Alphonse le Magnanime

Alphonse le Magnanime

 

X, 24

 

2194-2195

 

Le Captif prince aux Itales vaincu

Passera Gennes par mer jusqu'Ă  Marseille,

Par grand effort des forains survaincu

Sauf coup de feu, barril liqueur d'abeille.

 

Les Aragonais en Méditerranée

 

Au dĂ©but du XVe siècle, tandis que Pise tombe dĂ©finitivement sous les coups de Florence qui l'annexe, que GĂŞnes se dĂ©bat dans les troubles civils et est tour Ă  tour occupĂ© par les Français et les Milanais, que les Angevins Ă©puisent la Provence et Naples dans des luttes interminables au-dessus de leur force, Alphonse V conclut rapidement la politique sĂ©culaire de ses prĂ©dĂ©cesseurs : en 1420, il occupe la Corse ; l'annĂ©e suivante, adoptĂ© par la reine Jeanne, il commence la conquĂŞte de l'Italie du Sud ; en 1423, il met Marseille Ă  sac ; en 1426, il se fait cĂ©der, aux dĂ©pens de GĂŞnes, l'actuel golfe de La Spezia, prĂ©ludant aux futurs prĂ©sides espagnols d'Italie ; en 1432, il s'empare de l'Ă®le de Djerba sur la cĂ´te tunisienne ; en 1442 enfin, Naples tombe, et avec elle les Abruzzes, la Pouille et la Calabre. La lutte s'achevait donc par l'absorption de l'ennemi de toujours : politiquement la MĂ©diterranĂ©e occidentale est devenue catalane (Robert Henri Bautier, Les grands problèmes politiques et Ă©conomiques de la MĂ©diterranĂ©e mĂ©diĂ©vale, Revue historique, Volume 234, 1965 - books.google.fr).

 

La première expédition napolitaine d'Alphonse V, à l'appel de la reine Jeanne II en 1420 contre les partisans de la maison d'Anjou-Provence, ne fut pas décisive. Adopté par la reine, il ne put maîtriser l'hostilité des Italiens contre les Catalans, et dut abandonner Naples et regagner la péninsule Ibérique, après avoir pillé et saccagé le port de Marseille en novembre 1423. Une nouvelle tentative, en avril 1435, à partir de la Sicile, sembla tout d'abord se solder par un échec : le roi, vaincu à la bataille navale de Ponza le 5 août 1435, fut fait prisonnier par les Génois. Mais un traité secret passé avec Philippe-Marie Visconti, duc de Milan et maître de Gênes depuis 1421, permit au roi Alphonse d'être libéré, de rejoindre son frère l'infant Pedro à Gaète, et reprendre les opérations contre Naples : après un siège de plus de trois ans de sa capitale, le roi René d'Anjou, que la reine Jeanne avait reconnu comme héritier en 1435, quelques mois avant de mourir, devait quitter Naples, et le roi Alphonse y faisait une entrée triomphale en juin 1443. Il ne devait dès lors plus jamais regagner la péninsule Ibérique confiant à son épouse la reine Marie, puis à son frère Jean, lieutenant général du royaume, le soin de gouverner et de faire face aux incessantes revendications des bourgeois catalans, très critiques envers la politique dispendieuse du roi, sa mégalomanie, son goût du faste et de la gloire, son gaspillage de mécène prodigue (Georges Peyronnet), et ses multiples combinaisons diplomatiques aux côtés du nouveau maître de Milan, son ancien adversaire Francesco Sforza, dans la Ligue de Lodi (1455) contre Venise (à qui il cherche à disputer le contrôle de l'Adriatique), les Médicis de Florence et la ville de Gênes (alliée de la France et de la maison d'Anjou). La politique italienne d'Alphonse V fut ainsi bien souvent guidée par des préoccupations maritimes et commerciales, et le souverain trouva, dans les milieux d'affaires de Perpignan, seconde ville du principat de Catalogne, un appui sans réserve que les notables barcelonais ne lui accordaient qu'avec réticence (Guy Romestan, Les marchands de Perpignan et l'effort de guerre du roi d'Aragon Alphonse le Magnanime (1416-1458), Les armes et la toge: mélanges offerts à André Martel, 1997 - books.google.fr, Bartholomaei Facii et Io. Ioviani Pontani rerum suo tempore gestarum Libri sexdecim: Cvm Gvicciardino coniunximus, 1566 - books.google.fr).

 

La maison royale d'Aragon du rameau de Catalogne étant venue à s'éteindre au commencement du quinzième siècle, les cortès proclamèrent roi en 1412 l'infant Ferdinand de  Castille, en sa qualité de seul héritier légitime du trône. Sous ce prince et son fils Alphonse V (1416-1456), qui conquit Naples, les droits des cortès reçurent encore une extension nouvelle, de même qu'elles concoururent depuis lors à la nomination du Justitia (justicier) ou grand juge. Le descendant d'Alphonse, Ferdinand V le Catholique (1479-1516), épousa Isabelle de Castille. Ce mariage opéra la réunion des deux royaumes, et avec l'acquisition de la Navarre et d'autres territoires devint la base de la future monarchie espagnole (Dictionnaire de la conversation, Tome 8, 1868 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain III, 86 - Charles III d’Espagne 1767-1768.

 

"forens" : forains, Ă©trangers

 

En italien : forastieri.

