Séquences X, 19 2191 Jour que sera par Reine saluée, Le jour après le salut, la prière: Le compte fait raison et valbuée,
Par avant humble onc ne fut si fière. Salve Regina C'est au XIe siècle qu'Hermann Contract
(1013-1054) écrivait d'après les principes de Notker ses proses remarquables et
composait ses immortelles antiennes Salve Regina et Alma Redemptoris
L’abbé Trithemius, qui écrivait
sa chronique à la fin du XVe siècle et qui puisa ses renseignements à des
sources en partie perdues aujourd’hui, donné sans réserve Hermann comme
l'auteur de ces chants. Ils lui sont également attribués d’une manière positive
dans une vieille chronique du couvent de Reichenau,
où sont consignés les différents travaux scientifiques de
Hermann. La même opinion se retrouve dans un manuscrit de Saint-Gall du
commencement du XVIe siècle, ainsi que chez Glarean, savant compositeur
fribourgeois Le Salve Regina est aussi attribué à Pierre de
Compostelle ou Adhémar de Monteil, évêque du Puy. Les quatre antiennes de la Bienheureuse Vierge Marie,
Alma Redemptoris Mater (Mère nourricière du
Rédempteur), Ave Regina caelorum (Salut, Reine des
cieux), Regina caeli laetare
(Réjouis-toi, Reine du ciel) et Salve, Regina (Salut, ô Reine). Elles datent du
11e siècle au plus tôt et appartiennent aux rares chants de cette période
extraordinairement productive qui se soient maintenus dans la liturgie des offices.
Ces chants avaient été utilisés à l'origine comme antiennes normales mais ils
ont rapidement perdu leur lien avec la psalmodie. Dès le 13e siècle, ils ont
été utilisés comme maintenant pour terminer les offices au moment de la
dispersion du choeur. [...] Les compositeurs de la
Renaissance ont apparemment préféré Ave Regina et Salve, Regina, bien qu'ils
n'aient pas totalement ignoré les deux autres antiennes. A la fin du moyen âge,
par contre, c'est Alma Redemptoris Mater qui semble
avoir connu la plus grande popularité. Ecrite par Hermannus
Contractus (1013-1054), c'est peut-être la plus
ancienne des antiennes mariales et à ce titre la plus connue au moyen âge "valbuée" balbus/valbus Jean Passerat, né à Troyes le 18 octobre 1534, mort à
Paris le 14 septembre 1602, est un poète et humaniste français Notker le Bègue (en latin Notker Balbulus),
ou Notker de Saint-Gall, né vers 840, mort le 6 avril 912, est un moine de
l'abbaye bénédictine de Saint-Gall, musicien, écrivain, poète, surtout connu
pour ses travaux musicaux. Ekkehard IV, biographe des
moines de Saint-Gall, fait son éloge et le dit «délicat de corps mais pas
d'esprit, hésitant par la langue mais pas par l'esprit, avançant avec courage
dans les domaines du divin, instrument du Saint Esprit sans égal en son temps».
Il est béatifié en 1512 par le pape Jules II Il est fêté le 7 avril comme Hermann Joseph, prémontré
mort en 1257, qui se surnommait le cifra algorithmi (zéro) par humilité Un autre Hermann, dominicain compagnon de saint
Hyacinthe, mourut vers 1245 et la Vierge lui délia sa langue bègue, lui qui
était peu éloquent et peu intelligent "compte" et "raison" C'est au IXe
siècle, période décisive pour la connaissance et le devenir de la musique
occidentale, dans le milieu religieux réalisant «l'union et de la culture», que
se fit le passage du modèle grammatical préthéorique à la ratio mathématique
qui fonde la théorie musicale : abandon du modèle grammatical,
sémantique et psychologique, correspondant à l'image perceptive de la musique,
appuyé sur le pouvoir du langage (le verbus latin), établissant
entre les formules mélodiques un système de relations de type linguistique, qui
aboutit à une description sommaire de production d'effets musicaux; élaboration de la «ratio» mathématique,
quantitative et objective, correspondant à une image rationnelle et
contemplative du monde physique, appuyée sur la puissance du nombre (l'arythmos grec), établissant entre les sons, grâce aux
concepts d'intervalle et de rapport, des relations arithmétiques, qui
aboutissent à une connaissance explicative des résultats musicaux à atteindre.
