payant un tribut qui finance l'expédition. Le but est d'écraser Artevelde en
bataille rangĂ©e pour rĂ©tablir l'autoritĂ© royale. Voyant que le pays se dĂ©robe, il se retourne et rencontre l'ost royal Ă
Roosebeke le 27 novembre 1382. Les rangs flamands se désorganisent et, cernés, sont complètement écrasés par la contre-attaque. Arteveld est tué, l'esprit de la rébellion est brisé. Les Brugeois négocient leur soumission dès le lendemain moyennant un tribut de 120000 francs et leur adhésion à l'obédience de Clément VII (fr.wikipedia.org - Charles VI (roi de France)). "Roy desrobé" Cependant, Charles
VI n'assiège pas Gand, ce qui lui permettrait pourtant d'en finir
définitivement : ses oncles savent que le siège risquerait de s'éterniser
et il faut se prémunir d'une révolte généralisée du reste du Royaume. Une
partie de l'armée est licenciée et le reste rentre avec le roi qui compte sur
les villes pour acquitter le reste des soldes dues. Avant de regagner Paris, Charles VI tient Ă montrer sa
détermination d'en finir avec la révolte flamande. Il décide de détruire et
brûler la ville de Courtrai, laquelle était devenue le symbole de la résistance
flamande après la débâcle de la chevalerie française en 1302 (fr.wikipedia.org
- Charles VI (roi de France)). "Heureux au
règne" etc. Le mouvement eschatologique pro-français se concrétisa
notamment par une prophétie latine que son éditeur M.
Chaume date de la fin 1380, entre le 16 septembre (mort de Charles V) et le 4
novembre (sacre de Charles VI), et à laquelle il prête une large diffusion. Le programme de cette pièce est très
précis: sacre de Charles VI à l'âge de 14 ans, pacification du royaume en l'an
14 de son règne, pacification de la chrétienté de l'an 14 à l'an 24 de son
règne, suivie du couronnement impérial, de la réunification des Eglises
chrétiennes, de la croisade victorieuse et finalement, en l'an 31 de son règne,
de la déposition de la couronne au pied du Mont des Oliviers (Thierry
Lassabatère, Le bestiaire prophétique et politique d'Eustache Deschamps :
origines et significations, Autour d'Eustache Deschamps: actes du Colloque du
Centre d'études médiévales de l'Université de Picardie-Jules Verne, Amiens, 5-8
Novembre 1998, 1999). Cf. quatrain VI, 78 - Millénarisme - 1982-1983. La jeunesse de Charles VI en fait un ignorant des
malheurs de la guerre. "foye en cuisine" Raconter ces luttes entre la féodalité et les gens des
métiers, ces querelles entre les ongles bleus (les ouvriers) et les mangeurs de foie (les marchands), c'est
raconter en partie l'histoire de la tapisserie en Europe pendant cette période.
Les tapissiers formaient en Flandre la corporation la plus brillante, la plus
relevée de la nation des tisserands, qui, pendant ce temps de discorde, se
signala continuellement par sa turbulence et, il faut le dire, par son
initiative et son courage. Leur nombre était considérable. D'après Oudegherst,
(Chroniques de Flandre, p. 295), Ă Gand, les tisserands occupaient vingt-sept
carrefours, et formaient, à eux seuls, un des trois membres de la cité. Autour
d'Ypres, ils Ă©taient 200,000 en 1342; Ă Louvain, avant leur Ă©migration en
Angleterre, vers 1382, ils Ă©taient 50,000. Ce furent les tisserands qui
donnèrent le signal du massacre des Français à Bruges, le 21 mars 1302, et plus
d'un baron à Courtrai dut périr sous les maillets de plomb des tapissiers. Après
la prise d'Ypres en 1380, Louis de Nevers fit couper la tĂŞte Ă plus de 700
foulons et tisserands; et en 1382, cette corporation se fit bravement Ă©craser,
en disputant au pont de Commines le passage de la Lys à l'armée française (Albert
Castel, Les tapisseries, 1876 - books.google.fr). Pour la ville de
Gand la période 1384-1453 a été bien étudiée. On l’a vu, en novembre 1301,
par la charte de Senlis, le roi avait décidé que les 26 échevins (deux bancs de
13) seraient renouvelés tous les ans par huit électeurs, quatre nommés par les
Ă©chevins sortant, quatre par le prince. Telle Ă©tait la loi. Tout autre la
coutume. Dès 1302 les «bonnes gens» ou «poorters», c’est-à -dire bourgeois,