 

Dans l'Épire, en face de l'Italie, George Castriot, dit Scanderbeg, s'était révolté avec une glorieuse imprudence; encourageant les belliqueux Albanais à résister à la lune ottomane, il mit en fuite le victorieux Amurat. Mahomet II résolut de le soumettre, et, dans ce nouveau péril, Scanderbeg écrivit à Alphonse, roi de Naples, pour lui demander des secours ; il en obtint, avec des vivres, des auxiliaires commandés par Raymond d'Orlaffa. Scanderbeg, jaloux de reconnaître ce service, vint ensuite en Italie pour secourir Ferdinand son fils, duquel il obtint en récompense Saint-Pierre en Calatina, petite ville de la Pouille, où se fonda la première colonie albanaise; plus tard, d'autres s'établirent à Siponto, à Trani et autour du mont Gargan. A la mort de Scanderbeg, l'Épire retomba dans la servitude; mais les siens, durant cette longue guerre, avaient acquis une grande habileté. Montés sur des chevaux rapides, avec une soubreveste sans manches et piquée pour amortir les coups le bassinet de fer sur la tête, une lance à pointe de fer et longue parfois de douze pieds, une épée longue, un petit bouclier, une masse de fer aux arçons, ils s'exerçaient à courir, à tourner rapidement; ils étaient très-propres à poursuivre l'ennemi, à servir d'espions, à mettre le feu, à piller (Cesare Cantù, Histoire des Italiens, Tome 6, traduit par Armand Lacombe, 1860 - books.google.fr).

 

Par le traité de Gaëte, signé le 26 mars 1451, Scanderbeg devient le vassal du roi de Naples qui fait occuper par ses troupes la citadelle de Croia, signe des traités semblables avec d'autres chefs de clans albanais, envoie en Albanie des vice-rois, cherche même à mettre la main sur la Morée et inaugure en Orient une politique de grand style dirigée autant contre Venise que contre les Turcs (Revue historique, Volume 153, 1965 - books.google.fr).

 

Le fils du roi René, Jean d'Anjou, battit Ferdinand de Naples, fils d'Alphonse V, à Sarno (1460) mais ce dernier s'en tira en appelant à son aide l'Albanais Scanderbeg. Jean est défait à Troia, dans la Capitanate, par Scanderberg, qui combattait pour le roi de Naples, en 1462 (Marie Nicolas Bouillet, Atlas universel d'histoire et de géographie contenant, 1872 - books.google.fr).

 

En Italie, les Albanais - qui s'y désignent par ce même nom : Arbëresh - arrivèrent en vagues successives. La première au XIVe siècle, se fixa à Venise, mais les masses principales firent mouvement au XVe siècle.

 

A Fano, nous savons que la commune, surtout Ă  partir de 1449, fait un appel ouvert et pressant aux Ă©trangers pour reconstituer son tissu social anĂ©mie : un pointage provisoire permet de relever dans la ville quarante-neuf habitatores albanais entre 1396 et 1459.

 

On en ignore l'origine exacte, mais elles sont liĂ©es Ă  la pĂ©riode qui accompagna la lutte de Skanderbeg contre l'invasion des Ottomans, de 1449 Ă  1468. On peut, semble-t-il, distinguer quatre vagues : la première en 1442, la seconde arriva Ă  Ancone en 1458, la troisième dĂ©barqua Ă  Recanati (Marche) en 1479, une dernière en 1478, après la chute de Kruja.

 

La présence albanaise à Venise avait commencé modestement, par un premier flux migratoire, entre la fin du XIVe et le début du XVe siècle. Puis une immigration massive avait suivi la perte de Scutari par les Vénitiens en 1479. La majorité des membres de l'aristocratie albanaise s'enfuirent alors à Naples et les humbles à Venise.

 

On voit que le phénomène  fut plus complexe que ne le rapporte la tradition albanaise faisant s'enfuir 200000 personnes au lendemain de la mort du héros national. En fait, ces émigrations furent le résultat des luttes des grands entre eux et contre les Ottomans, combinées à la misère des paysans. Elle eurent lieu vers les États des Aragons d'Italie du Sud - Sicile et royaume de Naples - avec lesquels Skanderbeg avait des relations et qui accueillirent sa veuve Donika et son fils Jean en 1478 (Georges Castellan, Histoire de l'Albanie et des albanais, 2002 - books.google.fr, Silvia Moretti, Les Albanais à Venise, Les Étrangers dans la ville: Minorités et espace urbain du bas Moyen Âge à l'époque moderne, 1999 - books.google.fr, Michel Balard, Etat et colonisation au Moyen Age et à la Renaissance, 1989 - books.google.fr).

 

On a pris pour des colonies grecques en Sicile des colonies albanaises qui vinrent, dit-on, s'y Ă©tablir après la mort de leur cĂ©lèbre chef Scanderberg. Quoique les hommes aient adoptĂ© le costume sicilien, les femmes ont en partie conservĂ© le costume pittoresque des Albanaises, ce qui donne de l'intĂ©rĂŞt Ă  une excursion d'une journĂ©e pour aller visiter Piana de' Greci (12 mil. S. de Palerme). Les immigrations d’Albanais commencèrent vers 1448, et formèrent peu Ă  peu en Sicile les colonies suivantes : Contessa (province de Palerme), 3,510 âmes. Palazzo Adriano (dĂ©pendant de Palerme), 5,582. Mezzojuso (Palerme), 5,427. Piana de' Greci (Monreale), 7,600. Ces colonies ont conservĂ© le rit grec (Augustin Joseph du Pays, ItinĂ©raire de l'Italie et de la Sicile, 1859 - books.google.fr).

 

Les Albanais traversent donc l'Adriatique dont il est encore question dans le quatrain suivant X, 25 - Mélèze et platane - 2195-2196, avec l'île de Pelagosa.

