Carolingiens et Byzantins

Carolingiens et Byzantins

 

X, 63

 

2223-2224

 

Cydron Raguse, la cité au sainct Hiéron,

Reverdira le médicant secours,

Mort fils de roy par mort de deux héron,

L'Arabe, Ongrie feront un mesme cours.

 

"Cydron"

 

"Cydron" pourrait être Scidros, ainsi noté par Marco Antonio Coccio ou Cocci, dit Sabellico dans ses Enneades sive Rhapsodia historiarum (1498-1504), histoire universelle en 92 livres (M. Antonij Coccij Sabellici Opera omnia, Volume 1, 1560 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Marcus Antonius Coccius Sabellicus).

 

Il faut croire que Sybaris posséda dès le VIIe siècle ces débouchés sur le versant tyrrhénien, s'il est vrai qu'au début du VIe, lorsque le Sybarite Smindyridès briguait la main de la fille du tyran de Sicyone Clisthène, la cité, d'après Hérodote, était déjà à l'apogée de sa puissance. Les principaux de ces débouchés furent les deux villes de Laos et de Scidros, où le même Hérodote rapporte que se retirèrent les Sybarites qui survécurent à la catastrophe de 511. Scidros, dont en dehors de ce détail nous ignorons totalement l'histoire, ne fut jamais, semble-t-il, qu'une petite ville sans grande importance, peut-être un simple poste fortifiés. Son emplacement même est incertain. On prétend d'ordinaire la reconnaître à Sapri, à proximité immédiate de Pyxunte ; ce qui, en soi, n'est plus inconcevable, si Pyxunte ne fut pas au VIe siècle, un poste sirite ; mais aucune découverte archéologique n'est venue jusqu'ici confirmer cette identification. Il se peut également, selon nous, qu'il faille chercher Scidros à l'extrémité d'une des routes «isthmiques» qui unissaient les deux mers : c'est-à-dire soit dans la région de Belvedere Marittima, si l'on songe à la route qui suivait la vallée de l'Ésaro, soit dans celle de Cetraro, si l'on songe à la route moins pratique qui empruntait la vallée du Follone. Mais ce ne sont là que desdes conjectures. [...] En dehors du texte d'Hérodote elle n'est mentionnée que dans un passage de Lycos de Rhegion rapporté par Étienne de Byzance, où il était question de l'expédition d'Alexandre le Molosse peu avant 330 (Jean Bérard, La colonisation grecque de l'Italie méridionale et de la Sicile dans l'antiquité: l'histoire et la légende, 1957 - books.google.fr).

 

Sapri est une commune italienne de la province de Salerne dans la région Campanie en Italie à une centaine de kilomètre de Salerne (fr.wikipedia.org- Sapri, saprirovinata.wordpress.com).

 

Salerne

 

Arechis, gendre du roi lombard déchu Didier et battu par Pépin, est duc de Bénévent qui englobe Salerne. Jusqu'à la mort de Sicard, prince de Bénévent, ce sera le cas.

 

Sicard de Bénévent (en italien : Sicardo di Benevento) est prince lombard de Bénévent d'octobre 832 à juillet/août 839. Il est le dernier prince bénéventin à dominer la plus grande partie du Mezzogiorno, alors appelé Langobardia Minor, c'est-à-dire la «Lombardie mineure» ou «petite Lombardie» (fr.wikipedia.org - Sicard de Bénévent).

 

Raguse et Dalmatie

 

La guerre qui éclata peu après entre Charlemagne et Byzance permit au successeur d'Erich d'intervenir de nouveau dans la Croatie dalmate. La paix conclue entre les deux rivaux à Königshofen, en 803, la laissait aux mains des Francs, depuis l'Istrie jusqu'à la mer Adriatique, et depuis la Cetinja jusqu'au Vrbas. L'Empire d'Orient gardait Venise et les villes côtières, Zara, Trogir, Spalato, Raguse et Cattaro avec les îles. Les Croates de Dalmatie devinrent ainsi les sujets du margrave du Frioul. Ils lui devaient le tribut et, en cas de guerre, un contingent militaire. Quant aux villes côtières, elles voulurent, en 806, se mettre d'elles-mêmes sous l'autorité franque. La guerre entre Byzance et Charlemagne recommença. Une démonstration de la flotte grecque sur la côte de l'Adriatique rétablit le le statu quo (Francis Dvornik, Les Slaves: Byzance et Rome au IXe siècle de Travaux, Institut d'Etudes Slaves Paris (1926), 1970 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain VI, 48 - Catherine de Sienne et le concile Vatican II - 1960-1961.

 

L'empire fondé par Charlemagne avait pour bornes à l'époque de sa mort : l'océan Atlantique ou plutôt le golfe de Gascogne à l'O.; l'océan Britannique, le détroit de Gaule et l'océan Germanique au N.-O. ; ce même océan, l'Eyder et la mer Baltique jusqu'à l'embouchure de la Trave au N. La limite orientale était déterminée en général par l'Elbe, la Saale, les montagnes de Bohême, le Danube, la Raab, la Drave et le Danube encore jusqu'au confluent de la Save. Au S.-E. étaient la Save, la Bosna et une ligne qui, partant de cette rivière, descendait au S. jusqu'à Raguse. Au S. l'Adriatique, l'Aterno ou la Pescara, le Garigliano, la Méditerranée, et l'Ebre. Dans cette vaste étendue de territoire, qui avait fait donner à Charlemagne le titre de roi d'Europe, nous ne comprenons pas les pays qui n'étaient que tributaires ou alliés, et qui avaient conservé leur indépendance nationale avec leurs souverains particuliers. Ils formaient sur les frontières de l'empire une ceinture redoutable destinée à le défendre contre les barbares de l'E., du N. et du S. (Charles Barberet, Précis de géographie historique universelle, Tome 2, 1841 - books.google.fr).

 

Hiéron est proche phonétiquement de Hilarion.

 

Dans la Vie de saint Hilarion par saint Jérôme il est raconté que le Saint vint en Dalmatie et qu'il délivra les environs d'Epidaurus (près de la ville actuelle de Raguse) d'un serpent qui la désolait. Or l'auteur dit qu'Hilarion cherchait en abordant en Dalmatie, à échapper à la curiosité de la foule, mais qu'il ne put se cacher, d'où l'on doit apparemment conclure qu'il y avait des chrétiens en ce lieu (Jacques Zeiller, Les origines chrétiennes dans la province romaine de Dalmatie, 1906 - books.google.fr).

 

Le serpent d'Hilarion fait penser à celui du Serpentaire, constellation du ciel nocturne nommée parfois aussi Esculape (Cicéron, les phénomènes d'Aratus, Oeuvres complètes, Volume 36, 1837 - books.google.fr).

 

Arabes, Hongrois

 

Desmichels, Hist. génér. du moyen âge, t. II, p. 525, d'après les Annales Bertiniennes et les Actes des Saints, parle d'invasions des Hongrois en 750, 838, 862 et 883. Ces invasions ne peuvent être attribuées aux Hongrois qui n'ont paru que beaucoup plus tard dans l'Europe occidentale (Louis Dussieux, Essai historique sur les invasions des Hongrois en Europe et spécialement en France, 1839 - books.google.fr).

 

Un passage très curieux des Acta Sanctorum nous apprend que les Hongrois (impia gens Hungarorum) passèrent en 750 le Danube, et qu'ils s'avancèrent jusque dans le pays des Grisons. Ils y pillèrent et détruisirent le couvent de Dessertina, fondé par saint Sigebert, dans le voisinage du bourg actuel de Dissentis, sur le Rhin antérieur. En 858, on trouve encore des Hongrois sur le Danube inférieur (Julius von Klaproth, Tableaux historiques de l'Asie: depuis la monarchie de Cyrus jusqu'à nos jours, accompagnés de recherches historiques et ethnographiques sur cette partie du monde, 1826 - books.google.fr).