La représentation numérique de la musique a été élaborée grâce à la mesure du
caractère pertinent grave-aigu, rendu quantifiable par la spatialisation
verticale, ébauchée, [...] dans la description grammaticale. La mesure moment crucial de la pensée,
ouvrit à la connaissance une nouvelle voie pour appréhender la musique, et
apporta, à la description des phénomènes musicaux, un nouveau langage. La
hauteur de son est une notion musicale quantitative spécifiquement occidentale;
sa mesure, qui est à la base de la rationalisation mathématique de la musique, ne
fut introduite que par le recours aux structures et aux concepts quantitatifs
de la théorie musicale grecque: notion quantitative d'Intervalle, notion d'Echelle,
notion de Mode, mesures du Monocorde. Ces concepts et ces structures
étaient transmis et valorisés par la conception mathématique de la musique,
essentielle à la Cosmologie arithmo-musicale pythagoréo-platonicienne. Leur adaptation au discours musical
liturgique, et à ses premières descriptions verbo-grammaticales,
fut l'œuvre, difficile (car il s'agissait de deux univers musicaux différents),
des clercs du IXe siècle, savants et chanteurs. Durant cette période de
transition, les deux descriptions, grammaticale et arithmétique,
s'enchevêtrent; et leurs notions coexistent dans les mêmes textes, où l'on
rencontre: la comparaison du son à la lettre et à l'unité de l'arithmétique ; la
notion vécue de tension de la voix et le concept abstrait de hauteur de son;
l'intervalle qualitatif du motus vocum, et
l'intervalle quantifié par les rapports pythagoriciens; la justification
symbolique des sept notes de l'échelle par les sept voyelles virgiliennes
(Enéide, VI, 646) et par planètes de l'harmonie des sphères; le parallèle des
huit modes et des huit parties du discours, etc. Entre les traités de la
première moitié du IXe siècle, dont la démarche est purement grammaticale (le
De octo tonis faussement
attribué à Alcuin, la Musica disciplina d'Aurélien de
Réomé), et les traités mathématisants
des premiers lecteurs du De institutione musica de Boèce, à la fin du siècle (Rémy d'Auxerre, Réginon de Priim, Hucbald, Alia Musica, Musica Enchiriadis et ses et ses
Scholies), les commentateurs de Martianus Capella
(Jean Scot Erigène, Martin de Laon, Rémy d'Auxerre), assurent l'articulation
des deux formes de pensée. Car, à partir de ces Commentaires, l'étude de la pronuntiatio liturgique du discours sacré, et
l'appréciation qualitative verbale du mouvement de la voix, furent peu à peu
remplacées par l'évaluation quantitative des intervalles entre les sons, et par
la mensuratio numérique introduite par la science
païenne. Et cette nouvelle démarche, donnant une prise solide à la
connaissance, décida de la théorie musicale et de sa notation pour les dix
siècles à venir Sous influence de la Renaissance carolingienne, grand
mouvement culturel, le chant grégorien fut soigneusement composé,
essentiellement aux IXe et Xe siècle. Très fidèle au texte sacré, la Bible, il
respecte strictement le rite romain, plus précisément le sacramentaire. En
conséquence, au regard des manuscrits les plus anciens, sa qualité demeure
exceptionnelle, dans les domaines artistique et théologique, en tant que le
premier sommet de la musique occidentale. De fait en Europe, tous les chants
liturgiques furent remplacés, à l'exception du chant ambrosien mais affaibli. À
partir du Xe siècle, de nouveaux chants furent ajoutés au répertoire du chant
grégorien. D'une part, afin d'enrichir ce répertoire. D'autre part, pour
