Les Teutoniques et Jagellon

Les Teutoniques et Jagellon

 

X, 3

 

2179-2180

 

En aprés cinq troupeau mettra hors,

Un fuitif pour Penelon lâchera,

Faux murmurer, secour unir pour lors,

Le chef le liege lors abandonnera.

 

Levée du siège de Malbork

 

Vaincus sur le champ de bataille de Grunwald, les Teutoniques se sont retranchés derrière les fortifications de Malbork. Jagellon ne possède pas l'artillerie nécessaire pour assurer le siège d'une forteresse imprenable, il renonce donc à une victoire complète. Néanmoins, la défaite et la mort de leur maître ébranlent l'unité des chevaliers (Beata de Robien, Le Roman de la Pologne, 2017 - www.google.fr/books/edition).

 

En s'obstinant sous les murs de Malbork, il aurait pu perdre non seulement les territoires de l'Ordre, mais aussi  la victoire. En se repliant, il a perdu la possibilité d'un nouveau succès, mais il a gagné la guerre. Donc, malgré les adjurations des habitants de la Prusse et de la Pomeranie qui ne voulaient pas retourner sous la domination de l'Ordre, le roi a conclu l'armistice avec le maréchal de la Livonie von Henelmann qui était arrivé en Prusse avec des renforts et le 18 septembre a donné l'ordre de battre en retraite. Les formations lithuaniennes et russes de Witold sont parties les premières, suivies par les troupes des ducs de Mazovie, enfin, le 19 septembre, par l'armée polonaise. Après l'évacuation de la Prusse par les troupes royales, les Chevaliers Teutoniques ont rapidement repris presque tous les châteaux tenus par les garnisons polonaises et lithuaniennes, à l'exception de quelques uns, et la guerre continuait. L'Ordre a reçu des renforts et en novembre 1410 avait environ 11000 hommes sous les drapeaux, Les armées polonaise et lithuanienne avaient des effectifs sensiblement égaux. En octobre de cette année, les Polonais ont remporté une victoire à Koronowo et en novembre à Golub et Tuchola. En résultat les troupes de l'Ordre ne voulaient plus combattre avec l'armée polonaise en rase campagne et par leur  attitude obligèrent Henri von Plauen, élu le 9 novembre grand maitre, de conclure l'armistice et ensuite la paix (Stefan M. Kuczynski, Wielka wojna z Zakonem Krzyzackim w latach 1409-1411, 1987  - www.google.fr/books/edition).

 

Ladislas Jagellon

 

Jagellon (en lituanien Jogaila), nĂ© entre 1351 et 1362, est le petit-fils de GhĂ©dimin, grand-duc de Lituanie. Ă€ la mort de celui-ci en 1341, ses deux fils se partagent le pouvoir : Algirdas reçoit le titre de grand-duc de Lituanie et règne sur la partie orientale du grand-duchĂ©, tandis que Kestutis, duc de Trakai, est maĂ®tre en Lituanie occidentale. Lorsque Algirdas meurt en 1377, son fils Jogaila lui succède, mais Kestutis n'est pas d'accord. Jagellon recherche l'alliance des chevaliers Teutoniques qui, depuis le XIIIème siècle, dirigent l'État monastique de Prusse, officiellement pour combattre et convertir les tribus prussiennes et lituaniennes, Ă  cette date encore paĂŻennes. En 1380, Jagellon conclut avec l’ordre le traitĂ© de Dovydiskes, acceptant la conversion au christianisme de la Lituanie en Ă©change du soutien des chevaliers dans son conflit avec Kestutis. En 1382, ignorant un sauf-conduit octroyĂ© par son frère Skirgaila, Jagellon capture Kestutis et le fait assassiner. Vytautas, le fils de Kestutis, parvient Ă  s’échapper. Le conflit familial s’intensifie et les deux factions demandent l'aide des chevaliers Teutoniques, qui en profitent pour Ă©tendre leur influence. Mais en 1384, Vytautas se dĂ©solidarise de l’ordre, fait la paix avec Jagellon, et commence une guerre contre les chevaliers Teutoniques.

 

Fin 1401, le conflit avec les chevaliers Teutoniques reprend. Jagellon et Vytautas entament en décembre 1408 des négociations, où ils décident d’essayer d’en finir définitivement avec la puissance des Chevaliers Teutoniques. Les deux camps cherchent des alliances dans toute l’Europe. Wenceslas IV de Bohème choisit le camp polonais et lituanien, tandis que son frère, Sigismond de Luxembourg, s’allie avec l’ordre. Le 15 juillet 1410, le roi Ladislas et ses alliés sont victorieux à la bataille de Grunwald (bataille de Tannenberg dans l'historiographie allemande), qui les oppose aux chevaliers Teutoniques et où périssent des milliers de ceux-ci, dont le grand maître Ulrich von Jungingen (fr.wikipedia.org - Ladislas II Jagellon).