 

En un siècle, depuis la prise de Ctésiphon, capitale des Sassanides iraniens, en 637, jusqu'au double coup d'arrêt de Poitiers (732) en Occident et de Talas (751) en Chine, les conquérants arabes ont redessiné les contours d'un Orient étendu de l'Èbre à l'Indus et assiègent désormais l'univers occidental, des Pyrénées aux plaines d'Anatolie (Anthony Rowley, Une histoire mondiale de la table: Stratégies de bouche, 2006 - books.google.fr).

 

"mesme cours"

 

Tout le territoire en deçà du fleuve Halys, est si bon, si riant, si fertile en fruits & en pâturages, sur-tout près des bords de l'Euxin, qu'il a sans cesse été exposé aux invasions des étrangers d'au-delà des mer :: les voisins même se chassoient les uns les autres de leurs possessions : en un mot, ce n'est qu'un flux & reflux d'invasions & d'émigrations (Salluste, Histoire de la république romaine: dans le cours du VIIe. siecle, Tome 2, traduit par Charles de Brosses, 1777 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Charles de Brosses).

 

Hiéron

 

Le hiéron est un espace sacré : temple, bois et réduits. Il y avait le hiéron d'Esculape à Epidaure, celui de Delphes, d'Olympie etc. (J.B. Gail, Sur l'hiéron des Grecs, Mercure de France, Volume 46, 1811 - books.google.fr).

 

"la cité au sainct Hiéron" s'entend pour un élément architectural plutôt que pour une personne : on aurait "du sainct Hiéron". Mais on a la majuscule H.

 

Hiéron : Mélitène

 

Le martyre de Hiéron est en effet résumé dans le Synaxaire de Constantinople, à la date du 7 novembre, en première place, d'après la Passio prior : le saint y est présenté comme un paysan qui souffrit le martyre à Mélitène sous Dioclétien et Maximien avec trente-trois compagnons (Sophie Métivier, Le culte de saint Hiéron, Pèlerinages et lieux saints dans l'antiquité et le moyen âge: mélanges offerts à Pierre Maraval, 2006 - books.google.fr).

 

Matiane est une bourgade installée au niveau de sources auprès de tombeaux monumentaux. Elle revendique un martyr depuis l'époque paléobyzantine, comme l'atteste «La Passio Prior de saint Hiéron et de ses compagnons, les 33 martyrs de Mélitène», Acta SS 65, novembris III, Bruxelles 1910, p. 325-38 (texte établi après l'invasion de Scythes ou Cimmériens, 395 ou plutôt 515) : Hiéron, viticulteur vigoureux enrôlé de force dans l'armée de Dioclétien, fût décapité avec ses compagnons pour avoir refusé d'abjurer sa foi, non sans que sa main droite ait été préalablement coupée et envoyée à sa mère restée à Matianè ; le saint avait demandé qu'elle soit déposée en un lieu consacré pourvu d'un jardin paradisiaque. La relique devait servir «la gloire indéniable de la foi très sincère des Cappadociens» ; elle fût vraisemblablement déposée à Çavushin, à 4 kmau nord (et à 3 km au sud de Vènasa), dans la basilique martyriale dédiée à Saint- Jean-Baptiste (Conférence de Mme Nicole Thierry. In: École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire. Tome 106, 1997-1998. 1997 - www.persee.fr).

 

Il y a parfois confusion de Matianè avec Tyane (Passion de Syméon Métaphraste), célèbre pour être la patrie du thaumaturge Appolonios, qui vécut sous Néron, Domitien et sous les empereurs suivans jusqu'à Nerva.

 

Mélitène, appelée originellement Arslantepe, est une ville qui fut successivement hittite, assyrienne, puis romaine. Les Assyriens l’appelaient Meliddu. Selon Strabon, elle était «connue des anciens sous le nom de Mélitène», nom qu’adopteront les Romains ; elle constituait alors l’une des dix provinces de la Cappadoce. Située sur les rives d’un affluent de l’Euphrate, à la tête des routes allant d’Asie Mineure en Mésopotamie, elle fut transformée en forteresse abritant les XIIe et XVIe légions romaines.

 

La ville fut conquise par les forces du Califat des Rachidoune en 638 et servit de base pour leurs incursions au cœur de l’empire byzantin, lesquelles se poursuivirent sous les Abbassides. Constantin V réussit à prendre brièvement Mélitène à l’été 741, puis la reprit en 751 de même que Théodosiopolis; les habitants de ces villes furent déportés en Thrace, les musulmans dispersés à travers le territoire et les murs de la ville rasés. En 760, le calife Al-Mansour s’empara de la ville et lui redonna une partie de l’importance qu’elle avait perdue. Renommée Malatya, la ville se développa au IXe siècle sous l’émir autonomiste Omar al-Aqta qui s’opposa aux forces de l’Empire byzantin jusqu’à ce qu’il soit défait et tué lors de la bataille de Lalakaon en 863. Mélitène devint alors le refuge de nombreux Pauliciens qui combattirent par la suite dans les rangs arabes contre les Byzantins (fr.wikipedia.org - Mélitène).

 

En 751, l'empereur profite du renversement et de la mort de Marwan II, le dernier des Omeyyades de Damas, As-Saffah, le premier Abbasside, étant occupé à asseoir son pouvoir, pour mener une autre expédition en territoire musulman. Il assiège la place-forte de Mélitène et s'en empare, la fait détruire complètement, et transporte une nouvelle fois ses habitants chrétiens en Thrace. Ces transferts, accompagnés de travaux de fortification des villes de la région, permettent à l'Empire d'y rétablir sa souveraineté. C'est sans doute dans ces années que la cité d'Andrinople, longtemps perdue, redevient byzantine. En revanche, c'est en 751 que l'Empire byzantin perd définitivement Ravenne, conquise par le roi lombard Aistolf. Désormais, l'Empire ne possède plus en Italie péninsulaire que la Calabre et plus ou moins Venise. Constantin V, pendant son règne, a de nombreux échanges diplomatiques avec la papauté, les Lombards, et le roi des Francs Pépin le Bref (avec entre autres la présence d'ambassadeurs byzantins au plaid de Gentilly à Pâques 767), mais il n'engage jamais aucune opération militaire en Occident. Ses deux champs d'intervention sont les Balkans et l'est de l'Asie mineure (fr.wikipedia.org - Constantin V).

 

Médecine

 

Raguse

 

Le Vieux-Raguse est l'ancienne Épidaure d'Illyrie, dont les ruines ont été utilisées par les Ragusains comme une carrière inépuisable (Guillaume Lejean, Voyage en Herzégovine, Le tour du monde: journal des voyages et des voyageurs, 1860 - books.google.fr).

 

Dans le 194e sonnet du premier livre des Amours, Ronsard considérait les Ragusains comme les descendants des habitants de l'antique Epidaure que, et par suite, Esculape était leur protecteur. Dans la première variante il fait même allusion à un temple d'Esculape aux environs de Raguse. Au total cela semble s'accorder avec les traditions sur l'origine de Raguse. Mais il faut distinguer entre l'Epidauros grecque dans le Péloponèse et l'Epidaurum ou Epitaurum romaine en Dalmatie. L'histoire admet qu'après la destruction de l'Epidaure romaine par les Slaves, ses habitants romains fondèrent au VIIe siècle une ville nouvelle, qui fut Raguse, à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de l'ancienne cité. Le nom d'Epidaure trahit une origine grecque, mais la ville dalmate ne paraît dans l'histoire que pendant les guerres civiles entre César et Pompée, ayant déjà une population latine (romaine). Les Ragusains l'appelaient encore au moyen âge Civitas vetus, ou en dialecte roman Civitate, d'où est dérivé le nom slave de Captat puis Cavtat, qui est la forme actuelle. Les écrivains italiens l'appelaient souvent Ilirica Epidauro, pour la distinguer de l'Epidaure grecque, tandis que maintenant l'appellation italienne habituelle est Ragusa vecchia. Voilà ce que dit l'histoire. Cependant les humanistes ragusains et plus tard les chroniqueurs, pour reculer plus loin dans le passé l'origine de leur ville et la faire ainsi plus glorieuse, rattachaient Cavtat Epidaurum à l'antique Epidauros grecque d'Argolide, qui était le centre du culte d'Esculape-Asklépios et où se trouvait son célèbre temple. Ils allaient jusqu'à affirmer que des colons d'Epidauros avaient fondé Epidaurum et y avaient apporté le culte d'Esculape, transporté plus tard à Raguse même. Cette tradition s'est maintenue longtemps et, au début du siècle dernier , Appendini essayait dans ses Notizie istorico-critiche, de lui donner une apparence historique. Sans doute il est peu vraisemblable que Ronsard eut connaissance de ces récits sur l'origine de Raguse, qu'il s'agisse de la tradition ou de faits historiques. Comme Muret nous le laisse entendre, Ronsard a tiré son savoir de Marulle qui était en mesure de connaître quelque chose de plus. Grec de naissance, Michel Marulle Tarcaniote (1453 - 1500), humaniste et poète latin célèbre, était né à Constantinople, Après la prise de la ville par les Turcs ses parents avaient trouvé un refuge à Raguse , où Marulle passa son enfance (J. Torbarina, Raguse dans un sonnet de Ronsard, Annales de l'Institut français de Zagreb, Numéros 16 à 23, 1941 - books.google.fr).