répondre aux besoins de la liturgie locale. Donc, si ces chants étaient
également notés en neumes anciens, il s'agissait d'un autre genre. Leurs
mélodies étaient parfois issues d'anciennes pièces chantées et ne respectaient
plus la grammaire musicale du chant grégorien. Surtout, les textes étaient
normalement non bibliques. Alors que les auteurs de la plupart des séquences
demeurent inconnus, celui d'unes des plus anciennes
fut paradoxalement identifié avec une excellente certitude. Il s'agit de Notker
le Bègue (mort en 912), moine de l'abbaye de Saint-Gall, célèbre poète, écrivain
et musicien. Notker dit qu'il ne s'agissait que d'une amélioration, et non
invention, cette écriture et ses notations expliquent déjà les deux
caractéristiques importantes de la séquence : chant syllabique, étroitement lié
à l'alléluia. Il faut ajouter qu'au moins à Saint-Gall, les œuvres
s'employaient dans l'optique pédagogique, notamment pour de jeunes choristes :
mémoriser facilement la mélodie en bénéficiant du chant syllabique. Il s'agit des trope, séquence, prose ainsi que des pièces farcies de
l'Ordinarium Missæ, tels
les Kyrie. Quant à la séquence, celle-ci suivait, selon la première définition,
le verset de l'alléluia pour renforcer ce dernier. Son origine demeure plus
obscure que celle du trope9. Des prototypes, vraisemblablement, se trouvaient
au milieu du IXe siècle dans un antiphonaire originaire de l'abbaye de Jumièges
(voir le paragraphe suivant). Faute de ressources documentaires suffisantes, il
est impossible d'affirmer qu'il s'agit d'une invention de ce monastère "fier" en Dieu Il y aurait, ce me semble, un charmant tableau à faire de
cette célèbre abbaye de Saint-Gall durant la seconde moitié du IXe siècle, où
il faut peut-être placer l'apogée de sa gloire. Les documents ne nous font pas
défaut, et il serait presque aisé de rendre la vie, pour quelques instants, à
ce grand monastère d'où sont sortis nos Tropes. Ce IXe siècle, d'ailleurs, est
une époque qui n'a pas encore trouvé son peintre, et l'on y sent partout je ne
sais quel ressouvenir encore puissant du vieil empire romain. L'influence de
Charlemagne, qui s'est éteinte si rapidement dans le monde politique, a
persisté plus longtemps dans les cloîtres. Les abbés de Saint-Gall nous
apparaissent comme de véritables souverains. Plusieurs d'entre eux ont plus
vécu à la cour que dans le cloître ; d'autres ont été évêques en même
temps qu'abbés. La plupart sont les amis des Césars, et nous constations tout à
l'heure que Charles le Gros ne craignit pas de s'abaisser, en se faisant
l'humble collaborateur non pas même des abbés, mais des moines de Saint-Gall. Une
discipline rigoureuse donne à ce corps monastique une Vigueur qui ne durera
point toujours ; mais c'est principalement comme école que Saint-Gall est
célèbre dans tout le monde occidental. Qui dit alors «moine de Saint-Gall» dit
«un savant, un poète, un artiste». On
était fier d'appartenir à ce cloître, et l'on s'imaginait volontiers que de
tels religieux étaient plus intelligents et plus actifs que tous les autres
moines. À Saint-Gall, la musique régnait ; l'Antiphonaire de Romain y était
conservé comme une relique et l'on n'y pouvait faire dix pas sans entendre des
bruits de psaltérions et de lyres, ou sans voir des enfants armés de ces longs
rouleaux qui étaient couverts de neumes. C'était, pour ainsi parler, un concert
perpétuel; mais c'était surtout une fête sans fin. Tous les jours nouvelle
solennité à la basilique, nouveaux chants, nouvelles proses, nouveaux tropes.