 

Ferdinand d'Aragon

 

Ferdinand passait pour être né de Marguerite de Hijar; la femme d'Alphonse fit étrangler cette demoiselle, qui sauva, dit on, par sa mort, l'honneur d'une plus haute dame. Alphonse renvoya sa femme en Espagne, et fit serment de n'y plus retourner lui-même; par son testament, il nomma Ferdinand roi de Naples, et laissait à Jean, son frère, la Sicile, la Sardaigne et les autres États d'Aragon. De nombreux compétiteurs voulurent disputer à Ferdinand son héritage; mais il épousa la fille du plus redoutable d'entre eux, qui était son oncle Jean. Il fut soutenu contre les autres par François Sforza et Georges Castriot Scanderbeg, qui payait ainsi l'assistance qu'Alphonse lui avait prêtée contre Mahomet II. Son triomphe fut assuré lorsque Jacques Piccinino, le plus grand capitaine d'aventure de l'époque et gendre de François Sforza, eut quitté le service de Jean d'Anjou pour passer au sien. Ferdinand, pour l'en récompenser, le fit assassiner (Cesare Cantù, Histoire universelle, Tome 12, 1862 - books.google.fr).

 

Sforza de l'italien "sforzo" : effort (cf. vers 3).

 

Le miel et les abeilles

 

Le roi Alphonse V est repoussé lors du siège de la ville de Vicaro dans les Pouilles, près de Troia, par des essaims d'abeilles (Bartholomaei Facii et Io. Ioviani Pontani rerum suo tempore gestarum Libri sexdecim, 1566 - books.google.fr).

 

Le roy Alphonse assiegeant une ville nommĂ©e Vicaro fut obligĂ© de lever le siege a cause des mouches a miel que les habitants jettoient, et qui, irritĂ©es de la rupture de leur maison, faisoient sur luy des sorties plus dangereuses que celles qu'eussent fait 4000 hommes : c'est le miracle de Nisibe ; mais ce fut les guepes qui firent ce miracle. […]

 

Vicaro (aucune autre ville de ce nom n'est enregistrée dans les grands répertoires géographiques) est peut-être une petite ville proche de Palerme (Vicari), fortifiée par un château du XIIe siècle. Dans ce château Jean de Saint-Rémy, justicier du roi Charles d'Anjou, chercha inutilement refuge en mars 1282 pendant la révolte des Vêpres siciliennes (S. Runciman, The Sicilian Vespers, Cambridge 1958). Le roi Alphonse est très probablement Alphonse V le Magnanime, roi d'Aragon, de Sardaigne et de Sicile depuis 1416 (1396-1458). Mais le futur roi de Naples (1442) visita la Sicile seulement trois fois (de février à juin 1421 ; pendant l'été 1432 ; de septembre 1433 à avril 1435), jamais avec des intentions hostiles (G. Libertini et G. Paladino, Storia della Sicilia, Catania 1933, p. 496). Il faut supposer donc une corruption du nom de la ville. L'hypothèse la plus probable est qu'il s'agit de Ficari (ou Figari), bon bourg et port tout près de Bonifacio, ville assiégée durement en 1420 par Alphonse qui voulait arracher la Corse à Gênes et y affirmer les droits de souveraineté de l'Aragon. Nisibis (aujourd'hui Nusaybin) en Mésopotamie, important centre du nestorianisme Le sassanide Shapur II le Grand l'assiégea à trois reprises de 338 à 350 et fut toujours repoussé. Le premier siège fut levé par la vertu disait-on des prières miraculeuses de l'évêque en place depuis, saint Jacques le Grand (mort en 338), appelé aussi le «Moïse de la Mésopotamie» (Oeuvres complètes de Montesquieu: Spicilège, 2002 - books.google.fr).

 

Il s'agirait plutĂ´t de Biccari et en 1441 :

 

Per le campagne s'aveva molta cura delle api, perché s'usava mele per zuccaro e questo era raro e caro. Al tempo della guerra fatta in Puglia nel 1441, Alfonso d'Aragona andò a combattere Biccari con mal animo, perché aveva già acquistata quella terra, e poi come si fu partito, s'era ribellata. I cittadini, temendo la vendetta del Re, si disposero a difendersi con ogni argomento : avevano molte arnie e come videro, che i nemici si facevano sotto le mura, le gittarono dall'alto. Con la percossa della caduta quelle s'aprivano, onde venivano fuori sciami d'api stizzite, le quali molestavano i nemici. Ma questa difesa poco valse, e la terra fu occupata e dat (Atti della Accademia pontaniana, Volumes 24 à 25, 1894 - books.google.fr).

 

Biccari est l'ancienne Vaccaricia (Gustave Léon Schlumberger, L'épopée byzantine à la fin du dixième siècle: ptie. Basile II, le tueur de Bulgares (989-1025), Tome 2, 1969 - books.google.fr).

 

Dans les Pouilles, le Mont Gargano se trouve au nord-est de Biccari.

 

Confinant avec des lagunes de chaque côté du rivage sur lequel il fait saillie, le Gargano a servi autrefois de repaire aux pirates sarrasins, qui s'y étaient installés comme dans une forteresse. On y trouve une magnifique forêt de hêtres; cependant son sommet le plus élevé (de 1,500 mètres), le mont Calvo, est entièrement chauve. Le goudron et le miel sont les produits estimés de ce district, dont la ville principale située dans une gorge profonde, à l'intérieur, est Monte S. Angelo, c. 18. Une caverne de la montagne de ce nom est un lieu de pèlerinage célèbre (Charles Vogel, Le monde terrestre au point actuel de la civilisation, Tome 1, 1877 - books.google.fr).