 

La vénération de reliques (par exemple celles de Saint-Tryphon à Kotor, de Saint-Siméon à Zadar et de Saint-Blaise à Dubrovnik) a représenté jusqu'à nos jours une partie non négligeable du folklore médical dalmate. A la fin du XIe siècle sont établis des liens politiques entre les communes dalmates et Salerne, et la renommée de l'Ecole de Médecine de cette ville a tôt fait de franchir l'Adriatique. Dans les archives médiévales, nous avons pu trouver des traces de quelques médecins de Salerne au service des cités de Dalmatie. Du XIIIe au XVIe siècle, dans plusieurs villes comme par exemple à Zadar, Dubrovnik, Sibenik, Trogir, Korèula, Split et Rab, il y a un service communal de santé parfaitement organisé. A chaque commune autonome étaient attachés un médecin et au moins un chirurgien stipendiés, dont les fonctions consistaient à surveiller les conditions hygiéniques, à soigner gratuitement les malades pauvres, à délivrer les certificats et à des expertises. La plupart de ces médecins laïcs étaient étrangers, surtout d'origine italienne et espagnole. Réciproquement, des médecins dalmates firent fortune à l'étranger, comme DOMINIQUE DE RAGUSE, professeur de médecine et d'astrologie à Bologne et à Sienne (1395-1425). Toutefois, sur le sol dalmate il y avait aussi, et depuis très longtemps, des médecins d'origine croate. Parmi ces derniers, nous citons comme exemples PROVSLAV à Dubrovnik (1280), François STUPICH, noble croate, à Zadar (env. 1450-1520), et MARC, chirurgien de Sibenik qui, en 1419, fit sculpter sa personne sur le mur de la belle église gothique de Sainte Barbara. Au Moyen-Age, toutes les villes dalmates possédaient au moins un hôpital et une pharmacie contrôlés par la municipalité. Les dirigeants municipaux s'occupaient de la réglementation de la prostitution et de la lutte contre l'alcoolisme ainsi que du contrôle des médicaments, de l'eau potable et des produits alimentaires. Une attention particulière était portée à la protection contre les maladies pestilentielles. Les plus anciens manuscrits médicaux conservés en Dalmatie sont des fragments de l'œuvre encyclopédique, les Etymologies, d'ISIDORE DE SÉVILLE. En 1319, le médecin italien GUGLIELMO DA VARIGNANA, écrivit à Zadar, pour son maître, le prince croate MLADEN II SUBICH, l'ouvrage Secreta sublimia ad varios curandos morbos. Parmi les autres œuvres médicales rédigées en Dalmatie, mentionnons le traité de chirurgie de VUCHASIN POLETCICH, barbier à Zadar (XVe siècle), puis le magnifique «herbier» de NICOLO ROCCABONELLA (conservé à la Bibliothèque de Saint-Marc à Venise) qui contient les synonymes croates des plantes médicinales, ensuite la monographie sur l'astrologie médicale, De modo collegiandi, pronosticandi et curandi febris (1528), de FRÉDÉRIC GRISOGONO, patricien de Zadar. L'époque  de la Renaissance est, pour les Slaves du Sud, le tournant tragique dont la cause principale est à imputer aux invasions turques. Le régime vénitien s'établit fermement sur la côte adriatique. Le service de Santé publique de la  République de Venise avait constitué, du XIVe au XVIe siècle, un exemple pour les autres pavs européens, en particulier à partir de 1486, date à laquelle avait éte fondé le Magistrato di Sanità. Mais en même temps que déclinait la puissance économique de Venise, diminuait aussi l'efficacité de ses institutions sanitaires. Cette décadence fut particulièrement sensible sur le territoire dalmate où, sous la domination vénitienne, végétaient, voire s'éteignaient, les institutions sanitaires et philanthropiques établies au Moyen-Age. Pour les oligarches de la Lagune, la Dalmatie était toujours un adversaire potentiel dont il convenait d'entretenir la pauvreté et l'ignorance (Biologie Médicale, Volume 53, 1964 - books.google.fr).

 

Salerne

 

Le "médicant secours" fait songer à l'école de médecine de Salerne.

 

Il n'est certainement pas exact que l'Ecole de Salerne ait été fondée par l'Ordre Bénédictin, en même temps que l'école du Mont Cassin, entre 750 et 900, car dès l'origine, on voit figurer, à côté des clercs, des médecins et des maîtres, contrairement à l'habitude des écoles ecclésiastiques de l'époque. Bien au contraire, l'Ecole de Salerne a, dès le début, une structure puissante (Revue de phytothérapie, Volume 19, Numéros 147 à 153, 1955 - books.google.fr).

 

Vers la fin du Xe siècle, les écoles épiscopales du nord de la France, telles que celles de Reims et de Chartres, enseignent la médecine et remplacent graduellement les monastères comme centres de de culture intellectuelle. Mais on en est encore à un enseignement très notionnel. L'exception : Salerne, en Italie, fondée en 750, qui, dès le milieu du Xe siècle, est reconnue comme centre laïque par excellence de l'étude de la médecine empirique (Guy Durand, Histoire de l'éthique médicale et infirmière: contexte socioculturel et scientifique, 2000 - books.google.fr).

 

Dans la collection numismatique du Musée archéologique de Split on remarque trois pièces d'or de Basile Ier Constantin et trois pièces en bronze de Basile Ier, un chiffre normal pour la Dalmatie centrale durant la période allant du milieu du VIIe au Xe siècle (seule l'époque de Constantin V Copronyme, milieu du VIIIe siècle, est plus riche) (Noël Duval, Orbis Romanus Christianusque: Ab Diocletiani Aetate Usque Ad Heraclium, 1995 - books.google.fr).

 

Cf. IX, 91 - Constantin Copronyme - 2170-2171.

 

La schola medica salernitana, fondée au IXe siècle, est souvent présentée marne la première école de médecine d'Europe. Ce n'est pas exact. D'une part, il ne s'agissait pas d'un établissement organisé au sens moderne du terme, mais plutôt d'un groupe hétéroclite d'enseignants en médecine autour desquels se rassemblaient des étudiants. Comme pour Bagdad et Tolède, nous n'avons aucune preuve qu'il ait existé dans la ville un lieu centralisé d'étude de la médecine. D'autre part, l'Europe du monde antique avait possédé de nombreuses «écoles» de médecine, ce qui oblige à nuancer la prétention de Salerne à avoir été la toute première. Il n'empêche qu'à partir de l'an 850 environ, Salerne fut au premier rang des études de médecine durant plusieurs siècles et que cette école joua un rôle essentiel dans la transmission du savoir médical vers d'autres centres intellectuels et, pour finir, dans l'établissement de la médecine comme élément officiel du programme universitaire (Violet Moller, Les sept cités du savoir: Comment les plus grands manuscrits de l'Antiquité ont voyagé jusqu'à nous, 2019 - books.google.fr).