avaient dû céder une part des sièges scabinaux à ceux des métiers. Depuis
l’éviction des foulons en 1360 les 26 étaient composés de trois «membres»,
savoir six «poorters», dix tisserands et dix des 53 petits métiers (dont deux
bateliers, un boucher, un boulanger, un brasseur etc.). De mĂŞme pour les autres
collèges de l’administration urbaine, pour les institutions caritatives et
paroissiales. En fait les deux Grands Doyens, celui des tisserands et celui des
petits métiers, disposaient d’un très grand pouvoir, d’un pouvoir volontiers
abusif. Au besoin on consultait la Collace, une assemblée d’une centaine de membres
dont dix bourgeois mais aucun foulon. Les capitaines Ă©taient une magistrature
insurrectionnelle. Telles étaient les «coutumes» que le duc voulait abolir afin
de ramener les Gantois à la lettre de leurs anciens privilèges. D’ailleurs,
dans la pratique, les quatre Ă©lecteurs du prince Ă©taient rĂ©duits Ă
l’impuissance. Naturellement le peuple n’était pas consulté. Ce n’était pas une
démocratie, comme on le dit par commodité, mais une oligarchie, comme avant
1302, et avec les mêmes abus, voire une ochlocratie. Ce système politique
produisit en effet une clique de politiciens professionnels avides et
corrompus. Ils étaient inscrits pour la forme dans un métier, mais ils ne le
pratiquaient pas. Ils trustaient les fonctions lucratives. Ils Ă©taient les
fournisseurs privilégiés de la ville et les fermiers des assises. Ils étaient
comblés de présents et de robes et leurs frais de mission étaient très
généreusement calculés. A en croire ses admirateurs ce système aurait «bien
contrôlé la situation», ce qui était «un besoin fondamental». On peut en douter
car ses abus suscitèrent le mécontentement, voire la révolte, des tisserands
eux-mêmes, contre les «levereters»
(mangeurs de foie), surtout en 1423-1424 et de 1432 Ă 1437. De fait les deniers
publics étaient gaspillés, détournés. Les finances étaient délabrées et les
dettes s’accumulaient. Les historiens gantois parlent du «rêve urbain». C’était
plutĂ´t un cauchemar (Alain Derville,
Chapitre IX. Les derniers troubles urbains (1350-1500). In : Villes de Flandre
et d’Artois : (900-1500), 2002 - books.openedition.org). Acrostiche : HIPR,
Ypres Belleforest orthographie la ville d'Ypres "Hipre", alors qu'il décrit
l'expédition en Flandre de Charles VI en 1382 (François
de Belleforest, L'Histoire des neuf Roys Charles de Françe, 1568 -
books.google.fr). 21 mai 1382 :
tremblement de terre à Liège et Tournai Un tremblement de terre a secoué les deux côtés de la
Manche selon un axe s’étendant de Londres à Liège, Bruges et Canterbury
ressentant la secousse le plus fortement, tandis que dans le nord Utrecht et
Leyde Ă©taient Ă©galement touchĂ©s, Ă l’est de la Manche, Norwich et Leicester Ă
l’ouest. Liège et Tournai ont tremblé selon une intensité MSX estimée à 6-7,
ainsi que la Hesbaye (connaitrelawallonie.wallonie.be). Typologie Le report de 2189 sur la date pivot 1382 donne 575. Le traité de Tournai fut signé le 18 décembre 1385 par Philippe II de Bourgogne et les habitants de la ville de Gand. Il donnait aux Gantois une totale liberté et leur accordait le choix entre les deux papes (fr.wikipedia.org - Traité de Tournai). Ces choses ainsi
faites [le sac de Courtrai], le Roi et
son armée tira vers sa bonne ville et cité de Tournai, et à son entrée en
icelle il rendit à tous banis la dite ville, et y séjourna grand espasce en
habundance de chevallerie, pour laquele chose le commun fut moult traveillie
tant de faire fort guet comme de aultres servitutes. Après ce retourna le Roi Ă
Paris (Manuscrit anonyme en français) (Jules
Baron de Saint-Genois, Bataille de Roosebeke. 1382, 1849 - books.google.fr). L'«Historia Francorum» de Grégoire de Tours fait état, en 575, d'un assaut du roi austrasien Sigebert devant les remparts de Tournai où s'était refugiée la famille royale de Neustrie et son frère Childéric. Les défenses étant toujours en bon état, l'attaque fut repoussée (J. De Meulemeester, Les castra carolingiens, Château Gaillard, Études de Castellologie Médiévale, 1990 - books.google.fr). |