 

Armes Ă  feu

 

L’apparition des premières bouches à feu vers 1320 traduit les progrès significatifs opérés tant dans la composition de la poudre que dans la métallurgie des armes et des projectiles. L’élaboration d’un mélange détonant performant - la poudre noire - est parachevée en Europe vers 1350 par le raffinage du salpêtre qui entre dans sa composition. Au XIIIème siècle, des procédés d’affinage en haut fourneau sont découverts permettant d’obtenir du fer ou de l’acier de meilleure qualité. La métallurgie, encore perfectionnée au XVème siècle, deviendra sidérurgie au XVIIIème grâce aux travaux de scientifiques tels Réaumur, Lavoisier. Le fer, assez résistant pour supporter la pression des gaz, présentait l’avantage d’être relativement aisé à travailler par les artisans et les moyens de l'époque. Pendant un siècle environ (1350 à 1450), les premières bouches à feu seront fabriquées en fer forgé à la manière d’un tonneau (barres d'acier brasées entre elles et maintenues extérieurement par des cercles d'acier leur assurant une certaine étanchéité). Leur longévité était très limitée. A partir de 1450, la fonte de fer ou d’acier s’impose dans la fabrication des armes à feu portatives, alors que l’emploi du bronze (alliage de fer et de cuivre) se généralise pour l’artillerie. Ce procédé (tube coulé d'une seule pièce) est beaucoup plus onéreux, mais il améliore considérablement les performances des armes et leur fiabilité. Parallèlement, le métal se substitue à la pierre comme projectile. Pour l’artillerie de siège, l’apparition du boulet de fonte de fer annonce la fin du château fort.

 

Le baston de feu reprend, en taille réduite, la conception des bouches à feu plus particulièrement celle de la couleuvrine, pièce longue et fine apparue au XVème siècle, permettant un tir tendu de portée appréciable.

 

L’emploi des armes à feu était naturellement limité aux sièges du fait d’une fiabilité très aléatoire (altération de la poudre selon les conditions climatiques) et d’un service de l’arme excessivement contraignant. Il fallait donc les rendre propre à une utilisation en bataille.

 

L’arquebuse est utilisée en France de la fin du XVème siècle à la fin du XVIème siècle. Sa principale qualité, outre une ergonomie facilitant la prise en main, est une plus grande fiabilité de mise à feu réalisée par trois générations de mécanismes. L'arquebuse à mèche est apparue vers 1450 (www.musee-du-genie-angers.fr).

 

Glaucos et Diomède

 

Glaucos, encore tout enfant, tomba, en poursuivant une souris dans une jarre de miel et s'y noya. Après sa disparition, Minos le fit longuement rechercher et il demanda aux oracles comment le retrouver... (Le devin) Polyidos, fils de Coïranos... contraint alors de chercher l'enfant, le découvrit grâce à certain procédé divinatoire. Mais Minos déclara qu'il lui fallait récupérer son fils vivant et il le fit enfermer avec le cadavre. Polyidos se trouvait dans un grand embarras, lorsqu'il vit un serpent s'approcher du corps. Il le tua d'un coup de pierre, de peur de mourir lui même s'il avait pitié de lui. Mais voici que se présente un second serpent : en voyant que le premier était mort, il se retire, puis revient, porteur d'une herbe qu'il applique sur tout le corps de l'autre. Une fois l'herbe appliquée, le premier serpent revint à la vie. Emerveillé par ce spectacle, Polyidos employa la même herbe sur le corps de Glaukos et le ressuscita. Mais après avoir récupéré son fils, Minos refusa de laisser Polyidos repartir à Argos avant qu'il n'ait enseigné à Glaucos l'art de la divination. Contraint et forcé, il le lui enseigne. Mais au moment de partir, il ordonne à Glaucos de lui cracher dans la bouche. Glaucos fit le geste et oublia l'art divinatoire (Apollodore, Bibliothèque, trad. Carrière et Massonie). Ce récit ne fait plus intervenir la défiguration. Mais, outre le thème de la résurrection grâce à une herbe d'immortalité, ici apportée par un serpent, et celui de la mantique, nous retrouvons une chute ou un plongeon, ici dans une jarre de miel qui a valeur de nourriture des dieux et qui peut procurer l'inspiration, mantique ou poétique. Nous retrouvons aussi une immortalité incomplète, tronquée : Polyidos réussit à ressusciter l'enfant, sans pour autant lui transmettre vraiment sa science ; le Glaukos corinthien se désespère de ne pouvoir prouver son immortalité (Renée Piettre, Platon et l'âme défigurée, L'homme défiguré l'imaginaire de la corruption et de la défiguration, 2002 - books.google.fr).

 

Deux «autres» Glaukos participent Ă  l'expĂ©dition , toute probatrice et initiatique, des Argonautes : «l'un, guerrier invulnĂ©rable  l'autre, courant dans les jeux funèbres en l'honneur de PĂ©lias, tombe de son char et est dĂ©chirĂ© par ses chevaux», et R. Roux commente justement : «Il s'agit de deux fins Ă©galement rituelles prĂ©cĂ©dent des vies ressuscitĂ©es et nouvelles.

 

Il y a des relations d'Ă©quivalence partielle entre un de ces deux Glaukos et le roi guerrier d'Argos, Diomèdès : c'est bouclier de Glaukos que Diomèdès fascine le dragon de la Toison d'Or. Un cĂ©lèbre passage de l'Iliade est celui oĂą un «autre» Glaukos encore, Lycien celui-ci, mais descendant de BellĂ©rophĂ´n (lequel fut, comme le Glaukos crĂ©tois, Ă©lève de Polueidos), rencontre sur le champ de bataille l'Argien Diomèdès : se reconnaissant alors «hĂ´tes hĂ©rĂ©ditaires», ils Ă©changent des prĂ©sents [BellĂ©rophon, aĂŻeul de Glaucos, ayant Ă©tĂ© l'hĂ´te et l'ami de OEneus, père de Diomède] (Bernard Sergent, HomosexualitĂ© et initiation chez les peuples indo-europĂ©ens, 1996 - books.google.fr).