 

Ce sont les moines qui exercent et transmettent la médecine au début du Moyen Âge, en Europe. Dans leurs monastères, ils soignent leurs frères malades, les religieux les plus connus tout comme les gens du peuple de leur région. Les Bénédictins s'installent en Croatie dès le IXe siècle. Entre les Xe et XIIe siècles, un grand nombre de  monastères bénédictins font leur apparition sur la côte adriatique. Les règles de saint Benoît consacrent un chapitre à la conduite à adopter avec les moines malades (de infirmis fratribus). Ces règles sont traduites en croate, dès le Moyen Âge. Dans la reliure d'une incunable de Dubrovnik, on a trouvé une feuille de parchemin où était recopiée, en lettres bénéventines, un extrait de texte du Xe siècle évoquant les reptiles et les animaux venimeux mentionnés dans la célèbre encyclopédie d'Isidore, évêque espagnol de Séville. Il s'agit du plus ancien manuscrit à caractère scientifique conservé en Croatie (Mirko Drazen Grmek, La médecine chez les Croates, Hrvatska i Europa: kultura, znanost i umjetnost, Volume 1, 1997 - books.google.fr).

 

Mélitène

 

Bar Hebraeus (né en 1226 près de Mélitène, mort en 1286 à Maragha dans l'Azerbaïdjan iranien) est un historien, un médecin et un philosophe syriaque de religion chrétienne, évêque jacobite, écrivain de langue syriaque. Son véritable nom était Gregorios Abu’l-Faradg Gamal al-Din, Abu al-Faraj Ibn al-Ibri ou Aboul Faradj. Il a été connu en Occident sous les noms latinisés d'Abulfaragius et Bar Hebraeus, adaptation de l'expression syriaque Bar 'Ebroyo.

 

Le nom Bar Hebraeus, sous lequel il est connu en Europe, a été interprété comme signifiant “Fils de l'Hébreu”, ce qui a conduit à supposer que son père Aaron (ou Haroun), médecin distingué de Mélitène, était un Juif converti au christianisme. Quoique acceptée par la plupart des encyclopédies, cette interprétation est rejetée par Jean Fathi-Chelhod, qui soutient que “Hebraeus” est une maladroite latinisation de “Bar 'Ebroyo”, qui signifie que ses ascendants étaient originaires d'un village appelé 'Ebro, situé au bord de l'Euphrate à proximité de Mélitène (fr.wikipedia.org - Bar Hebraeus).

 

Cappadoce

 

Dubrovnik est une ville de saints. Lorsque Raguse mange dans la main de Byzance, on vénère Serge ; dès que les Grecs s'éloignent, on se voue à Blaise. Martyr arménien en Cappadoce en 316, Blaise de Sébaste est le patron de la ville depuis 972, date à laquelle certaines de ses reliques sont apparues, après que le martyr eut averti les habitants d'une attaque imminente de Venise. Depuis, Vlaho - son nom slave - impose dans la ville une étonnante omniprésence. Son effigie figure sur les étendards, ses statues sur les portes, les tours, les forts et les remparts dont Dubrovnik est corsetée. Il est devenu le défenseur des gorges malades depuis qu'il sauva la vie d'un enfant qui s'étouffait avec une arête de poisson (L'église Saint-Blaise de Raguse, apogée du Baroque dalmate   - www.clio.fr).

 

S'appuyant sur cet ensemble de traditions locales, dont l'origine artificielle est flagrante, Stjepan Rosa, custode de église métropolitaine de Raguse, entreprit, en 1737, de démontrer que S. Blaise n'appartient pas à la Cappadoce, mais à l'Albanie, où il serait né, et qui aurait été le théâtre de son apostolat et de son martyre. Il trouva un contradicteur dans le franciscain Séb. Dolci (Slade). Tous deux firent école, et la controverse se prolongea durant des années. Dits, contredits, autorités pour et contre - et parmi ces dernières, Callepinus en son Lexicon septem linguarum, où il détermine la position de Sébaste, ad radices montis Argaei. M. Talija (Sv. Vlaho mucenik, Sv. Vlaho biskup i mucenik. Kusa da objasni) pèse un à un tous les arguments des deux parties , et conclut que ni l'une ni l'autre n'a complètement tort. Il a existé deux, saints Blaises : l'un simplement martyr, mentionné dans les Actes de S. Eustrate et de ses compagnons mourut à Sébaste en Arménie, sous Licinius ; l'autre, évêque et martyr, était originaire de Sébaste en Macédoine, ville que la tradition localisa plus tard dans «l'Arménie» albanaise (Analecta bollandiana, Volume 38, 1920 - books.google.fr).

 

La Cappadoce est accrue de la Mélitène par Lucullus (69), des districts de Castabala et de Cybistra ainsi que de la Sophène par Pompée (66), de la Petite Arménie par César (47) et de la plus grande partie de la Cilicie trachée par Auguste (Théodore Reinach, Numismatique ancienne: trois royaumes de l'Asie Mineure, Cappadoce, Bithynie, Pont, 1888 - books.google.fr).

 

"deux hérons"

 

Deux hérons apparaissent dans le roman du XIVe siècle Valentin et Ourson, situé dans l'Europe de Pépin le Bref et son fils Charlot (Charlemagne) (www.STADTAUS.com - Histoire de Valentin et d'Orson).

 

CHAPITRE XXXIII : Comment le roi Pépin prit congé de l’empereur de Grèce pour retourner en France, et de la trahison de Hauffroy et Henry contre Orson.

 

Haufroy et Henry fomentent un complot pour tuer leur père le roi Pépin, puis de s'en prendre à leur frère Charlot (Charlemagne). Guernier chargé de poignarder le roi perd ses moyens et renonce.

 

Orson était en son lit, qui ne se doutait de rien et fit un songe merveilleux, car il lui semblait qu’on voulait lui ôter l’honneur de sa femme Fezonne et qu’auprès d’elle étaient deux larrons, qui machinaient une trahison contre lui ; puis il lui sembla que sur un étang il voyait deux grands hérons qui se combattaient contre un épervier et de toute leur puissance s’efforçaient de l’occire ; mais l’épervier se défendait si vaillamment, que les deux hérons travaillèrent tant, que tous deux fussent morts si ce n’eût été une grande multitude de petits oiseaux qui descendirent sur l’épervier et qui l’eussent tué, sans un aigle qui vint secourir l’épervier. En ce songes’éveilla Orson, qui en fut émerveillé et commença à dire : «Vrai Dieu,veuillez me garder de trahison et conforter mon frère Valentin, en telle manière que d’Esclarmonde il puisse avoir bonnes nouvelles.»

 

Après avoir fait libérer le roi Pépin retenu en Inde par le roi Lucar, après une bataille à Jérusalem, Valentin s'en va en Inde popur voir Esclarmonde.

 

CHAPITRE LI : Comment Valentin alla en Inde-la-Majeure et contrefit le médecin pour voir la belle Esclarmonde. VALENTIN, qui avait eu nouvelle d’Esclarmonde, partit d’Angorie avec un de ses écuyers et, pour mieux se couvrir, s’habilla en médecin et s’en alla vers le port, où il trouva une nef de marchands, qui en Inde voulaient aller.

 

"Angorie" reprend le nom médiéval d'Ancyre (Ankara actuelle), ville de Galatie à l'ouest de la Cappadoce

 

Valentin et Orson est un roman de chevalerie rattaché au cycle carolingien (fr.wikipedia.org - Valentin et Orson).