 

"troupeau"

 

Dès 800 environ, les bisons disparurent à l'ouest du Rhin et à partir du Xe siècle à l'ouest de l'Elbe. C'est de 1107 que datent les premières sources écrites concernant les troupeaux de bisons des vastes étendues sauvages comprises entre la Vistule et le Niémen. En 1364, le dernier de ces animaux, à l'ouest de la Vistule, était abattu par le duc de Poméranie, si bien qu'à partir du XVe siècle, on ne le trouva plus qu'à l'est du fleuve. Au cours des combats avec les chevaliers Teutoniques marqués par la bataille de Grunwald, en 1410, les troupeaux de bisons constituèrent une précieuse réserve de viande pour les armées polonaise et lituanienne. Sous le règne de Ladislas II (1386-1434), la forêt de Bialowieza prit de l'importance comme chasse royale. Le roi Casimir Jagellon (1447-1492) créa la charge de lieutenant général du territoire couvert par la forêt vierge. On relate qu'en 1431, lors d'un festin des princes de Witowt en Volhynie, on apprêta en une semaine 100 bisons. D'autres sources font état des animaux que l'on capturait vivants pour les expédier par terre ou par voie d'eau vers les cours royales étrangères à titre de cadeau officiel de marque. Ainsi, le 8 janvier 1406, le roi de Pologne en remit un au grand maître de l'Ordre des chevaliers Teutoniques à Marienburg ; en avril 1409, le grand maître en reçut quatre du duc de Lituanie.

 

"Car les anciens disent du bison qu'il est laid, affreux, qu'il a beaucoup de poils avec ne crinière longue et épaisse comme les chevaux , et en outre de la barbe , en un mot qu'il est tout à fait sauvage et informe" (Conrad Gesner, Historia animalium, 1551-1558) (Erich Hobusch, Histoire de la chasse, des origines à nos jours, 1980 - www.google.fr/books/edition).

 

"fuytif" : l'art de la fuite

 

Le roi ne se sert pas de méthodes adoptées dans ces temps par l'Occident. Il ne se contente pas de disposer son armée pour la lutte et de donner le signal du combat, il veille en permanence sur l'évolution des événements et il conduit la bataille en faisant manœuvrer, en guise de réserves, les échelons d'arrière de son dispositif. Cette méthode de commandement est bien proche de celle des chefs tartares comme Djingis-Khan, Sabutaj et Batu-Khan. D'autres éléments de la bataille de Grunwald démontrent aussi des influences de l'art militaire tartare. Ainsi, après son échec, l'aile lituanienne se disperse en fuyant, ce qui entraîne l'aile gauche des Chevaliers teutoniques dans une poursuite désordonnée. A son retour l'aile teutonique désorganisée est écrasée par les échelons serrés de l'armée polonaise. Enfin c'est le retour des Lituaniens au champ de bataille au moment décisif et leur attaque sur le flanc de l'arrière-garde du  grand maître qui fléchissait déjà. Ce sont des aspects qui rappellent vivement la tactique de lava de cavalerie, inventée par les Tartares, qui consistait en une action combinée d'une nuée de cavaliers légers lancés en enfants perdus , et d'attaques de  cavalerie lourde en ordre serré. Les escarmoucheurs avaient pour tâche soit de désorganiser les unités serrées de l'ennemi et de préparer le terrain pour la charge, soit de provoquer l'adversaire à une poursuite désordonnée, alors qu'ils se dispersaient en une fuite simulée, afin de se rallier ensuite en détachements serrés, et d'attaquer le flanc ou les arrières de l'ennemi (O. Laskowski, L'art militaire polonais XVI-XVIIe siècles, International review of military history, Volume 3, Numéros 10-12, 1952 - www.google.fr/books/edition).

 

Jagellon envoie trois lettres le 16 juillet 1410, lendemain de la victoire, à son épouse la reine Anne, à l'archevêque de Gniezno Nicolas Kurowski. La trame est la même. Il indique que la bataille entraîna des pertes "infinies" dans les rangs ennemis et "modiques" dans les siens.