 

Echange inégal.

 

On trouve l'homérique Diomède dans le quatrain suivant X, 25 dont le tombeau est dans l'île de Pelagosa.

 

Diomède Ier Carafa, comte de Maddaloni (Naples, vers 1406 – Naples, 17 mai 1487) est un homme politique et un auteur italien du XVe siècle, dernier fils d'Antonio Carafa dit Malizia («l'astucieux»), émissaire de la reine Jeanne II de Naples et partisan des Aragonais à la succession au royaume de Naples, et de Caterina Farafalla. Ayant remarqué chez lui une vivacité d'esprit et une intelligence précoces, Antonio Carafa envoya son cadet Diomede se former à la cour d'Aragon en 1423, auprès du roi Alphonse V. À partir de 1423, le jeune Diomède passa toute son adolescence à la cour aragonaise de Barcelone, apprenant le métier des armes et participant à plusieurs expéditions militaires, notamment contre Marseille et, en 1432, l'île de Djerba. De retour à Naples, il se retrouva à la tête des affaires familiales après la mort de son père en 1437. Il accrut la fortune et le prestige des Carafa en soutenant énergiquement Alphonse d'Aragon lors de sa conquête du royaume de Naples aux dépens de René d'Anjou en 1442. Diomède alla jusqu'à prendre personnellement part au siège de Naples par les Aragonais, en aidant financièrement le monarque espagnol et en entrant parmi les premiers dans la ville à la tête de sa compagnie d'hommes d'armes à laquelle il avait fait emprunter un aqueduc servant à ravitailler Naples en eau. Très fidèle à la dynastie aragonaise et habile diplomate, il reçut en récompense de son soutien de nombreuses charges de la part du nouveau souverain et de son successeur, Ferdinand Ier de Naples (qui régna à partir de 1458). Son petit-fils, Gian Pietro Carafa, est devenu pape sous le nom de Paul IV en 1555 (fr.wikipedia.org - Diomede Ier Carafa).

 

Parmi les faits importants qui nous sont révélés par les mémoires de Dellello, il faut signaler la cause première et toute fortuite de la découverte qui ouvrit les portes de Naples au roi d'Aragon : Alphonse lisait sous sa tente un livre traduit du grec en latin par Léonard Arétin, secrétaire de la communauté de Florence, qui le lui avait offert lui-même; ses yeux tombèrent sur l'histoire de la guerre des Goths; il vit que Bélisaire avait arraché Naples à ces barbares en passant par un ancien aqueduc, et la fantaisie lui prit de tenter une seconde fois le coup; il fit chercher l’aqueduc, le retrouva et réussit (A. Lecoy de la Marche, rapport au ministre de l'Instruction publique, Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, Volume 40, 1873 - books.google.fr).

 

Duplication du cube

 

La duplication du cube consiste Ă  trouver le cĂ´tĂ© d’un cube, qui soit double en soliditĂ© d’un cube donnĂ© : c’est un problème fameux que les GĂ©omètres connoissent depuis deux mille ans. On prĂ©tend qu’il fut d’abord proposĂ© par l’oracle d’Apollon Ă  Delphes, lequel Ă©tant consultĂ© sur le moyen de faire cesser la peste qui desoloit Athenes, rĂ©pondit qu’il falloit doubler l’autel d’Apollon qui Ă©toit cubique. C’est pourquoi, dit-on, on l’appella dans la suite le problème dĂ©liaque. Nous ne prĂ©tendons point garantir cette histoire. Eratosthenes donne Ă  ce problème une origine plus simple. Un poĂ«te tragique, dit-il, avoit introduit sur la scene Minos Ă©levant un monument Ă  Glaucus ; les entrepreneurs donnoient Ă  ce monument cent palmes en tout sens ; le prince ne trouva pas le monument assez digne de sa magnificence, & ordonna qu’on le fĂ®t double. Cette question fut proposĂ©e aux GĂ©omètres, qu’elle embarrassa beaucoup jusqu’au tems d’Hippocrate de Chio, le cĂ©lebre quadrateur des lunules ; il leur apprit que la question se reduisoit Ă  trouver deux moyennes proportionnelles (fr.wikisource.org - L'EncyclopĂ©die, 1ère Ă©dition, 1751).

 

Deux vers d'Euripide, rapportés par Eutocius d'Ascalon (VIème sècle après J.-C.) (Commentaire au traité « sur la sphère et le cylindre » d'Archimède, éd. Heiberg, III, 66-114.) transposent dans un passé mythique le problème en faisant dire à Minos s'adressant à Tantale [Dédale ?], chargé de construire un tombeau : Pour un tombeau royal, tu le fais bien petit / Il faut doubler le cube et ne pas s'y tromper.

 

Si Minos fait doubler le tombeau de son fils, c'est probablement pour y placer aussi Polyidos.

 

Le doublement du tombeau, platoniquement traduit en doublement du corps, peut être expliqué par une incursion chrétienne chez Jean Damascène qui parle du pain eucharistique comme corps double (nonagones.info - Le Serpent rouge - Le voyage de l’âme - Philolaos, les Bergers d’Arcadie et le cube ).