 

A la mort de Charlemagne, les menaces contre l’Empire se font de plus en plus ressentir. Louis le Pieux, dernier fils de Charlemagne encore en vie, hérite à lui seul de l’Empire. Cependant, il ne souhaite pas que celui-ci soit partagé équitablement entre ses fils à sa mort, comme le veut la tradition franque, car il considère le pouvoir impérial comme indivisible. Il prévoit donc le partage du territoire de son vivant, faisant de son fils aîné Lothaire le corégent de l’Empire et le désignant comme unique héritier. De manière attendue, les frères de Lothaire, Charles le Chauve et Louis le Germanique, acceptent difficilement ce partage et se révoltent à de nombreuses reprises, fragilisant par là-même le royaume. Louis le Pieux meurt en 840, le nouveau partage de l’Empire ne sera officialisé qu’en 843, en raison des conflits opposant ses fils, par le Traité de Verdun (Figure 3). Jusqu’à la mort de Lothaire en 855, le régime dit de fraternité est en place, permettant une paix relative entre les trois royaumes constituant l’Empire. Son fils Louis II est alors officiellement considéré comme empereur, laissant de petites provinces à ses frères. Après la mort de Louis II, Charles le Chauve, qui a repris quelques territoires à ses neveux, est considéré comme le seul homme capable de rétablir l’unité impériale et est proclamé empereur en 875 avec le soutien de l’Eglise. Il meurt en 877, son neveu Charles le Gros, fils de Louis le Germanique, devient le dernier empereur carolingien jusqu’en 887. L’accointance entre l’Eglise et l’Empire est déjà patente depuis le couronnement de Lothaire I à Rome par le pape en 823. Les papes choisissent clairement les empereurs, faisant triompher leur conception d’un Empire romain. A la mort de Charles le Gros, l’Europe occidentale entre dans une phase de déchéance. L’ancien Empire carolingien est divisé en de nombreuses petites provinces éphémères, aux frontières mouvantes, dirigées par des dynasties locales appliquant le droit vassalique. L’ancienne Francie occidentale devient le Royaume de Francie, à la tête duquel le roi a peu de pouvoir sur les duchés et comtés qu’il régit, tandis que le reste de l’Empire se morcelle en de nombreux duchés. En outre, l’Eglise, grisée par le pouvoir au risque d’y perdre son identité, sombre dans une période sombre, la «pornocratie pontificale». Durant celle-ci, les grandes familles aristocratiques font et défont les papes, par le biais de scandales, d’assassinats et de courtisanes. Les pouvoirs politiques et religieux sont donc plongés dans le chaos le plus total.

 

On trouve aussi l’animal sur des objets ayant trait au pouvoir, et ce bien après la christianisation qui, comme on le verra, tentera pourtant de venir à bout de l’image royale de l’ours. Ainsi, à Aix-la-Chapelle, on trouve la statue d’une grande ourse en bronze parmi plusieurs autres objets royaux, aujourd’hui visible dans la chapelle palatine de Charlemagne. Celle-ci fut sans doute rapportée de Gaule par Charles le Chauve au IXe siècle.

 

Un autre épisode, cette fois-ci dans l’histoire d’Elisée, disciple d’Elie, met en scène une ourse. Elisée, en se rendant à Béthel, fait la rencontre de jeunes garçons qui rient de sa calvitie et le traitent de « tondu ». Le prophète les maudit, proclame qu’on ne se moque pas impunément de l’homme de Dieu. Deux ourses surgissent alors des bois et dévorent les enfants, sans qu’Elisée essaie de les en empêcher (2 Rois 2,23-24). D’après les analyses des Pères de l’Eglise, ce texte est annonciateur des outrages qui seront fait au Christ lors de sa passion, et mettent en évidence le lien phonique entre calvus, chauve, et Calvaria, Calvaire. On peut aussi voir l’utilisation de la rencontre des extrêmes, mettant en scène un homme de Dieu, au crâne nu et lisse, et une bête sauvage, à la fourrure dense et hérissée. L’ours est un animal dangereux, qui peut être utilisé comme instrument de mort, de punition et de vengeance. D’autres extraits de la Bible s’attachent à la cruauté de l’ours (Daniel 7,5 ; Proverbes 28,15 ; Osée 13,8), à son caractère imprévisible et impitoyable (Amos 5,19), qui s’expriment notamment lorsqu’il est affamé (Lamentations 3,10) ou privé de ses oursons (Proverbes 17,12). L’ours, à l’époque biblique et jusqu’à la fin du XIe siècle, était fréquemment rencontré en Palestine et en Syrie. S’il n’attaquait pas souvent l’homme, il s’en prenait en revanche aux brebis, aux chèvres et aux ruches, ce qui faisait de lui un animal malveillant. Ce caractère se retrouve dans le songe fait par le prophète Daniel, dans lequel il voit quatre animaux incarnant quatre royaumes ennemis d’Israël arriver depuis la mer : le lion pour les Babyloniens, le léopard pour les Perses, la « bête » monstrueuse au dix cornes pours les Grecs, et l’ours pour les Mèdes (Daniel 7,1-8 et 15-22). Cette vision fait écho à celle de Jean dans l’Apocalypse, qui voit venir dans la mer une bête présentant sept têtes et dix cornes, la gueule gigantesque d’un lion, les taches menaçantes du léopard et les invincibles pattes de l’ours (Apocalypse 13,1-2). Bien qu’étant peu nombreux, les théologiens peuvent donc tout de même s’appuyer sur quelques passages bibliques présentant l’ours comme un animal diabolique (Léane Mathieu, La symbolique de l'ours dans le moyen âge occidental, 1992).

 

Louis le Pieux avait un jumeau appelé Lothiare qui mourut peu après sa naissance.

 

Erôdios

 

Mélitène a fait partie de l'Arménie mineure, qui fut répartie entre diverses provincces dans l'histoires de l'empire romain et byzantin (Sophie Métivier, La Cappadoce (IVe-VIe siècle) : Une histoire provinciale de l’Empire romain d’Orient, 2016 - books.google.fr).

 

L'empereur Néron donna l'Arménie mineure à un arrière-petit-fils d'Hérode le Grand, Aristobule, fils d'Hérode de Calchis et époux de Salomé la danseuse des évangiles (fr.wikipedia.org - Arménie Mineure).

 

Or en grec "erôdios" est le nom du héron, "ardea" en latin (Gilles Ménage, Dictionaire étymologique ou Origines de la langue françoise, 1694 - books.google.fr).

 

Ardée (Ardea) est la capitale des Rutules dont Turnus fut le dernier roi, battu et tué par Enée au dernier livre de l'Enéide.

 

Chasse aux hérons

 

Le faucon héronnier est dressé à la chasse du héron. La héronnière est un lieu d'élevage de hérons. "héronner" est chasser le héron au vol, poursuivre le héron La graisse du héron est renommée chez les Arabes comme remède pour les rhumatismes.

 

En Afrique (Kabylie, Niger), le héron a des connaissances médicales ou s'en donne (Moïse Augustin Landeroin, Jean Tilho, Grammaire et contes haoussas, 1909 - books.google.fr, Leo Frobenius, Contes kabyles: Le fabuleux, traduit par Mokran Fetta, 1997 - books.google.fr).

 

La chasse au faucon était connue dès le temps des Mérovingiens, puisque la loi salique condamne à une amende celui qui volera un épervier et autres oiseaux de proie dressés pour la chasse. Charlemagne avait un équipage et des officiers de fauconnerie (Adolphe Chéruel, Dictionnaire historique des institutions, moœurs et coutumes de la France, Tome 2, 1855 - books.google.fr).

 

En 800, Charlemagne édicte la loi suivante : «Celui qui vole ou qui tue un faucon, habile à prendre les grues, doit en donner un autre aussi bon que le premier et payer six deniers; il payera trois deniers pour un faucon qui prend les oiseaux dans l'air. Celui qui tue ou qui vole un épervier ou un autre oiseau à porter sur le poing, doit en donner un autre aussi bon que le premier, et payer un denier.» (A.E. Brehm, Merveilles de la nature: l'homme et les animaux, description populaire des races humaines et des règne animal, Tome 3, traduit par Z. Gerbe, 1878 - books.google.fr).