 

Il relève le trĂ©pas du grand maĂ®tre, du marĂ©chal de l'Odrde et de très nombreux commandeurs, dont celui d'Elbing et "Swortzborg", c'est-Ă -dire Markward de Schwarzbourg. Jagellon enchaĂ®ne sur la poursuite des fuyards, qui se noyèrent en nombre «infini» dans les eaux et les fleuves qui se trouvaient sur leur chemin. Enfin, il indique avoir fait un nombre lĂ  encore «infini», de captifs, parmi les «hĂ´tes», les nobles et les mercenaires venus Ă  l'aide de l'Ordre. Ces lettres ne sont certainement pas les seules Ă  avoir Ă©tĂ© expĂ©diĂ©es Ă  ce moment Ă  des personnalitĂ©s polonaises : Dlugosz signale l'existence de missives aux «barons» dĂ©fenseurs de la forteresse de Cracovie, Ă  l'universitĂ© de la ville, et aux conseillers de la capitale (Sylvain Gouguenheim, Tannenberg, 15 juillet 1410, 2012 - www.google.fr/books/edition).

 

"Faux murmurer"

 

Le bruit ayant couru que le Roi de Hongrie, voulant faire une diversion en leur faveur, avoit pénétré dans le Royaume, Jagellon proposa d'abandonner Marienbourg. Les amis de Vitolde étoient de son avis; plusieurs autres pour leurs intérêts particuliers opinoient de même. Quelques Seigneurs zélés pour la patrie s'opposoient à ce dessein. Ils se doutoient que la ville n'étoit point pourvûë, & il étoit vrai qu'on l'eût forcée à se rendre, si l'on eût seulement continué quelques jours à l'investir. Les Députés des places de la Prusse, qui s'étoient soumises, se joignirent à ce petit nombre de Sénateurs. Craignant de retomber sous le joug des Teutoniques, ils conjuroient le Roi les larmes aux yeux de ne pas lever le siége. Ils s'offroient même d'en payer tous les frais. Il n'avoit, disoient-ils, qu'à leur imposer les contributions qu'il jugeroit nécessaires, ou pour acquitter ce qu'il devoit à ses troupes, ou pour les encourager par des largesses à suivre 1410. son premier projet. Ces remontrances furent inutiles. Jagellon étoit aveuglé; & l'opiniâtreté trop ordinaire aux Princes, achevoit de lui cacher ses véritables intérêts. Il eut à peine décampé des environs de la ville, que les Chevaliers ayant élu Henri de Plawen pour leur Grand-Maître, ce nouveau chef entreprit de faire des levées de soldats. Le trésor de l'Ordre se trouvant épuisé, il força les habitans de Dantzig de lui prêter 100000. florins, & il en emprunta 115000 du Roi Wenceslas, en lui cédant en hypothèque la ville & le District de Chomutow, que ses prédecesseurs avoient acquis dans la Boheme. Il lui tardoit de réprendre tout ce que Jagellon lui avoit enlevé (Pierre Joseph de La Pimpie Solignac, Histoire générale de Pologne, Tomes 3-4, 1751 - books.google.fr).

 

"Penelon" ou "Pelenon"

 

The original word Penelon seems to be a pseudo-anagram for Polonais ('the Polish one' or 'the Poles') – possibly, then, a reference to the present incumbent (Peter Lemesurier, Nostradamus: The Next 50 Years : a New Translation, 1994 - books.google.fr, Anatole Le Pelletier, Les oracles de Michel de Nostredame, astrologue, médecin et conseiller ordinaire des rois Henri II, François II et Charles IX, Tome 2, 1867 - books.google.fr).

 

"peigne long"

 