 

Tarente est la patrie d'Archytas, philosophe, homme politique mais aussi savant dans les différents domaines de la géométrie, l'arithmétique, la musique et l'astronomie. Son apport le plus original a été de chercher des applications pratiques de ses théories. Avant Archimède, Archytas est un peu le premier grand ingénieur de l'Antiquité. Ainsi, il résolut le problème théorique de la duplication du cube, mais construisit une machine permettant une solution pratique du problème. On lui attribue l'invention de plusieurs mécanismes, dont un jouet pour les enfants proche de la crécelle, et une colombe volante en bois. On en fait aussi l'inventeur de l'acoustique car le premier il a établi que le son provient du choc de deux corps en mouvement qui se rencontrent, et que de nombreux sons ne sont pas perceptibles à l'oreille humaine, parce qu'ils sont trop graves ou trop aigus. [...]

 

Tarente, Naples et Syracuse ont joué un rôle de pionnier dans la création et la diffusion de modèles qui sont ceux de l'art hellénistique mais chacune à sa manière ; or ces modèles ont été occultés par les synthèses et les apports successifs, et il est aujourd'hui difficile de les retrouver dans les créations postérieures. S'il est vrai que Rome est considérée comme l'héritière culturelle de la Grèce, il faut se souvenir que les premiers legs se sont faits à Naples, Tarente et Syracuse, les trois plus grands centres de la Grande-Grèce au sens où l'entend Strabon (Pierre Brulé, Raymond Descat, Le monde grec aux temps classiques, Tome 2 : Le IVe siècle, 2015 - books.google.fr).

 

Acrostiche : LPPS

 

LPPS : lordships (Calendar of the Manuscripts of the Most Honourable the Marquess of Salisbury : Preserved at Hatfield House, Hertfordshire, 1971 - books.google.fr).

 

Wilton House est un manoir situé à Wilton près de Salisbury dans le Wiltshire. Cette demeure est la gentilhommière des comtes de Pembroke depuis plus de 400 ans. Wilton House est célèbre pour ses sept salles d'apparat (state room), œuvres attribuées à Inigo Jones, dont The Double Cube Room, longue de 18 m, large et haute de 9 m, datant de 1653, au plafond peint par Thomas De Critz (fr.wikipedia.org - Wilton House).

 

Thomas Hobbes est né dans le Wiltshire à Westport près de Malmesbury. Il raconte que sa mère accoucha avant terme sous le choc de la nouvelle de l'appareillage de l'Invincible Armada (fr.wikipedia.org - Thomas Hobbes).

 

Hobbes renewed his claims to preeminence in the mathematical world the next year (1661) with an anonymous solution to the ancient problem of doubling the cube, published in Paris under the title La Duplication du Cube par V.A.Q.R. Wallis recognized the author of the work and responded immediately with a letter to an unnamed gentleman (possibly Viscount Brouncker) exposing the error in the alleged solution. [...] Wallis ends the letter with the closing "Dominationis vestrae observantissimus" ("your Lordship's most dutiful servant"), which would be a very odd way to address Hobbes. In the letter, Wallis reports that the sheet containing the duplication of the cube had been brought to him the previous evening and then embarks on a close examination of Hobbes's argument and reveals the false supposition upon which it is based (Douglas M. Jesseph, Squaring the Circle: The War Between Hobbes and Wallis, 1999 - books.google.fr).

 

Lord Brouncker produira à son tour une réfutation de la solution de Hobbes (Christoph Scriba, Philip Beeley, The Correspondence of John Wallis (1616-1703): Volume II (1660 - September 1668), 2003 - books.google.fr).

 

Hobbes a entièrement conscience du problème théologico-politique, c'est-à-dire des problèmes et des interférences souvent néfastes entre la sphère religieuse (chrétienne) et la sphère politique. Notamment parce qu'il a connu lui-même les guerres de religion en Angleterre. C'est ainsi qu'il consacre pratiquement la moitié de son œuvre politique à la question religieuse (fr.wikipedia.org - Thomas Hobbes).

 

Un des motifs d'affinité les plus significatifs entre Hobbes et Valla se trouve dans la méthode humaniste, historico-philologique (la vérification de l'authenticité et de l'originalité des textes et de leurs significations, la critique et la démystification du témoignage historique) : une méthode qui, selon Paganini, s'exprime surtout dans une œuvre comme Historia ecclesiastica, laquelle est imprégnée d'une religiosité antidogmatique et anticonfessionnelle qui porte une claire empreinte humaniste, et s'inscrit dans une perspective de tolérance religieuse, peut-être même en rupture vis-à-vis de l'érastianisme plus rigide soutenu dans le Léviathan (Gianni Paganini, 1999, Thomas Hobbes e Lorenzo Valla. Critica umanistica e filosofia moderna) (Archives de philosophie, Volume 65, 2002 - books.google.fr).

 

These are issues on which once again Hobbes, contemptuous of 'insignificant speech' and classical pedantry, would seem to come down on Valla's side. Valla's use of 'the playful approbria of the traditional invective to introduce each new argument' cues us to the format of Hobbes's Historia Ecclesiastica. In book IV of the Elegantiae Valla had addressed the very issues with which Hobbes was later to deal, the application of philology to the study of a Scripturebased Christian theology and linguistic reform based on Paul and the Church Fathers Moreover, the Elegantiae, composed during Valla's period of service at the court of Alphonse of Aragon (1435-46), had engaged him in disputes with the Neapolitans Panormita and Fazio that left their mark on a later generation of Neapolitan humanists. So, for instance, in the dialogues of Giovanni Pontano, and particularly his'Lucianic depiction of the grammarians ' in Charon, the polemics between Valla and the Neapolitan humanists resound. Pontano's second dialogue, the Antonius , named for his mentor Panormita, takes as its model the young Valla's now lost Comparatio, a polemic over the relative merits of Cicero and Quintilian on the subject of oratory. Pontano in this dialogue depicting a debate in the Neapolitan Academy, not surprisingly, takes the side of his mentor against Valla, less to attack Quintilian than to defend Cicero. But in the second discussion of the Academy, Pontano following the example of Valla, defends Virgil against unfavourable comparisons with Pindar and Homer made by the ancient grammarians Gellius and Macrobius. The dialogue concludes with lyrics and a mock-epic poem, the iter Napolitanum, a journey poem related by a member of the Academy, Iurazio Suppazio, who narrates travels in Italy by friends, purportedly in search of a wise man, but which is largely a comical survey of local Italian customs , and ends by describing Marsh (Patricia Springborg, Patricia H. Stäblein, Paul Wilson, Historia Ecclesiastica de Thomas Hobbes, 2008 - books.google.fr).