 

Chirurgiens : Héron, médicament vert

 

L'absence de "s" à la fin de "héron" peut donner à penser que l'on a affaire à un nom propre.

 

Celse fait aussi mention de deux Héron, Chirurgiens : le dernier, qu'on auroit pu mieux placer ailleurs, paroît s'être occupé des maux des yeux (François Dujardin, Bernard Peyrilhe, Histoire de la chirurgie, depuis son origine jusqu'à nos jours, Tome 2, 1780 - books.google.fr).

 

AElius Gallus est cité d'une part par Andromaque, comme auteur d'un médicament vert, d'une poudre contre le ptérygion & les douleurs atroces des oreilles; & de l'autre, on voit ce même AElius Gallus retoucher une formule d'Andromaque (François Dujardin, Bernard Peyrilhe, Histoire de la chirurgie, depuis son origine jusqu'à nos jours, Tome 2, 1780 - books.google.fr).

 

On rapporte à un médecin nommé Charmis mentionné par Pline (HN, XXIX, 10) ce que Galien dit d'un Charmis qui recommandait à Rome l'antidote universel d'AElius Gallus (XIV, 128, 114, 126, 127, De antidotis, Kühn) (Camille Jullian, Histoire de la Gaule, Tome 6, 1920 - books.google.fr).

 

Cf. le quatrain IV, 71 avec son Aconile/Aconite (l'antidote de Galatie).

 

Dans Valentin et Orson, Orson part combattre le «vert chevalier», frère d'Esclarmonde, dont il finira par triompher et devenir l'inséparable compagnon, consacrant la double gémellité entre monde sauvage et civilisé, entre l'hiver et le printemps (Lise Andries, Mélusine et Orson, La Bibliothèque bleue et les littératures de colportage, 2000 - books.google.fr).

 

Le Vert Chevalier est d'abord Sarrasin et ennemi des compagnons, puis, après sa conversion, un de leurs plus fidèles soutiens (François Suard, Figures du romanesque dans l'épique de la fin du moyen âge, Le romanesque aux XIVe et XVe siècles, 2009 - books.google.fr).

 

Acrostiche : CRML pour le monogramme CRLM ?

 

CARLOMAN (879-884). CARLEMANVS R ; CARLEMAN REX : CARLAMAN RE, Monogramme composé de KLMS ou de CRLM, cantonné de A et O (Adrien Blanchet, Manuel de numismatique française: Monnaies frappées en Gaule depuis les origines jusqu'à Hughes Capet, Tome 1, 1912 - archive.org).

 

GRACIA D-I REX (D retrograde), Monogramme de Carloman (CRLM en croix autour d'un O ; H et O dans le champ en bas) + S-CI MEDARDI M°H-T en légende circulaire, dans le champ, une croix, Argent, denier. Leblanc ; Duby pi. XVI, 3 ; Combrouse XXXII, 4 ; Gariel pi. XXXIX, 14. BN 287d = 1970-397 = Vente Monnaies et Médailles, Bâle, 9-10 mai 1969, n° 436 (à Charles le Chauve), provient du trésor d'Ablaincourt, 1,48 g. Bien qu'il y ait eu un Carloman, fils de Charles le Chauve, qui fut abbé de Saint-Médard (874), il faut attribuer ce denier à Carloman, petit-fils de Charles le Chauve, roi de Bourgogne, Aquitaine, Septimanie, etc. de 879 à 882, puis de Neustrie et d'Austrasie de 882 à 884. Cette monnaie est connue par deux exemplaires. Le premier a été décrit par Leblanc en 1690, puis par T. Duby en 1790 ; en 1837, il appartenait à la collection J. Rousseau et fut dessiné dans un ouvrage de Fougères et Combrouse ; ce dernier le décrit à nouveau dans un autre livre en 1843 ; Poey d'Avant mentionne cette monnaie d'après Duby. Gariel la cite d'après Combrouse. Le second exemplaire appartenait au trésor d'Ablaincourt et a été acquis par la Bibliothèque Nationale en 1970 (Saint-Médard: trésors d'une abbaye royale, 1996 - books.google.fr).

 

L'abbaye de Saint-Médard à Soissons, fondée par Clotaire Ier sur le tombeau du saint mort vers 557, reçut les faveurs de nombreux princes mérovingiens et carolingiens assurant ainsi sa prospérité ; une première brèche dans cette prospérité est ouverte par Charles le Chauve qui en 866 ouvre l'ère des abbés laïcs avec la nomination de son fils Carloman, fonction qu'il assurera jusqu'en 870 (Michel Hourlier, Michel Dhénin, Monnaies médiévales de Soissons. In: Revue numismatique, 6e série - Tome 153, année 1998 - www.persee.fr).

 

Charlemagne, du latin Carolus Magnus, ou Charles Ier dit «le Grand», est né à une date inconnue (vraisemblablement durant l'année 742, voire 747 ou 748, peut-être le 2 avril) (fr.wikipedia.org - Charlemagne).

 

Carloman Ier, né en 751 à Soissons, mort le 4 décembre 771 à Samoussy dans l'Aisne, fut roi des Francs de 768 à 771. Il est le fils et successeur de Pépin le Bref et frère de Charlemagne (fr.wikipedia.org - Carloman Ier).

 

747 Pépin, seul maire du palais. 749 Le pape Zacharie donne son aval au projet d'usurpation de Pépin. 751 Pépin III dépose Childéric III et se fait proclamer roi par les grands réunis à Soissons et sacrer par les évêques francs. 754 Pépin III se fait sacrer à Saint-Denis par le pape Étienne II , venu solliciter son aide contre les Lombards (Stéphane Lebecq, Les origines franques: Ve-IXe siècle, 1990 - books.google.fr).

 

Chanson de geste byzantine

 

L'épopée de Digénis nous est parvenue, en dehors d'une traduction slave, en trois versions grecques : la version de Grottaferrata (un manuscrit de la fin du XIIIe siècle), la version de l'Escurial (un manuscrit de la seconde moitié du XVe siècle) et la version d'Andros-Trébizonde (conservée dans plusieurs manuscrits des XVIe-XVIIe siècles). Sauf dans un manuscrit qui donne un texte en prose, elles sont toutes en vers «politiques», le vers de quinze syllabes le plus couramment utilisé dans la poésie populaire byzantine. [...] Telle qu'elle nous est parvenue, l'épopée se compose de deux parties nettement distinctes, qui étaient sans doute à l'origine deux récits différents : La Geste de l'émir et Les Exploits de Digénis.

 

Digenis Akritas, était le fils d'un émir musulman qui, converti au christianisme, avait épousé la fille d'un stratège byzantin. Le poème qui chantait ses hauts faits d'armes se chargeait d'images merveilleuses : «Akritas bâtit une tour d'une hauteur extraordinaire ; [...] sa base était ornée d'une multitude de pierreries ; elle était si élevée que, du sommet, on découvrait comme un tapis de neige par toute la Syrie jusqu'à Babylone...»

 

De l'émir d'Édesse et de la fille des Doucas est né un héros, Digénis Akritas. Le père est le petit-fils d'Ambron (Omar, émir de Mélitène), fils de Chrysovergès (cf. Chrysocheir, chef des Paulciens défait en 872 par Basile Ier), neveu de Karbeas (autre chef paulicien rallié à Omar suite aux persécutions byzantines).

 

Digénis Akritas est le défenseur de la frontière ("akroi" : frontières) anatolienne contre les Arabes au IXe Siècle (A. Thiron, Digénis Akritas, Patrimoine littéraire européen, Tome 4a : Le Moyen Âge, de l'Oural à l'Atlantique. Littératures d'Europe orientale, 1993 - books.google.fr).

 

Son enfance est miraculeuse, à six ans on le baptise (sous le nom de Basile) ; à neuf ans , il a terminé toutes ses études ; à douze ans, il court les bois et fait preuve d'une force merveilleuse, il saisit un ours par la queue et le tue, force une biche à la course, fend la tête d'un lion d'un coup de sabre, il manifeste une bravoure extraordinaire. Digénis s'attaque à un ours comme Valentin.