On ne saurait lire ces Tropaires du Xe siècle sans
envier les moines auxquels la liturgie donnait tant de joies sans cesse
renouvelées. L'austérité n'en souffrait pas, ni la piété, ni la foi ; mais on
aurait tort de s'imaginer qu'on s'y ennuyait. Sous ce cloître sacré, de
charmantes amitiés se nouent, et qui sont durables autant que charmantes L'empereur Charles le Gros se rendit un jour au couvent
de Saint-Gall en Suisse, pour consulter le savant moine Notker, en qui il avait
grande confiance. Le chapelain de l'empereur était jaloux; et un jour que
Notker lisait dans le chœur, il chercha à le confondre en lui posant, devant
plusieurs personnages de la suite du monarque, cette question : Qu'est-ce que Dieu fait dans le ciel ? Notker
répondit : Sûrement il humilie les orgueilleux et exalte les humbles Le féminin " fière (cf. "sauvée") peut avec "humble" se rapporter aux âmes : Les grands caractères, les cœurs vraiment indépendants,
ne se trouvèrent nulle part plus nombreux que sous le froc. Il y avait là, et
en foule, des âmes calmes et fières, droites
et hautes, autant qu’humbles et ferventes, de ces âmes que Pascal appelle
parfaitement héroïques. [...] «La liberté, dit un saint moine du VIIIe
siècle, la liberté ne succombe point, parce que l’humilité s’incline librement»
(Ambrosius Autpertus, abbé
de Saint Vincent de Vulturne, 768) Typologie Notker le Bègue est béatifié en 1512 par Jules II. Date
pivot depuis laquelle on reporte 2191, et on trouve par symétrie 833 : Notker est né vers 830/840. Louons, dit
l'Ecclésiastique (44, 5), ces hommes
pleins de gloire qui sont nos pères et dont nous sommes la race, qui ont donné
au peuple des paroles de sagesse et de sainteté, qui ont recherché par leur
habileté l'art des accords de la musique et nous ont laissé les cantiques de
l'Écriture à la louange de Dieu. Ces paroles s'appliquent parfaitement à S.
Notker, poëte de Saint-Gall. A l'est du Hörnliberg, dans la charmante plaine de Kibourg,
que terminent de nombreuses collines, semblables dans leurs mouvements aux
flots pressés de la mer, dans le canton actuel de Zurich-Elg
(autrefois Heiligau, d'où Helg-Elg,
plus tard Elg), se trouve un village qui, il y a
mille ans, était un château où naquit, vers 830, S. Notker. Notker descendait,
en ligne masculine, de la race de Charlemagne ; en ligne féminine il était
allié de la maison de Saxe, et de sa famille naquirent les puissants comtes de Toggenbourg, qui, jusqu'au milieu du quinzième siècle, jouèrent
un rôle si important dans l'histoire de la Suisse occidentale. L'école du
couvent de Saint-Gall avait, dès 800, une réputation qui y attira pendant
quelque temps Carloman, et qui, plus tard, sous la direction de l'abbé
Grimoald, devint telle que les enfants des familles les plus considérées, des
princes et des grands de Franconie, de l'Alemanie et
de Saxe, y étaient conduits pour y recevoir une éducation solide, chrétienne et
lettrée. Notker fut confié à Grimoald vers 842. [...] Notker avait pour amis Rappert et Tutilo, qui ne
faisaient avec lui qu'un cœur et une âme. Rappert
devint un grand savant, un poëte inspiré, qui composa
des cantiques et les litanies des Rogations. Celles-ci furent adoptées dans
presque toutes les églises d'Occident. [...] Tutilo,
l'autre ami de Notker, était fort habile en toutes choses ; il parlait bien,
ciselait, peignait, dorait artistement; il était surtout bon musicien, et avait
une voix claire, sonore , harmonieuse. Il composa des
hymnes, des tropes, des séquences avec leurs mélodies, qu'il savait accompagner
du psaltérion, de la flûte et de la rote, car il connaissait tous les
instruments à vent et à cordes de son temps et en donnait des leçons à la jeune
noblesse. Ses contemporains disaient que la mélodie de ses cantiques était
particulièrement agréable et facile ; «car, ajoute Ekkehard
IV, ces mélodies deviennent plus agréables par l'accompagnement du psalterion ou de la rote, comme le prouvent les tropes Hodie cantandus, etc., etc., que
Charles le Gros a composés et que Tutilo a mis en
musique pour l'Église.» Tuotilon était, avec Notker,
l'un des cinq magistri de l'abbaye. On lui doit de
nombreux tropes dont l'un, Hodie, est
considéré comme l'ancêtre des Ludi de la Nativité "Hodie" : ce jour (Gaffiot). |