 

On dit de Platon, que les Abeilles firent en sa bouche vn rayon de miel. Et pareillement de Pindare, qu'ayant esté jetté à l'abandon hors de la maison de son pere, elles le norrirent, luy donnans du miel en lieu de laict (Philostrate de Lemnos, Les images ou tableaux de platte-peinture de Philostrate Lemnien sophiste grec. Mis en françois par Blaise de Vigenere: Avec des argumens et annotations sur chacun d'iceux, 1578 - books.google.fr).

 

Cela nous emmène assez loin géographiquement et temporellement : trop ?

 

Le cousin de Lorenzo Valla, Giorgio Valla (1447-1500), après avoir suivi l'enseignement de Constantin Laskaris à Milan, se voit se voit proposer un poste de grec à Venise. Il eut une œuvre de traducteur de textes grecs (souvent scientifiques) assez onséquente : les Éléments d'Euclide, la première traduction latine de la Poétique d'Aristote, l'Éthique à Nicomaque, des textes de Galien, Nicéphore Blemmydès, Michel Psellos, Proclus (Michel Ballard, Histoire de la traduction: Repères historiques et culturels, 2013 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Giorgio Valla).

 

L'ouvrage encyclopédique de Georges Valla, paru en 1501, contient une partie mathématique. ouvrage très légèrement postérieur aux incunables, il est imprimé à Venise sur les presses Aldines, en 1501, comprenant 314 folios. La page de titre de ce grand in-folio contient un sommaire de l'ouvrage «Georgii Valla Placentini Viri Clariss expetendibus et fugiendis rebus opus un quo haec continentur De arithmetica...» Suivent 13 feuilles constituant une table des matières très détaillée. La partie mathématique est extrêmement importante et souvent originale . […]

 

La géométrie occupe 88 feuilles (du livre 10 au livre 14) et est beaucoup plus intéressante. Elle contient de nombreux chapitres des éléments d'Euclide et un livre XIII fort riche. Outre l'exposé de la méthode d'exhaustion, première méthode de calcul intégral permettant le calcul des aires et volumes par un passage à la limite, due à Eudoxe de Cnide et perfectionnée par Archimède, ce livre XIII contient : le problème de duplication du cube et autres questions s'y rattachant qui nécessitent la résolution d'une équation du 3e degré ; le premier traité imprimé concernant les sections coniques d'Apollonius de Perge (225 av. J.C.) et un traité de la sphère. Ajoutons que le livre XV de la géométrie est constitué par l'optique (Revue française d'histoire du livre, Numéros 32 à 33, 1981 - books.google.fr).

 

Duplication du cube et prophétie

 

Neantmoins l'oracle d'Apollon ayant respondu aux Atheniens, que la peste ne cesseroit point, que son autel, qui estoit carré en tout sens ne fust doublé, & Platon le plus grand Geometrie, qui fust alors, ayant trouué le moyen de le doubler physicalement & grossierement dit aux Atheniens, que Dieu leur auoit demandé la plus difficile question qui soit en toute la Geometrie, c'est la duplication du cube & qui de faict n'a iamais encores esté demonstree, pour les destourner de l'auarice, de l'ambition, des voluptez deshonestes, and les attirer à la contemplation des choses intellectuelles, & oeuvres admirables de Dieu. Le Diable voyant la peste grande print ceste occasion, & en fist son proffit, ce qui accreut de beaucoup l'opinion qu'on auoit de la diuinité de l'oracle. Car si tost que Platon eust doublé l'autel en tous sens la peste cessa. Apres Platon Iamblique Ægyptien au temps de l'Empereur Iulian l'Apostat, fut estimé le plus grand & le plus diuin, & que Porphyre (qu'on appelloit le Philosophe par excellence) recongnoissoit pour son maistre, neantmoins on void en ses liures de Mysteres, qui sont entierement traduits, and imprimez à Rome, and non pas au fragment de Marsile Ficin, qu'il reprouue l'impieté de ceux qui faisoient des images, and characteres pour prophetizer, and conclud que la prophetie n'est point naturelle, ains que c'est le plus grand don de Dieu, 0 and que tel don ne vient que de Dieu, à celuy qui a l'ame purifiee (Jean Bodin, De la Démonomanie des Sorciers, 1587 - fr.wikisource.org).

 

Apollon Pythien, justement, avait ordonné par un oracle de doubler le volume de son autel de Délos. Le dieu voulait-il montrer par là que l'étude des questions impossibles à résoudre n'est pas absolument vaine - peut-être en ce qu'elle stimule indéfiniment l'esprit de recherche, et qu'il convient parfois de ne pas écouter la sagesse à courte vue qui conseillerait de les laisser de côté ? Dans ce cas, il nous encouragerait lui-même à examiner à nouveau l'énigme indéchiffrable que pose le fonctionnement de son oracle delphique. En effet, s'il est possible de se représenter, en gros, comment la Pythie rendait ses oracles (la question même de l'inspiration étant mise à part), dès que l'on veut préciser la disposition du lieu prophétique, en confrontant les ruines du temple d'Apollon avec les textes et les monuments figurés, on se heurte à des difficultés inextricables, (Yves Béquignon, Études d'archéologie grecque, 1938 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2194 sur la date pivot 1423 donne 652.