 

Quiconque s'intéresse simultanément à l'épopée française et à la littérature orientale ne peut manquer d'être frappé de la parenté des thèmes qui y sont traités. Le prestige de Byzance, son rôle dans l'introduction de légendes orientales en Occident, son influence reconnue sur la littérature romanesque française dès la fin du XIIe siècle, toutes ces raisons incitent le chercheur préoccupé de définir les sources orientales de nos chansons de geste, à examiner si celles-ci ne sont pas pour une part redevables d'une tradition épique byzantine. Une ressemblance évidente entre certains thèmes communs rapproche la Chanson d'Aiol de l'épopée byzantine de Digénis Akritas, qui remonte au Xe siècle, et des cantilènes (tragoudia) qui en ont précédé la rédaction. Thème de l'enlèvement et de la thème du serpent gardien d'une fontaine, nature des exploits accomplis par les héros.

 

Roger Goossens ne se contente pas de rapprocher d'une part le Rainouart des Aliscans, de la Bataille Loquifer, du Moniage Rainouart, de la dernière partie des Enfances Vivien, et d'autre part Digénis et les divers héros des cantilènes byzantines ou tragoudia ; il estime «possible que les remanieurs de la Geste de Guillaume à la fin du XIIe siècle, aient eu des sources orientales». Un épisode du cycle d'Akritas, dans lequel Digénis assomme un pauvre cuisinier, en lui faisant sortir les yeux de la tête, a peut-être, selon lui, abouti à la scène des Enfances Rainouart, où ce personnage, confiné aux cuisines de Charlemagne, réplique aussi aux observations du maître queux (Paul Bancourt, Étude de quelques motifs communs à l'épopée byzantine de Digénis Akritas et à la chanson d'Aiol. In: Romania, tome 95 n°380, 1974 - www.persee.fr).

 

La version originale du poème serait antérieure à 944, à cause d'une allusion à la présence du mandylion à Edesse, et postérieure à 923. Le tombeau de Digénis a été retrouvé par Grégoire près de Samosate à Troush (Trôsis)

 

Printemps

 

On appelait reverdie, au treizième siècle, une chanson dans laquelle on célébrait le printemps. Selon Borel, reverdie veut dire joie (Pierre Louis de Rigaud de Vaudreuil, Tableau de mœurs françaises aux temps de la chevalerie; tiré du Roman de sire Raoul et de la belle Ermeline, mis en fr. moderne, Tome 3, 1825 - books.google.fr).

 

La liturgie impériale comptait plusieurs rites d'origine romaine que l'Église lui emprunta, tel l'usage des cierges et de l'encens dans les cérémonies, ou celui de costumes d'apparat portés par l'empereur et les hauts dignitaires, qui changeaient avec les fêtes ou les solennités, telles aussi ces acclamations rythmées, ces choeurs chantés au son des orgues, dont le sujet variait avec les circonstances : «L'étoile annonce le soleil, le Christ se levant à Bethléem du sein d'une vierge», entonnaient les chantres sur le passage de la procession impériale, qui se rendait du palais à Sainte-Sophie le jour de Noël ; «Le doux printemps, qui surgit de nouveau, apportant la joie et la santé, ainsi que, de la part de Dieu, le courage et la victoire au basileus des Romains», était célébré pour la course du Carnaval ; les dernières acclamations étaient toujours des souhaits de longue vie et de long règne pour l'empereur, qui portaient le nom de polychronion («Nombreuses années») et qui deviendront, à la fin de l'Empire, une simple formule de politesse adressée par les dignitaires au prince qui leur répondait de la même façon (André Guillou, La civilisation byzantine, 1990 - books.google.fr).

 

Maurostos fut médecin de Constantin V, et écrivit un traité sur les instruments de chirurgie et autres qui influença la science arabe. Il y parle aussi des orgues et d'une sirène fonctionnant à eau et à air (Ciba Zeitschrift, Volume 2, 1934 - books.google.fr).

 

Le concile de 692, celui que l'on appelle Penthektè (soit Ve et Vie, car il est censé compléter les précédents), et qui est le plus complet recueil disciplinaire connu en matière ecclésiastique, a mis la dernière main à la législation antérieure (André Guillou, La civilisation byzantine, 1990 - books.google.fr).

 

La Vie de saint Étienne le Jeune montre qu'en dépit des prohibitions du Quinisexte, l'empereur Constantin V et les hauts dignitaires ne manquaient pas à cette tradition. Le concile Quinisexte condamne, en même temps que les Broumalia, la fête des Maioumai, premier mai, fête du printemps, marquée aussi par des déguisements, l'usage d'allumer des feux dans les rues le jour de la nouvelle lune, la fête en l'honneur de Bacchus et tous les déguisements d'hommes en femmes, de femmes en hommes les masques comiques ou tragiques, les travestissements des étudiants en droit à certaines fêtes Grégoire le Grand, les Etats barbares et la conquête arabe (590-757), 1934 - books.google.fr).

 

Des inconvenances marquent les divertissements des derniers jours gras avant le carême. Elles marquent surtout les solennités païennes à qui les folies de la cour, sous Constantin V, assurent un renouveau de popularité dont la solennité du maïoumas au début de mai (Jules Pargoire, L'Église byzantine de 527 à 847 (1905), 2016 - books.google.fr, Nicole Belayche, Une panégyrie antiochéenne : le Maïouma. In: Topoi. Orient-Occident. Supplément 5, 2004. Antioche de Syrie. Histoires, images et traces de la ville antique - www.persee.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2224 sur la date pivot 751 (naissance de Carloman, etc.) donne -722.

 

Les Phéniciens eurent de bonne heure des comptoirs sur le littoral de l'Italie, et après eux les Grecs y fondèrent de nombreuses colonies. On peut distinguer parmi elles trois groupes : 1° le groupe ionien, qui comprenait les villes de la région du Vésuve, notamment Cumes, et les villes siciliennes de Messine, Catane, Léontium, Himère ; 2° le groupe achéen, composé de Sybaris et de la plupart des villes de l'Italie méridionale ou Grande-Grèce ; 3° le groupe dorien auquel se rattachaient Syracuse, Géla, Agrigente, Tarente, Héraclée D'après la tradition, Cumes était le plus ancien de ces établissements ; l'origine de Sybaris remonte à l'année 721 avant J.-C., celle de Tarente à l'année 707. Quelques-unes de ces cités furent très prospères. Sybaris était, dit-on capable d'armer 300000 soldats, et la fertilité de son territoire était prodigieuse. Tarente rivalisait de puissance avec elle; son port était excellent, et ses manufactures de laine étaient renommées. Cumes fut assez forte pour tenir tête aux Etrusqnes; elle les vainquit dans une bataille dont le bruit retentit en Grèce au point d'inspirer le poète Pindare (Paul Guiraud, Histoire ancienne et histoire du Moyen age du Ve au Xe siècle, 1916 - books.google.fr).