Si l'on en croit Pauli dans son histoire de Pologne (Halle, 1763, in-4', p. 289), la plique aurait été importée d'Orient par les Tartares, à leur troisième irruption, en 1287. De la Pologne, où elle resta endémique, elle s'est répandue en Bohème au XVe siècle, et là, elle fit de grands ravages. C'était au temps de Casimir IV. Mille suppositions empiriques plus ridicules les unes que les autres eurent cours à son égard, et c'est alors que parut la première description médicale détaillée de la maladie. On la doit à Hercule de Saxonia (De Plica quam Poloni gwozdziec Roxelani Kottunum vocant. Patav., 1600). Elle fut le point de départ d'un grand nombre d'autres publications où le vrai se mêle à la fantaisie et à la superstition dans les proportions les plus considérables. On en attribuait l'origine à l'empoisonnement des cours d'eau dans lesquels les Mongoles avaient jeté têtes et cours des Polonais massacrés (Description du royaume de Pologne, in-8, Leipzig, 1700, tom. II, p. 792), à un virus spécial, au genre de vie qui donnait aux cheveux une trop grande force nutritive, etc. C'est Davidshon qui le premier, en 1602, a indiqué la vraie cause du mal en disant que la plique n'était qu'un feutrage accidentel ou provoqué des cheveux, produit par la malpropreté et le défaut de soins (Plicomastix seu plicæ e numero morborum apospasma). Bien que cette opinion ait été combattue par Plemp, Gehema, Binninger, Water, Vicat, Hoffmann, Delafontaine, Brera, et la plupart des écrivains du XVIIe et du XVIIIe siècle, elle est la plus certaine et me paraît à l'abri de toute contestation. En effet, la plique est une agglomération des cheveux collés en masse inextricable imprégnée d'une humeur grasse infecte, et il suffit pour la guérir de tondre les cheveux, sans avoir recours à tous les remèdes internes employés par les partisans du virus coltonique. Davidshon a ainsi guéri plus de 10,000 individus atteints de cette malpropreté (Eugène Bouchut, Histoire de la médecine et des doctrines médicales, Tome 1, 1873 - books.google.fr).

 

Ces endémies sont éteintes aujourd'hui, depuis que l'on a engagé les populations à détruire la plique au moyen du peigne et des ciseaux et que les jeunes générations ont appris à se servir régulièrement du peigne (Dr Dubois-Hevenith, A propos du traitement de l'eczéma, Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie, Volume 80, 1885 - books.google.fr).

 

Acrostiche : EUFL, Teufel

 

Le Teufelsberg est une montagne près d'Elbing.

 

En 1454, la confédération prussienne fit appel au roi de Pologne Casimir IV Jagellon pour les aider à combattre les chevaliers Teutoniques. Casimir IV en profita pour annexer la Prusse peuplée majoritairement d'Allemands et de Mazures germanisés. La ville d'Elbing fut dès lors intégrée à la province de Prusse royale sous la souveraineté de la Couronne polonaise.

 

Cette forteresse teutonique, ancienne ville hanséatique, est aujourd'hui, en Pologne, le chef-lieu du powiat d'Elblag ainsi que du Powiat-Ville de Elblag, situé dans la voïvodie de Varmie-Mazurie depuis 1999. La ville est située sur la rivière Elblag reliant le lac Druzno à la baie de la Vistule (fr.wikipedia.org - Elblag).

 

Cf. quatrain suivant X, 4.

 

Typologie

 

Le report de 2180 sur la date pivot 141 donne 640.

 

Les Lechites, du nom de Lech, seraient les ancĂŞtres des Polonais (Sebastian MĂĽnster, La cosmographie universelle de tout le monde, Tome 1, 1575 - books.google.fr).

 

Ă€ partir de cet espace immense et autour des VIe et VIIe siècles ils entreprennent une lente colonisation pĂ©riphĂ©rique : vers l'ouest les Polanes et les SilĂ©siens essaiment jusqu'Ă  l'Elbe ; Tchèques, Moraves et Slovaques s'installent en BohĂŞme et dans les Carpates (Charles-Olivier Carbonell, Une histoire europĂ©enne de l'Europe, Tome 1, 1999 - www.google.fr/books/edition).

 

Héraclius (610-641) fit appel aux Serbes et aux Croates pour lutter contre les Avars. Il s'agissait de peuples slaves que l'on trouvait au VIe siècle au nord des Carpates et du quadrilatère de Bohême où existaient une «Serbie blanche», comprenant la Saxe et la Lusace actuelles, et une «Croatie blanche», dans la Galicie et la Ruthénie (Georges Castellan, Histoire des peuples d'Europe centrale, 2014 - www.google.fr/books/edition).

 

A la même époque les Léchites s'avancent en Russie et fondent Novgorod (Denyse Poniatowska, Luttes des peuples Léchites contre les Ouraliens, Tome 2, 1874 - www.google.fr/books/edition, Nestor de Kiev, La chronique de Nestor (XIIe siècle), Tome 1, 1834 - www.google.fr/books/edition).

 

Slovènes et Serbes, venant du nord des Carpates traversent le Danube et s'imposent entre Drave et la côte dalmate, puis à la faveur des circonstances (terrible peste de 746-747 dépeuplant la Grèce) et d'une alliance heureuse avec les Bulgares, ils conquièrent avec ou sans armes une bonne partie de la péninsule des Balkans, créant les Sclavonies des Byzantins (Charles-Olivier Carbonell, Une histoire européenne de l'Europe, Tome 1, 1999 - www.google.fr/books/edition).

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