 

Le petit village de Monte Sant'Angelo est situé sur le Gargano, promontoire rocheux du sud de l'Italie (Pouilles), à 810 m au-dessus du niveau de la mer. Au coeur du village, se trouve un complexe de trois édifices médiévaux : l'église Saint-Pierre, aujourd'hui détruite, l'église Sainte-Marie-Majeure et l'édifice Saint-Jean-in-Tumba, autrefois connu sous le nom de Tombeau de Rothari (Alessia Trivellone, L'iconographie de deux bas-reliefs de Saint-Jean-in-Tumba à Monte Sant'Angelo (Pouilles), Cahiers de civilisation médiévale: Xe-XIIe siècles, Numéros 177 à 180, 2002 - books.google.fr).

 

L'Ă©difice que Bertaux dĂ©finit le plus mystĂ©rieux monument de l'Italie mĂ©ridionale est communĂ©ment appelĂ© : la "tombe de Rotari" Ă  cause de la fausse interprĂ©tation d'un Ă©pigraphe en lettres capitales onciales, que l'on voit sur ce monument. Il a Ă©tĂ© dĂ©nommĂ© : tombe par quelques uns de ceux qui l'ont Ă©tudiĂ©, par d'autres, mosquĂ©e ou temple indien, ou campanile ; cependant, d'après l'opinion la plus admissible et la plus rĂ©pandue, il peut ĂŞtre considĂ©rĂ© comme un baptistère. Il s'Ă©rige semblable Ă  une tour, sur un plan carrĂ© qui dans ses parties supĂ©rieures se façonne en une forme octogonale terminĂ©e par une calotte sphĂ©rique qui le couronne ; mouvement hardi et savant qui apparaĂ®t mieux de l'intĂ©rieur, ou la galerie du rez-dechaussĂ©e se modifie en polygone au moyen de petites arcades portant des angles, incurvĂ©es et se rĂ©solvant ensuite, grâce Ă  des courbes toujours plus accentuĂ©es, en un tour de section elliptique prompt Ă  s'identifier avec la calotte terminale. Sur l'architrave de la porte est sculptĂ©e la scène reprĂ©sentant l'agonie de JĂ©sus-Christ au Jardin des Oliviers et au dessus, dans une autie partie transversale, la Crucifixion. Dans l'intĂ©rieur, sous les arcades aiguĂ«s qui pour renforcer les murs entrent les unes dans les autres et s'appuient sur des demi-colonnes et pilastres, circule une corniche Ă  petites consoles et bas-reliefs rappelant les ornements du type Ă©gyptien, adoptĂ©s dans les Ă©difices, arabo-mauresques de la Sicile et Ă  l'Alhambra ; au-dessus, court une thĂ©orie de fenĂŞtres sur lesquelles se dĂ©noue une seconde corniche plus haute et plus mouvementĂ©e, ornĂ©e, dans le cavet, de fleurs, de feuilles et de tĂŞtes sculptĂ©es, au milieu desquelles surgissent trois groupes en haut-relief d'une composition Ă©trange et plus Ă©levĂ©e encore, une troisième plus schĂ©matique, sur laquelle commence le tour de la petite coupole. Quelqu'en ait Ă©tĂ© la destination, ce mystĂ©rieux Ă©difice, Ă©crit Petrucci, reprĂ©sente le plus caractĂ©ristique stade de cette synthèse rĂ©gionale qui, commencĂ©e avec les premières tentatives d'Acceptus, le plus ancien sculpteur de la Pouille, dont on aurait reconnu la facture dans quelques fragments d'ambon Ă  Sainte-Marie de Siponto et dans les formes rudimentaires de Saint-Egidio, Montesacro, continuĂ©e peu Ă  peu, par les rĂ©alisations plus perfectionnĂ©es de Siponto et de Saint-Marie Majeure (L'Italia monumentale: collezione di monografie, Volumes 41 Ă  43, 1924 - books.google.fr).

 

Rothari est roi des Lombards d'Italie de 636 à 652. Ce roi-législateur qui avait prôné la politique expansionniste du regnum Langobardorum mourut en 652, à l'âge de 46 ans environ. Il fut inhumé dans l'église de S. Jean à Monza, résidence royale, ou à Pavie, capitale du royaume.

 

Rothari est le premier roi lombard à mettre par écrit les lois orales de son peuple et de ses sujets barbares. Ainsi, le 22 novembre 643, il fait publier à Pavie son fameux édit, plus connu sous le nom d'Édit de Rothari (Edictvm Rothari), d'inspiration germanique, se rapprochant des lois anglo-saxonnes, et faisant peu allusion aux Romains (fr.wikipedia.org - Rothari).

 

L'Edictus Rothari, le Pactus legis Alamannorum et la Lex Alamannorum ainsi que la Lex Baiuvariorum permettent de cerner les relations qu'entretenait l'homme médiéval avec les animaux en caractérisant non seulement les types d'enfreintes perpétrées à leur encontre (vol, cruauté, etc.) mais aussi la protection explicite que ces lois prononcent à l'égard des animaux, plus particulièrement envers les abeilles, chevaux, chiens et oiseaux de chasse (Adelheid KRAH, «Tiere in den langobardischen und süddeutschen Leges», pp. 33-52) (Revue Critique de philologie romane, Volume 9, 2008 - books.google.fr).

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