 

Dans le sixième livre de l'Enéide de Virgile, Énée aborde à Cumes, se rend dans l'antre de la Sibylle, et, après le sacrifice d'usage, consulte l'oracle d'Apollon. Il apprend les dangers qu'il aura à courir en Italie, et les événements qui l'y attendent. En revenant auprès de ses compagnons, il trouve sur le rivage le cadavre du trompette Misenus qui a osé lutter de talent avec un triton; il lui rend les honneurs funèbres , et dépose ses restes sous une hauteur voisine qui en prit le nom de cap Misène. Ensuite, dirigé par le vol de deux colombes, il découvre le rameau d'or - qui résiste à ceux que Jupiter n'agrée point, et qui repousse après avoir été coupé - le cueille, et après avoir immolé des victimes aux dieux infernaux, il pénètre dans le Tartare par les bouches de l'Averne, sous la conduite de la Sibylle. Il rencontre d'abord Palinure qui, privé de sépulture, erre sur le bord du Styx; la Sibylle s'oppose au désir qu'il a de passer à l'autre rive, mais il se console par l'espoir d'obtenir un tombeau et des honneurs funéraires. Après avoir traversé le Styx, et endormi Cerbère au moyen de gâteaux préparés, Enée parcourt successivement les différents endroits des enfers ; il rencontre l'ombre de Didon qui se détourne et s'enfuit à son approche, celle de Déiphobe, fils de Priam, qui a été si cruellement mutilé pendant la fatale nuit qui vit la ruine de Troie. En quittant le Tartare où il a eu le spectacle des châtiments infligés aux criminels, il se dirige vers la demeure de Pluton, et suspend le rameau d'or aux portes du palais. Arrivé au séjour des heureux, il est conduit par le poëte Musée, à son père Anchise qui lui explique l'origine des âmes, leur épuration, leur perfectionnement. Il lui montre la série des rois albains et romains qui naîtront de sa race, et en parcourant quelques noms des héros qui doivent honorer Rome, il arrive à l'éloge de Jules César, d’Auguste et du jeune Marcellus. Après avoir ainsi reçu les instructions de son père, Énée sort par la porte d'ivoire, rejoint ses compagnons, quitte la ville de Cumes et se rend à Caïète (Pierre Bergeron, Histoire analytique et critique de la littérature romaine: depuis la fondation de Rome, jusqu'au cinquième siècle de l'ère vulgaire, Tome 1, 1840 - books.google.fr).

 

Comme on voit pendant l'hiver reverdir le gui dans les forêts, sans être produit par son arbre, & environner ses tiges rondes d'un petit rejetton jaune, tel êtoit le rameau d'or qui croissoit sur ce chêne toufu; ainsi le soufle d'un vent doux faisoit craquer cette verge (Les VI premiers livres de l'Eneide, Volume 2, traduit par M. de Martignac, 1708 - books.google.fr).

 

Enée rencontre aux Enfers Phlegyas père d'Ixion. Il eut une fille nommée Coronis qu'Apollon rendit mère d'Esculape. Phlegyas, pour se venger de cette injure, mit le feu au temple de Delphes. Son supplice et ses cris rappellent sans cesse aux hommes la justice des Dieux (Enéide de Virgile, expliqué littéralement, Tome 2, traduit par Auguste Desportes, 1863 - books.google.fr).

 

Avant cette époque, la panacée était en Grèce comme dans le Nord de l'Europe, le gui, conformément à tout ce qui a été dit sur cette plante appartenant à une tradition séculaire. En effet, selon Robert Graves, le gui était la panacée d'Athéna dont l'amant, selon la légende, fut Iskhys. Le nom grec du gui, "ixia" (non "ixias") (étymologie : *wiksias/viscum) est rapproché par R. Graves d'Iskhys, "puissance", et d'Ixion, "indigène fort". Le gui de l'Europe orientale, ou loranthacée, dit toujours l'auteur, est un parasite du chêne et non pas, comme l'espèce occidentale, du peuplier ou du pommier. Ce qui a été dit précédemment s'inscrit en faux contre l'assertion de Graves. De même cet auteur donne à Asklepios la signification de "ce qui pend du chêne comestible", c'est-à-dire le gui. Ce qui est également erroné. Mais, dit Graves, le gui était considéré comme l'organe sexuel du chêne et, lorsque les Druides le coupaient avec une faucille d'or, ils opéraient symboliquement une émasculation. Ce qui reste à prouver... Par contre, il est admissible que le liquide visqueux de ses fruits passait pour être le sperme du chêne, liquide qui avait une puissante vertu de régénération Sir James Frazer a fait remarquer dans son Rameau d'Or (qui n'est autre que le gui d'ailleurs) qu'Énée s'était rendu dans le monde souterrain en tenant à la main un bouquet de gui et qu'il détenait ainsi le pouvoir de revenir à volonté à l'air libre. La "certaine plante" qui fit sortir Glaucos de sa tombe était probablement aussi le gui (Jacques Rollet, D'Esculape à Lokman Hekim, ou, Les avatars d'un dieu, 1992 - books.google.fr).

 

Quarante jours plus tard apparaît l'Ours et l'Homme Sauvage de la Chandeleur. C'est l'époque où, dans les crèches, la verdure hivernale, le houx et le gui, est détruite. On fête alors sainte Véronique dont la seule présence fait tomber ces excroissances «végétales» qui couvrent les lépreux, et purifie l'empereur Tibère, comme le fit Saint Sylvestre. Dans les jeux de l'Ours, dans les contes de Jean de l'Ours et dans le combat de Valentin et Ourson on rase alors le poil hivernal. Dessous, ainsi que nous l'apprend le conte de L'homme à la peau d'Ours, apparaît une pousse printanière, les longs poils verts de la végétation qui sourd de terre (Claude Gaignebet, A plus hault sens: l'ésotérisme spirituel et charnel de Rabelais, Tome 1, 1986 - books.google.fr).

 

Cf. les quatrains I, 26 ; I, 27 ; IX, 59.

 

Les anciens, qui personnifioient tout, ont aussi personnifié les mois. Février est représenté dans l'ancien calendrier, publié par Lambecius, par une femme vêtue d'une seule tunique, relevée par une ceinture. Elle tient entre ses mains une canne : cet oiseau aquatique marque que c'est un mois pluvieux ; ce qui est aussi désigné par une urne représentée en l'air au près d'elle, qui verse de l'eau en abondance. Aux pieds de la femme est d'un côté un héron, oiseau qui aime les eaux & les marais ; & de l'autre un poisson. Tout cela revient au même. C'est le mois des pluies, surtout à Rome, où l'hiver est plus court qu'en nos climats (Encyclopédie Méthodique. Antiquités, mythologie, diplomatique des chartres et chronologie, Tome 2, 1788 - books.google.fr).

 

Le mois de février correspond en partie à la constellation zodiacale du Verseau.

 

Valentin est fêté le 14 février ; Baise, patron de Raguse, le 3 ; Polyeucte, martyr à Mélitène, le 13.

 

S. Polyeucte, officier dans l'armée romaine, martyr à Mélitène, en Arménie, l'an 257 : sa fête, le 13 février, chez les Latins ; le 9 janvier, chez les Grecs. Grégoire de Tours dit que nos rois de la première race confirmaient leurs traités par le nom du saint martyr Polyeucte (L'art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques, et autres anciens monumens depuis la naissance de Notre-Seigneur, Tomes 1 à 2, 1818 - books.google.fr).

 

Polyeucte martyr est une tragédie de Pierre Corneille représentée en 1641 au Théâtre du Marais. Elle est inspirée par le martyre de Polyeucte de Mélitène sous le règne de Valérien.

 

La pièce recèle (Acte I, sc. 1) un kakemphaton célèbre : «Vous me connaissez mal : la même ardeur me brûle / Et le désir s'accroît quand l'effet se recule» qui peut être entendue comme : «Et le désir s'accroît quand les fesses reculent», ou bien : «Elle désire sa croix quand les fesses reculent» (fr.wikipedia.org - Polyeucte).

 

Februarius.

 

Nascitur occulta febris Februo tibi multa :

Potibus et escis, si caute vivere velis,

Tunc cave frigora ; de pollice sume cruorem.

Si comedis betam', nec non anserem ? vel anethum,

Potio sumctur; in pollice tunc minuatur.

 

Février.

 

La fièvre, en Février, se glisse dans tes veines.

Pour écarter le froid n'épargne pas tes peines ;

De boissons, de mets chauds emprunte le secours,

Oie, aneth et poirée entreliendront tes jours,

Arrose-les de vin. Ta santé souffre-t-elle ?

Fais-toi saigner au pouce, adieu le mal rebelle (L'école de Salerne, traduction en vers français par m. Ch. Meaux Saint-Marc, avec le texte latin en regard, précédée d'une introduction par m. le docteur Ch. Daremberg, 1861 - books.google.fr).

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